Lyssa et les mystères de l'Olympe

Chapitre 3 : Chapitre 1

2775 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 24/02/2020 19:35

     La brise du soir d'été me caressait le visage, et faisait s'envoler mes longs cheveux d'un roux flamboyant. J'admirais la ville de New York qui s'étendait sous le ciel nocturne, grouillante de vie. Je rêvais de me promener dans ses rues, de rencontrer ses gens...

— Mademoiselle Lyssa !

     L'appel me sortit de mes pensées. Soupirant, je retournai à l'intérieur de ma chambre et refermai la porte donnant sur le balcon.

— Mademoiselle, vous auriez pu attraper la mort ! Venez vite vous réchauffer !

     Je n’avais jamais été malade, et ça ne risquais pas de m’arriver de sitôt, enfermée comme j’étais. Maria me posa un châle sur les épaules et ordonna la préparation d'un bain, avant de me faire asseoir sur mon lit.

— Qu'est-ce qui vous a pris, vous auriez pu tomber !

     Ma gouvernante était gentille, mais très certainement trop protectrice. Elle s'occupait de moi depuis mes sept ans et je l'aimais beaucoup, mais il lui manquait des limites. Et puis, j'allais avoir seize ans, je n'avais plus besoins que l'on me couve ! Entre elle et mes parents, je commençais à n'en plus pouvoir.



     Je descendis dîner une fois mon bain pris. À force d'y réfléchir, je décidai que je sortirais. Peu importait l'avis de mes parents, j'irais dehors, je rencontrerais des gens et verrai le monde. J'en avais marre d'être enfermée dans ce fichu château et de ce fichu quotidien. Alors, emplie de détermination devant un dessert, je me lançai :

— Pourquoi ne puis-je pas sortir ?

     Mes parents manquèrent de s'étouffer avec leur part de gâteau. Ils se reprirent rapidement et mon père entama une réponse.

— C'est trop dangereux.

— Si ça l'était réellement, il n'y aurait pas autant de personnes dehors, de jours comme de nuit.

— Je savais que cette conversation aurait lieu un jour ou l'autre... soupira ma mère. Écoute Lyssa, nous avons juste terriblement peur pour toi. La ville est un endroit plein de risques...

— Et surtout, tu n'es pas n'importe qui, tu es la princesse héritière de ce royaume ! Tu pourrais être enlevée ou...

— Mais les autres princesses sortent, elles. Vous laissez même Elizabeth aller en Europe !

     La colère commençait à monter en moi, mais cette fois, je ne la refoulais pas. Ils agissaient injustement et sans raison valable, et j'en avais plus qu'assez.

— Mais les autres ne sont pas nos filles et Elizabeth est...

— Elizabeth est quoi ? le coupai-je avec colère. Différente ? Plus grande ? Raté, c'est ma petite sœur !

     Dans le silence qui suivit, la tension était palpable et une rage incontrôlable me possédait. Mais, quand je remarquai l'effroi dans les yeux de ma mère, je repris mes esprits. Sur le moment, je ne me souvins pas de ce qu'il venait de se passer. Je regardais autour de moi, sans réellement comprendre. Puis tout me revint, comme un coup. Je ne regrettais rien, mais avoir perdu le contrôle de moi-même me faisait peur.

— Nous allons y réfléchir. annonça finalement mon père.



¤ * ¤



     Le lendemain matin, je retrouvais mes parents à table avec la ferme intention de leur poser un ultimatum : ils me laissaient sortir, ou je partais seule. Mes affaires étaient prêtes et je connaissais un passage afin qu'on ne me voie pas. Cependant, rien ne m'avait préparée à cette réponse.

— Tu intégreras la Knowledge High School à la rentrée, sous une fausse identité.

J'étais sidérée, mais surtout vraiment heureuse ! J'allais rencontrer d'autres personnes, comme si j'étais comme elles, j'allais sortir de ce palais, voir de nouveaux visages !

— Une voiture t'y conduira à huit heures et te ramènera dès la fin de tes cours. Interdiction d'aller hors de l'établissement, de dire qui tu es, de... énuméra mon père, que je n'écoutais plus depuis longtemps. Une seule phrase tournait en boucle dans mon esprit. J'allais intégrer une école ! Finis les cours particuliers et seule ! Pourquoi avaient-ils cédés si facilement, ça ne m'importait pas, bien que ce fût curieux...

— Et James Crowford te surveillera.

     Cette annonce me ramena brutalement à la réalité. Les Crawford étaient amis avec mes parents et géraient l'Etat de New York. En effet, une famille était à la tête d'un État, et la famille royale dirigeait le royaume entier. J'avais donc déjà entendu parler de James, qui était leur fils, mais je ne l'avais jamais rencontré.

     La surprise due se lire dans mes yeux, puisque ma mère expliqua:

— La Knowledge High School est privée, et c'est là où étudie James. Tu ne pensais tout de même pas que l'on allait te laisser seule dans un monde que tu ne connais pas...

     Je haussais les épaules : ça n'allais pas m'empêcher de vivre comme je le voulais dans cette école !

     Pendant le petit-déjeuner, mes parents me détaillèrent certains points. Notamment, ils invitaient James à ma fête d'anniversaire, le vingt-trois août, soit dans deux semaines, afin que nous fassions connaissance. J'appris dans le même temps que ma petite sœur rentrait d'Europe le même jour.



¤ * ¤



     Je soupirai en refermant un énième roman. C'était le jour de mon anniversaire, et je n'avais pas le droit de sortir de ma chambre, sous prétexte que je ne devais pas voir les préparatifs de ma fête ! Et puis pourquoi fallait-il toujours que les fêtes aient lieues le soir ?

     J'allai prendre un peu l'air sur mon balcon, et j'observai un instant la ville, appuyée sur la rambarde. Je tendis la main vers les gratte-ciels, et eus l'illusion que je les touchais. Je les contemplais souvent, les connaissais tous, mais ils ne m'avaient jamais parus plus fascinants qu'en cet instant. J'avais beau savoir le One world trade center et la Central Park Tower les plus hauts, l'Empire State Building me semblait toujours plus imposant, plus important, il suscitait ma curiosité et j'avais souvent le sentiment qu'il cachait quelque chose. J'ignorais d'où pouvait provenir une telle impression, mais elle m'avait toujours parue juste.

     On toqua à la porte de ma chambre, me tirant de ma contemplation. J'allai ouvrir et découvris ma petite sœur, un grand sourire aux lèvres et les mains dans son dos.

— Joyeux anniversaire ! s'écria-t-elle en me tendant un paquet.



     Après avoir passé l'après-midi avec Elizabeth, je m'apprêtais à entrer dans la grande salle où se déroulait ma fête. Je n'étais pas stressée, bien au contraire. J'adorais les soirées comme celles-ci : c'était là que je rencontrais le monde, bien que ce ne soient que des aristocrates. Je m'y sentais bien, malgré ce léger sentiment qu'il me manquait quelque chose. Je pris une inspiration et fis mon entrée.



¤ ° ¤



     Ce matin-là, je me réveillai d’excellente humeur. J'allais sortir ! C'était enfin la rentrée ! Cela faisait plus d'une semaine que j'avais fêté mon anniversaire et que je m'impatientais. Je voulais voir le monde depuis des années, et mon rêve allait enfin se réaliser... Bon, voir le monde était peut-être un peu exagéré, mais c'était l'impression que j'en avais. Et puis, j'allais revoir James. Il avait passé toute la soirée de mon anniversaire avec moi, alors que je m'attendais à ce qu'il me salue et s'en aille. Mais non, il était resté, tout naturellement. Ma sœur était venue avec nous un moment, mais était étrangement repartie très vite, un sourire malicieux sur les lèvres. Je me demandais ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Enfin, Elizabeth n'avait que douze ans, et mieux valait ne pas chercher à comprendre ce qui arrivait dans la tête d'une jeune fille de cet âge. Ni d'aucun autre d'ailleurs.

    Je souris en me levant. Ce n'était pas la peine d'y penser, j'étais trop heureuse de sortir pour que quoi que ce soit m'en empêche.



À part peut-être ça.



Non.



C'était hors de question.



Je ne pouvais pas...



— Je refuse de porter ça !

— Mais enfin Mademoiselle...

— NON ! Je ne le mettrais pas !

— Que se passe-t-il ?

     Alertés par les cris, mes parents arrivèrent, Elizabeth derrière eux. En entrant dans la pièce, ma sœur éclata de rire. Je la fusillais du regard, mais je voyais ma mère et mon père se retenir de faire de même.

— Ça n'a rien de drôle !

— Oh que si !

Et elle repartit de plus belle.

— Lyssa... commença doucement ma mère. Si tu ne veux pas mettre cet uniforme, libre à toi (je soupirai de soulagement), mais dans ce cas, tu ne pourras pas aller dans cette école.

   Elle affichait un air presque désolé. Presque.

— Mais maman, il a des collants ! tentai-je, désespérée

— Tu ne veux tout de même pas porter cette jupe sans collants ?(je hochai négativement la tête, effarée) Bien. Tu pars dans dix minutes.

   Je soupirai, résignée, et partis m'habiller. Elizabeth, quant à elle, sécha ses larmes et sortie avant de repartir dans un fou rire. Je l'entendis aussi murmurer « J'aurai dû filmer ça, j'aurai dû filmer ça… »



   Dix minutes plus tard, comme prévu, je montai dans une voiture après avoir récupéré un sac pour les cours. C'était Henri, l'un des majordomes, qui conduisait et se faisait passer pour mon père. Maria était assise à côté et jouait ma mère, tandis que j'étais à l'arrière, devenant Alyssa Lockwood, une jeune fille comme les autres. Je me remémorais les consignes de mon père. J'étais une jeune fille de seize ans qui prenait des cours particuliers depuis toujours, mais qui, pour la première fois, allait dans une école. Ça, c'était l'argument pour « Je ne connais rien de ce qui m'entoure ». Pour le renforcer, je devais dire que je ne sortais que très peu de chez moi. Sinon, je ne devais pas sortir du lycée*, je devais rester en vue de James, ne pas trop attirer l'attention sur moi et surtout, ne JAMAIS révéler mon identité. Le proviseur savait, mais c'était tout, à part James.



   Quand Henri se gara, j'attendis qu'il vienne m'ouvrir la portière. Il n'en fit rien.

— Mademoiselle, avança prudemment Maria, vous devez sortir...

Enfin, je compris : je devais me débrouiller toute seule. Alors, je tirai doucement la poignée et un courant d'air s’engouffra dans la voiture. Je posais un pied dehors, puis un autre. J'avais l'impression de partir à l'aventure, comme dans des livres que j'avais lus. Je souriais. Rien ne pouvait plus m'en empêcher. Cette fois-ci, c'était certain.



   Je me levai.



   Et me cognai la tête.



— Aïe !

   J'ai dit que rien ne pouvait m'empêcher d'être heureuse aujourd'hui ! rageai-je intérieurement. Je retombai sur le siège en me frottant la tête, puis une main fit son apparition devant moi, appartenant à une tête brune.

— Besoin d'aide, jeune demoiselle ? interrogea James, un sourire collé aux lèvres.

— Oui, merci.

J'attrapai sa main et il m'aida à me lever.

— James, pour vous servir. se présenta-t-il

   Je restai quelques secondes à le regarder, avant de me rendre compte que j'étais censée faire de même. Il fallait dire que je n’avais pas l’habitude, les gens que je rencontrais savaient qui j’étais, avant ce jour-là.

— Alyssa. lui souris-je



   Une fois l'heure du repas arrivée, nous nous dirigeâmes vers le réfectoire. On nous avait distribué nos emplois du temps et, apparemment, mes parents s'étaient arrangés pour que j'aie les mêmes cours que James, qui ne me lâchait pas d'une semelle. Enfin, ce n'était pas très difficile, puisque je ne connaissais rien et personne. Et puis, ce n'était pas pour me déplaire, j'aimais bien rester avec lui. Ceci dit, s'il ne m'aidait pas je ne sais pas qui le ferait.



   Nous arrivâmes devant une longue file d'attente et James se plaça à sa fin. Je le suivis, mais c'était une très longue file. Vraiment très longue. Trop longue.

— Ne t'inquiètes pas, ça avance vite. Affirma-t-il



   Premier défaut de James : c'est un menteur ! Nous attendîmes presque une demi-heure avant d'enfin pouvoir aller s'asseoir avec notre plateau. Pendant que le menteur cherchait ses amis, j'observais la cantine. Elle semblait totalement pleine, et il y régnait une odeur de légumes trop cuits. En scrutant les tables, j'en repérai une, dans le fond, où une jeune fille blonde déjeunait, seule. Je l’indiquai au menteur et lui demandai si on pouvait la rejoindre. Il secoua la tête.

— Elle attend sûrement ses amis. Comme les miens nous attendent, viens.

   Il partit en direction d'une table sur la gauche, alors que je décidai d'aller voir cette fille. Peut-être était-elle seule parce qu'elle attendait ses amis, mais peut-être n'en avait-elle pas. Il me suffisait de lui demander. En plus, elle était comme entourée d'une aura. J'ignorais d'où provenais cette idée, mais elle se trouvait bien là.

— Bonjour, lui fis-je en arrivant devant sa table, attends-tu des amis, où puis-je manger avec toi ?

— Les deux ! me sourit-elle. Mon ami ne devrait pas tarder, il y aura assez de place pour nous trois.

   En m'installant, je remarquai un certain menteur s'avancer vers nous. James me regarda, l'air énervé, puis finalement soupira, avant de sourire. Il s'assit à côté de moi, jetant un regard d'excuse à ses amis. Du moins, il me sembla que c'était ça. J'avoue que je ne comprenais pas tout de ce qu'il s'était passé. Juste après, un garçon, blond, vint s'asseoir à la même table. Il avait la même aura étrange que la jeune fille.

— Salut la compagnie, je vois que tu nous as ramené du monde, petite sirène ! Mon nom est Grace, Logan Grace. continua-t-il sur un ton mystérieux.

   Ladite petite sirène donna une tape sur la tête du nouvel arrivant.

— Aïe, mais pourquoi t'as fait ça ?

— Arrête de m'appeler comme ça… souffla-t-elle

— Mais ça te va si bien !

— Bon sang, j'ai l'impression que c'est toujours la même discussion.... Enfin, je m'appelle Alice.

   Logan lui jeta un regard qui avait l'air d'avoir une signification pour eux. S'ensuivit une étrange conversation silencieuse entre les deux, qui semblait être « S'il te plaît... – Non – Alleeeeez s'teuplaît – J’ai dit non ... » Et ainsi de suite, jusqu'à ce que la jeune fille soupire et reprenne la parole :

— Je te hais sale enjôleur... Bien, mon nom est Jackson, Alice Jackson. C'est bon, t'es content là ?

— T’aurais pu faire mieux… se contenta de marmonner le « sale enjôleur »


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* Lycée: dans le système américain, l'équivalent du lycée est "High School". Je dirais "lycée', sauf pour le nom entier, parce que ça sonne mieux ^^ Lyssa a 16ans, donc elle est en "sophomore year" (il me semble), la deuxième année. Bref, c'est comme en France sauf que ce sont pas les mêmes noms, mais je les dirais en français pour que ce soit plus simple...

Voilà.


Bonne fin de vie,

GwendolynLovegood








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