LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 130 : Tensions avec Shisui

5027 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 11/11/2025 11:24

Chapitre 130 : Tensions avec Shisui


Point de vue d’Hanako


Lorsque j’ouvre les yeux, je mets quelques secondes à atterrir et je pose mes doigts sur mes lèvres lorsque les larmes dévalent mes joues au souvenir de ma soirée.

Je pleure quelques minutes en me remémorant mes câlins avec Kakashi, sentant mon cœur qui se casse en suivant les mêmes failles que depuis qu’il me l’a brisé, failles que je n’ai absolument pas réussi à refermer depuis et que je ne doute pas que je n’arriverai jamais à refermer un jour.

Je me rallonge dans mon lit, serrant ma couette sur mon nez tandis que le trou noir au creux de mon ventre m’aspire toute entière, tandis que je me refais douloureusement le film de tous nos moments passés ensemble depuis que je le connais et mes sanglots reprennent. C’est comme ça pratiquement tous les matins de toute façon, à chaque fois que je me réveille le cœur en fête comme lorsque nous étions ensemble et que je réalise que ce n’est plus le cas.

Je n’aurais jamais dû m’offrir ce moment avec Kakashi hier soir, retrouver la sensation d’être dans ses bras, le laisser me faire croire qu’il n’y a que moi pour lui alors qu’il s’est jeté dans le lit d’Hinari lorsqu’il a paniqué suite à notre dispute avant de me quitter le lendemain. Et comme tous les matins, c’est le souvenir de cette trahison qui me donne la force de sortir du lit, lorsque la colère revient pour éclipser la tristesse de mon cœur.

Après ma douche, lorsque je passe devant le miroir et que j’aperçois les suçons de Kakashi sur ma peau, je manque de m’écrouler une seconde fois, ils me remettent une claque douloureuse.

 Je m’applique donc à les enlever avec un ninjutsu de soin tandis que les larmes roulent silencieusement sur mes joues et que j’essaie de garder la face. Mais les images affluent dans ma tête intempestivement, je vois ses beaux yeux doux, ses lèvres gourmandes, son nez qui caresse le mien, c’est une torture... C’est de toute façon une torture depuis que je suis ici, qu’il est sous mon nez toute la sainte journée à me rappeler ce que j’ai perdu.

Je m’habille avant de me remettre dans mon lit pour fixer le plafond pensivement.

Je repense à ses excuses qui m’avaient l’air sincères. Depuis que nous nous revoyons, je sens que je faiblis, je sens qu’il arrive à s’insinuer de force dans mon cœur malgré mon rejet catégorique de sa personne… Il l’avait de toute façon déjà fait une première fois, lorsque je m’interdisais de me rapprocher de lui à cause de ma relation avec Rinko, alors je ne vois pas bien ce qui l’empêchera de recommencer. Il faut dire qu’il sait y faire, il sait quoi me dire, on dirait qu’il sait exactement ce que je veux entendre pour me faire flancher, comment agir pour que je le trouve parfait…

Mais je ne dois pas, je dois rester forte, je refuse de me jeter dans ses bras pour qu’il me réconforte alors que c’est lui-même qui m’a mise dans cet état !

Et Rinko qui est désormais au courant… Mon dieu, Rinko est au courant.

 Nous sommes libres, nous pourrions être ensemble vraiment, avancer, construire quelque chose… Je stoppe net ces pensées dangereuses, rejetant encore une fois son insinuation sous ma peau, dans mon cœur et dans mon esprit. Bon sang ce garçon est mon poison, je n’arrive pas à l’évacuer de mon corps alors je repense à ce qui me fait le plus de mal pour le chasser efficacement : Il m’a trompé.

Il a sauté dans le lit d’Hinari comme le dernier des salops après l’une de nos disputes. Avant de me quitter le lendemain matin en plus ! Je ne peux pas lui pardonner et je me mords les doigts de l’avoir laissé me toucher hier soir alors qu’il m’a fait l’affront de poser ses mains sur cette horreur d’Hinari. J’en ai la nausée et je me redresse pour préparer mes affaires.

 On nous a demandé de nous habiller chaudement mais de prendre nos maillots de bain, plutôt intriguant. Il faut que je me concentre là-dessus, ça va être une belle journée, je ne dois pas ressasser le passé mais aller de l’avant.

*

Lorsque j’arrive dans la salle de réception, je m’installe à une table pour déjeuner en attendant Shisui et je vois Kiyowa qui mange toute seule. Ça m’étonne un peu, Kakashi ne la lâche pas d’une semelle habituellement et j’irais bien m’installer avec elle si je n’avais pas peur qu’il débarque pour la rejoindre, l’option la plus probable.

Elle lit en croquant dans un croissant et je souris un peu. Qu’est-ce qu’elle lui ressemble, c’est invraisemblable, j’ai pratiquement l’impression d’avoir sous le nez la fille de Kakashi. J’ai beau lui en vouloir à mourir, je n’ai pas pu m’empêcher d’être surprise de son comportement avec elle, presque fière de voir comme il s’occupe d’elle. Je ne l’avais jamais vu en instructeur et vu les retours qu’en font l’équipe sept, ce n’était clairement pas la même ambiance…

Un sourire s’étire malgré moi sur mes lèvres. Après tout il a vieilli… il a changé… il s’est visiblement adouci… et puis de toute façon, il n’est pas à proprement parler le senseï de Kiyowa alors il n’a pas à avoir un rôle aussi strict que ça.

Je pose mon menton dans ma main en rêvassant : j’adore le voir s’occuper d’elle, c’est bien mon seul rayon de soleil dans la tristesse qu’est devenue ma vie. Parce que je ne peux pas accepter lorsqu’il est gentil avec moi, au risque de retomber dans ses bras, mais je peux puiser ma dose de lui, de son affection et de sa prévenance en l’observant prendre soin d’elle. En l’observant la jeter dans la neige pour la faire rire, la rassurer lorsqu’elle s’inquiète, la trainer comme un père jusqu’à l’hôtel lorsque Yume dépasse les bornes…

Mes sourcils se froncent un peu sous la peine qui m’étrangle déjà. Car avec ces souvenirs de la journée d’hier, viennent aussi les moments où il m’a touché en plein cœur : Lorsqu’il m’a fait des compliments, lorsqu’il a payé pour moi, lorsqu’il m’a appelé « mon ange » ou « moustique », qu’il m’a serré contre lui, qu’il m’a embrassé avec ses yeux plein d’affection, qu’il m’a donné la carte de Yume pour me rassurer…

Je ne comprends pas. Il se comporte comme si rien n’avait changé, comme si nous étions toujours ensemble malgré mes rejets… il ne change pas, s’obstinant à s’excuser et à tenter de me récupérer comme si ma perte était insurmontable. Mon cœur faible vacille encore, oscillant entre amour et raison, me suppliant de le pardonner pour que tout redevienne simple et beau…

Mais il ne m’avoue même pas sa faute avec Hinari, ça me dépasse, comment peut-il attendre de moi que je le pardonne sans même m’avouer le pire qu’il m’ait fait ?! S’il imagine qu’il pourra taire cette tromperie et tout reprendre à zéro, alors il se fourre le doigt dans l’œil, il n’avait qu’à pas sauter dans le lit de la plus bavarde des dindes de Konoha !

Ma colère brûle à nouveau et je finis mon déjeuner sans lancer un coup d’œil à Kiyowa pour m’empêcher de me refaire attendrir. Il ne mérite pas mon pardon. Il ne me dit même pas les faits.

*

Lorsque je retourne dans le hall, je tombe sur Yume, qui affiche une tête vraiment contrariée en jetant des coups d’œil réguliers aux escaliers. J’ai beau savoir que je ne pardonnerai pas Kakashi, je n’en suis pas moins ravie de me dire qu’il a visiblement vexé Yume comme jamais et je ricane en me demandant si je ne devrais pas aller parader un peu…

Je ne supporte pas cette fille, je ne supporte pas qu’elle s’imagine qu’elle aura Kakashi alors qu’il est à moi. Je ne me l’approprie pas, c’est lui-même qui me le dit sans cesse ! C’est mon Kakashi bon sang et ça le sera toujours, tout comme je serai éternellement à lui, même si nous ne nous retrouverons jamais.

Alors je sors la carte de Yume de mon sac et je vais tranquillement vers elle pour lui clouer le bec, marquer mon territoire une dernière fois et savourer cette petite victoire que je mérite. Lorsque je me plante devant elle, elle ne m’accorde même pas un regard.

-         Je viens simplement te la rendre, précise-je en lui tendant toujours sa carte.

Elle daigne enfin regarder ma main et son visage se décompose jusqu’à ce qu’elle relève un regard noir sur moi :

-         Je peux savoir pourquoi c’est toi qui as cette carte ?! crache-t-elle.

-         Kakashi m’a simplement demandé de te la rendre, précise-je avec innocence.

-         Et pourquoi ne me la rend-il pas lui-même ?! siffle-t-elle.

-         Je ne sais pas, c’est un peu gênant non ? Sachant qu’il n’a pas eu envie de s’en servir, je suppose qu’il est gêné de venir te la redonner… On pourrait imaginer que tu le prendrais très mal, que tu serais très déçue, voir même honteuse… C’est en tout cas ce qu’il avait l’air de penser hier soir quand nous avons discuté dans ma chambre…, réplique-je avec un faux air concerné.

Elle m’arrache la carte des mains avant de filer du hall à l’extérieur et je me demande même si elle va oser venir avec nous aujourd’hui après ce que je viens de lui dire. En tout cas, je suis satisfaite au possible et mon humeur grimpe en flèche malgré une pointe de culpabilité que je rejette. Je l’ai subtilement assez prévenue hier soir que Kakashi était à moi franchement, les femmes sont loin d’être des imbéciles !

J’aperçois alors Shisui qui descend les escaliers et se cale dans un coin du hall, à l’écart. Je sautille jusqu’à lui, heureuse de retrouver mon petit soleil ambulant qui me redonnera un peu plus le moral mais son accueil est tellement froid que je m’inquiète. Je ne l’ai jamais vu comme ça, il est toujours joyeux et de bonne humeur, toujours ravi de me voir, avec des tas de choses à raconter.  

-         Il y a quelque chose qui ne va pas ? demande-je en le regardant fixer la neige qui tombe encore drûment dehors.

-         Je ne sais pas… à toi de me dire, répond-il d’un ton dur.

Je suis choquée de le voir comme ça, son visage est complétement fermé voir même triste.

-         Je ne comprends pas Shisui… ? m’inquiète-je.

Il se tourne pour me faire face.

-         Qu’est-ce que je représente pour toi ? demande-t-il frontalement.

Mes joues s’enflamment sous la honte. Qu’est-ce qu’il représente pour moi ? Un passe-temps, un pansement, une garantie de ne pas retomber dans les bras de Kakashi et j’ai honte de moi.

-         Tu es mon ami…, bafouille-je honteusement.

Il hoche la tête, l’air déçu.

-         Oh d’accord. Je comprends mieux alors… Je croyais que nous sortions ensemble, lâche-t-il.

J’en tressaille sous la culpabilité. Evidemment, ça fait des jours que je lui donne cette impression en acceptant ses rendez-vous et en battant des cils. La misère que j’ai semée est en train de me retomber dessus alors j’essaie de m’en sortir par une pirouette.

-         Je… je suis désolée, ce n’était pas exactement clair pour moi…, murmure-je du bout des lèvres.

-         Oui, j’ai cru comprendre…, marmonne-t-il.

Il se tourne alors pour me faire face en reprenant :

-         Ecoute, je ne sais pas comment tu fonctionnes Hanako… mais dans mon monde, sortir ensemble au restaurant, passer du temps tous les deux, passer des heures à discuter… tout ça signifie que nous sommes un jeune couple. Je sais que de nos jours chacun possède ses propres standards et ses propres façons de faire, et je n’aurais visiblement pas dû partir du principe que tu avais les mêmes que moi sans te poser la question.

-         Shisui, je ne…, commence-je.

Mais il m’arrête d’un geste de main pour continuer :

-         Ecoute il n’y a pas de mal. Je me suis planté. Mais j’aimerais juste être clair à partir de maintenant, parce que je dois bien avouer que je suis très peiné depuis hier soir. J’ai bien vu qu’il s’était passé quelque chose… d’étrange entre Kakashi et toi hier soir. Et je pensais que nous étions ensemble, alors forcément, je l’ai très mal pris. Si tu ne te sens pas comme ma petite-amie alors j’imagine que je ne peux pas t’en vouloir en théorie mais je suis pourtant très blessé dans les faits, je préférerais qu’on ne se fréquente plus tant que tu n’es pas clairement décidée sur ce que tu veux.

J’en reste soufflée, les yeux écarquillés, essayant de comprendre comment il a su que j’avais embrassé Kakashi puisque nous ne l’avons fait que lorsque les lumières étaient éteintes. Il m’observe paniquer et soupire avec lassitude :

-         J’ai des yeux Hanako, j’ai vu les … Oh Seigneur. Je n’arriverai même pas à le dire.  J’ai vu ce qu’il t’a… fait… sur la gorge avant que tu ne fermes la veste, explique-t-il avec un air presque scandalisé.  

Mon dieu. Je m’enterre à grands coups de pelle très loin en-dessous du sol tandis que tous mes poils se dressent sur ma peau sous la honte. Imaginer que Shisui avait pu penser que nous nous étions embrassés était déjà honteux, mais alors de me dire qu’il l’a compris en voyant les suçons dans mon cou… alors que je me dépêchais de refermer une veste dessus pour les lui cacher… le simple fait que ces marques sous-entendent que Kakashi suçait ma peau avec passion dans un petit coin de la salle…

Bon sang, je en sais plus où me mettre.

Shisui me dévisage avec son air triste et je vois les larmes qui menacent au fond de ses yeux, c’est insupportable. Shisui est adorable avec moi, depuis le début, toujours à mes petits soins, toujours là pour moi et me faire rire. Il est même adorable avec tout le monde, à rendre service à tout va, tenir les portes à des foules, porter les sacs des anciens quitte à se mettre en retard… C’est un garçon à la gentillesse sans limite et je l’ai blessé pour un crétin que je ne veux plus approcher !

-         Pardonne-moi sincèrement Shisui, c’était juste comme ça, des baisers sans signification, je ne savais même pas que tu pensais que nous sortions ensemble… je suis vraiment désolée, affirme-je d’une petite voix.

-         Des baisers sans signification ?! demande-t-il sans comprendre, l’air toujours plus choqué.

Evidemment, pour un homme qui considère que nous sommes en couple sans jamais nous être embrassés, ça doit paraitre lunaire alors je tente de me justifier :

-         Oui, nous avions bu, ça ne voulait rien dire ! C’était presque un petit jeu…, bafouille-je.

-         Un petit jeu ?! s’offusque-t-il un peu plus.

-         Oui…, couine-je avec l’envie urgente de disparaitre.  

Il hoche encore la tête et la tristesse modifie ses traits :

-         D’accord, je comprends. Après tout nous n’avions pas été clairs… alors je sais que je ne peux pas t’en vouloir… mais je préfère qu’on s’éloigne, ça me fait trop de peine malgré tout… J’étais déjà très attaché à toi Hanako, je ne te voyais pas comme ça alors…

Mon cœur vacille, à deux doigts du morcellement. Je panique complétement, Shisui était mon seul rempart contre Kakashi, j’ai même dit à ce dernier que je sortais avec Shisui pour le tenir à distance ! Et puis il est la seule personne qui me faisait fondamentalement du bien depuis ma rupture, la seule personne qui ne soit pas liée à Kakashi, mon seul bol d’air pur, mes seuls répits dans ma vie cauchemardesque ! Je ne peux pas croire que je vais le perdre parce que j’ai fait la connerie énorme d’embrasser Kakashi alors que je sais que je ne le pardonnerai pas. Il faut absolument que je sauve les meubles ou je risque de ne jamais réussir à me relever. Mon cœur accélère sous la panique, je suis dans tous mes états, à fleur de peau et angoissée au possible :

-         Shisui, je suis désolée ! Je t’en prie ! Je ne recommencerai pas, je me fiche de Kakashi, complétement ! C’était juste une erreur, si j’avais su que tu nous considérais ensemble je n’aurais jamais fait ça !! m’écrie-je d’une voix tremblante.

Il me lance un petit regard, ne sachant plus quoi faire.

-         J’entends bien mais… j’ai trop de peine Hanako… Je n’ai rien dormi de la nuit, j’y ai pensé sans interruption…

-         Excuse-moi, vraiment, mais je ne savais pas Shisui ! Je ne savais pas ce que tu pensais ! couine-je tandis qu’une larme roule sur ma joue.

-         Tu ne vas vraiment plus l’embrasser… ? demande-t-il.

-         Non ! Absolument pas ! Je te l’assure ! me récrie-je immédiatement.

Mon cœur n’est pas d’accord avec ces propos mais je le fais taire tandis que Shisui affiche une tête embêtée :

-         D’accord… J’entends, mais je préfère prendre un peu de recul Hanako, je ne sais pas si je pourrai te pardonner, lâche-t-il simplement.

Et il s’en va en me laissant en pleurs, médusée.

 Je me traine tristement jusqu’à l’un des petits fauteuils du hall, posant mon visage dans mes mains, misérable. Me voilà dans la même fâcheuse position que ce crétin de Kakashi. Décidemment, il faut que je me remette en question si je suis la méchante de l’histoire de Shisui. De toute façon, tout ça est de la faute de ce foutu ninja copieur qui prend visiblement un malin plaisir à gâcher ma vie !

Je n’ai pas réussi à respecter Rinko, pas réussi à donner à Kakashi l’envie de m’être fidèle et je viens de faire du mal à Shisui sans même le vouloir. Je ne sais pas comment je me débrouille pour tout rater à ce point, pour mener toutes mes relations à des cuisants échecs… Je pensais vraiment que Shisui serait ma zone de sécurité, mon soleil au milieu des nuages…

Et c’est Kakashi que j’ai embrassé en plus ! Kakashi ! Je fais du mal à l’homme qui me ramasse à la petite cuillère avec l’homme qui m’a broyé en miette ! Mais quelle idiote !

Je me lamente encore quelques minutes, complétement dévastée, avant de relever le nez. Shisui est seul dans un coin, observant toujours la neige tomber et mon cœur accélère. J’ai déjà envie d’y retourner, envie de m’excuser un peu plus jusqu’à ce qu’il me ressorte sa bonne humeur et ses sourires bienheureux. Qu’il me raconte pendant des heures les aléas de son potager – sa passion – dont je me fiche royalement mais dont j’apprécie chaque minute où il m’en parle avec panache.

Il est comme ça, tout est simple dans sa tête, il va au travail, s’occupe de son potager et rentre chez lui se coucher avec un sourire aux lèvres. Il m’ouvre les portes, me complimente et me demande comment ma journée à l’hôpital s’est passée… C’est simple, sans nuage, sans montagne russe, sans prise de tête. Il m’embrasse sur la joue après nos restaurants et passe me dire bonjour à l’accueil de l’hôpital… Il me fait des blagues nulles mais je ne peux que rire quand je vois sa tête fière, il commente chaque nuage qui passe dans le ciel en y inventant des formes que je ne vois pas mais j’aime voir ses yeux s’illuminer, il n’aime pas la neige mais pourrait me parler des heures de la mer… Il n’est pas Kakashi mais il ne me brisera pas le cœur…

Ce dernier débarque d’ailleurs dans le hall et lorsqu’il voit ma tête mortifiée, l’inquiétude s’allume au fond de son œil noir et je soupire en tournant la tête, lui signalant clairement de ne pas venir vers moi. Mais c’est mal connaitre Kakashi et il vient évidemment dans la seconde pour se planter devant moi alors je lève les yeux au ciel en prenant mon front dans mes mains, fixant ses pieds.

-         Pas maintenant Kakashi, grogne-je.

-         Ça ne va pas ? demande-t-il d’une voix tendue.

Je me redresse :

-         Je t’ai dit, pas maintenant ! m’énerve-je.

-         Je suis sincèrement désolé si c’est hier soir qui te met dans cet état, je pourrais…, commence-t-il.

Mais je vrille, j’ai peur que Shisui nous voit, qu’il le prenne encore plus mal et ce n’est clairement pas vers Kakashi que j’irai chercher du soutien alors qu’il est lui-même à l’origine de ma peine la plus profonde et douloureuse. Je saute sur mes pieds, la haine m’aveuglant :

-         Qu’est-ce que tu ne comprends pas dans ce que je te dis ?! Dégage Kakashi ! vocifère-je.  

Il accuse le coup, affichant un air peiné et ayant même un petit mouvement de recul mais son inquiétude ne faiblit pas. Il a l’air tout agité de me voir comme ça et l’évidence me frappe comme la foudre : Allô Hanako, on parle de Kakashi… Il ne risque pas de me laisser dans cet état.

Ce n’est pas parce que je le diabolise pour ce qu’il a fait qu’il a subitement changé de personnalité et le connaissant, il ne me laissera jamais dans cet état inquiétant. Il en est sans doute complétement incapable alors je tâche de maitriser ma colère et mon coup de sang en respirant lentement, sachant que le seul moyen pour le faire me laisser tranquille sera de le rassurer suffisamment :

-         Kakashi, je ne suis pas dans cet état à cause de toi, je te le promets. Alors s’il-te-plait, laisse-moi simplement tranquille, dis-je le plus calmement possible.

-         Mais qu’est-ce que tu as ? Des problèmes ? Je peux t’aider en quelque chose ? insiste-t-il.

Je soupire, il va lui falloir l’explication. Très bien.

-         J’ai des problèmes avec Shisui à cause de ce qu’il s’est passé entre nous deux hier soir. Il me fait la tête, je ne sais même pas s’il va me reparler, je me sens honteuse et ta présence à côté de moi ne fera qu’aggraver les choses. Alors si tu veux vraiment me rendre service, dégage et ne reviens pas. C’est ce que tu sais faire de mieux de toute façon.

Il accuse encore le coup mais après quelques secondes d’hésitation, il s’éloigne finalement avec toute la misère du monde sur ses épaules.

*

Nous courons toute la matinée dans les restes de la tempête de neige, affrontant le blizzard et le froid en suivant nos hôtes de Yu. Plus le temps passe et plus je me demande quelle idée ils ont eu de nous demander de prendre nos maillots de bain, je suis gelée jusqu’à l’os et il faudrait me payer pour que je me change de ma tenue chaude.

Peu avant midi, nous faisons une petite pause pour manger et nos hôtes nous apprennent que nous n’avons plus qu’une petite heure de course avant d’arriver. Je me glisse dans un petit coin toute seule, mangeant mon sandwich sans conviction en repérant Kiyowa, encore seule… Ça ne m’étonne pas vraiment de Kakashi, il a dû prendre le large à cause de la tristesse que j’ai dû lui causer ce matin, préférant sans doute courir à pleine vitesse dans la neige et le blizzard...

Lorsque Shisui s’assoit à côté de moi par surprise, ma mâchoire se décroche et le petit espoir renait en moi lorsqu’il me lance son visage habituel :

-         Pardonne-moi Hanako, j’ai réfléchi en courant et c’est vrai que tu ne pouvais pas savoir ce que je ressentais, nous n’avions rien décidé après tout. Je vais passer au-dessus de cette peine, de cette histoire, mais j’aimerais simplement que nous soyons clairs, dit-il gentiment.

Je suis tellement soulagée qu’il revienne sur sa décision que je ne sais pas ce qu’il me prend :

-         C’est très clair Shisui. J’ai compris cette fois, nous sommes ensemble, affirme-je.

Il m’offre un immense sourire que je lui retourne en masquant mon inquiétude, me demandant un peu ce que je suis en train de faire, questionnant mon éthique douteuse… mais je ne suis qu’une femme brisée, incapable de faire des choix altruistes et respectueux. Je veux juste une raison de ne plus m’approcher de Kakashi, j’en ai besoin pour éviter de retomber dans ses bras comme hier soir…

C’est terrible d’agir comme ça mais je n’ai plus de cœur alors je n’arrive pas à me sentir aussi mal que je le devrais, je profite simplement du bonheur de ravoir Shisui à mes côtés, du baume que ça met sur mon cœur lorsqu’il déballe son sandwich en me faisant un exposé sur les légumes qui ne sont pas de saisons à l’intérieur. Ça ne m’intéresse pas plus que ça, mais ça me berce dans la simplicité.

 

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