Une courte immortalité

Chapitre 2

Catégorie: T

Dernière mise à jour 08/11/2016 09:03

Katra – One wish away : http://www.youtube.com/watch?v=ywvP6YlPfbs

 

Cela faisait bien longtemps que la notion du temps ne signifiait plus rien. Cette vie sans intérêt était sans fin, elle attendait presque la mort afin de s'en libérer. Souvent, elle se demandait pourquoi elle était vivante. Pourquoi elle n'était pas morte à ce moment-là. Pourquoi ses années s'étaient allongées au point de ne jamais se terminer. Pourquoi on lui faisait ces choses, tous les jours.

Elle ne parvenait même plus à réfléchir. Lorsqu'elle pensait, tout s'embrouillait. Lorsqu'elle essayait de se souvenir, tout n'était que brouillard. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait oublié. Elle ne savait plus rien. Tout autour d'elle semblait si vide... Ces personnes qu'elle voyait chaque jour, à quoi ressemblaient-elles, déjà ? Elle ne s'en rappelait pas. Elle se souvenait uniquement de la douleur qu'elle ressentait chaque jour et qui ne la quittait jamais.

Elle ne saurait dire depuis combien de temps elle se trouvait ici. Elle ne s'était jamais posé la question. Si on lui demandait, elle répondrait longtemps, si encore elle était capable de parler. Elle avait probablement oublié, aussi. Elle était devenue une coquille vide, sans intérêt quelconque. Alors pourquoi continuaient-ils inlassablement chaque jour ?

Ses premiers jours ici paraissaient si lointains. C'était comme un rêve. Elle avait l'impression d'avoir toujours été ici. Comme si c'était sa maison. Elle ne ressentait de toute façon plus rien, à l'exception de la douleur qui était devenue omniprésente dans sa vie, si bien que c'en était devenu une habitude. Elle ne résistait pas. S'était-elle opposée à eux, autrefois ?

« Si tu dois haïr quelqu'un, alors hais Jack Sparrow. C'est à cause de lui que tu es dans cet état. »

Jack... Sparrow... Ce nom lui semblait familier. Pourquoi ? Qui était-ce ? On lui répétait toujours cette réplique. Ce nom était la seule chose qui la faisait réagir. Lorsqu'elle l'entendait, elle ressentait comme de la rage. Et aussi un autre sentiment. Mais lequel ? Elle avait oublié ce que c'était. Quand rencontrerait-elle ce Jack Sparrow ?

Peut-être qu'il existait un monde extérieur. Elle ne s'était jamais posé la question. Si c'était le cas, elle ne s'en souvenait plus. Comme tous ses souvenirs, il s'était petit à petit effacé. Ses souvenirs étaient partis. Où ? Elle ne savait pas. Il ne lui restait plus que cette vie-là. Elle ne se terminait jamais. Elle était sans fin. Pourquoi ?

Elle ferma les yeux, exténuée. Elle n'attendait plus rien. Avait-elle seulement espéré, un jour ? Elle ne savait pas non plus. Elle était seule, dans cet endroit.

 

 

Les rues de Valence étaient animées à cette heure de la journée. Les pirates avaient pris l'habitude de s'arrêter dans cette ville d'Espagne, pensant qu'elle était tranquille. Dernièrement, cela s'était avéré être faux : le roi s'en était rendu compte et avait ordonné une arrestation massive des pirates stationnés là. Les prisons alors vides s'étaient remplies à une vitesse fulgurante, ce qui rassura les Valenciens.

Alors qu'ils venaient d'amarrer, Gibbs s'était à son tour fait arrêter, tandis que Jack était parvenu à leur filer entre les doigts. Il tentait de se fondre dans la foule, ce qui n'était pas gagné avec son accoutrement. Il avait pourtant ôté son chapeau, que demandaient-ils de plus ? Qu'il changeât de manteau ? Hors de question. Le capitaine Jack Sparrow était le capitaine Jack Sparrow. Il ne s'abaisserait jamais à ce niveau.

Il errait dans la ville colorée, ce qui lui changeait des rues grises de Londres, où il était au moins plus aisé de se fondre dans la masse. Jetant un coup d'œil rapide à son compas, il le referma bien vite afin de cesser de regarder l'endroit vers lequel il pointait : il savait pertinemment ce qu'il désirait le plus, mais il comptait bien le nier jusqu'au bout. Depuis deux ans, il avait tourné la page.

Jack cherchait un moyen pour pénétrer dans la prison où se trouvait actuellement Gibbs. Ce serait dommage que son second fût pendu alors qu'ils n'avaient même pas encore sorti le Black Pearl de la bouteille. Depuis deux longues années, ils avaient cherché un moyen de retrouver son bateau fétiche que Davy Jones lui avait donné, or ils n'étaient arrivés à rien. Depuis le jour de la découverte de la Fontaine de Jouvence, ils s'étaient procurés un modeste bateau et voguaient avec en attendant de trouver une solution.

La capture de monsieur Gibbs l'embêtait fortement. Ils étaient seulement de passage le temps de s'approvisionner, ils ne comptaient faire de mal à personne, voyons. N'avaient-ils donc pas le droit de vivre en toute liberté, sans terre précise où se poser ? Il ne comprenait pas pourquoi les gouverneurs s'obstinaient à vouloir les abattre. C'était vrai, lui-même ne faisait de mal à personne.

Passant devant un étalage où se trouvaient des cacahuètes, ce qui l'étonna d'en trouver ici, Jack regarda autour de lui, puis, subtilement, en saisit une poignée avant de s'envoler aussitôt. Depuis son séjour dans l'antre de Davy Jones, il ne résistait jamais lorsqu'il en voyait, il éprouvait à chaque fois l'ultime besoin d'en prendre et de les avaler. C'était plus fort que lui. Cet épisode l'avait radicalement changé.

Un an plus tôt, alors qu'ils étaient à court d'idées pour faire sortir le Pearl de cette maudite bouteille, Jack était retourné, avec monsieur Gibbs, bien entendu, sur l'île où il avait laissé Angelica une année auparavant. Il doutait qu'elle ne se trouvait plus là, néanmoins il avait couru le risque. Elle tenterait de l'égorger la seconde où elle le verrait, il en était bien conscient. Tel un lâche, il était revenu juste dans son propre intérêt.

Elle était la fille de Barbe Noire, après tout ; elle savait forcément comment le faire sortir de la bouteille, en libérant Jack le singe au passage. Celle-ci était cachée dans un lieu sûr sur leur bateau, là où nul ne la trouverait : il serait dommage qu'elle tombât et se cassât. Il tuerait celui qui oserait faire une telle bêtise : ce bateau était sa vie, Gibbs le comprenait parfaitement. Retrouver le Pearl était ce qu'ils désiraient tous les deux le plus. Enfin, presque.

Malheureusement, lorsqu'ils étaient arrivés sur l'île, ils s'étaient rendus compte qu'Angelica n'était déjà plus là. Elle avait probablement aperçu un navire qui l'avait emmenée et déposée sur une terre habitée. Elle avait continué sa vie, il ne pouvait assurément pas lui en vouloir. Néanmoins, cette tentative s'était soldée par un nouvel échec, et Jack commençait à être fatigué de tomber uniquement sur des impasses. Ne pouvait-il pas simplement avoir son vaisseau ? Si seulement Barbossa ne l'avait pas perdu...

Ce dernier n'avait été absolument d'aucune aide, il ne savait même pas qu'il avait le pouvoir de mettre des bateaux dans des bouteilles. Il avait encore besoin de temps pour maîtriser ses pouvoirs, quand bien même il se faisait plutôt vieux. Jack, lui, s'estimait heureux de n'avoir que trente-huit ans, la peau de Barbossa était clairement celle d'un vieil homme. Il pourrait peut-être essayer de récupérer le Queen Anne's Revenge à sa mort qui ne devrait plus trop tarder.

Toutefois, Jack préférait quand même retrouver son bon vieux Black Pearl. Au bout de deux ans, il lui manquait beaucoup. Peut-être qu'il croiserait Angelica bientôt. Il se trouvait en Espagne, le pays de ses origines. Lui-même parlait espagnol, même s'il n'avait pas pratiqué depuis longtemps. Il s'en était surtout servi lorsqu'il était resté deux mois en Espagne quinze ans plus tôt, en compagnie d'Angelica, à qui il avait appris sa langue natale, l'anglais.

Se trouvait-elle dans ce pays en ce moment ? Avait-elle eu envie de renouer avec ses racines ? Était-elle heureuse, avait-elle finalement accepté les années de son père qu'elle avait refusées ce jour-là ? Il n'avait fait que la sauver, et en échange elle lui avait tiré dessus. Bon, c'était vrai, elle avait eu plusieurs raisons pour le faire, il était conscient qu'elle nourrissait une haine certaine envers lui. Il ne pouvait pas lui en vouloir.

Pourquoi s'en souciait-il seulement ? Angelica faisait partie de son passé, après tout. S'il la croisait à nouveau, ce serait uniquement pour le Pearl. Elle ne l'aimait probablement plus, il avait tout fait pour. Pourquoi s'embêterait-il avec une seule femme alors qu'il pouvait en trouver tout un tas dans une taverne de pirates ? Il avait oublié ces « frémissements » depuis longtemps, bien entendu.

Alors pourquoi l'avez-vous quittée ? Tais-toi, Gibbs. De quel droit s'était-il permis de le remettre en question, et même de critiquer le fait qu'il l'eût laissée toute seule en Espagne toutes ces années plus tôt ? Il était fait pour l'océan, pas les femmes. L'océan était une maîtresse suffisamment exigeante, il ne pouvait pas se permettre d'en prendre une autre stable, seulement des éphémères.

Décortiquant la dernière cacahuète, Jack coula un regard vers l'établissement sous lequel étaient enfermés les pirates. Deux gardes surveillaient l'entrée, il lui fallait donc chercher ailleurs. Il fit le tour en tentant de ne pas prendre un air trop intéressé et de regarder les somptueuses villas des nobles. Cette ville était agréable, c'était dommage que les pirates fussent strictement interdits et arrêtés...

Le capitaine Sparrow aperçut, soudain, une porte non surveillée. Était-ce sa chance ? Cela semblait bien trop beau pour être vrai. Elle se trouvait au bout d'une ruelle qu'il emprunta d'un pas rapide, en espérant ne pas se faire remarquer. Il parviendrait à s'enfuir, de toute façon, mais autant ne pas perdre trop de temps. C'était une vieille porte en bois verrouillée, bien entendu. Cependant, l'odeur de moisi qui s'en échappait prouvait qu'elle n'avait pas été changée depuis longtemps. C'était sa chance.

Jack regarda sur sa droite, puis sur sa gauche, avant de se concentrer sur la porte à laquelle il asséna un violent coup de pied. C'était qu'elle résistait encore, malgré le bois pourri. Ne décourageant pas, il frappa encore plus fort cette fois, ce qui commença à la briser. La dernière fois serait la bonne, il en était sûr. Il vérifia une dernière fois autour de lui si le bruit n'avait pas attiré des passants, puis il donna le coup de grâce à cette malheureuse porte.

Il se trouvait probablement dans une partie encore inutilisée de la prison, songea-t-il lorsqu'il pénétra dans un couloir sombre et humide. Cela n'avait plus aucune importance, il était entré, à présent. Jack se frotta les mains, puis avança à pas feutrés ; le bruit engendré n'avait vraisemblablement pas alerté les gardes, c'était décidément son jour de chance.

L'homme brun se mit à errer dans les couloirs déserts, à la recherche des cellules où était emprisonné son cher matelot. Monsieur Gibbs était bien trop précieux pour qu'il le laissât entre les mains de ces maudits Espagnols qui avaient détruit la Fontaine de Jouvence, l'empêchant ainsi de rallonger sa vie. Il leur en voulait encore pour cela, à cause d'eux il n'avait plus aucun moyen de devenir immortel.

William Turner lui avait volé sa première opportunité : l'immortalité de Davy Jones qu'il aurait pu obtenir, si seulement il avait été plus rapide pour le tuer. Au moins, ce brave homme était encore vivant, et ce pour l'éternité, alors qu'il aurait sûrement préféré vivre une vie de mortel auprès de sa tendre Élizabeth. S'il avait transpercé le cœur de la pieuvre alors qu'il le tenait dans les mains, il serait le capitaine du Hollandais Volant et non pas en train de galérer pour récupérer le Black Pearl.

De plus, Angelica Teach lui avait soufflé sa dernière occasion de gagner des années. Elle avait bu les dernières gouttes de la Fontaine et pris les années de son père, Edward Teach. Elle n'était certes pas immortelle, néanmoins elle avait rajouté une bonne soixantaine d'années à sa vie. Elle resterait jeune et belle plus longtemps.

Qui était-il pour se plaindre ? Il était celui qui leur avait accordé l'immortalité. Will serait mort s'il ne lui avait pas fait transpercer le cœur de Davy Jones. Jack était certes un lâche, cependant il refusait d'avoir sur la conscience la mort d'un aussi bon pirate avec qui il avait vécu nombre d'aventures. Et la pauvre Élizabeth ne lui aurait jamais pardonné, pour sûr. Elle aurait transpercé son cœur au moment où celui-ci serait sorti de sa poitrine.

Quant à Angelica, elle serait morte elle aussi s'il ne lui avait pas fait boire cette eau divine. Il ne l'avait prévenue que trop tard que la lame de l'épée était empoisonnée. Il avait en tout cas bien fait d'inverser les calices : si Barbe Noire avait survécu et gagné les années de sa fille, il l'aurait tué tout de suite après pour avoir emmené l'homme à la jambe de bois, plus connu sous le nom de Barbossa, jusqu'ici. Il n'était pas faux que Jack se portait mieux sans l'existence de Teach.

Dans les deux cas, il n'était pas intervenu à temps. Il ne pouvait donc que s'en vouloir à lui-même, même s'il était bien plus facile de porter la faute sur un autre. Il ne connaissait plus aucun moyen pour obtenir l'immortalité, à son grand regret. Si la Fontaine marchait toujours, il aurait pu refaire le trajet, essayer de retrouver Syrena pour la larme, et les calices se trouvaient toujours là-bas. Ce n'était ensuite pas bien difficile de trouver des sacrifices.

Il referait volontiers le voyage si ces maudits Espagnols n'avaient pas détruit cette fontaine divine pour le bien de leur dieu. Lorsqu'il avait rencontré Angelica, cette dernière avait tenté de lui enseigner des choses sur la religion, néanmoins cela ne l'avait jamais intéressé : pourquoi croire en une divinité qui ne les empêchait pas de souffrir ? La foi de Philipp l'avait aussi surpris, il y avait vraiment cru jusqu'au bout, jusqu'à sa disparition.

Des bruits de pas le tirèrent de ses pensées, et il se colla contre un mur. Quelqu'un se dirigeait vers lui. Il ne pouvait pas utiliser son pistolet, cela attirerait l'attention et il devait encore sauver Gibbs. Il assommerait cette personne à mains nues, dans ce cas, puisqu'il n'avait pas d'autre choix. Un garde passa juste à côté de lui, et ne put faire un pas de plus : Jack lui avait asséné un coup au niveau de la nuque, ce qui l'avait assommé.

Prudent, Sparrow le fouilla afin de voir s'il ne possédait pas quelque chose qui pourrait l'intéresser, lorsqu'il tomba sur un objet qui attira fortement son attention : un trousseau de clés. Cela lui économiserait bien du temps pour libérer Gibbs, il n'était pas forgeron comme Will et ne saurait pas démonter une grille comme lui. Surtout qu'elles étaient probablement plus solides ici qu'à Port Royal.

Jack prit quand même le temps de bâillonner et ligoter le garde, afin qu'il n'alertât pas les autres pour une demande de renfort en se réveillant. Il gagnerait en conséquence de précieuses minutes. Prenant soin d'obtenir le plus large temps de manœuvre possible, il le cacha dans un coin où on n'irait pas le chercher. Quand il le voulait, il était vraiment intelligent.

Les clés des cellules en main, Jack sourit de fierté et d'orgueil : il se sentait puissant, il pourrait certainement trouver des matelots intéressants parmi tous ces prisonniers qui, d'après ce qu'il avait entendu, étaient nombreux. Son bateau était encore petit, or il aurait peut-être l'occasion d'en récupérer un plus gros, s'il négociait avec l'un des capitaines... Les pendaisons n'avaient pas encore eu lieu, aussi étaient-ils encore tous en vie. Cela ferait des bras en plus.

Marchant le long des couloirs, il fit tourner le trousseau autour de son doigt. Il possédait un moyen de pression idéal : soit il les libérait et ils lui donnaient leurs bateaux et devenaient ses matelots, soit ils se faisaient exécuter et ils ne reverraient plus jamais l'océan de leur vie. Le premier choix était tout de même le plus avantageux, il fallait le dire. À la fin de la journée, il serait assurément capitaine d'une dizaine de navires avec des centaines de pirates à ses ordres. La légende du capitaine Jack Sparrow pourrait recommencer.

Jack commença à entendre les bruits des prisonniers un peu plus loin : bientôt, il achèverait son dessein. Il était à quelques minutes de la gloire. Il serait bientôt craint et respecté. Enfin, c'était de toute manière déjà le cas. Il se dirigea à l'aide des voix, lorsqu'une porte blindée attira son attention. Y avait-il à l'intérieur une grosse brute ? S'il déployait son charisme, il pourrait sans doute négocier sa libération contre son navire, s'il en possédait un. S'il était musclé, il ferait assurément un excellent matelot.

Esquissant un sourire de malice, le capitaine s'approcha de la porte, tout en faisant attention à ce que nul ne se trouvât dans les parages. S'il voulait mener son plan à bien, il lui fallait agir en toute discrétion. La brute de l'autre côté de la porte ne le dénoncerait sûrement pas. Il serait sans doute le clou du spectacle pour les pendaisons qui auraient lieu à la fin de la semaine.

Jack aperçut une fente avec une plaque coulissante, de laquelle on pouvait voir le prisonnier. Il en frémit d'excitation : qui savait à quoi ressemblait ce matelot prodige... Il possédait assurément un immense vaisseau. Il gagnerait en même temps tous les pirates sous ses ordres. L'ère du capitaine Jack Sparrow allait débuter d'ici quelques instants.

Le moineau glissa la plaque qui l'empêchait de voir le condamné à mort puis mit ses yeux au niveau de la fente afin de mieux examiner cet homme. Néanmoins, ce qu'il vit le pétrifia. Ce n'était sûrement pas ce à quoi il s'attendait. Il s'était attendu à tout, mais pas à cela. Comment en était-il arrivé là ?

Allongée sur un mince matelas, une jeune femme dormait. Sa peau blanche prouvait qu'elle n'avait pas vu la lumière du soleil depuis bien longtemps, dans ce pays où les habitants avaient fréquemment la peau un peu mate. Elle portait une simple toile claire cousue en robe, signe qu'ils se moquaient bien de ce qu'elle pouvait porter, c'était juste pour cacher sa nudité.

Ce qui le frappa aussi fut sa maigreur : ses joues creusées ainsi que ses doigts fins comme des aiguilles montraient qu'elle ne mangeait pas beaucoup, voire très peu. Ses cheveux bruns avaient bien poussé depuis la dernière fois qu'il l'avait vue, deux ans plus tôt. Elle ne les avait sûrement pas coupés. Dormait-elle seulement ? Ou bien était-elle morte ? Son visage paraissait comme torturé. Que lui était-il arrivé ?

Jack ne parvenait pas à réagir. Pourquoi se trouvait-elle ici, à la place d'un capitaine costaud ? Depuis combien de temps était-elle enfermée ? La peur ainsi que la colère le submergèrent. Mais, plus que tout, la surprise triompha. Il n'aurait jamais pensé la croiser à nouveau dans de telles circonstances.

« Angelica... »

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