Life of a Hero

Chapitre 2 : "On est à la recherche d'un gosse, pas d'oeufs de Pâques"

3287 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/10/2018 19:12

Chapitre deux : "On est à la recherche d'un gosse, pas d'œufs de Pâques"



30 Septembre 1995,

Quelque part dans les rues de l'État du Connecticut,

20h15.


Le souffle court, Luke Castellan tourna précipitamment à un énième coin de rue et s'arrêta, les mains sur les hanches, tentant tant bien que mal de reprendre sa respiration.

Depuis qu'il avait fugué, c'était bien la première fois qu'il se faisait prendre la main dans le sac. Un fait quelque peu déboussolant, d'autant plus que le jeune garçon était sûr de n'avoir fait aucun bruit en s'introduisant dans la maison.


Frustré, Luke se redressa en étouffant un juron et dressa l'oreille, les sens à l'affût. Trois quarts d'heure. Les trois hommes le poursuivaient depuis trois quarts d'heure et, quoiqu'en très bonne condition physique, Luke commençait à sentir la fatigue l'envahir. La fatigue et le désarroi. Parce qu'à quatre reprises déjà, le jeune garçon avait pensé les avoir semés. Mais non : même lorsqu'il était certain qu'une bonne centaine de mètres et un labyrinthe de rues le séparaient de ses poursuivants, ceux-ci réussissaient toujours à le retrouver, comme si quelque chose les attirait irrémédiablement vers lui.


Leur vénalité, certainement., pensa Luke, s'autorisant alors un mince sourire.


Aucun bruit et aucun mouvement aux alentours. Pour le moment.



Vaguement soulagé, Luke tâta l'une des poches de sa veste, comme pour s'assurer que les quelques pièces qu'il avait réussi à subtiliser étaient toujours là. Ce n'était pas grand-chose, simplement quelques dollars. Mais cela était largement suffisant pour s'offrir un petit repas ce soir. Un repas chaud, à défaut d'avoir des vêtements secs. Parce qu'il pleuvait des cordes depuis l'aube et, bien qu'il ait fait bien attention à rester au sec tout au long de la journée, sa course-poursuite dans les ruelles mal famées de New Heaven l'avait poussé à affronter la pluie. Aussi, était-il trempé jusqu'aux os.

Frissonnant sous son t-shirt et sa veste imperméable désormais imbibée d'eau, Luke repositionna sa capuche et repoussa une mèche de cheveux humide venue se coller sur son front.


La ruelle dans laquelle il avait terminé sa course était toujours aussi vide et les alentours toujours aussi calmes. Alors, encore quelque peu essoufflé, il s'appuya sur un mur de briques, juste en-dessous d'une énorme gouttière en aluminium et se laissa glisser jusqu'au sol : tant que des voix tonitruantes ne se feraient pas entendre à proximité, le jeune garçon ne bougerait pas. Il n'en avait plus vraiment la force. Ses pieds commençaient à lui faire mal et ses jambes lui paraissaient faites de plomb. Et puis, à trop courir sous la pluie, il risquait d'attraper une pneumonie. Autant rester là, à l'abri sous la gouttière, dans ce petit coin sec, et attendre que la pluie se calme. Tant qu'il ne courait aucun danger, c'était le mieux à faire.

Entourant ses genoux de ses bras, Luke soupira, le regard rivé sur les gouttes qui s'écrasaient sur le trottoir.


Quelle journée


OoOoOoOoO


30 Septembre 1995,

Maison de May Castellan,

Quelque part dans le Connecticut,

21h00.


L'inspecteur Barnett tira une nouvelle fois sur sa cigarette puis fit tomber le mégot qu'il écrasa avec le bout de sa chaussure.


Tout autour de lui, des policiers en uniforme s'apprêtaient à quitter la propriété, rangeant avec soin le matériel utilisé tout au long de la journée et s'efforçant de faire monter les chiens dans les fourgons.


Deux jours. Deux jours qu'ils inspectaient les lieux de sept heures du matin à neuf heures du soir. Deux jours et toujours pas de nouvelles du gamin. Les chances de le retrouver vivant – voire de le retrouver tout court – commençaient à s'amenuiser : tout le monde savait que, passer vingt-quatre heures, les gosses enlevés avaient plus de chance d'être retrouvés à l'état de poussières que d'être reconduits sains et saufs à leur maison. Surtout que le gosse en question n'avait non pas disparu depuis un mais vingt-six jours. Vingt-six. Cela laissait envisager le pire, Barnett le savait. Toute son équipe le savait. C'était pourquoi un médecin légiste était présent à leur côté. Plus vite le corps serait identifié, plus vite la mère pourrait faire son deuil. La perte d'un fils unique. Dieu seul savait combien cela pouvait être difficile à vivre …


« On revient demain, Chef ? »


Lewis Grant, vingt-deux ans. Un petit gringalet qui venait d'arriver dans la brigade et qui avait la désagréable habitude de poser des questions assez stupides. D'ailleurs, le petit sourire idiot qu'il était en train d'afficher était stupide. Stupidement déplacé. Qui d'autre qu'un benêt pouvait se réjouir de fouiller les bois et de sonder les lacs quatorze heures par jour ?


« Quel c… »


« Oui, Grant. Et efface-moi ce sourire de ta vilaine face, tu veux ? On est à la recherche d'un gosse, pas d'œufs de Pâques. »

« D'accord, Chef. Tout de suite, Chef. »


« Mais quel idiot …, marmonna l'inspecteur Barnett tandis que Grant tournait les talons, et s'éloignait en sautillant légèrement, son sourire toujours aux lèvres. On ne pourra décidément rien en faire … »


Avec un soupir agacé, il s'adossa contre sa voiture de fonction, les mains dans les poches. Quel merdier. Vingt-six jours. Vingt-six ! Où Diable un gosse de neuf ans pouvait-il bien aller ? Où pouvait-il bien être après tout ce temps, si ce n'est dans un sac poubelle au fond des bois ou au fond d'un lac ? Mais alors, pourquoi n'avaient-ils encore rien trouvé ? … d'ordinaire, l'inspecteur Barnett était plutôt efficace dans ce genre d'affaire : dans 99 % des cas, le coupable était l'un des parents, le plus colérique ou sanguin des deux. Ou alors l'un des voisins. Le plus sociable. Celui qui adorait vous saluer le matin et vous inviter à prendre le thé. Mais là, quelque chose ne collait pas. D'abord, parce que le premier voisin se trouvait à plus d'un km de là. La maison des Castellan était éloignée de toute population, hormis celle, animale, de la forêt. Un rôdeur ? Une bête sauvage ? C'était possible, quoique peu probable. On n'avait jamais entendu parler d'un potentiel danger rôdant dans les bois. Ce serait une première.


Bien entendu, les autorités avaient bien suspecté la mère, au départ. Elle avait d'ailleurs été la première sur la liste des suspects. Après tout, pourquoi avait-ce été l'école et non pas elle, la responsable légale de l'enfant, la personne qui lui avait donné la vie, qui avait donné l'alerte ? … Cependant, le désespoir dans lequel ils avaient trouvé May Castellan lorsqu'ils avaient frappé pour la première fois à sa porte, avait tout de suite balayé leurs doutes : il se dégageait une telle souffrance de cette femme, qu'elle ne pouvait être responsable de la disparition de l'enfant. Et elle ne pouvait pas faire semblant, pas à ce point.


Mais que Diable s'était-il passé ?


En proie à une nouvelle vague de nervosité, Barnett sortit son paquet de cigarettes de sa poche de poitrine, et s'en alluma une autre. Le tabac, c'était très mauvais pour la santé. Mais c'était la seule chose qui lui permettait de faire face au stress et d'avoir les idées claires. Et savoir réfléchir, c'était primordial. Surtout lorsqu'on avait ce genre d'affaires sur les bras.

Dans les prochains jours, ses stocks de clopes et de café allaient rapidement diminué, il en était sûr.


OoOoOoOoO

30 Septembre 1995,

Quelque part dans les rues de New Heaven,

Refuge du Dernier Salut,

21h05.


« Allons, allons ! Ne poussez pas ! Y'en aura assez pour tout le monde ! »


L'air renfrogné, Mary Nicholson jeta un regard noir à la foule qui attendait sur le seuil de la porte et se retourna quelques secondes. Rien à faire ! La salle était encore pleine, il fallait encore patienter un peu. Si elle laissait encore des personnes entrer, son patron allait péter les plombs, c'était une certitude ! Et elle s'était déjà faite assez engueuler pour la journée !


« Mais j'ai faim, moi !, s'écria un homme âgé d'une cinquantaine d'années, en l'agrippant par le bras. Et ça fait deux heures que j'attends ! Je veux ma place ! Je veux qu'on me laisse passer ! », ajouta-t-il en brandissant l'un de ses poings sous son nez.


« Il vous faut patienter encore un peu, Monsieur !, lui répondit Mary d'un ton furieux, alors qu'elle se dégageait brusquement de son étreinte. Je vous promets que dès qu'une table sera libre … »


Mais l'homme ne l'entendait visiblement pas de cette oreille : plein de hargne, et alors que son ventre gargouillait pour la énième fois de la soirée, il envoya son poing dans la figure de son interlocutrice. Celle-ci, déséquilibrée, poussa un cri de douleur, une main sur son nez ensanglanté, avant de tomber les fesses les premières sur le sol carrelé. Presque aussitôt, son agresseur l'enjamba et se précipita en courant vers l'immense marmite au fond de la pièce. Des dizaines d'autres personnes firent d'ailleurs de même. Et parmi elles, Luke Castellan joua des coudes pour ne pas se faire piétiner.


OoOoOoOoO


30 Septembre 1995,

Quelque part dans les rues de New Heaven,

Refuge du Dernier Salut,

Une heure plus tard.


« Monsieur, veuillez ne pas prendre deux lits, s'il vous plaît. Ce jeune garçon a besoin de repos, lui aussi. »


Avec un grognement, l'homme auquel s'adressait Mary Nicholson jeta un regard noir à Luke avant de débarrasser l'un des lits de camp et de le pousser vers le jeune garçon. Non mais dis donc … depuis quand les jeunes étaient-ils égaux aux aînés ? Il était assez petit pour pouvoir dormir dans un placard à balais. Alors pourquoi ne l'envoyait-on pas là-bas ? Gâcher un lit de camp pour un gosse qui n'en occupera que la moitié, c'était du grand n'importe quoi ! … et puis, qu'est-ce qu'il faisait là, d'abord ? À son âge, on se cachait encore dans les jupes de sa mère. On était logé et nourri comme un prince. On ne se baladait pas dans les rues avec un imperméable trop grand et un jean recouvert de saletés !


« Et hors de question que je te fasse la conversation, d'accord ? Ch'suis pas baby-sitter ! », s'exclama-t-il d'un ton aussi hargneux que son regard alors que Nicholson tournait les talons.


Pour toute réponse, Luke haussa les épaules et s'assit sur le lit qu'on venait de lui attribuer. Ce que disait le vieil homme, il s'en fichait totalement. À vrai dire, il avait toujours détesté discuter avec de parfaits inconnus. Surtout quand ceux-ci empestaient l'alcool à plein nez. Tout ce qu'il souhaitait, lui, c'était s'offrir une bonne nuit de sommeil, à l'abri de la pluie qui avait recommencé à tomber. Une bonne nuit de sommeil avant de partir, ni vu ni connu, à l'aube, le lendemain matin. Car, bien que le petit-déjeuner ne soit servi qu'à huit heures tapantes, il ne pouvait se permettre d'y prendre part : s'il restait, le personnel du refuge auraient l'occasion d'appeler le commissariat le plus proche pour signaler la présence d'un mineur sans parents. C'était toujours pareil ; ils vous laissaient vous nourrir et vous reposer, vous laissaient supposer que vous étiez en sécurité, et, dès le lendemain matin, les policiers débarquaient pour vous emmener dans on ne savait quel foyer terrifiant. Luke avait failli se laisser avoir une fois. Il n'était pas prêt de réitérer l'expérience.

Le jeune garçon retira sa veste et la roula en boule avant de la poser à l'extrémité gauche du lit. Puis, il enleva ses chaussures et ouvrit rapidement son sac avant de pousser un soupir de soulagement : lors du repas, il avait eu l'obligation – comme tous les autres – de laisser son sac à l'entrée. Cela, ajouté aux fouilles au corps auxquelles ils avaient eu le droit après la bousculade, avait été une manière pour le personnel encadrant, de s'assurer qu'aucun d'entre eux ne portait d'objets susceptibles de causer des blessures plus ou moins importantes. Mais cela avait aussi été, pour Luke, un moment de grand désarroi et d'angoisse intense : tout ce qu'il possédait de plus précieux était réuni dans ce sac-à-dos. Une carte de l'état, quelques biscuits rassis, une paire de lacets de rechange, une lampe torche, une montre et un téléphone portable, dont il se servait uniquement pour jouer au snake.

Tout avait, bien sûr, été subtilisé auparavant. Mais Luke n'en avait aucune honte. Il essayait de survivre et pour cela, tous les moyens étaient bons. Et c'était incroyablement bon de savoir que ces moyens étaient toujours là, bien au chaud. Que personne ne les avait volé pendant qu'il mangeait.


Rassuré, Luke laissa échapper un petit sourire avant de fermer le sac et de le poser non loin de sa veste. Puis, il étendit ses jambes sur le lit de camp et s'allongea, la tête sur son imperméable et ses bras enserrant son sac avec force.


Demain, la galère allait encore continuer. Il allait devoir s'accrocher. Encore et encore. Se montrer fort. Continuer à voler et à fréquenter des refuges aussi glauques et affreux que celui-ci. Mais c'était pour la bonne cause. Il ne pouvait rentrer chez lui, c'était impossible.


OoOoOoOoO


Cinq Octobre 1995,

Quelque part entre l'état du Connecticut et l'état du Massachusetts,

14h45.


Trempé jusqu'aux os, Luke se débarrassa de sa veste qu'il posa sur le siège libre à côté de lui et se passa une main sur le visage. Malgré ses prières, le temps ne s'était pas arrangé et le jeune garçon avait dû passer la semaine sous une pluie glaciale. La douce chaleur du bus lui faisait donc un bien incroyable et il s'en serait plutôt réjoui si quelque chose de beaucoup plus important ne lui occupait l'esprit.


Car, un peu plus tôt dans la mâtinée, quitter l'État du Connecticut lui paraissait encore invraisemblable. Bien qu'il souhaitait mettre le plus de distance possible entre sa mère et lui, s'éloigner de ce qu'il connaissait à peu près pour plonger définitivement dans l'inconnu l'effrayait plus que de raison. À New Heaven, il commençait à avoir ses habitudes. Il connaissait désormais à peu près tous les coins où il pouvait se nourrir ou se reposer quelques heures. Il savait dans quelles maisons il pouvait entrer sans aucun risque et celles qui étaient dotées d'un système d'alarme. Il savait se débrouiller. Pourrait-il faire de même dans le Massachusetts ? C'était une question dont la réponse le terrifiait. Monter dans le bus, regarder son chez-soi s'éloigner à travers la vitre. Tout cela était une véritable torture. L'angoisse lui retournait le ventre et son coeur cognait contre sa poitrine. Non. Quitter l'État, il ne l'aurait jamais tenté. Du moins, pas de sa propre initiative.


Mais là, hélas, il n'avait pas eu le choix : depuis trois jours, les avis de recherche semblaient se multiplier en ville. Partout où il allait, Luke voyait son visage. Sa belle tête blonde ornait les poteaux des panneaux de circulation, les vitrines des magasins, les murs de la ville. Il ne pouvait plus faire un pas sans se voir. Et c'était très troublant. Et extrêmement terrifiant. Au départ, il n'en croyait pas ses yeux : n'ayant jamais pris le temps de regarder l'affiche de plus près, il n'avait cessé de se répéter que cela ne pouvait être vrai, qu'il ne s'agissait pas de lui mais d'un autre gosse qui lui ressemblait beaucoup – après tout, ne dit-on pas que nous avons tous un sosie dans ce monde ?


Mais, lorsqu'un distributeur de journaux lui avait tendu – sans pour autant lui accorder un regard – le New Heaven Times dont la une était entièrement consacrée à l'avis de recherche, il avait bien fallut qu'il se rende à l'évidence : c'était bien lui qu'on recherchait.


Dès lors, un sentiment de panique et de paranoïa s'était emparé de lui. Chaque regard, chaque personne qu'il croisait devenait une potentielle source de danger. Se promener dans les rues le visage découvert était devenu impossible : à peine avait-il eu le journal entre les mains qu'il s'était empressé de dérober une casquette et des lunettes de soleil, histoire de se sentir un peu plus en sécurité. Mais cela n'avait pas suffit à le rassurer : mort de trouille, l'estomac un peu plus douloureux chaque jour, il s'était rapidement mis à faire des cauchemars et à avoir des hallucinations ; les services sociaux et sa mère hantaient ses nuits et il lui semblait les apercevoir à chaque coin de rue. Se rendre dans les refuges était devenu de plus en plus risqué et l'atmosphère avait été de plus en plus anxiogène. Il avait donc passé une semaine horriblement éprouvante. Tellement éprouvante qu'il avait décidé de partir. Parce que la communication inter-état n'était pas des plus efficaces. Et qu'il y avait donc de grandes chances pour qu'il puisse vagabonder librement là-bas.


Là-bas. Le Massachusetts. Luke n'y avait jamais mis les pieds. Ça promettait.


Avec un soupir, le jeune garçon posa sa tête contre le dossier du siège, la main toujours serrée sur l'un des avis de recherche qu'il avait ramassé sur un trottoir. Sa mère avait communiqué leur adresse et leur numéro de téléphone.


Sa mère. Sa douce et bienveillante mère. Si affectueuse et en même temps si terrifiante … Luke l'aimait. Profondément. Et il mettrait un point d'honneur à le prouver à tous ceux qui en douteraient. Mais sa double personnalité l'effrayait. Le rendait malade. Sa maman souffrait, il en était sûr. Mais comment l'aider ? Ce n'était pas seulement parce qu'il avait peur qu'il était parti. Mais également parce qu'il en avait marre de la voir souffrir. Marre de la voir souffrir sans pouvoir faire quoi que ce soit. Sans pouvoir la réconforter ou oser s'approcher.


Maman. Mais que s'est-il passé, Maman ?


OoOoOoOoO


05 Octobre 1995,

Quelque part aux abords d'une gare,

Manhattan,

17h01.


Grover Underwood descendit du taxi, ferma la portière arrière après avoir salué le chauffeur et regarda droit devant lui. Dire qu'il n'était pas nerveux aurait été un mensonge. Un très gros mensonge : il était angoissé. Pétrifié. Effrayé. Ses mains se trituraient toutes seules depuis l'aube et son menton tremblait terriblement. Et il avait mal au ventre. Terriblement mal au ventre.


« Ta première mission, Grover. Ramener un fils du Seigneur Hermès à la colonie. Et ce, le plus rapidement possible. »


Ces phrases, ces mots, le satire s'en souviendrait certainement toute sa vie. Le visage de Chiron, aussi, lui resterait en mémoire. Un visage grave, impassible. Un visage qui n'augurait rien de bon. Mais les missions étaient-elles jamais agréables ? De tous les satires qu'il côtoyait, Grover n'en connaissait pas un seul qui gardait un bon souvenir de leurs différentes quêtes. La majorité en revenaient à chaque fois blessés. D'autres, même, n'en étaient jamais revenus.


« Non. Ne pense pas à ça. N'y pense même pas. C'est vraiment pas le moment. »


D'un geste brusque, Grover porta une cannette de soda à ses lèvres et en arracha la moitié, qu'il mâcha rapidement avant de l'avaler bruyamment.


Manger. Manger. Manger et manger encore pour ne pas trop penser. Manger pour ne pas céder à la panique. Manger pour calmer ses nerfs. Manger.


OoOoOoOoO A SUIVRE OoOoOoOoO


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