Alola ! Les vacances de la Méga-Évolution !

Chapitre 47 : Epilogue

Chapitre final

1716 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/09/2020 14:58

- Tu pourrais monter un peu plus haut, s'il te plaît ?

Alain s'exécuta et plaça la sonde sur l'abdomen de Vémini. Au contact de l'appareil, la petite créature violette gloussa et gigota. 

Le professeur la retint avec un sourire indulgent :

- Oh là, doucement.

Leur nouveau pensionnaire était donc chatouilleux. Alain garda cette information au coin de sa tête pour la noter plus tard. Après tout, leur cohabitation avec l'Ultra-Chimère n'était que très récente (une semaine et demi à peine exactement) et chaque journée révélait son lot de surprises. 

Pour être honnête, lorsqu'il avait appris pour Vémini, Alain avait d'abord été gagné par la colère et l'incompréhension. En plus d'être totalement irresponsable, la décision de Beladonis lui avait paru d'un mauvais goût extrême.

Pourtant, à force d'explications et de conseils prodigués avec patience par l'équipe de la Fondation Æther, et par-dessus tout de persuasion de la part de Manon qui semblait prendre l'adoption de l'UC très à cœur, il avait fini par se laisser convaincre (enfin, il faut dire que l'aspect général peu menaçant de Vémini y était également pour beaucoup dans son revirement). Et il était bien obligé d'admettre que la petite Ultra-Chimère ne lui avait donné aucune raison de s'inquiéter jusqu'à présent ; le comportement de Vémini n'était pas bien différent de celui de n'importe quel Pokémon et la cohabitation avec ce dernier se déroulait presque sans accros, enfin, à quelques exceptions près...

Après avoir jeté un rapide coup d'œil à l'échographie, le jeune homme décala légèrement la sonde sur le poitrail de la créature, afin d'avoir une meilleure vue sur certains organes étrangement agencés.

- Tu vois quelque chose ? l'interrogea le professeur, perplexe.

Les zones montrées à l'écran étaient toutes uniformément sombres ; il était impossible d'y déceler la forme du moindre objet.

- Non, rétorqua Alain. Vous pensez que le métal aurait pu être corrodé entièrement lors de la digestion ?

Platane haussa les épaules.

- Ça reste une hypothèse, même si je dois avouer n'avoir encore aucune idée du PH de ses sucs gastriques...

Entre les mains du professeur, Vémini piaffa d'impatience et tenta d'agripper la sonde par jeu. Aussitôt, Alain la lui retira. En définitive, l'UC n'était rien de plus qu'un bébé dont le côté alien exacerbait l'imprévisibilité. Et pour cause, aucun d'entre eux n'aurait pu prévoir sa dernière bêtise :

L'incident s'était produit en une fraction de seconde : Manon, alors en pleine confection de pâtisseries, avait eu la mauvaise idée de présenter à ses Pokémon le batteur électrique encore couvert de pâte sucrée. Mais au lieu de récupérer un peu de substance, Vémini avait engouffré la pâle entière ! 

Affolée, la jeune fille avait déboulé dans le jardin en trombes, couverte de farine de la tête aux pieds et une UC déboussolée dans les bras. Alain et Platane avaient immédiatement emmené Vémini dans la salle d'examens, où ils avaient procédé à quelques mesures et une échographie, tandis que Manon était partie stabiliser la situation en cuisine en quatrième vitesse.

- Enfin...

Le dresseur observa son mentor débrancher l'échographe et se diriger vers son ordinateur pour consulter les données biologiques de l'UC, transmises par la Fondation Æther.

- Toutes les constantes sont identiques, avait déclaré le professeur, soulagé. Je crois qu'on est du bon côté.

Ce fut au tour d'Alain de souffler.

- Tant mieux, fit-il en caressant la tête démesurée de l'UC, qui ronronna en retour.

Il faut dire que l'aide apportée par Vicky et les autres les avait sauvés plus d'une fois et que sans eux, la prise en charge de Vémini se serait avérée bien plus compliquée. Alain espérait avoir l'occasion de les remercier d'ici peu, bien que leur emploi du temps chargé et le décalage horaire limitaient fortement les possibilités d'appel.

Soudain, la porte s'ouvrit à la volée et Manon se précipita à l'intérieur du laboratoire, Marisson et Flabébé sur les talons.

- Professeur ! Est-ce que Mini va bien ?! demanda-t-elle, le souffle court. 

Avec ses cheveux en pagaille, légèrement blanchis par la farine et son tablier trop grand et mal ajusté, la rouquine avait des airs d'épouvantail. 

- Eh bien... commença Platane en se penchant sur la table d'examen pour prendre l'Ultra-Chimère dans ses bras. 

Mais aussitôt sa dresseuse repérée, Vémini échappa à l'étreinte du professeur pour foncer à la rencontre de la jeune fille. Dans un cri ravi, la petite UC s'écrasa contre le buste de Manon, manquant de la faire basculer, et flotta en arrière pour lui offrir un sourire luisant. Son équilibre rétabli, la jeune dresseuse éclata de rire et accueillit l'Ultra-Chimère dans ses bras.

Alain sourit.

- Juges-en par toi-même.

Manon lui offrit un regard reconnaissant.

- Merci. Et euh... désolée pour tout ça. Je vous promets de faire plus attention ! Oh ?

 Le carillon de la sonnette vint interrompre leur conversation et par réflexe, Alain jeta un œil à l'horloge suspendue au mur : 

« Déjà midi ? »

Avec les événements de la matinée, la perte de sa notion du temps n'avait rien d'étonnant...

- À table, conclut le professeur Platane.

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 Lorsqu'on lui avait annoncé qu'il devrait vivre avec un bras immobilisé durant un mois, Alain avait considéré l'interdiction de combattre qui en découlait comme LA conséquence la plus pénible de sa condition. Et force était de constater que là encore, ses prévisions avaient été trop optimistes... Le combat qu'il menait actuellement consistait surtout à préserver la moindre part de son autonomie face aux tâches les plus banales du quotidien :

Après s'être trouvé aux prises avec une armée de petits pois pendant tout le début du repas, pour un bien maigre résultat, le jeune homme avait fini par déposer les armes (et sa fourchette). Depuis, il était resté sinistré en bout de table, à écouter Sophie, Manon, Cosette et le professeur converser joyeusement et quelque chose lui disait qu'il préférait encore mourir de faim que de les interrompre pour demander à ce que l'on lui coupe sa viande en petits cubes...

Délaissant son assiette jusqu'à nouvel ordre, Alain prit appui sur la grande table en chêne de la salle à manger et laissa son regard errer sur la cour extérieure, visible depuis la fenêtre principale. À peine avait-il eu le temps de quitter le climat estival d'Alola que les feuilles ambrées des tilleuls bordant l'allée annonçaient déjà l'arrivée prochaine de l'automne. En quelque sortes, cette transition ne lui déplaisait pas ; le changement des saisons offrait une coupure bienvenue avec les derniers événements, mais il était aussi synonyme de temps qui passe.

Si le plan de reconstruction élaboré par la fondation Æther fonctionnait comme prévu, Gladio serait peut-être à même d'avancer sa visite prochaine à Kalos. Enfin... il se prononçait peut-être un peu trop vite ; en ces temps de crise, le jeune homme avait bien plus d'un problème à gérer. Lorsqu'il l'avait contacté pour la dernière fois, Gladio se trouvait à l'aube d'une bataille juridique et avait été chargé de conduire les recherches quant à l'affaire Beladonis (sans que la situation n'ait vraiment évolué de ce côté-là, à sa connaissance).

Il espérait du moins que son rival considérerait sérieusement sa proposition lorsque l'agitation se tasserait. D'ici là, son bras serait probablement rétabli et...

- Aah.

Ramené à la réalité par une désagréable sensation d'étouffement, Alain manqua de s'étrangler. Il rejeta la tête en arrière pour se retrouver nez-à-nez avec une Manon perdue, le geste suspendu et une fourchette à la main. 

Tout en toussant, le jeune homme parvint à aligner quelques paroles étranglées :

- Argh... qu'est-ce qui t'as pris ? demanda-t-il, les yeux ronds. 

Penaude, les oreilles cramoisies, Manon parut se tasser sur sa chaise et bafouilla des excuses, sous le rire goguenard de Cosette.

- Roh, ça va monsieur tête ailleurs. La prochaine fois, demande de l'aide au lieu de bailler aux Cornèbre ! 

Sa quinte de toux passée, Alain lança un regard de détresse au professeur, qui lui sourit en réponse.

- Cosette n'a pas tout tort, lui rétorqua-t-il, sous l'œil amusé de Sophie.

- Ok... abandonna-t-il en cédant son assiette à contrecœur. 

Lorsque Manon eut terminé de trancher le contenu de son plat, elle le lui rendit, les yeux fixés sur les napperons. La réaction de la jeune fille éveilla un certain malaise en lui ; il s'était emporté sous le coup de la surprise et n'avait certainement pas tenu à la faire culpabiliser. 

- Merci, fit-il chaleureusement en cherchant à capter son regard. 

Manon releva la tête et lui sourit timidement. 

- Et je peux...me charger du reste, ajouta Alain, gagné par l'embarras malgré lui.

Tout malaise dissipé, la rouquine éclata de rire.

- J'avais cru comprendre.

Toutefois, la sonnerie de l'alarme incendie coupa court à cet instant de complicité. Manon sauta sur ses pieds, alors que la salle se remplissait d'un épais brouillard de fumée.

- Qu'est-ce que c'est que ça ! s'alarma le professeur Platane, prêt à courir s'emparer de l'extincteur.

- Ça vient de la cuisine ! remarqua Sophie.

Alain vit sa compagne de voyage perdre des couleurs et avant qu'il ait pu la retenir, la jeune fille se précipitait déjà vers l'origine de la fumée. 

- Oh non ! non ! non ! Les malasadas aux trois parfums ! l'entendit-il crier au loin. Aaah !

Un épouvantable fracas d'objets dégringolant retentit et Alain grimaça.

- Rah, c'est toujours pareil... ! pesta-t-il avant de se lancer à sa suite.

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