Mémoires de Kazekage
Chapitre 2 : Celui qui m'a ouvert les yeux
1564 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 11/09/2016 12:03
Disclaimer : L'histoire et les personnages de Naruto appartiennent à Masashi Kishimoto.
Auteur : Ardell
Mémoires de Kazekage
Chapitre deux : Celui qui m'a ouvert les yeux
La première fois que je l'ai vu... Non, en fait, je ne l'ai pas vu. Il avait beau vociférer son nom comme si celui-ci revêtait une aura particulière, je ne l'ai pas remarqué. Il faut dire que mon attention tout entière était portée sur l'héritier des Uchiwa. Je savais qu'il était le seul survivant de son clan, et, dans ses yeux, je pouvais lire quelque chose qui ressemblait à de la haine ainsi qu'une immense solitude. Son regard, c'était le mien.
Je voulus savoir son nom, même si en fait je le connaissais déjà. Sasuke Uchiwa. Assurément l'un des meilleurs genins de Konoha. Peu m'importaient les autres, c'était lui que je voulais. Je désirais mesurer ma force à la sienne, me prouver que j'étais toujours invincible. Lui et moi, nous étions destinés à nous combattre.
Alors que m'importait ce braillard qui disait s'appeler Naruto Uzumaki ? Pour moi, il n'existait même pas.
Il y eut l'épreuve dans la forêt de la mort. À mon avis, une promenade de santé. Puis ce furent les combats. Le hasard me mit face à Rock Lee, un clown qui ne savait manier ni le ninjutsu ni le genjustu. L'affaire serait vite réglée.
Ah mais, que se passait-il ? Brusquement ses gestes étaient plus rapides, tellement rapides que, n'eut été le sable pour me protéger, j'aurais sûrement encaissé des coups. Comment un minable comme lui pouvait-il me mettre en difficulté ? Furieux — je devais rester le plus fort à tout prix — je m'apprêtais à utiliser le tombeau du désert.
Et je vis cet homme, debout entre Lee et moi, arrêtant d'un geste le sable meurtrier.
Aussitôt dans mon esprit, l'image de Yashamaru protégeant les enfants. Yashamaru qui m'avait trahi. Ce souvenir, de même que la vision de cet homme prêt à prendre la défense de son élève, me donnèrent envie de hurler.
Je fus déclaré vainqueur mais ça ne me suffisait pas. Je ne pouvais laisser passer cet affront. Lee me malmenant avec son taijutsu, et surtout, surtout, son sensei accourant pour le sauver.
À l'hôpital, dans la chambre de Lee, je m'apprêtais à lui donner le coup de grâce. Lorsque celui qui s'appelait Shikamaru et le garçon blond nommé Naruto vinrent mettre leurs grains de sel dans une affaire qui ne les concernait pas.
Face à leurs questions, je dévoilai ma véritable identité. Celle d'un monstre voué à tuer. Lorsque je mentionnai le démon en moi, je vis une étrange lueur passer dans le regard de Naruto. Comme si mes paroles trouvaient un écho en lui. Bah, peu m'importait. Comme je l'ai dit, il ne m'était rien. Finalement, j'abandonnais provisoirement l'idée de mettre un terme à la vie de Lee — et des deux autres. De toute façon, je les tuerai tous, jusqu'au dernier. J'étais uniquement sur Terre pour cette raison.
Pour la dernière épreuve, Sasuke, mon adversaire, était très en retard. Et bien quoi, Sasuke, aurais-tu peur de moi ? Je ne tenais plus en place, j'avais besoin de ce combat. Tant et si bien que je n'eus aucune hésitation à éliminer ces deux hommes qui croyaient pouvoir m'intimider.
Pendant ce combat contre le Uchiwa, j'entendais la voix de ma mère qui me réclamait du sang, toujours plus de sang. Ne te fâche pas, Mère, du sang, tu vas en avoir.
Finalement, le plan prévu pour anéantir Konoha s'exécuta. Tandis que Temari et Kankurô m'entraînaient loin de Sasuke, loin des ninjas de Konoha. Je me laissais guider, un temps affaibli.
Et je me retrouvais une fois encore face à Sasuke. Cette fois, j'avais repris du poil de la bête, j'étais prêt à en découdre. Je désirais terminer notre combat une fois pour toutes. Je voulais le tuer.
Mais je me sentais bizarre. Comme si une très forte fièvre me consumait à l'intérieur. Alors qu'à l'extérieur, je ne m'étais jamais senti aussi... puissant. Je pouvais sentir cette énergie en moi, luttant pour se manifester. Je savais qu'il s'agissait de Shukaku. Peu à peu, mon corps se transforma. J'avais plus ou moins pris l'apparence du démon à une queue. C'est que j'avais une telle soif de sang, une telle volonté de massacrer... Ce fut un jeu d'enfant d'immobiliser la gêneuse aux cheveux roses. Quant à Sasuke, il était affaibli par l'utilisation intensive des "mille oiseaux".
J'allais en finir lorsqu'un coup de pied me dévia de ma trajectoire.
Lui ! Ce looser ! Il avait beau avoir gagné son combat contre Neji, je le considérais toujours comme un perdant sans envergure. Comment osait-il s'en mêler ?
Ah mais c'est qu'il avait du répondant ! Comment était-ce possible ? N'étais-je pas le plus fort, l'arme ultime ? Ce Naruto, j'allais le briser. En commençant par éliminer ses précieux amis. Amis ! Quel mot intolérable ! Ce mot que je haïssais, il l'avait tout le temps à la bouche, comme un mantra stupide.
Peu à peu, je sentis ma conscience devenir plus ténue, s'effacer presque tandis que le démon prenait possession de tout mon corps. Avec le sommeil du Tanuki, j'étais certain de remporter la victoire. Et tant pis si cela signifiait laisser ce monstre en moi faire des siennes !
Soudain, la douleur. Vive. Comme si on m'avait écrasé le front contre un mur de briques. Réveillé, je vis devant moi Naruto, du sang plein le front. Du sang également sur le mien.
Le démon disparut, ainsi que le crapaud géant qu'avait invoqué mon adversaire. Je me retrouvais allongé à même le sol, épuisé, faible, incapable de bouger un muscle.
Et je le vis, lui, en aussi mauvais état que moi, et qui rampait vers moi. En d'autres temps, ce spectacle m'aurait amusé. Là il me fit peur. Où trouvait-il cette force ? Où avait-il puisé ce chakra lui permettant de créer autant de clones, d'invoquer cette bête immense, quelle énergie lui avait permis de m'infliger le coup décisif ? Il était censé être un faible. Je ne comprenais plus rien...
Les mots qu'il prononça alors m'apprirent que lui aussi... Lui aussi abritait un démon à queues, et lui aussi avait connu la solitude à cause de ce monstre. Ses paroles me disaient combien il me comprenait. C'était la toute première fois que je me sentais proche de quelqu'un. Personne, pas même Yashamaru, n'avait parlé à mon cœur ainsi.
Naruto parlait mon langage. Sa souffrance était la mienne. Avec une différence. Lui, il n'avait jamais abandonné. Malgré le rejet, la suspicion et la haine, il avait persévéré. Cherchant à tout prix à se faire accepter. Était-ce là la clé ? Était-ce là la réponse qui me manquait ? Il disait qu'il se battait pour ses amis. Un hôte, avoir des amis... Si lui en avait, pourquoi pas moi ? Oui mais j'avais essayé jadis, j'avais tout essayé... Peut-être pas assez. Sans doute aurais-je dû insister.
Toutes ces années à me méfier et à haïr tout le monde, à commencer par ma propre famille... Etais-je donc dans l'erreur depuis tout ce temps ? Mon existence ne se résumait donc pas au nombre de gens que je pouvais tuer. Je n'avais pas besoin de ça pour exister.
Naruto Uzumaki, je te prenais pour un perdant. Tu m'as montré que j'avais tort. Car tu m'as vaincu.
Plus tard, comme pour me prouver que j'avais commencé à changer :
— Temari, Kankurô... pardon.