Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 40 : L'armée nécromantique

4869 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/02/2020 19:00

Cyrus est le premier à se lancer sur l’homme.

Cet « érudit », si cet homme mérite le terme, n’a pas le droit d’utiliser le savoir, et encore moins le droit de capturer des gens pour ses propres expérimentations. Cyrus doit protéger l’honneur de ce métier, ainsi que la jeune femme encore dans la cellule.

Cependant, l’homme jette des gouttelettes de sang, provenant de sa faux, sur le sol. Cyrus s’arrête une seconde.

Alfyn derrière lui prend sa hache et fonce sur l’homme, mais Cyrus l’arrête.

-Cyrus ! S’écrie Alfyn

-Non, attends, le sang… Commence Cyrus

-Hehehehehe… Ricane l’homme

Soudain, le sang semble se relever, se redresser, comme s’il était vivant…

Et enfin, le sol se craquelle, et quelque chose sort.

Des os.

Des os, formant à présent un squelette, se tenant debout. Et pas un seul. Une véritable muraille de squelettes s’est formée devant l’homme. A raison d’un squelette par gouttelette, et que l’homme porte un plein pot, Cyrus comprend immédiatement que ce combat ne sera pas chose aisée.

-C’est pas vrai !

-Je suis Gidéon, Le nécromancien. Et je vous invite a expérimenté mes nouveaux soldats !

-Mince, ils sont si nombreux ! Peste Alfyn

Il recule de quelques pas. Hache toujours à la main.

-Comment on va faire pour… Tente l’apothicaire

-Attention ! S’écrie Olberic

Il se jette derrière Alfyn, pour parer un coup. Le squelette se fait détruire par la lame d’Olberic.

H’aanit s’arme d’une flèche, et tire sur un squelette qui s’approchait dangereusement de Cyrus. Cyrus se recule. Thérion part enfin de la cellule, et attrape sa dague.

-A quoi ces squelettes pourraient être sensible ? Lance Cyrus

-On s’en fiche, notre cible, c’est ce Gidéon ! Répond Thérion

Il bondit au-dessus des ennemis, et tente d’attendre Gidéon. Cependant… Ce dernier recule, et lance des gouttes de sang à nouveau. Thérion s’apprête à atterrir avant, pour partir avant de se retrouver piégé…

Mais c’est trop tard. Les squelettes apparaissent, et de leurs os acérés, lacèrent le corps de Thérion.

Il ne crie pas, ne gémit même pas, mais des blessures de plus en plus importantes apparaissent sur lui. Il a mal. Mais hors de quelques de l’admettre à ces squelettes même pas en vie.

Thérion recule, titubant légèrement.

-Thérion ! S’écrie Alfyn

-Ça va, idiot ! Rétorque Thérion

Il s’arme de sa dague, et la plante solidement dans l’un des os des squelettes. Cependant, la dague refuse d’en sortir. Thérion se concentre alors, et utilise un sort de feu sur sa dague.

Le crâne du squelette semble fondre, et Thérion peut retirer sa dague, alors que le squelette tombe au sol, inerte pour de bon.

-FEU !!! Il crie

Cyrus fait une note mentale, et sort un tome, préparant plusieurs boules de feu.

Plus loin, H’aanit et Linde se battent dos à dos. H’aanit couvre les arrières des autres, Linde couvre les arrières de H’aanit.

Mais la chasseuse n’est pas idiote. Ses flèches ralentissent l’ennemi, c’est sûr, mais sans les tuer. Et elle ne maitrise qu’une faible magie de foudre…

De toute manière, elle ne peut pas se permettre de foncer dans la bataille, épée en main. Même si elle commence à la maitriser, elle doit veiller de loin sur ses… Camarades.

Elle se retourne cependant régulièrement vers Linde. Ses crocs sont inefficaces… Mais ses griffes, en revanche, font craquer et se détruire les crânes… Et les griffes de Linde sont connu pour une chose.

-EPEE !!! Crie H’aanit

Olberic entend le message. Sortant son épée, il se met en position, et tournoie autour de lui. Une dizaine de squelettes disparaissent. Brisés.

-EPEE !!! Il renchérit

Mais Alfyn ne porte pas d’épée. De sa hache, il broie sans ménagement les os des squelettes. Et il hurle, étrangement au comble du bonheur :

-HAAAAAAACHE !!!

Il éclate de rire, avant de détruire d’un coup puissant six squelettes.

Les armes sont décidées. La chasseuse remarque alors H’aanit se rapproche des autres, et range son arc, pour courir, hache à la main.

Elle détruit quelques squelettes. Mais tourne la tête. Un autre arrive. Encore un autre. Elle les détruit. Mais il y en a trop.

Et Gidéon continu d’en invoquer. Son flacon semble ne jamais se vider… Et les voyageurs fatiguent…

Cyrus envoie quelques boules de feu. Et même un incendie. A droite. A gauche. Il n’a bientôt plus de force.

Il recule un peu. Olberic et Alfyn ont l’air de s’en sortir. H’aanit aussi. Il est rassuré, une seconde. Puis envoie une boule de feu devant lui. Les squelettes continuent de venir…

Fichus squelettes…

-Il faut qu’on attaque Gidéon ! On ne pourra pas tenir lon… Commence Alfyn

Il est coupé par un squelette qui lui donne un coup dans le dos. Alfyn fait quelques pas en avant. Il reprend sa hache.

-Alfyn ! Tout va bien ? Lance H’aanit

-Plus ou moins… Prend ça ! Répond Alfyn en tuant un ennemi

Thérion recule à son tour. Ses blessures toujours rouges. Il se retrouve rapidement dos à dos avec Alfyn.

-Tsk ! Ils m’ont fait plus mal que prévu ! Peste Thérion

-T’inquiète Thérion ! Je sais que tu vas pas… Tente Alfyn

-Pour dire des phrases aussi bateau, franchement, ne dis rien !

Cyrus regarde autour de lui. Des squelettes, des squelettes, encore des squelettes…

-Trop de squelettes… Souffle Cyrus

-Je serais ravi de pouvoir étudier votre sang ! Ricane Gidéon

-AELFRIC !!!

Soudain, d’immenses colonnes de lumières apparaissent tout autour des voyageurs. Ils ferment un peu les yeux, éblouis. Et lorsqu’ils les rouvrent, il n’y a plus de squelettes.

Juste Primrose et Ophilia devant l’entrée de la salle.

-Ophilia ! Primrose ! S’écrie H’aanit

-On arrive à temps on dirait… Souffle Primrose

-Comment vous êtes vous retrouvé dans une situation pareille ! Fait Ophilia

-Alors ça… Peste Thérion

Cyrus se tourne vers Gidéon. Ce dernier est surpris, mécontent, mais se ravise vite. Il commence à reprendre sa faucille, à la trembler dans le sang…

-Non !

Cyrus court vers Gidéon. Mais il n’a pas le temps de préparer un sort.

Il attrape alors l’épée d’Olberic à sa ceinture. Il fonce vers Gidéon. Se concentrant. Une aura apparait autour de lui.

Et avant qu’il ne puisse sortir sa faucille du bocal, Cyrus donne un coup d’épée dans le ventre de l’érudit corrompu.

Gidéon recule, et tombe au sol. Un silence s’installe. Personne n’ose bouger.

-Cyrus… Murmure Olberic

Cyrus se retourne.

-Désolé, Olberic, j’aurais dû te prévenir.

Il tend son épée à Olberic.

-Je n’avais pas le temps pour un sort. Et j’avais quelques compétences à l’épée.

-C’était impressionnant. Complimente Olberic

-Mes compliments. Sourit H’aanit

-Tu nous en cache d’autres des comme ça ? Demande Thérion

Olberic sourit, Cyrus fait de même, et se tourne vers Gidéon. Il gigote encore au sol.

-Le savoir ne devrait pas être utilisé ainsi. Pourrais-tu le comprendre ?

-Le savoir est un don, cher ami. Ceux qui ne le possèdent pas ne méritent pas… Tente Gidéon

-J’en ai assez entendu.

Cyrus ferme les yeux, et d’un petit glacier, l’érudit corrompu sombre dans l’inconscience.

-Tu aurais dû… Commence Primrose

-Je suis un érudit, pas un meurtrier. Coup Cyrus

Cyrus se tourne calmement vers Thérion. Celui-ci comprend, et part vers la geôle. En quelques coups experts, la cage s’ouvre.

-Ophilia, tu penses que tu peux les réveiller ? Demande Cyrus

-Sans aucun problème ! Sourit Ophilia

Elle court à la geôle. H’aanit la suit, accompagnée de Cyrus et Olberic. Alfyn s’approche de Thérion.

-Laisse voir tes blessures.

Thérion tend son bras vers Alfyn en soupirant.

-Les garçons. Je peux savoir ce qu’il s’est passé ici, exactement ? Demande Primrose

-En gros ? Insiste Thérion

-En gros.

-Un érudit corrompu qui fait des pierres magiques avec le sang des gens. Répond le voleur

-… Oh.

Thérion ne peut s’empêcher d’esclaffer un rire devant la tête de la danseuse. Mais il se reprend vite.

-Aïe !

-C’est de ta faute ! Fait Alfyn. Arrête de bouger !

Dans la cage, il y a trois personnes. Une jeune fille, un jeune homme, et un homme plus âgé. Ophilia s’agenouille. Elle ferme les yeux, concentrant son pouvoir. Finalement, les deux hommes ouvrent les yeux, et la poitrine de la femme commence à se lever et s’abaisser de manière régulière.

(Ouf ! Ils sont toujours en vie, comme je le pensais.) Pense Cyrus

-Que s’est-il passé ? Demande un homme

-N’ayez crainte, votre ravisseur a été vaincu. Sourit Ophilia

Elle aide le vieil homme à se relever.

-Rentrez chez vous, maintenant.

-Merci, ma sœur. Sourit le vieil homme

Il s’incline un peu. Le jeune fait de même, et les deux partent plus loin. Cyrus les regarde partir en souriant. Puis, il remarque quelque chose sur le sol. Un livre.

-Cyrus ? Fais Primrose

L’érudit s’approche du livre.

-Qu’est-ce que c’est que ça ? On dirait…

Il pousse presque un cri de surprise.

-Un exemplaire d’Au fin fond de l’enfer !

-C’est vrai ?! S’exclame Alfyn

-C’est exceptionnel ! Sourit Olberic

Cyrus prend le livre, et le regarde un peu. Puis, il ricane à moitié.

-Ah, je me suis réjoui trop vite.

Il se tourne vers les autres.

-Ce n’est qu’une version abrégée, traduite en langue moderne.  Et mises à part des instructions rudimentaires sur l’exécution des rites et les réactifs requis… tous les autres détails ont été omis.

-Oh, quel dommage… Souffle Ophilia

-Je suppose que nous devrons chercher encore. Reprend H’aanit

Cyrus soupire, et continu de le feuilleter.

-Il ne mentionne même pas les usages possibles de ces cristaux de sang.

-Qui pourrait avoir besoin de telles… Horreurs…

Alfyn regarde autour de lui.

-Combien de personnes y sont passés.

-Tiens donc… Un morceau de parchemin semble avoir été glissé entre les pages. Lance Cyrus

Cyrus sort, justement, un morceau de papier bruni par le temps du livre.           

-Alors ? Insiste Ophilia

-Des calculs visant à déterminer le nombre de sujets nécessaire à la création d’un cristal de sang… Je vois… Il y a également une note : « Premier spécimen synthétisé et livré ».

Cyrus tique sur le mot.

-« Livré » ? Cela veut-il dire qu’il a fabriqué ces gemmes à la demande de quelqu’un ?

-Mais qui pourrait vouloir une chose pareille ? Demande Ophilia. C’est tout bonnement monstrueux !

Cyrus secoue la tête.

-Ce n’est qu’une hypothèse, mais pourrait-il y avoir un lien entre ce mystérieux commanditaire et le livre volé que je cherche ?

-Ou… Ou suis-je ?

Tout le monde se tourne vers la jeune femme dans la cage. Elle vient de se réveillée.

-Ah ! Vous reprenez vos esprits, Mademoiselle ! Lance Cyrus

-?!

Elle manque de tomber à nouveau. Heureusement pour elle, Ophilia la rattrape.

-Que vous arrive-t-il, vous êtes encore fatiguée ? Demande Ophilia

-Je… je me sens… Tente la femme

Cyrus s’agenouille à ses côtés. Il examine un peu ses yeux.

-Vous êtes toujours sous l’effet des drogues administrées par ce scélérat. Reposez-vous en attendant de recouvrer vos forces.

Cyrus sourit, et se relève.

-Qui… qui êtes-vous ?

-Excellente question, très chère. Je vais me faire un plaisir de vous répondre…

-Vous voilà enfin !

Tous le monde se retourne, et poussent un cri de surprise.

-Tressa ? Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Demande Ophilia

-Mais qu’est-ce que c’est que cet endroit ! Lance Tressa

Tressa semble complètement paniquée.

-Pourquoi il y a du sang partout, et pourquoi cette femme est faible, pourquoi…

-Tressa, calme-toi. Souffle Olberic

Ophilia s’approche.

-Qu’est ce qu’il y a, Tressa ? Pourquoi être venue ici ! S’écrie la prêtresse

-Euh… Je… Bref !

Elle secoue la tête.

-J’ai besoin de votre aide ! Ali s’est fait enlever !

-Ali ? Le jeune marchand ? Fais Primrose

-Lui-même ! On a fait un défi de marchands, il a gagné, mais à cause de son succès, il s’est fait enlever par le dictateur du coin ! Reprend Tressa

-Je vois… Souffle Ophilia

-Euh, pardon, je vois pas vraiment ? Tente Alfyn

-Je sais que je pourrais pas battre ses soldats et le gorille qui lui sert de garde du corps sans vous. Alors venez, nous n’avons pas de temps à perdre !

Elle attrape la main d’Ophilia, pour l’attirer vers l’extérieur.

-Il faut qu’on se dépêche, je suis certaine qu’Ali est en danger ! Reprend la marchande

-Une minute enfin !

Cyrus aide courtoisement la jeune femme à se lever.

-Il faut que j’aille demander des renseignements à Odette. Nous avons des recherches à faire sur « Au fin fond de l’enfer ». Et je dois lui faire un rapport de ces recherches.

Il secoue la tête.

-Je ne pourrais pas vous accompagner. Partez sans moi, je vous en prie. Nous n’aurons qu’a nous rejoindre devant la demeure d’Odette.

Il se tourne vers la jeune femme, qu’il tient toujours.

-Je vais vous raccompagner, madame.

Elle reste en silence. Cyrus sourit aux autres.

-Revenez vite, surtout.

-C’est noté. A tout à l’heure, Cyrus. Affirme H’aanit

Elle se tourne vers Tressa.

-Explique nous sur la route, tu veux bien ?

-Bien sûr ! Suivez-moi ! Reprend Tressa

Elle attrape la main d’Ophilia, et part en avant, en courant presque. Les autres la suivent immédiatement.

-Alors Tressa. Qui est Ali ? Demande H’aanit

-Ali est un marchand qui a du flair pour les choses rares. Répond Tressa. Il a vendu des célestites, ce qui n’a pas plu à Morlock, le patron du coin, qui l’a enlevé parce que cet imbécile de marchand ne sait pas tenir sa langue !

-… Donc tu le connais à peine. Résume Thérion

-Officiellement, je vous connais à peine. Souffle Tressa

-Tressa ! On voyage ensemble depuis presque un mois ! Rétorque Alfyn

-Déjà ? Je n’ai honnêtement pas vu le temps passer ! Sourit Tressa

-Notre compagnie doit être si agréable. Rit Primrose

-Moi je trouve que oui en tous cas ! Reprend Ophilia

-Ca dépend. Soupire Thérion

-Qu’est ce que c’est sensé dire, ça, Thérion ? Demande H’aanit

-Que ça dépend.

Il ricane un peu. Finalement, le groupe voit la lumière. Ils plissent un peu les yeux, à cause de la différence de luminosité. Sauf Tressa, qui n’est pas restée sous terre trop longtemps.

-Très bien. Ou devons-nous aller ? Demande H’aanit

-Je crois que le manoir de Morlock est vers l’ouest. Reprend Tressa

-Dans ce cas, telle est notre destination.

Toujours aussi pressée, Tressa part en avant.

-Tu as bien vendu à notre départ ? Demande Ophilia

Tressa secoue un peu la tête.

-Ali s’est installé juste à côté de moi, et a usé de techniques peut recommandables pour attirer la clientèle.

-Oh…

-C’est rien. Si j’étais rancunière, pourquoi je viendrais vous chercher en courant pour vous demander d’aller le sauver !

-Ou alors tu serais une imbécile. Rétorque Thérion

-Thérion ?! S’exclame Tressa

-Mais tu es une marchande, j’en doute.

-Je préfère ça.

Le groupe sort finalement de la ville par l’ouest.

-Alors… Et maintenant… Souffle Primrose

-Morlock est une espèce de parrain du crime. Affirme Tressa

-Alors je suppose que ce bâtiment peut être à lui. Reprend Alfyn

Il montre un sentier partant entre deux falaises, et sur lequel débouche un immense manoir éclatant de blanc.

-Bravo Alfyn ! C’est plus que probable que Morlock soit là-bas ! Reprend Tressa

-Alors qu’attendons-nous ? Demande Ophilia

H’aanit hoche la tête, et commence à courir. Tous les autres font de même.

-Qui que tu sois, Ali, nous arrivons.

Pendant ce temps, à l’intérieur

Le manoir est grand, et luxueux. Des tapisseries rouges et dorées pendent au mur et reposent sur le sol. Un immense tableau tourné sud représentant Morlock dans toute sa gloire observe la salle. Sans oublier la lumière, provenant de deux fenêtres finement taillées et d’un lustre en or plus grand que les fauteuils semblant à des trônes qui reposent sur les côtés de la salle.

Morlock fais les cent pas devant son bureau. Ali « repose » sur le côté. Même s’il semble plus mort qu’autre chose.

Finalement, Omar entre dans la salle. Morlock se tourne immédiatement vers lui.

-Omar, quel est l’état de mes coffres ?

Omar s’incline un peu.

-Ils débordent toujours autant, Monsieur. Et vos bénéfices devraient encore augmenter grâce à ces pierres.

Morlock sourit, et s’arrête enfin.

-Mouah ha ha ha ha ! Quand je pense que ces vulgaires cailloux se sont révélés plus précieux que l’or ! Comme si je n’étais pas déjà assez riche !

Ali ouvre les yeux. Il redresse un peu la tête, en serrant les poings.

-Ces « cailloux » … nous appartiennent…

Morlock se retourne, et s’approche d’Ali.

-Ho ho, la correction d’Omar t’aurait-elle embrouillée le cerveau ?

Ali ne répond pas et détourne la tête.

-Permets moi de te rappeler que je suis le propriétaire de ces terres… de toutes ces terres. Tout ce qu’elles abritent m’appartient, même les babioles que déterrent les petites fourmis comme toi. Mieux vaut ne pas me caresser à rebrousse-poil. Les insectes comme toi, je les écrase sous ma botte.

Morlock ricane.

-Entre les mines et les pierres, mes bénéfices vont exploser. Je serai bientôt l’homme le plus riche du royaume, ce n’est qu’une question de temps ! Mouah ha ha ha ha !

-Pas si vite !

Morlock se retourne. Il écarquille ses yeux. Ne croyant pas ce qu’il voit. C’est cependant Ali qui fait le premier mot.

-Petite oisonne ?

Tressa se tient devant la porte. Les autres voyageurs derrière elle. Tous armés. Les dagues de Primrose et Thérion et l’épée d’Olberic étant tachées de sang.

Les pauvres gardes n’étaient pas de taille.

-Qui sont ces gens ! Demande Morlock

Morlock secoue cependant sa tête. Pour se reconcentrer. Il sait que c’est inutile, mais qui ne tente rien n’a rien.

-Tu viens chercher du travail ? Très bien…

Tressa fait encore un pas, le coupant dans sa phrase.

-Plutôt manger ces pierres que travailler pour vous ! Elle rétorque

Morlock se met alors à ricaner.

-Je vois que tu es aussi stupide que ce garçon. J’ai du mal à croire que deux « marchands » soient si réticents à s’enrichir… Sachez que ceux qui m’accordent leur loyauté sont généreusement rémunérés. Tout le monde a un prix.

Morlock recule un peu, laissant Omar venir à sa place.

-Je l’ai compris mieux que jamais après avoir chassé ce vieux cabochard de ses terres pour me les approprier. Fait Morlock

-Vous avez… Quoi ? Commence Tressa

-Dans ce monde, l’argent peut tout acheter.

Morlock se tourne vers Ali.

-Alors, quel est ton prix, mon garçon ?

-Allez vous cessez de parler ainsi ! Ravalez vos belles paroles ! Lance Primrose

Morlock semble mécontent.

-Réflexion faite, oublie ça. Tu es le rejeton de Maruf, n’est-ce pas ? Pour autant que je sache, tu es un escroc comme ton père.

-Un… escroc ? Souffle Tressa

Ali se redresse un peu.

-T-taisez-vous !

-Il ne t’a pas raconté ? Lance Morlock vers Tressa. Son père est un aigrefin de triste réputation dans le Sud. Il a fait fortune en bernant les naïfs avec ses belles paroles tissées de demi-vérités. Du moins, jusqu’à ce qu’il se fasse lui-même flouer… par un ami de confiance, qui plus est. Criblé de dettes, le pauvre Maruf s’est retrouvé ruiné. Une histoire tragique, tu ne trouves pas ?

Ali reste en silence, et baisse la tête.

-Ali… Souffle Tressa

-En affaires, les états d’âme n’ont pas leur place. Ce bougre d’imbécile… Mouah ha ha ha ha !

-Comment osez-vous dire cela ! Reprend H’aanit. Traiter un homme d’escroc alors qu’on est soit même un individu peu recommandable ?

-Je vous conseille de tenir votre langue, jeune fille ! Rétorque Morlock

-Et qu’allez-vous lui faire ? Si vous osez l’approcher… Commence Ophilia

-Ce cher Omar a déjà vaincu ce marchand de pacotille. Vous ne pouvez rien faire. Pauvres imbéciles.

-Répétez ça pour voir… Reprend Ali

-Pardon ?

Ali se redresse un peu, et se met à genoux.

-Insultez mon père encore une fois et je… !

Il serre les poings.

-Mon père était un honnête homme ! Il vendait à ses clients ce qui leur faisait envie et il trouvait toujours les mots pour les contenter !

-Ton père n’était rien de plus qu’un bonimenteur ! Rétorque Morlock. Les riches imposent leurs règles, mon garçon ! Les colporteurs de second ordre comme ton père et toi ne sont bons qu’à crever dans la misère sans broncher !

Ali tente de se relever, mais cède sous sa faiblesse.

-Espèce de… ! Commence Ali

-Ne bouge plus !

Ophilia cours à son chevet.

-Tu es blessé… Reste calme, je vais m’occuper de toi.

-Mais vous êtes…

-Une amie de Tressa, oui. Souffle Ophilia

Elle lui sourit, pour le rassurer un peu. Ali sourit à son tour, et se retourne vers Morlock.

-Si tu refuses de travailler pour moi, je vais devoir trouver un autre moyen de te rendre profitable. Tu n’as pas une grande valeur marchande, mais ce sera toujours ça de pris. Mouah ha ha ha ha !

-Monsieur Morlock… Lance Tressa

Tous se tournent vers la marchande.

-Je n’avais jamais entendu quelqu’un cracher des paroles aussi cruelles.  Aussi pleins vos coffres soient-ils, vous n’en êtes pas moins dépourvu de cœur.

Morlock vient vers elle.

-Ah oui, vraiment ? Continue.

Tressa serre les poings.

-Vous prenez un malin plaisir à vous moquer d’autrui. Vous privez vos ouvriers de leur argent durement gagné et vous monopolisez leurs bénéfices !

Elle redresse la tête.

-Si quelqu’un mérite d’être traité d’escroc, c’est vous !

Morlock tourne le dos à Tressa.

-Tu sembles avoir oublié tes manières, toi aussi. Omar, apprends la politesse à cette petite insolente.

Omar commence à s’approcher.

-Tu vas voir la véritable puissance de l’argent ! Crie Morlock

-Alors paye pour tes paroles cruelles ! Rétorque Tressa

Tressa invoque immédiatement du vent de ses mains.  Elle vise Morlock. Cependant, les arcs verts n’atteignent pas le marchand. Omar se place devant, et protège son maître.

-Derrière moi, Tressa !

Olberic se place devant elle, et court vers Omar. Celui-ci le bloque avec une immense hache, nouvellement sortie. Ils forcent chacun de leur côté.

Cependant, H’aanit et Thérion sentent quelque chose. Ils se retournent immédiatement. Mais pas assez tôt pour voir une flèche. Une flèche qui s’envole, et se plante droit dans l’épaule d’Olberic.

-Olberic !

Le guerrier gémit un peu sous la surprise, et recule d’un pas. Omar lève sa hache. S’apprêtant à l’abattre sur Olberic.

Olberic recule. Une flèche d’H’aanit part. Se plantant dans le bras d’Omar. Olberic en profite pour se retourner.

Une bonne dizaine de gardes. Encore.

-C’est pas vrai… Peste Olberic

-Olberic, est ce que ça va ?! Reprend Tressa

Elle arrive vers lui, et regarde son épaule. La flèche est solidement plantée. Mais Olberic semble presque s’en ficher.

-Tressa, reste derrière moi.

-Quoi ? Mais il faut que je t’enlève ça !

-Non, Tressa. Ce n’est pas la peine.

Il sourit, hoche la tête, et sort son épée pour courir vers les ennemis. Omar est toujours derrière, tentant de retirer la flèche dans son épaule.

H’aanit recule de plusieurs pas, et tire plusieurs flèches. Linde attaque les ennemis, plantant ses crocs dans la chair des hommes de main d’Omar.

Thérion et Primrose attaquent de concert. Tressa veut essayer de les aider… Mais le champ de bataille est trop chaotique.

Linde fonce vers un ennemi. Elle griffe un archer ennemi. Il cri et tombe au sol. La panthère se retourne. Elle saute sur un nouvel ennemi. Mais celui-ci attrape son épée. S’apprête à la blesser.

La panthère sourit cependant. Elle voit quelque chose dans le dos de l’ennemi. Alfyn. Hache à la main. Levant son arme pour l’abattre contre l’homme de main.

La panthère griffe le visage de l’homme de main, l’achevant finalement. Elle accorde un sourire félin à Alfyn.

-De rien de rien !

Il fait un clin d’œil, et repart dans la bataille.

Tressa observe de loin. Elle envoie quelques rafales de vents, par ci par là. Mais rien de plus. Avant que…

-Tressa, derrière toi !

Tressa se retourne immédiatement, lance à la main. Elle écarquille les yeux. Omar brandit sa hache vers elle. Elle la pare finalement.

-Toi… Tu vas mourir. Affirme Omar

-Gh !

Tressa résiste le mieux qu’elle peut. Mais elle ne tiendra pas longtemps. Elle est bien moins forte. Et trop concentrée pour appeler les autres à l’aide.

-TRESSA !!!

Une colonne de lumière apparait sur Omar. L’éblouissant, et l’affaiblissant. Tressa sourit en reconnaissant la magie d’Ophilia.

-Maintenant !

Tressa ne se retourne pas. Elle prend sa lance. Se concentre, rapidement. Une aura jaune apparait autour d’elle. Ses yeux brillent.

Et en un cri, elle abat sa lance sur Omar. Le faisant tomber à la renverse. Omar est vaincu.

Les autres voyageurs se retournent. Les hommes de main, apeurés, s’enfuient. Ophilia et Ali sont debout, Ali est en bien meilleur état.

Cependant, le plus mortifié est sans aucun doute Morlock, qui lance, la voix tremblante :

-O-Omar… ! Après tout ce que j’ai investi en toi…

-Avouez-vous vaincu, Monsieur Morlock. Vous avez perdu.

Tressa tend sa lance devant elle.

-Présentez vos excuses à Ali pour ce que vous avez dit sur son père.

-Tressa… Murmure Ali

-Alors, Monsieur Morlock ?

-Je… je…

Il se jette à genoux devant Tressa. L’air soudainement si lâche et pitoyable.

-Je suis terriblement désolé ! Accepte mes plus plates excuses ! J-je retire ce que j’ai dit ! Tout ce que j’ai dit !

-Bien. Je peux compter sur vous pour quitter la ville et ne jamais revenir ?

-Qu-quitter la ville ? Mais je…

Tressa sourit en coin.

-Un bon marchand doit guetter les changements de tendance. Il faut savoir quand arrêter les frais. Vous n’avez jamais entendu parler des couts irrécupérables ?

Morlock reste en silence une seconde. Il voit alors le regard furieux, et soudainement affamé de Linde.

-Je vous prédis de grands malheurs si vous restez… Ricane Tressa

-V-viens Omar ! La fortune nous attend ailleurs !

Morlock se relève et, suivit par Omar qui titube encore, s’enfuit. Lorsque les deux disparaissent, Tressa se frotte les mains.

-Hé hé. Bon débarras ! Il ne reste plus qu’à trouver quelqu’un d’honnête pour reprendre les rênes de cette ville !

-Quelle pourriture… Ce genre de déchets me dégoute. Lance Primrose

-Ca va. Il est parti, maintenant. Reprend Thérion

-Montre moi cette blessure, Olberic.

Alfyn l’inspecte. La blessure n’est pas si grave, même si la flèche était bien plantée. Un onguent, et elle sera vite partie.

-Bien. Nous devrions partir rejoindre Cyrus le plus vite possible. Rappelle H’aanit

-J’espère qu’il a trouvé des réponses. Et qu’il a une nouvelle piste. Sourit Ophilia

-Je pense que oui. Il est doué, après tout.

Les voyageurs continuent à parler encore un petit moment. Ils ne vont pas tarder à partir. Il va faire bientôt nuit. Sans oublier bien sûr leur long voyage toujours devant eux.

Ali reste dans un coin, observant les autres. Ne sachant que dire, à part un murmure, dans un soupir :

-Tressa.

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