La fille de la forêt

Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture de Fanfictions.fr : Blouse de la rentrée (sept-oct. 2019).

Ce texte participe au niveau 2 du défi.

Les mots soulignés correspondent aux mots qu’il fallait placer selon les règles du défi.

Quelques notes d’aide à la lecture pour ceux qui ne connaissent pas le fandom sont disponibles en bas du texte.

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La fille de la forêt

Le navire trembla. Les pas au-dessus de sa tête se précipitèrent vers tribord. Les hommes à bord crièrent leur joie d’enfin arriver sur l’île. Bien qu’ils fassent souvent le voyage, les marchands n’étaient jamais à l’abri de tomber sur quelques pirates malveillants. Cette fois-ci le trajet se fit calmement. Un soulagement pour les matelots, mais aussi pour Nico Robin (1) qui voyageait clandestinement dans une des soutes du bateau.

En se dépliant ses os craquèrent et elle mit un certain temps avant de retrouver son habituelle souplesse. Elle tendit une oreille pour savoir si les hommes à bord étaient partis. Quelques pas se firent encore distincts, mais il ne devait s’agir que de patrouilleurs et il lui sera facile de les éviter. D’un pas léger, la jeune fille de quatorze ans se lança alors dans sa nouvelle aventure.

Kami Island (2) était une petite île de North Blue, peu d’habitants y vivaient et chacun jouait un rôle dans l’entreprise connue mondialement : Berry Wood. La firme s’était développée il y a dix ans de cela, lorsqu’une forêt s’était soudainement mise à pousser de manière extrême. Aucun scientifique n’avait réussi à percer le mystère de cette forêt qui renaissait sans cesse, quoi que les humains fassent. C’était l’opportunité de rêves pour deux étrangers à l’île : les frères Berry. Ils furent les premiers à comprendre que l’on pût exploiter cette forêt magique pour créer un marché énorme à base de bois.

Berry Wood avait donc d’abord commencé par créer des meubles, puis des bateaux et des charpentes de bois quand le frère aîné Blue Berry eut l’idée qui fit de la firme la plus grosse entreprise mondiale. Ils transformaient le bois en papier et créaient toutes sortes de fournitures : des classeurs, des cahiers à petits et grands carreaux et surtout le papier qui était utilisé pour imprimer les journaux. Les prix imbattables attirèrent tous les médias vers Kami Island et il n’y eut plus de chômage sur l’île.

Nico Robin aplati le plan qu’elle avait chapardé sur le navire des marchands pour préparer sa nouvelle expédition. Elle avait tout d’une aventurière. Petite blouse kaki, pantalon brun enfoncé dans des bottes noires, lunettes rectangulaires. Seul le cartable qu’elle avait sur le dos lui donnait un air d’écolière, mais elle n’arrivait pas à l’échanger avec un sac plus adapté à ses missions. C’était après tout un cadeau de sa défunte mère. Dans le cartable en cuir se trouvait tout le matériel nécessaire pour prendre des notes sur ses découvertes : une trousse ne contenant qu’un stylo bille volé à un journaliste curieux lui ayant posé beaucoup trop de questions sur son passé, un calepin certainement fabriqué à partir du bois de cette forêt, une lampe de poche pour les nuits passées dehors et quelques vivres volés ici et là.

La jeune fille avait entendu parler de cette île dans une famille qui l’avait hébergée quelques jours avant de la dénoncer aux Marines. C’était son quotidien. Elle était maintenant habituée d’être la cible de tous, celle que chacun voulait héberger pour ensuite récupérer la prime qui planait sur sa tête. 79 000 000 de Berry (3). Cette prime extrêmement élevée pour une enfant de son âge donnait l’étrange impression de pouvoir devenir riche. Il suffisait de l’amadouer et l’on recevait un énorme pactole.

Or Nico Robin était loin d’être une imbécile. Elle avait plus de ressources et de tactique que pensé. Et surtout, elle ne voulait pas mourir avant de réaliser son vœu le plus cher : découvrir le secret des ponéglyphes.

C’est donc dans cette optique que Nico Robin mena sa recherche et voulu également découvrir le secret de l’île. Parce qu’elle en était persuadée ; la forêt de Kami Island recelait de secrets et de mystères.

Son cartable sur le dos, la carte dans ses mains, l’enfant s’enfonça dans la forêt direction le cœur de tout ce mystère. La forêt éternelle, comme l’appelait les habitants de l’île, recouvrait près de soixante pour cent de Kami Island. Nico Robin tenta d’arracher une branche d’un bois et attendit, assise le dos contre un chêne, la repousse. Même si la branche mit près de trois heures à repousser, cette croissance n’avait rien de naturelle. Quand l’enfant collait sa main sur un tronc, elle ressentait une forte énergie en découler. Nico Robin en était persuadée, la forêt était contrôlée par quelqu’un.

Et cette évidence fut rapidement confirmée. Alors qu’elle était presque rendue au cœur de la forêt éternelle une étrange construction interrompit les dizaines d’hectare d’arbres et de verdure. C’était comme si la nature avait laissé à l’humain quelques mètres carrés pour vivre.

Toujours discrète et furtive, Nico Robin s’approcha du bâtiment. Il ne s’agissait que de quatre murs et sa surface devait à peine dépasser les dix mètres carrés. Trois façades de l’habitation n’étaient que pierre et ciment. Aucune fenêtre. Mais la quatrième façade surprit la jeune aventurière. Ils ne s’agissaient que de barreaux étroitement serrés les uns aux autres. Puis soudain tout fut clair. Le bâtiment était en fait une cellule. Et cette cellule hébergeait une enfant de son âge. Robin s’en approcha et toucha l’un des barreaux. La fatigue la prit aussitôt et sa conclusion se fit rapidement : du Granit Marin. L’enfant avait donc, tout comme elle, un fruit du démon.

Malgré son rapprochement, l’enfant n’avait pas levé une seule fois les yeux vers Robin. Celle-ci avait une faible allure. Elle semblait extrêmement maigre, sale et fatiguée. Ses cheveux laissaient de tels trous que l’on pouvait voir son crâne et de nombreux bleus parcouraient son corps. Bien qu’elle parût extrêmement affaiblie, la jeune fille soufflait un air répétitif dans une flûte à bec.

_ Hé ! Qu’est-ce que tu fais ici ?

L’enfant daigna finalement lui porter attention, mais ne cessa jamais son air entêtant. Soudain tout devint clair pour l’esprit vif de Robin. Le fruit du démon qu’avait mangé la fillette permettait la repousse de toutes sortes de végétaux.

_ J’ai compris, répéta Robin à haute voix, ton pouvoir est la clé de la forêt éternelle ! Ne me dis pas qu’on te séquestre depuis dix ans ? Ne me dis pas que tu vis cette horreur depuis tout ce temps ?

Mais les épaules de la jeune fille enfermée s’affaissèrent. Robin avait vu juste. L’enfant était exploitée depuis son plus jeune âge pour subvenir aux besoins de la société de l’île. Et les coupables de cet acte monstrueux ne pouvaient être que les patrons de l’entreprise Berry Wood. Les frères Berry.

C’est au moment où Robin se fit intérieurement cette réflexion que ses pieds décollèrent du sol. Quelqu’un l’avait pris par le col de sa blouse pour faire face à une deuxième personne. Ces yeux étaient ainsi à la hauteur d’un homme musculeux aux cheveux bleus pétants rappelant la couleur des myrtilles. Son secret venant d’être découvert, son visage était sombre. Et Robin décida d’entrer dans son jeu :

_ Je sais ce que j’ai vu, j’ai compris. Les médias dont vous êtes les fournisseurs de papier seront vite au courant de toute cette histoire, croyez-moi. Je vais dénoncer ces exactions.

_ Enfin voyons, déclara l’homme aux cheveux bleus, ce que tu as vu est totalement légal !

_ Ah bon ? C’est donc légal d’enfermer une enfant et de la battre ainsi ?

_ Tu te trompes, ma chère enfant. Elisabeth nous aide, certes, mais cette cage n’est là que pour la protéger des bêtes sauvages. Elle peut en sortir quand elle veut. N’est-ce pas, Elisabeth ?

L’enfant baissa la tête, toujours en soufflant dans sa flûte à bec et hocha lentement pour consentir les dires du grand patron.

_ Et les bleus, n’abandonna pas Robin, vous allez me sortir quoi comme inepties pour les justifier ?

_ Ah ça ! Notre chère Elisabeth est une future artiste, elle ne cesse de peindre de magnifiques tableaux. Cela doit sûrement être de la gouache. Elisabeth, il va falloir que tu l’enlèves, tu vois les gens doutent vite de nous.

Ce fut trop pour Robin. La colère l’envahit alors lentement et grâce à son fruit du démon, le Hana Hana no Mi (4), elle réussit à se détacher de l’emprise de l’homme ressemblant particulièrement à l’autre, excepté que ses cheveux étaient d’un rouge semblable à des canneberges. Robin comprit alors qu’elle avait affaire aux frères Berry, Redberry et Blueberry.

_ Ce pouvoir ! hurla alors Blueberry. Tu es Nico Robin ?!

_ Oh oh, réagit son frère, c’est notre journée frérot. On va recevoir l’énorme récompense.

Blueberry l’attaqua alors d’un kunai (5). Nico Robin n’eut alors juste le temps de contrer le lancer en tendant son cartable. Sur l’arrête de celui-ci se trouver en effet une équerre (6) métallique. Le combat battait alors son plein. L’enfant faisait face à deux hommes avides d’argent et voulant à tout prix protéger leur petit business. Mais Robin, elle voulait par-dessus tout rendre justice à cette fille exploitée tel un robot. Grâce à son fruit du démon elle fit alors apparaître une cinquantaine de mains chacune d’entre elles étant armée d’un poignard long d’un double décimètre. L’une des nombreuses mains ne visa pas les deux hommes mais fondit sur la fillette. Elisabeth lâcha pour la première fois son instrument et elle comprit l’intention de celle qui se battait pour la sauver. Le poignard trancha la flûte à bec, libérant l’enfant de sa corvée.

Toujours dans la cage, Elisabeth Hotteterre (7), hurla sa joie d’être libérée d’années de torture. Son pouvoir du fruit du démon se développa alors si brutalement que même Nico Robin en fut choquée. Dans son cri la jeune enfant terrassa ses deux tortionnaires et brisa la cage dans laquelle est avait vécu sans pouvoir en sortir.

_ Aujourd’hui, prononça-t-elle finalement, est la fin du règne des frères Berry. Vous n’êtes plus les bienvenus sur Kami Island.

_ Maman !

_ Elisabeth !! Ma fille !

Les retrouvailles et les embrassades se firent dans les larmes, les câlins et les déclarations d’amour. Robin eut un pincement au cœur en voyant cette scène de proximité mère-fille. Elle aussi aimerait avoir une telle réunion, mais Nico Olvia avait péri dans le drame d’Ohara et depuis Robin devait fuir sans cesse et ne pouvait plus être libre.

Soudain un détail attira l’attention de la jeune aventurière. La forêt mourrait déjà. Elle disparaissait aussi rapidement qu’elle était apparue et bien qu’heureux de revoir la jeune Elisabeth, les habitants craignirent le retour du chômage et de la pauvreté, mais le maire de l’île trouva le moyen de rallumer la flamme de l’espoir :

_ Avant Berry Wood, notre île était rurale. Certes, nous n’étions pas les plus riches, ni les plus populaires sur la scène internationale. Pourtant nous étions heureux, la vie que l’on menait était simple et son rythme tranquille. Nous replanterons naturellement les arbres qui nous abandonnent et nous ressouderons nos liens. Laissons-nous nous retrouver.

Robin trouva le discours apaisant et les habitants de Kami Island se détendirent avant de rendre à Elisabeth son instrument favori : le violon.

La jeune fille, habituée et forcée à jouer de la flûte, fut touchée de retrouver son Stradivarius. Robin et les péninsulaires ouvrirent grand leurs oreilles et la douce sonorité de l’instrument à cordes retentit. Lentement la forêt sembla revivre et Robin comprit que le pouvoir d’Elisabeth était plus puissant lorsque la volonté de son utilisatrice était pure. Sans même dire au revoir, Robin s’en alla vers le port, sachant mieux que quiconque que le bonheur ne serait que de courte durée si elle restait sur Kami Island. Une fois de plus la jeune aventurière s’éloigna de ce qui pourrait la sauver de cet insoutenable carcan. Qui pourrait donc le lui retirer ?

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Notes d’aide à la lecture :

1.      Nico Robin : Dans One Piece, elle est membre de l’équipage du Chapeau de Paille (Luffy), elle est recherchée depuis ses huit ans, lorsque l’île où elle habitait (Ohara) fut détruite par le gouvernement.

2.      Kami Island : Kami signifie « papier » en japonais.

3.      Berry : Ici, Berry ne signifie pas « baie » mais il s'agit de la monnaie du monde de One Piece, son symbole est "฿".

4.      Hana Hana no Mi : Fruit des Eclosions, il permet à Nico Robin de reproduire et faire pousser n'importe quelle partie de son corps à plusieurs reprises sur la surface de n'importe quel objet ou corps. [Définition de Wikia One Piece]

5.      Kunaï : Arme blanche utilisée par les shinobi.

6.      Equerre : 5ème sens du mot selon le Larousse : Accessoire métallique destiné à renforcer les arêtes des malles, des valises, etc.

7.      Elisabeth Hotteterre : dans notre monde, Elisabeth de Haulteterre ou Hotteterre est compositrice.