Natsu

Chapitre 1 : Nouveau départ

2123 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 12:03

« – Maki ! Makiii ! Attends ! Tu ne vas quand même pas partir une nouvelle fois sans moi, si ?! 

  • Saori, dépêche-toi ! Tous les matins, c’est pareil avec toi. Il faut toujours que je t’attende et finalement, ce sont nous, les dernières. J’en ai assez que le prof nous punisse ! J’ai mes activités extrascolaires ce soir. Je ne peux pas rester une nouvelle fois avec toi pour nettoyer la salle de classe !
  • Hé hé...si tu m’en veux pour la dernière fois, je suis vraiment désolée… C’est juste que j’ai du mal à me réveiller le matin… 
  • Ah ça, pour avoir du mal, tu en as ! Et plus qu’il n’en faut si je ne m’abuse, puisque cela t’arrive pratiquement TOUS les jours… !
  • (^_^") Hehehe…tu es fâchée ?
  • Allez, viens maintenant. J’ai déjà l’habitude et puis…c’est bien pour ça que je ne peux pas te laisser te gérer toute seule. S'il n'y avait que ça qui me retenait, j’aurais pu te laisser tomber depuis bien longtemps, tu sais !
  • Haha… Maki, je t’adore !, dit-elle en serrant son amie dans ses bras.
  • J'y vais Maman !, lança Maki.
  • Au revoir !, fit son amie qui marchait à ses talons.
  • Faites attention à vous, les filles !, répondit la mère qui se trouvait dans la cuisine, en train de laver la vaisselle. 

Toute seule devant l’évier, elle appuya ses mains sur le rebord tout en contemplant avec nostalgie une vieille photo d'elle et de la mère de Saori, qui a été jadis sa meilleure amie, collée sur le réfrigérateur. Elle murmura pensivement : « Ah…elles n’ont pas du tout changé, pas vrai Yuriko ? »

Les deux filles, tout en marchant le long de la route et en bavardant, se donnaient des bourrades et des coups de coude rien que pour taquiner l’autre. Leur rire se répandait dans tout le voisinage. Lorsqu'elles passèrent à côté du petit magasin de tofu, le vieux Yasunagi sortit de la porte de service et s’arrêta près de la grille qui se trouvait face à la devanture de sa baraque pour la relever. Arrivées dans les petites ruelles où les petits commerçants comme Yasunagi commençaient à ouvrir leurs échoppes, elles saluèrent chacun avec entrain, ce qui rendit les gens du quartier heureux de voir la  « jeunesse » énergique de si bon matin. La grand-mère Tamiko, qui logeait au coin du grand carrefour où fourmillaient les gens de son quartier, tenait là une boutique de confiseries et de petites pâtisseries typiques de la région. C’était ici, le point de rendez-vous des jeunes écoliers qui étaient soulagés de la fin des cours, des collégiens qui traînaient encore dans les ruelles après être sortis de leurs écoles du soir ou encore des lycéens qui faisaient une dernière ronde du quartier avant de rentrer chez eux et se mettre au travail qu’il y avait pour le lendemain. Maki et moi, nous saluâmes la grand-mère Tamiko avant de disparaître dans une petite ruelle très étroite qui faisait office de gouttière et par où passait la canalisation des maisons ainsi que les chats. Ce passage secret ne servait en effet qu’à notre course matinale. Lorsque nous étions en retard, c’est ce raccourci qui nous menait tout droit, ou presque, au lycée Shirogakuin.

Devant les grilles du bâtiment, le professeur de sport, Eiji-sensei et le professeur de japonais, Sasori-sensei firent leur inspection habituelle. Ils passèrent le bonjour aux élèves qui répondirent en courbant leur dos. Chaque matin, c’était la même routine. Ils inspectaient les élèves et faisaient bien attention qu’aucun d’entre eux ne portait son uniforme de manière…détournée. Les bijoux et les lunettes trop voyantes étaient interdits. Quant à la jupe chez les filles, elle devait au moins être tirée jusqu’aux genoux. Essayer de passer avec du maquillage était mission impossible. Ces professeurs avaient des yeux de faucon qui ne laissaient rien échapper. Ils s’occupaient aussi des retardataires et leur infligeaient une punition digne de ce nom…comme par exemple faire dix tours du terrain de sport extérieur ou encore rester assis en seiza, la position traditionnelle japonaise, dans le couloir devant la salle de classe, les bras levés. Bref, des punitions qui parfois embarrassaient beaucoup les élèves. 

Une fois dans l’entrée, Maki et moi allâmes chacune vers notre casier pour y déposer nos chaussures et les troquer contre des chaussons. Chaque matin et chaque soir, c’était les mêmes gestes : pour éviter que les lieux ne soient trop sales, les élèves devaient automatiquement changer de chaussures avant d’entrer ou de sortir. A cet effet, chacun avait son propre casier. Tout en saluant nos amis qui arrivaient les uns après les autres et les quelques professeurs venus à pied, nous nous contâmes les dernières nouvelles concernant l’école. Le conseil des élèves allait bientôt organiser le festival culturel et sportif du lycée. Les cours seraient suspendus pendant quelques jours pour que les élèves puissent préparer leur salle de classe. Il était courant de tenir des stands un peu partout au lycée ou de faire un café cosplay. Certains créaient même une maison hantée ou lisaient l’avenir des gens en regardant leurs mains ou en utilisant des cartes de tarot. En plus de ce que préparaient les classes, le conseil des élèves faisait ériger une scène dans le gymnase de l’école sur laquelle avaient lieu des représentations de tout genre comme en profitaient les membres du groupe de théâtre ou encore des musiciens qui veulent organiser un concert. Chaque club avait sa place dans ce genre de fêtes. Le festival culturel permettait également aux jeunes collégiennes et collégiens des autres écoles de savoir à quoi ressemblait Shirogakuin et pouvait influencer leur futur voeu de lycée. En un mot, cette fête qui durait trois jours était toujours attendue avec beaucoup d’impatience. 

Lorsque nous entrâmes dans la salle de classe, je fis un « bonjour » à tout le monde, un grand sourire sur le visage, puis regardai autour de moi avant de m’affaler sur mon bureau. Les autres rirent à gorge déployée quand je lançai :

  • Ouf, mission réussie…
  • Tu as raison. Heureusement que le prof n’est pas encore venu, car sinon nous serions à nouveau restées dehors pendant le cours, lança Maki.
  • Et tu ne fais que le dire…nous avons été obligées de prendre le raccourci. Sans quoi, nous n’aurions jamais pu arriver à temps, répondis-je.
  • J’imagine que vous ne savez donc pas encore la grande nouvelle !, s’exclama Ritsu, des étincelles dans les yeux.

C’était une camarde et amie très bruyante. Elle était toujours au courant des choses qui se tramaient parmi les élèves et les professeurs. D’une histoire d’amour à une demande en mariage en passant par les disputes ou réconciliation entre amis jusqu’aux secrets renfermés dans la salle des profs, elle savait toujours tout. En plus de ça, ses sources étaient très fiables. Maki, après s’être assise à sa place, sur ma droite, manifesta son impatience :

  • Allez, crache le morceau. Sinon je ne sortirais plus avec toi en ville !
  • C’est bon, c’est bon. Je vais vous le dire… En fait, il paraît qu’aujourd’hui un nouvel élève arrivera au lycée ! Je crois même qu’il a été transféré dans notre classe ! Génial, non ?! Quelle chance s’il était beau, intelligent et sportif…
  • Ouais, ouais, on a comprit…, répliqua Maki, l'air vraiment très intéressé.
  • Un nouvel élève, hein…, bredouillai-je, la tête sur mes bras croisés.  

L’été se faisait déjà sentir. La chaleur me faisait oublier tout ce qui se passait autour de moi. J’avais tant souffert, pourtant, je ne me rappelais plus à quel point, tellement le temps passé était long. Mes yeux se fermèrent petit à petit.  

« Saori, ta mère et moi, nous t’aimons beaucoup. Nous te protégerons toujours. Toi aussi, tu devras protéger ce qui est important pour toi. Rends les gens autour de toi heureux grâce à ton sourire si chaleureux. Il n’y a rien de plus beau dans ce monde que de voir le visage d’une personne illuminé d’un gentil sourire. » Papa m’avait toujours dit ça. Je n’ai pas bien compris pourquoi avant. Mes parents me protégeaient toujours. « Toujours », un mot auquel je croyais fermement. Ils étaient une grande source d’énergie pour moi, mais ce « toujours » n’a pas tenu sa place. D’un instant à l’autre, j’ai tout perdu… » 

« Très bien tout le monde, un peu de calme ! Regagnez tous vos places maintenant ! La cloche a déjà sonné ! » La voix du professeur m’avait soudainement ramenée à la réalité. Il alla jusqu’à son bureau. Le délégué dit : « Levez-vous ». Tout le monde obéit. Puis vint le « Inclinez-vous » et « Rasseyez-vous ». Il fallait toujours saluer le professeur avec respect. Ensuite, celui-ci annonça :

  • Avant de commencer le cours, je dois vous faire part d’une importante nouvelle.
  • Hé, hé ! Je vous l’avais dit !, lança Ritsu avec excitation.
  • Je suis content que vous soyez si enjouée dès le matin Mademoiselle, mais je vous prierais de partager votre joie avec vos camarades pendant la pause. 

Elle devint aussitôt rouge comme une tomate. La honte la fit taire immédiatement. Le professeur reprit :

« Ahem… à partir d’aujourd’hui, un nouvel élève fera partie de la classe. A cause de raisons personnelles, il a dû changer d’école. C’est pourquoi, je compte sur vous pour lui faire visiter le lycée ainsi que pour l’aider à s’intégrer rapidement dans la classe. Aidez-le à reprendre les cours. Sur ce, tu peux entrer… »

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