Le temps d'un mariage

Chapitre 1 : Prologue

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 08:45

Prologue

 

 

 

 

- C'est un vrai cauchemar, ça ne pourrait pas être pire.

- Passer Noël dans un immense château à Konoha, tu appelles ça un cauchemar toi ?

La note d'ironie dans la voix de sa colocataire et amie arracha un sourire à Sakura.

- Je t'assure, Hina. Je reconnais que ça peut sembler excitant, mais ça va être horrible.

- Ah oui ? Et pourquoi ?

Sakura secoua la tête d'un air affligé.

- Tu veux savoir ? Bien ! Pour commencer, ma mère s'apprête à épouser un homme qu'elle aime à la folie et, à en juger par les courriels qu'elle m'envoie en ce moment, elle ne vit que le désir et d'adrénaline. Ensuite, son futur époux est multimillionnaire... Non, milliardaire...

- Tu as une drôle de conception de ce qui constitue un cauchemar.

- Je n'ai pas fini. Math, son milliardaire, est américain, et il a des idées bien tranchées sur la vie de famille.

- Tu veux en venir ou la exactement ?

- Laisse moi parler ! Tu vas comprendre. Ma mère s'est toujours sentie responsable de mon aversion pour les hommes et pour le mariage. Elle pense que c'est dû à son divorce d'avec mon père.

- Est-ce vrai ?

- Disons que j'ai du mal à considérer le mariage d'un oeil optimiste, étant donné qu'elle a déjà épousé quatre hommes et qu'elle n'est restée avec aucun.

- Qu.. Qua... Quatre !

- Elle adore tomber amoureuse, se fiancé, se marier... Cette fois-ci, elle veut que la cérémonie ait lieu dans un château, à Konoha, la veille du nouvel an, et que le prêtre l'unisse à Math au douzième coup de minuit. Alors, pour l'occasion, Math emmène toute sa famille passer les fêtes à Konoha, à ses frais. Et tout le monde doit loger au château, afin de faire connaissance et de passer du temps ensemble, comme une * vrai famille *.

- Jusqu'ici, ça me paraît plutôt sympathique.

- Oui, mais ce qui l'est moins, c'est que la famille de Math inclut ses deux subblimes filles, ainsi que leur mari et leurs enfants.

- Oui, et alors ?

- Et alors, ma mère est allée raconter à Math que j'étais moi aussi sur le point de me marier, et du coup, bien sûr, il a insisté pour que je vienne à sa fête accompagnée de mon fiancé.

- Mais... tu n'as pas de fiancé. Tu... tu n'as même pas de petit ami !

- Je sais bien ! C'est ce que j'ai dit à ma mère, mais elle m'a fait tout un cinéma pour me convaincre de la nécessité absolue de régler ce détail avant Noël. Tu comprends, elle a peur que les filles de Math ne veuillent le décourager de l'épouser, et elle m'assure que si je viens sans fiancé, elles s'en serviront contre elle. Comme d'une nouvelle preuve de son incapacité à mener une relation longue et stable. Ah, je t'assure... Elle aurait dû être comédienne.

Sakura se tourna vers son amie.

- Je sais que ça peut paraître un peu fou, poursuivit-elle, mais, en fait, je m'inquiète pour elle. Si les filles de Math sont opposées à ce mariage, ma mère n'a pas la moindre chance d'obtenir ce qu'elle désire. Elle n'est pas calculatrice : c'est simplement qu'elle ne peut pas s'empêcher de tomber amoureuse.

- A t'entendre, on dirait que c'est toi la mère et elle la fille.

- C'est un peu comme ça. En fait, elle est très impulsive. Par exemple, quand elle a rencontré mon père à vingt et un an, elle s'est enfuie avec lui alors qu'elle était fiancée à un autre homme. Qu'elle a d'ailleurs épousé après s'être rendu compte que mon père n'était pas le mari qu'il lui fallait.

Sakura avait le sourire aux lèvres, mais son ton exprimait un mélange de lassitude et de résignation. Elle continua :

- Je me dis que je dois être là pour elle, mais j'ai peu de chances de me trouver un fiancé d'ici Noël, et je ne veux pas qu'elle me tienne pour responsable si, au bout du compte, les choses ne tournent pas comme elle l'espère.

- Alors, tu sais ce qu'il te reste à faire, non ?

- Quoi donc ?

- Engager une escorte.

- Quoi ?

- Ce n'est pas la peine de faire cette tête-là. Je ne te suggère pas de payer trois gorilles pour te protéger et je ne te parle pas du type d'escorte-gigolo qui t'offre un service complet avec *  massage *. Je pense à un homme, tout à fait respectable, rémunéré pour une seule chose : accompagner sa cliente, avec galanterie, dans la circonstance choisie.

Sakura était à la fois intriguée et méfiante.

- Allez, passe moi l'annuaire, reprit Hinata. On va régler ça immédiatement.

- Tu pourrais peut-être me prêter Naruto... suggéra Sakura.

- Tu crois que je vais rester seule ici pendant que tu t'amuses avec mon fiancé dans un château à Konoha ? Absolument pas ! s'exclama son amie en secouant la tête avec véhémence. Je ne voudrais pas le priver de l'avalanche des publicités de Noël, toutes ces images de couples comblés de bonheur qui pressent leur nez contre les vitrines des bijoutiers...

Hinata laissa le lourd annuaire sur ses genoux et se mit à le feuilleter.

- Bon, essayons d'abord cette agence-ci.

- Hina, je ne suis pas sûre que...

- Crois-moi. C'est la solution idéale. Et puis, rappelle-toi, tu fais ça pour ta mère !

 

Sasuke

 

- Attends, tu veux que je... quoi ? s'exclama Sasuke Uchiwa en considérant son jeune demi-frère d'un air incrédule.

- Je voudrais bien le faire moi-même, mais je ne peux pas, dit Sai. Pas en chaise roulante, avec le bras et la jambe dans le plâtre. Et ce n'est pas très gentil de laisser tomber cette fille... Ecoute, Sasuke, j'ai besoin de l'argent que ce travail doit me rapporter. Et c'est un très bon moyen de se faire des relations.

- De travailler comme escorte ?

Sasuke avait dit cela sur un ton légèrement moqueur, mais au fond de lui-même il ressentait de la stupéfaction, et même un certain dégoût. C'était un nouveau signe du fossé qui existait entre lui-même, entré dans la trentaine, et ce petit frère âgé d'à peine vingt et un ans pour qui il éprouvait, depuis la mort de leur père, non seulement une grande affection, mais aussi une inquiétude presque paternelle.

- Des tas d'acteurs le font, se défendit Sai. Et c'est une agence très respectable. Nous ne sommes pas censés coucher avec les clientes. Cela dit, en général, elles se montrent très généreuses quand on accepte, et ça peut être très excitant... Du moins, c'est ce que j'ai entendu dire, se hâta-t-il de préciser en voyant l'expression de Sasuke. S'il te plaît, c'est l'affaire de quelques jours, pas plus. Tiens, regarde l'invitation. Jet privé jusqu'à Konoha, luxueux séjour dans un château, tout ça aux frais de la charmante princesse. Ça me faisait vraiment envie. Allez, sois sympa.

Sasuke jeta un coup d'oeil indifférent au carton que lui avait donné Sai, puis fronça les sourcils.

- C'est une invitation au mariage de Math Alvarez, le magnat du pétrole ?

- Oui, c'est ça, répondit Sai. Exactement, Math Alvarez, troisième du nom. Et ma cliente est la fille de sa future épouse.

- Vraiment ? dit Sasuke avec méfiance. Pourquoi a-t-elle besoin d'une escorte ?

- Je n'en sais rien, dit Sai avec un haussement d'épaules. C'est sans doute qu'elle n'a pas de petit ami et qu'elle ne se sent pas prête à l'assumer devant les autres invités. C'est un complexe typiquement féminin, très fréquent. Apparament, elle a appelé l'agence en précisant qu'elle voulait un homme jeune, bien fait, attirant... ah, et hétérosexuel.

- Et quand tu entends ça, tu n'en déduis rien de spécial ? demanda Sasuke avec sarcasme.

- Si, j'en déduis qu'elle veut une escorte dont elle puisse être fière.

- Tu l'as rencontrée ?

- Non. Je lui ai envoyé un courriel en suggérant qu'on se voie, pour mettre au point les détails de notre * histoire *, mais elle m'a dit qu'elle était trop occupée et qu'on en discuterait pendant le voyage. C'est notre hôte qui se charge de réserver le jet privé : tout ce que j'ai à faire, c'est prendre ma valise et mon passeport, monter dans un taxi et passer la chercher chez elle sur le chemin de l'aéroport. Simple comme bonjour. Sauf qu'entre-temps, je me suis blessé à ce match de rugby...

Il regarda ses plâtres d'un air dépité.

Au fur et à mesure que son frère parlait, Sasuke sentait grandir son mépris pour la femme qui l'avait * engagé *. Plus il en entendait, plus il avait de mal à croire que, comme l'affirmait Sai, elle ne lui demanderait aucun service sexuel. En temps normal, il lui aurait dit sans se gêner ce qu'il pensait de cette femme, lui aurait interdit de travailler pour cette agence, et aurait refusé tout net de prendre sa place.

En temps normal. Si l'hôte en question n'avait pas été Math Alvarez. Journaliste d'inverstigation dans l'un des quitidiens les plus prestigieux du pays, Sasuke avait cherché à contacter l'indistriel pendant les six derniers mois pour obtenir des informations sur David Laham, le légendaire magnat du pétrole auprès duquel Alvarez s'était formé. Récemment décédé, ce colosse de l'industrie pétrolière, très actif sur la scène politique, avait, selon une rumeur, usé de ses relations pour dissimuler un incident qui, trente ans plus tôt, avait failli déboucher sur une gigantesque catastrophe écologique.

Jusqu'ici, toutes les tentatives de Sasuke pour approcher Math Alvarez s'étaient soldés par des échecs. Il avait l'habitude, dans son travail, de se heurter à des réticences de la part de ses interlocuteurs, mais le livre qu'il était en train d'écrire, sur les ententes troubles au sein de l'industrie pétrolière, lui tenait beaucoup à coeur, et il n'était pas du genre à se laisser décourager. Cette fois-ci, pourtant, il commençait à désespérer.

Mais le destin semblait vouloir lui donner un coup de pouce.

- D'accord, dit-il à Sai. Je vais le faire.

- Oh, vraiment ? Génial ! C'est...

- A une condition.

- Pas de problème, je te donne la moitié de mon salaire. Et si la fille n'est vraiment pas jolie...

- Que tu arrêtes de travailler pour ce genre d'agence.

- Oh non, Sasuke... Ça paie bien, protesta Sai, avant de se résigner devant l'air sévère de son frère. Bon, si je comprends bien, je n'ai plus qu'à me retrouver un job de serveur.

- Exactement. Alors, vas-y, explique-moi comment ça va se passer.

 

 

 

 

 

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