LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 107 : La bénédiction de Rinko

Le deuxième jour d’intégration est encore une fois une franche réussite. Après les défis sportifs d’hier, nous sommes aujourd’hui sur des petits jeux de réflexion et d’intelligence.

Entre énigmes, enquête et jeux de piste, nous ne nous ennuyons pas et nous rions toujours.

Lors de la pause déjeuner, Minato nous annonce une nouvelle peu réjouissante. Sans doute inspiré par mon idée d’emmener Mei au pot d’arrivée, il a tout simplement décrété que les ninjas de Konoha seraient obligés de trouver une cavalière ou un cavalier pour assister à la fête de ce soir. Toute personne non-accompagnée se verra refuser l’entrée, il a l’air plutôt très sérieux et je n’en doute pas puisque la stratégie derrière cette contrainte stupide est importante aux yeux de Minato.

Cet après-midi, notre équipe de trois est postée dans les bois autour du village, nous devons jouer les adversaires qui défendent le « trésor », à savoir un petit drapeau, que les groupes actuellement dans les bois recherchent activement à l’aide d’énigmes.

Rinko est allongé sur une branche basse tandis qu’Ashi et moi sommes assis sur le tronc dans lequel est planté notre petit drapeau.

Ce dernier est surpris lorsque nous lui reportons les ordres de Minato :

-         Nous n’avons pas la contrainte d’une cavalière pour le pays du gel ! dit-il.

-         Bien sûr que non, notre Hokage cherche simplement à présenter plus de femmes ninjas dans les échanges interpays, souligne-je.

Rinko soupire :

-         Pour une fois que je n’ai pas une nana sur le feu, on me demande d’en ramener une, se plaint-il.

-         Arrête voir Rinko, tu en trouveras une en trois minutes simplement en te promenant au centre du village, pouffe-je.

-         Ouai, et je devrai me la farcir toute la soirée ! Non merci, autant ne pas y aller ! s’exclame-t-il.

-         Tu raterais une fête ? s’amuse Ashi.

-         Ouai, ce n’est pas mon genre, mais … je suis préoccupé en ce moment alors je ne suis vraiment pas d’humeur à me trouver une gonzesse au hasard, soupire-t-il.

-         Préoccupé ? Tu veux m’en parler ? m’inquiète-je immédiatement. 

-         Rien de grave trésor, ne t’en fais pas. Disons qu’en ce moment, j’arrête de me focaliser sur ma petite personne comme je le fais depuis des mois et je m’occupe de quelqu’un qui le mérite vraiment, c’est plus ou moins un secret alors inutile de me poser des questions, répond-il en riant un peu.

-         C’est adorable Rinko, c’est pour un de tes amis ? demande-je.

-         Ouai, un bon ami. J’essaie d’être son parrain « la bonne fée », se marre-t-il.

Nous rions de ses bêtises et Ashi tourne la tête vers moi :

-         Tu sais qui tu vas inviter ? demande-t-il.

-         Tu devrais inviter Kakashi non ? intervient Rinko avant même que j’ouvre la bouche.

Je tourne la tête vers lui, franchement abasourdie. En me levant ce matin, je me suis demandé si je n’inventais pas le comportement bizarre de Rinko vis-à-vis de Kakashi, mais cette fois, je ne peux plus douter. Il se passe définitivement quelque chose et mon cœur accélère.

-         Mais pourquoi inviterais-je Kakashi ? demande-je d’une petite voix.

Rinko se trouble en fixant son regard sur ses mains :

-         Je ne sais pas, pour lui éviter de ne pas pouvoir assister à la fête… on parle de Kakashi, comment veux-tu qu’il invite une femme ce soir ? Ce serait lui rendre service… et puis franchement qui aurais-tu choisi comme homme ? demande-t-il.

-         J’allais te le proposer à toi, histoire qu’on y assiste les deux, réponds-je, toujours choquée.

Il rougit un peu, chose rarissime qui ne manque pas de me surprendre encore plus.

-         Ah oui, c’est vraiment pas con, marmonne-t-il.

Mais cette fois, je me décide à creuser, c’est la conversation idéale pour y aller en douceur et Rinko est vraiment trop louche. Alors je respire un bon coup, rassemblant mon courage :

-         Je ne sais pas, ce serait un peu bizarre que j’invite Kakashi non ? demande-je de ma voix la plus détachée possible.

-         Mais pourquoi ? demande-t-il vivement.

-         Et bien … parce que c’est ton meilleur ami… et que nous sommes sortis ensemble, murmure-je.

Mon cœur bat si vite que j’entrouvre la bouche pour respirer. Je suis crispée des pieds à la tête, j’ai l’impression que ça fait des semaines, des mois, que j’attends ce moment et je peine à croire que ce soit réellement en train d’arriver.

Le temps s’étire à l’infini tandis que j’attends sa réponse. Mon cerveau a le temps de faire trois looping tandis que je réalise que je vais enfin, pour la première fois, prendre la température de ce que ressentirait Rinko vis-à-vis de ma possible relation avec Kakashi.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne suis pas déçue.

-         Ça ne me choquerait pas du tout, répond-il avec sincérité. Vous êtes deux personnes que j’apprécie énormément, alors ce serait même génial de savoir que vous vous appréciez à ce point…

-         Et puis ce n’est qu’une soirée, ça ne veut pas dire que vous vous plaisez non plus, souligne Ashi.

Je maudis Ashi mais Rinko me rend plus heureuse que jamais :

-         Et quand bien même vous vous plaisiez, ce serait tout aussi génial. Comment pourrais-je souhaiter mieux pour mon meilleur ami que ma meilleure amie et inversement ? Je ne suis pas objectif mais je me dis que vous ne pourriez pas trouver mieux…, répond-il en fixant à nouveau ses mains.

J’en reste complétement muette. Je n’arrive pas à intégrer que Rinko vient de me dire tout ce que j’espère ardemment entendre depuis des semaines, je n’ose presque pas y croire tandis que je le dévisage de mes grands yeux émerveillés.

Ashi interrompt notre conversation puisqu’il pense entendre du bruit dans les bois et les garçons se lancent dans un petit tour du périmètre pour vérifier. Lorsqu’ils reviennent, ils discutent d’autre chose mais à partir de là, je deviens plus gaie qu’un pinson, gazouillant toute l’après-midi avec bonne humeur, à deux doigts de serrer Rinko dans mes bras toutes les trois minutes.

*

Sur la fin d’après-midi, je rêvasse évidemment de ma peut-être très prochaine relation avec Kakashi tandis qu’Ashi et Rinko sont une fois de plus dans les bois pour patrouiller dans notre périmètre. Je suis chargée de rester près du drapeau lorsqu’une main se pose délicatement sur ma joue et que les lèvres de Kakashi s’écrasent sur l’autre avec tendresse.

Je couine pratiquement en sautant sur mes pieds, me jetant dans ses bras dans l’instant tandis que mes rêves rejoignent la réalité et qu’il me réceptionne en riant.

-         Tu es bien heureuse de me voir ! s’exclame-t-il joyeusement.

Je ris comme une hystérique en serrant sa nuque entre mes bras de toutes mes forces, me frottant contre sa joue en imaginant mille et un avenir entre nous.

-         Oui ! m’écrie-je en me redressant pour le regarder.

Il rit un peu plus en serrant sa prise autour de moi, me permettant de libérer mes bras de sa nuque pour que je baisse son masque. Je l’embrasse passionnément dans la seconde qui suit, sans gêne, sans peur, sans risque et c’est un véritable bonheur. Il a beau sourire contre mes lèvres, je le sens inquiet et sur ses gardes, et je ne sais même pas comment lui annoncer la nouvelle. Je ne sais pas comment tourner la chose, c’est tellement compliqué, Kakashi ne m’a jamais clairement dit qu’il voudrait être avec moi si Rinko nous donnait sa bénédiction, il est même plutôt clair qu’il ne voudrait pas « lui faire ça » même s’il la lui donnait. Mais en même temps, je ne peux juste pas garder l’information, je ne sais pas quoi faire.

Je le regarde avec béatitude tandis que je réfléchis. Il vaudrait mieux que Kakashi l’entende de la bouche de Rinko, et idéalement sans que ce dernier ne nous trouve dans cette position… Je remue donc pour descendre de ses bras et il se détend un peu lorsque nous ne nous touchons plus. Mon cerveau continue de carburer à plein régime, il faut que je sois patiente et que j’y aille petit à petit pour que la pilule passe. J’ai désormais le presque feu vert de Rinko, mais je pense qu’il serait plus correct que j’en parle avec lui concrètement avant de véritablement travailler Kakashi au corps.

-         Ça va ? demande-t-il en penchant la tête sur le côté.

-         Très bien, alors cette mission ? demande-je distraitement.

Il me la raconte, mais je n’écoute pas un traitre mot, préférant dresser mon plan d’attaque. Première étape, parler de mes sentiments pour Kakashi à Rinko, histoire d’être vraiment complétement sûre. Deuxième étape, trouver un moyen que Rinko le signale à Kakashi de façon détournée, et dernière étape, la meilleure mais sans doute la plus tatillonne et longue : faire accepter à Kakashi qu’il n’y aurait aucun conflit de loyauté si Rinko donne sa bénédiction.

Je décide donc d’y aller tout doucement et dès la fin de son récit, je lui explique que Minato impose des cavalières aux hommes ce soir, ce qui fait bien rire Kakashi, qui plaint les « pauvres hommes qui vont galérer ».

-         Parce que tu ne considères pas que tu vas galérer ? le taquine-je.

-         Je considère surtout que je n’aurai pas à avoir de cavalière. Jamais Minato ne me laissera sur le carreau parce que je ne ramène personne ! Il serait d’ailleurs bien plus choqué que j’en ramène une que l’inverse ! s’exclame-t-il en riant.

Je rougis en prenant mon courage à deux mains :

-         Je pensais te proposer d’être mon cavalier…, murmure-je timidement.

Il fronce les sourcils, affichant un air peiné avant de prendre mes joues dans ses mains en se collant à moi :

-         Mon ange, tu sais bien que nous ne pouvons pas faire ça…, murmure-t-il à son tour.

-         Et bien…, commence-je.

Mais il me lâche subitement pour faire un pas en arrière et Rinko déboule d’entre les arbres :

-         Mon lapin ! s’écrie-t-il joyeusement en nous rejoignant.

Ashi arrive une seconde après et ils discutent joyeusement tous les trois, expliquant qu’ils ont mis au tapis le groupe qui venait prendre notre drapeau.

Et d’un coup, sorti de nulle part au milieu de la conversation, Rinko recommence :

-         Hanako a prévu d’aller en vacances au pays du gel chez Ashi, lâche-t-il subitement à Kakashi.

Je fronce les sourcils, j’ai l’impression qu’il vient de balancer une de mes bêtises à mon père, je trouve la situation grotesque, mais Kakashi me regarde dans la seconde avec un air tendu, donnant raison à Rinko.

-         C’est vrai ? demande-t-il.

 Je rougis tout de suite en me sentant bêtement honteuse avant de relever le nez lorsque je me reprends enfin.

-         Oui, dis-je avec aplomb.

Il fronce les sourcils et je soutiens son regard, manquant de rire lorsque j’aperçois la petite tête grave de Rinko qui hoche la tête en fond comme si ce qu’il se passait était normal. D’un côté, je trouve ça ahurissant que Kakashi ne se rende pas compte que son comportement est complétement lunaire en considérant que nous sommes censés être simplement amis et d’un autre, l’attitude de Rinko me rend toujours aussi heureuse.

-         Je lui avais bien dit que ça ne te plairait pas, souligne Rinko avec assurance, me regardant comme si j’étais une enfant pas sage.

Cette fois, je ne peux pas me retenir de rire et Kakashi revient à la raison, tournant la tête vers son meilleur ami en fronçant les sourcils :

-         Pourquoi ça ne me plairait pas ? se cabre-t-il en rougissant légèrement.

Et c’est Rinko qui rougit à son tour :

-         Euh… bah… je ne sais pas moi ! se défend-il vivement.

Et je ris encore et encore, complétement euphorique. Toute la situation est parfaite, juste parfaite ! Bon sang, voir Rinko en train de nous pousser l’un vers l’autre et Kakashi, complétement scié par son comportement ! Après des semaines de galères, de doutes, de cris, de secrets… tout est en train de bouger, les nœuds se délient, les relations prennent leurs justes places, et je sens que je touche le bonheur absolu du bout des doigts.

Les garçons finissent par me regarder rire toute seule comme une démente et je détends suffisamment l’atmosphère pour que cette conversation s’éteigne sans malaise. Ce n’est que lorsqu’Ashi mentionne cette histoire de cavalière à Kakashi que je déchante un peu lorsqu’il répond.

-         Et bien je serai seul, et je te garantis que Minato me laissera entrer, répond-il gentiment.

Sauf que cette fois, Ashi rejoint notre camp en se prenant au jeu, visiblement décidé à lui aussi creuser cette situation loufoque entre nous trois :

-         Seul ? Mais pourquoi Kakashi ? Il n’y a pas une fille qui te plait au village ? demande-t-il avec un sourire mutin.

-         Mais oui, il y a bien une nana que tu pourrais inviter ! surenchérit Rinko.

Kakashi fait un pas en arrière, rougissant une fois de plus :

-         Absolument pas ! Puisque je vous dis que je serai seul ! s’écrie-t-il d’une voix trop aiguë pour être honnête. Je ne risque pas de me pointer avec une femme ce soir ! Je ne sais pas à quoi vous vous attendez mais c’est du délire ! Il ne manquerait plus que ça tient ! Tu me connais Rinko ! Tu me vois sérieusement me ramener avec une femme à mon bras ?!

-         Oh que oui mon lapin, une jolie femme, spéciale, qui arriverait enfin à te dompter ! se marre Rinko.

-         Et bien ce n’est pas près d’arriver ! beugle Kakashi en paniquant complétement.

Je retiens un sourire, parce que je constate qu’effectivement, je risque de galérer encore un moment avant de réussir à décoincer Kakashi, mais peu importe, j’ai désormais tout mon temps.

Kakashi reprend :

-         C’est toi qui ferais bien de t’en trouver une avant de te retrouver coincé à la porte comme un idiot ! Ça fait un moment que tu ne m’as pas parlé d’une fille ! gronde-t-il, préférant attaquer plutôt que d’être attaqué.

-         T’inquiète pas pour moi, répond Rinko en riant.

-         Je m’inquiète figure-toi, tu n’as pas le luxe d’être second pour pouvoir passer sans cavalière ! réplique-t-il vivement.

Je ris un peu, mais puisque je sais bien qu’il n’y a même pas moyen que Kakashi accepte de m’y accompagner après son coup de panique, je préfère délier la situation :

-         On y va en amis Rinko ? Je serais drôlement coupable de te savoir coincé dehors tandis que je me saoule au champagne, propose-je avec humour.

-         Allez vendu, sinon Kakashi se moquera de moi, répond-il en levant les yeux au ciel.

Et comme par enchantement, Kakashi se détend dans la seconde.