Les griffes de Noël

Chapitre 1 : Les griffes de Noël

Chapitre final

3417 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 01/11/2021 16:38

L’hiver, la saison du froid et la dernière de l’année. Une ère synonyme de tempête et de catastrophe mais aussi de fête et d’amusement. Des petits flocons de neige aussi blancs que les ailes protectrices d’un ange descendent du ciel pour se poser sur le sol d’ores et déjà recouvert d’une épaisse mais tendre couche sur le sol bloquant la route. Des véhicules de services hivernaux passent dans la ville de Springwood dans L’Ohio aux Etats-Unis d’Amérique. Alors que les agents communaux font leur travail, les enfants couverts de leurs doudounes, bonnets et gants jouent dehors près de leurs maisons. Batailles de boules de neiges, construction d’un adorable bonhomme souriant, plonger tête baissée dans le lit blanc et être embrassé par sa douceur. Les magasins sont remplis de clients qui souhaitent se fournir en cadeaux et décorations. La fête de Noël arrive à grand pas et certaines personnes l’attendent avec précipitation. Dont une jeune femme vivant seule dans la nouvelle habitation ayant le numéro 1984 se situant dans l’avenue voisine à celle d’Elm. La rue d’Elm était assez réputée dans cette ville à cause d’une légende urbaine. La propriétaire, madame Nancy Thompson dévore un caramel mou et délicieux alors qu’elle termine la préparation d’un sapin dans son salon. Le petit arbre est entouré d’orbes de cristal, de guirlandes scintillantes et de ruban de couleur rouge comme ses lèvres. Une fois cette tâche accomplie la jeune femme se concentre désormais sur la pièce en elle-même ou un magnétophone à cassette joue les musiques hivernales. Elle se laisse emporter par la mélodie et chantonne les paroles à son tour. Tournant la page de son calendrier pour révéler le jour actuel : le 25 décembre, elle dépose des chaussettes de noël sur la paroi de la cheminée avec des sucres d’orges à l’intérieur, des accessoires sur la fenêtre, ainsi que le bois nécessaire pour amener la chaleur bienveillante.


- Enfin terminé. Plus qu’à terminer également le repas et tout sera prêt. 


Ceci attendra car quelqu’un vient de sonner à la porte. Elle l’ouvre pour voir son père, l’officier Donald Thompson qui l’accueille avec un câlin la surprenant. Son paternel est d’habitude collecté et réservé.


« - Salut Nancy. Je suis ravi de te voir. Comment vas-tu ?

- Salut papa. Je vais bien merci. Entre je t’en prie. »


Ne se faisant pas prier, il exécute sa demande. Laissant son blouson sur le porte manteau, les flocons de neige fondant et coulant en conséquence sur le sol. La petite famille s’installe confortablement devant le feu ardent pour se réchauffer et déguste un vin chaud et des verrines d’avocats concocter maison. Ils discutent de tout et de rien, rigolant au point d’en avoir mal au ventre. Nancy est reconnaissante de ressentir cela après ce qui lui ait arrivé. Une expérience traumatisante à cause d’un esprit démoniaque qui vous attaque dans vos rêves. Là où il est le maître absolu laissant vulnérable ses proies. Sa propre mère n’a pas pu échapper au triste sort qu’il réserve pour ses victimes. La vision d’une paire de lame fracassant le crâne et transperçant les globes oculaires de la figure maternelle lui donne envie de vomir. Elle agrippe un ourson brun en peluche sur le canapé, son ‘Choubidouminou’ d’enfance que son père lui avait achetée il y a des années au parc d’attraction du coin et le serre si fort qu’elle l’aurait tué s’il était vivant.


- Tu penses à lui n’est-ce pas ? 


Cette remarque de son paternel la sort de ses pensées. Elle décide de se calmer en respirant profondément, sa main droite se posant sur sa poitrine, touchant la pointe de son bijou argenté collé à son cou, un souvenir donné par sa mère.


« - Je mentirais si je disais non…

- Soit tranquille. On n’a plus entendu parler de lui depuis… l’événement dernier. Mes collègues et moi-même n’avons pas déniché de cas signifiant un potentiel retour.

- Je l’espère vraiment. Je vais en profiter pour terminer le dîner. Profite des apéritifs et de la télé si tu veux. Oh ! Si le feu commence à s’éteindre peux-tu chercher des planches déjà découper dans le jardin dehors s’il te plaît ?

- Pas de problème…mon chou ! »


Ces derniers mots la mettent mal à l’aise. Il y avait une teinte de malice à l’intérieur. Mais elle n’y prête pas attention et préfère mettre cela sous le compte du stress. Elle examine la dinde qu’elle avait commencé à cuire et constate qu’il reste encore une dizaine de minute de cuisson. En attendant elle coupe quelques rondelles de saumon et foie gras qu’elle pose et tartine, pour le pâté, sur des toasts. Rapidement, un silence pesant s’invite ce qui amplifie son anxiété.


- Dit papa… tu penses qu’il est vraiment mort maintenant ? Hein ? …Papa ? 


Son père n’est plus là. Son verre à moitié vide est toujours sur la table mais aucune trace de lui. Elle crie son nom plusieurs fois, en vain. Cherchant la maison de fond en comble inutilement.


- Ce n’est pas drôle tu sais ! Ou es-tu ? 


Sortant d’une des chambres à l’étage, elle descend de l’escalier et voit un écriteau de bois séché sur la porte d’entrée :

« Viens dehors mon choupinet. Viens jouer avec papounet ! »


Cette blague morbide ne l’amuse pas du tout. Elle peine à croire que son père puisse jouer comme ça avec elle après son traumatisme. Une pensée plus terrifiante entre son esprit. Et si la créature qui l’avait tourmenté était de retour. Titubante, elle peine à saisir le téléphone fixe sur la table de la cuisine dans l’espoir d’obtenir de l’aide. Pas de réseau. Mais elle ne peut pas laisser les choses se dérouler de cette manière. Son père est sûrement en danger. Prenant son courage à deux mains elle enfile son manteau et bottes puis sort de la maison pour observer une ville fantôme. Personne dehors. La neige pure et magnifique est remplacée par de la glace craquante grisâtre, non glissante. Les décorations électriques s’éteignent les unes après les autres. Les bonhommes blancs sont déformés prenant une allure grotesque, la carotte qui sert de nez est tombante et il manque un œil à chacun. Elle avance prudemment jusqu’à voir une scène jouer devant elle. Une vue qu’elle reconnaît instantanément. Trois petites filles en robe blanche, deux faisant sauter à la corde la dernière, chantant une chanson :



« - Petit Papa Noël.

- Quand tu descendras du ciel.

- Avec des jouets par milliers.

- N’oublie pas mon petit soulier… »


Elles continuent avec la chanson originale jusqu’à ce que vienne la répétition du couplet. A ce moment-là, leurs regard dénués de vies percent l’âme de la pauvre femme et donnent à la chanson un ton plus froid et maléfique :


« - Petit Papa Noël.

- Quand tu reviendras des enfers.

- Avec tes crucifix par millier.

- N’oublie pas de rester éveiller… »


Ces paroles si familières éveillent le trauma subit par le monstre. Les mains sur son visage elle supplie les enfants de s’arrêter. Un souhait qui se réalise. Mais à peine elle eut le temps de reprendre son souffle qu’un gant brun en caoutchouc avec des lames comme doigts tapotent son épaule droite. Elle se retourne lentement et est horrifié de voir son agresseur passé. Le démon d’Elm Street : Freddy Krueger.


- Salutation ma chère Nancy ! Cela fait longtemps. 


La peur l’empêche de formuler le moindre mot. Elle recule alors qu’il avance vers elle. Gardant une petite marge comme manœuvre de sécurité. Il n’a pas changé depuis leur dernier affrontement. Il porte toujours un chandail à rayures rouge et vert foncé et un fédora sur sa tête sévèrement brûlée.


« - Mon trésor, tu m’as manqué tu sais. Je vois que tu me crains toujours. C’est bien ! Tel un lapin tu prends la fuite à mon regard. Cours, cours mon joli lapinou !

- Comment es-tu en vie espèce de monstre !? Je t’avais vaincu à ton propre jeu ! »


Un rire démoniaque résonne dans l’air. Un ton moqueur et perfide qui compresse la volonté de la victime.


- Ce n’est pas très gentil ce que tu dis là. Ton père ne t’a appris les bonnes manières ? 


Il l’attire vers lui comme un aimant grâce à une force inconnue et tire les cheveux boursouflés de Nancy pour mieux voir ses yeux bleus remplis de crainte.


- Je t’ai laissé gagner notre dernière partie. Cette fois tu ne m’échapperas pas et personne ne viendra t’aider. Mais avant cela jouons ensemble en l’honneur du bon vieux temps. 


Il la relâche la laissant courir et passer devant maintes maisons et autres bâtiments publics tel que l’école du quartier ou l’hôpital. Elle perd de vue son démon mais aussi elle-même, le chemin de plus en plus ardu, le souffle manquant dans ses poumons à force de courir de manière effrénée commence à troubler sa vision. La voix de Freddy écho dans l’air, jouant avec ses émotions en continuant de chanter la comptine des trois petites filles.


« - Nancy, avant de partir.

- Tu dois penser à bien te couvrir.

- Mes griffes de glace risquent de laisser des traces.

- Et ta peau deviendra rouge écarlate ! »


Sans prévenir, il se téléporte devant alors qu’elle avant le dos tourné et attaque avec son gant pour charcuter le et manteau et pull-over de sa proie laissant des déchirures sur la partie centrale et sur chaque épaule. Heureusement, pas de blessures graves. Elle fonce vers un magasin multimédia pour se cacher. Reprenant son souffle elle constate qu’elle se trouve dans la réserve. Elle est encerclée par des dizaines et des dizaines de téléviseur superposés les uns sur les autres. Elle a l’impression d’être dans une salle des miroirs mais une issue de secours est perceptible. Elle entend les pas lourds et lents du revenant jouant avec ses griffes qu’il fait grincer sur les murs. Un son strident abîmant le tympan de sa proie. Sentant sa présence approcher, elle se dirige vers l’issue de secours mais sa marche se coupe lorsque le visage de Freddy recouvre tous les écrans. Tel un prestidigitateur il invoque de la vapeur entourant le corps de Nancy. A l’image de ce qu’il va lui présenter à l’écran. Celui-ci est dans un crématorium, éclairé par une lumière infrarouge, rempli de fournaises brûlantes et étouffantes. Relâchant des jets fumants torrides. A l’intérieur, le père de Nancy est attaché à un lit, le corps et la bouche attaché à des cordes bien serrés. Freddy touche son visage défiguré et complètement brûlé tout en écorchant le visage du paternel avec ses griffes.


« - Tu veux savoir comment j’ai obtenu ses cicatrices. Comment je suis devenu le maître des rêves ? C’est très simple. Les adultes de cette ville m’ont puni sauvagement à cause de mon…attitude dérangeante envers les enfants du quartier. Et bien il est temps que je rende l’appareil à l’un d’entre eux.

- Laisse le tranquille ! C’est moi que tu veux !

- Oh mais ne t’en fais. Je compte encore m’amuser avec toi. »


Il prend le chapeau comme s’il priait pour le salut du futur défunt. Avant de s’esclaffer de rire et d’envoyer le corps dans le feu ardent. Le résultat est un soldat carbonisé hurlant à sa fille de l’aider. Celle-ci est impuissante, elle frappe la télévision en face d’elle avec ses poings remplis de colère. Freddy ricane face à cette tentative désespérée mais n’aime pas ce regard agressif que porte la jeune femme. Il préfère l’horreur. Comme par magie, ses bras sortent de l’écran pour agripper les épaules de Nancy.


- Si tu voulais autant le rejoindre il suffisait de demander. 


Elle réussit néanmoins à se débattre et s’échapper de son emprise corporelle. Elle fuit le magasin pour arriver devant l’ancienne maison de Krueger avant sa mort portant le numéro 1428. L’habitation type américaine est délabrée, sans vie. Le semblant de nature à reprit ses droits. Les branches des arbres morts aux alentours recouvrent les fenêtres à l’étage et au rez-de-chaussée. Elle ramasse une branche assez épaisse au sol pour s’en servir comme une arme. Ne perdant pas de temps elle descend dans le sous-sol pensant trouver son père. Elle tombe sur la vision d’horreur de l’émission du croque-mitaine. Prudemment elle continue vers la lumière des enfers et finit par trouver le four ou devrait reposer son père. En ouvrant le mécanisme, une fumée noire s’échappe bloquant sa respiration. Elle évacue se rejet toxique en toussant fortement. Une fois le nuage évaporé elle voit le reste d’un corps carbonisé. Sombre de peau il ne reste que les os au niveau des jambes et sur certaines parties des bras et de la poitrine. Plus de cheveux et l’œil gauche a fondu. L’envie de vomir est prenant, Nancy pose retient son estomac et sa bouche pour éviter de relâcher un jet à l’inverse des larmes qui coulent sur sa teinte rose. Alors qu’elle essaye de se calmer, le cadavre se met à trembler de manière hystérique. Debout, manipulé comme un pantin il avance vers sa tendre fille en proclamant des mots presque inaudibles à cause de sa mâchoire détruite. N’ayant pas d’autres choix Nancy utilise son arme tel une batte de baseball et envoie valser la tête déjà amoché vers le mur à proximité, décapité. Des applaudissements retentissent tel un écho.


- Bravo, Bravo ! Quel courage face à l’adversité ma chère. Tuer son propre père… Tu veux un câlin pour te réconforter ? 


Le sadisme de Krueger n’a pas de limite, torturant psychologiquement et physiquement ses victimes est un plaisir pour ses yeux. Sa silhouette prend forme de plus sous le brouillard former par la chaleur environnante. Ses yeux jaunes démoniaques contemplent la figure persistante mais cachant de l’intimidation de Nancy.


« - Je n’ai pas peur de toi. Tout ceci n’est qu’un rêve. Une fois réveillé tu seras vulnérable.

- Mais est-ce vraiment un rêve ou un fragment de ton imagination déganté ? Peut-être que je suis réel ou peut être pas. Ton esprit est toujours traumatisé de notre véritable rencontre. Je peux de donner ta réponse. Viens à moi et laisse-moi te montrer la voie à suivre. »


Ne lui faisant pas confiance elle opte pour l’offensif attaquant avec adrénaline et lucidité. Parant les griffes avec sa branche et gardant de la distance. Mais son arme ne durera longtemps. Sachant cela, elle joue avec son rêve lucide et crée une brume encore plus épaisse pour aveugler son assaillant. En vain, Freddy la retrouve facilement, la saisie par le cou, l’étranglant.


- Petite sotte. As-tu oublié que je suis le maître…non… le démon des rêves ! »


Il caresse délicatement le doux visage féminin avec ses lames, son visage maudit s’approche jusqu’aux oreilles, son souffle putride infectant le tympan. Son étau se refermant de plus en plus. L’air dans les poumons est un luxe qui s’évanouit de secondes comme secondes. Nancy perd pied et connaissance à vue d’œil. La dernière chose qu’elle aperçoit avant de succomber est Freddy mettant son index sur sa bouche comme pour lui dire de se taire, ou de savourer ses derniers instants avant de s’apprêter à déchirer son visage. Alors que les ténèbres englobe sa visibilité elle émet un cri strident. La sueur coule sur son front, son cœur battant à toute vitesse. Elle ouvre les yeux et est aveuglée par une lumière qui semble venir des cieux. Elle regarde frénétiquement autour d’elle. Ses pupilles dilatées observent une chambre à la peinture bleue. Une petite lampe de chevet sur sa droite tombe par terre et se casse en mille morceaux à cause de sa folie. Elle se lève en sursaut dans un lit, sa respiration rapide et tremblante. Elle reconnaît cette pièce comme étant sa chambre personnelle. Il n’y a aucune blessure physique sur son corps et on peut entendre les cris d’amusement des enfants dans la rue. Sa robe de chambre blanche fait ressortir son corps intact grâce aux rayons lumineux. Elle se lève doucement, sans précipitation et avec méfiance espérant qu’il ne s’agit pas d’un nouveau tour que lui joue Freddy Krueger. Elle ouvre la fenêtre, laissant l’air frais et pur entrer dans ses narines. Plusieurs minutes passent et rien d’inhabituelle ne se produit. Un peu plus sereine, elle saisit son téléphone portable posé sur la table de chevet pour savoir si son père va bien. A son grand soulagement et bonheur, il répond à son appel.


« - Oui ma puce ?

- Hé papa…

- Quelque chose ne va pas ?

- Non…ça va. Juste un horrible cauchemar.

- Krueger je suppose.

- Oui…

- Ce monstre est bien décidé à nous hanter. Même dans la mort.

- Comme dit ce n’était qu’une illusion. Je ne suis pas blessée. C’est juste mon esprit qui me joue des tours.

- On n’est jamais trop sûr. Est-ce que tu veux passer Noël dans une autre ville pour être certaine ?

- Oui cela nous fera du bien. D’ailleurs, on est quel jour aujourd’hui ?

- Le 25 décembre. »


Son sang se refroidit devant cette remarque. Son rêve s’est déroulé aujourd'hui ou plutôt risque d'arriver. Est-ce une vision qu’elle a reçue ? Un avertissement ? Il est clair que quitter la ville est la meilleure option. Inutile de jouer avec le feu ou prendre un tel risque.


« - J’aimerais qu’on se prenne des vacances et qu'on quitte la ville pendant un bon moment. Passez noël et même le nouvel an loin d'ici. J’ai un mauvais sentiment….

- Je vais voir avec mon supérieur mais cela devrait être possible. Je te tiens au courant. S’il y a quoique ce soit n’hésite pas à m’appeler.

- C’est promis. Je t’aime papa, bisous.

- Je t’aime aussi, bisous. »


Raccrochant, elle songe à prendre une bonne douche fraîche pour rester éveiller. Quittant la chambre elle ne remarque pas le sang coulant en-dessous de son lit. Son nounours tombe du matelas, sa tête regardant l’obscurité du fond du meuble, ses yeux reflétant une inscription bien réelle.


Le père Freddy te souhaite joyeux noël mon enfant !

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