Une autre histoire de One piece...

Chapitre 1 : Bounty D. Mary

3805 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 14/03/2019 18:07

Tout commença sur une île totalement banale habitée par des citoyens tout autant banals. La seule chose que l’on pouvait dire de cette île était qu’elle enjambait à la fois deux mers : West Blue et Calm Belt. Bien qu’ils en fissent leur fierté, des centaines, voire des milliers d’autres lieux comme celui-ci existait déjà, mais personne ne s’en préoccupait réellement. Qui dit deux mers dit nécessairement deux régions distinctes. D’une part, il y avait le côté de Calm Belt, là où le vent ne se rendait jamais, rendant les lieux très silencieux et très sereins. Ce n’était pas très habité. Les seuls bruits de végétations existantes étaient causés par la vie animale ou humaine. Il avait des habitations çà et là, mais le calme plat ne rendait pas la majorité très à l’aise. D’autre part, était construit le Port Ouest. La vie citadine y battait son plein. Des cloches sonnaient pour annoncer l’arrivée de bateaux de toutes sortes, des marchands apostrophaient les piétons dans le but de faire tester leur produit, des enfants couraient, jouaient et criaient en se faufilant par-ci par-là, poursuivi parfois par des adultes colériques cherchant un remboursement à leur dernier pot de fleur brisé. La vie quotidienne, en gros. De tout ce brouhaha se camouflait d’autres activités plus ou moins nettes. Il y avait une maison délabrée, légèrement en retrait, voire même, abandonnée. Sauf cette journée. Seulement éclairé par une bougie, un homme était assis sur une chaise tenant à peine debout. Face à un épais mur de pierre et appuyé sur le seul semblant de bureau des lieux, celui-ci prit sa cigarette et la tapota au-dessus de la table, la recouvrant une fois de plus de cendre. Il rapprocha le microphone du den den mushi de son visage et repris de sa voix rauque : « On ne peut pas se permettre une autre erreur. Mais les ordres de Dragon restent quand même les mêmes : « recruter un maximum d’allier avant de bouger. » Je trouve tout ça un peu contradictoire…

-         Il fallait s’y attendre, interrompit l’interlocuteur au bout du fil, tant que nos ressources ne reposent pas sur de solide base, nous devons rester vigilants et être prêts à être attaqué de n’importe quel front.

-         Mais pour se faire des alliés, il faut leur montrer un minimum de confiance et c’est là que tout se joue.

-         Nous ne sommes pas assez et notre cause est perçue comme de la pure folie pour certain. Mais il faut savoir prendre des risques pour avancer, sinon l’incertitude ne nous fera que plus stagner. »

L’homme à la cigarette gloussa aux dernières paroles. « Toujours aussi poétique, à ce que je vois. »

L’autre ricana aussi. « C’est ma marque de commerce. »

Pendant qu’ils continuèrent à échanger leur contre rendu, de l’autre côté de l’épais mur de pierre, il y avait une ruelle sombre où, une jeune femme, était nonchalamment posée sur une caisse de bois, adossée à la paroi froide de la maison abandonnée. Grattant quelque dernières notes sur son vieux luth, elle se pencha, attrapa son crayon et griffonna quelque note sur un calepin posé à côté d’elle. Encore ce « Dragon »? C’est la troisième fois qu’ils parlent de lui cette semaine, pensa-t-elle en relisant ses notes qui reflétaient sur ses lunettes fumées. « HAHA! Mary! Tu étais là !!!! », s’écria une silhouette debout à l’entrée de la ruelle.

Tombée en bas de la caisse par la surprise, la petite femme aux lunettes fumées se releva et dit en grommelant : « Sabine, qu’est-ce que tu fous là??!!

-         Toi, qu’est-ce que tu fous là ?!

-         Ça se voit pas? Je jouais du luth, tranquille!

-         Dans une ruelle sombre?

-         Je voulais être seule.

-         Avec un calepin?

-         J’écris une nouvelle chanson.

-         Avec des lunettes fumées?

-         Avoir du style me donne de l’inspiration. »

Sabine plissa des yeux et reprit après s’être croisé les bras : « Honnêtement, j’pense que, plus louche que ça, tu meurs. 

-         Arrrh! Et puis, de toute façon, t’as rien de mieux à foutre que de me chaperonner tout le temps comme ça?

-         En voilà une manière de parler à sa grande sœur!

-         Fait pas chier, du respect c’est pas quelque chose qui s’impose, c’est quelque chose qui se gagne, dit Mary en attrapant ses choses et en sortant de la ruelle sans regarder sa sœur, qui la talonna.

-         Je vois pas ce qui a de mal à m’inquiéter pour toi. Tu es très distante, ces temps-ci.

-         Ça s’appelle l’autonomie, tu devrais essayer, ça te ferait du bien.

La grande sœur soupira et dit : « Heureusement que je te connais, sinon je t’aurais probablement traitée de connasse.

-         Tu viens de le faire indirectement.

-         Non j’ai dit « si je te connaissais pas »!

-         Je vais le dire à maman.

-         Je t’ai dit que je te l’ai pas dit!!!! »

Et elles continuèrent à déblatérer ainsi jusqu’à leur demeure.

 

***

 

Un quart d’heure de marche plus tard, les jeunes femmes arrivèrent à bon port. L’auberge, dans laquelle elles avaient grandi, les surplombait fièrement et calmement. Bien que, la structure semblât inégale et fragile, la demeure était l’héritage de plusieurs générations de dur labeur de la famille Bounty D. Après s’être essuyées les pieds sur le paillasson, Mary et Sabine pénétrèrent dans l’antre principal de l’auberge. La pièce ouvrait sur une grande salle parsemée de table de différentes grandeurs avec, en son centre, un grand foyer chaleureux qui donnait un air tamisé en cette fin de journée d’été et, en plus, d’un bar sur le mur du fond. Pour les portes : une derrière le bar, menant à la cuisine, deux sur la droite dont une pour la salle de bain et une autre amenant aux quartiers personnels de la famille et, sur la gauche, un portail ouvrant sur un couloir dont plusieurs chambres étaient disponibles pour les clients. La mère des jeunes femmes était en train de servir la table d’un couple de passant lorsque son regard croisa celui de Mary. Ettttt c’est parti, soupira intérieurement la femme aux cheveux bouclés. Plusieurs expressions faciales traversèrent les traits de la vieille serveuse. D’abord l’incompréhension, pour passer à la surprise et finir avec les yeux injectés de sang par la colère. « MARYYYYYYYY!!!!! », hurla-t-elle après avoir jeté son plateau par-dessus son épaule et avoir renversé la table du couple maintenant terrorisé. La mère piétina la table à grande enjambée pour finir nez à nez avec Mary. « Pour qui est-ce que tu crois te prendre?!?! À partir toute la journée comme ça, sans nouvelles, sans faire tes corvées ! Nous sommes tous dans le même bateau, jeune fille, et je ne tolérais pas que l’un d’entre nous ait à faire plus de travail à cause du manque de discipline d’un autre!!

-         Mais… ce n’est pas une prison ici! Et je suis là maintenant, du calme! 

-         Oh oh…. , dirent simultanément Sabine et son père, qui avait remis la table debout et globalement nettoyé le gâchis de son épouse.

-         Comment oses-tu….. , dit la vieille dame, maintenant visiblement la colère qui bouillait en elle, TU AURAS INTÉRÊT À ME DONNER DE BONNES EXPLICATIONS POUR TON ATTITUDE ET TES FUGUES INCESSANTES!!!!

-         Des fugues… ?

-         PAS UN MOT DE PLUS, JEUNE FILLE !!!

-         Mais, c’est pas des fugues. Je reviens tous les soirs….

-         SILENCE! VA DANS TA CHAMBRE!!!!!!

-         Maman, j’ai 25 ans……..

À cet instant précis, elle reconnut une tête par-dessus l’épaule de sa mère et son cœur s’arrêta. Assis légèrement en retrait, un homme, au chapeau haute-forme défoncé avec une carte deux de pique insérée à la base et possédant de petites ailes pointant vers le sol, sirotait une tasse de thé en observant la scène, un sourire en coin. « Est-ce que ça serait à cause de Nell? », demanda calmement le père en servant une fois de plus les chopes du couple, toujours autant traumatisé par la situation. La mère se retourna vers son mari et ensuite vers Mary, les traits légèrement plus adoucis. « Hein? Quoi? », dit Mary, recentrant son attention sur ses parents qui l’observaient, à l’attente d’une réponse ou d’une quelconque réaction. Ayant compris à retardement ce qu’ils venaient de dire, la jeune femme releva ses lunettes fumées sur sa tête et dévoila son œil borgne et meurtrit par une cicatrice en forme d’éclair pointant vers le nez. « Non ça n’a rien à voir », dit-elle simplement en passant devant sa famille et en se dirigeant vers la porte des quartiers personnels. « Je vais dans ma chambre », ajouta-t-elle sans se retourner et en jetant un coup d’œil subtil à l’homme au haute-forme. Mary referma la porte derrière elle et se dirigea vers sa chambre les pieds trainants. Arrivée, elle s’assit sur son lit et attendit, anticipant ce qui était sur le point d’arriver. Un bon cinq minutes s’écoulèrent et elle se leva et ouvrit la porte. L’homme au haute-forme se trouva là, la main levée sur le point de toquer, et fit un sourire chaleureux à Mary. « Putain enlève-moi cette tête de con avant que je te balance un tonneau de bière à la gueule, grogna la petite femme.

-         Bon sang! Pourquoi tant de haine?, dit-il d’un ton presque amusé.

-         Tu te fous de ma gueule? Qu’est-ce que tu fais là? Comment t’as trouvé cet endroit? »

Face à ces questions, l’homme tapa une fois de sa canne au sol et se tortilla la moustache de l’autre main. « Me croirais-tu si je te disais que ce n’est qu’une coïncidence?

-         Non, même pas un peu.

-         Eh beh pourtant! Et je trouve même que c’est une heureuse coïncidence! »

Mary fouilla dans sa poche arrière et y ressortit prestement le calpin de note pour finalement le tendre à son interlocuteur, qui le prit sans hésitation et le feuilleta. « Il y a beaucoup de notes!, s’exclama-t-il. Est-ce que tout ça c’est aujourd’hui?, demanda-t-il en levant les yeux.

-         Non, c’est sur trois jours.

L’homme grogna un peu à la réponse et reprit : « hmm… Il aurait fallu noter les dates et les heures, mais bon, on fera avec…. » Il sourit et décrocha une bourse de sa ceinture camouflée sous son long manteau. « C’est quand même bien plus que ce que nous aurait donnés n’importe quel autre informateur! » Il lui donna l’argent. Mary ouvrit le sac et observa la quantité significative de Berrys. « Tu sais, peu importe ce que tu cherches à faire avec cet argent, nous pourrions te le procurer comme tu le désir.

-         Non, je n’ai pas besoin d’aide, merci.

-         On t’aide déjà. Pour mon capitaine, tu es déjà l’une des nôtres! Et l’entraide entre camarades pour nous est une règle d’or!

-         Attends, quoi?

-         Tes capacités à entendre les conversations de Den Den Mushi sont en parfait raccord avec nos activités. On se complète mutuellement, vois-tu.

-         Ben non je « vois pas » et je verrai jamais! Jamais je ferais partie d’un équipage de pirates! Je vaux mieux que ça.

Sur ces mots, elle s’approcha du visage de l’homme, malgré sa grandeur, et reprit d’un ton grave : « Et surtout, je dis bien SURTOUT, ne t’avise plus jamais de t’approcher de ma famille comme ça. » Nullement intimidé et maintenant son sourire, il dit : « Comme tu veux, mais c’est déjà trop tard. Tu es une « pirate ». » Il s’inclina, leva son chapeau en guise de salutation, tourna les talons et ajouta avant d’être hors de vue : « À un de ces quatre! ».

Seule, les bras ballants, Mary entra en introspection. Dans quoi je viens de m’embarquer?, se demanda-t-elle en baissant son regard vers la bourse pleine. Il m’aurait manqué un contrat de plus et j’aurais pu me payer mon bateau de pêche…. Elle leva les yeux vers la fenêtre et conclut : Non, je peux pas rester, si je reste, ils pourraient rôder autour de l’auberge. Je dois partir maintenant! Décidée, la jeune femme ouvrit sa commode et remplit son sac. Des vêtements, une boussole, une gourde, son luth, un couteau et puis, soudainement, un papier plié, coincé entre deux objets, tomba doucement au sol. Se sentant légèrement idiote de l’avoir presque oublié, elle l’attrapa et l’ouvrit pour en lire le contenu une fois de plus:

« On se reverra.

- Nell »

Mary ricana doucement. On dirait que tout le monde me dit ça, ces temps-ci, pensa-t-elle. Sans lâcher le papier du regard, elle mit son sac sur son dos et se dit : mais toi, je te reverrai réellement!

 

***

 

La nuit était maintenant tombée. Seule la lune et quelques réverbères éclairaient modérément le sentier menant au Port Ouest. Heureusement pour Mary, elle avait si souvent fait ce chemin, qu’elle aurait pu le faire les yeux bandés, quoiqu’avec son œil borgne c’était presque ça. À l’arrivée du haut d’une dernière colline, la vue du village scintillait dans les ombres. Aveuglée rythmiquement par le phare légèrement en hauteur par rapport au reste des bâtiments, une silhouette connue se trouvait encore une fois devant la jeune femme. « J’ai tout entendu », dit Sabine. Surprise, Mary regarda par-dessus son épaule et se retourna vers sa sœur. « Comment t’as fait pour arriver là?

-         Tu as pris le seul chemin pour se rendre au Port Ouest et…. Je cours plus vite que toi, sourit-elle. »

Effectivement, elle semblait essoufflée. La petite sœur resta silencieuse et dit en haussant les épaules : « et maintenant?

-         Et maintenant…?

-         Tu vas faire quoi?

-         C’est pas évident? Je vais te ramener à la maison et on va appeler la marine pour ce pirate.

-         Non…. Ce n’est SI simple que ça.

-         Pourquoi pas? Peu importe ce que tu as fait on ne le dira pas voilà to…

-         …Non! Ça se saura, tôt ou tard. Il n’est pas seul et s’ils devaient savoir que l’un de leur « camarade » se retrouve en prison à cause de nous…. On ne les connaît pas. On ne sait pas ce qu’ils peuvent faire.

Sabine semblait vraisemblablement perdre son sang-froid et dit les yeux pleins d’eau : « Tu peux pas partir encore… Je te laisserai pas faire! Pas comme la dernière fois! » Mary ferma son œil aveugle après que de mauvais souvenirs ressurgirent, mais resta de marbre. « Je vais revenir, je vais juste chercher Nell.

-         Je le savais…. Tout le monde le savait. Mais c’est un adulte! Il a fait ses choix et tu n’as pas à t’interposer vers le chemin qu’il a choisi! »

La petite femme défigurée observa Sabine des pieds jusqu’à la tête. Elle n’avait pas besoin d’en rajouter plus, sa grande sœur avait bien expliqué la situation. « L-l-le… chemin que… j’ai choisi …, réussit à dire Sabine entre deux sanglots, c’est de te protéger comme j’aurais dû le faire…

-         On était des enfants, ce n’est pas de ta faute, tu n’as pas à t’en mettre autant sur les épaules.

-         Et quoi? Tu vas abandonner maman et papa?! Comment peux-tu être autant égoïste! »

Mary soupira et avança, mais sa sœur s’interposa en se gonflant un peu la poitrine. « Tu es sur mon chemin, dit la petite sœur en maintenant le regard de sa grande sœur.

-         Retourne à la maison. »

Elle ne l’écouta pas et avança malgré tout en bousculant la femme plus grande qu’elle, qui lui agrippa le bras. Dans la seconde qui suivit, elle se dégagea et la repoussa, mais Sabine revint à la charge. Dos à la ville, Mary anticipa les mouvements de sa sœur qui tenta de la ramener de force et put la repousser plus loin. La grande femme aux cheveux châtains au sol, elle en profita et prit ses jambes à son cou vers le Port Ouest. Au rythme du sprint le plus rapide que pouvait faire Mary, elle courut, courut, l’entrée grandissant pas par pas, encore et encore, c’était maintenant tout près. Elle se sentit s’envoler soudainement vers l’avant et plaquer violemment au sol. Sabine était maintenant assise en califourchon sur le dos de sa sœur. Ne suivant que son instinct et l’adrénaline, Mary poussa de toutes ses forces le sol avec ses bras et put asséner un violent coup de tête. Sonnée, l’ainée se releva et n’eut pas le temps de se remettre de sa blessure au front que Mary la termina avec un coup de poing sur le nez. Elle s’écroula de tout son long sur le dos et la cadette l’observa, encore haletant. « Sabine…? » Pas un mouvement. Elle s’élança sur sa sœur et vérifia sa respiration. Ok… elle respire, c’est pas mal. Mary releva la tête et chercha de l’aide du regard, mais personne à l’horizon. Elle s’empressa de mettre sa victime sur son dos et de l’amener à l’infirmerie la plus proche. Des infirmières l’amenèrent d’emblée sur un lit et l’examinèrent. Après que celles-ci lui confirmèrent que la commotion était superficielle et qu’elle s’en remettrait, Mary prit son sac et s’arrêta au pas de la porte pour se retourner vers sa grande sœur une dernière fois. Une vague de culpabilité la noya un instant. Sa sœur ainée, qui ne lui voulait que du bien, pourquoi pensait-elle autant aux autres? Avant que les larmes ne s’évadent, Mary se retourna et s’en alla en se disant QU’ELLE AUSSI elle la reverra. Elle marcha, par la suite, jusqu’au port. Bon beh, évidemment, rien se passe comme prévu, pensa la jeune femme en observant l’eau vacillant sous la lumière de la lune. Son regard balaya les bateaux à disposition. En ce début de nuitée, seul un semblait actif. Les marins d’un petit restaurant portable empaquetaient leurs marchandises et semblaient vouloir prendre la mer ce soir. Mary se faufila avec facilité, profitant de sa petite taille, et se glissa jusqu’à la cale, entre deux caisses. Bien posée, elle ressortit le message du Nell, qu’elle observa longuement.

J’arrive, mon frère. 

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