Le temps d'un mariage

Chapitre 7 : Sixième chapitre

Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/11/2016 05:18

Sixième chapitre

 

 

 

 

 

 

Sakura cligna des paupières dans l'obscurité, savourant avec un immense plaisir la délicieuse chaleur du lit. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui l'avait réveillée, la respiration régulière de Sasuke troublait à peine le silence.

Elle avait soif. Il y avait une bouteille d'eau, elle s'en souvenait, sur la petite table près du lit et alla la chercher. Il entrait assez de lumière à travers le rideau de voile pour lui permettre de s'orienter. En dévissant le bouchon, elle regarda Sasuke avec appréhension, craignant que le bruit, si faible soit-il, ne le réveille.

Mais Sasuke ne dormait pas. Il ne dormait plus depuis l'instant ou Sakura, s'agitant un peu, avait prononcé dans son sommeil quelques mots inaudibles. Et il s'était rendu compte que, bien que le lit fût assez large pour qu'ils puissent y coucher côte à côte sans se toucher, elle s'était rapprochée de lui et avait dormi pelotonnée contre son dos.

Tout en buvant, Sakura écarta un peu le rideau pour regarder au-dehors. Il neigeait ! Du ciel noir ou la lune brillait toujours, d'énormes flocons tombaient en tourbillonnant. Une joie enfantine l'envahit, et elle approcha son visage de la vitre pour mieux voir. Elle commençait à frissonner dans sa robe de chambre légère, mais elle ne pouvait détacher ses yeux du spectacle magique que lui offrait cette nuit.

Sasuke observait Sakura. Elle regardait tomber la neige avec autant d'émerveillement qu'une enfant, et devant ce bonheur innocent, il sentit quelque chose se dilater dans sa poitrine. C'était comme si une lourde trappe en pierre, actionnée par un mécanisme rouillé, à l'abandon depuis des siècles, venait de se soulever en grinçant. Et il s'en échappait des sentiments oubliés, des impressions qui touchaient une plaie à vif et lui causaient une souffrance intolérable. Il aurait voulu se détourner de Sakura, refermer cette trappe, garder ses émotions emprisonnée comme il l'avait toujours fait jusque-là. Mais il n'y parvenait pas.

Sakura avait vraiment froid, à présent. Elle quitta la fenêtre et regagna le lit avec beaucoup de précaution, éprouvant un plaisir béat lorsqu'elle se glissa sous la couette. Mais dès qu'elle fut couchée et qu'elle sentit la merveilleuse chaleur qui émanait du corps de Sasuke, elle fut prise d'une irrépressible envie de plaquer ses pieds glacé contre sa peau. Elle essaya de dormir, mais elle avait la sensation d'être allongée sur une pente enneigée, glissante et glacée, et d'autant plus inhospitalière qu'en bas, autrement dit juste derrière elle, se trouvait l'équivalent d'un bon feu de bois auprès duquel se réchauffer.

Incapable de résister plus longtemps, elle se détendit et recula jusqu'à se retrouver dos contre dos avec Sasuke, ronronnant presque de plaisir quand elle sentit son corps toucher le sien, si viril, si ferme. Ses pieds allèrent se poser d'eux-mêmes sur les mollets nus de Sasuke. Nus ? Elle était déjà couchée quand il était sorti de la salle de bains, elle ne s'était pas retournée pour regarder ce qu'il portait alors et elle n'allait certainement pas, maintenant se livrer à une vérification de sa tenue !

Soudain, elle prit conscience de la perfection du moment. La neige, le clair de lune... si seulement elle osait... Explorer le corps de Sasuke avec tous ses sens, et lui procurer en retour des délices inimaginables : que pouvait-il y avoir de plus merveilleux ? Dans le confort rassurant de la semi-obscurité, elle commencerait par promener son regard avide sur les innombrables variations d'ombre et de lumière qui dessinaient le relief de sa peau, puis, lorsqu'il ferait assez jour pour que ses contours apparaissent plus nettement, elle les tracerait du bout des doigts... Si elle parvenait à attendre jusque-là pour le toucher, mais elle en doutait. Elle le ferait sans doute avant, dans le noir, et ce serait à la fois le paradis et l'enfer que de devoir découvrir à tâtons toutes les nuances de son corps, ses muscles fermes et tendus...

Sasuke, plus éveillé que jamais, peinait à contenir sa propre excitation. Les dents serrées, il entendit la respiration de Sakura s'accélérer. Lorsqu'elle poussa un gémissement, sa volonté l'abandonna.

Il se retourna vers elle, l'attira vers lui et lui donna un baiser si passionné, si parfait, que Sakura ne songea même pas à protester. Tremblante de désir, elle noua les bras autour de son cou et il resserra son étreinte. Comme mue par une volonté étrangère, elle écarta les jambes juste assez pour avoir le plaisir d'acceuillir entre elles la force brute de son érection. Il avait glissé les mains sous le fin tissu de sa culotte et, tout en caressant ses fesses, la faisait remuer contre son sexe. De petits allers-retours le long de son membre dressé, petits, mais suffisants pour lui donner envie de hurler et faire naître en elle un besoin déchirant d'approfondir, encore et encore, leur intimité.

Elle s'efforça d'ignorer les pulsations lancinantes dans son ventre et de se concentrer plutôt sur la caresse lente et enivrantre de son baiser. Un baiser qui, à vrai dire, se faisait de plus en plus ardent, sans qu'elle sache si les ondulations de son propre corps électrisé en étaient la cause ou la conséquence. Chaque fois que ses seins touchaient le torse nu de Sasuke, elle sentait la pointe de ses seins tendue et brûlante, frotter douloureusement contre ses muscles. Elle voulait qu'il lui caresse les seins, qu'il les palpe, qu'il les apaise d'un baiser et que de nouveau il les embrasse de sa langue ou d'une morsure délicate. Elle voulait qu'il lui ôte sa nuisette, qu'il révèle son corps et en explore tous les recoins, en la laissant s'abandonner au plaisir infini de leur intimité.

- Je n'ai pas de préservatif, dit-il soudain, je n'ai pas pensé à en apporter.

Sakura leva les yeux vers lui.

- Moi non plus. Ce n'est pas le genre de chose que j'ai sur moi, en général.

- Mais j'imagine que, comme moi, vous ne couchez avec personne sans préservatif ?

C'était une question plus qu'une affirmation.

- Je ne couche avec personne, point final, avoua Sakura.

Elle avait l'air tellement gêné que Sasuke sut aussitôt qu'elle disait la vérité. Il se pencha pour allumer la lampe de chevet, tout en tenant fermement Sakura pour l'empêcher de s'échapper.

- Ce n'est pas que je suis contre l'idée de coucher avec quelqu'un, lui assura-t-elle. C'est juste que j'ai du mal à rencontrer la bonne personne.

Sasuke haussa les sourcils.

- Du mal à rencontrer la bonne personne ? Mais vous travaillez dans le quartier des affaires... Vous dirigez un service plein d'hommes jeunes...

- Justement, dit Sakura sur un ton exaspéré, en voyant qu'il la regardait d'un air incrédule. Vous ne voyez pas le problème ? Si je commençais à sortir avec l'un d'entre eux, alors les autres en feraient des gorges chaudes, et ils...

- Ils voudraient tous vous mettre dans leur lit ? s'uggéra Sasuke, dominé tout à coup par une jalousie sauvage des plus innattendues.

- Je n'irais pas jusque-là. Mais si je veux conserver mon autorité sur eux, je dois faire en sorte qu'ils me respectent, et ce ne serait pas le cas s'ils pensaient pouvoir coucher avec moi. Ça paraît peut-être un peu dur, dit-elle en haussant les épaules, mais c'est la réalité. La Cité est un monde très sexiste, et les hommes qui y travaillent aiment bien jouer les machos : ils ont l'impression que c'est ce qu'on attend d'eux. Ils passent leur temps à repousser les limites : si on laisse transparaître la moindre faiblesse, ils attaquent. Si je voulais avoir un petit ami, il faudrait donc impérativement qu'il travaille ailleurs qu'à la Cité, mais comme c'est là que je passe presque tout mon temps, je fais peu de rencontres...

- Et vous n'avez pas eu de relations intimes depuis un bon moment, à en juger par la façon dont vous réagissiez à mes caresses. Je comprends que vous ayez décidé de profiter de ces vacances pour vous offrir une petite récréation sexuelle...

- Vous sous-entendez encore que je vous ai engagé pour ça ! s'écria Sakura, excédée. Bon sang, quand comprendrez-vous que je n'ai jamais payé personne pour coucher avec moi, et je ne le ferai jamais ! Si ça avait été mon intention, je peux vous assurer que j'aurais pris mes précautions et que j'aurais apporté des préservatifs. Mais je n'utilise aucune contraception, parce que je n'ai aucun rapport sexuel ! Jamais ! Vous comprenez ?

Il y avait des larmes dans sa voix. Si elle était sincère, pensa Sasuke, alors ses accusations n'étaient pas seulement injustes, mais cruelles. Il n'avait pas besoin d'être aussi dur avec elle.

- Je suis désolé, je dis des bêtises. Sans doute parce que je suis tellement frustré et déçu que nous n'ayons pas pu aller jusqu'au bout.

Sakura soupira et laissa Sasuke l'attirer contre lui. Elle blottit la tête au creux de son épaule tandis qu'il la serrait dans ses bras.

- Pour moi aussi, ça fait longtemps, dit-il.

Il la sentit se raidir.

- C'est vrai, lui assura-t-il. Contrairement à ce que la situation présente pourrait laisser penser, je ne suis pas du genre à me laisser dépasser par mon désir. Et en même temps, j'ai un métier qui ne facilite pas les relations sérieuses.

Il voulait sûrement dire, supposa Sakura, qu'il faisait beaucoup de rencontres et avait donc du mal à rester fidèle.

- Mais peut-être que je réfléchis de façon trop égoïste, mumura Sasuke.

- A propos de vos partenaires sexuelles ?

- Non, à propos du plaisir que je veux te donner. Nous n'avons pas forcément besoin de préservatifs.

Le coeur de Sakura se mit à battre la chamade. Elle ne savait pas si elle devait s'indigner qu'il parle encore de la satisfaire sexuellement ou s'en réjouir.

- Si vous croyez encore que je vous... que je t'ai engagé avec l'intention de coucher avec toi..., balbutia-t-elle.

Mais Sasuke lui posa un doigt sur les lèvres et lui murmura à l'oreille :

- Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis frustré en ce moment, et, honnêtement, je ne vois pas de meilleure manière d'alléger cettre frustration.

- Que de me donner du plaisir à moi ?

- Je ne sais pas quel genre d'amants tu as eu jusqu'ici, mais j'ai du mal à croire qu'aucun d'entre eux ne t'ai montré le plaisir qu'un homme peut prendre à satisfaire sa partenaire. A lire son bonheur dans ses yeux, à le deviner dans son baiser, à la sentir parfaitement détendue et comblée.

- J'ai eu un amant, un seul. C'était à l'université, et à l'époque...

Elle n'avait connu qu'un seul homme ? L'élan de tendresse qu'il éprouva alors envers elle le laissa décontenancé, mais il fut encore plus surpris par la confiance qu'il accorda spontanément à ses paroles. Il embrassa ses lèvres, son cou. Mais quand il voulut descendre plus bas, Sakura résista.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu ne veux pas ?

- Si..., dit Sakura.

Elle se tut un instant et reprit, dans un murmure précipité :

- C'est juste... Je n'ai pas envie que notre première fois se passe comme ça. Je veux que nous la vivions ensemble.

Il la regarda un long moment en silence, et quand il répondit enfin, ce ne fut pas par des paroles. Il posa la main sur sa joue et caressa ses lèvres tremblantes du bout du pouce, avant de baisser la tête vers elle et de l'embrasser sensuellement, merveilleusement.

Puis il quitta ses lèvres et parla, d'une voix rauque qui déclancha de légers frissons de désir dans tout son corps :

- Je me demande si tu te rends compte du mal que j'ai eu à résister à la tentation. Je me suis toujours promis de ne jamais brisé toutes mes règles si cela n'impliquerait pas de te faire briser les tiennes, ce que je n'ai bien sûr pas le droit de te demander. La prochaine fois, il faudra vraiment mieux nous organiser.

Ce n'étaient sans doute pas les paroles les plus romantiques du monde, mais elles étaient prononcées avec tant de sincérité qu'elle atteignirent Sakura au coeur.

- Quel est le programme de la journée ? demanda Sasuke.

- Je ne sais pas exactement, mais c'est possible, j'aimerais bien retourner dans la ville que nous avons traversée sur le chemin. J'aimerais bien acheter des petits cadeaux de Noël pour les enfants.

Sasuke réfléchit un instant. Pour sa part, il avait plutôt intérêt à rester au château, de façon à passer autant de temps que possible avec Math, mais l'idée de manquer une sortie en tête à tête avec Sakura, et l'occasion d'apprendre à mieux la connaître, lui était étrangement désagréable.

- Je vais me renseigner sur la meilleure façon de nous y rendre, lui dit-il.

Après tout, ils étaient là pour une semaine. Il avait bien le temps de se rapprocher de Math.

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