Red Memories / Tome 1 : Tainted Love

Chapitre 6

Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:26

Patrick prit une grande inspiration pour affronter la nouvelle. Il regarda Gibbs dans les yeux. Celui-ci cherchait à l'évidence les mots pour ne pas le blesser :
- L'état de Daniel s'est considérablement aggravé, déclara-t-il. Ils ont dû l'opérer en urgence. Je vous ai apporté son dossier, ils vous attendent.
- Moi ? Mais pourquoi ?
- Vous verrez bien, je vous ai fait un plan pour aller jusqu'à Bethesda.
- Vous ne venez pas ?
- Non, je garderai Shanna.
Même si Patrick était complètement désorienté, il ne perdit pas une seconde. Il fonça mettre ses chaussures et prit la voiture de Gibbs avec le dossier de Jones. Il ne savait qu'à moitié ce qu'il faisait, il craignait le pire pour Daniel...

Hopital de Bethesda, 00h05.
Par miracle, Jane était arrivé en un seul morceau. Il alla directement à l'accueil :
- Bonsoir, je suis Patrick Jane, je viens pour Daniel Jones.
- Attendez, je cherche.
La femme tapa sur son ordinateur puis indiqua à Patrick le chemin à suivre. Il alla dans le service des soins intensifs. Un médecin l'attrappa au vol :
- Vous seriez pas monsieur Jane par hasard ?
- Si, je viens pour...
- Suivez-moi.
Il suivit le docteur jusqu'à une chambre ouverte sur un couloir. Avant de rentrer, le mdécin le retenut :
- J'espère que vous n'êtes pas impressionnable.
- Avec ce que j'ai vécu, pas vraiment.
- Dans ce cas...
Le coeur de Jane s'accéléra tellement qu'il crût qu'il allait exploser. Les paumes de ses mains commençaient à transpirer, il avait peur. Il entra dans la pièce. On entendait seulement le bruit de l'appareil de respiration artificielle et de l'électrocardioscope. En découvrant Daniel, Patrick eut un mouvement de recul, il se plaqua une main sur la bouche en retenant sa respiration. Il lâcha le dossier de Jones qui tomba au sol. Il aurait voulut crier mais le son lui manquait, il n'arrivait plus à parler. Allongée dans son lit d'hôpital, branchée à tout un tas de perfusions et d'appareils, Daniel avait la peau tellement décolorée que ses veines se reflétaient par endroit. Elle avait de longs cernes noirs sous les yeux, les joues creuses, le bord du nez légèrement rouge... Ce n'était pas la Daniel que Patrick connaissait, c'était impossible ! Il ne cessait de revoir le visage qu'il avait quitté il y a cinq ans, et de se dire qu'il devait y avoir une erreur.
- Vous êtes sur que c'est ma Daniel ? balbutia-t-il au médecin.
- C'est bien de Daniel Jones, née le 28 décembre 1972 à Nome, Alaska et travaillant au NCIS dont vous me parlez ?
- Oui...
- Alors c'est elle. Je suis désolé, vous voulez vous asseoir ?
- Il faudrait, oui...
Il tituba jusqu'à la chaise installée à côté du lit de Daniel. Il y prit place et regarda la regarda encore. Il vit sa main droite cadavérique posée sur le rebord du lit, il la prit dans les siennes et commença à sentir des larmes couler sur ses joues. Le médecin lui tendit un paquet de mouchoirs, Jane le prit sur ses genoux tout en gardant la main inerte et sèche de Jones avec lui.
- Monsieur Jane, commença le médecin qui ramassait le dossier de la jeune femme. Nous avons dû l'opérer cet après-midi. Sa rate avait doublée de volume, l'arsenic a détruit tant de globules rouges qu'elle était prête à lâcher et lui causer une hémorragie interne. Nous avons été obligé de la lui retirer. L'opération a duré presque sept heures, nous avons faillit la perdre. Nous ne devions pas perdre de temps et avons commencé une dialyse deux heures plus tard. Mais cela risque d'être insuffisant, c'est pour autre chose que je vous ai fait venir...
Il feuilleta le dossier tandis que Patrick cherchait désespéremment une corde où pouvoir se pendre, même un tuyau de douche aurait suffit. Il lança un regard anxieux envers le médecin qui fronçait les sourcils pendant sa lecture.
- Y a un problème ? damanda Jane, au bord du gouffre.
- Non, je regarde juste ses antécédents... Fracture du nez en 1989... Opérée en 1999 d'une balle dans la jambe... Blessure à l'arme blanche à l'épaule en 2005... Rien de bien alarmant. Pas d'allergies, ni de maladies génétiques ou de troubles cardiaques... Je vois qu'elle a une fille, l'accouchement s'est bien déroulé ?
- Euh... Oui, je pense...
- Vous pensez ?
- Je n'y étais pas. Mais, on ne m'a pas parlé de complications et notre fille se porte bien... Mais Daniel a un tatouage, ça peut influencer quelque chose ?
- Je ne crois pas. Bon, vous allez devoir prendre une décision.
- Je vous écoute.
- Nous avons un médicament très efficace contre les empoisonnements de ce genre, simplement, il peut entraîner des effets indésirables tel qu'une tachycardie, une hypertension et des nausées. Ce produit s'appelle Dimercaprol. Il est efficace dans la majorité des cas.
- Et alors ? En quoi dois-je donner mon avis ? pourquoi ne le lui avez-vous pas injecté tout de suite au lieu d'attendre qu'elle soit à moitié morte !
- Parce que dans son état ça peut la tuer.
- Quoi ?
- C'est un médicament puissant, justement, trop puissant peut-être pour qu'elle puisse tenir le choc.
- En d'autres termes, ça la soigne mais ça la tue ?
- Euh, et bien... Non, pas exactement... Mais disons que c'est son unique espoir de survie. Alors, que décidez-vous ?
Patrick resta silencieux quelques secondes. Il s'essuya les yeux, regarda encore Daniel et resserra l'étreinte sur sa main. Après tout, il n'y avait que sa vie en jeu, il y avait aussi l'avenir de Shanna...
- C'est d'accord, donnez-lui le médicament.

Hôpital de Bethesda, 02h30.
Cela faisait maintenant deux heures que le dimercaprol coulait au goutte-à-goutte dans les veines de Daniel. Patrick s'était endormi sur le rebord du lit sans avoir lâché sa main.
- Qu'est-ce qu'on fait, Patrick ?
- Il s'attend à se qu'on ne fasse rien... A ce qu'on prévienne Gibbs, au pire...
- ça ne répond pas à ma question.
- Et si on continuait ce qu'on avait commencé ?
Partick jeta le portable derrière lui, sur le canapé. Il se retourna vers Daniel et recommença à l'embrasser. Celle-ci frissonna et glissa ses mains sur sa poitrine. Même si elle y prenait énormément de plaisir et qu'elle en mourait d'envie, Jones n'avait pas la conscience tranquille. Surtout s'ils étaient surveillés ! Mais bon, après tout, pourquoi refuser ? Elle se laissa succomber au charme de Jane. Leur histoire pouvait durer un soir, une semaine, dix ans, elle n'en avait plus rien à faire. Du moment qu'elle était avec lui, tout allait bien... Ses lèvres, son cou, son corps, elle était toute à lui. Comme John le Rouge l'avait écrit, la nuit avait été longue, très longue. Ils s'aimaient sans se connaître vraiment, c'était la première fois depuis que son épouse avait été assassinée, que Patrick avait une relation aussi approfondie et toride avec une femme...
Lorsque Daniel se réveilla, elle chercha Jane de la main à côté d'elle mais elle ne trouva personne. Elle se releva donc, tenant le drap pour cacher sa poitrine. Ses cheveux étaient dressés en pics sur sa tête, elle passa une main pour les remettre en ordre. Jones entendit du bruit dans le couloir et attrappa son arme de sa main droite. Mais au lieu de ça...
- Coucou ! Tu as bien dormi ?
Patrick tenait un plateau avec un petit-déjeuner joliement arrangé. Daniel pouffa de rire et s'installa bien dans son lit. Jane, habillé de son pantalon gris et de sa chemise bleue, déposa le petit-déjeuner juste devant Jones et prit place à ses côtés en s'asseyant sur le lit.
- Tu dormais tellement bien, je n'ai pas voulut te déranger. J'ai pris une douche et je t'ai préparé ça.
- T'es trop gentil, Patrick, t'aurais pas dû.
Il l'embrassa sur la joue en lui caressant le visage. Daniel commença à manger. Elle regarda son amant, une tartine à la main :
- T'en veux ?
- Non, non, mange, c'est tout pour toi.
- Tout ça ? Mais je vais jamais y arriver !
- Je finirai les restes, t'inquiètes. Au fait, je voulais te dire, t'as un très joli tatouage.
- Merci.
- ça t'as pas fait trop mal ? On dit que les reins c'est l'un des endroits les plus douloureux.
- ça picote un peu... Mais c'est pas vrai ça, ça dépend des personnes et de la répartition de la graisse.
- Ah je vois... Très joli symbole ce coeur spiralé. (*). Je suppose que tu l'as fait pour embêter ta mère ?
- T'es vraiment perspicace, comment t'as deviné ?
- Comme ça... Pas de nouveau sms ?
- Que dalle, répondit-elle en avalant une dernière bouchée de sa biscotte.
Il y eut un moment de silence. Patrick regardait Daniel qui reprennait une biscotte. Il se rapprocha d'elle.
- Je te trouve très belle.
*CRAC* Sous la surprise, Jones avait tellement serré sa biscotte qu'elle s'était brisée. Elle ramassa les miettes et les remit sur le plateau.
- Merci, dit-elle, le rouge aux joues.
Elle entendit une sonnerie. Son portable sonnait sous son lit. Elle avait réussi à le ramener du salon mais il avait glissé. Après deux ou trois contorsions pour l'attrapper, elle décrocha tandis que Patrick enlevait le plateau.
- Allô, Jones.
- C'est Gibbs, lui répondit le patron. La nuit s'est bien passée ? Tu n'as rien à me dire ?
- Oh non, tout va bien, tout va bien...
- Personne ne t'as appellé ?
- A part toi non... Arrête... Non, pas là... ça suffit !
- Quoi ?
- Mais non, c'est pas à toi que je parle... Je disais, y a pas eu d'appels... Non, fais pas ça ! Arrête je te dis !
- Qu'est-ce que tu fabriques ?
- Je crois que je vais te rappeller. Mais arrête ! Ahem, j'ai plus de batterie...
La communication coupa. Sur le coup, Gibbs la crut momentanément schizophrène. Alors que ce n'était que Jane qui faisait encore des siennes. Tandis que Daniel parlait avec son boss, Patrick avait commencé à l'embrasser partout, vraiment partout...
- Il faut juste que tu fasses ça quand Gibbs téléphone ?
- C'est pas drôle sinon.
Ils éclatèrent de rire tous les deux. Patrick s'allongea à côté de Daniel, il se tourna sur le côté droit et caressa la joue de Jones du bout des doigts.
- Patrick...
- Oui ?
- Comment tu fais ? Sans vouloir faire remonter de mauvais souvenirs, comment tu arrives à te reconstruire après ce qui est arrivé à ta famille ? Je n'ai jamais été mariée mais j'imagine à quel point tu as dû avoir mal...
- J'ai eu des moments difficiles... Très difficiles... J'étais devenu à moitié fou, il m'avait enfermé à l'hôpital psychiatrique. Mais, disons que, ça ne sert à rien de se morfondre. Aujourd'hui, j'arrive à me faire à l'idée qu'elle est partie, même si je lui parle de temps en temps, il vaut mieux se souvenir des bonnes choses. Et après tout, si je dois refaire ma vie, autant que ce ne soit pas avec n'importe qui. J'attendais de trouver la bonne personne.
- Et tu crois l'avoir trouvée ?
- Bah... Tu penses vraiment que j'aurais passé la nuit avec toi si ce n'était pas le cas ?
Elle l'embrassa sur les lèvres.
Qui osait encore venir tirer Patrick de ce moment magnifique ? Il ouvrit un oeil et sentit quelque chose sur son dos. Une couverture ? Les cheveux en bataille, il chercha qui avait bien put la lui mettre. Il faillit avoir une attaque en voyant Abby rentrer.
- Pardon, je voulais pas vous faire peur. J'vous ai mit une couverture, j'ai pensé que vous aviez froid. Vous vous souvenez pas de moi ?
- Mais si Abby, je me souviens de vous.
Elle lui sourit et alla lui faire un câlin. Puis, elle regarda Jones, toujours insconsciente.
- Pourquoi ils l'ont branchés à tous ces trucs ? Ne t'en fais pas Daniel, je retrouverai le salaud qui t'as fait ça. Et quand je l'aurai, je me ferai un collier avec ses tripes ! Je crois que Gibbs aussi veut sa part, Ducky n'en parlons pas. Il brûle d'impatience à l'idée de pouvoir le disséquer vivant. Allez ma Danny, faut pas que tu nous laisse... S'i te plaît...
Elle n'eut pour réponse que la respiration forcée de Jones et le bruit de son électrocardioscope.
- Ils lui ont mis un médicamment, Abby. Je ne me souviens plus de son nom, mais ils ont dis que ça pouvait la guérir.
- C'est génial !
- Oui sauf que... Il se peut qu'elle ne survive pas. Elle est trop faible d'après eux.
- Danny n'est jamais faible. Depuis que je travaille avec elle, soit sept ans, je ne l'ai jamais vue baisser les bras. Surtout maintenant qu'il y a Shanna, croyez-moi, elle a beaucoup changé. Sa rage est encore plus forte. Et puis, elle vient du froid, c'est pas des mauviettes là-bas !
Jane sourit. Il savait combien les deux femmes étaient proches, autant que des soeurs.
- Allez Danny, même DiNozzo a survécu à la peste, tu dois t'en sortir !
- DiNozzo a eu la peste ?
- Oui... Il était dans un sale état lui aussi. Daniel n'était pas là quand ça s'est passé, elle était en congé maternité sur ordre de Gibbs. Ah ça, quand il a su qu'elle était enceinte, il l'a mise direct en arrêt. Même le bureau n'est pas un endroit sûr, la preuve... Tant qu'on est là, vous voulez que je vous parle de Shanna ?
- Pourquoi pas, ça me tiendra éveillé.
- Alors, son anniversaire c'est le 10 octobre. Elle adore les histoires de fantômes et les bonbons à la framboise. Sa meilleure amie s'appelle Lola et...
- Elle a bougé !
- Qui ?
- Daniel ! Elle a bougé !
- C'est pas vrai !
Patrick bondit de sa chaise, il ouvrit la paume de sa main où il tenait celle de la jeune femme. Les doigts de Jones frémissaient, se levaient. Jane et Abby se penchèrent au dessus d'elle.
- Daniel, Daniel c'est Abby, tu m'entends ?
Ses yeux remuaient derrière ses paupières closes. Dans le stress, Jane broyait la main de Daniel. Le silence oppressant avait envahi la chambre. Patrick faillit tomber à la renverse lorsque ses paupières s'entrouvrirent. Daniel ouvrait enfin les yeux...

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