Hagia Sophia

Chapitre 1 : Hagia Sophia

Chapitre final

7864 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 08/12/2023 22:52

Cette fanfiction participe au Défi d’écriture du forum Fanfictions.fr, Le Lieu Sacré (septembre à octobre 2022)




Ἁγία Σοφία, Hagia Sophia




Le demi-dieu, fils de Poséidon, espérait bien mener une vie tranquille après avoir atteint son vingtième anniversaire, mais il se trompait lourdement. Diplômé dans un an de son Master en Sciences de la Mer, Persée Jackson, que tout le monde surnommait « Percy », arriva à la Colonie des Sangs-Mêlés* avec pour idée de retrouver sa petite-copine, Annabeth Chase, fille d’Athéna, étudiante en architecture depuis quelques années déjà. Dès son arrivée à la Colonie, les Nymphes, les Dryades et les enfants de Déméter qui cultivaient des framboises, des fraises, des myrtilles et des mûres le saluèrent. Annabeth accourut depuis son bungalow** pour lui sauter au cou, lui donner un chaste bisou sur la joue et lui tenir tendrement par la main. La jeune femme se perdait toujours dans les beaux yeux de son petit-ami, bleu-vert comme la mer, l’océan insondable, chatoyant au soleil de midi en la voyant. Percy lui sourit et lui murmura :

— Annabeth, quoi de neuf ?

— Rien, je suis ravie que tu viennes me voir.

— Qui ne voudrait pas te voir, mon amour, ma stratège bien-aimée ? l’interrogea-t-il rhétoriquement.

La jeune demie-déesse sourit, ses yeux gris pétillants de joie, et le couple se promena dans le camp, saluant de vieux amis, tels Jason Grace, Piper Mclean, Leonidas (Leo) Valdez, William Andrew (Will) Solace, Frank Zhang, Niccolo (Nico) di Angelo, les frères Stoll et le directeur du camps, Dionysos, surnommé Monsieur D. Certains amis étaient déjà une semaine à la Colonie pour passer leurs vacances et pour renouer avec des vieilles connaissances qu'ils n'avaient pas revues depuis longtemps. Le dieu du vin sirotait toujours un verre de jus de raisin, à défaut du vin, et jouait aux cartes avec Chiron dans la Grande Maison, sa demeure au milieu de la colonie.


Rachel Elizabeth Dare, la Pythie, communément appelée l’Oracle, sortit de sa caverne remplie de peintures prophétiques, accourut vers le couple et le salua. La jeune fille aux cheveux roux relevés en une queue de cheval et aux yeux verts vêtue de la longue robe blanche scintillante des prêtresses antiques et d'une ceinture de chasteté, se raidit soudainement. L’esprit du dieu Apollon la posséda, son âme voyagea vers les hauteurs éthérées, contemplant des images du futur. Elle prononça des sons animaliers, des cris, des glapissements incompréhensibles, comme prise d’un accès de folie, avant d’articuler un quatrain en français :


Fils du Psychopompe, de la Mer, de la Convertie Inconnue, fille de la Sagesse et fille du Soleil,

Lieu sacré des premiers temps dans pays étranger doit être retrouvé.

Pour le plus grand acte héroïque de tous les temps éprouvé,

Jugement nécessaire dans la Grande Église, force unifiée et parasoleil.


Elle tomba par terre, le regard éteint, fatiguée. Heureusement l’un des fils d'Apollon la retint, lui donnant un peu d’eau. Son âme revint dans son corps. Les demis-dieux s’attroupèrent autour d’elle, curieux et intéressés. Chiron, alarmé, ordonna un conseil immédiat avec les chefs des cabines pour élucider la Prophétie. Tous les demis-dieux, inquiets des paroles obscures de la Pythie, obtempèrent immédiatement et déguerpirent comme des moineaux chassés par un chat. La nouvelle s’ébruita rapidement, semant la panique dans le village, parce qu’une prophétie équivaut toujours à une quête et donc à affronter des monstres.


Les chefs des onze principales cabines étaient autour de la petite table ronde de la Grande Maison, ressemblant aux chevaliers de la Table ronde d’Arthur des récits médiévaux. Bien sûr, l’Oracle aussi assista à la réunion. Chiron, le Centaure éducateur, affirma de sa belle voix masculine intemporelle, tenant son derrière chevalin assis dans son fauteuil magique :

— Une nouvelle prophétie, une nouvelle quête, de nouveaux dangers à affronter se présente à vous. Est-ce que quelqu’un a une suggestion sur l’interprétation ? Mais avant, quelqu’un aurait-il la gentillesse de traduire la Prophétie ? … Je ne comprends pas la langue de Molière.

Piper, la fille d’Aphrodite, traduisit la Prophétie. Dix mains se levèrent et Annabeth prit la parole :

— Fils du Psychopompe, Psukhopompos, Conducteur d’âmes, c’est un fils d’Hermès qui peut communiquer avec les esprits, suggéra Annabeth, la mine sérieuse et réfléchie en digne fille de sa mère. Daniel Smith, je pense. Fils de la Mer, c’est un fils de Poséidon, en l’occurrence Percy; fille de la Sagesse, fille d’Athéna, c’est moi, et fille du Soleil, fille d’Apollon, c’est Apolline-Victoire du Beausoleil que tout le monde surnomme Apa, puisque son nom même et son père confirme son caractère solaire. Mais qui est le fils de la Convertie Inconnue ? Je ne saurai le dire. Une terre étrangère, en Europe ou en Asie ? Lieu sacré des premiers temps, début du christianisme ? Les premières communautés chrétiennes sont à Antioche, Damas et Éphèse, voire même à Jérusalem, ville sacrée pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans. Nous aurons à visiter ces villes. La Grande Église, c’est la basilique Sainte-Sophie, aujourd’hui une mosquée, à Istanbul, en Turquie. Et c’est dans ce lieu sacré que quelque chose arrivera, qu’un jugement doit être. La cathédrale Sainte-Sophie a été bâtie sur un ancien temple d’Apollon… donc le lieu possédait une sacralité dans l’Antiquité, lors du christianisme et en tant que mosquée. L’endroit demeure un lieu où l'homme peut se relier au divin, à Dieu, au surnaturel.

— Merci Annabeth, commenta brièvement le Centaure en griffonnant des notes sur une feuille de papier. Quelqu’un a d’autres suggestions ?

Travis Connor, le chef de la cabine d'Hermès, leva la main :

— Le fils de la Convertie Inconnue est peut-être parmi ceux qui n’ont pas encore été revendiqué, c'est-à-dire reconnu par son parent divin… Présentement, il y a trois demis-dieux sans reconnaissance de leur parent immortel, à savoir un certain Adam Mendelson, Ivan Petrovich Romanov et Julia Nartop. Les deux premiers ont une déesse pour mère, la dernière a un dieu comme père.

Un vague murmure parcourut l’assistance.

— Permettez-moi de les voir, commenta Rachel. J’ai eu une vision de l’apparence physique du fils de la Convertie Inconnue. Je saurai le reconnaître.

Tous opinèrent du chef. L’Oracle revint cinq minutes plus tard, tourna négativement la tête et chuchota :

— Aucun ne correspond… Le demi-dieu vit à l’Orient… Je pense que l’hypothèse d’Annabeth est correcte…

Abruptement, la Prophète du dieu tomba en transe et murmura :

— … Chemin de Damas… Chemin de Damas…. Chemin de Damas… 

Elle éclata en sanglot.

— … Que Dieu ait pitié de mon âme…

Une lumière éclatante se poignit, partant d’un point qui s’agrandissait de plus en plus, aveuglant les enfants des dieux qui fermèrent les yeux. Une fois le flot de lumière dissipé, chacun remarqua la présence d’Apollon, sourire aux lèvres, faisant un clin d’œil à ses enfants, qui leur lança :

— L’indice est dans les paroles de ma Pythie sans pitié. À vous de comprendre correctement le message. Au revoir les enfants.

— Chemin de Damas, réfléchit à voix haute le chef de la cabine des Hermès dès que le dieu regagna la voûte céleste. C’est une expression qui signifie un changement, une conversion de première importance… Sauf si l’indice est le nom de la ville. Le demi-dieu serait à Damas, en Syrie. Qu’en pensez-vous ?

— Et Damas était l’une des premières villes chrétiennes, ça concorde ! s’exclama Annabeth, ravie comme un enfant, frappant ses mains les unes contre les autres de joie.

— Ainsi, résuma sérieusement Chiron, vous, Persée et Annabeth, accompagnés de Daniel et Apolline que vous informerez en sortant de cette salle, allez à Damas trouver ce demi-dieu, fils de la Convertie Inconnue. Puis vous vous dirigez à la basilique Sainte-Sophie, à Istanbul. N’oubliez pas de nous informer à chaque étape.

— Oui, Chiron, répondirent en chœur Percy et Annabeth.

— Très bien. Le conseil est levé, annonça solennellement Chiron. Vous pouvez tous quitter cette salle. Bonne chance jeunes hommes et jeunes femmes.

L’assemblée se vida rapidement. Les quatre jeunes adultes de la Prophétie se préparaient pour leur expédition.


Daniel était le seul fils d’Hermès à voir les esprits, les âmes des défunts et à les guider vers l’Au-delà. Il était un grand jeune homme de dix-huit ans aux cheveux brun clair et aux yeux brun noisette, une mine espiègle imprimée sur le visage. Il reçut en cadeau de son père des talonnières ailées et une épée de combat qui se rétractait en un collier à ses dix ans. Outre sa capacité de communiquer avec les défunts, capacité qui lui sauva maintes fois la vie, il était un habile orateur et comprenait instantanément toutes les langues du monde et endormait les monstres en chantant des comptines enfantines. Il avait une petite copine depuis quelques mois, une fille d’Apollon, Daphné Christopoulos, de deux ans son aînée, adroit médecin à la belle voix. La petite-amie de Daniel donna une accolade fraternelle à sa demie-sœur Apolline en lui conseillant :

— Ma sœur, sois prudente. Que Dieu, Ses anges et les Dieux t’aident dans ta quête. Et n’oublie pas de m’informer de la progression de ton voyage. Bonne chance !

Émue, celle-ci rendit l’accolade sincère. Apolline, fille de dix-sept ans, aux yeux bleus et aux cheveux blond cendré caractéristiques des enfants d’Apollon, était une redoutable archère, ses flèches volaient à la vitesse de la lumière et ne rataient jamais leur but. Elle possédait une rare capacité : celle de guérir les hommes avec les rayons du soleil. Ces mêmes rayons qu’elle pouvait utiliser pour tuer ses ennemis.

Percy, jeune homme de vingt ans, aux cheveux noirs en bataille et aux yeux bleu-vert comme la mer et l’océan insondable, avait toujours son arme dans la poche, Turbulence, un stylo qui devenait une épée, et sa montre qui se métamorphosait en bouclier. Annabeth, fille de vingt ans, aux cheveux blonds et aux yeux gris orageux qui semblaient calculateurs au premier regard, avait un couteau de bronze céleste, sa casquette d’invisibilité — cadeau de sa mère — et son bouclier poli dit bouclier-miroir comme arme. Le couple prépara les réserves d’ambroisie pour se guérir et d’autres éléments de premiers soins, sans oublier un peu d’argent pour les voyages et l’achat des billets d’avion.



Le lendemain matin, au lever de l’Aurore aux doigts de rose, Percy, Annabeth, Dan et Apolline arrivèrent à la frontière de la Colonie, proche de l’immense pin qui trônait en roi au sommet de la colline, protection magique contre les attaques des monstres. Argos les attendaient pour les conduire dans la ville mortelle la plus près. À peine sortis de la voiture, les jeunes étaient attendus par Artémis sur son char lunaire. Elle les salua et leur ordonna :

— Venez jeunes gens sur mon char pour arriver en toute sécurité à Damas. Et, depuis la capitale syrienne, mon frère vous conduira jusqu’à Istanbul, devant la basilique devenue mosquée… D’ailleurs, j’aime bien le croissant de lune islamique. Allons-y !

Les quatre jeunes étaient très étonnés de l'ordre de la déesse et de ce traitement de faveur, parce que les dieux n'intervenaient jamais lors des quêtes, habituellement. La situation devait être très sérieuse et urgente, si l'un d'eux les secondait ainsi pour aller plus vite, pensèrent les demis-dieux en s'entr'observant, inquiets. Ils embarquèrent dans le char lunaire qui se transforma en une voiture de course argentée. Ils arrivèrent en trois heures à Damas. 


Se promenant dans les rues de Damas, ne sachant guère où aller et qui chercher, ils se perdirent rapidement dans les rues bondées et bariolées aux odeurs les plus diverses, allant de l’odeur de l’encens, à celui du pain, en passant par les épices. Après une heure de marche, ils rencontrèrent un Cyclope, un cousin de Polyphème, un géant de deux mètres vêtu d’une chemise à motif floral, des pantalons bouffants beige et des lunettes solaires pour camoufler son unique œil, jouant le touriste dans la rue. Malgré le Brouillard***, Apolline discerna aisément le monstre mythologique. Proche de celui-ci passa un vieil homme de soixante-dix ans au teint hâlé, aux yeux bruns vifs et aux cheveux argentés, encore agile pour son âge qui regarda à gauche et à droite, comme s’il cherchait quelqu’un, mais le Cyclope l’écrasa de ses mains comme un vulgaire jouet. La fille d’Apollon s’offusqua en voyant un innocent mourir et bandit son terrible arc. Au moment où elle lançait sa flèche enflammée en direction de l’unique œil du monstre, un jeune homme arriva subitement, lançant une pluie d’injures et de malédictions en hébreu et en arabe, étonnant les demis-dieux présents, et tua le Cyclope d’un coup de livre de cuisine qui se transforma en un lance-flamme lorsqu’il murmura quelques phrases en hébreu. Apolline détailla avec intérêt et curiosité le nouveau venu : un grand jeune homme âgé de dix-sept ans, vêtu d’une chemise et d’un pantalon bleus, une kippa blanche sur la tête, un collier d’or autour du cou, les yeux brun chocolat avec des reflets apaisants dorés, les cheveux noir ébène, doué d’une belle voix réconfortante. Puis, il s’éclipsa rapidement en disparaissant dans une douce flamme réconfortante qui diffusa un sentiment de nostalgie pour chacun des demis-dieux envers leur foyer respectif. Apolline, la première à sortir de sa rêverie, demanda aux autres :

— Je pense que ce jeune homme est un demi-dieu… Serait-il le fils de la Convertie Inconnue ?

— Certainement, mais où est-il parti ? interrogea la fille d’Athéna à voix haute.

— Bonne question ! Certainement chez lui, dans sa maison, Dieu sait où, commenta brièvement son petit-ami.

— Bien sûr, répliqua-t-elle. C'est une évidence... Et ne nous avance en rien pour le retrouver.

— Vous, le monsieur là-bas, apostropha Daniel à la droite du cadavre cyclopéen un esprit errant.

Ce dernier, le vieil homme tué par le Cyclope, étonné, lui répondit en arabe :

— Parlez-vous à moi, jeune homme ?

— Oui, monsieur… Je suis Daniel Smith, fils d’Hermès. Et qui êtes-vous ?

— Je suis, répondit fièrement le vieil homme en hébreu, David Benowitz, fils de Jacob, père de Daniel, Benjamin et Myriam.

— Avez-vous remarqué le Cyclope qui vous a tué ?

— Oui, je trouvai qu’il ressemblait trop à un golem, répliqua-t-il en arabe. Mais voyez-vous le Cyclope parce que vous êtes fils d’un dieu païen ?

— Oui, on peut le dire ainsi. Mais qui cherchiez-vous ?

— Mais vous semblez chercher quelqu’un, non ? insista-t-il en hébreu, ignorant la question.

— Effectivement, nous cherchons un demi-dieu.

— Je cherchais mon petit-fils Salomon, celui qui a tué le monstre. Il devait m’accompagner au marché. Je voulais aussi, chemin faisant, saluer mon vieil ami l’imam Ahmed, mais tant pis pour moi. Je vais bientôt comparaître devant le Juge des Juges, le Saint, Béni soit-Il. Alléluia, Amen.

Et David Benowitz s’en alla. Daniel résuma à ses compagnons de quête la discussion. Annabeth s’exclama :

— Son petit-fils, Salomon Benowitz, est le demi-dieu que nous cherchons ! Mais où habite-t-il ? Au moins, nous savons que sa mère est une déesse, mais laquelle ?

— Bonne question, intervint Percy. Théoriquement, ce peut être n'importe quelle déesse, hormis Artémis et Hestia.

— Merci de me rappeler une évidence, commenta-t-elle ironiquement.

— Vous parlez de moi, les interrompit une suave voix masculine derrière leur dos.

Les quatre jeunes se retournèrent simultanément, étonnés et un peu effrayés. Le jeune qui leur parlait était le même qui avait tué le Cyclope. Celui-ci éclata d’un rire cristallin en voyant la peur qui se lisait dans les yeux des autres. 

— Pourquoi voulez-vous me voir et me parler ? demanda-t-il, intrigué.

— Vous êtes le demi-dieu que nous recherchons, expliqua gentiment Apolline. Vous avez vu le Cyclope et l’avez tué avec un livre de cuisine qui devient un lance-flamme. Et vous êtes impliqué dans une Prophétie sous le nom du fils de la Convertie Inconnue. Vous devez vous joindre à nous.

Au tour de Salomon d’être étonné, murmurant à lui-même quelques paroles incompréhensibles. 

— La Prophétie, récita Annabeth, disait : 

Fils du Psychopompe, de la Mer, de la Convertie Inconnue, fille de la Sagesse et fille du Soleil,

Lieu sacré des premiers temps dans pays étranger doit être retrouvé.

Pour le plus grand acte héroïque de tous les temps éprouvé,

Jugement nécessaire dans la Grande Église, force unifiée et parasoleil. 

Salomon releva la tête, méditant sur la Prophétie, et affirma avec certitude :

— Très bien. Je viens avec vous, puisque ma mère, une païenne de naissance convertie au judaïsme avant son mariage, m’avait informé qu’il faudrait que je quitte le foyer familial avant mon dix-huitième anniversaire pour combattre le Mal, soupira avec résignation le jeune homme.

— Par curiosité, demanda Percy, votre parent divin est votre mère, non ?

— Oui, effectivement, confirma-t-il, ennuyé de l’évidence. Mon père, Daniel Benowitz, est un rabbin à Damas. Et pour vous quatre, lequel de vos parents est un dieu païen ?

— Moi, c’est Athéna, ma mère, répondit fièrement Annabeth.

— Moi, c’est Poséidon, mon père, l’un des Trois Grands****, répliqua humblement Percy.

— Moi, c’est Hermès, mon géniteur, affirma sérieusement Daniel.

— Moi, mon père est Apollon, murmura d’une douce voix Apolline.

— Enchanté. Venez chez moi, il n’est aucunement acceptable de vous laisser à la belle étoile, en plus que demain, c’est shabbat.


Sur ces mots, les cinq jeunes se dirigèrent vers la demeure du rabbin. Sur leur route, ils rencontrèrent une fille et un garçon du même âge que Salomon. Ils saluèrent celui-ci en arabe et en hébreu. Le fils de la Convertie Inconnue les salua en retour et expliqua aux autres qu’ils étaient ses amis d’enfance, la première était musulmane, le second juif. Aussitôt arrivé sur le seuil de la maison, le garçon fit un signe aux autres d’attendre le temps qu’il parla avec son père. Annabeth nota la présence de mezouzah déposé à la verticale sur le cadre de la porte. Le père de Salomon était un fervent croyant, pensa-t-elle. Quelques minutes plus tard, Salomon revint suivi de son père. Ce dernier était un grand homme âgé de vingt-neuf ans, au teint hâlé, aux yeux marrons et aux cheveux noir ébène, à l’allure bienveillante. Son unique bijou était une alliance. Il invita les jeunes à l’intérieur, leur servant du thé de menthe de Marrakech. Daniel, assis en face des jeunes, à côté de son fils, ordonna à sa femme de préparer les lits pour les invités. Sa femme, qui répondait au nom de Déborah Benacerraf, était une grande trentenaire aux cheveux brun clair avec des nuances dorées, des yeux brun chocolat avec des reflets apaisants d’or, ses uniques bijoux étaient une alliance et un collier avec un pendentif d’or. À la voir, la similitude avec Salomon était frappante. Déborah sourit énigmatiquement aux quatre demis-dieux invités et leur affirma posément :

— Mes enfants, n’oubliez pas que je lis vos pensées. Je vous confirme que je suis une déesse grecque, mais je vous laisse deviner laquelle. Je me suis mariée à Daniel dix-neuf ans plus tôt avec l’accord de tout le Conseil Olympien au solstice d’été. Je ne néglige pas pour autant mes responsabilités de déesse ni d’épouse. Avec mon mari, j’ai encore deux autres filles, âgées respectivement de dix-neuf et dix-huit ans.

La mâchoire de Percy tomba par terre sous l’émotion forte, sa bouche s’ouvrit d’étonnement et demeura stupidement ainsi pendant quelques secondes avant de se ressaisir, honteux de ressembler à un poisson sorti de l’eau; les yeux d’Annabeth s’agrandirent de stupeur, ressemblants à des soucoupes ou aux yeux de la chouette; dans sa tête, tout un rouage de pensées s’enclenchèrent pour trouver l’identité de la déesse. Dan tourna un regard interrogateur à David Benowitz, présent dans la salle, sourire amusé aux lèvres.

Déborah qui terminait le dernier préparatif pour le shabbat affirma de sa belle voix chaleureuse :

— Demis-dieux, je vous invite à vous reposer et d’attendre au moins que le shabbat et dimanche s’écoulent avant de continuer votre quête. Ici, aucune crainte d’attaque de monstres, la maisonnée est bien protégée.

Tous opinèrent du chef. Déborah, en bonne femme au foyer, s’occupait du rituel du jour du repos. Les quatre demis-dieux, affectés par la foi sincère de la déesse, se recueillirent sur le sens de la force d’une conviction religieuse. 



Le surlendemain, Déborah embrassa maternellement son fils, lui remit un cadeau, un collier avec un pendentif représentant la main de Fatma et annonça solennellement :

— Mes enfants, les quatre demis-dieux et mon fils, vous irez bientôt à Istanbul. Soyez prudents, des monstres vous guetteront sur votre route. Ayez foi en vos capacités et en Dieu. Que Dieu vous assiste et que le mauvais œil soit très loin de vous.

Annabeth, s’éloignant un peu à l’écart des autres, envoya un message-Iris à Chiron, c'est-à-dire un message, ou plutôt un contact audio-visuel en invoquant Iris, à n'importe qui dans le monde contre une offrande à la déesse. Le message-Iris était une sorte de Skype ou FaceTime des demis-dieux avec une touche antique. Elle salua l'éducateur et lui annonça :

— Chiron, nous avons trouvé le demi-dieu de la Prophétie, le fils de la Convertie Inconnue, à Damas.

— Qui est-ce ? interrogea, curieux, le Centaure.

— C’est Salomon Benowitz, fils du rabbin Daniel Benowitz et d’une déesse, je pense Hestia mais il faut que je confirme l’information.

— Ah ! Je l’ignorais, affirma-t-il étonné. Au revoir les enfants et soyez prudents.

Annabeth interrompit la communication, réfléchissant à leur prochaine étape, la basilique Sainte-Sophie, et rejoignit ses autres compagnons de quête.


Les demis-dieux sortirent de la demeure du père de Salomon, le rabbin Daniel Benowitz, dans le but de se diriger vers la destination ultime mentionnée par la Pythie, Istanbul. Quelques mètres plus loin, les cinq jeunes discernèrent une voiture dorée qui s’arrêta devant eux. Apollon, lunette solaire sur le nez, habillé comme un chanteur rock des années mille-neuf-cent-quatre-vingt, sortit de l’automobile et salua respectueusement Déborah Benowitz, la mère immortelle de Salomon, soudainement apparue à la droite de son fils, et ordonna aux demis-dieux :

— Les enfants, venez à bord du char solaire. Il faut se dépêcher ! Je vous amène directement à une rue parallèle de la basilique Hagia Sophia. Ainsi, vous attirerez le moins possible les monstres et nous terrasserons notre plus grand ennemi.

Les enfants des dieux opinèrent du chef et obtempèrent, malgré l'incompréhension sur leur visage. La déesse, mère de Salomon, leur fit les adieux, émue pour son fils, et répétant, avec son mari, des gestes et paroles de bénédiction.


Une heure plus tard, les adolescent arrivèrent à destination. Annabeth, trop curieuse, demanda à Salomon :

— Salomon Benowitz, je n’aurai qu’une question pour vous… Si ce n’est pas indiscret…

D’un signe de la tête, sans lever les yeux de sa Torah qu’il lisait, il lui fit comprendre de développer son idée.

— … Quelle déesse est votre mère, cette Convertie Inconnue de la Prophétie ?

Le demi-dieu soupira et répliqua énigmatiquement, levant son regard du texte sacré :

— Réfléchissez un peu fille d’Athéna ! Ma mère, déesse païenne convertie au monothéisme, m’a légué une partie de ses capacités. Devinez lesquelles !

— Vous avez tué un Cyclope avec un lance-flamme qui apparaît comme un livre…

— Un livre de recettes en russe plus exactement, précisa le fils du rabbin. Un livre qui se transforme soit en lance-flamme, soit en miroir poli.

— Et vous avez disparu dans une douce flamme… Fils de quelle déesse ? Je n’ai pas entendu qu’une déesse célibataire s’était mariée récemment…

Salomon sourit à l’effort de la demie-déesse. Apolline, observant attentivement le mystérieux demi-dieu, rit soudainement et hurla à Annabeth :

— J’ai trouvé ! Salomon Benowitz est le fils d’Hestia !*****

— Félicitations jeune femme ! la taquina-t-il.

Annabeth, Percy et Dan regardèrent le demi-dieu avec des yeux de merlan frit, comme s’il avait dit qu’il était le fils d’une extraterrestre, qu’il avait deux têtes ou qu’il était le double maléfique de celui qu’ils cherchaient.

— Pourquoi me regardez-vous ainsi ? s’étonna-t-il. Il faut maintenant descendre une rue pour aller à Sainte Sophie. Il ne faut pas traîner si vous ne voulez pas que des monstres et des démons nous repèrent.

Les cinq jeunes, saluant le divin conducteur, arrivèrent à pied devant la cathédrale pour être accueilli par la Chimère déguisée en touriste anglais. Apolline et Salomon, malgré le Brouillard, discernèrent aisément la nature du monstre mythologique et tirèrent simultanément de leur arme respective, le réduisant à néant. En entrant dans le lieu sacré, les cinq jeunes, émerveillés de la beauté et de la sacralité de l’endroit, se signèrent. Ils observèrent la majesté et la noblesse de l’endroit, les mosaïques chrétiennes encore existantes et l’architecture arabesque de la mosquée qui se mariait avec les éléments chrétiens. L’or, le marbre et la calligraphie d’or formaient une alliance impressionnante qui imposaient le respect et la piété. Apolline et Annabeth sortirent une mantille pour se couvrir les cheveux. Les cinq jeunes discernèrent, proche du mihrab, Apollon, debout, sans arc et carquois, yeux baissés.


Soudainement, les cinq jeunes et le dieu grec discernèrent un diacre, vêtu d’une dalmatique, d’une aube de couleur éclatante et de l’étole, qui rayonnait dans sa tenue, ressemblant à un ange, et d’un prêtre orthodoxe vêtu de la même façon que le diacre, à la différence que l’étole était remplacée par l’épitrakhilion, et, par-dessus, le phélonion en pleine liturgie des Catéchumènes. Le prêtre commença la liturgie en grec par l’invocation suivante d’une voix irréelle, surnaturelle : « Béni soit le règne du Père, du Fils et du Saint Esprit. » Dan, en entendant cette voix, se signa, tremblant devant la sainteté de l’endroit, discernant la présence d’icônes saintes et de l’autel qui apparaissaient aux mots du pope, comme transportés dans le temps.

Puis le diacre tenant de trois doigts de sa main droite l’étole, suivi du prêtre qui se signa, exhorta le peuple à commencer à prier pour l’obtention de la paix, montant à l’ambon. Un doux chant des chœurs, semblable aux chants des Anges tellement les voix étaient pures, s’éleva : « Seigneur, aie pitié de nous. » Il redescendit de l’ambon.

Le diacre, lors de la seconde antienne, tenant l’icône du Sauveur qui brillait d’une douce lumière apaisante, lumière divine venue du Ciel même, qui laissèrent les demis-dieux et le dieu grec — mystérieusement venu à côté d'eux — émus et en larmes, sincèrement ébranlés au plus profond de leur être. Le diacre monta à nouveau à l’ambon et affirma : « Faisons mémoire de la très sainte, très pure, bénie par-dessus tous et notre glorieuse Reine la Mère de Dieu, et de tous les saints, confions-nous nous-mêmes, les uns les autres et notre vie entière au Christ, notre Dieu. »

Venaient les tropaires, le diacre, présentant le Saint Évangile au prêtre, Le porta à l’autel, mais avant s’arrêta aux portes royales et, Le levant à bout de bras, s’écria : « Sagesse » et, à l’assemblée : « Debout ». Les demis-dieux se tinrent droit comme un piquet à ce mot, se sentant interpellés. Le chœur chanta, de sa voix si pure : « Venez et inclinons-nous, prosternons-nous devant le Christ ! Sauve-nous, ô fils de Dieu, nous qui te chantons : Alléluia. » 

Puis le trisagion, le chœur, au signal du diacre, entonna trois fois : « Saint Dieu; Saint Fort; Saint Immortel, aie pitié de nous. » Le prêtre se prosterna trois fois devant l’autel, puis se retira vers le siège arrière. 

Le diacre s’écria : « Catéchumènes, priez le Seigneur », le chœur répondit : « Kyrie eleison ». Puis le diacre, s’adressant à l’assistance, continua : « Fidèles, prions pour les catéchumènes, afin que le Seigneur aie pitié d’eux. Qu’il leur enseigne la parole de Vérité. Qu’il leur révèle l’Évangile de Justice. Qu’il les unisse à sa sainte, universelle et apostolique Église. Sauve-les, aie pitié d’eux, soutiens-les, garde-les, ô Dieu, par ta grâce. Catéchumènes, inclinez la tête devant le Seigneur. » Le chœur répondit : « Kyrie eleison » à chaque phrase du diacre. Le prêtre entonna une prière : « Seigneur, notre Dieu, toi qui habites au plus haut des cieux et qui abaisses ton regard sur tout ce qui est humble, toi qui, pour le salut du genre humain, as envoyé ton Fils unique, notre Dieu et notre Seigneur Jésus-Christ, regarde tes serviteurs, les catéchumènes, la tête courbée devant toi. Unis-les à ton Église et agrège-les à ton troupeau élu, afin qu’eux aussi glorifient avec nous ton nom digne d’être vénéré et magnifié, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. » Le chœur répondit : « Amen. »

Les cinq demis-dieux, émerveillés de voir la basilique illuminée de mille feux par les icônes et les vêtements des célébrants, émus de la sincère foi des paroles, lâchèrent des larmes devant la sacralité de l’endroit, se signèrent et craignirent réellement Dieu en leur âme, pensant à chaque instant qu’un Ange du Seigneur allait apparaître pour les retrancher de la communauté des croyants et des catéchumènes. Seul Apollon demeurait imperturbable, malgré les quelques larmes qui perlèrent sur ses joues. Les autres, ébranlés dans leur profonde conviction, sortirent se signant trois fois et priant pour le salut de leur pauvre âme.

Quelques minutes plus tard, l’agitation première passée, Annabeth murmura, encore éplorée, à ses compagnons de quête : 

— Maintenant, le point crucial de la Prophétie doit se réaliser… Le jugement, l’acte héroïque à l’aide des forces sacrées unifiées. J’ignore comment on peut le faire, mais je pense que la lumière aura un rôle important… Lumière du soleil et lumière de la foi, d’où la nécessité de se protéger, d’avoir des voiles, et des matières réfléchissantes, miroirs, boucliers, etc.

— Que Dieu des armées nous assiste, répliqua simplement Salomon, réajustant sa kippa.

Annabeth, Percy, Apolline et Dan répétèrent en leur cœur la Prophétie de l’Oracle :


Fils du Psychopompe, de la Mer, de la Convertie Inconnue, fille de la Sagesse et fille du Soleil,

Lieu sacré des premiers temps dans pays étranger doit être retrouvé.

Pour le plus grand acte héroïque de tous les temps éprouvé,

Jugement nécessaire dans la Grande Église, force unifiée et parasoleil.


— Revenons dans l’église, ordonna Apolline. Et prêtons concours aux fidèles, ces âmes profondément pieuses, ne peuvent rester pour toujours ici. Dan, tu dois les amener dans l’Au-delà.


Retournant à nouveau dans l’église, ils entendirent une partie de la Liturgie des fidèles. Les chœurs entonnèrent d’une voix ferme et virile : « Je crois en un seul Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles. [Instant de repos] Et un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils Unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles. Lumière de Lumière. Vrai Dieu de Vrai Dieu, qui n’a pas été créé, mais engendré, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait. Qui pour nous hommes et pour notre salut est descendu du ciel, s’est incarné du Saint-Esprit et de la Vierge Marie et s’est fait homme. Qui a été crucifié pour nous sous Ponce-Pilate, a souffert et a été enseveli. Qui est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. Est monté au ciel où il est assis à la droite du Père. Et viendra juger les vivants et les morts, et dont le règne n’aura pas de fin. Et au Saint-Esprit, Seigneur et Vivifiant, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié conjointement avec le Père et le Fils, qui a parlé par les Prophètes. [Instant de repos] En l’Église une, sainte, catholique et apostolique. Je confesse un seul baptême pour la rémission des péchés. J’attends la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. Amen. » 

Les cinq demis-dieux, profondément émus, se signèrent et Percy et Dan répétèrent les paroles du chœur. L’église était plongée dans une lumière irréelle, une lumière divine illuminait et aveuglait les demis-dieux. Apolline, se retournant, discerna une sombre entité entrer dans le lieu sacré. Elle blêmit, reconnaissant un démon, un agent de Satan. Ce dernier était une grande masse noire vêtu d’un ample manteau rouge feu, des cornes au front, un chiffre gravé sur celui-ci, à la peau rouge, une langue bifide qui dardait du feu, des mains humaines avec des immenses griffes et des yeux serpentins d’une couleur irréelle, jaune brillant, qui deviennent d’un vert brumeux. Être qui inspirait la crainte et la terreur et yeux qui donnèrent la chair de poule à la fille d’Apollon. Le démon grognait comme l’impur cochon et avait six ailes de chauve-souris sombres comme l’ébène sur son dos à gauche et à droite de son dos. Il agita ses ailes pour essayer de cacher la lumière divinement irréelle des icônes. Annabeth sortit son bouclier poli et le plaça de telle façon que la lumière qui irradiait de l’icône du Christ Sauveur se refléta en direction du démon. Apolline, influençant les rayons du soleil, les dirigea vers la sombre créature, agissant comme des rayons lasers brûlants. Apollon aussi utilisa des rayons solaires pour affaiblir le monstre. Il hurla aux demis-dieux :

— Le combat ultime, mes enfants ! Attaquons ! Débarrassons-nous de notre ennemi, Azazel ! Lors de la dernière guerre, il est responsable de délivrer Cronos de ses chaînes et de réveiller Gaïa de son sommeil. Je soupçonne qu'il pense régner sur l'Olympe, en nous détrônant ! Un premier pas pour conquérir le ciel, notre demeure ! Je suis en guerre contre lui depuis longtemps, et je ne suis pas encore parvenu à le vaincre. Malheureusement, il n'est pas Python ! Unissons nos forces, demis-dieux et esprits !

Et les demis-dieux obtempèrent.


Soudainement, Dan, qui continua à répéter le chant du chœur, comme illuminé d’un feu intérieur, parla aux âmes pieuses :

— Mes frères par la foi, partez enfin en paix. Que la paix soit avec vous et en vos âmes. N’oubliez jamais que la Lumière, que Dieu et Son armée, vainc toujours les Ténèbres et Satan. Vous n’avez plus besoin de rester parmi les vivants encore longtemps. Partez dans le repos éternel et attendez le Jour de la Résurrection et du Jugement Dernier. Mais avant, prêtez-nous main-forte.

— DIEU est le Seigneur des Armées, Sabaoth, compléta Salomon de sa douce voix masculine. Il nous assistera pour vaincre le Mal et le Nachash, le Serpent. Que les vrais croyants, au côté de l’Éternel, combattent le Mal. Que la venue du Messie et du Règne d’Adonaï arrive. Que Dieu le Très-Haut et le Très-Puissant, le Saint, Béni soit-Il, nous assiste dans l’épreuve et nous secours du mal. Votre foi, votre valeur et notre foi et nos valeurs seront éprouvées aujourd’hui même. N’oubliez pas que ce qui importe devant le Juge des Juges, le Roi des Rois des rois, est votre cœur, la pureté de votre cœur et la pureté de nos cœurs et intentions. Unissons-nous maintenant !


Le démon, assommé, sonné et très fâché, entonna un chant ancien en latin, maudissant l’assistance, donnant un mal de tête aux jeunes filles, et s’approcha de Salomon et de Percy. Apollon répliqua en chantant en ancien grec, accompagné de rayons solaires aveuglants en sa direction, mais en vain, aucun effet sur l'être démoniaque. Le fils du rabbin agita la main de Fatma — cadeau de sa mère avant de partir — devant lui, l’effrayant, comme brûlé. Dan sifflota une comptine enfantine pour essayer d’endormir le démon, mais sans résultat.

L’entité surnaturelle s’approcha de Percy qui utilisa son épée pour refléter la lumière du bouclier de sa copine en direction de l’être immonde. Les demis-dieux tinrent solidement leur arme et leur bouclier pour irradier le plus possible la lumière du soleil et la lumière des icônes autour de l’entité surnaturelle démoniaque. Salomon, quelques minutes plus tard, tenant tête à l’Ennemi, remarqua qu’ils commencèrent à se fatiguer. Le fils du rabbin pria en son for intérieur : « Qu’El Shaddaï nous assiste dans l’épreuve. Que nous, humbles mortels et pécheurs, vainquions ce démon, pour le renvoyer de ce lieu où une communauté de sincères croyants monothéistes se sont réunis. Amen » À peine la prière prononcée, un être apparut en face du démon, l’Archange Michel. Un grand Ange au visage sévère, revêtu d’une dalmatique vermillon, une ample robe blanche brillante, un loros autour de la poitrine faite de pierres précieuses les plus éclatantes, des bottes brillantes verte émeraude aux pieds, les ailes d’une blancheur immaculée déployées, son visage brillait d’une lumière aveuglante. Autour de la taille, il avait une épée d’or qui dormait dans son fourreau, dans la main droite, un mêrilo doré à la pointe émaillée et, dans la main gauche, un globe (zertsalo). Toutes les âmes et les demis-dieux s’inclinèrent devant l’être surnaturel, impressionnés de la prestance, de l’aisance, de la lumière et de la force que leur imposaient le chef de la milice céleste. Simultanément à ce respect profond, ils se ressentirent très petits et minables devant l’Ange. Ce dernier fit un geste de bénédiction de ses trois doigts de la main droite vers les âmes et les cinq vivants avant de regagner les hauteurs éthérées. Geste qui donna une plus grande force à tout le monde.


Après deux heures à résister et à lutter contre le démon, ce dernier battit en retraite et s’évapora, tué par la lumière du soleil et la lumière divine. Les cinq demis-dieux, fatigués, se protégèrent les yeux de la trop forte lumière des icônes, de l’or qui brillait des mosaïques, des vêtements et des âmes. Se voilant la face, ne remarquant pas qu'Apollon était parti depuis peu, ils entendirent une belle voix masculine éthérée qui ne pouvait qu’appartenir à un Ange s’écrier : 

— Vous, âmes croyantes, sincères monothéistes, venez vers le repos éternel. Comparaissez enfin devant le Roi des rois, le Juge des juges. Que Son Nom soit glorifié et que Béni soit le règne du Père, du Fils et du Saint Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.

Toutes les âmes répondirent comme un seul homme : « Amen ». Les cinq demis-dieux aussi, en leur cœur, à la parole de l’Ange, répondirent : « Amen ».

Une fois que la lueur sur-humaine s’éteignit, Apolline, Annabeth, Salomon, Dan et Percy retirèrent le voile qui couvrait leur tête et leurs yeux et constatèrent que l’édifice était redevenu normal, son mihrab brillait légèrement dans la douce lueur de fin de journée et les âmes des pieux croyants gagnèrent enfin le repos éternel. Quelques rares musulmans priaient, totalement inconscients de la bataille qui faisait rage quelques minutes plus tôt. Les demis-dieux s’éclipsèrent rapidement. À l’extérieur, à quelques mètres de l’église, Apollon attendit les enfants, sourire aux lèvres. Il leur écria :

— Les enfants, la Prophétie s’est accomplie. Félicitations ! Heureusement Dieu, Son Ange et des bonnes âmes sincères monothéistes nous ont assisté. L’essentiel est que vous avez compris qu’il faut combattre le suppôt de Satan avec la lumière et la foi sincère et non avec les armes. L'Olympe est en sécurité maintenant. Venez dans mon char, je vous ramène à la Colonie. Salomon Benowitz, voulez-vous revenir à Damas avec votre famille ou vous voulez venir avec les autres à la Colonie des Sangs-Mêlés ?

— Je reviendrai à Damas.

— Très bien, répondit le dieu en souriant au fils d’Hestia.


Une heure plus tard, Apollon s’arrêta devant la maison du rabbin et les quatre demis-dieux enlacèrent amicalement Salomon, lui souhaitant un bon retour à la maison. Deux heures plus tard, Percy, Annabeth, Apolline et Dan revinrent à la Colonie. Percy, tenant tendrement la main de sa petite-copine, alors qu’ils se dirigeaient vers leur seconde maison, saluant au passage des enfants de Déméter, des Nymphes et des Dryades qui cultivaient des framboises, des fraises, des mûres et des myrtilles, lui chuchota :

— Cette Prophétie est l’une des plus effrayantes de mon existence. Je dois t'avouer que, sans une intervention surnaturelle, nous aurions échoué. Et j’avais sincèrement peur que ce démon ne nous tue.

— Effectivement très effrayant et angoissant, confirma-t-elle. Dieu que je me suis sentie impuissante devant ce Démon et cet Ange. Heureusement, nous n'étions pas seuls pour le combattre, il y avait Apollon, l'Ange et nos compagnons de quête.

— Ne me rappelle pas ma crainte de te perdre maintes fois au cours de la bataille... J'avais l'impression d'être petit et insignifiant dans une lutte qui nous dépasse... À mes yeux, la guerre était plus celle de l'Ange, du Démon, d'Apollon et des esprits, plus que la mienne... Mais je comprends notre présence, malgré qu'elle puisse paraître instrumentalisée... Je dois t'avouer que je n'aurai jamais songé à un contact entre les dieux grecs et le monothéisme... La cohabitation m'est encore difficile à saisir... Qui alors règne réellement aux Cieux ? Comment autant d'entités divines et immortelles les plus opposées puissent vivre sous un même ciel et sur une même terre sans s'entre-tuer comme le font les hommes ? Je ne comprends plus rien.

— Percy, laissons ces questions philosophiques et mystérieuses pour une autre fois... Il est certain qu'interroger nos parents divins ne servira à rien. Ils ne voudront pas reconnaître leur limitation des pouvoirs avec la venue du monothéisme, ni leur intuition, même incertaine, sur l'existence d'un Dieu, réellement supérieur à eux, sinon leur fierté en sera blessée. Sauf si la puissance d'une entité surnaturelle repose sur la foi et la croyance des hommes en elle, lui donnant une force d'action dans la vie humaine.

— Tu as peut-être raison.

Ainsi, main dans la main, le couple rentra à la Colonie.




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* La Colonie des Sangs-Mêlés était une colonie spécialisée pour les demis-dieux dirigée par le Centaure Chiron et Dionysos.

** La Colonie était organisée en bungalow pour chaque Olympien. Ainsi, les demis-dieux habitaient la maison de leur parent divin lors de leur séjour dans la Colonie.

*** Le Brouillard était une force magique, un voile, qui empêchait les mortels de voir les créatures mythologiques et les armes des demis-dieux et qui pouvait être manipulé par certains individus. Aussi, il existait des mortels clairvoyants, c’est-à-dire qu’ils discernaient la réalité par-delà le Brouillard, tels sont Rachel Dare (l’Oracle, la Pythie) et la mère de Percy, Sally Jackson.

**** Les Trois Grands était une manière d'appeler la triade formée de Zeus, Poséidon et Hadès, les trois frères, fils de Cronos.

***** Je suis consciente que, dans l'univers de Percy Jackson et dans la Mythologie même, Hestia est une déesse vierge, mais j'ai décidé autrement pour ce chapitre. Les lecteurs de ma fanfiction intitulée « Histoires des dieux » comprendront le choix en relisant les chapitres sur Athéna et Artémis.

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