LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 115 : Le procès de Kakashi

4860 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 15/10/2025 11:33

Chapitre 115 : Le procès de Kakashi


Dès que nous nous quittons devant chez Ichiraku, il y a une seule chose dont je sois sûr. J’ai eu tellement mal au cœur d’apprendre que Kiyowa avait découvert l’identité d’Hanako à cause de son air triste que je décide d’aller voir Sun le soir-même, malgré l’heure tardive.

Je suis pétrifié à l’idée de voir Rinko, vraiment, parce que je sais que ma conversation avec lui déterminera véritablement la suite des évènements, de ma vie, de mon bien-être, de ma stabilité mentale, de tout.

Mais Sun, je peux aller la voir, je n’ai pas d’excuse pour ne pas encore y être allé, autant arracher le pansement, parce que peu importe comment réagira Sun, ça n’aura pas d’impact sur mon avenir, qu’elle l’accepte ou qu’elle s’effondre, elle saura de toute façon qu’il n’y aura jamais rien entre nous à la fin de notre conversation et je pourrai l’annoncer à Hanako, qui en sera sans doute apaisée. Enfin, en espérant qu’elle m’adresse la parole un jour…

Je me présente donc chez Sun, qui m’ouvre la porte avec un air hésitant. Forcément, je l’ai carrément planté sur place le soir où elle m’a avoué ses sentiments alors elle doit se demander ce que je lui veux.

-         Je peux te parler ? demande-je.

-         Bien sûr, entre, répond-elle en m’ouvrant.

Je me retrouve quelques minutes plus tard assis dans son canapé tandis qu’elle fait bouillir de l’eau pour le thé qu’elle me lancera probablement à la figure.

Je suis tellement gêné, c’est horrible, terrible. Je n’en reviens pas de ce que je m’apprête à faire et le visage de Rin danse sur mes paupières tandis que mon cœur s’affole. Je sais déjà que je vais passer des nuits difficiles dans les prochains jours et ça m’angoisse.

Lorsque Sun s’assoit et me dévisage avec un air interrogateur, je n’arrive pas à me lancer et je reste silencieux. Elle interprète très mal mon silence je crois, parce qu’elle adopte pratiquement immédiatement des yeux charmeurs et une attitude séductrice.

Forcément, qu’est-ce qu’il m’a pris de venir toquer chez elle à onze heure du soir pour lui dire que je ne m’intéresse pas à elle ?! Elle doit s’attendre à l’inverse exact ! Qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? J’ai parfois de ces idées, je me fatigue, je n’ai aucune convenance ! Qui donc viendrait mettre « un vent » à quelqu’un juste avant qu’il n’aille se coucher au lieu d’attendre le lendemain matin ! Bon sang !

Elle bat des cils et je déglutis, terriblement mal à l’aise. Si elle s’attend à ce que je lui avoue mon amour et à une nuit serrés dans les bras l’un de l’autre, alors le choc va être d’une violence…

Je m’agite, profondément mal et elle empire la chose :

-         Ne sois pas si timide Kakashi, ronronne-t-elle.

-         Je ne suis pas timide, je suis mal à l’aise, murmure-je pour tenter de lui annoncer la couleur.

Mais elle décide de le prendre du bon côté apparemment :

-         Il n’y a pas à être mal à l’aise, je ne mords pas Kakashi ! pouffe-t-elle.

-         Tu risques de me mordre dans quelques minutes, admets-je d’une voix stressée.

-         C’est vrai ?! jubile-t-elle en me dévorant des yeux.

Bon sang ! Non ! Mais quel con !

-         Ça ne va pas te plaire, tempère-je.

-         Oh je pense que ça pourrait, glousse-t-elle.

Cette fois je grimace en la dévisageant. A un moment, je ne fais pas que des boulettes non plus, elle a des pensées carrément trop déplacées alors autant me lancer :

-         Sun … il faut que je t’avoue quelque chose…, commence-je.

J’entends mon cœur qui bat dans mes oreilles, je vois les yeux de Rin m’assassiner du regard dans mon esprit et j’ai pratiquement du mal à respirer à l’idée de blesser sa cousine mais je n’y échapperai pas.

Je me laisse envahir par les beaux yeux d’Hanako à la place, me raccrochant à l’éclat rieur que j’y vois sans cesse, à la douceur apportée par ses longs cils de biches sombres, aux éclats plus vif qui parsèment son iris… Et ça me donne le courage.

-         Sun, pardonne-moi, sincèrement, mais je n’éprouve pas les mêmes sentiments que toi et je sais que je ne les éprouverai jamais parce que je suis fou amoureux d’une femme et que ça ne changera pas, lâche-je de but en blanc.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne m’attendais quand même pas au drame hystérique qui suit mon annonce.

Je passe près de deux heures chez Sun, à canaliser l’ouragan en lequel elle se transforme. Elle me crie dessus, elle m’insulte, elle m’agresse même plusieurs fois ! Plus je me débats dans ses courants d’airs violents et agressifs, plus je remercie le ciel d’être tombé amoureux d’Hanako et de son tempérament.

Dire que j’accuse mon pauvre petit ange d’avoir un caractère de chien ! C’est mal connaitre les femmes bon sang ! Je ne comprends rien à ce qu’il m’arrive mais je comprends quand même que j’ai drôlement bien fait de rester très, très loin des femmes jusqu’à maintenant !

Elle a beau être aussi petite qu’Hanako, elle retourne son appartement. Elle brise une tasse, un vase, envoie voler les coussins et m’accuse de tous ses maux. Elle pleure des litres, des rivières même, mais elle hurle si fort que je ne peux guère la plaindre.

 Je ne comprends même pas ce que j’ai fait de mal, puisque j’estime avoir été extrêmement gentil et serviable envers elle, mais c’est justement ce qu’elle me reproche. C’est à n’y rien comprendre mais plus elle le fait, plus j’intègre. Elle m’accuse de lui avoir donné de l’espoir, d’avoir agi avec elle comme je n’agis avec personne et que j’aurais dû être plus clair dans mes actions.

Ça me travaille et surtout ça m’atteint, parce que ce sont exactement les reproches d’Hanako à ce sujet dans le fond. Je me sens doublement honteux d’avoir à ce point pu faire croire à ces deux femmes que je m’intéressais à Sun et je me remets drôlement en question.

En tout cas, j’apprends, c’est déjà pas mal, et Sun finit heureusement par se calmer une fois le choc passé – et deux heures de tempête. Elle reste extrêmement froide et accusatrice, mais ça me permet au moins de pouvoir me sauver sans qu’elle m’arrache la tête.

*

En revanche, ces quelques heures me traumatisent drôlement. Je passe les jours suivants enfermé chez moi, incapable d’en sortir, mes cauchemars surgissant dès que je ferme les yeux. J’oscille entre me forcer à passer des nuits blanches en fixant mon plafond, pendant lesquelles ce sont mes pensées qui me torturent, et m’endormir sans crier gare d’épuisement, où mes cauchemars prennent le relai. Ce n’est pas joyeux, mais c’est mérité et surtout très cohérent.

En revanche, je me sens libéré, parce que je sais que je ne serai plus aux petits soins de Sun désormais, qu’Hanako en sera heureuse et que ça ne change finalement pas grand-chose à la culpabilité que j’éprouve d’avoir tué Rin lorsque je me réveille en pleurant et en hurlant.

Briser le cœur de Sun n’est rien comparé à avoir pris la vie de ma petite sœur et ma tristesse me hantera toute ma vie, que je sois à la botte de sa cousine ou non. Il me faut six jours pour exorciser cette étape et dès ma première nuit sans cauchemar, je décide d’interpréter ça comme un message de Rin, qui m’encourage à aller voir Rinko pour continuer ma route de l’expiation…

Alors je lui envoie un message avec Pakkun, lui demandant de me retrouver au bar, un lieu où il se sentira à l’aise et où j’espère qu’il aura déjà bu une ou deux bières le temps que j’arrive après mon retard stratégique. Je suis sens dessus dessous toute la journée durant, à deux doigts du malaise, mais je tiens bon et je n’annule pas.

*

Je débarque avec trente minutes de retard et j’ai le soulagement de constater trois verres vides sur la table de Rinko lorsque j’arrive. En revanche, dès que je vois son regard assassin, je ne suis plus serein du tout.

-         Qu’est-ce que tu me veux ?! aboie-t-il agressivement dès que je m’assois.

Je l’observe, perdant tout mon courage. Il est rarement aussi remonté contre moi, il me fusille du regard, c’est invraisemblable. Je m’attendais à ce qu’il soit un peu plus doux après trois semaines sans avoir eu une seule nouvelle de moi…

-         Ça ne va pas ? demande-je, la gorge nouée.

-         Pas vraiment non, répond-il durement.

Pendant une seconde, j’envisage de ne plus rien dire du tout, de retourner m’enterrer chez Obito et d’attendre que l’orage passe. Mais je ne peux pas faire ça, je dois la vérité à Rinko, peu importe qu’il me tue sur le coup, je le mérite.

Je décide donc de rassembler mon courage légendaire, qui me fait pourtant défaut ces derniers temps :

-         Tu as changé d’avis ? Pour Hanako ? demande-je en marchant sur des œufs.

-         Bien sûr que oui ! répond-il avec virulence.

Je reste calme mais ça m’en bouche un coin. Ça fait quand même des jours que j’espère que tout se passera plutôt bien, il avait l’air tellement encourageant… Je ne comprends pas ce qui a pu changer mais tant pis, je refuse de me dégonfler, je veux que la situation progresse et pour ça, je lui dois l’honnêteté. Je vais déjà prendre la température, essayer de comprendre pourquoi il a changé d’avis.

-         Je peux te demander pourquoi ? demande-je avec prudence.

-         Oh… laisse-moi réfléchir… ah oui ! Peut-être bien parce que je croyais que tu étais fou amoureux d’elle mais que tu as décidé quand même de coucher avec une femme et de lui briser le cœur ! crache-t-il comme du poison.

J’ai un mouvement de recul, son assurance me fait presque croire qu’il dit la vérité alors que je sais pourtant pertinemment que non.

-         Je n’ai pas couché avec une autre femme, dis-je lentement en fronçant les sourcils.  

Le doute s’allume au fond de ses yeux mais il maintient quand même sa position agressive :

-         Tu me mens en plus ! gronde-t-il.

-         Rinko, pourquoi te mentirais-je ? demande-je.

-         Parce que depuis peu, tu ne me dis plus ce qu’il se passe dans ta sale petite tête, alors permets-moi de douter ! répond-il avec un air hautain détestable.

Ça m’énerve automatiquement, faute à mon sale caractère.

-         Bon, Rinko, je ne vais pas y aller par quatre chemins parce que je prends carrément sur moi pour venir te parler de ce que je ressens, de ce qu’il s’est passé, et je ne risque pas de le faire si tu continues de m’accuser alors que je n’ai rien fait de ce genre ! aboie-je.

Un silence tombe, mais le doute s’insinue de plus en plus sur son visage alors je soutiens son regard avec assurance pendant de longues minutes jusqu’à ce qu’il craque, son amitié pour moi revenant visiblement au galop :

-         C’est vrai ? Tu n’as vraiment pas couché avec une femme ? demande-t-il.

-         C’est ce que je viens de te dire ! m’agace-je.

-         Alors pourquoi est-ce que la dernière phrase que tu m’as sortie avant de foutre le camp était : « j’ai couché… », me cite-t-il.

Arrêt cardiaque immédiat. Il met carrément plus les pieds dans le plat que moi et je me retrouve au pied du mur cinq minutes à peine après mon arrivée. Je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard :

-         C’est pour ça que je voulais te voir…, murmure-je.

-         Alors tu l’as fait oui ou non ?! Parce qu’Hanako est dans un tel état que je me suis même demandé si tu ne lui avais pas craché l’info en pleine figure ! s’exclame-t-il d’un ton accusateur.

-         Quoi ?! Comment est-elle ? m’inquiète-je.

-         Pas bien du tout, tu peux me sortir la version longue Kakashi ? Parce que là, je t’avoue que je ne sais plus comment agir, dit-il.

J’hoche la tête, je suis heureux de savoir qu’il l’a vu et que je vais avoir des nouvelles d’elle.

-         Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? demande-je simplement.

-         Rien du tout justement ! Elle refuse de me dire ce qui ne va pas ! Je m’arrache les cheveux depuis des semaines même si j’ai bien l’impression que c’est lié à votre dispute puisque ça dure depuis le lendemain ! réplique-t-il avec un air désespéré.

J’hoche encore la tête, peiné et touché à la fois, peiné qu’elle soit dans un sale état, touché qu’elle m’estime encore suffisamment pour garder mon secret au lieu de me griller par vengeance. Quel amour, si c’était possible, je l’aimerais un peu plus, mais je suis déjà au maximum. En attendant, il va falloir que je me jette à l’eau :

-         Rinko, je n’ai pas couché avec une autre femme, je te le promets, son état n’a rien à voir avec ça, tu peux me faire confiance, lui assure-je.

Il hoche la tête et je vois qu’il me croit.

-         Alors, où étais-tu ? demande-t-il plus calmement.

-         Je me planquais, très clairement, parce que j’avais peur de ta réaction quand je t’annoncerais ce que je m’apprête à te dire…, réponds-je d’une voix tremblante.  

-         Ah bon… ? s’étonne-t-il.

Une nouvelle bière arrive pour Rinko mais je la siffle à sa place et il fronce les sourcils, un peu inquiet :

-         Ça doit être sérieux…, commente-t-il.

-         Oui, parce que j’ai bien peur que tu mettes un terme à notre amitié définitivement avant la fin de la soirée…, m’explique-je.

-         Kakashi, ça n’arrivera pas, tu peux me faire confiance ! Je suis complétement ok avec tes sentiments pour elle, je t’assure que je ne veux que votre bonheur et je t’ai promis que je t’aiderais à te rapprocher d’elle…, tempère-t-il.

Mon dieu, quel crève-cœur. Et en plus je grille Hanako dans le même temps alors qu’elle est très proche de lui... J’ajoute une raison pour qu’elle ne m’adresse plus jamais la parole, je suis vraiment cinglé…

-          Rinko, je suis un enfoiré, un vrai gros enfoiré…, murmure-je.

-         Mais non, tu ne contrôles pas tes sentiments, balaie-t-il immédiatement en levant les yeux au ciel.

-         En effet, mais je contrôle en théorie mes actions et je ne l’ai pas fait, je n’ai pas été correct avec toi, murmure-je encore.

Il ne répond pas, penchant la tête sur le côté, dans l’incompréhension. Allez, c’est le moment :

-         J’ai couché avec Hanako, lâche-je en fixant le fond de mon verre.

Un blanc s’installe et je ne redresse pas la tête, incapable d’affronter la vision de son visage.

-         Je te demande pardon ? demande-t-il d’une voix perdue.

Je prends sur moi pour relever le regard et me plonger dans ses yeux sombres :

-         Rinko, je t’aime comme un frère, tu es l’une des personnes que je préfère en ce bas monde et peu importe la réaction que tu auras, je l’accepterai et je ferai tout pour que tu me pardonnes…

-         Tu me fais peur, dit-il lentement.

-         J’ai couché avec Hanako alors que tu sortais encore avec elle.

Il ouvre des yeux ronds, se décomposant totalement et j’attends la sentence avec le cœur battant à mille à l’heure.

-         Tu te moques de moi ? demande-t-il alors qu’un sourire nerveux se glisse sur ses lèvres.

-         Non, si tu savais comme je suis désolé, Rinko je ne sais même pas comment je peux encore me regarder dans un miroir, c’est insupportable, ça me bouffe depuis des …, commence-je.

-         Quand ? me coupe-t-il.

-         Le soir de l’anniversaire de Toru, avoue-je à mi-voix.

Il fronce les sourcils et je sais qu’il est en train de faire les calculs, d’évaluer l’état de leur relation à ce moment-là et même si c’est une piètre réparation, je suis bien content que nous ayons attendu un certain temps en luttant contre notre attirance plutôt que d’avoir craqué sous la tente des semaines plus tôt quand leur relation était plus sérieuse. Je remercie d’ailleurs Ashi de nous avoir interrompu ce soir-là, parce que la révélation aurait été horrible en considérant le cirque que Rinko a mené après avoir appris notre nuit en tente où nous n’avions pourtant franchi aucune limite.

Il est toujours silencieux, les yeux dans le vagues, continuant d’analyser ses souvenirs.

-         C’est à partir de ce soir-là qu’elle s’est éloignée de moi…, chuchote-t-il en relevant des yeux d’une neutralité bien trop effrayante sur moi.

-         Je ne sais pas Rinko…, chuchote-je avec honnêteté.

-         Comment ça s’est passé ? Pourquoi ça s’est passé ? demande-t-il.

-         Ce soir-là nous nous sommes disputés dans la cuisine de Toru. Elle pleurait, elle pleurait tellement, elle était dévastée par mon comportement horrible avec elle, elle ne comprenait pas pourquoi j’étais si lunatique, pourquoi je disais vouloir être son ami pour finalement être affreux avec elle le lendemain… Je lui ai dit que c’était parce que je l’appréciais un peu trop, plusieurs fois, mais elle ne me croyait évidemment pas face aux crasses que je pouvais lui sortir. Je soufflais le chaud et le froid avec elle depuis des semaines, je savais qu’il était impossible que je me rapproche d’elle tout en réalisant que j’étais incapable de m’éloigner d’elle… Ce soir-là elle était à bout de mes conneries, elle était dans tous ses états et elle ne me croyait toujours pas. Alors je l’ai embrassé. L’embrasser m’a semblé la seule option pour lui prouver que je m’intéressais à elle et que toute ma méchanceté n’était pas gratuite mais simplement pour l’éloigner de moi…

Il me regarde avec intensité mais je ne vois toujours pas l’explosion de colère au fond de ses yeux tandis qu’il analyse ce que je lui raconte.

-         Et comment en êtes-vous arrivés d’un baiser dans une cuisine à coucher ensemble ? J’ose espérer que vous n’avez pas fait ça dans les toilettes de Toru alors que j’étais au milieu du… attends… vous avez subitement disparu tous les deux lors de cette soirée ! s’exclame-t-il en me regardant avec un air dégouté.

Je baisse la tête, tellement honteux, et les larmes me montent aux yeux.

-         Elle est venue chez moi, ce n’était pas prévu Rinko, elle était inquiète, j’étais dans un tel état de l’avoir embrassé, tu ne peux pas imaginer…, souffle-je.

-         Oh si, j’imagine pas trop mal je crois, répond-il d’une voix dure.

-         Elle voulait me réconforter, s’assurer que j’allais bien mais…

Je suis incapable de finir mais il le fait pour moi, durement, crûment :

-         Mais cette fois vous étiez bien tranquille chez toi, loin des yeux de ton meilleur ami, cet emmerdeur, et vous avez sans doute glissé par inadvertance dans ton lit.

C’est trop dur, je ne peux plus supporter cette conversation alors qu’elle n’aborde qu’un dixième de ce que nous avons fait bordel.

-         Ça a recommencé ? demande-t-il sèchement.

J’hoche la tête honteusement en fixant la table, ne sachant même plus quoi faire de ma propre personne.

-         De mieux en mieux…, souffle Rinko. Quand ?

-         Vous n’étiez plus ensemble, elle venait de te quitter définitivement, ça n’excuse rien mais…

-         Nom de dieu ! Ce n’est pas vrai ! s’exclame-t-il.

Je pose mes yeux dans mes mains, complétement désespéré tandis qu’il fait le lien avec mon amante d’Airisu et mes disputes violentes avec lui le lendemain, alors qu’il m’avait trouvé avec un bras autour de sa taille et que je lui avais tenu tête… Quelle insolence.

-         Bordel Rinko, j’ai tellement honte ! gémis-je d’une voix cassée.

-         Tu m’étonnes ! Vous vous êtes bien foutus de ma gueule putain ! s’exclame-t-il.

Les larmes roulent de mes yeux mais je garde mes mains pressées dessus, attendant le glas qui devrait s’abattre sur ma nuque d’ici dix secondes.

-         Tu peux me frapper Rinko, me tuer si ça te chante, me hurler dessus à minima, chuchote-je.

Le silence plane, je suis toujours en vie et en un seul morceau, je ne comprends pas mais je ne peux toujours pas le regarder. Ça dure un long moment, cinq bonnes minutes au moins avant qu’il ne parle :

-         Peux-tu tout m’expliquer depuis le début s’il te plait ? Tout ce que j’ai manqué, toute l’ébauche de votre relation ? demande-t-il d’une voix atone.

Je laisse retomber mes mains sur la table.

-         Bien sûr, évidemment que oui Rinko…, accepte-je d’une petite voix.

Et je me lance dans mon récit, mon long récit. Je lui raconte tout depuis le début, depuis la première fois où mes yeux se sont posés sur elle, la naissance instantanée de mes sentiments, mon envie de lui parler d’elle, la désillusion lorsqu’il m’a annoncé qu’elle était avec lui, nos disputes publiques au pays du gel et notre proximité au même temps.

Je passe les détails sous silence, histoire de ne pas le blesser inutilement, axant la faute sur moi, prenant sur mon dos l’initiative de tous nos rapprochements, taisant surtout notre moment de flottement sous la tente et insistant lourdement sur nos disputes qu’il ne connaissait même pas.

J’enchaine avec notre retour, nos restaurants où notre amitié est véritablement née, mon pétage de plombs chez Ichiraku après avoir appris qu’ils avaient couché ensemble, nos rapprochements au pays des fleurs, mon changement radical de comportement après avoir failli la perdre, la peur viscérale, létale que j’ai ressenti et qui m’a poussé à en avoir de moins en moins quelque chose à faire de lui tourner autour. Je conclus avec ces dernières semaines en enlevant encore et toujours des détails jusqu’à notre prise de tête à la soirée à propos de Sun et mon départ précipité lorsqu’il est venu ce soir-là me donner sa bénédiction alors même que je ne l’avais pas attendue.

Tout au long de mon récit, il écarquille un peu plus les yeux, stupéfait d’apprendre tout ça, mais ce qui me tue le plus est le moment où il abandonne juste, pour afficher une tête neutre en m’écoutant finir.

Alors que je me tais depuis plusieurs minutes, il soupire.

-         Je vais me barrer Kakashi, annonce-t-il simplement.

J’hoche la tête, et il s’en va tandis que je fonds en larmes.

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