Pokémon - Le secret des cinq Orbes

Chapitre 28 : Le départ

4040 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/12/2017 17:58

"Aaaah ! Là !


-Du calme, Flunnel ! Qu' y a-t-il ?


-Ah ! Eluhn ! Mais où étais-tu passée ?


-Euh je...


-Tu nous a fait une de ces peurs, tu sais !"


Face à l'attendu vacarme des membres à mon retour, Jabeorn sortit du réfectoire qu'il tenait étrangement fermé.


"Chut ! On ne s'entend plus... Ah, Eluhn ! Où étais

-tu, tout le monde te cherchait !


-Et bien, c'est compliqué, difficile à croire, même..."


Je racontai mes pérégrinations dans le passé. Bien entendu, les membres et Jabeorn lui-même furent surpris. Les réactions fusèrent :


"Sérieusement ?


-Tu as du rêver...


-Ça veut dire que tu as un moyen de combattre le fléau de Bourg-Verdure !?"


Hmm, je m'attendais à ce genre de réaction. Même le maître a l'air de douter.


"Eluhn, je n'ai jamais entendu parler d'une telle possibilité. Le nom de Trameck ne me dit rien du tout, pas plus que celui de la princesse Siga. Néanmoins, si nous tenons une piste, je veux bien tenter quelque chose.


-Mais...


-Si je puis me permettre..."


Nous tournâmes nos têtes vers la source de la voix. Ysùl, l'archéduc, se tenait dans l'encadrement de la porte.


"Ce qui vient de se produire est rare, mais existe bel et bien. Parfois, certaines personnes peuvent appeller des Pokémon du futur pour leur venir en aide. C'est ce que l'on appelle tout bêtement l'invocation, par opposition à la nécromancie qui permet de faire appel à des gens du passé, déjà morts. De plus, le nom de Trameck me dit vaguement quelque chose. Un vestige de ruines, il me semble. Oui, je crois avoir vu quelque chose de semblable dans une de mes innombrables lectures."


Ça alors ! Ysùl ! Il est bien ici, et vient me sauver la mise ! Jabeorn sembla convaincu.


"Si Ysùl affirme que ceci est vraisemblable, je pense que nous pouvons nous y fier. Lorsque la réunion des chefs de village sera terminée - elle se tient actuellement dans le réfectoire, Eluhn - nous nous mettrons à réfléchir à une expédition. Il faudrait récupérer un talisman, tu dis ? Bien. Cependant, je dois retourner au débat. En attendant, va donc manger un peu, les combattants d'Era cultivent d'excellentes baies."


Et, suivant Ysùl, il se retira dans le réfectoire me laissant seule avec des membres bouillonnants de questions... Mais tout est bien qui finit bien. D'ailleurs, je vois au visage de Tuhgval qu'il s'est fait un sang d'encre...


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"Bien, reprenons. Je viens à l'instant d'obtenir de informations importantes. Il existerait un moyen de soigner les villages de leur dépérissement. Il s'agirait de récupérer un talisman se trouvant dans des ruines. Nous planifierons une expédition par la suite.


-Ô, quel bonheur, quelle joie serait-ce ! Mon village d'Andésia se meurt tant, tellement ! Il est si froid, si terne ! réagit Ebnar, le Melokrik, chef d'Andésia.


-Cela serait intéressant, en effet, renchérit Mirkoriel, la simiabraz, chef de Beorsyl.


-L'ancien village de Tengana a tant souffert, que je désire Irath à une bonne santé ouvert. Fit l'ékaïser Laugron, dirigeant de la communauté des rescapés de Tengana.


-Pfff... Comme si une vulgaire caillasse pouvait changer quelque chose ! lança le mamanbo Vertah d'Azurel, volontiers provocateur.


-Je rejoins l'avis de Verath, dit posément Hildas, coxyclaque, chef du village de Lun'el. Pourquoi n'en a t-on pas eu vent plus tôt ?


-C'est une histoire compliquée, mais véridique, répondit Ysùl. Un élément du passé a pu être changé en toute sécurité.


-Ô misère, calomnie ! Comment ose-t'on toucher au passé, ce passé qui nourrit les réflexions de mon âme ? Je suis attristé, blessé, lésé !


-Ebnar. Ça suffit. Voyons le côté stratégique des choses. Si les villages reprennent leur santé d'avant, il sera plus facile de ravitailler nos troupes. Les villages seront des places importantes. D'ailleurs, je maintiens mon idée de fortifier tous les villages. Je sais que la Cité des Mages l'est depuis longtemps. Laugron a aussi commencé à le faire, et que Gil'raen approuverait s'il était là."


Celle qui venait de parler n'était autre que Kiera, la chevroum qui dirigeait la Place Pokémon. Gil'raen, lui, était effectivement absent. Il n'était pas encore revenu de son expédition avec Kulibil.


"Je suis de l'avis de Jabeorn et Kiera. Sans cet artéfact, je ne vois pas comment villages prospères il y aura, affirma le poétique combattant Laugron.


-Oui. Maintenant, revenons à la guerre, s'il-vous-plaît.


-Ouais, mais il faudrait pour ça fortifier les villes, t'as raison, admit Verath, enfermé dans une grande bulle afin de pouvoir respirer. Surtout Lun'el. Sérieusement Hildas, vos lumières nocturnes et votre somptueux temple à Lunala sont bien jolis, mais seront aussi utiles en cas de conflit que les ailes d'une vostourno. Tu ne sais pas t'y prendre, c'est flagrant comme le derrière d'une Ecrémeuh.


-Verath, s'il-te-plaît ! Siffla Mirkorel.


-Hildas pourrait bien vous surprendre. Je le connais depuis longtemps, et c'est un bon allié, renchérit Jabeorn.


-Donc fortifier les villages serait une bonne idée... marmonna Abeorth, le corboss de Bourg-Verdure, qui sembla tout à coup sortir d'un état de quasi-assoupissement.


-Exact.


-Andésia est déjà si grise, pauvre que je suis ! Pourquoi l'enclaver encore dans du roc ?


-Je ne sais pas, peut-être pour la protéger en cas d'assaut ? répondit Ysùl à cette question.


-Non mais, Ebnar, pourquoi t'es chef de village, en fait ? Car à part t'apitoyer sur ton sort, tu sais rien faire, on dirait !


-Verath !


-Bien, calmons-nous. Qui vote une fortification des villages ?"


Cette idée obtint une grande majorité.


"Bien, vous savez ce qu'il vous reste à faire désormais. Voyons maintenant l'organisation des troupes, à noter que nous avons déjà des commandants de notre côté. D'ailleurs, Abeorth, nous pourrions vous compter parmi eux..."


Les discussions reprirent jusqu'à la tombée du soir.


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Ah, ils sont enfin sortis... Ce qui veut dire que ce soir, nous mangeons au réfectoire ! Dommage, la cuisine des rebelles d'Era dégustée autour d'un feu, comme ce midi, était bien bonne. Tout de même, je me demande de quoi les chefs de village ont bien pu parler toute la journée... Bon, il nous faut rentrer dans la guilde, maintenant. Il commence à faire froid, dehors... Alors que nous étions en train de passer la porte, nous croisâmes Ysùl. Selon ses dires, il partait se dégourdir un peu les pattes après ce long débat. Cependant, il revint quelques minutes plus tard.


"Eluhn, Tuhgval, quelqu'un veut vous voir."


Tiens ? De la visite ? Et nous voilà repartis dans le froid... Valtheod nous attendait près de l'entrée du camp.


"Tuhgval, Eluhn, bonsoir. Pardonnez-moi de venir si tard, mais je me suis récemment rendu à la bibliothèque et j'y ai trouvé quelque chose d'intéressant.


-Super ! Ça concerne les Orbes ?


-Pas exactement, Eluhn.


-Tant pis ! Par contre, vient au chaud dans la guilde !"


Le scalproie eut l'air un peu réticent mais je le poussai du bout du nez, sans lui laisser le choix. Nous nous retrouvâmes donc dans la guilde. Jabeorn y était occupé à discuter avec un coxyclaque, tandis qu'une chevroum écoutait Gorg parler stratégie avec beaucoup d'attention. Ysùl était là aussi, et se tourna vers nous.


"Alors, mon ami ? Les recherches furent-elles fructueuses ?


-J'ai trouvé des informations qui pourraient être utiles, et cela tombe bien que vous soyez présent, monsieur Ysùl. Cela concerne l'Ordre d'Améthyste. Le connaissez-vous ?"


Je crus voir une étrange lueur passer dans les yeux de l'archéduc. Mais bon, comme d'habitude, j'ai du halluciner...


"L'Ordre d'Améthyste... Oui. Je connais. J'ai déjà lu le livre qui en traite. D'ailleurs, il y avait un archéduc parmi eux, un brave Pokémon nommé Urrok. Mais en quoi est-ce lié à notre problème ? Il s'est éteint il y a... longtemps."


Ah... Mais c'est quoi, cet "Ordre d'Améthyste" dont ils parlent ?


"Et bien, comme vous le savez, ils servaient un roi. Un bon monarque pouvait empêcher un tel chaos d'avoir lieu. Les chefs indépendants sont bien pour les villages, mais cet isolement n'est pas bon en cas d'attaque extérieure. Je pense qu'il pourrait être judicieux d'unir la région sous un seul chef. Les chefs de village exerceraient toujours et formeraient un conseil. Une garde composée de combattants de confiance serait aux ordres du roi et de son conseil en plus d'une armée, à la manière de l'Ordre d'Améthyste.


- Les temps...étaient si prospères lorsqu'un roi juste régnait... Commença Ysùl en se mettant à marcher doucement. Peut-être...que cela marcherait. Il faudrait en débattre avec les autres. Oui ! Par mes plumes, je pense que c'est une bonne idée. Cependant, je ne sais pas si tous les chefs de village seraient prêts à l'accepter. Ils aiment leur indépendance. Mais je plaiderai pour."


A ce moment, Jabeorn sortit de son bureau et pénétra dans la pièce principale.


"Tiens ? Bonsoir, Valtheod. Eluhn, nous avons discuté de ce que tu nous a dit au sujet du talisman. Nous avons eu des difficultés à nous concentrer dessus, nous n'avons pu en parler sérieusement qu'en fin de journée, quand d'autres problèmes plus importants avaient déjà été évoqués. Et finalement, nous pensons que le mieux à faire est d'aller voir par nous même. Vous vous y rendrez donc, et comme convenu Ysùl vous accompagnera."


L'archéduc inclina brièvement la tête. Une nouvelle expédition, alors ?


"Valtheod, vous pouvez venir aussi. Je pense que Gil'raen comprendra l'importance de ce talisman. Vous partirez demain."


Super ! J'ai hâte d'y être !


"Nous pourrions nous arrêter à la bibliothèque afin de trouver une vielle carte pour localiser Trameck, reprit Ysùl.


-Bonne idée. En attendant, mangez et allez vous reposer. Ysùl, ça se passe dans la grande hutte du camp pour les chefs de village. Nous allons possiblement évoquer l'idée d'un roi."


L'archéduc s'y rendit donc. Pour notre part, nous, membres, pénétrâmes dans le réfectoire où le reste de la guilde s'installait progressivement. Sous invitation de Jabeorn, Valtheod nous y suivit. Gorg nous aborda :


"Alors, il parait que vous partez en expédition, nom d'un Piège de Roc ?"


Je confirmai ses dires sous l'oreille attentive des membres attablés et les explications du mastouffe. Les réactions furent positives, bien qu'Edkahn aurait préféré se consacrer directement à un plan d'élimination de nos ennemis. La grande majorité avait l'air soulagé de savoir qu'il existait un moyen de rendre aux villages, et plus particulièrement Bourg Verdure, leur éclat.


Après ce repas, nous allâmes nous coucher directement, car la marche allait être longue. Il me semblait que même Tuhgval avait hâte de partir ! Le gardien du portail fut logé dans une hutte vide, à l'instar des chefs de village. J'aurais bien aimé être à sa place, sur le coup...

Le lendemain, nous partîmes juste après le petit déjeuner, alors que les chefs de village s'installaient dans le réfectoire. Gil'raen et Kulibil n'étaient toujours pas revenus. Espérons qu'il ne leur soit rien arrivé... Ysùl leur parla un moment, puis rejoignit notre groupe prêt à partir. Nous pûmes enfin quitter la guilde, puis le camp construit autour. L'archéduc se saisit d'une carte que Jabeorn lui avait donnée.


"Il est bien gentil, mais nous avons besoin d'un plan plus ancien encore ! Je n'ai pas besoin de carte pour aller à la Cité des Mages, moi ! Enfin... Allons-y, et rendons-nous à la bibliothèque."


Le chemin fut le même que la dernière fois et enfin, j'appris ce qu'était ce fameux Ordre d'Améthyste ! D'après la description qui m'en a été faite, il m'inspire confiance. Avant d'arriver à la Cité des Mages, nous fîmes une petite pause afin de reposer nos pattes. Alors que nous nous posions, profitant de la présence d'un petit ruisseau pour casser la glace et boire, Ysùl s'éloigna légèrement. Il eut l'air songeur quelques instants, avant de retourner vers nous.


"Monsieur Ysùl ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?" demanda Valtheod en remarquant son air mélancolique.


L'archéduc se rapprocha et nous regarda fixement, l'un après l'autre.


"Il va être temps que je vous le dise... Je suis Urrok de l'Ordre d'Améthyste."


Quoiii ? Mais... mais... Comment est-ce possible ? Il a lui-même dit que l'Ordre s'était éteint il y a longtemps ! Je n'y comprends plus rien, moi.


"Je sais, cela paraît plumement invraisemblable. Laissez-moi vous conter mon histoire. Donc, je suis bel et bien Urrok, ancien Chevalier de l'Ordre. Comme vous le savez, ce dernier a été corrompu à l'arrivée du tyran. Cependant, tous les Chevaliers ne suivirent pas cet odieux personnage. Certains, dont je fais partie, décidèrent de quitter l'Ordre plutôt que de commettre des actes regrettables à son service... C'est a ce moment-là qu'il a acquis une mauvaise réputation. Hélas, les "renégats" furent poursuivis par le nouvel Ordre et tous, à l'exception d'un, furent assassinés. Celui qui se déroba à ce macabre destin, vous vous en doutez, ce fut moi. Tout le monde me croyait mort. Je me suis alors choisi un autre nom, un nom que je ne prononcerai plus jamais. Mais je n'avais plus rien. J'étais totalement démuni, privé de mes possessions. C'est ainsi que j'attaquai le chapitre le plus regrettable de ma vie : je fus entraîné dans une guilde de voleurs, afin de subvenir à mes besoins. Et, bien que cela m'écorche le bec de le dire, j'étais habile et furtif à la tâche. A tel point que je fus réquisitionné pour leur mission la plus importante -et la plus dangereuse : voler un élixir d'immortalité extrêmement rare et compliqué à préparer dans l'Atelier d'Alchimie de la Cité des Mages. C'était un endroit très bien protégé, mais j'ai mené ma mission avec succès. Je devais alors rapporter la potion à mon supérieur. Il voulait l'utiliser pour parvenir à ses sombres desseins. C'est alors que j'ai pris conscience de ce que je faisais. Je ne voulais plus mal me comporter, et je sentais que mon devoir était d'empêcher l'élixir de tomber aux pattes de mon chef. Je me suis donc enfui. Mais je disposais toujours du précieux bien. J'ai d'abord songé à le détruire, mais je n'ai pu me résoudre à ruiner sur le sol tant de recherches et de travail. Mais je n'ai jamais pu trouver le courage d'aller le remettre en place. M'introduire discrètement une seconde fois aurait été bien trop risqué, et je ne voulais pas affronter le courroux des alchimistes si je leur avouais ma faute. De plus, mon chef allait bientôt se lancer à ma recherche si je ne revenais pas. Dans un ultime désespoir, je n'ai trouvé d'autre solution que de boire l'élixir. Ceci explique donc ma pérennité. Cependant, l'histoire n'est pas finie. Conscient de ma trahison envers la guilde de voleurs, j'ai du rester caché. C'est ainsi que j'ai changé de nom. D'Urrok, puis de l'autre nom, je suis passé à Ysùl. Ce nouveau nom me protégeait, mais il me permettait aussi de prendre un nouveau départ et d'oublier mon passé. J'étais donc immortel, et traqué par mes anciens collègues qui disposaient d'un impressionnant panel d'instruments de torture... Je ne devais donc pas tomber entre leurs pattes. Ces années de dissimulation ont été les plus dures. Plusieurs fois, je crus bien que c'était ma fin. Mais finalement, quand le temps emporta mes poursuivants, je pus reprendre une vie normale, bien que difficile sous le règne écrasant du tyran. Quand celui-ci mourut, l'Ordre fut dissout, les chefs de village furent instaurés et je décrochai un travail de gardien de la bibliothèque, à la Cité des Mages. Bientôt, je fus seul à exercer ce métier. Les jeunes préfèrent les travaux plus dynamiques... Quand le chef du village rejoignit le Monde des Défunts, le conseil me désigna à sa tête. J'ai également intégré le Conseil des Mages. J'ai depuis toujours réussi à esquiver les questions concernant la longueur de ma vie... Jusqu'à me retrouver ici, à vous conter mon histoire."


Quelle histoire ! Un élixir d'immortalité... J'aimerais bien savoir comment c'est fabriqué ! Mais au fait...


"Alors... Doit-on t'appeler Ysùl ou Urrok ?


-Continuez de m'appeler Ysùl. Ce n'est pas pour rien que j'ai changé de nom, hein !"


Nous repartîmes enfin pour la Cité des Mages, trois Pokémon songeurs suivant Ysùl, qui avait d'ores et déjà décrété d'un lieu pour dormir. Nous pûmes acheter de quoi subvenir dans les échoppes de la ville tandis que l'archéduc partait chercher sa fameuse carte, avant de partir vers l'Est, sur une route que je n'avais jamais empruntée.


Ce fut finalement en pleine nuit que nous arrivâmes à l'endroit désigné par Ysùl ! Je ne pus voir exactement à quoi il ressemblait à cause de l'obscurité. Tant pis ! Je verrai bien demain ! Après un bref repas, nous nous endormîmes après avoir discuté un peu. Mais j'étais ailleurs. Je ne pouvais m'empêcher de penser à l'histoire qu'avait racontée l'archéduc... Et à l'existence d'élixirs aussi précieux que celui d'immortalité ! Dire que pour moi, avant, "Élixir" ne se rapportait qu'à une restauration de l'essence de nos capacités... Et j'ai du mal à me représenter l'immortalité. Comme tout le monde, je finis cependant par m'endormir.


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Tuhgval fut réveillé par une sensation étrange. Il se redressa, à l'affut. Aucun bruit ne résonnait aux alentours, pas même la respiration de ses camarades qui semblaient figés. Le silence présageait du calme le plus sécurisant, mais il s'inquiétait. Tout était trop calme. Le temps semblait comme arrêté, et il eut une étrange sensation de vertige. Afin de la dissiper, il leva les yeux au ciel. Celui-ci était constellé d'astres, brillant comme autant de diamants, pareils à ceux du royaume dont il entendait la légende petit. Mais quelques chose l'intrigua. Une des étoiles semblait briller beaucoup plus fort que les autres. Il lui sembla même que le paysage céleste était légèrement distordu autour du point lumineux. Mais sans doute était-ce lié à son vertige. Afin de ne pas être ébloui, il détourna le regard et se rallongea. Les pensées du golgopathe le portèrent immédiatement vers l'analyse de ce qu'il venait de voir. Il savait qu'il s'inquiétait pour rien. Mais ce silence, ces vertiges... Peut-être était-il tout simplement en train de tomber malade ? Il eut beau réfléchir, aucune pensée rassurante ne traversa son esprit. Le sommeil finit par gagner à nouveau son esprit lourd de questions sans réponse.


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Lorsque je me réveillai, je sentis tout de suite une brise froide agiter ma crinière. Il semblait avoir neigé, cette nuit, car nos empruntes n'étaient plus visibles sur le sol. Heureusement que nous étions protégés sous nos arbres, nous aurions été ensevelis... Alors que les autres dormaient toujours, je balayai le paysage du regard. Il s'agissait d'une étendue d'herbe recouverte de neige, parsemée de bosquets d'arbres comme celui qui nous abritait. Au loin, je remarquai une sorte de pilier, de tour. Bien entendu, la construction attisa immédiatement ma curiosité. Je décidai d'aller la voir en attendant les autres. Je fus donc aujourd'hui la première à marquer le sol de mes empreintes, traces éphémères de mon passage en ces lieux.

Et bien, cette tour est beaucoup plus grande vue de près ! Elle doit bien faire plus de deux fois ma taille ! Elle était faite de briques grises à l'apparence inébranlable, possédait quatre faces et son sommet plat était recouvert d'une couche de neige assez épaisse. Mais je ne crois pas qu'il s'agisse d'une tour. En la contournant, je constatai qu'il n'existait aucun moyen d'y pénétrer. Dommage... Je pense donc plutôt qu'il s'agit d'un monument dédié à quelque célébration... Sûrement par un peuple ancestral ! Mais quoi, qui, pourquoi ?


"Alors, Eluhn ? Cette construction t'intrigue ?"


Je sursautai. Ysùl était arrivé silencieusement derrière moi. Je notai tout de suite son air légèrement soucieux.


"Oui, je n'en ai jamais vu de pareille. A quoi sert-elle ?


-Et bien... La vérité est qu'elle m'intrigue tout autant que toi, Eluhn. Car hier même, cette tour ne se trouvait pas ici.


-Quoi ?


-Tu m'as bien entendu, Eluhn.


-Il faisait nuit, hier, objectai-je. Il était tout à fait normal de ne pas la voir.


-Tu remets en cause ma vison nocturne ? Tu oublies que je suis un rapace spectral, un chasseur de la nuit. Je n'ai aucune difficulté à me repérer dans le noir, de plus je connais bien l'endroit, et tout ce que je peux dire est qu'il n'y a jamais eu de tour de ce genre dans les environs."


Ce n'est donc pas une construction antique comme je me l'étais imaginée ? Dommage. Mais le mystère s'épaissit. Ce genre de construction n'apparaît pas au beau milieu de la nuit ! Cela m'intrigue...et me passionne.


"Bien, rentrons au campement. Et n'en parle à personne ! Je veux résoudre le mystère par moi même, finalement. Tu n'as rien entendu !"


Sur cette recommandation qui enflamma davantage mon envie d'en savoir plus, nous retournâmes au campement.

Comme d'habitude, le petit déjeuner se constitua de baies. Il fut rapide car il nous fallait vite repartir ! Nous reprîmes très bientôt notre route, mais LA question ne tarda pas à être posée.


"Ysùl ? demande Tuhgval. Que représente ce pillier de pierre, là bas ?


-Ah, ca... Il me semble qu'il était utilisé pour les rites religieux d'un peuple aujourd'hui éteint, mentit l'archéduc. Malheureusement, je n'en sais pas plus."


Nous continuâmes notre chemin sur cette route plutôt sympathique. Cependant, Tuhgval me semblait complètement ailleurs.


"Tuhgval ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?"


Le golgopathe me fit alors part d'une étrange sensation de vertige, d'un temps semblant s'arrêter et d'une étoile plus brillante que les autres.


"Hmm... J'espère que tu n'es pas tombé malade. Tu ne ressens plus rien, là ?"


Il répondit par la négative.


"Tant mieux, je pense que c'était juste passager. Peut-être cette sensation de calme venait de là... Et l'étoile, je pense que... Je n'ai pas d'idée, en fait, mais cela m'intéresse. J'essaierai de la voir, la nuit prochaine..."


La conversation continua jusqu'à l'heure de faire une pause. L'endroit fut choisi par Ysùl, qui cria soudainement "pause !" en plein milieu d'un sentier... Moi qui croyais qu'il voulait faire la pause plus tard... Je compris cependant en voyant, au détour du chemin, un autre pilier à quatre faces, semblable en tout point à celui de ce matin ! Ysùl voulait l'étudier ! Il me lança d'ailleurs un regard lourd de sens. Essayons de s'y intéresser discrètement...

Valtheod s'approcha de cette étrangeté, entreprenant d'en faire le tour. Après l'avoir scrutée, Ysùl s'en détourna, l'esprit manifestement en ébullition. Quant à moi, je feignais d'être concentrée sur le repos de mes pattes.

Après avoir fait le tour de la tour (aha), Valtheod revint vers nous.

"Je me demande ce que c'est. J'aimerais bien connaître son histoire."


S'il savait...


Je continuai d'observer le monument derrière son épaule. Il me sembla apercevoir une légère lumière bleutée émaner des quatre coins, plus travaillés que les faces. Hé ! Qui s'amuse à me droguer aux Hallucigraines, ces derniers temps ? Cependant, une autre vision m'indiqua que le doute n'était plus permis.


"Valtheod ! Attention ! La tour, derrière toi... Elle a bougé !"

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