Nouvelles d'Overwatch

Chapitre 12 : L'Armure des Morts (3 sur 3)

2601 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 27/05/2018 15:24

L’assassine coupa la communication. Il n’y avait rien à ajouter. A la place, elle contacta Maximilien. L’omnic était quelqu’un de très occupé mais Widowmaker avait suffisamment d’importance dans Talon pour qu’il réponde rapidement.


- Madame Lacroix, dit-il poliment. J’ai ouï dire que vous aviez eu des...complications avec votre mission.


- Un hostile me traque. Identité : Traian Ioan. Équipement : Armure Bayard Mark 4, amélioré. Formation : agent 1e classe d’Overwatch.


- Voilà qui est fâcheux. Pensez-vous pouvoir régler le problème ?


- Pas seule. Et le Secteur Zéros refuse de me soutenir. Leur haine des humains prend le pas sur leur logique. Vous auriez dû envoyer des agents omnics sur cette mission.


- Le Secteur Zéros les auraient sans doute mieux reçus. Malheureusement, je n’en avais aucun de disponible qui soit aussi efficace que vous.


- Ma puissance de feu est insuffisante pour percer son armure. J’ai besoin de renfort. Est-ce que Reaper ou Doomfist sont disponible ?


C’étaient des spécialistes du corps à corps. Chacun des deux pourrait sans problème s’occuper de Traian.


- Je crains que non. Mais j’ai deux escouades qui peuvent vous rejoindre d’ici une demi-heure. Cela sera-t-il suffisant ?


- Je ferais avec.


- Parfait. Bonne chance madame.


En temps normal, Widowmaker n’aurait pas hésité à juste partir sans affronter Traian. Elle avait d’autre chat à fouetter et autant laisser une personne plus adaptée se charger de cette menace.

Mais deux choses la retenaient. Premièrement, Traian devait sans doute avoir localisé son transport et l’attendait juste à côté pour une embuscade. Car c’est ce que Gérard aurait fait. Fuir ne serait pas si facile.

Deuxièmement, elle voulait récupérer cette armure. Elle lui appartenait, pas à cette espèce de raté qui n’avait pu rejoindre Overwatch que grâce à la générosité de son mari.


Quelque chose bourdonna dans sa tête à cette pensée. Son côté rationnel lui rappelait que son but était juste de se retirer. Éliminer cette menace était facultatif. D’autres pouvait s’en charger, plus facilement qu’elle.


Mais Amélie écarta ces considérations. Elle voulait cette armure. Il y avait trop de souvenir qui en était lié.


A la pensée de ses souvenirs, sont mal de crâne augmenta et elle grimaça. Non… Elle devait se concentrer…


*Deux heures plus tard*


Traian observait attentivement l’appareil de Talon. Cela faisait longtemps qu’il était là. Fort heureusement, la patience avait toujours été une de ses rares qualités.


C’était toutefois plus difficile avec la rage qui l’habitait. Cette souffrance sourde devant l’injustice du monde.


Il n’y avait pas eu de justice pour le meurtre de Gérard. Aucun coupable n’avait été condamné. Talon était plus puissant que jamais. Et la traitresse qui l’avait assassinée était libre.


Rien que cette pensée lui faisait serrer les poings jusqu’à en avoir mal. Le simple fait d’y songer était douloureux. Une douleur qui ne s’apaisait que quand il agissait.


Toutefois, au fond de lui-même, Traian savait que ce qu’il faisait été mal. Que Gérard n’aurait pas approuvé. Il pouvait presque l’entendre. “La vengeance...” disait-il “...est une chose mauvaise. Elle ne fait que nous plonger dans un cycle sans fin de représailles destructrice. C’est une justice impartiale et miséricordieuse qui nous mènera à un monde sans violence.”


Quel mauvais hommage lui rendait-il, en se lançant dans une vendetta personnelle, avec de l’équipement volé…


Soudain, Traian aperçut du mouvement. Des soldats de Talon, étaient en train de tirer sur… Widowmaker !


Comment étais-ce possible ? Pourquoi ? Non, non, il ne devait pas paniquer, pas se laisser déstabiliser. Pour l’instant, cela lui servait.


Gérard aurait su lui.


Que trop conscient de ses propres faiblesses, Traian se mit en route. Comme il était agréable de courir dans cette armure, aidé par l’exosquelette. Cela donnait une sensation de puissance réconfortante.


Arrivant près d’une fenêtre, Traian se laissa tomber, près à absorber le choc de l'atterrissage. Cela secouait toujours un peu. Mais il était habitué maintenant.


Bam ! Et il était au sol. Une très légère micro-impulsion se fit ressentir dans son épaule gauche. Traian identifia sans problème le signal : un humanoïde approchait dans cette direction.


L’armure Bayard Mark 4 était réputé pour avoir des capteurs améliorés dans un but offensif. Désormais, ils ne se contentaient plus de dévoiler les menaces en approche, mais aussi de signaler la position de l’ennemi, voir, en combat rapproché, l’endroit où il avait baissé sa garde. Il avait fallu trois ans d’entrainement à Traian pour exploiter cette capacité.


Il se retourna et se dirigea vers l’humanoïde. Comme prévu, il s’agissait de Widowmaker. Elle courait, seule, sans arme, une expression terrifiée sur le visage.


- Traian, dit-elle en l’apercevant. Je vous en prie, aidez-moi !


Ce n’était plus la voix de la froide assassine, mais celle de cette douce danseuse, qui avait toujours été gentille avec lui.


- Je...que...marmonna-t-il. Expliquez-vous !


Impulsion lourde en haut du torse. Sans réfléchir, Traian leva son bouclier et une balle s’écrasa dessus. Impulsions légères, à l’épaule droite, au genou, au… Raaaa, il y en avait trop ! Traian n’arrivait pas à les lires toutes. Il savait juste que de multiples humanoïdes approchaient.


- C’est Talon ! dit Amélie en se rapprochant de lui. Ils m’ont enlevé et lavé le cerveau pour me forcer à tuer Gérard ! Puis ils m’ont transformé en ça !


Impulsion lourde au ventre. Le bouclier s’interposa, nouvelle balle bloquée. Quelques tirs partaient aussi vers Amélie, l’un d’eux lui éraflant la cheville. Elle poussa un cri de douleur.


Le cerveau de Traian travaillait à toute vitesse. Il se souvenait qu’Amélie avait été enlevé, quelques semaines avant l'assassinat de Gérard. Si Talon lui avait lavé le cerveau, cela pourrait expliquer ce qui s’était passé.


- Mais vous voir, continua Amélie, toujours plus proche. Voir cette armure. Cela a brisé le contrôle. Et maintenant, ils tentent de me tuer !


Voilà qui expliquait tout ! Mais mieux encore, c’était pour Traian une occasion d'honorer la mémoire de Gérard. Il allait sauver sa femme de Talon et dévoiler la vérité au monde ! Guérir et révéler, plutôt que détruire.


- Restez derrière moi ! dit-il à Amélie en avançant. Je vais vous proté…


Elle lui saisit soudainement les poignets tandis que son regard redevenait froid comme la glace.


- Idiot, dit-elle. Tes émotions te rendent vulnérable.


C’était un piège ! Et il était tombé en plein dedans !


Traian se débattit, tentent de libérer ses poignets et de dégainer son épée. Mais Widowmaker était beaucoup plus forte que sa silhouette ne le laissait penser. Sans doute une modification de Talon. L'exosquelette de son armure donnait à Traian un net avantage, mais pas au point qu’il ne puisse se dégager immédiatement.


Impulsion lourde à la hanche gauche ! Impulsion lourde à la hanche droite ! Son corps tenta de se baisser pour esquiver et de lever le bouclier. Mais Widowmaker le ralentissait.


Deux décharges le touchèrent de plein fouet, des puissants tirs de fusil à pompe de légionnaire. Traian hurla de douleur tout en tombant à genoux. Widowmaker en profita pour lui donner un coup de coude qui le plongea à terre.


Tout autour de lui, des soldats de Talon s’approchèrent et le saisirent, immobilisant ses bras, appuyant sur son dos pour la plaquer au sol. Le roumain tentait de se débattre, mais ses ennemis étaient simplement trop nombreux. À un moment, il sentit que Widowmaker le lâcha, avant de reculer de quelques pas.


- Tu veux savoir pourquoi mon mari t’a choisi comme assistant ? demanda Widowmaker, tandis qu’un soldat lui redonnait son fusil.


Traian ne répondit pas. Il était trop occupé à se débattre. Sauf que maintenant, les soldats le tapaient aux bras pour qu’il arrête de bouger.


- Parce que tu es médiocre, poursuivit l'assassine. Et que Gérard pensait que tu serais incapable de devenir un agent d’Overwatch s’il ne te prenait pas personnellement en main.


- Sale traitresse ! cria Traian. Un jour, tu paieras pour ce que tu as fait !


L’ignorant totalement, Widowmaker poursuivit son discours.


- Et tu pensais être digne de porter son armure ? De suivre ses pas ? Tu aurais dû savoir où était ta place.


Elle se retourna vers les soldats de Talon.


- Retirez lui l’armure, ordonna-t-elle. Je ne veux pas la salir avec son sang.


- A vos ordres, m’dam.


Pendant que trois d’entre eux immobilisait fermement Traian, deux soldats se mirent à chercher les mécanismes d’ouvertures. Cela n’avait rien d’évident, les armures Bayard étaient rares, leur fonctionnement peu connu et leurs concepteurs avaient fait en sorte que le mécanisme d’ouverture ne soit pas une faiblesse au combat.


Widowmaker ne pouvait s'empêcher de sentir une pointe d’impatience en voyant les soldats se démener. Sentiment heureusement compensé par le plaisir anticipé à l’idée de posséder de nouveau cette armure, dont elle était la légitime propriétaire. Après tout, c’était son argent qui l’avait payé.


Puis, un bruit se fit entendre. Du métal contre de la pierre, des rouages mécaniques…


Widowmaker abaissa sa visière. Les formes thermiques d’une vingtaine d’omnic apparurent. Une douzaine d’Unité Zéros, cinq Éradicateur, deux Bastion et une OR-14. Tout un groupe d’assaut.


- Assommez le ! Rapidement ! ordonna-t-elle. Nous avons des ennemis en approche !


Les soldats se mirent aussitôt à taper la tête de Traian, protégé par un épais casque. Celui-ci avait rentré sa tête entre les épaules pour résister au choc. Mais l’assassine ne le regardait même plus. Elle avait déjà activé son grappin pour rejoindre un balcon, qui lui donnerait un angle de tir sur les forces du Secteur Zéros.


Elle activa le mode sniper de son fusil, visa, retint son souffle et tira. La tête d’une Unité Zéros explosa en mille morceau, atteinte à sa source d’énergie. Une pluie de balle partie vers le balcon. Mais Widowmaker s’était déjà écarté.


- M’dam, dit le légionnaire dans son oreillette. L’hostile est assommé.


- Engager les omnics. Détruisez les bastions en priorités.


- Bien m’dam.


Des échanges de tirs se firent entendre. De son côté, Widowmaker avait rejoint la cage d’escalier. Elle activa son grappin pour atteindre l’étage le plus haut, avant de se précipiter vers une fenêtre, tout en suivant des yeux les mouvements ennemis, qu’elle voyait à travers les murs grâce à sa visière.


Un bastion s’était déjà mis en mode tourelle, réduisant en miette les vieux murs de béton de la ville Allemande. Widowmaker visa le petit cube d’énergie qu’il avait à l’arrière. Sa balle l’atteignit en plein milieux, le faisant exploser et désactivant du même coup le Bastion. Pfff. C’était tellement facile de toucher une cible immobile !


Un cri de douleur se fit entendre. Le deuxième bastion venait de réduire en charpie un des soldats de Talon et le mur derrière lequel il s’abritait. Widowmaker profita que les omnics ne l’aient toujours pas repéré pour détruire le second bastion. Il fallait tout faire soi-même….


Les omnics l’avaient repéré. Mais leurs armes avaient trop peu de portée pour l'atteindre de là où elle était. Leurs pitoyables efforts arrachèrent un sourire à Widowmaker. Qui s’élargit lorsqu’elle abattit une autre unité Zéros.


L’OR 14 déploya un bouclier dans sa direction pour protéger ses alliés. Pitoyable. Widowmaker utilisa simplement son grappin pour se repositionner dans une autre direction, avant d’envoyer une balle dans la tête de la machine. Celle-ci fut secoué pendant quelques secondes, avant qu’un légionnaire ne l'achève d’un tir de fusil à pompe.


Un éradicateur répliqua en tirant sur le légionnaire, le faisant tomber au sol. En représailles, Widowmaker détruisit l’éradicateur d’un tir à la tête.


Il était très plaisant de massacrer ainsi ces omnics. Mais l'assassine devait penser aux intérêts de Talon avant tout.


- Cessez de tirer et restez à couvert, ordonna-t-elle aux soldats de Talon, via son oreillette.


- A vos ordres, madame.


Ceci fait, Widowmaker sortie son communicateur et utilisa l’ancienne fréquence pour contacter le Secteur Zéros.


- Talon ne veut pas être votre ennemi, dit-elle. Rappelez vos forces et je les laisserais vivres.


Pour seule réponse, elle n’eut que des grésillements.


- Très bien, dit Widowmaker à elle-même, en se préparant à tirer de nouveau.


- C’est d’accord, humaine, dit soudainement la grinçante voix robotique.


Les omnics survivant cessèrent de tirer, avant de se mettre à lentement reculer.


Widowmaker sentis une pointe de déception, à l’idée de toutes ces cibles qu’elle ne pourrait abattre. Mais c’était ainsi qu’elle servirait au mieux les intérêts de Talon.


Il ne lui restait maintenant plus qu'à reprendre sa précédente affaire et…


Traian était en train de se relever.


Grâce à sa visière, Widowmaker voyait très nettement l’image thermique du roumain se redresser. Ce jeune fou avait simulé son inconscience depuis le début !


- Derrière vous ! cria-t-elle à son escouade, via l'oreillette.


Deux soldats et un légionnaire se retournèrent, avant de tirer immédiatement. Traian se mit de profil tout en se protégeant de son bouclier. Un tir passa à côté de lui tandis que deux autres s’écrasèrent sur l'écu. Puis le roumain chargea en dégainant son épée.


Avec une grimace de mécontentement, Widowmaker se mit à courir vers l’autre côté de l’immeuble. Le combat contre le Secteur Zéros l’avait éloigné de son escouade, la laissant sans bonne ligne de vue.


Sa visière lui permit de voir Traian dégainer son épée et transpercer la tête d’un de ses soldats, tout en assommant un autre d’un coup de bouclier. Un tir de fusil à pompe fut esquivé, puis le légionnaire se fit couper l’avant-bras, avant d’être transpercé au cœur.


Dispersé par le combat contre les omnics, les autres soldats étaient trop loin pour intervenir. Le temps que Widowmaker atteigne une bonne position de tir, Traian s’était déjà éloigné de plusieurs centaines de mètre. Quelques secondes plus tard et il passa hors de portée de sa visière.


L’ancien agent ne s'arrêta de courir que quand il atteignit l’ancien bunker qu’il utilisait comme cachette.


Il n’avait pas réussi à venger son mentor.


Mais au moins, il s’était montré digne de son armure.


L’armure d’Amélie et de Gérard. L’armure des morts.


Désormais, elle appartenait à un vivant.


Fin

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