LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 100 : La mauvaise nouvelle de Shin

Deux jours de travail s’écoulent sans que je n’aie la moindre nouvelle de Kakashi. Ça ne m’étonne pas plus que ça, je me doutais qu’il prendrait ses distances après l’affaire avec Shin alors j’attends patiemment. Ma seule crainte est que je n’ai pas revu Shin, et que je panique doucement à l’idée qu’il ait rapporté la présence de Kakashi chez moi à ses nouveaux amis des forces spéciales.

Le mercredi, en fin de matinée, alors que je débute ma pause déjeuner, j’ai le soulagement de le voir débarquer à l’accueil de l’hôpital et je lui saute dessus.

-         Shin ! m’exclame-je.

-         Ah ! Celle que je venais voir ! répond-il.

J’attrape son bras pour le trainer à l’écart sous ses yeux surpris :

-         Rassure-moi, tu n’as dit à personne que tu avais trouvé Kakashi chez moi dimanche matin ? demande-je à voix basse.

-         Euh… non… pourquoi ? s’étonne-t-il.

-         Tant mieux, alors je t’en prie, ne le dis à personne.

-         Mais pourquoi ?

-         Parce que c’est une relation très… compliquée et surtout très secrète. Kakashi ne veut pas que ça se sache, moi non plus d’ailleurs, ne cherche pas à comprendre ! Je t’expliquerais ! dis-je avec urgence.

Il affiche un air contrarié en me dévisageant :

-         Je ne dirai rien… tu es disponible ce midi ? J’aimerais vraiment t’inviter à manger, te parler Hana…, répond-il avec une mine contrite.

-         Non, je retrouve Mei… Mais je suis disponible ce soir… c’est à quel sujet ? demande-je avec inquiétude.

Je me doute bien du sujet vu sa tête désolée, je sais très bien qu’il va encore me sortir ses absurdités sur Kakashi auxquelles je n’ai toujours pas décidé de croire vraiment.

-         Alors on se retrouve ce soir chez Ichiraku, tranche-t-il sans s’expliquer.

-         D’accord…

Mei arrive là-dessus et Shin file sans demander son reste.

Nous nous rendons sur le banc à l’extérieur de l’hôpital, où nous aimons bien nous installer pour manger histoire de prendre l’air. Je lui fais un petit résumé de ma dernière semaine, elle est enchantée d’apprendre que notre relation progresse et elle est persuadée que la crise de jalousie de Kakashi est une excellente chose, qu’elle prouve qu’il est « mordu » comme elle dit. Elle me pousse à tenter d’attiser cette jalousie pour bouger les fesses de Kakashi mais je reste hésitante, il est tellement particulier, je ne suis pas sûre que ce soit la solution la plus adaptée pour le ferrer au reste.

Quoi qu’il en soit, Mei est pliée en deux de rire par la réaction possessive de Kakashi à l’égard de Shin :

-         J’aimerais bien voir sa tête face à la grande-sœur, je suis sûre qu’il serait devenu rouge pivoine et aurait moins fait le malin ! fanfaronne-t-elle.

Je souris en me perdant dans mes pensées, imaginant un monde où Kakashi et Mei se rencontrent officiellement. Où j’arrive chez elle en tenant la main d’un Kakashi un poil stressé de rencontrer la femme qui m’a prise sous son aile depuis des années et des années.

Je n’arrive même pas à envisager la chose et ça me fait mal au cœur. J’adore nos moments, c’est vrai, mais j’aimerais tellement plus… Peut-être qu’un peu de jalousie lui ouvrirait les yeux après tout… qu’il se rendrait compte qu’il préfère affronter le regard des autres que de me perdre…

-         Arrête de t’angoisser Hana, tu n’as pas choisi le plus facile, me dit-elle gentiment.

-         Je sais bien, soupire-je.

-         Il en vaut le coup ? demande-t-elle alors.

Tous nos moments repassent à vitesse grand v devant mes yeux et je souris bêtement :

-         Largement, de toute façon, je ne voudrais pas d’un autre, murmure-je.

-         Alors il n’y a aucune question à se poser ! Si tu sais que c’est lui et seulement lui, il n’y a plus qu’à attendre que le temps fasse les choses, affirme-t-elle.

-         Et essayer d’avoir l’aval de Rinko, souligne-je.

-         Oui, ça devient urgent si tu veux mon avis, votre relation évolue vite ces dernières semaines, et cette foutue pression de Rinko fiche le cirque, c’est la seule chose qui fait que votre histoire ne peut pas officiellement évoluer si tu veux mon avis…

-         Sans doute… Oh et Shin qui veut me parler ! Mais qu’est-ce qu’il va bien pouvoir me dire encore ?! me lamente-je.

-         On s’en fiche Hana ! s’agace-t-elle. Même s’il revenait te dire que Kakashi aime bien s’amuser avec d’autres femmes c’est son droit ! Ça ne doit pas impacter votre relation qui n’a rien d’officiel ! C’est complétement indépendant de votre histoire !

-         Facile à dire, bougonne-je. Tu es tellement ouverte sur tout ça, ce n’est pas mon cas ! Ça me rend verte de jalousie de l’imaginer avec une autre, je n’arrive même pas à l’envisager !

-         Oui, parce que tu l’aimes… alors bouge-toi les fesses Hana et tente d’avoir l’aval de Rinko, conclut-elle sévèrement.

Je soupire en glissant le regard sur les rues de Konoha, un poil stressée à l’idée de réellement lancer les discussions avec Rinko, me demandant ce que tout ça va donner.

Nous changeons de sujet, discutant de quelques patients lorsqu’elle jubile :

-         Je n’y crois pas ! Regarde-donc qui approche !

Je relève le nez, mes yeux trouvant Kakashi dans la seconde tandis qu’il marche dans notre direction avec Naruto. Kakashi a le regard rivé au sol, écoutant Naruto qui a l’air de lui raconter des choses avec animation jusqu’à ce que ce dernier m’aperçoive et me fasse de grands signes.

Kakashi relève la tête vivement, l’air de ne pas savoir comment il doit réagir et j’ai déjà envie de rire, ça doit être la panique dans sa tête. Naruto approche de nous avec bonne humeur, son senseï n’ayant pas trop le choix de suivre le mouvement.

-         Bonjour Hanako ! Comment vas-tu ? Je m’appelle Naruto, ajoute-t-il à l’attention de Mei.

-         Je m’appelle Mei, enchantée de te connaitre, répond-elle.

-         Ça va et toi Naruto ? demande-je gentiment.

-         Très bien, je reviens d’un entrainement musclé avec Kakashi senseï ! réplique-t-il avec le sourire.

Je détaille Naruto, couvert de boue de la tête au pied tandis que Kakashi est impeccable et je ne peux me retenir de sourire. Mon incroyable ninja copieur… mon cœur se gonfle de fierté tandis que Naruto me détaille leur entrainement, soulignant qu’il n’était pas en forme pour justifier son état, me faisant bien rire.

Je m’autorise à regarder Kakashi, qui m’observe silencieusement et je lui offre un beau sourire qui a l’air de le rendre heureux. Son visage s’illumine une seconde avant que Mei n’attire son attention :

-         Et vous commandant, comment allez-vous ? demande-t-elle.

Il l’observe avec curiosité, visiblement étonné de sa question :

-         Ça va bien, merci, répond-il sobrement.

Mei lui sourit avec gentillesse, sa façon à elle de le mettre à l’aise mais il tourne la tête pour échapper aux politesses.

-         Vous avez fini votre journée ? demande Naruto.

-         Non, c’est notre pause déjeuner, précise-je.

-         Oh, et qu’avez-vous prévu de beau ce soir ? demande-t-il.

Mei se charge de répondre à ma place :

-         Pas grand-chose, du repos pour ma part ! Mais Hanako va chez Ichiraku avec un homme si j’ai bien compris.

Je rougis, outrée qu’elle ait osé dire une chose pareille et Kakashi tourne la tête dans la seconde pour me fixer, ses épaules se tendant instantanément. Son regard devient sombre, il me brûle sur place, je ne sais pas si c’est bon ou mauvais signe et j’ai envie d’arracher la tête de Mei.

-         Et vous ? continue-t-elle, innocence incarnée.

-         Rien, je me demandais ce que je pourrais bien faire…, répond pensivement Naruto.

-         Rien du tout, lâche Kakashi d’une voix froide, m’incendiant toujours de ses beaux yeux.

Je fronce un peu les sourcils, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer qu’il est en train de me signaler avec mauvaise humeur qu’il était disponible pour me voir et je commence déjà à hésiter à dire que je vais annuler mon restaurant… Mais ce serait contre-productif, si c’est la jalousie qui le tend comme ça, je ne risque pas de le rendre jaloux bien longtemps en annulant mes plans dès qu’il a l’air contrarié. Mei a raison, si mon restaurant avec un homme le met en rogne, ça le fera réfléchir à nous deux après tout.

Naruto et Mei continuent de parler en fond, et heureusement, parce que nous nous fixons dans un silence assourdissant. Je décide définitivement de ne rien dire, lui offrant mes yeux les plus gentils et innocents à la place.

-         Notre pause touche à sa fin, commente Mei.

-         Nous allons vous laisser alors, bonne après-midi, en route Kakashi senseï ! s’exclame Naruto.

Il ne dit rien de plus tandis qu’il s’éloigne et nous nous levons pour rentrer travailler.

 Alors que nous nous séparons devant l’accueil, Mei me lance un regard satisfait :

-         Mort de jalousie, confirme-t-elle.

-         Il avait l’air…, confirme-je en gloussant.

-         Dommage qu’il ne soit pas bavard, j’aurais bien aimé échanger un peu plus avec lui, soupire-t-elle.

-         Une autre fois, il est comme ça, roucoule-je avec tendresse.

-         Il te parle à toi au moins ou vous vous fixez juste de façon flippante pendant des heures ? plaisante-t-elle en sachant très bien que nous parlons beaucoup. 

Je lève les yeux au ciel et nous nous séparons.

*

Je rejoins Shin chez Ichiraku en début de soirée et nous nous installons rapidement à une table après avoir pris nos plats. Je suis dévorée par la curiosité et l’inquiétude en même temps, car malgré les banalités que nous avons pour l’instant échangées, je vois bien qu’il affiche une tête contrite, comme s’il avait pitié de moi.

Ça ne sent pas bon.

-         Bon crache le morceau Shin, soupire-je.

-         Qu’est-ce que le commandant fichait chez toi l’autre matin ? Et pourquoi n’ai-je pas le droit d’en parler ? demande-t-il.

Je mordille ma lèvre en observant la rue à l’extérieur. Je n’ai pas envie qu’il me dise ce qu’il va me dire, mais je ne peux pas non plus lui faire croire que Kakashi est venu en ami de si bon matin, il ne me croira jamais, il sait quand je lui mens de toute façon :

-         Si je te le dis, tu dois me promettre de ne rien dire Shin, sinon je t’en voudrais à mourir, le préviens-je.

-         Tu sais très bien que je ne dirai rien ! s’agace-t-il.

-         Tu as très bien compris qu’il me plaisait. Et tu sais très bien que je suis sortie avec son meilleur ami. Je te laisse faire les calculs, murmure-je.

Il m’observe quelques secondes, prenant un peu conscience de ce que je lui dis :

-         Rinko n’est pas au courant que vous vous voyez ? finit-il par souffler, sous le choc.

Je secoue la tête négativement, honteuse, et ses sourcils s’élèvent jusqu’à la racine de ses cheveux :

-          La vache Hana… mais pourquoi fais-tu une chose pareille ? Tu imagines le bordel que ça pourrait créer entre eux ? Je ne connais pas grand-chose qui brouille deux hommes aussi efficacement qu’une femme…

Je suis piquée au vif par ses paroles :

-         Je ne fais pas exprès Shin ! Je n’ai pas choisi de tomber sous son charme ! C’est arrivé alors même que j’étais encore avec Rinko, c’est ce qui a entrainé notre rupture si tu veux tout savoir ! me justifie-je.

Il a l’air encore plus ahuri :

-         Mais et lui ?! C’est lui son meilleur ami après tout ! Comment justifie-t-il une chose pareille ? Il n’a pas honte ?!

-         Arrête de le prendre pour un connard Shin ! siffle-je. Il s’en veut à en ramper par terre, il me colle vent sur vent depuis que je le connais, il m’assure que nous ne serons jamais ensemble et il s’énerve plutôt très régulièrement après lui-même de ne pas réussir à s’éloigner de moi !

Je sais que j’en ai trop dit dès qu’il tressaille pratiquement sous l’information :

-         Très régulièrement ?! Mais depuis combien de temps cette histoire dure-t-elle ?! s’exclame-t-il.

-         Arrête ! Quelques temps, pas longtemps, bon sang c’est hyper compliqué Shin !

-         Explique-moi ! Sérieusement, je n’en dirai rien à personne. Déjà parce que tu es ma meilleure amie mais surtout parce que si tu imagines que je risquerais ma très future place de jônin simplement pour aller faire le barbot devant mes amis, c’est mal me connaitre !

Je l’observe quelques secondes, il marque des points, alors je m’explique :

-         Je le fréquente depuis que je fréquente Rinko, c’est plutôt logique, mais nous sommes rapidement devenus un peu trop proches pour être droits dans nos bottes. On se tournait simplement autour, pas de baiser au début. Et puis il y a quelques semaines… je ne sais pas, on avait bu et j’avais déjà ralenti les choses avec Rinko, je ne sais pas si ça nous excuse un peu, mais en tout cas nous nous sommes embrassés et j’ai passé la nuit avec lui.

Il accueille la nouvelle dans le silence, digérant les informations une minute ou deux :

-         Et ça a recommencé il y a deux jours ? reprend-il finalement.

-         Ça a recommencé plusieurs fois Shin, soupire-je. Mais j’avais quitté Rinko, complétement quitté cette fois.

Il hoche la tête doucement, intégrant toujours, jusqu’à froncer les sourcils :

-         Ne le prends pas mal Hana mais… pourquoi lui ? Pourquoi risquer de les brouiller comme ça simplement pour quelques nuits avec lui ? Je ne dis pas que ce n’est pas agréable, mais bon sang, tu pourrais peut-être t’amuser avec un autre, n’importe lequel sérieusement…, dit-il en marchant sur des œufs pour ne pas me blesser.  

Je soupire, je n’en reviens pas, tout Konoha va bientôt être au courant que je suis amoureuse de lui ou quoi ? Et je ne suis même pas fichue de le dire à Sakura et encore moins au principal intéressé !

Je pose mon menton dans mes mains, misérable :

-         Je sais bien Shin, de l’extérieur c’est du délire. Mais … je n’en pince pas seulement pour lui, je … je suis folle amoureuse, murmure-je. Et il passe son temps à me dire que nous ne serons qu’amis, que tout ça ne rime à rien, et en même temps il est tellement tendre avec moi, j’ai parfois l’impression qu’il éprouve la même chose que moi… Et nous ne pouvons pas nous éloigner, je te jure, nous avons essayé pourtant…

Son visage s’affaisse complétement, il a l’air triste pour moi, ses yeux se chargent de compassion et de gentillesse tandis qu’il se penche un peu dans ma direction :

-         Je suis désolé Hana… ça doit vraiment être une situation de merde, dit-il d’une petite voix.  

-         Comme tu dis, admets-je en picorant tristement dans mon assiette.

Il mange un peu lui aussi et un silence de mort s’abat entre nous.

-         Bon, et toi alors ? Qu’est-ce que tu voulais me dire ? demande-je.

-         Oh rien, répond-il évasivement.

-         Shin, gronde-je.

Il me lance encore un regard de pitié :

-         Ecoute, ça va juste te faire du mal, je croyais que tu lui tournais simplement un peu autour … Là je viens d’apprendre que tu en es amoureuse, je … je ne sais plus si je dois te le dire ou non, je ne vois pas l’intérêt si vous savez que de toute façon il n’y aura rien de plus… je …

-         Ecoute Shin, nous partageons des moments bien plus forts que quelques nuits, je t’assure qu’il y a un vrai lien entre nous, alors si c’est pour me dire que ton ami a encore entendu parler de quelque chose, j’aime autant le savoir, surtout que je n’y crois pas particulièrement, tranche-je avec autorité.

-         Tu en es sûre ? murmure-t-il.

-         Certaine.

-         Hana, tu ne me croyais pas… là c’est du sérieux, j’ai un nom, alors réfléchis bien à ton envie de le savoir ou non, annonce-t-il avec peine.

Ses mots me fichent une claque si forte que j’en lâche mes baguettes pour me redresser tandis que mon cœur s’affole à toute vitesse.

Un nom ? Un nom ?! Il aurait un nom à me donner ?

Autant les « on dit » ne m’inquiétaient pas, autant je ne vois pas comment son ami pourrait donner un nom sans être sûr de lui. L’information est tellement vérifiable… Ce serait du délire de mentir là-dessus. Mais effectivement… suis-je prête à entendre le prénom d’une femme avec qui Kakashi aurait… ? Oh mon dieu non, je ne peux pas.

Mon ventre se retourne, me coupant net l’appétit et mon pouls s’envole un peu plus :

-         Et il y aurait eu plusieurs femmes ? Même si tu n’as qu’un nom ? articule-je malgré ma gorge nouée.

-         A priori oui… Ecoute, après t’en avoir parlé, tu m’as quand même mis le doute… Alors j’ai voulu creuser un peu, histoire de te protéger, et il m’a dit qu’il avait un seul nom pour sûr, puisqu’il la connait.

-         C’est la femme qui lui a dit ? m’étrangle-je un peu plus.

-         Oui, murmure-t-il d’une voix triste.

Oh la vache. Alors là par contre, je ne vois pas comment ce pourrait être faux si l’information vient de la femme elle-même. Sans oublier que le timing est le bon, ce n’est pas juste une folle qui invente à priori. Et puis si c’était une folle qui invente, elle l’aurait sans doute dit à tout le village et pas simplement à l’un de ses amis en confidence… Ça n’a pas de sens, malheureusement pour moi, cette histoire commence à puer la vérité.

-         Je ne te dirai pas son nom Hana, ça n’a pas d’importance après tout, dit Shin.

J’hoche la tête tristement, au bord des larmes et il reprend :

-         Je suis vraiment désolé d’être celui qui t’annonce une chose pareille, et crois-moi, j’aurais bien envie de lui casser la gueule quand je vois à quel point ça te touche.

-         Merci, dis-je du bout des lèvres.

Mon esprit tourne à cent à l’heure, j’essaie de me raccrocher encore et toujours au fait qu’il fait ce qu’il veut, qu’il ne m’a rien promis, que ça ne change rien dans les faits, mais la vérité, c’est que ça me brise le cœur, ça me brise le cœur si fort que je me demande comment je vais pouvoir rester en vie.

Je ne sais même pas comment j’arrive encore à garder mes larmes dans mes yeux, sans doute parce que je n’y crois pas encore totalement, c’est dingue d’être dans le déni à ce point quand même. Mais c’est vrai, je n’y crois pas. J’y crois un peu plus, certes, mais je n’y crois pas.

Je sens que Kakashi est comme moi, je le sens bon sang. Il ne me ferait jamais une chose pareille, tout comme je ne lui ferais jamais une chose pareille, notre relation a beau être un foutoir, sans la moindre officialisation, sans le moindre rien, je ne peux pas y croire.

Nos cœurs sont connectés, nos âmes sont connectées, je le sais.

Et je me rends compte que je suis drôlement plus grave que ce que je croyais quand je tire une drôle de conclusion : En fait, je sors avec lui.

C’est pratiquement une révélation. J’ai beau me mentir à moi-même depuis ma première conversation avec Shin, suivie par celles avec Mei sur le même sujet, ça ne prend pas, il n’est pas libre comme l’air à mes yeux, il ne peut pas voir d’autres filles.  

Je sors avec lui dans mon cœur et j’ai cette impression que c’est le cas aussi pour lui. Il est jaloux de Shin après tout, simplement parce qu’il a toqué chez moi… je ne suis pas cinglée, je sais ce qu’il se passe entre nous. Le problème avec Kakashi, c’est que nous « parlons sans parler », alors forcément on en arrive à une drôle de situation, puisque je suis absolument convaincue que nous sommes dans un genre de couple exclusif alors même que nous ne nous sommes rien dit.

Mais quel bordel !

En tout cas, partant de ce constat abracadabrant, si j’apprenais qu’il avait fait quoi que ce soit avec une femme, je sais que ce serait de la tromperie pure et dure pour mon pauvre petit cœur. Et ce serait absolument insurmontable.

Alors il faut que je sache, il faut que j’entende ce satané prénom pour aller demander moi-même à Kakashi si c’est vrai ou non et ma colère commence déjà à gronder au fond de mon cœur, une colère noire, viscérale, qui me protège du morcellement complet.

-         C’est bon Shin, dis-moi son prénom ! assure-je donc d’une voix ferme.

-         Sûre ? s’inquiète-t-il.

-         Absolument sûre, je ne te tolèrerais pas qu’il voie une autre femme, j’ai besoin de mettre un terme immédiatement à ma relation bizarre avec lui si ce que tu me dis est vrai, continue-je de mon ton sans appel.

Il hoche la tête et un coup d’adrénaline me scie en deux lorsque je réalise qu’il va peut-être me sortir le prénom de Sun. Je ne pourrais pas l’entendre, je ne pourrais pas ! Mais alors que j’ouvre la bouche pour lui crier de se taire, il a le temps de me lâcher le foutu prénom qui redistribue encore une fois toutes les foutues cartes ! Bordel !