LE TRIANGLE DE KONOHA (Kakashi x OC x OC)
Chapitre 144 : Bain(s) de minuit
Hanako est toute figée, elle observe ses pieds avec un air horrifié tandis que je réalise qu’elle se tient sur la rivière gelée, camouflée par l’épaisse couche de neige. Je bondis dans sa direction, furieux de ne voir personne réagir, furieux après moi-même de m’être éloigné et furieux de savoir que je n’arriverai pas à temps.
Malgré ma vitesse ahurissante, je suis en train de sauter vers elle lorsque la glace se rompt et que je la vois disparaitre dans l’eau noire. Je serre les dents tandis que je m’apprête à la rejoindre, appréhendant déjà la morsure du froid.
C’est encore pire que ce que j’imaginais. L’eau n’est pas froide, elle est glaciale. La rivière est profonde, nous sommes complétement immergés et la violence du froid me donne mal à la tête. Hanako est quelques mètres plus loin, elle tente de remonter à la surface mais le courant nous a déjà dévié et je la regarde abattre de toutes ses forces ses petits poings sur la couche de glace qui nous emprisonne sous l’eau.
Je nage vers elle avec toute ma volonté mais mes mouvements sont tellement lents à cause de mes membres transis par le froid que j’ai l’impression d’être au ralenti. Elle s’acharne mais sa force est diminuée par l’eau, diminuée par ses muscles qui doivent raidir autant que les miens et malgré les petits éclairs de raiton qui crépitent difficilement autour de sa main, elle n’arrive pas à grand-chose.
Alors que je m’attendais à ne servir à rien mis à part me retrouver trempé et gelé avec elle, je me rends compte que j’ai carrément bien fait de voler à son secours.
Dès que je passe mon bras autour de sa taille, elle sursaute en tournant la tête vers moi et ses yeux passent de la peur au soulagement tandis que j’illumine ma main d’un raiton puissant et que je m’acharne à mon tour contre la glace.
Elle passe un bras autour de mon cou en essayant de m’aider de l’autre et je mets quand même une bonne dizaine de secondes à briser la glace, en panique totale à l’idée qu’elle manque d’air, mais nous faisons finalement surface.
Elle est agitée de spasmes et s’étrangle à moitié sur mon épaule tandis que les ninjas de la berge se précipitent dans notre direction pour nous tendre des mains qui ne servent à rien puisque nous sommes au milieu de la rivière.
Elle s’accroche à moi comme un petit koala, tâchant de respirer comme elle le peut à travers ses tremblements et je nous fraie un passage à coup de raiton en direction de la berge. Dès que nous arrivons à portée de main des autres, Minato attrape Hanako fermement sous les yeux paniqués – et inutiles – de Shisui afin de la tirer en sécurité.
Je me glisse moi-même sur la berge, frissonnant et convulsant sous l’hypothermie profonde qui me secoue. Ma peau me brûle sous le choc thermique, mes muscles sont encore raides et je m’affale à quatre pattes tandis que les ninjas autour de nous commencent enfin à se détendre et que les premiers rires soulagés fusent.
Bordel, ça réveille ! Et ça dessoule !
Je me relève péniblement tandis que Yuki me jette sa veste sur les épaules :
- Ça va Kakashi ? s’inquiète-t-il.
- Ça va, articule-je en claquant des dents férocement.
Hanako est déjà enroulée dans une grande veste, en train de se faire frotter vigoureusement par Minato pour la réchauffer et la première blague est lancée par Yuki qui me tape l’épaule :
- Bah alors mon pote ! Si t’avais chaud il fallait enlever ta chemise, tu n’étais pas obligé de prendre un bain de minuit !
- Oh ça va Yuki ! râle-je.
Je lui lance un regard agacé mais je ne peux pas m’empêcher de sourire tandis qu’il rigole comme un bossu et que les autres se mettent à nous chambrer à leur tour sur notre envie subite de nous baigner.
Minato surgit à côté de moi cette fois et m’adresse un regard concerné :
- Ça va Kakashi ? Tu as besoin de quelque chose ? demande-t-il.
- D’une douche ! Chaude ! réplique-je.
Il retient un rire et je file sans demander mon reste à toute vitesse en direction de la salle de réception, ne ratant pas au passage le spectacle insupportable de Shisui qui serre Hanako dans ses bras après n’avoir rien fait pour l’aider.
Je grimpe les marches quatre à quatre, je traverse la salle puis le hall d’entrée, complétement gelé et d’une humeur massacrante, laissant une trainée d’eau derrière moi sous les yeux médusés des femmes de l’accueil. J’ai horreur d’avoir froid, ça m’insupporte, je n’en ai franchement pas l’habitude et ça arrive décidemment bien trop souvent dans ce pays de malheur.
Je n’en reviens pas d’avoir aidé Hanako et que ce soit encore ce crétin qui la prenne dans ses bras derrière, ça me rend fou ! Et moi qui pensait que ma chemise me portait chance, tu parles !
A peine dans ma chambre, je me jette immédiatement dans ma douche tout habillé, frissonnant violemment quelques minutes sous l’eau brûlante. Même si je parviens à me déshabiller, je n’arrive quand même pas à me réchauffer comme il faut. J’ai beau me contorsionner dans tous les sens, je n’arrive fatalement pas à me débrouiller pour que l’eau recouvre mon corps en entier et je jure entre mes dents lorsque l’idée de génie me frappe : Les onsen !
Je saute hors de ma douche et m’enroule rapidement dans une serviette avant de filer en quatrième vitesse aux onsen, qui seront à priori vides au milieu de la nuit.
Et ils sont vides, dieu merci. Je m’enfile directement dans la petite pièce que m’a montré Yuki, où l’eau est bien plus chaude que dans le bassin principal et je soupire de soulagement en m’immergeant jusqu’à la racine des cheveux dans l’eau brûlante. Mes spasmes se calment au bout de quelques minutes et j’arrive enfin à me détendre, me calant contre la roche brute du bord pour fermer les yeux, en bien-être absolu.
Peu de temps après, j’entends des petits pas dans la pièce principale, des petits pas que je connais bien et que j’affectionne particulièrement mais je ne sais pas trop si je dois annoncer ma présence ou pas, puisque je me doute que Shisui ne va pas tarder à la rejoindre.
Je n’ose plus bouger, tendant l’oreille pour écouter s’il débarque mais je n’entends qu’Hanako qui barbotte tranquillement. Je me décide donc et je me glisse jusqu’à l’entrée cachée de ma petite grotte, constatant qu’il n’y a bien qu’elle.
Je la rejoins en faisant du bruit volontairement pour me signaler et elle sursaute comme un diable en se retournant face à moi avant de s’écrouler de soulagement :
- Bon sang Kakashi tu m’as fichu une de ces trouilles ! On n’a pas idée de surgir dans le dos d’une femme seule à deux heures du matin ! s’exclame-t-elle en riant.
- Ce n’est que moi moustique, tu aurais pu t’en douter, nous ne sommes que deux à avoir sauté dans l’eau ! réponds-je avec humour.
Je lui tends simplement une main, qu’elle saisit sans même se poser de question pour que je la sorte de l’eau avant de l’emmener en direction de la source chaude originelle.
- Merci de m’avoir sauvée ! roucoule-t-elle.
- Mais de rien, réponds-je.
Elle me suit toujours docilement, lançant des petits coups d’œil en avant.
- Où m’emmènes-tu ? m’interroge-t-elle avec curiosité.
Je ne réponds pas, préférant simplement lui faire la surprise et lorsque nous passons le mur, ses yeux s’écarquillent en découvrant le petit paradis de Yuki, ses yeux glissants sur les deux cascades qui dégringolent de la roche brute.
- Oh mon dieu ! couine-t-elle.
J’éclate de rire en la voyant si subjuguée, tellement heureux qu’elle en profite avant de partir.
- Fais attention en rentrant dans l’eau, la roche est glissante, ce n’est pas artificiel, c’est une vraie source, explique-je.
Elle hoche la tête et je rentre dans l’eau en tenant toujours sa main pendant qu’elle me suit précautionneusement.
- On dirait une pataugeoire ! s’amuse-t-elle.
Je lève les yeux au ciel, amusé. Le bassin étant naturel et authentique, il y a plusieurs niveaux d’eau selon la profondeur à laquelle sont les roches au fond de l’eau. Et si le bassin est assez profond pour qu’on n’en voit pas le fond à certains endroits, Hanako patauge fièrement sur une grande roche plate où le niveau de l’eau atteint seulement le haut de ses chevilles, me faisant mourir de rire.
- Parfait ! Enfin une piscine adaptée à ta taille de moineau, ça m’évitera d’avoir à te sauver encore une fois de la noyade ! la taquine-je.
Elle essaie de me regarder méchamment mais ne peut pas s’empêcher de glousser quand même tandis que je la tire gentiment en direction de ma roche de tout à l’heure, où l’eau me recouvre jusqu’au cou lorsque je m’assois. Elle quitte donc sa pataugeoire pour s’enfoncer avec moi.
- L’eau est drôlement plus chaude ! couine-t-elle de ravissement.
Je lui explique l’histoire de l’hôtel et de la source tandis qu’elle s’installe à côté de moi, m’écoutant attentivement pendant qu’elle se réchauffe. A la fin de mon récit, ses frissons ont cessé et elle affiche un air détendu.
- Ça va mieux ? demande-je.
- Oui, ça y est, je suis réchauffée. Tu n’aurais pas dû sauter dans l’eau avec moi, je suis désolée que tu te sois retrouvé gelé toi aussi, s’excuse-t-elle.
- Ce qui est dingue Hanako, c’est que tu imagines encore que je réfléchis quand ça te concerne ! plaisante-je.
Elle rit en me couvant de ses beaux yeux.
- Et puis heureusement que je suis venu, je ne suis pas sûr que tu aurais pu briser la glace, ajoute-je avec tension.
- Moi non plus… j’essayais d’activer mon raiton mais j’étais tellement frigorifiée et paniquée que je n’arrivais pas à me concentrer, dit-elle tristement.
- Alors heureusement que je n’ai pas réfléchi, réponds-je.
- Merci encore Kakashi, je ne sais pas combien de fois il faudra que tu voles à mon secours, dit-elle avec un air contrit.
- A votre service maitresse, réponds-je.
Elle éclate de son rire cristallin avant de lever les bras subitement hors de l’eau :
- « Serviteur ! Sors moi de l’eau ! » « Tout de suite maitresse ! », s’exclame-t-elle.
J’éclate de rire à mon tour en me glissant vers elle pour la pincer et elle décampe en nageant pour me fuir. Lorsque je l’attrape, elle n’a déjà plus pied et elle se retourne contre moi en attrapant ma nuque pour se maintenir à la surface, me figeant complétement tandis qu’elle pose son front contre le mien avec des yeux malicieux.
Je glisse timidement mes bras autour d’elle, absolument ravi de ce qu’il se passe, ayant une pensée pour ma chemise que j’ai injustement accusée de ne pas m’avoir portée chance ce soir. Décidemment, elle est magique il faut croire.
Elle passe le bout de son nez contre le mien malgré mon masque :
- Que ferais-je sans mon serviteur adoré ? murmure-t-elle.
- Je ne suis pas ton serviteur, je suis bénévole, chuchote-je.
Elle m’offre un sourire absolument ravageur qui me trouble et j’entreprends de marcher pour la promener dans l’eau, histoire de calmer mon envie furieuse de l’embrasser. Comme prévu, le fait que je la balade la distrait et elle se tortille contre moi pour se caler dos contre mon torse, passant mes bras avec autorité sous sa poitrine pour que je la promène tandis qu’elle laisse flotter ses jambes à la surface.
- Vous êtes une petite créature bien autoritaire décidément, la taquine-je au creux de son oreille.
Elle glousse simplement avant de soupirer une minute ou deux plus tard.
- Dire que nous rentrons demain…, marmonne-t-elle.
- Oui, ça va me faire drôle de ne plus voir Yuki.
- Et moi ça va me faire drôle de ne pas rentrer avec vous mais j’ai toutes mes affaires chez Ashi…, dit-elle tristement.
Le pays du gel n’est pas si loin d’ici…
- Si je cours vite et que je pars maintenant, je suis sûr que je peux te ramener tes affaires pour demain matin afin que tu puisses rentrer avec nous, murmure-je.
Elle tourne la tête pour me regarder par-dessus son épaule :
- Tu ne sais même pas où elles sont ! s’amuse-t-elle.
- Tu te moques de moi ? demande-je avec un air blasé.
- Tu ne vas pas me dire que tu pourrais trouver mes affaires à Shimo avec ta truffe … ? s’étonne-t-elle.
- J’imagine que si… Je repérerais bien l’odeur d’Ashi quelque part j’imagine, réponds-je pensivement.
- J’oublie trop souvent que tu n’es qu’à demi humain, pouffe-t-elle.
Elle se plonge alors dans ses pensées une minute ou deux.
- Il y a une question que je me suis toujours posée…, murmure-t-elle finalement.
Elle ne me regarde plus mais son cœur accélère et je parierais qu’elle rougit. Je pose ma joue contre la sienne, vérifiant mon hypothèse et la câlinant dans le même temps :
- Laquelle mon ange ? demande-je doucement en pressant ma tête contre la sienne.
Elle rougit un peu plus sans répondre et je décale mon visage pour lui lancer un regard, qu’elle fuit, avant de me surprendre un peu plus en se détachant de mes bras pour gagner une roche qui lui permet d’avoir pied. Elle se trémousse un peu en jouant avec l’eau et je la rejoins, très intrigué.
- Tu ne veux pas me la dire… ? demande-je.
- Si mais… c’est gênant… je ne sais pas si j’ose, j’ai peur que la réponse ne me convienne pas…, répond-elle du bout des lèvres.
Je penche la tête sous l’incompréhension et elle fuit un peu plus mon regard en faisant mine de lisser l’eau. Elle a l’air de soupeser le pour et le contre, mais sa curiosité l’emporte visiblement :
- Je me demandais… tu sais avec ton odorat… je me demandais si je sentais … bon ? Si la réponse est non, je t’en prie, ne me le dis pas ! ajoute-t-elle vivement.
J’éclate de rire et le son résonne avec force tandis qu’elle se tortille, gênée au possible par sa question. Je tâche de me calmer :
- Tu me demandes quoi exactement ? Ce que tu sens ou bien si j’aime ton odeur ? demande-je en essayant de redevenir sérieux.
Je me régale de la voir rougir encore, il n’y a rien que j’aime plus que ses joues écarlates et ses yeux timides qui vont avec. Elle prend son courage à deux mains pour répondre :
- Les deux… mais surtout si tu l’aimes…, murmure-t-elle du bout des lèvres.
J’affiche une tête embêtée et confuse, sachant que ça va la faire criser :
- Ecoute, je ne voudrais pas te vexer… mais…, commence-je.
Elle ouvre des yeux ronds et se jette sur moi pour tenter de me couler avec une mine vexée comme rarement, me faisant mourir de rire. Je ris tellement qu’elle arrive à enfoncer ma tête sous l’eau plusieurs fois, et je tente tant bien que mal de respirer un peu d’air avant qu’elle ne me replonge de force sous ses rires sadiques.
Lorsqu’elle me relâche, elle a le nez en l’air et s’éloigne en boudant jusqu’à ce que j’attrape sa taille pour la tirer face à moi.
- Je plaisante Hanako, tu sens divinement bon, je ne saurais pas te décrire ton odeur, c’est impossible, il y a trop de nuances… tu ne saurais même pas de quoi je parle si je te disais par exemple que j’aime quand tu sens la pluie…
- Quoi ?
- Tu n’as pas la même odeur quand il pleut et quand il y a du soleil. J’adore ton odeur « de soleil », mais j’aime encore plus celle de la pluie, réplique-je.
Je vois qu’elle se demande si je me moque d’elle mais je garde mon sérieux, jusqu’à ce qu’elle ouvre des yeux étonnés.
- Je ne pensais pas que ton odorat était si fin… en fait, je ne pensais même pas que les odeurs puissent être si … riches…, bafouille-t-elle.
- Et si. Tu n’imagines pas la quantité d’informations que je tire de mon environnement grâce à mon odorat, réponds-je.
- Tu sentirais que je suis tombée dans la rivière ? demande-t-elle.
- Bien sûr, je le sens sur tes cheveux puisque tu ne les as pas encore rincés ici, m’explique-je.
- Sérieusement ? couine-t-elle.
- Oui… je pense que je pourrais même te dire qu’il neige dehors en sentant les traces des flocons sur tes joues, mais il faudrait que j’enlève mon masque et que je me concentre pour ça, précise-je.
Sa bouche s’entrouvre sous la surprise :
- C’est dingue ! Mais combien de choses pourrais-tu deviner simplement en sentant mon visage ?! s’exclame-t-elle.
- Je n’en sais rien, je ne m’amuse pas à faire ça ! réponds-je en riant.
- Fais-le ! Enlève ton masque Kakashi ! piaille-t-elle avec excitation.
Je lève les yeux au ciel, mais comme d’habitude, je lui obéis et je lance mon masque sur le bord tandis qu’elle approche en sautillant de joie pour me présenter une joue.
Je ferme les yeux et j’inspire sa peau de pêche, analysant les informations que je reçois.
- Tu veux simplement que je te dise ce que je sens ou l’analyse que j’en fais ? demande-je.
- La totale ! s’extasie-t-elle.
- Très bien… Je sens la neige des flocons évidemment… l’odeur de Minato qui a dû te serrer contre lui… Tes larmes… ? Tu as dû pleurer à cause de la panique d’être tombée à l’eau … et … je suppose que Shisui t’a embrassé la joue, conclus-je en rouvrant les yeux.
Elle me lance un regard coupable :
- Je comprends que tu portes un masque… tu as tout juste…, bafouille-t-elle doucement.
- Et oui… ce n’est pas juste pour le style, plaisante-je.
Elle sourit timidement puis détache ses cheveux, lançant son élastique en direction du bord mais je l’attrape d’un geste rapide et agile avant de le glisser à mon poignet sous ses yeux surpris.
- Ça me manquait, me justifie-je en rougissant un peu.
- Oh… Je suis désolée d’avoir jeté celui de notre première nuit dans la cuisine…, murmure-t-elle avec un air contrit.
- Je l’ai ramassé ne t’en fais pas. C’est même la première chose que j’ai faite lorsque tu es partie... Mais je n’ai pas eu l’audace de l’emmener ici après… ce que je t’ai fait…, m’explique-je honteusement.
- Tu l’as toujours ? souffle-t-elle.
- Bien sûr, il est chez moi, réponds-je.
Ses yeux papillonnent sous l’étonnement puis elle plonge la tête sous l’eau un moment et je ne peux m’empêcher de me demander si elle fait ça pour enlever la trace de Shisui sur sa peau.
Lorsqu’elle refait surface, elle est toute heureuse :
- Et voilà, je suis comme neuve ! plaisante-t-elle.
- Oui, réponds-je en souriant.
- Je peux essayer ? demande-t-elle alors.
- De ?
Mais elle ne répond pas et approche son petit nez de mon visage, me faisant rire. Elle inspire plusieurs fois en fermant les yeux pour se concentrer avant de froncer les sourcils :
- Je ne sens rien ! Simplement ton odeur habituelle ! boude-t-elle.
- Et je sens bon ? demande-je.
- Merveilleusement, soupire-t-elle.
- Toi aussi, ton odeur à toi est celle que je préfère entre toutes, précise-je.
Elle sourit de toutes ses dents avant de poser un baiser appuyé sur ma joue.
- Je marque mon territoire ! clame-t-elle.
Je lève les yeux au ciel mais ça ne m’empêche pas de l’imiter et j’attrape sa nuque pour poser mes lèvres sur la joue que Shisui n’a pas embrassé. Dès que mes lèvres nues entrent en contact avec sa peau, tout mon corps s’éveille et je ne suis plus capable de me détacher d’elle. Mon pouce se met automatiquement à caresser sa gorge doucement tandis que je me presse plus fermement contre sa joue en inspirant sa fragrance délicieuse.
Lorsque je la relâche, son cœur est plus rapide et elle a l’air toute timide. Nous nous regardons en chien de faïence quelques secondes sans trop savoir quoi faire lorsqu’elle délie la situation :
- On nage ? propose-t-elle en s’éloignant déjà.
Le bassin est spacieux, nous permettant de nager réellement et elle file sans surprise en direction des cascades. Je la rejoins et elle se glisse dessous pour se masser les épaules, mais la force de la cascade est trop puissante et la projette sous l’eau tandis que j’éclate encore de rire à n’en plus pouvoir.
Elle refait surface en crachotant de l’eau et je la repêche rapidement en attrapant ses mains pour la garder à fleur de la surface tandis qu’elle rit tellement de ce qu’il vient de se passer qu’elle en a la tête rejetée en arrière, comme à chacun de ses plus grands éclats de rire.
Nouveau coup de foudre, rien de nouveau sous le soleil.
Je me régale de ses yeux fermés par l’hilarité, de l’écho qui amplifie son rire cristallin, de ses cheveux qui ondulent dans l’eau… j’aimerais la faire rire tous les jours de ma vie.
- Combien de fois vais-je devoir te sauver de la noyade aujourd’hui ? plaisante-je.
- Une fois de plus visiblement ! J’ai décidément besoin de toi pour rester en vie ! glousse-t-elle.
Je secoue la tête avec un grand sourire aux lèvres, attrapant ses côtes par surprise et elle a à peine le temps de fermer la bouche avant que je ne la passe sous la cascade de force. Elle s’étrangle encore de rire - et d’un peu d’eau - jusqu’à ce que je la ramène contre moi.
Elle me lance un coup d’œil taquin de ses beaux yeux hilares, un sourire immense encore accroché aux lèvres.
- Tu me sauveras vraiment à chaque fois de la noyade ? demande-t-elle.
- Bien sûr. Je ne partirai plus jamais, je te l’ai promis Hanako. Alors tu peux désormais mener une vie dangereuse, je serai là pour rattraper le coup, plaisante-je à voix basse.
L’énergie change, du rire à la douceur.
Elle m’observe silencieusement tandis que son sourire fane peu à peu sur ses lèvres malgré ses yeux de plus en plus intenses. Elle observe mon visage longuement, comme si elle réfléchissait à ce que je viens de lui dire, comme si elle décidait si elle peut me croire ou non, mais son regard est si doux que je pense qu’elle sait qu’elle le peut au fond d’elle.
Elle glisse alors timidement ses doigts sur mes épaules, puis le long de ma gorge, pour arriver sur mes joues, qu’elle caresse. Ses gestes sont légers, fébriles, il n’y a plus de jeu de sa part alors je m’adapte tout de suite en lâchant ses côtes pour directement enlacer son dos, la collant contre mon torse tandis qu’elle passe ses jambes autour de ma taille, réveillant de bien beaux papillons dans mon ventre. Elle passe ses mains sur mes joues et ma mâchoire quelques secondes de plus avant de mordre sa lèvre en affichant une tête timide :
- Suis-je autorisée à me mettre en danger uniquement pour que tu voles à mon secours ? murmure-t-elle.
- Bien sûr, tu as tous les droits et moi tous les devoirs mon ange, réponds-je à voix basse.
Elle sourit timidement, mordant toujours sa lèvre en me lançant un regard à tomber à la renverse et j’entends son pouls qui s’envole légèrement. Elle cale définitivement ses mains sur mes joues pour tirer ma tête vers elle tout doucement.
Elle passe son nez contre le mien tendrement, puis sur mon visage, me câlinant dangereusement, sensuellement, et nos lèvres manquent de s’effleurer à chaque instant. Elle continue comme ça de jouer avec nos visages, avec nos caresses, et mes yeux se ferment presque tandis que je la serre plus fort dans mes bras pour évacuer ma tension. Mon cœur bat déjà fort, l’adrénaline m’enivre chaque fois que ses lèvres survolent les miennes, je suis sous son emprise la plus totale.
Je ne résiste pas à glisser un baiser sur sa mâchoire lorsqu’elle passe devant mes lèvres et ça la fait rougir doucement tandis qu’elle redresse la tête de mon visage, ne l’éloignant pas bien loin quand même :
- Tous les devoirs ? Vraiment tous les devoirs ? murmure-t-elle.
Je suis incapable de répondre, la fixant de mes yeux sans doute bien trop avides d’elle et mon pouls s’affole un peu plus lorsqu’elle relève le menton et qu’elle dirige ma tête contre sa gorge.
J’embrasse son cou tendrement, posant un baiser sage à chaque recoin où elle me guide, livrant tout mon self-contrôle pour ne pas céder à l’envie d’aspirer ou de mordiller sa peau afin d’éviter que les choses dégénèrent, pour lui prouver que je peux être sage, que je ne serai pas un problème dans sa vie, que je m’adapterai à elle.
Après une dizaine de baisers appuyés, elle relève mon visage de sa gorge pour me fixer de ses yeux les plus brûlants, parcourant mon visage avec une luxure qui ne m’échappe pas et qui me tend si fort que j’entrouvre la bouche pour mieux respirer, déjà beaucoup trop survolté.
Elle passe ses doigts dans mes cheveux mouillés pensivement, les domptant vers l’arrière, dégageant mon visage qu’elle admire de façon tellement évidente qu’elle me trouble un peu plus.
- Tu as vraiment tous les devoirs ? murmure-t-elle.
- Oui… je suis à tes ordres, souffle-je.
Elle glisse doucement ses mains sur ma peau pour les replacer de chaque côté de ma tête, aux deux creux de ma mâchoire, m’attrapant fermement tandis qu’elle passe encore son nez contre le mien, plus séductrice qu’il y a quelques minutes :
- Alors embrasse-moi Kakashi, embrasse-moi vraiment, comme avant, chuchote-t-elle.
Des frissons remontent ma colonne vertébrale à ses mots et je relève immédiatement une main de son dos pour attraper sa nuque avec autorité, savourant la seconde suspendue dans le temps où elle entrouvre la bouche avec impatience en fixant mes lèvres, où je me régale des courants électriques qui me traversent le corps sous l’adrénaline, où son souffle rapide chatouille mes lèvres, où ses yeux me supplient de l’embrasser.
Dès que mes lèvres s’emparent des siennes, je sens le petit sourire qui s’y accroche, une seconde ou deux, avant qu’il ne fane et qu’elle se plonge avec ardeur dans notre baiser.
Retrouver pour de bon ses lèvres, « comme avant », me plonge dans le bonheur le plus immense. Il n’y a pas de masque, plus d’alcool qui brouille mon esprit, simplement nous deux et nos lèvres qui se cherchent et se caressent.
Je m’autorise à évincer de mon esprit toutes ces dernières semaines, à imaginer l’espace de quelques minutes que tout va bien entre nous, que nous allons monter nous coucher ensemble dans l’une de nos chambres après notre petit bain de minuit, pour nous caler l’un contre l’autre jusqu’à demain matin avant de rentrer à Konoha… Rentrer à Konoha main dans la main, sans avoir à craindre Rinko, sans avoir à craindre un seul regard… Nous rendre chez Ichiraku pour annoncer à mes anciens élèves que nous sommes ensemble…
Je suis tellement chamboulé par ces pensées que j’en oublie véritablement tout. Je détache mon autre bras de son dos pour attraper sa tête à deux mains et elle resserre ses jambes autour de ma taille pour se maintenir contre moi tandis que nous nous embrassons avec force, tirant chacun la tête de l’autre plus près de la nôtre, comme deux drogués en manque, comme deux amoureux qui se retrouvent après une absence.
Elle relève le menton et je plonge contre sa gorge que je dévore enfin après m’être retenu. Elle lâche ma tête cette fois, posant simplement ses mains sur mes épaules qu’elle caresse du bout des doigts, les yeux fermés, savourant visiblement ce que je lui fais.
Lorsque ses frissons ne cessent plus, qu’ils recouvrent son corps de chair de poule, je m’arrache de mon dessert à contre cœur, bien trop travaillé par mes désirs, soucieux de ne pas aller trop loin quand même, et elle pose son front contre le mien, à bout de souffle.
- Kakashi ? demande-t-elle d’un ton pressé.
- Oui ? marmonne-je de ma voix étourdie.
- Et si on s’offrait une soirée sans conséquence ? Une soirée juste pour nous deux ? Une soirée comme notre première nuit, un rêve qui ne s’échappera jamais de cette pièce… une soirée pour reconnecter, pour soigner nos blessures, pour nous dire au revoir plus tendrement que lorsque tu m’as laissé tomber sans un mot…
Je la regarde en crispant des sourcils désespérés, restant muet. Bien sûr que j’en ai envie, mais je ne veux pas qu’elle m’en veuille demain, je ne veux pas qu’elle regrette, je ne veux pas qu’elle ajoute une ligne de plus à mon casier judiciaire.
Elle reprend mes joues fermement en voyant mon trouble.
- Je ne t’en voudrai pas Kakashi, ça n’a rien à voir avec il y a quelques jours. Ce n’est pas sur un coup de tête à cause de l’alcool. Nous nous sommes parlé, expliqués, nous avons compris la situation… nous nous sommes rapprochés… je veux simplement un dernier rêve Kakashi, je t’en prie.
Ses yeux se remplissent de larmes et j’encercle son dos avec force pour la réconforter, meurtri par sa douleur tandis qu’elle reprend d’une voix tremblante :
- Je n’arrive pas à te pardonner, je ne le pourrai peut-être jamais mais ça ne change pas mes sentiments pour toi. Il n’y a toujours que tes bras dans lesquels je veux vraiment être, que tes lèvres que je veux vraiment embrasser, que tes yeux dans lesquels je veux me plonger toute une nuit…
Je ne la laisse même pas continuer sa phrase, me jetant sur ses lèvres tandis que mon cœur explose d’allégresse et que je laisse mon amour pour elle l’inonder, diffuser dans chacun de mes gestes tendres envers elle pour la réparer.