Amalya

Chapitre 31 : chapitre 31: le cachet salvateur

4139 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/01/2018 21:34

Quelque part dans le nouveau monde


Un homme faisait la queue dans une épicerie. Une fois devant la vendeuse apres dix minutes d'attente, celui ci demanda un paquet de chewing gum à la réglisse de la marque gumgliss. Il tendit alors le billet à la jeune femme qui l'encaissa sans jamais le quitter du regard. Rougissant légèrement, elle lui rendit la monnaie suivi d'un sourire qui en disait long sur ce qu'elle désirait. L'homme la scruta quelques secondes, sans porter attention aux soupirs des clients qui s'impatientaient derrière. Les lèvres pulpeuses maquillées d'un léger rose pâle brillant mettaient en valeur sa dentition blanche parfaitement alignée et ses pommettes hautes soulignaient ses beaux yeux verts en forme d'amande. Pour sûre, le propriétaire de l'épicerie avait fait un bon choix en l'embauchant. L'homme esquissa à son tour un petit sourire avant de prendre le vieux chewing gum dans sa bouche et le coller sur la caisse juste en face de la jeune femme. Surprise, celle ci afficha une mine de dégoût et regarda le client quitter la pièce sans dire au revoir.


Lunette de soleil en place et nouveau chewing gum dans la bouche, il se mit en route vers le port pour rejoindre son bateau en sifflotant un air de rock vieux comme le monde. La brise marine chaude et humide caressa son visage blanc qui perlaient de quelques gouttes de sueur sous l'intense chaleur du soleil. Pour une île printanière où la température n'excedait pas 25 degré de toute l'année, cette journée sembla particulièrement étouffante. Il dégrafa les deux premiers boutons de sa chemise blanche et retroussa ses manches, mettant à jour une fine gourmette sur laquelle etait inscrite un nom illisible effacé par le temps.


Quelque chose clochait. Le chewing gum avait un goût fade malgré son intense parfum. L'homme s'arrêta et prit une grande inspiration. Il regarda alors ses mains qui tremblaient faiblement. Des pensées l'assaillirent. Les lèvres roses de la vendeuse puis son regard ardent. Finalement, le bateau attendrait. Il s'assit sur un banc face à l'épicerie et attendit sa fermeture. Oui, il s'etait mal comporté avec la jeune femme, il devait donc y remédier.


Le temps s'écoula lentement au rythme du passage des gens qui flânaient ici et là en faisant du lèche vitrine ou en buvant un café sur les terrasses ombragées. Les enfants jouant au ballon près de lui au risque de lui envoyer dessus ne vinrent pas perturber le fil de ses pensées que son regard vide ne laissait paraitre. La nuit finie par tomber, les terrasses se viderent petit à petit et la rue déserte se surprit d'un tel silence après le tumulte du jour. Enfin, l'épicerie baissa le rideau et la voici, dans sa petite robe de flanelle verte pomme, harassée par une dur journée de labeur, prête à rentrer chez elle pour s'y reposer.


- Mademoiselle !


La jeune femme se retourna et recula d'un pas, effrayée par cet homme qui lui avait manqué de respect quelques heures plus tôt.


- Que voulez- Vous ?


- Je voulais m'excuser pour tout à l'heure. Je n'ai pas été correcte et je regrette.


- Très bien. Il est tard, je dois rentrer maintenant.


Pas très rassurée, la vendeuse partit en direction de son domicile et accéléra le pas lorsque l'homme l'interpella de nouveau:


- Mademoiselle, je comprends que vous soyez effrayée par ma présence. Vous ne me connaissez pas et de nos jours, avec toutes les histoires que nous entendons, la méfiance est assurément une qualité. Mais je vous demande juste de m'écouter une minute et je ne vous importunerais pas davantage.


- Allez-y mais faites vite s'il vous plait.


- Merci. Je suis de passage sur cette île. Voyez vous, je suis capitaine d'un navire marchand et je ne vous cache pas que l'on côtoit peu de dames au cours de nos voyages. Je n'ai pas l'habitude d'être regardé par une femme, encore moins une femme aussi belle que vous, et cela m'a quelque peu destabilisé. J'ai réagi comme un idiot. Je tiens sincèrement à m'excuser et je ne voudrais pas repartir d'ici en gardant cela sur le coeur.


La vendeuse observa cet homme qui lui semblait véritablement sincère. Propre sur lui, et même plutôt classe, il était très séduisant avec sa chevelure dense et brune qui retombait par mèche sur son front. Plus confiante, elle se rapprocha de lui et répondit:


- Je comprends...


- Accepteriez vous que je vous offre un verre dans l'un des bars au centre ville ? Je comprendrais si vous refusez, vous devez être épuisée...


- ..... Je veux bien, c'est gentil. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on rencontre un capitaine...


L'homme la dévisagea un instant et sourit en la voyant rougir de nouveau sous l'effet de son charme. C'était tellement simple. Trop simple à vrai dire. Il en fallait si peu pour que les femmes tombent dans ses bras. Cette courte frustration disparaitrait très vite.


Il lui proposa son bras qu'elle tint sans se faire prier et la conduisit vers une ruelle en la bercant d'une pluie de compliments jusqu'au moment où elle se rendit compte que la voie était sans issue.


- Oups, je crois que l'on s'est égaré, nous devrions faire demi tour, fit la jeune femme.


- Ah bon, vous croyez ?


L'homme se tint devant elle et lui sourit de toutes ses dents. Il ne fallut que quelques secondes à la vendeuse pour comprendre la situation. Elle tenta de le contourner pour s'échapper mais d'une main, il l'attrapa par la gorge et la plaqua contre le mur. Elle essaya desesperement de crier. Aucun son ne sortit de sa bouche tant la pression sur son cou était forte. L'homme la regarda se débattre et arracha sa robe qui tomba par terre. Après avoir jeter un rapide coup d'oeil sur son corps nu, il s'approcha de son oreille et lui souffla:


- Ce n'est pas ce que tu crois. Je n'ai pas l'intention de te violer. Comment pourrais je en avoir envie ? Ton corps est si parfait, aucune cicatrice, il respire la santé. Il est évident que tu as vécu une vie paisible sans le moindre soucis. Quel ennui... Comment pourrais-je ressentir du plaisir avec une gamine si fragile et insouciante dont la vie n'a jamais aiguisé l'esprit combatif que je recherche tant ?


Il resserra son étreinte autour de son cou et jubila en voyant ses yeux s'injecter de sang. Une aura meurtrière émana de lui et s'abattit sur la jeune femme, l'achevant presque instantanément.


- Si faible.... Quelle tristesse.


Il lacha son emprise et laissa tomber le corps sans chercher à le dissimuler. Il regarda ses mains. Elles ne tremblaient plus. Mais pour combien de temps ? Après avoir réajuster sa chemise, il cracha son chewing gum et en prit un nouveau. Celui ci avait du goût à présent. Puis il partit pour de bon vers son bateau en se remémorant de précieux souvenirs.


Non, il n'était pas un capitaine de navire marchand. Il était chasseur. Il l'avait toujours été. Chercher une proie. La débusquer. La tuer. Au début, c'était un passe temps agréable mais qu'il pratiquait peu car l'envie ne s'en faisait que rarement ressentir. Puis un jour, une personne croisa sa route. Unique en son genre. Une combattante née pour tuer. Elle était encore trop jeune mais sous ses mains experte, elle deviendrait un véritable monstre. Jamais il n'avait ressenti autant de plaisir qu'en la torturant. Sa combativité était telle qu'il n'avait pas pu en arriver à bout. Malheureusement, il perdit sa trace et depuis, son seul et ultime but, la retrouver et l'affronter. En attendant, ce désir de chasser devenu insatiable, il était obligé de se faire les crocs sur tout et n'importe quoi pour se calmer. Pour l'instant, il s'en contentait car étant le meilleur dans son domaine, il savait qu'il la retrouverait tôt ou tard. Sa détermination et sa patience finiraient par payer et son ultime proie serait assurément la meilleure de toute.


******************

- Une paire d'as.


- Une suite au huit.


- Putain ! S'exclama Yasopp qui poussa le reste de son argent à Lucky.


- J'adore cette odeur, fit Lucky en inhalant les billets, mais pas autant que celle de la viande !


- c'est ça c'est ça, cause toujours.


- Mauvais joueur...


Tino rentra dans la salle à manger et s'installa à table à côté des deux pirates.


- Vous jouez au poker ? Je peux faire une partie avec vous ?


- Ouep si tu veux mais tu restes pas avec Amalya ? Demanda Lucky.


- Non, je ne suis pas d'une grande d'aide, elle ne fait que s'entrainer et dormir, et c'est à peine si elle prend le temps de me causer...


- C'est vrai que depuis le départ de son frère il y a deux semaines, on ne l'entend plus beaucoup, elle s'est refermée comme une huitre. Même le Capitaine n'arrive pas à lui parler. Pourtant je pensais qu'après leur petite aventure de l'autre fois.... ce serait différent entre eux, dit Yasopp en distribuant les cartes.


- Je l'ai toujours dit, les relations intimes à bord d'un bateau sont déconseillées. Les femmes sont source de conflit. Elles sont trop différentes de nous, les hommes. On ne peut pas se comprendre, répliqua Ben allongé sur un divan un livre à la main.


- Ca se passait très bien avec ma femme, on était sur la même longueur d'onde, je ne crois pas que l'on soit si différent , il suffit juste de trouver la bonne personne et d'avoir les mêmes objectifs, continua Yasopp en sortant une nouvelle liasse de sa veste.


- Mais bien sûr, et c'est pour ça que tu l'as quitté pour rejoindre l'équipage de Shanks, vous étiez trop sur la même longueur d'onde... Lanca Ben moqueur.


- .....


- Moi, je pense qu'elle met toute son énergie à son entrainement et qu'elle ne veut pas perdre de temps à palabrer avec des types qui passent leur journée à jouer aux cartes... Fit Lucky en lancant la mise de départ.


- J'ai pas de fric les mecs mais j'ai un bateau sur l'île où... Tenta Tino qui voulait absolument jouer.


- Tes mensonges ne marchent pas ici mon pote mais je veux bien ta montre, elle a du style, prends ce fric en échange, proposa Yasopp en lui tendant quelques billets.


Le Capitaine entra dans la pièce, s'assit à la table de jeu et mit à son tour de l'argent sur la table. Yasopp récupéra toutes les cartes et les redistribua de nouveau.


- On arrive quand Capitaine ? Demanda Lucky en lancant la mise.


- Demain.


- J'espère qu'il va accepter l'alliance mais honnetement, j'y crois pas trop.


- La mort de Barbe Blanche face au gouvernement lors de la dernière guerre lui a mit un sacrée coup au moral. Mais Marco est un type intelligent, il peut comprendre qu'une nouvelle guerre pour renverser le systeme actuel est nécessaire.


- Bien sûr, mais il va trouver étrange que cela vienne de toi. Entre nous Capitaine, on a jamais chercher à changer quoique ce soit, laissant cette corvée aux futurs générations. Alors pourquoi ce revirement ? Comment le dissuader sans parler du pouvoir d'Amalya ?


- Son pouvoir de manipuler l'eau ne doit pas s'ébruiter. Malgré tout le respect que je porte à Marco, qui sait ce qu'il pourrait penser d'elle. Quel homme refuserait une telle puissance à porter de main sans penser l'utiliser pour se venger du gouvernement ? Marco ne veut pas d'une autre guerre qu'il n'est pas sûre de gagner. Mais avec elle...


- Elle ne sait pas utiliser son pouvoir, et les rares fois où elle y arrive, c'est lorsqu'elle pète un câble. Et ca se retourne contre nous ! Tu parles d'une arme de vengeance ! S'exclama Ben.


- Elle a quand même réussi à manipuler une goutte une fois, elle est sur la bonne voie, Fit Tino qui n'acceptait pas qu'on la critique.


- Une goutte ? Génial ! Et depuis des semaines que dalle ! Que se passera-t-il si elle n'arrive toujours pas à se controler ? Nous avons une bombe ambulante sur le bateau prête à nous exploser à la tronche et personne s'affole ! Non, tranquille, on joue aux cartes comme si de rien n'était.


- Je sais tout ca Ben, et j'y travaille, rétorqua Shanks qui était aussi inquiet que lui.


- Ca n'a pas l'air de porter ses fruits...


Le Capitaine et son bras droit se toisèrent un moment, tous les deux irrités par cette conversation qui ne menait nulle part lorsque le doc entra dans la salle à manger.


- Pfiouuu, une tempête se prépare. Le vent se lève et la pluie ne va pas tarder à tomber.


Aussitôt dit, l'orage éclata et un premier éclair fendit le ciel. Tout l'équipage rentra dans la pièce pour ne pas se prendre la pluie.


- Le repas est bientôt prêt ! S'écria le coq qui s'affairait à la cuisine depuis deux heures.


La partie de carte pris fin avec un Tino victorieux qui rafla toutes les mises. Il excellait dans ce domaine et s'était évidemment abstenu de le leur dire. Les autres joueurs se mirent d'accord pour ne plus l'inclure dans leur partie.


Les pirates s'installèrent à table prêt à se jeter sur la nourriture comme des loups affamés tandis que Tino se leva pour aller avertir son amie que le repas était servi. De la porte de la salle à manger il l'interpella mais celle ci ne se retourna pas et poursuivit son entrainement en solo sous une pluie de plus en plus battante. Il soupira et referma la porte avant de prendre une assiette et s'installer près de la fenêtre pour garder un oeil sur elle.


Les pirates mangèrent seulement l'entrée puisque l'orage se faisant plus violent, ils devaient retourner dehors pour manipuler les cordages. Shanks, à la barre, tentait de garder le cap vers l'île ou devait avoir lieu la rencontre avec Marco.


Alors que tout le monde s'affairait à garder le bateau à flot, Amalya, sur le pont, continuait de s'entrainer contre un ennemi invisible sans se soucier de la situation présente. Mahakala, quant à lui, aussi gros qu'un minibus, volait dans le ciel en virevoltant au travers des éclairs de plus en plus nombreux.

La violente averse, froide et revigorante, fouettait son corps de toute part. Elle redoubla d'effort, animée par une furieuse envie de dépasser ses limites. Trempés, les vêtements collaient à sa peau, l'empêchant de se mouvoir librement. Mais pas seulement. Elle voulait sentir l'eau couler sur son corps et ne faire qu'un avec elle. Elle enleva son haut et le jeta au loin. Puis son short. Et enfin le tissu qui soutenait ses cheveux. Elle posa ses mains sur son ventre, les remonta lentement sur sa poitrine, son visage, ses cheveux puis les leva au ciel tout en respirant profondément. La sensation de liberté l'envahit, plus aucun soucis ne vint l'entraver. Quel bonheur de ne plus penser à rien. Juste ressentir l'instant présent. Et le spectacle commença.


Chaque mouvement qu'elle avait appris lors de ses différents entrainements se transformèrent en une véritable danse mêlant précision, rapidité et souplesse. Au rythme du tonnerre et de la foudre, ses membres fendaient la pluie et son esprit, épuré de toute pensée, se saisit de tout l'espace environnant. Chaque son produit par chaque goutte d'eau résonnait comme une note faisant partie d'une immense partition de musique. La mélodie de la vie. Jamais Amalya n'avait entendu symphonie si merveilleuse. Elle porta son attention sur Maka haut dans le ciel et ressentit la cadence efrénée des battements de son coeur ainsi que l'ivresse que lui procurait la vitesse. Sidérée par la beauté de l'existence, un grand sourire se dessina alors sur son visage. La vie était partout. Absolument partout. Tout avait un sens. Chaque chose avait sa place dans ce vaste monde. Comment pouvait-on ne pas s'en rendre compte ? Cela était si évident à présent ! Elle se concentra sur un pirate en train de tirer une corde et ressentit de microscopiques fragments entamés la chair de ses mains. De pirate en pirate son esprit se faufila pour y découvrir a chaque fois de nouvelles sensations plus étranges les unes que les autres jusqu'à devenir elle même une multitude d'influx électrique se répandant parmi des millions de neurones dans le but de reconstruire une scène. La vision du pont et elle s'entrainant dessus. Une douce chaleur bienveillante l'enveloppa toute entière mais trop exaltée par ce sentiment de liberté, son esprit quitta ce corps pour aller en découvrir d'autres.


Alors que cette soudaine tempête accaparait l'équipage, seule une poignée d'entre eux s'arrêta de braver les vents pour observer l'imperceptible spectacle qui s'offrait à eux. Jamais de leur vie ses hommes n'avaient ressentit pareil haki s'insinuer en eux. Pur. Parfait.


Shanks ne s'apercut pas de suite qu'il avait lâché la barre tant le frisson que lui avait procuré Amalya fut violent. La sentir se glisser dans sa tête et lui faire voir ce qu'il voyait avait été une expérience des plus extraordinaires. Pourtant, il faisait ca souvent au travers de son pouvoir du souvenir mais partager ca avec elle etait totalement inédit et en temps normal impossible puisqu'elle annulait les capacités des fruits du démon ! Stupéfait, il continua de l'observer en train de danser sous l'éclat de la lune qui faisait enfin son apparition.


- Capitaine ! La barre ! Cria yasopp à quelques mètres de lui.


Shanks regarda son eternal pose et réajusta la barre pendant qu'Amalya, à genoux sur le sol, recoltait les dernières gouttes de pluie sur son visage en riant. L'orage passé, l'équipage retourna à l'intérieur du bateau pour finir le repas qui devait se trouver au sol après tant de secousses. Une chance pour eux, le coq avait soigneusement tout débarrasser puis il ressortit la vaisselle pour y servir le plat principal, un ragoût de poisson.


Il s'empressa de mettre une assiette de côté pour Amalya avant que toute la nourriture disparaisse lorsque celle ci fit enfin son entrée, vêtu seulement d'un short trempée. A chacun de ses pas se formait une petite flaque sur le plancher tant son corps gouttait. Tino enleva son haut et lui tendit pour qu'elle s'habille mais le pauvre vêtement ne servit qu'à éponger sa longue chevelure.


- Décidemment, le mot pudeur n'a jamais fait parti de ton vocabulaire !


- Alors beauté, te voilà enfin ! Il faut vraiment être tracassé pour gigoter son boule sur le pont par un temps pareil ! Tu me diras, il ne t'arrivera pas grand chose si tu tombes à l'eau... Allez viens grailler du poisson avec nous, ca fait des lustres qu'on a pas causé ensemble ! S'exclama Roar qui avait beaucoup d'affection pour elle. Dis donc, t'aurais pas perdu du lard toi ? Fit-il surpris en voyant ses côtes et clavicules saillantes.


- Princesse ! Tu t'entraines trop et tu manges pas assez ! Tu vas te ruiner la santé à ce rythme... J'aurais dû le remarquer plus tôt, tu ne prends jamais soin de toi... Culpabilisa le doc en secouant la tête.


- T'inquiètes pas pour moi, je suis robuste Doc ! S'exclama-t-elle en tapotant son biceps gauche gonflé à bloc.


- Avec de la chance, d'ici peu, tu seras si musclé qu'on te prendra pour un mec... Et ca réglera certain problème au passage... Lanca Ben moqueur en souriant à Shanks qui fit la moue.


- Même tracé comme un boeuf, tu seras pour moi toujours aussi bandante ! S'écria Roar en lui faisant un clin d'oeil.


- Et après tu t'étonnes que je ne vienne plus discuter avec vous.... Au Fait, Doc, tu as d'autres médocs ? Demanda-t-elle en allant au frigo pour en sortir une boite dont elle avala les trois derniers cachets.


- Pourquoi tu en veux d'autres ? Y'en a pour un mois et demi, dit-il en secouant la boite qui ne fit aucun bruit. Y'en avait pour plus d'un mois ! Amalya ! Tu es dingue ! Ces cachets sont toxiques à forte dose, et tu les a fini en deux semaines !? Tu n'écoutes donc rien ?


- Chuuuut j'entend bien Doc seulement, tes doses étaient inefficaces alors je les ai augmenté.


- Qu'est ce qui se passe doc, t'as l'air furieux, intervint Shanks qui venait chercher une bouteille dans la cuisine. C'est quoi cette boite ?


- Rien d'important Capitaine, répondit Amalya en la récupérant des mains du doc avant de s'appreter à partir.


- Tu restes là. Doc ?


- .... Ce sont des médicaments contre l'angoisse. Amalya m'en a demandé après le départ de Loan. Mais elle n'a pas respecté mes recommandations et je comprends mieux pourquoi t'as perdu autant de poids ! S'énerva-t-il de nouveau.


- Amalya ? Prendre des cachetons n'est pas une solution, si tu as besoin de te confier, tu sais qu'on est la pour t'écouter. J'ai bien compris que tu étais quelqu'un de réservé mais si tu ne veux pas parler avec nous, il y a Tino non ?


- Oui, tu as raison, c'était une erreur.... De toute manière, il n'y en a plus alors le problème est réglé... Cette journée m'a épuisé, je vais me coucher, bonne nuit doc, bonne nuit capitaine !


- C'est ça, prends moi pour un con.... Murmura Shanks en la regardant quitter la salle à manger. Parles m'en la prochaine fois qu'elle te demande ce genre de saloperies doc. Et ne lui donne plus rien sans mon accord. Je voudrais d'abord comprendre ce qu'il se passe dans sa tête avant qu'elle ne se shoote à je ne sais quoi.


Les pieds à nouveau dans l'eau, Amalya traversa le pont pour rejoindre sa chambre lorsque Shanks lui toucha l'épaule.


- Je veux que tu manges ça maintenant et jusqu'à la dernière miette.


La jeune femme prit le bol et le dévora en un rien de temps puis elle but la moitié de la bouteille d'eau qu'il lui tendit. Rassasiée, elle soupira et sourit.


- Tu l'as sentit n'est ce pas ?


Shanks posa la vaisselle par terre puis sourit à son tour.


- ... Oh oui je l'ai sentit.... C'était spectaculaire. Ta maitrise du haki se développe à une vitesse...


- Je me suis vu à travers tes yeux tu te rends compte ?! Je ne savais même pas que c'était possible ! Jamais je ne me suis sentie aussi vivante ! La pluie chantait pour moi ! Je ressentais vos émotions et vos sensations à tous sans exception comme si nous n'étions qu'une seule et même personne ! Et tu me demandes de ne plus prendre ces cachets ? Alors que c'est grâce à eux si j'en suis arrivée là ! Tu crois que je ne sais pas ce que vous pensez tous de moi ? Vous avez peur.... Peur de ce dont je suis capable... Je suis un véritable fardeau... Et je comprends... Je suis encore plus effrayée que vous... Alors comment toutes mes angoisses pourraient-elles disparaitre en parlant avec vous ? Tout le baratin que vous pourriez me raconter ne changeraient rien car vos "voix" ne mentent pas.... Je peux lire en vous désormais. Et je suis seule. Mais je ne vous en veux pas. Ne fais pas cette tête Shanks. Ce n'est pas grave. C'est ainsi.


Amalya posa sa main sur son visage et lui caressa la joue avec tendresse avant de le quitter pour aller se coucher. Elle avait enfin partagé avec lui ce qu'elle avait sur le coeur, mais elle avait omis un détail. Et pas des moindres. Les médicaments n'étaient pas seulement utile pour calmer ses angoisses, ils permettaient surtout de maintenir son côté humain à flot en lui permettant de dormir d'un sommeil de plomb. Car sans cachets, chaque nuit se transformait en calvaire où de sombres cauchemars prenait petit à petit le pas sur son humanité en lui révélant ce qu'il y avait de plus monstrueux en elle.


Elle le savait.


Elle ne résisterait plus très longtemps.


Cette paisible nuit serait la dernière.



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