Natsu

Chapitre 8 : Ailes et émerveillement

965 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 18:43

Le jour suivant, nous avons suivi les cours ennuyants des profs qui s’enchaînaient les uns après les autres. L’après-midi, deux heures de sport s’annonçaient. Les garçons jouaient au foot sur le terrain de dehors, quant aux filles, elles faisaient du basket à l’intérieur du gymnase. A la fin de mon match, je me suis dépêchée d’aller rejoindre les autres qui étaient dehors, à acclamer ou encourager les joueurs. Takimura était là, près du banc, en train d’encourager ses co-équipiers sans relâche. Un étrange hasard fit soudainement tomber la balle directement sur lui. Il réussit à l’intercepter avec son pied. Puis au lieu de la redonner au joueur, il s’aventura sur le terrain et courut droit vers le but. Les autres en étaient tous bouche bée. Il était fou. Il pouvait faire une attaque à n’importe quel moment et pourtant… Les autres ne s’en rendirent pas compte. C’était normal. « Ils ne savent pas ». Il ne veut pas qu’ils sachent. Les élèves de notre classe et surtout les filles, qui regardèrent le match dans les tribunes, crièrent et tapèrent des mains. Elles étaient toutes éblouies. C’est vrai qu’il était cool. Il s’élança avec un tel acharnement vers le camps adverse qu’on avait le souffle coupé rien que de l’admirer. Il avait vraiment l’air d’un ange ainsi et puis, il courait si vite. Takimura était certainement le coureur le plus vite que je n’aie jamais vu. C'était...comme si des ailes lui avaient poussé dans le dos. Il avançait magestueusement, la balle au pied. De là où je le contemplais, j'avais pourtant l'impression de sentir sa détresse, son souffle qui lui manquait petit à petit. Je ressentais sa peine et sa douleur, et pourtant, il était si têtu : il continua droit devant. J'en fus estomaquée. Arrivé au but, les défenseurs s’en prirent tous à lui. Il réussit à les dribler magnifiquement et à marquer le but. Durant ce laps de temps, je crois que j’avais oublié de respirer tellement il resplendissait. Son sourire était plus épanoui que d’habitude. Sans même le remarquer, des larmes montèrent à mes yeux. Disons que c’est l’émotion. Oui… Dieu était injuste. A ce moment, je me disais : « Si seulement il pouvait courir tous les jours comme ça…si seulement il pouvait être un garçon normal comme les autres… ». Tout en pensant ça, un déchirement atroce se fit dans mon cœur. C’était si douloureux, le regarder alors qu’il est tellement heureux. Le regarder en sachant que son temps était compté…Ensemble avec les autres joueurs, il marcha vers nous, une expression triomphante sur le visage. Ça devait être la première fois qu’il ait couru ainsi. Les filles l’assommèrent de questions, de petites tapes dans le dos et de félicitations. Pourquoi avait-il couru ? N’était-il pas blessé à la cheville ? Est-ce que sa période de règles était terminée ? Je pris une serviette, la lui lança à la figure et tins une bouteille d’eau contre sa joue. Il eut l’air surpris avant de me faire le signe « V » de la victoire avec son index et son majeur. Essayant de faire transparaître ma colère et mon admitration à travers ma voix, je lui dis tel un adulte sermonnant son enfant :

  • Tu es vraiment fou.
  • Haha, fou, mais en pleine santé !, lança-t-il avec un grand sourire.
  • Si tu ne fais pas plus attention à toi…, murmurai-je.
  • J’aime vraiment ton côté maternel, tu sais. Tu es si mignonne Yukihira !
  • T’as pas intérêt à t’écrouler, d’accord ?!
  • Oui, oui, c’est promis. Allez, il faut que nous rentrons au gymnase.

Je suivis le mouvement quand tout à coup, une ombre lourde passa à côté de moi. J’étais impuissante. Je devais avoir l’air aussi pâle qu’un linge, car même en essayant de me remonter le moral, en me convaincant qu'il irait bien, je ne pouvais m’arrêter de penser que ça avait été la dernière fois que j'ai pu le voir souriant. Il était là. Par terre. A mes pieds, respirant péniblement. Les autres appelèrent le professeur, étonnés pour la plupart, perplexes pour la majorité. Alors que j’étais juste à côté, je ne pouvais rien faire. Je ne faisais que pleurer comme un petit enfant.

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