LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)

Chapitre 141 : Discussion entre hommes

5343 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/12/2025 12:03

Chapitre 141 : Discussion entre hommes


Quelle drôle de soirée, il se passe une quantité de choses folles et il est encore relativement tôt mais je ne suis pas au bout de mes peines, car lorsque je retourne à la fête, Shisui s’approche de moi avec un air décidé dès que je pénètre sur la terrasse.

Hanako est en discussion avec Yuki et elle fronce les sourcils en voyant Shisui me foncer dessus.

-         Est-ce que je peux vous parler commandant ? demande-t-il d’une voix claire.

-         Si tu veux…, m’étonne-je.  

Il part avec détermination dans la salle pour nous isoler et Hanako ouvre des yeux inquiets tandis que je le suis.

Je me remplis rapidement un verre en passant, j’en aurai sans doute besoin et s’il me pose des questions étranges, je pourrai toujours boire le temps de réfléchir… Je le rejoins ensuite à une petite table tout au fond de la pièce, où il m’attend avec l’air d’organiser ses pensées. Je m’installe, attendant patiemment de savoir ce qu’il me veut.

-         J’aimerais vous parler d’Hanako, dit-il finalement en fixant la table.

Non… sans blague.

-         Je m’en doutais un peu…, réponds-je.  

-         J’aimerais que vous compreniez bien que je vous respecte énormément et que je ne cherche en aucun moyen à vous manquer de respect ici. Si je devais dépasser les bornes, alors faites-le moi savoir, je ne veux pas de problème et je ne veux pas vous mettre dans l’embarras, précise-t-il en fixant toujours la table.

Au moins ça commence bien. Il est agréable de recevoir autant de respect du crétin qui m’a volé ma copine, même si c’est dû à mon poste. Voilà qui rend cette conversation moins agaçante, mais qui ne manque malheureusement pas de souligner une fois de plus que ce garçon est un type bien.

-         Ne t’inquiète pas Shisui, je sais faire la différence entre les discussions privées et les discussions professionnelles, le rassure-je donc.  

-         Je… J’aimerais savoir ce qu’il se passe entre Hanako et vous, souffle-t-il d’un coup, les yeux toujours rivés sur la table, rouge pivoine.

-         C’est une question plutôt directe, commente-je en me jetant sur mon verre.

Bon sang, je savais que ce verre allait me servir. Je n’ai absolument aucune idée de ce que Hanako lui a dit ou non, de ce que je peux lui dire ou non… c’est déjà catastrophique.

-         Je sais commandant, pardonnez-moi ! lâche-t-il tout de suite.  

-         Peux-tu me poser des questions plus précises ? Je ne saisis pas bien, dis-je avec toute la gentillesse dont je peux faire preuve pour gagner du temps.

-         Elle m’a dit que vous vous étiez embrassés mon commandant, continue-t-il avec hésitation, fuyant toujours mon regard.

-         C’est vrai. Nous avions beaucoup bu tous les deux..., réponds-je lentement.

Je marche sur des œufs, des œufs fragiles et délicats.

-         Avez-vous recommencé ? enchaine-t-il.

Facile.

-         Non, dis-je avec assurance en étant bien content de ne pas l’avoir fait.

-         Avez-vous pour projet de recommencer ? continue-t-il.

-         Non… Je n’ai jamais pour projet d’embrasser qui que ce soit, ce n’était déjà pas prémédité l’autre soir, réplique-je.

Il a l’air de se détendre un poil, bonne nouvelle. Mais ses questions directes ne sont pas franchement mieux que ses questions ouvertes alors j’essaie de reprendre la main :

-         Shisui… Pourquoi me demandes-tu ça ?

-         Je… J’ai des sentiments pour Hanako commandant. Et j’imagine qu’elle en a aussi, je ne sais pas trop… Je croyais que nous sortions ensemble jusqu’à… jusqu’à ce que vous vous embrassiez et que je comprenne que je n’avais sans doute pas été assez clair, m’explique-t-il d’une voix craintive.

Je ne réponds pas, ne sachant pas quoi dire et il relève enfin le nez pour me regarder.

-         Je ne comprends pas votre relation mon commandant, me dit-il frontalement.

Je reporte mon verre à mes lèvres, réfléchissant un peu à ce que je peux dire. Je ne veux pas qu’il pense que nous nous connaissons à peine et que je ne m’approcherai plus d’Hanako, je ne veux pas non plus qu’il comprenne que nous avons un passé, puisque je ne sais pas ce qu’Hanako en pense et surtout, ça ne manquerait pas de le faire tenter de nous éloigner à tout prix. C’est délicat.

-         Nous avons une relation compliquée Shisui. Nous sommes amis, la plupart du temps en tout cas… nous étions en froid avant de venir ici pour être honnête.

Ma réponse est assez vague, et il pourra interpréter mes mots à sa guise selon ce qu’il sait ou pas de notre relation.

Il fronce les sourcils :

-         En froid ? Mais comment en êtes-vous arrivés à vous embrasser alors ? demande-t-il sans comprendre.

Ouille. Ça signifie clairement qu’il n’a aucune idée de ce qu’il y a pu avoir entre nous et que je vais devoir justifier d’avoir embrassé une de mes vagues amies pour aucune raison... Facile finalement, je réfléchis à ce que Rinko aurait dit à ma place puisque c’est tout à fait le genre de situation qu’il connait bien :

-         Je ne peux parler qu’en mon nom, mais j’avais beaucoup bu et c’est une jolie femme…, lâche-je en ayant l’impression d’être un salop.

Il fronce un peu plus les sourcils, sans doute légèrement déçu de son commandant et j’en rajoute une couche puisqu’il a l’air de marcher :

-         Je m’entends bien avec elle, elle est jolie, je n’ai pas trop réfléchi, j’étais festif…, ajoute-je.

-         Vous l’avez embrassé comme ça ? Festivement ? s’étonne-t-il en tâchant de masquer le jugement dans sa voix.

-         Oui je suppose, je ne savais pas qu’il se passait quelque chose entre vous ! me justifie-je un poil trop sèchement.  

-         Je ne vous accuse de rien ! couine-t-il à la vitesse de l’éclair en reprenant son air inquiet.

Je m’empêche de soupirer, décidant que je ferais drôlement mieux de faire ami-ami avec lui que de mettre une tension de plus entre nous et j’aimerais bien que cette conversation se termine :

-         Je sais. Ecoute Shisui, je ne vais pas mal prendre que tu me poses des questions à ce sujet alors que tu sors avec elle, c’est ta petite-amie, je comprends. Je ne t’en tiendrai pas rigueur, j’ai une haute estime de toi, tu as bonne réputation parmi les chef de patrouille.

Ses yeux s’illuminent de fierté :

-         Merci commandant ! s’exclame-t-il.

-         Alors exprime-toi, le pousse-je.

Qu’on en finisse je vous en prie !

Visiblement, je l’ai rassuré, peut-être même un peu trop, parce qu’il me lâche d’un coup toutes ses interrogations :

-         Je ne suis pas un homme qui partage, ni qui aime se faire prendre pour un idiot. Et je ne suis pas non plus du genre à forcer la situation. Si Hanako a des sentiments pour vous, je ne vais pas batailler pour qu’elle en ait pour moi. Alors ce que je cherchais, c’est à comprendre. Je voulais donc savoir si vous aviez des sentiments pour elle, si vous aviez déjà été « proche » d’elle peut-être ? Je ne sais pas, il y a un drôle de lien entre vous, je ne comprends pas votre dynamique et elle ne me dit rien à ce sujet. Je ne lui pose pas la question parce que j’estime qu’elle a le droit d’avoir son jardin secret, mais je m’autorise quand même à avoir une conversation d’homme à homme avec vous.

Ça fait beaucoup d’informations. Je siffle mon verre et me prépare mentalement à jouer sur les mots :

-         Je ne suis pas un homme très sentimental Shisui, je crois que c’est plutôt évident, ma réputation me précède… Je n’ai jamais été en couple avec Hanako et maintenant que je sais que vous êtes ensemble officiellement alors je ne l’embrasserai plus.

Il me regarde avec soulagement tandis que j’ai honte de moi. Je lui ai dit que je n’étais pas quelqu’un de sentimental, ce qui est vrai, mais je reste fou amoureux d’elle… Je lui ai dit que nous n’étions pas en couple car officiellement nous ne l’avons jamais été… Quant aux baisers… ça risque d’être difficile à assumer quand je vois le comportement d’Hanako ce soir, mais qui vivra verra.

En revanche, je ne peux pas me passer d’elle, alors je crois que tout ça mérite une petite précision :

-         Je tiens quand même à te préciser que malgré nos baisers (et dieu sait qu’ils sont nombreux) nous sommes vraiment amis elle et moi, nous avons fait beaucoup de missions ensemble et nous avons tendance à être fourrés tous les deux depuis. Je ne sais pas exactement à quoi tu t’attends, mais je me vois mal lui dire que nous ne pouvons plus être amis parce que tu es avec elle. Maintenant, si tu lui demandes de ne plus me voir, c’est entre elle et toi. Mais pour ma part, ce serait me mettre dans une drôle de situation…

-         Non bien sûr ! Je n’attends rien de tel de vous commandant. Je verrai directement avec elle mais je voulais vous parler parce que … j’avais peur… je ne sais pas c’est stupide… mais quand on vous voit comme ça, on dirait qu’il se passe quelque chose entre vous, je m’attends presque à vous retrouver en train de vous embrasser derrière tous les coins de murs. C’est comme tout à l’heure, je ne sais pas… elle était complétement étalée sur le bar devant vous, je me suis demandé si j’interrompais quelque chose. Depuis ces baisers je ne fais que m’inquiéter et me torturer l’esprit, c’est stupide. Surtout maintenant que j’apprends que vous avez fait beaucoup de missions ensemble, ça rapproche, je comprends mieux.

-         Je vois… Pas de nouveaux baisers en tout cas et pas d’autres prévus, résume-je en tapotant la table de mes doigts.

-         Je vous remercie, me dit-il gentiment.

-         Pas de quoi, réponds-je.

Il me sourit, plutôt heureux et ça me fait de la peine. Rinko avait raison, c’est vraiment un type bien, elle devrait envisager de lui donner une vraie chance qui ne soit pas parasitée par ma présence alors que je n’ai pas été fichu de m’occuper d’elle correctement…

Je le regarde se lever et partir puis je me dirige à pas de loups vers le bar pour me servir un autre verre que je bois sur place en réfléchissant à tout ça. Je m’en suis bien sorti je crois, au moins j’ai ramené les discussions entre eux, elle lui dira ce qu’elle a envie de lui dire maintenant…

Je me sers un quatrième verre et je décide de m’arrêter à celui-là, j’ai une tendance affolante à boire dans ce pays.

Je me demande ce qu’elle pense de lui dans le fond… pourquoi est-elle venue dans ma chambre hier soir, alors qu’elle aurait pu aller dans la sienne… ? Elle m’a même parlé d’aller toquer à la porte de Minato mais n’a pas envisagé son petit-ami… ? C’est trop étrange, et puis, elle ne passe pas tant de temps que ça avec lui… elle vient me voir toutes les cinq minutes au lieu de profiter de lui.

Et comme pour me donner raison, une petite main caresse subitement mon dos.

Autant je me rends bien compte que ma vue se trouble et que mon esprit s’embrume, autant je suis encore plus décidé à arrêter de boire maintenant que je me rends compte que je ne suis plus capable de détecter qu’on s’approche de moi dans mon dos.

Je me retourne sur mon tabouret pour lui faire face et elle se plante entre mes jambes, déjà bien trop proches pour deux amis qui discutent et suite à ma conversation avec son cher et tendre, je suis sur la réserve.

A quoi joue-t-elle ? Je voudrais seulement comprendre à quel jeu nous jouons pour savoir les règles…

-         Pourquoi tu n’es pas allée dans sa chambre hier soir ? demande-je sans préambule.

Elle mordille sa joue en fuyant mon regard, ne répondant pas. Mais j’ai besoin de savoir, je ne sais pas si l’alcool me rend à fleur de peau ou si c’est ma discussion avec Shisui voire même un mélange des deux mais je me sens mal. J’ai envie de comprendre, je veux savoir où elle en est, où nous en sommes, ce qu’elle cherche…

-         Dis-moi pourquoi, s’il te plait…, supplie-je.

Elle plante son regard dans le mien, confuse, et mes yeux ivres se fixent sur les lumières des guirlandes qui dansent dans ses pupilles plus intensément que jamais, m’hypnotisant complétement.    

-         Parce que … c’est toi que je voulais voir Kakashi. Tout simplement. C’est avec toi que je voulais passer la soirée, avoue-t-elle doucement.

-         Tu savais que tu pouvais avoir une nouvelle carte à l’accueil en pleine nuit ? demande-je.

-         Oui…, murmure-t-elle.

-         Mais tu n’as jamais envisagé d’y aller ? demande-je en réalisant ce qu’elle est en train de me dire.

-         Non, souffle-t-elle en rougissant.

Ces aveux me donnent déjà un certain degré de réponse qui font vaciller mon cœur alors je pose une main sur sa hanche pour la caresser et elle se rapproche encore plus dangereusement. Mon attirance double avec l’alcool, je suis moins sage, moins fort alors je préfère la prévenir :

-         J’ai dit à Shisui que je n’avais pas prévu de t’embrasser, glisse-je avec un air inquiet.  

-         Ne t’inquiète pas, j’aime juste être vers toi, se justifie-t-elle.

-         J’ai bu, alors oui, je m’inquiète. Je ne vais pas t’embrasser un quart d’heure après lui avoir dit que je ne comptais pas le refaire, gémis-je.

Elle se mord la lèvre pour réprimer un sourire :

-         Ne m’embrasse pas alors ! me taquine-t-elle doucement.

-         Alors ne m’embrasse pas non plus ! me récrie-je face à ses yeux de chat en chasse.

Elle éclate de rire :

-         Deux amis ne devraient pas avoir à se préciser ce genre de choses ! s’amuse-t-elle.

-         Il faut croire que nous sommes bizarres, commente-je avec un sourire idiot.

-         Oui. Nous ne sommes même plus amis, je te méprise, dit-elle avec une voix boudeuse malgré le sourire sur ses lèvres.

-         Ah oui. C’est vrai tiens, j’avais oublié, réponds-je en souriant comme un sale gosse.

Elle me regarde avec émotion :

-         J’adore quand tu es comme ça, dit-elle.

-         Comment ? Alcoolisé ? plaisante-je.

-         Non, insouciant, heureux, rieur, enfantin…, répond-elle en riant un peu.

-         Je suis tout ça moi ? m’amuse-je en approchant mon visage du sien.

-         Oui, glousse-t-elle.

Elle fait encore un petit pas vers moi et je me redresse en lâchant sa hanche :

-         Hanako, il vient de me parler, je …, commence-je avec hésitation.

-         Quoi Kakashi ? Shisui t’as mis un coup de pression ? demande-t-elle en affichant une mine moqueuse.  

-         Oui, il m’a plaqué contre le mur et menacé, il m’a terrifié, plaisante-je.

Elle hoche la tête lentement en approchant son visage du mien :

-         Oh oui, tu as du avoir très, très peur, susurre-t-elle.

Elle est toute proche, magnifique, voluptueuse, joueuse, tout pour me tenter... Je ne peux plus lutter, simplement trop envoûté par cette femme, glissant mes yeux sur ses traits, me tendant d’envie de l’embrasser, bien content que mon masque subsiste comme dernier rempart entre nous.

Je sens bien son énergie qui me charme, ça se voit même dans sa façon de se déplacer, de remuer, tout en courbe et en douceur, mais je ne crois pas qu’elle en ait conscience. Elle ne se rend pas compte de l’impact qu’elle a sur moi lorsqu’elle est joueuse comme ça. Avec mes quelques verres dans le nez, je suis incapable de détourner les yeux d’elle, je ne peux que la regarder avec envie et amour, malgré ce que je viens de dire à Shisui, malgré son incapacité à me pardonner, malgré toutes les restrictions que je m’impose quant à nos contacts physiques.

Il faut que je me ressaisisse, j’ai déjà failli l’embrasser hier soir.

-         J’ai bu…, murmure-je encore pour tenter de la repousser.

Elle pose ses mains sur mes épaules et les caresse doucement, toujours avec son regard de chat en train de chasser.

-         Ne m’embrasse pas et tout ira bien, chuchote-t-elle.

Mon cœur accélère et je ferme les yeux, déjà pour m’éviter la tentation mais aussi pour mieux sentir son contact. Je ne comprends toujours pas, pourquoi me caresse-t-elle comme ça alors que je lui signale que je suis « affaibli » ? Pourquoi me tente-t-elle alors qu’elle ne veut pas de moi ? Essaie-t-elle de me punir de l’avoir quittée ?

J’ouvre les yeux pour la regarder :

-         Hanako… A quoi joues-tu ? demande-je d’une voix douce.

Elle se mord la lèvre :

-         Je ne sais pas, souffle-t-elle.

Nous nous regardons avec fièvre pendant quelques secondes supplémentaires avant qu’elle ne reprenne :

-         Je ne sais pas à quoi je joue Kakashi. Je ne peux pas m’empêcher de te toucher, j’ai constamment envie d’être vers toi, je ne me sens jamais assez …, commence-t-elle.

-         Proche ? finis-je.

Elle acquiesce avec un air coupable, sa lèvre toujours coincée entre ses dents, me tendant un peu plus. Bon sang comme j’ai envie de manger cette lèvre, je n’arrive plus à en détourner le regard.

Je ne sais pas trop quoi faire à part être complétement honnête avec elle :

-         Hanako, je vais être franc avec toi. Je veux redevenir ton ami et respecter ton espèce de relation avec Shisui…

-         Mais … ? susurre-t-elle.

-         Mais tu me rends fou, tu es trop proche, trop belle, et là, j’ai peur de te sauter dessus d’une seconde à l’autre, réponds-je.

Ses ongles s’enfoncent doucement dans la peau de ma nuque tandis qu’elle se raidit mais elle ne recule pas.

-         Tu ne m’as pourtant pas sauté dessus hier soir, me défie-t-elle.

-         Je n’avais pas bu, c’est une piètre excuse mais elle est quand même très vraie, me justifie-je.

-         Tu n’avais pas envie de me sauter dessus hier soir ? demande-t-elle d’une voix boudeuse, les yeux presque accusateurs.

En une seconde, j’attrape sa nuque fermement pour la tirer un peu plus vers moi, arrêtant ses lèvres juste à temps, à quelques centimètres des miennes. Comment peut-elle me dire ça ? Et sur ce ton ? Elle sait que ce n’est pas bien. Elle me rend complétement dingue.

-         Mais pourquoi fais-tu ça ?! redemande-je d’une voix suppliante.

-         Je ne sais pas, répète-t-elle dans un souffle.  

Je vois qu’elle ne cherche pas à me coincer au fond de ses yeux, je n’y vois qu’elle, comme je la vois depuis des mois. Je me plonge dans ses iris rose intenses et nuancés, parcourant les petites rivières plus foncées qui s’y cachent et qui me réchauffent le cœur à chaque fois.  

-         J’ai besoin de te toucher Kakashi, c’est tout. Je ne t’ai pas assez touché, ça fait des semaines qu’on ne se voit plus, des semaines que je pleure ton absence… J’ai tellement souffert de ton éloignement, je ne me contrôle pas, murmure-t-elle avec peine.

-         Je suis tellement désolé…, réponds-je, la voix brisée.

-         Je sais.

Nous nous regardons encore et je prie pour que personne ne vienne tout en espérant que quelqu’un interrompe tout ça.

-         Pourquoi m’as-tu fait une chose pareille… ? murmure-t-elle.

Je ne réponds pas, elle n’attend pas de réponse de toute façon, elle sait très bien ce qu’il m’est arrivé, c’est simplement une plainte, l’extériorisation de sa peine.

-         J’ai besoin de panser les blessures de mon cœur…, reprend-elle.

C’est insupportable d’entendre une chose pareille, ça me découpe en deux de culpabilité.

-         Je veux te réparer mon ange. Je ne supporte pas que tu sois triste, gémis-je.

Elle colle finalement son corps au mien en entourant ses bras autour de ma nuque pour se blottir dans mon cou tandis que je verrouille mes bras autour de son dos, me raccrochant à elle pour qu’elle ne s’en aille plus jamais.

Nous nous câlinons avec tendresse, je la berce tandis qu’elle me serre, calant ma joue contre sa tête toujours blottie contre moi, connectant avec elle, profitant de notre câlin d’amour.

-         C’est le genre de choses qui me répare, murmure-t-elle contre ma gorge.

-         Alors je te câlinerai autant que tu le voudras, réponds-je.

Elle soupire d’aise et je ferme les yeux, profitant du moment et de sa fragrance.

Je ne sais pas trop à quel moment nous sommes passés du désir à l’émotion, mais c’est tellement réconfortant. Moi aussi ça me répare, car même si c’est moi qui ai mis des distances entre nous, dieu sait que j’en étais malheureux.

Elle resserre sa prise autour de ma nuque :

-         Je ne veux plus jamais bouger. J’aimerais tout effacer et recommencer…, dit-elle tristement.

-         Moi aussi, je suis tellement navré Hanako…

-         Tu dis que tu ne me laisseras plus…, dit-elle.

-         C’est vrai, c’est une promesse, glisse-je rapidement.

-         Je ne te laisserai plus partir de toute façon… Je ne te laisserai plus jamais quitter ma vie Kakashi. La seule chose qui m’a fait me tenir loin de toi est ma colère, cette image fausse que j’avais de toi, cette impression de ne pas te connaitre, de m’être attachée comme ça à un homme que je ne connaissais finalement pas.

-         Je ne t’ai pas trompée, souffle-je.

-         Je le sais maintenant, mais ça rend tout ça encore plus compliqué. Je ne sais plus où j’en suis, où j’aurais dû en être... Si Hinari ne m’avait pas dit ce mensonge, je ne t’aurais jamais laissé partir.

Je la serre un peu plus fort contre moi et elle reprend doucement :

-         J’ai tellement souffert… Malheureusement pour moi, Hinari a dit ce qu’elle a dit, et je me suis fermée à toi. Je ne suis plus capable de te rouvrir mon cœur comme avant, pas après ton abandon, pas après la peine que j’ai ressentie, pas après t’avoir supplié toutes les nuits de revenir pendant trois semaines sans jamais te voir passer ma porte, ajoute-t-elle la voix chargée de larmes.

Ses mots me font tellement de mal que les larmes brouillent ma vue jusqu’à ce que l’une d’elle glisse sur ma joue. Comment pourrait-elle me pardonner un jour, comment pourrait-elle accepter de prendre le risque de se remettre avec moi et que son cœur soit de nouveau brisé ?

-         Alors quoi maintenant… ? demande-je d’une voix cassée.

-         Alors on va travailler à redevenir amis… C’est tout ce que je peux t’offrir. Et si tu me refais le coup de partir sans un mot…, me prévient-elle d’une voix tremblante.  

-         Je ne te laisserai plus jamais, plus jamais, affirme-je. Je serai le meilleur de tes amis, tu pourras toujours compter sur moi et peut-être qu’un jour, tu te réveilleras en me faisant à nouveau confiance.

Elle redresse la tête, toujours dans mes bras, pour poser son front contre le mien :

-         Prouve-moi que tu resteras, que je peux te faire confiance, murmure-t-elle en essuyant la larme de ma joue.  

-         Je te le prouverai, affirme-je.

Elle pose alors un baiser appuyé sur mes lèvres, par-dessus mon masque, et je profite de chaque seconde où ses lèvres se pressent contre les miennes. Ce baiser scelle ma promesse envers elle, scelle sa miséricorde de me laisser une chance, scelle notre lien unique.

Lorsqu’elle relâche mes lèvres, elle se détache de moi et je comprends que notre moment est fini malgré sa main sur ma joue.

-         Alors nous sommes amis désormais ? demande-je, plein d’espoirs.

-         Nous y travaillons, me corrige-t-elle.

-         J’y travaille. Tu es déjà mon amie. Ma meilleure amie, réponds-je vivement.

Elle rit faiblement en me regardant avec tendresse, la tête penchée sur le côté :

-         Et si on allait regarder ces étoiles ? propose-t-elle.

-         Allons-y, j’ai deux ou trois vœux à faire, plaisante-je doucement.

Elle rit un peu plus et je la suis sur la terrasse.

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