Eight Travelers - EN PAUSE

Chapitre 11 : Primrose la danseuse

6474 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 18/05/2019 17:43

Bonjour à tous !

Je suis enfin de retour ! Cette petite semaine m’a vraiment fait du bien !

Bref, je suis de retour avec encore plus de chapitres ! C’est parti !

Bonne lecture à tous !

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« La foi est ton bouclier, même quand l’épée est pointée contre ton cœur. »

-Devise de la maison Azelhart

 

Il y a dix ans...

 

Tout commença dans un immense manoir, chef d’œuvre d’architecture dans la ville de Noblecour, aux Basses Plaines.

A l’intérieur, il y avait plusieurs personnes. Une, à genoux, se tenant faiblement. Ses cheveux blonds lui passaient devant le visage. Trois hommes étaient devant lui. Tous vêtus de noir.

Il manquait au premier la manche droite. Le second à l’opposé n’avait plus de manche gauche. Le dernier, au centre, avait ses deux manches, mais un trou au niveau de la nuque, qui permet de la voir.

Sur ces parties de chaires visibles, il y avait des marques. Ou plutôt une espèce de tatouages. Tatouage représentant un corbeau noir. Sur la personne de droite, c’était l’aile droite du corbeau qui est la plus visible, c’était la même chose réciproquement pour la personne de gauche, et la personne au centre permet de voir le corbeau entier.

La lumière sortant des fenêtres donnaient presque un air divin à ses trois personnages sombres.

Cependant, il restait une personne, cachée. Terrorisée. Une petite fille brune en robe assortie. Elle était cachée derrière une espèce de bar, et observait toute la scène.

-C’est amusant, quand on y pense. Souffla l’homme à droite. Toute chose en ce bas monde entre dans l’une de ces deux catégories bien distinctes. Les choses qu’il vaut mieux savoir... et celles qu’il est préférable d’ignorer.

Il ricana un instant. Puis il reprit :

-Geoffrey Azelhart. Je crains que vous ne vous soyez mêlé d’une affaire de la seconde catégorie.

Ledit Geoffrey soupira, et leva les yeux.

-Je n’ai fait que suivre mes convictions. Je ne regrette rien.

-Je me doutais que vous diriez quelque chose dans ce gout-là. Merci de me faciliter autant la tâche. Souffla l’homme à gauche

L’homme au centre s’approcha de Geoffrey.

(Père !) S’écria en pensant la petite

Un coup de dague. Geoffrey tenta de résister.

Mais il tomba au sol. Mort.

-... ! S’écria la petite

L’homme recula un peu.

-Vérifiez qu’il est bien mort, et partons avant qu’on nous voie. Affirma l’homme à gauche

L’homme à la droite approche de Geoffrey, et prend son pou.

-Il est bien mort. Il confirma

En silence, ils sortirent du manoir. La petite, laissant ses pleurs apparaitre sur ses joues, se recula pour ne pas être vue.

 

Jamais je n’oublierai...

Trois hommes, portant chacun la marque du corbeau.

Un sur le bras gauche...

Un sur le bras droit...

Et le dernier, sur le cou.

Trois hommes. Trois charognards, comme l’oiseau dont ils portent la marque.

Ils m’ont pris mon père.

Et ça, jamais je ne l’oublierai.

 

De nombreuses années plus tard...

 

La chaleur est écrasante. Comme toujours, dans les Terres Radieuses. L’immense désert du continent, ou l’eau est une denrée rare, source de conflits entre les hommes et les monstres.

Les hommes eux ont arrêtés leurs conflits il y a bien longtemps, grâce au roi de ces Terres, demeurant à Marsalim, la capitale.

Cependant, cette histoire ne commence pas à Marsalim, mais à Ombrelle. La seconde plus grande ville des Terres Radieuses, aussi appelée « La cité des milles plaisirs ».

Cette ville est notamment connue pour l’immense rocher couvrant d’ombre l’intégralité de la ville, à tout moment de la journée. Ombrelle tient son nom du fait qu’elle ne voit jamais le soleil, rien que l’ombre d’une montagne rouge.

Hélas, cette cité est aussi connue des hommes peu scrupuleux... Un réseau de prostitution important se cache entre les murs de terre des maisons, sans oublier le lieu de tous les rendez-vous, la taverne.

La taverne d’Ombrelle est la plus grande du continent. Elle possède, en plus d’une immense salle de bar remplie de tables et de gens ivres à toute heure, une piste de danse. Véritable attraction, tant les danseuses sont performantes...

En particulier une, qui se repose pendant ce temps dans une chambre dotée de plusieurs lits.

Cependant, elle gémit. Seule dans son lit, un lit de fortune, presque du bois. Ce n’est pas comme si les danseuses étaient bien considérées, dans cette ville...

Après tout, le mot « danseuse » est déjà... trompeur.

Elle se tourne. Gémit de plus en plus fort.

Ils m’ont pris mon père.

Et ça, jamais je ne l’oublierai.

-Ah !

La jeune danseuse se redresse brusquement. Son cœur bat à toute vitesse. Elle tente de se calmer vainement.

-Toujours le même cauchemar...

Elle soupire, et se lève.

(Je devrais me préparer...)

Elle prend alors ses habits. Tout d’abord un petit haut rouge, dont les manches tombent sur les épaules. Elle est serrée, heureusement, sinon elle ne tiendrait pas. Son col commence au niveau du haut de la poitrine, pour que le vêtement se termine juste en dessous.

En bas, elle met une jupe rouge très longue... Mais quasi transparente, et coupée de façon à ne cacher qu’a peine une jambe, à l’avant comme à l’arrière. Le bas se termine par une broderie dorée et quelques breloques de la même couleur.

Elle met ensuite tous ses bijoux ; des bracelets fins et dorés, une ceinture de cercles d’or donc un coté a en plus des écailles dorées tombant en cascade, un collier serré au coup mais extrêmement luxueux...

Elle met rapidement ses sandales, de cuir, simples, et s’attache les cheveux. Elle se regarde dans le miroir.

Elle est danseuse à Ombrelle depuis déjà des années.

Son nom est Primrose Azelhart.

Elle se rend dans la salle commune. Une salle austère, les seules couleurs viennent des tapis au sol. Trois danseuses toutes vêtues de vert, excepté un en bleue sur le côté. Une des danseuses vertes a des cheveux brun attachés, une a des cheveux châtains courts, et la dernière a de longs cheveux noirs.

-J’envie ton assurance, Primrose. Je serais bien incapable de somnoler avant de monter sur scène. Lance celle a la queue de cheval

-Ça doit être sympa d’être la chouchoute du maître. Rétorque la châtaine

Primrose les regarde en silence.

-Oh, mais quelle pimbêche, celle-là ! Fais comme si tu vaux mieux que nous, surtout. Reprend celle aux cheveux châtains

-Tu n’en restes pas moins une danseuse parmi tant d’autres dans ce désert, Primrose. Susurre celle aux cheveux attachés. Rien de plus qu’une femme entretenue, qui ne sert qu’à flatter l’orgueil des hommes payant pour s’offrir ce privilège.

-Tu as sûrement raison. Répond Primrose

La danseuse vêtue de bleue, avec des cheveux noirs et courts et un visage bien plus jeune et les autres, regarde Primrose en silence.

-Chut ! Assez bavardé ! Maître Helgenish arrive ! Coupe la fille aux cheveux noirs

La porte de leur salle commune s’ouvre, laissant entrer un homme.

La première chose qui vient en le voyant, c’est le dégout : son visage rond, pâle avec un énorme nez rougit par l’alcool, deux pousses marrons sur les côtés du crâne pour représenter des cheveux, une fraise blanche terminée par une gemme rouge le rendant plus enveloppé qu’il ne l’était déjà...

Il y a de nombreux hommes enveloppés en Orsterra. Mais aucun, AUCUN ne pouvait être qualifié de laid après avoir vu cette chemise rouge sur le point d’exploser, ses jambes trop petites couvertes d’un pantalon blanc, cette veste noire rappelant un général qui ne pourra plus jamais être fermée, ou ces petites mains boudinées, rappelant de la viande moisie depuis longtemps.

Et tout cela, c’est en oubliant ses expressions absolument repoussantes, dont le meilleur exemple reste son sourire sadique et beaucoup trop gros pour son visage rond.

Cet homme, nommé Helgenish, est le maître de toutes les danseuses, et de la taverne. Il est donc l’un des hommes, si ce n’est l’homme, le plus puissant de la ville. Mais il est aussi connu pour son caractère exécrable, vantard et colérique à l’extrême.

D’ailleurs, en parlant de colère... La première chose qu’il fait en arrivant, c’est justement crier sur ces danseuses.

-Vous croyez que je vous nourris pour que vous passiez votre temps à jacasser en coulisses ? Mes clients attendent leur spectacle ! Le premier numéro devrait déjà avoir commencé. Allez, dépêchez-vous de monter sur scène !

Toutes les danseuses sortent de la salle en silence. Sauf Primrose, qui elle est retenue d’un regard par Helgenish.

-Quelle bande de bécasses inutiles... Il affirme

Il s’approche de Primrose. Elle ne bouge pas.

-Sauf toi, Primrose... Tu es la seule sur laquelle je puisse compter.

-Vous me flattez... Maître. Murmure Primrose

-Oh, si peu. Après tout, cette taverne a vu sa clientèle décupler depuis ta première apparition. Mais il ne faudrait pas que tu oublies ta place. C’est moi qui t’ai préparée pour ce rôle.

-Et je vous en serai éternellement reconnaissante, Maître.

Il y a encore une ou deux années, Primrose aurait eu la nausée devant ces mots. Mais maintenant... Elle a accepté cette fatalité.

Mais Helgenish, lui, continu, avec ce ton si désagréable :

-Tu n’étais qu’une fillette ingénue quand je t’ai recueillie. Totalement inutile. Je t’ai appris tout ce que tu sais.

Devant le silence de Primrose, Helgenish s’énerve. Il finit par la frapper violemment au visage. Primrose vacille, manque de tomber, et se remet droite, alors que sa joue est désormais rouge.

-Mais où est donc passé ton adorable sourire ? Qui t’a donné le vivre et le couvert ? Qui t’a acheté les bijoux qui ornent ton joli cou ?

Il s’approche de Primrose.

-Qui a fait de toi la danseuse la plus sollicitée de cette ville poussiéreuse ? Moi. Moi et personne d’autre. Tu as une dette envers moi, chaton. Et je veillerai à ce que tu t’en acquittes.

Primrose hoche la tête.

-Oui, Maître... Elle souffle

Helgenish sourit.

-Parfait. Si tu ronronnes docilement, tu auras peut-être droit à une friandise.

Il se rapproche tant de Primrose qu’elle peut sentir son odeur d’alcool et de sueur.

-Ne traîne pas quand tu auras terminé ton numéro. Je t’attendrai dans ma chambre. Il affirme

Il sourit.

-Tu ronronneras pour moi, cette fois.

Un homme entre en trombe dans la pièce.

-Primrose ! C’est à toi. Il lance

Primrose profite de sa chance, et s’éloigne brusquement d’Helgenish.

-J’arrive... Elle souffle

L’homme sort. Helgenish, avant que Primrose ne parte, lui lance :

-Allez, chaton, tâche de faire bonne figure.

-Oui, Maître.

Primrose s’en va alors, le plus rapidement possible.

Elle traverse rapidement la rue ; la taverne est à l’autre bout. Elle passe devant un petit marché, couvert d’épices et de tissus colorés. Certains hommes la reluquent au passage, mais elle s’en fiche.

Elle entre dans la taverne. L’odeur de la bière abondante les rires puissants des hommes ne font plus mal à la tête de la jeune danseuse. Elle la traverse sans attendre, se dirigeant vers la scène.

Les trois danseuses vertes de tout à l’heure terminent leurs numéros. Elles retournent dans les coulisses, ou Primrose arrive. Elles ricanent un peu. Mais la danseuse écarlate s’en fiche, et arrive sur scène.

Elle regarde un instant les clients de la taverne. Ce sont toujours les mêmes visages rougis par l’alcool. Toujours les mêmes sourires bien trop ravis.

Elle remarque néanmoins, et c’est rare pour le souligner, deux femmes dans le fond, accompagnées de trois hommes. Ils la regardent tous avec une espèce de compassion et d’attente.

La musique commence. Primrose se met en position. Ferme les yeux. Pose le pied en avant.

Et danse.

 

Veillez sur moi, Père...

Veillez sur moi.

Ce jour-là, j’ai juré de me venger de ceux qui vous ont arraché à moi.

Les trois hommes à la marque du corbeau.

J’ai quitté la demeure familiale pour suivre leur piste.

Une longue piste qui m’a menée ici.

J’ai appris que l’un d’eux faisait souvent halte dans cette ville.

Ce n’était qu’une lueur d’espoir, mais je n’avais rien d’autre.

Jusqu’à ce que je le trouve, je suis prête à endurer les pires abjections.

Perdre mon honneur ne sera jamais aussi douloureux que la vie sans vous.

Père...

Père... Je n’aurai de cesse que je retrouve ces trois hommes.

Alors, jusqu’au jour où ma vengeance sera assouvie, je danserai.

 

La musique s’arrête enfin, et Primrose se remet droite, et baisse la tête. Les applaudissements explosent, les sifflements percent le plafond... Sans oublier les cris des clients :

-Je crois que je t’aime, Primrose !

-Bravo Primrose !

Elle s’incline humblement. Elle jette un regard vers le groupe du fond. Les deux femmes sourient, admiratives, en applaudissant. Deux des trois hommes sourient et applaudissent aussi. Mais l’un d’entre eux... Semble complètement admiratif. Fasciné. Primrose sort dépendant de ses pensées  en entendant un client hurler :

-Que dirais-tu d’une danse privée, ma douce ? Rien que toi et moi !

-Vous êtes trop aimable. Et bien trop séduisant, si je puis me permettre. Répond Primrose

Elle s’incline, et sort de la scène en silence.

-Tu as fait du bon travail, Primrose. Souffle le machiniste

-Merci. Répond Primrose

Le machiniste baisse un peu la tête, et remarque :

-Hmm ? Regarde un peu dans quel état sont tes sandales, Primrose. La lanière s’est cassée.

Primrose baisse les yeux. En effet, on dirait que la paire se faisait vieille... Ou que la danse était trop sauvage.

-Retourne en chercher une autre paire. Conseille le machiniste

-Avec plaisir.

Primrose sort alors de la taverne. En chemin, elle revoit cet homme qui la regardait tant. Elle fut surprise de ne voir aucun désir dans ses yeux - ou d’ailleurs, son unique œil. Uniquement de l’admiration.

Elle lui sourit brièvement, et sort. Elle ignore s’il fait déjà nuit ou non, à cause de cet immense rocher. Bien qu’elle ait des doutes, elle voit encore plutôt bien.

Elle se dirige vers sa « demeure », mais s’arrête en voyant un vieux père, accompagné de sa fille, une petite aux cheveux blonds, en train de parler.

-Papa, papa ! Je vais jouer dans une pièce de théâtre ! Dit la petite. Je serai la princesse, et tout le monde me regardera !

Elle semble avoir des étoiles dans les yeux.

-Tu viendras me regarder aussi, hein ?

-Bien sûr, ma chérie. Répond neutralement le père

-Merci beaucoup, Monseigneur ! J’ai hâte ! Sourit la petite

Primrose les regarde tendrement.

-Et devine quoi, papa ? Quand je serai grande, je serai une belle danseuse, la vedette de la scène !

Primrose se fige.

(Une belle danseuse... Voilà qui me rappelle bien des souvenirs...)

Elle ferme les yeux, et entrevoit une image... Elle, toute petite, en robe rose, en train de danser devant son père.

(Père...)

-Une... danseuse ? C’est un rêve qu’il vaut mieux oublier. Affirme le père

Cette phrase fait sortir Primrose de ses pensées.

-Pourquoi, papa ? Demande la petite, soudain triste

-Helena, ma chérie. Tu veux devenir une dame distinguée quand tu seras grande, n’est-ce pas ? Comme la princesse de ta pièce ? Demande le père. Alors il vaudrait mieux éviter de dire ce genre de choses. Surtout dans cette ville.

-Mais pourquoi c’est mal de danser ? C’est tellement amusant ! Reprend la petite

Elle se tourne d’un coup vers Primrose. Comme si elle la remarquait enfin.

-Elle est... si belle... Elle souffle

Primrose sourit, et fais un pas en avant.

-Bonjour, petite.

-Viens, Helena. Par ici. Reprend le père. Rentrons à l’auberge, que je te mette au lit. Papa a des affaires à régler ce soir.

Ils partent sans attendre. Primrose les regarde partir en silence.

-Je devrais me remettre au travail, moi aussi. Elle affirme

Elle reprend sa route, et entre enfin dans ce qui lui sert de toit pour la nuit. Les trois danseuses vertes parlent entre elle, dans un coin de la pièce. Primrose les regarde en silence, et se dirige vers les le vestiaire, dans lequel repose justement une belle paire de sandale à l’air neuve.

Primrose se dépêche de les prendre, et de les mettre au pied, sans vraiment regarder. Cependant, elle sent quelque chose lui fait mal au pied, d’un coup.

-Aïe ! Elle s’écrie

Elle regarde la sandale, et sort quelque chose.

(Une épine ?)

Les trois danseuses la regardent alors. Celle aux cheveux attachés lance sadiquement :

-Oh, que quelqu’un apporte un mouchoir ! La pauvre petite Primrose semble saigner.

-Elle s’est peut être fait une ampoule ? A force de danser avec tant de passion. Relance celle aux cheveux châtains

Alors que les trois danseuses rient entre elles, la danseuse bleue, dans son coin depuis le début, s’approche de Primrose, qui est toujours au sol.

-Tout va bien, Prim ? Elle demande

Primrose se relève. Elle regarde un instant le jeune visage de cette petite danseuse bleue. Elle est la seule danseuse dont Primrose connait le nom.

Iousfa.

-Ce n’est rien. J’ai l’habitude. Affirme Primrose

Iousfa lui sourit tristement et tendrement. Elle se tourne ensuite vers les trois danseuses vertes.

-Vous ne croyez pas que vous allez trop loin ? Ça vous réjouit à ce point de voir les autres souffrir ? Elle lance

Les danseuses se tournent.

-On est toutes logées à la même enseigne, toutes les jouets du maître ! Continu Iousfa. Et on sait ce qui arrive aux filles qui le contrarient. Est-ce que vous l’auriez déjà oublié ?

Les trois danseuses tremblent d’appréhension. Mais Iousfa donne tout de même le coup final :

-Rouées de coups et jetées dans le caniveau. Laissées pour mortes, malades et affamées.

Les vertes sont maintenant terrorisées.

-C-ça suffit ! Coupe la danseuse aux cheveux noirs. On est toutes parfaitement conscientes de notre situation. On sait de quoi il est capable !

-Alors, pourquoi tourmenter l’une des nôtres ?! Reprend Iousfa

Un silence gênant s’installe.

-Merci, Iousfa. Mais tu n’as pas à te mettre les autres à dos pour moi. Murmure Primrose

Iousfa se retourne vers elle.

-Prim... Elle souffle

Soudain, la porte se fait brusquement claquer. C’est Helgenish ; il vient de rentrer dans la salle commune, et crie :

-Pourquoi diable vous entends-miaulez ainsi ? Rentrez vos griffes. Vous avez du travail. Vous croyez que l’argent apparaît dans mes caisses comme par magie ? Allez récupérer vos pourboires ! Il ordonne

Toutes les danseuses courent presque vers la sortie ; les mots de Iousfa les a terrifiées. Cependant, Primrose, au dernier moment, est retenue par le bras.

-Pas toi, Primrose. Tu restes ici. Il ordonne

Iousfa, compatissante, jette un dernier regard vers Primrose, et part.

Helgenish lâche finalement Primrose. Elle part un pas plus loin, et reste immobile. Helgenish lance alors de son ton méprisant :

-Qu’est-ce que c’était que ce spectacle lamentable que tu nous as donné ? Il demande

Primrose reste en silence.

-Tu crois que je suis aveugle ?

Il grogne.

-Il m’a suffi d’un seul coup d’œil pour me rendre compte que tu avais la tête ailleurs. Eh oui, je vois toutes les pensées qui traversent ta jolie petite caboche. Et ce soir, tu ne pensais pas à tes pas de danses.

Primrose regarde le sol, ne cachant que dire.

-Tu n’as pas oublié ta dette, j’espère ? Tu n’as pas oublié à qui tu appartiens ?

(Je...)

-Tu es consciente du sort qui t’attend si tu oses me défier. N’est-ce pas, chaton ? Termine Helgenish

Il met sa main sur le menton de Primrose, et la force à lever la tête.

-Je t’avertis parce que je tiens à toi, Primrose. Je ne voudrais pas qu’il arrive quelque chose de fâcheux à ma vedette.

Primrose recule brusquement. Elle s’empresse de souffler :

-Pardon, Maître. Je vous prie de m’excusez. Elle souffle.

(Trouve une excuser, Primrose, trouve une excuse...)

-Je me remémorais simplement le jour où je suis venue à vous.

-Tiens donc... Souffle Helgenish

Primrose inspire, et reprend :

-Il ne se passe pas un jour... pas un instant sans que je vous sois reconnaissante de tout ce que vous avez fait pour moi. Veuillez pardonner ma distraction momentanée, Maître. Cela ne se reproduira pas.

-Oh, ma chère Primrose. Ma très chère Primrose... Susurre Helgenish

Il sourit, semblant satisfait.

-Moi aussi, je repense au jour où tu as frappé à ma porte. Rien que de t’imaginer danser pour moi, si douce et innocente... Cette perspective me délectait tant. Et tu as su combler toutes mes attentes. Tu es devenue mon meilleur investissement.

Primrose reste en silence.

-Mais aujourd’hui, tu m’as contrarié. Il va donc falloir que tu te fasses pardonner. La taverne n’est guère remplie ce soir. Va donc faire un tour dans la rue et rameute les clients. Il ordonne. Des clients assez riches pour couvrir les frais de la semaine. Si tu y parviens, je me montrerai peut être clément.

Primrose ferme les yeux.

-Enfin... Dans la mesure du raisonnable, chaton.

(Je le savais...)

-Vous êtes trop aimable, Maître. Affirme Primrose

Elle s’incline respectueusement, et sort sans attendre. A la sortie, elle voit immédiatement... Iousfa ?

-Bravo, Primrose. Tu es la meilleure actrice que je connaisse. Affirme la danseuse azur. Comment tu fais ? J’ai envie de vomir chaque fois que je dois l’appeler « Maître ».

-Qu’est ce que tu fais là ? Rétorque Primrose. Tu n’es pas censée récupérer tes pourboires ?

Iousfa soupire. Primrose est toujours si froide avec tout le monde...

-Je m’inquiétais pour toi. Comment va ton pied ?

-Quoi ? Fait Primrose

-Tiens, sers-toi de ça. Propose Iousfa.

Elle tend quelque chose à Primrose.

-Un mouchoir ? Souffle cette dernière.

-Ça devrait au moins arrêter le saignement. Affirme Iousfa

Primrose la regarde une petite seconde, profondément reconnaissante. Et, avant que la danseuse écarlate voie son visage aller avec ses habits, elle partit plus loin, laissant Iousfa sur place.

(Merci infiniment, Iousfa...)

Primrose avance jusqu’au marché. Là, elle reprend son calme, et s’arrête.

(Bon, il est temps de faire mon autre numéro.) Elle pense

Elle voit un homme sortir de l’auberge. Il semble assez riche...

(Celui-là m’a l’air prometteur.)

Primrose s’approche de l’homme. Elle se penche un peu en avant, et minaude :

-Quelle belle soirée, n’est-ce pas, Milord ?

L’homme se retourne, et ne peut cacher sa gêne.

-Peut être aimeriez-vous la passer en ma compagnie ? Propose Primrose

-C’est tentant, je suis en voyage d’affaires. Et je dois reprendre la route demain matin à la première heure.

-Hmm...

(Plus dur que prévu...)

-Ces affaires dont vous parlez doivent être fascinantes. Vous pourriez peut être m’en dire plus autour d’un verre ? J’aimerais beaucoup... faire plus ample connaissance.

L’homme est maintenant complètement cramoisi.

-J-je crains que ce soit... impossible.

(Et maintenant, le coup final.)

-Je danse dans une taverne non loin d’ici.

Elle regarde l’homme d’un regard... Rempli de sous-entendus.

-Je pourrais faire un numéro... spécialement pour vous.

Primrose attend quelques secondes.

-T-Très bien... Mais je ne resterais pas longtemps.

-Comme vous le souhaitez, Milord.

Primrose lui prend la main, et l’amène à la taverne. La bas, une des danseuses vertes prend le relai, et entraine l’homme avec elle. Alors que Primrose s’arrête une petite seconde, Helgenish apparait :

-Parfait... Ses poches ont l’air suffisamment remplies. Il affirme

Il regarde la danseuse.

-Beau travail, chaton. Tu auras droit à un traitement de faveur, ce soir.

-Vous me faites honneur, Maître. Répond Primrose

-Les clients commencent à affluer. Fais le tour de la salle et veille à ce que leurs verres restent pleins. Ordonne Helgenish

-Vos désirs sont des ordres, Maître.

Primrose part alors plus loin. Elle se dirige vers une table, à laquelle plusieurs hommes sont accoudés.

-Puis-je remplir votre verre ? Elle propose

-Ah, Primrose. Chaque fois que je te vois, je te trouve de plus en plus charmante. Souffle le client

-Nous n’avions pas eu le plaisir de vous recevoir depuis longtemps. Comptez-vous passer le reste de la soirée avec nous ?

-Ho ho... Je resterai aussi longtemps que tu me le permettras, ma belle.

-Ah oui ? Je vais devoir y réfléchir, dans ce cas. Affirme Primrose. Je repasserai vous voir plus tard...

Elle s’incline, et part un peu plus loin, pour continuer à travailler.

-Je reviens.

Primrose se tourne vers l’endroit d’où venait la voix. Un homme se lève de sa table, elle le voit, et manque de s’étouffer.

-Ah !

(Ce ne serait pas...)

Primrose ne le quitte pas des yeux.

(Sur son bras gauche...)

La marque du corbeau.

(J’attends ce jour depuis si longtemps...)

Primrose sourit.

(Et vous voilà enfin devant moi. Cette nuit... enfin, justice sera rendue.)

L’homme commence à sortir de la taverne. Primrose se réveille soudainement.

-Non ! Elle s’écrie

L’homme sort.

(Il ne va pas s’en tirer comme ça !)

Primrose court vers la sortie.

-Eh bien, où vas-tu comme ça ?

Elle s’arrête, et regarde son maître, qui vient tout juste d’arriver. Elle tremble de frustration.

-On dirait que cet homme a attiré ton regard. Eh bien, chaton, ne me dis pas que tu as eu le coup de foudre !

-Maître... Gémit Primrose

-Tu n’oserais tout de même pas abandonner le spectacle et tes clients avant la fin de la soirée ? Remets-toi au travail, Primrose. Ne m’oblige pas à te le dire deux fois.

Primrose reste cependant sans bouger une petite seconde.

-Tu te rappelles ce qui arrive aux vilains petits chatons qui me hérissent, c’est ce pas ?

Le maitre part alors, laissant Primrose tremblante.  

(C’est ma seule chance... Cette occasion ne se présentera peut être plus jamais !)

Elle serre les poings, et n’entend pas Iousfa arriver.

-Prim ? Que se passe-t-il ? Elle demande

Primrose se retourne vers elle sans bruit.

-Je ne t’avais jamais vue aussi troublée. Reprend Iousfa. Dis-moi ce qui t’arrive. Qu’est ce qui peut valoir la peine de s’attirer les foudres du maître ?

Primrose soupire profondément, et regarde dehors. Iousfa comprend immédiatement.

-Je vois... Je m’occupe de tout. Elle affirme. Je vais faire diversion. Sors discrètement par la porte de derrière. A l’étage.

Primrose la regarde une seconde.

-Tu ne devrais pas t’en mêler. Tu n’as pas à te mettre en danger pour moi.

-Ecoute, Prim. Si tu ne veux pas me dire ce qui te préoccupe, tant pis. Mais ça n’a aucune importance. Je suis et je resterai toujours de ton côté.

-De mon... côté ? Souffle Primrose

Elle semble si surprise qu’elle en oublie de trembler.

-Quand les autres filles s’en prenaient à moi et essayaient de me remettre à ma place... tu étais toujours la seule à prendre ma défense.

(Je... L’ai complètement oublié...) Pense Primrose en regardant par terre

-Tu ne parles pas beaucoup... Tu es toujours réservée. Distante, même.

Iousfa semble soudain déterminée.

-Mais je comprends. C’est parce que tu ne veux pas accabler les autres de tes problèmes. Je te connais mieux que tu ne le crois, Prim. Et je sais qu’au fond, tu as bon cœur.

Primrose la regarde une seconde. Iousfa est si... Douce, avec elle...

Elle secoue la tête, et part un peu plus loin.

-Iousfa...

Elle se tourne vers Iousfa, et arrive à sortir :

-Je... Merci.

Primrose part enfin, presque en courant, et sort de la taverne.

-Toujours aussi avare de ses mots. Murmure Iousfa

Elle soupire.

-Mais je ne la changerais pour rien au monde.

Iousfa n’attend pas plus, et repart au plus profond de la taverne. 

(Merci, Iousfa, merci... Je ne l’oublierais jamais, jamais...)

Primrose n’est pas très émotive, c’est certains. Cependant, Iousfa est l’unique personne qu’elle apprécie, dans cet endroit puant la pourriture.

Elle court, et arrive enfin à l’extérieur de la taverne. Elle recommence sa course, cherchant des yeux cet homme vêtu de noir portant la marque du corbeau.

Elle finit par le trouver, derrière l’auberge. Il avance plus loin. Elle le suit, mais remarque que quelqu’un arrive. Elle se cache, et a un mouvement de surprise en reconnaissant celui qui arrive vers sa cible.

-Helgenish ?

-Je peux compter sur vous pour m’amener les femmes dont j’ai besoin... n’est-ce pas ? Susurre l’aile gauche du corbeau

Primrose regarde plus attentivement la scène, depuis sa cachette. Et c’est la toute première fois qu’elle voit son maître... Apeuré.

-Les subalternes compétents se font tellement rares de nos jours. C’est désespérant. Continu l’aile gauche

-J-je vous assure, Milord, je fais tout mon possible pour... Commence Helgenish

L’aile secoue la tête.

-Helgenish. Nous sommes amis, n’est-ce pas ? Et les amis se soutiennent mutuellement, non ? Ils ne se... déçoivent pas.

-J-je ferai tout ce qui est en mon pouvoir... Tente encore Helgenish

-J’ai vu une bien belle danseuse en ville. Ce genre de fille me plaît beaucoup. Coupe l’homme du corbeau

(C’est bien ce que je pensais... Helgenish le connaît.) Pense Primrose

-Amenez les femmes à l’endroit indiqué sur la carte. Et tâchez de ne pas me faire attendre. C’est bien clair ?

L’homme tend une carte à Helgenish, que celui-ci s’empresse de prendre.

-T-très clair, Milord. Répond Helgenish

(Cette carte...) Pense Primrose

Les deux hommes se séparent, et Helgenish s’approche dangereusement de Primrose.

-Ah !

Elle se recroqueville derrière son rocher, et laisse son maître passer. Une fois complètement disparu de son champ de vision, Primrose suppose que son maître n’est plus un danger, et elle se met alors en route vers l’endroit où est parti l’aile gauche.

Elle arrive alors devant les égouts d’Ombrelle.

-Il est passé par les égouts...

Elle y court alors.

Là-dedans, il fait très sombre. Heureusement pour elle, un voyageur malchanceux a laissé sa lanterne encore allumée...

-C’est tout de même louche...

Mais elle ne s’arrête pas là-dessus, et part plus loin.

Elle entend soudain des bruits au-dessus d’elle.

-Oh, je vois.

Elle dépose la lanterne, et attend. Deux hommes lézards des sables arrivent brusquement vers elle, un par l’avant, et un par l’arrière.

Cette lanterne est alors un cadeau involontaire de ce cher voyageur.

-Vous ne m’empêcherez pas d’atteindre mon but. Affirme Primrose

Primrose sort alors quelque chose de sa jupe de fortune. Quelque chose qu’elle cache, tous les jours, sans que personne ne puisse la voir.

La dague de la maison Azelhart.

La dague de son défunt père.

Sa dague.

Primrose, d’un mouvement rapide et précis, abat le premier monstre. Un coup dans le cou. Elle regarde le second. Durement. Il s’enfuit sans demander son reste.

-Raisonnable.

Elle reprend la lanterne, et court dans les égouts.

Elle court un long moment, avant d’enfin apercevoir une lumière.

-Enfin !

Elle y court, et tombe sur le désert. La chaleur brulante et la lumière se reflétant sur le sable l’assomme d’abord, mais elle se ressaisit rapidement.

(Il va m’échapper ! Pas question !)

-Je peux savoir où tu vas comme ça, chaton ?

-Ah... !

Primrose se retourne brusquement. Au sommet d’une espèce de colline de roche, se trouve...

-Maître... Helgenish...

Mais il n’est pas seul. Il est accompagné de plusieurs gardes, au moins une bonne dizaine... Ou deux.

-Que faites-vous ici à cette heure tardive ? Demande Primrose, presque tremblante

-Justement, parlons-en... Souffle Helgenish

Il se tourne vers les gardes.

-Cette minette ne mérite que la gouttière, mais elle s’est montrée assez aimable pour m’aider à attraper une souris.

Un garde s’approche. Il tient quelqu’un par le bras, et l’entraine durement.

-Iousfa ! S’écrie Primrose

-Prim... Je... je suis désolée... Elle souffle

-Elle était déterminée à tenir sa langue. Heureusement que mes hommes sont parvenus à la lui délier. Je crois que j’ai été trop indulgent envers elle. C’est une erreur que je ne referai pas.

Primrose sait ou cela va irrévocablement mener...

-Non ! Elle crie

Helgenish sort une dague. Et, sans hésitation aucune, poignarde Iousfa.

-IOUSFA !!!

Iousfa, faible, tombe de la colline de pierre. Lentement. Prenant dans chaque partie de son corps fragile un rocher. Elle finit par arriver juste devant Primrose, complètement brisée. Cette dernière la regarde d’abord sans bouger, ne réalisant pas encore.

-Ngh... ! Gémit Iousfa

Primrose se réveille, et s’écroule aux chevets de Iousfa.

-P-Prim... Je ne t’avais jamais entendu... hausser ainsi la voix... Murmure Iousfa

-Quoi ?! Ce n’est pas le moment de... Commence Primrose

-Dis... Prim... Coupe Iousfa

Elle a le regard plein d’espoir.

-On est... ...mies... pas vrai ?

-Quoi ?

-On m’a vendue... à cette taverne... quand j’étais petite... Tout le monde était si cruel... si misérable... Je croyais... que je ne me ferais... jamais d’amis... Je me sentais... si seule... Sans... Personne...

Iousfa sourit.

-Mais toi, Prim... Tu étais... différente... Toujours... la tête haute... si fière... Même pendant... les pires journées... Il suffisait... que je te regarde... pour reprendre... courage...

-Iousfa... Murmure Primrose

-Dis-moi... Prim... Est-ce qu’on... Est-ce qu’on était... amies ?

Primrose prend la main de Iousfa, et la serre.

-Oui, Iousfa... Tu étais... mon amie...

Iousfa laisse s’échapper un petit rire.

-Ça me rend... si heureuse... Je ne suis... plus... seule...

Les yeux de Iousfa se ferment. Son ventre arrive de s’abaisser et de se relever.

Primrose regarde un instant le corps de Iousfa. Cette petite danseuse bleue... La seule personne que Primrose pouvait qualifier d’amie...

Venait de mourir.

Primrose posa sa tête contre le corps de Iousfa, toujours en serrant sa main. Elle respire fort, et retient si durement ses larmes qu’elle se mord les lèvres jusqu’au sang.

-Ca y est, c’est enfin terminé ? Il faut bien avouer qu’elle ne nous avait jamais offert une interprétation aussi vivante.

Primrose enrage. Elle se lève, et se met parfaitement droite devant son maître.

-Si elle avait fait preuve d’un tel potentiel avant, je l’aurais peut-être gardée plus longtemps...

-Assez...

-Je te demande pardon ?

Primrose relève la tête, et regarde Helgenish dans les yeux.

-J’ai assez dansé pour vous. C’était la dernière nuit. Je ne vous appartiens plus.

-Ah oui, vraiment ? Provoque Helgenish

Il ricane.

-Comme quoi, il y a bien quelque chose dans ta jolie petite caboche... Moi qui la croyais aussi vide que le désert.

-J’ai su que vous étiez un pervers répugnants dès le moment où j’ai posé les yeux sur vous. Provoque Primrose

-Comment oses-tu me parler sur ce ton ?! S’écrie Helgenish

Il enrage. Son visage si grossier se met à rougir sous la colère.

-Tu n’es qu’une misérable fille de joie ! Sans moi, tu serais morte dans le caniveau !

-Je ne vous dois strictement rien. J’ai toujours dansé sur mes deux pieds. J’ai toujours choisi où me mènent mes pas. Rétorque Primrose

-Pour qui tu te prends, petite garce ?!

Primrose serre les poings.

-Toutes ces années... Les railleries, les coups, le déshonneur... J’ai tout enduré. Tout ça pour tenir jusqu’à ce jour. Le jour ou cet homme est apparu devant moi.

Elle regarde Helgenish avec des flammes dans les yeux.

-Je n’ai plus besoin de votre scène. Dorénavant, je ne danserai que pour moi-même.

-Primrose... Susurre Helgenish.

Il grince des dents.

-Tu t’égares, chaton. Mais je comprends. C’est encore un de tes petits numéros, pas vrai ? Tu voulais voir ton maître froncer les sourcils. Eh bien, voilà, c’est fait. Tu as eu ce que tu cherchais.

Primrose reste en silence.

-Ta bouche a mieux à faire que de cracher des insanités. Sers-t’en plutôt pour me satisfaire, et si tu le fais bien... je fermerai les yeux sur ton impertinence.

Primrose le regarde. Elle lance alors, crachant presque :

-Allez donc vous « satisfaire » tout seul, Maître...

Helgenish secoue la tête.

-Mauvaise réponse, chaton.

Helgenish se retourne.

-Tu sais ce que je fais aux chattes qui sortent leurs griffes, n’est-ce pas ? Je les abats. Comme celle-là.

Il montre Iousfa d’un regard.

-C’est bien triste, Primrose. Tu as toujours été ma préférée... Quel gâchis !

Helgenish sort sa dague. Les gardes derrière lui s’arment eux aussi de leurs lances et épées.

-Oui, c’est vraiment dommage...

-Ce qui est dommage...

Primrose sort sa dague. La faisant briller sous le soleil brulant. Le corps de Iousfa toujours à ses pieds.

-C’est qu’il m’ait fallu attendre aussi longtemps pour en finir, Maître !

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