Kenryoku no kari - La chasse aux pouvoirs

Chapitre 0 : Rencontres Inattendues

5243 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 21/07/2019 17:58



                A la frontière entre deux pays, deux personnes dont leurs capes recouvraient leurs corps et cachaient leurs visages, venaient d’atteler leurs chevaux à une barrière en bois à côté d’une taverne. Depuis les fenêtres on y voyait l’intérieur. Seulement des hommes. Tous pratiquement ivres. Les deux individus entrèrent et cherchèrent une table à laquelle s’asseoir. Mais toutes étaient déjà occupées par des soldats, des marchands ou encore des villageois qui venaient se détendre après une journée difficile. Ils finirent par s’installer au bar sur les deux tabourets de libres. L’un demanda où se trouvait les toilettes et l’autre commanda de quoi se désaltérer. Pendant que son ami était parti se soulager, la personne qui l’accompagnait toujours dissimulée par sa cape sombre, suscitait quelques regards curieux. Même le propriétaire des lieux était hésitant et soupçonneux. Toujours dans l’attente du retour de son ami, l’individu jetait des regards discrets pour observer ce qui l’entourait. Comme s’il cherchait quelque chose ou recherchait quelqu’un. Un homme au loin n’arrêtait pas de crier et de venter ses exploits, qui à l’entendre, paraissaient complètement imaginaires. Il essayait d’écouter tant bien que mal ce qu’il disait. Mais le bruit de sa chope posée assez violemment sur le bar le déconcentra.


« Et une bière pour le jeune homme ! – s’exclama le tenant du bar. »


Comme réponse, il eut droit à un léger hochement de tête. L’autre personne qui l’accompagnait sortit et rejoignit son ami. Il portait une cape de couleur rouille un peu plus courte, qui recouvrait son visage et une partie de son dos. On pouvait distinguer à son ceinturon une épée de bronze. Ses mains étaient recouvertes de gantelets en acier qui lui servaient sûrement de protection durant les combats. Sa veste permettait de cacher les deux poignards qu’il portait au niveau de la poitrine maintenus par deux espèces de ceintures. Son physique paraissait menaçant.


« Ah ! Tu peux pas t’imaginer à quel point ça fait du bien ! La route m’avait constipé ! Le voyage a été si long plus jamais on part de nuit ! Oh ! Qu’est-ce que tu bois ? – demande le jeune garçon tout en retirant sa cape, dévoilant ainsi son visage.

-Kazuki, je t’ai déjà dit de surveiller ton langage quand nous sommes entourés. Et arrête de te plaindre pour une fois. – répond son ami.

-Mais tu sais très bien que les voyages de nuit me retournent l’estomac ! Je suis fragile tu sais ! - il appela d’un signe de main le patron de la taverne- Je voudrais un verre de lait s’il vous plaît.

- Du lait ? Mon garçon on sert des bières ici pas du lait. – réplica-t-il, mais voyant le regard insistant du jeune adolescent, il se dirigea tout de même vers la cuisine vérifier s’il lui en restait. »


Une fois servi, le jeune garçon se plaignit de nouveau. Il avait les cheveux blonds. Un peu dorés. Son visage encore digne d’un gamin en pleine croissance. Mais on pouvait y lire que le destin ne l’avait pas épargné. Malgré son air un peu enfantin, son regard perçant et ses traits prouvaient que son enfance n’avait pas été de tout repos. Il était marqué.  Son compagnon, exaspéré avait abandonné l’idée de le faire taire. Alors il le laissait dans son monologue et continuait d’observer les personnes aux alentours. Un homme en particulier retint son attention. En effet, ce dernier était en train d’harceler une jeune femme qui leur servait leurs chopes de bières. Il n’hésitait pas à la toucher. A lui mettre les mains sur ses fesses, et ainsi la retenir pour qu’elle reste avec lui, contre son gré. La jeune serveuse essayait tant bien que mal de se défaire de son emprise, mais la carrure de l’homme bien plus imposante, et la pression sur ses hanches de plus en plus forte, ne lui laissait aucune chance.


« Quoi ? Tu veux déjà partir ? Reste un peu avec nous on va bien s’amuser ! – déclara l’homme tout en resserrant son étreinte, puis continua en lui chuchotant – Tu ne voudrais pas te faire virer d’ici hein ? Je connais bien le patron, alors fais ce que je te dis. »


La jeune femme abasourdie cessa de répliquer et le laissa agir. Le compagnon du jeune garçon qui observait depuis le bar la scène, ne cessa pas de regarder dans leur direction. Il ne pouvait pas le laisser faire. L’adrénaline montait. Son ami toujours en train de lui parler sans savoir qu’il n’était pas écouté, ne soupçonnait rien. Il le vit se lever soudainement et resta surpris. Les talons de ses bottes claquaient sur le sol provoquant un son strident. Il resta debout quelques minutes, se demandant s’il devait agir ou non. L’homme, complètement ivre continuait ses avances sans prendre en compte les volontés de la jeune femme. Il avait toujours son emprise sur elle, bien ferme. Elle ne savait plus quoi faire, mais détestait cette situation. Dans un dernier espoir, elle décida de le convaincre de la relâcher :


« Monsieur… S’il vous plaît… J’ai d’autres clients à servir, il faut que vous me lâchiez… -expliqua-t-elle. Stupéfié par la prise de parole de la serveuse, il la regarda un long moment avant de lui répondre.

-Alors comm’ça tu veux d’jà partir ? – son ton se durcissait, et l’on sentait que l’alcool prenait le dessus- J’te laisserai pas partir t’mentends ! T’restes ici ! – il l’agrippa avec une telle force qu’elle poussa un cri de douleur- Quoi t’as mal ? – il resserra une nouvelle fois son emprise- Fallait pas m’dire ça à moi ! Je suis le grand Emon ! L’plus grand Assassin que Sushiru No Land ait connu ! Alors tu m’feras plaisir de rester ici et d’faire ce que j’te dis. »


La jeune femme souffrait en silence. L’emprise qu’il avait sur elle était de plus en plus forte. Elle essayait de s’en défaire. Mais lui resserrait aussitôt son étreinte. Agacé de la voir gesticuler pour essayer de s’enfuir, il commença à la menacer verbalement et ouvertement. Sans se rendre compte que toutes les discussions s’étaient arrêtées et qu’ils étaient devenus le centre de l’attention de tous. Il continuait et continuait à la maintenir dans ses bras tandis qu’elle mettait tout en œuvre pour se dégager de son emprise. Ça commençait à l’irriter. L’homme, ivre, devint violent. La jeune serveuse hurlait qu’on l’aide, mais personne ne bougeait. Elle se rendit compte qu’elle était seule face à cet homme, face à tout ces hommes. Découragée, ses tentatives pour se dégager étaient petit à petit plus faibles, se faisant une raison. Mais l’assassin en avait décidé autrement. Pour lui montrer à quel point il était sérieux ainsi que sa force, il la projeta au sol. Celle-ci étouffa un cri de douleur et se tenait le bras qui avait frappé violemment le sol. Lui se leva et se positionna devant elle. Kazuki le jeune garçon assis au bar qui avait suivi en parti la scène, commençait à sentir l’adrénaline monter. Il voulait intervenir. Dès maintenant. Mais une main recouverte d’un gant marron, couvrant une partie de l’avant-bras le stoppa. L’homme lui continuait d’insulter la jeune femme qui était toujours à terre. Et voyant que celle-ci ne lui adressait même pas un regard et ne lui répondait pas, jugeant cela comme un acte irrespectueux surtout venant d’une femme, il leva sa main en l’air. Elle savait qu’il allait la frapper. Elle attendait le coup. Elle ne pouvait pas répliquer face à un homme qui était bien plus grand et robuste qu’elle. Par réflexe, elle ferma les yeux. Au bout de quelque secondes, elle ne sentit rien. Pas un coup. Elle ouvrit les yeux et vit une personne devant elle. Une longue cape recouvrait son corps, on n’apercevait que ses longues bottes montant jusqu’aux genoux. Elle n’en croyait pas ses yeux. Quelqu’un parmi tous ceux présents avait décidé d’intervenir. La personne qui l’avait protégée du coup en saisissant la main de l’homme fermement, l’interpella :


« Tu peux te relever, il ne te fera plus rien. Je m’occupe de lui. Sors d’ici et rentre chez toi. – la voix qui s’adressait à elle était aigue ce qui la surpris au début car un homme avec ce type de voix était très rare et surtout étrange. »


Elle hocha la tête et murmura un faible « merci pour votre aide » avant de se diriger vers le bar pour récupérer ses affaires et partir. Kazuki qui n’était pas intervenu regardait son compagnon qui lui avait décidé d’agir. Il savait qu’il maîtrisait la situation et n’avait donc pas besoin de son aide. Mais il restait tout de même en alerte, au cas où cela tournerait mal. En effet, après que la jeune femme soit sortie et sous les insultes de l’homme qui la harcelait quelques minutes plus tôt, l’ami de Kazuki resserra l’emprise qu’il avait sur la main de ce dernier. Lui agacé, essayait de se défaire de cette forte pression, mais n’y arrivait pas.


« Qu’est-ce que cette femme t’a fait pour que tu la maltraites ainsi ? – demanda le compagnon de Kazuki s’adressant à l’homme complètement ivre.

-Qu’est-c’que ça peut t’faire ?! J’fais ce que j’veux ici t’as compris ?! Lâche-moi ou c’est toi que je massacre.

-Que de belles paroles mais aucun acte. – répliqua l’individu toujours dissimulé par sa cape. »


La main toujours saisie, Emon s’énervait et tentait de se défaire de l’emprise qu’on avait sur lui. La personne qui se tenait en face de lui serrait de plus en plus sa main autour de son avant- bras. Il finit tout de même par réussir à se dégager et continuait d’hurler des atrocités à propos des femmes qui devaient le servir et ne devaient pas rechigner quand on leur demandait un service. Ce qui agaçait le jeune Kazuki et son ami qui était intervenu.


« D’toute façon de quoi tu t’mêles toi ? hein ? T’aimes bien fourrer le nez dans les affaires des autres c’est ça ?! T’veux m’ridiculiser ? T’es tombé sur la mauvaise personne gamin ! J’vais te montrer qu’il fallait pas m’humilier moi ! – hurla l’homme ivre »


Il était devenu incontrôlable. Tout le monde avait arrêté de boire, de parler et fixait la scène devant eux. Les quelques personnes qui accompagnaient le prétendu assassin de grande renommée, s’étaient écartés par peur d’être pris dans l’élan de violence de leur compagnon. Lui, toujours agacé de ne pas avoir eu ce qu’il voulait et d’avoir été humilié devant tout le monde décida d’agir et de se venger. Le regard menaçant, il leva le poing en l’air et s’avança rapidement vers la cause de ses tourmentes. Dans l’intention de le frapper directement au visage, il s’élança avec rapidité et force. Même en étant ivre, il restait redoutable. Tous étaient obnubilés par ce qu’il se passait et attendait la réaction du jeune inconnu à la cape sombre. Celle-ci ne se fit pas attendre.

L’ami du jeune Kazuki s’élança à son tour vers son assaillant. Il évita le coup de justesse qui lui était destiné au visage. Il avait été si rapide qu’Emon ne vit rien venir. Encore moins ce qui allait lui arriver. Une main posée sur le haut de son torse et l’autre qui lui attrapait l’avant-bras, l’assassin du pays de l’acier se retrouva projeté par terre en quelques secondes. Tous étaient stupéfaits par ce qu’il se passait sous leurs yeux et encore plus quand ils virent que la personne à la cape noire, n’était nul autre qu’une femme. En effet, en évitant le coup d’Emon, l’amie du jeune garçon avait tout de même été effleurée, ce qui avait fait tomber la capuche qui couvrait son visage. Elle avait les yeux d’un bleu océan, et portait une longue natte assez grossière, laissant dépasser des cheveux, sur le côté. Fascinés tant par sa beauté que par sa force, tous les hommes présents dans la taverne restèrent bouche bée et n’osaient dire un mot. Elle, debout devant l’homme ivre, le regardait avec froideur et mépris. Elle ne supportait pas son comportement et encore moins ce qu’il avait pu dire auparavant, même sous les effets de l’alcool.


« Alors ? Qu’est-ce que ça te fait d’avoir été battu par une femme ? Tu te sens humilié ? Alors imagine la jeune serveuse que tu as harcelé toute à l’heure comment elle devait se sentir. Exactement comme toi, maintenant que tu le vis. C’était un avertissement. La prochaine fois que tu recommences à faire ce genre d’atrocités, je te retrouverai et c’est moi qui te massacrerai, me suis-je bien fait comprendre ? »


L’homme l’écoutait, mais ne répondit pas. Pensant qu’il avait compris la leçon, la jeune femme tourna les talons pour rejoindre son ami au bar, sous les yeux effarés de tout le monde y compris le propriétaire de la taverne. Cependant, Emon n’en était pas resté là. Il n’acceptait en aucun cas la défaite, et surtout face à une femme. Il se releva, et tendis les mains en direction de cette dernière. Autour de ses poings, se formait une épaisse couche grise, comme si des nuages de fumées apparaissaient. Il maîtrisait la magie. Il faisait parti des exceptions de ce monde qui possédaient cette capacité. Il n’avait pas pu la battre physiquement, alors il allait la vaincre avec son pouvoir. Comme un lâche, il avait attendu qu’elle lui tourne le dos pour tenter de l’attaquer. Le jeune garçon toujours au bar avait compris son manège et avait aperçu la formation de ces couches de fumées.


« YUKI !! DERRIERE TOI ! – cria son ami »


Elle le savait. Elle ne lui avait pas tourné le dos pour rien. Elle avait senti qu’il possédait de la magie en lui. Elle avait juste feint de le laisser tranquille en espérant qu’il ait compris la leçon. Lui laisser une seconde chance. Il n’eut pas le temps de lancer son attaque que la jeune femme s’était retournée, et à sa surprise, tenait dans sa main droite une longue épée. Le regard perçant, comme s’il traversait l’âme de son assaillant, pour y confirmer ses intentions. Lui commençait à comprendre qu’il n’avait aucune chance, mais par fierté, ne voulait en aucun cas baisser les bras. Il ne réfléchit pas plus et décida d’attaquer la jeune femme, tête baissée. Elle, l’attendait. Le laisser s’approcher sans bouger. L’épée toujours à la main elle patienta, jusqu’à ce qu’il soit à peine quelques mètres d’elle avant de changer de position. En une fraction de seconde, son arme se transforma en une lance en bois, entourée d’un ruban bleu qui remontait jusqu’à la lame. L’homme surpris ralentit et recula. Il ne s’attendait pas à ce changement. Même ivre il était conscient que la jeune femme était puissante. Pourtant elle ne semblait pas posséder de magie. Elle n’avait pas l’allure d’une noble. Et pourtant il la craignait comme si elle en était une. Son regard faisait frémir tous les hommes présents dans la taverne. Elle était unique. A part.

Toujours le regard fixé sur son ennemi, Yuki, fit tourner sa lance en rond, formant un cercle, et s’arrêta quand la lame atteignit le sol. Elle sourit. Elle l’avait terrifié. Dans un mouvement rapide elle balança sa lance en avant et fit sortir un halo d’eau enveloppé d’un filament bleu qui ne cessait de former des éclairs. Puis le projeta en direction d’Emon. Mais avec une telle rapidité il ne put l’éviter et finit propulser à l’extérieur de la taverne dos à l’arbre. Cet orbe l’avait expulsé avec une telle force, que la porte en bois céda en un instant. Ses jambes étaient prises au piège. Le halo qu’avait créé Yuki entourait ses cuisses l’empêchant ainsi de bouger ou de s’échapper. Il tenta tout de même de se défaire de cette emprise à l’aide de ses bras en essayant avec sa magie, de détruire cette épaisse couche d’eau électrique qui l’entourait. Mais il n’y arrivait pas. La jeune femme changea une nouvelle fois son arme. Cette fois-ci c’était un arc. Une flèche crée à partir de sa propre magie prenait forme, tout en tirant sur la corde jusqu’à son maximum, Yuki ferma un œil pour viser. Le voyant gesticuler pour se défaire de son attaque, il lui était plus difficile de le toucher du premier coup. Mais n’était pas impossible pour autant. Elle attendit qu’il se relève pour lancer sa première flèche. Celle-ci arriva avec une telle rapidité tout comme l’attaque précédente, que l’homme ne vit rien et sentit juste sa chemise être enfoncée avec la flèche dans le tronc d’arbre. Il tourna la tête un instant pour essayer de comprendre ce qu’il lui arrivait et la vit. Sans se faire attendre. La deuxième cloua son autre épaule à l’arbre. Il lui était maintenant impossible de bouger ses bras.

La jeune femme baissa son arc et le fit disparaître, c’était redevenue une épée. Son compagnon la rejoignit et se positionna à côté d’elle. Ils parlèrent un moment, sans que personne ne puisse entendre. Puis, la jeune femme hocha la tête et se dirigea vers le propriétaire de la taverne. Elle fouilla dans sa poche de sa jupe qui lui entourait la taille. Lui prit peur et se baissa pour éviter une quelconque attaque. Mais il ne se passa rien.


« Relevez-vous, je ne compte pas vous faire quoi que ce soit. Je voulais juste m’excuser d’avoir détruit votre porte d’entrée et voulais vous dédommager pour cela. – expliqua la jeune femme, elle sortit de sa poche un petit sac- il y a 5.000 mon à l’intérieur, je pense que cela suffira aux réparations. »


La jeune femme se retourna et fit signe à son ami qu’ils pouvaient partir. Kazuki franchit le seuil de la porte, qui n’était plus et attendait. Avant de sortir, elle s’était arrêtée et formula ses derniers mots :


« A l’avenir, si vous voyez une femme, ne la sous estimez pas et ne la traitez pas non plus comme inférieure à vous. »


Elle sortit à son tour de la taverne et se dirigea avec Kazuki vers leurs chevaux encore attelés tout en remettant leurs capes.


               Au loin, on pouvait entendre des bruits de sabots qui raisonnaient sur le sol. On sentait la précipitation. Une dizaine d’homme en armure arrivèrent près de la taverne. Parmi eux, se distinguait un homme brun aux yeux verts, avec une légère barbe apparente mais soignée. Il était grand et robuste et inspirait autant le respect que la crainte par son regard perçant. Il portait une tunique de couleur bordeaux, bordés de légers fils dorés au niveau des avant-bras. Le col recouvrait la majeure partie de son cou, et on y apercevait au niveau des épaules une cape qui y était attachée. Autour de sa taille se trouvait un ceinturon où son épée y reposait. La poignée de cette dernière était de couleur or. On devinait aisément que cet homme était de rang noble rien qu’à son apparence. Il descendit de son cheval et observa les alentours. Il ordonna à ses hommes de rentrer à l’intérieur pour poser des questions. Lui s’approcha des deux individus dissimulés par leurs capes et les interpella :


« Excusez-moi, puis-je vous poser quelques questions ? Une jeune femme est venue nous trouver pour nous raconter ce qu’il lui était arrivé. Un homme ivre l’aurait agressé dans cette taverne et quelqu’un serait intervenu. Moi et mes hommes cherchons donc cet homme et le bienfaiteur qui a eu le courage d’agir. – il s’arrêta un moment, observant la réaction des deux personnes qui lui tournaient le dos avant de reprendre – Je suis le prince de Kasai No Land, Toru Kyokawa. Je ne cherche pas à vous arrêter, seulement trouver ces deux individus. »

A l’entente de ce nom, Yuki frémit et le regard dans le vide, fixait le sol sans bouger. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas entendu ce prénom, cette personne parler. Elle ne pouvait pas lui faire face. Pas maintenant. Ne sachant pas comment répondre elle continuait de retirer la bride accrochée sur la barrière de bois les mains tremblantes. Elle était incapable de lui répondre. Son compagnon, lui, décida de répondre à sa place. Il se retourna enleva sa cape et s’exprima :


« Eh bien, c’est mon amie ici présente qui est intervenue ! L’autre homme est cloué à l’arbre juste derrière vous, il ne risque pas de bouger Altesse. Elle a utilisé sa magie, il est complètement immobilisé. »


Le jeune prince tourna son regard en direction de l’agresseur. Il était effectivement bien attaché à l’arbre et la magie continuait d’opérer autour de lui. Il fronça cependant les sourcils à la vue de celle-ci. En effet, il distinguait deux pouvoirs différents, celui de l’eau et de l’électricité. Cette capacité de posséder deux magies n’était pas donnée à tout le monde. Il resta un moment perplexe, l’air interrogé. Cependant, il ne consacra pas plus de temps à sa réflexion et se tourna de nouveau vers les deux individus. Kazuki qui lui faisait déjà face, regardait du coin de l’œil son amie qui n’avait pas dit un seul mot depuis le début de la conversation. Inquiet, il chercha à savoir ce qu’il lui arrivait.


« Yuki qu’est-ce que tu as ? L’utilisation de tes deux magies simultanément t’a fatigué ? – se demanda son compagnon. »

Elle lui adressa un regard soucieux. Il avait prononcé son nom à elle. Devant lui. Elle était fichue. Elle se précipita de dégager la bride de son cheval pour le monter. Mais elle n’eut pas le temps. Elle sentit son bras attrapé par une main puissante.

Il avait fait le rapprochement. Les deux magies qui étaient identiques à celles qu’il avait connues étant plus jeune. Le prénom qui raisonnait dans sa tête. C’était elle. Ayant tellement de questions à lui poser, il agit inconsciemment. Sa main agrippant le bras de la jeune femme par réflexe. Il savait qu’elle comptait s’enfuir. Une nouvelle fois. Sinon elle lui aurait répondu dès le début. La saisissant, il la tourna, de sorte qu’elle soit face à lui. D’un geste de la main, il fit tomber la capuche qui camouflait son visage. Elle, avait la tête baissée et n’osait pas le regarder.

Yuki était tremblante. Elle était perdue. Le pire scénario qu’elle voulait éviter, se déroulait devant elle, sous ses yeux. Elle savait qu’une fois sous son emprise, elle ne pourrait s’échapper, qu’elle allait devoir lui faire face. Elle sentit des doigts posés sous menton, qui lui fit relever sa tête. Là, elle y rencontra les yeux clairs et étincelant du jeune prince, qu’elle n’avait pas vu depuis 5 ans.


« Yuki… Je t’ai enfin retrouvé. – il souffla ces quelques mots, soulagé de voir enfin la jeune femme qui l’avait quitté des années plus tôt- Où étais-tu passé pendant tout ce temps ? Pourquoi tu es parti sans rien dire ? - son ton changea au fur et à mesure qu’il posait des questions- Tout le monde s’inquiétait ! Qu’est-ce que tu as fait pendant tout ce temps ? »


La jeune femme n’osait pas répondre. Elle était complètement abasourdie et ne savait pas comment réagir face à ce flot de questions. Elle avait pourtant eu ses raisons pour partir. Mais elle n’avait pas le courage de s’expliquer. Et surtout pas maintenant. Voyant que son amie était mal à l’aise et ne répondait pas, Kazuki intervint. Il saisit le bras du prince.


« Lâche-là tout de suite. Prince ou pas, je ne te laisserai pas faire de mal à mon amie. Si elle ne veut pas te répondre, tu lui fiches la paix. – son ton avait changé, il n’avait plus la même expression enfantine.

- Ecoute gamin, tu n’es pas concerné dans cette histoire, alors écarte toi. Je ne compte rien lui faire, sois tranquille, nous nous connaissons… - Toru n’eut pas le temps de finir sa phrase que son bras subit un électrochoc, des étincelles jaunes étaient apparues et provenaient de la main du jeune garçon.

-Je viens de te dire de la lâcher. Ne me fais pas me répéter - s’exclama le dit gamin.

-Alors comme ça tu possèdes toi aussi de la magie, et la foudre en plus. – il lâcha son emprise qu’il avait sur son amie d’enfance et fit face à Kazuki, collant son front contre le sien, saisissant au même moment le bras de son adversaire- Je viens de te dire que nous étions amis de longue date et que je ne comptais pas lui faire de mal – le bras du jeune garçon se recouvrit soudainement de glace- Moi aussi je maîtrise la magie, si tu veux te mesurer à moi, je n’y vois aucun problème. »


Les deux hommes se faisaient face, ayant tout deux le regard menaçant. L’un pour défendre son amie, et l’autre piqué par les accusations de son opposant. Yuki qui avait suivit la scène, décida d’agir où cela pourrait tourner mal.

« Toru. Lâche-le. Il ne voulait pas dire ça. Il est encore jeune, ne le provoque pas s’il te plaît. – le jeune homme relâcha le bras de l’adolescent et fit disparaitre la glace qui s’y était posée dessus quelques instants auparavant. – Ecoute, je ne peux pas te parler là maintenant, nous devons partir. Pas besoin que tu me remercies, je ne pouvais pas rester sans rien faire face aux agissements de cette brute. - elle reprit son souffle, expira puis le regarda droit dans les yeux, sans osciller – Je ne suis pas prête à revenir maintenant. Laisse-moi encore du temps, je rentrerai… bientôt- elle murmura le dernier mot.

-Si je te laisse partir maintenant, tu ne reviendras pas avant des années encore ! Je ne peux pas te laisser. Il faut qu’on parle… - il se fit couper par la main de Yuki qui s’était levée et posée sur sa bouche pour le faire taire.

-Toru, laisse-moi encore du temps, je t’expliquerai tout quand ce sera le moment. Laisse-moi partir s’il te plaît. »


Il l’observait, elle avait changé durant ces cinq années, et il n’avait pas pu assister à ce qu’elle était devenue. Il voyait dans son regard qu’il n’avait pas le choix que d’accepter sa requête. Alors il hocha la tête. Elle lui sourit et fit signe à Kazuki de partir. Elle remit sa cape, et souffla un léger merci au jeune prince avant de monter sur son cheval et de partir au galop. L’adolescent, fit de même et adressa un dernier regard au jeune homme qu’il avait menacé un peu plus tôt. Même s’il savait qu’il était le prince de Kasai No land, quel impact avait-il eu dans la vie de Yuki ? Comment l’avait-elle connu ? Des questions qu’il allait lui poser quand ils seront arrivés à destination.


Les observant s’éloigner petit à petit et s’enfoncer dans la forêt, Toru était resté figé. Il avait enfin vu son amie qui l’avait quitté subitement quelques années plus tôt. Partagé entre le soulagement qu’elle soit en vie, et la contrariété provoquée par le fait qu’elle soit encore partie, il n’entendit pas un de ses soldats l’appeler.


« Altesse… Altesse… Votre Altesse !

-Ah ! Pardonnez-moi, j’étais dans mes pensées ! Avez-vous trouvé l’agresseur ? – demande Toru.

-Oui Monseigneur, il était attaché là-bas, à l’arbre. Nous lui avons mis des liens anti-magies, il est inoffensif. En revanche, nous n’avons pas trouvé la personne que la jeune femme nous a décrit. Personne ne portait de cape.  

-Ne vous inquiétez pas je l’ai trouvée et remerciée. – il regarda en direction de la forêt- Est-ce que l’un de vous peut aller en direction de cette forêt. Je voudrais que vous suiviez deux personnes à cheval. Mais veillez à ne pas vous faire repérer.

- Je vais envoyer sur le champ deux de mes meilleurs hommes, et les plus discrets votre Altesse – le soldat baissa la tête et se retira avant d’interpeller deux autres soldats qui montèrent à cheval immédiatement. »




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