Etincelles du Passé

Chapitre 1 : Etincelles du Passé

Chapitre final

4081 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/10/2022 20:50

Etincelles du Passé


Cette fanfiction participe aux Défis d’écriture du forum Fanfictions .fr : Retour en Enfance - (mai juin 2022)


C’était un beau jour d’été à Galar. Pas un seul nuage à l’horizon, tandis qu’un vent rafraîchissant venait balayer l’herbe des prés de Brasswick, ce même vent qui faisait joyeusement virevolter un groupe de Blancoton dans le ciel azur. Après des jours intenses de pluie et de tempête, les habitants du sud de la région purent redécouvrir sa magnifique végétation verte. Malgré cela, tout le monde n’avait pas le temps de s’attarder sur ce paysage pourtant sublime. En effet, le train venait d’arriver et aussitôt un jeune homme sauta sur le quai. Il se mit à courir sans tarder en direction de la maison de la Professeure Sonya, casquette vissée sur la tête. En pleine course, il s’arrêta brièvement pour regarder l’étang sur le côté de la route, voyant occasionnellement un Magicarpe bondir hors de l’eau. Après tant d’années, cet endroit paraissait toujours aussi magique pour le jeune homme. Il avait passé tant de temps dans ces environs. Les pieds dans les hautes herbes, le dresseur aperçut un Minisange prendre son envol du sol et se poser délicatement sur son épaule. Ce dernier ouvrit son bec malicieusement et fit résonner son cri dans la campagne paisible. Le jeune homme mit la main sur une Baie Oran dans son sac et laissa le petit volatile s’en emparer avant de prendre à nouveau son envol. Il inspira un grand coup puis se releva et reprit son chemin jusqu’à la maison de l’ancienne Professeure.

Il arriva bien vite devant la maison et ses somptueuses briques noires puis se posta devant la porte, silencieusement en inspirant un grand coup à nouveau, non pas pour profiter de cet enivrant parfum d’été, doux et fleuri, mais pour tenter de réprimer son anxiété. La politesse étant de mise, il retira sa casquette avant de la ranger dans son sac et ajusta sa cravate. Pendant l’entièreté de son voyage en train, une question hanta son esprit : allait-il rentrer chez lui à Paddoxton se changer en revenant du travail… Mais l’impatience avait finalement primé sur l’anxiété. Il s’étira et décida de frapper à la porte tout en ne pouvant s’empêcher de lancer un pari sur celui ou celle qui allait lui ouvrir la porte. Son frère ? Madame Magnolia ? Sonya ? Lui qui n’avait jamais été religieux se mit presque à prier que la troisième possibilité ne soit pas la bonne. Il tendit l’oreille afin d’entendre des pas s’approcher de lui. Puis soudain, la porte s’ouvrit et le jeune homme put constater que son vœu avait été exaucé. La personne qui se dressait devant lui n’était autre que Madame Magnolia, la grand-mère de la Professeure. Celle-ci lui adressa un sourire chaleureux.

« Eh bien… Si je m’attendais à cela ! Bonjour Tarak, que nous vaut ta visite ? Comment te sens-tu ? Tu m’as l’air un peu angoissé. Désires-tu une tasse de thé ? Des biscuits peut-être ? »

Tarak écarquilla les yeux. Magnolia, d’ordinaire douce, mais néanmoins sérieuse, portait maintenant une chemise blanche arborant des motifs de Voltoutou. Le jeune homme afficha son plus beau sourire sur son visage et acquiesça.

« Bonjour Madame Magnolia ! Oui, je vais très bien, ne vous inquiétez pas. C’est juste qu’il fait une de ces chaleurs… Enfin bon, si vous le proposez si gentiment… Je vais vous prendre un thé, alors !

– Chaud ? Je ne trouve pas qu’il fasse si chaud que ça. J’espère que tu ne couves rien.

– Oh… Non, non, rien de tout ça ! Mais vous savez : le train bondé, ces vêtements… Et puis, j’ai couru ! »

Son rire, se voulant franc et rassurant, cachait en fait la plus étouffante des anxiétés. Madame Magnolia était une femme de science, cela se révélait être complexe de la tromper. Toutefois, la vieille femme, qui avait probablement déjà percé les véritables sentiments du jeune homme, ne put lui offrir que de la convivialité et du bon thé sans risquer de nourrir plus avant ses angoisses.

« Très bien, très bien ! Va au salon, Sonya est en train de prendre une pause avec ton frère. Je vais vous faire un bon thé à tous les trois, tiens. Et retire au moins ton manteau, alors.

– Merci beaucoup, vous avez raison ! »

Le dresseur fit un signe à la vieille dame et se dirigea aux côtés de têtes encore plus familières après avoir accroché son manteau à un crochet dans l’entrée. Quand il arriva au coin, dans le champ de vision de Sonya et de son assistant, il ne put réprimer son sourire. La Professeure se leva en premier et reposa ses lunettes sur ses cheveux roux. Le jeune adolescent, qui revêtait maintenant lui aussi une blouse, la suivit bien vite.

« Tarak ! Qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que tu étais super occupé avec la Tour de Combat...

– Oh, tu sais, Sonya… Euhm…

– Frérot ! Je suis content de te revoir ! T’as vu la super chemise qu’on a offert à M’dame Magnolia ?! Elle est top, hein ? »

Le dresseur tapa l’épaule de son frère et regarda Sonya. C’était évident, la chemise était forcément une idée de ces deux-là. Il fit un signe de la tête aux deux compères et prit place.

« C’est vrai qu’elle est super ! Pour répondre à ta question, Sonya… Disons que… »

L’ancien champion porta son regard sur son frère puis se gratta la tête. Il fallait absolument qu’il ait un moment seul avec la Professeure, mais il ne voulait pas que son frère se sente rejeté. Toutefois, ce dernier ne manquait pas de perspicacité. Le petit frère fixa les yeux d’or de Tarak et se leva. Il sortit son téléphone de sa poche et s’éloigna des deux adultes.

« Je vais appeler notre nouvelle Maître de la Ligue, pour qu’elle vienne te voir autrement qu’en grimpant la Tour de Combat encore et encore ! Je reviens !

– Très bien, Nabil ! Dis-lui que je lui paierai le Taxi Volant. »

La Professeure se contenta d’un geste de la main et se reconcentra sur Tarak. Elle laissa un joli sourire illuminer son visage et croisa les bras.

« Alors, Tarak ? Tu risques pas de te faire taper sur les doigts pour avoir quitté ton poste ?

– Eh bien non ! J’ai demandé à Roy de me remplacer quelques jours, je comptais prendre des vacances. Après tout, qui me taperait sur les doigts ? C’est ma Tour de Combat !

– Tu prends des vacances ? Toi ? Jamais en dix ans tu n’avais pris de vacances. Je comprenais, vu que tu étais Maître, mais… »

Tarak baissa les yeux. Pendant toutes ces années où il avait été la tête d’affiche de Galar… De sa tendre adolescence à sa vie d’adulte, il n’avait jamais pris de vacances, ce qui avait probablement plongé Sonya dans la solitude. Même si elle passait de bons moments avec Donna, sa place était spéciale, irremplaçable. Il ne le pensait pas par narcissisme mais bien parce que de son côté, les mêmes sentiments le rongeaient. C’est pour cela que l’amertume d’avoir perdu sa couronne de Maître n’avait été que de courte durée, il allait enfin pouvoir retrouver sa famille, ses amis, Sonya. Il releva la tête et contempla la jeune femme. Elle était vraiment là, il n’était plus question de faire machine arrière. Son rythme cardiaque s’accélérant, il décida que le moment était venu.

« Et aujourd’hui, j’ai décidé d’effectivement prendre des vacances bien méritées ! Et… Je suis venu pour… T’inviter à venir avec moi. »

Un silence court mais extrêmement pesant s’installa dans la pièce. Les cris de Pokémon, les bruits de Madame Magnolia provenant de la cuisine, la voix de Nabil au téléphone : tout avait disparu. Tarak pensa alors que sa proposition était vaine. Soudainement, la jeune femme écarquilla les yeux et frappa la table avec ses mains.

« Qu-Quoi ? Moi ? Mais… Pourquoi ? Pourquoi moi ? Je… »

L’ancien maître souffla un coup. Ce n’était pas un refus qui avait changé l’ambiance, mais bien l’incompréhension de la Professeure. Il sortit de son sac deux billets en direction de Kalos et lui sourit, malgré l’angoisse qui n’avait pas eu le temps de redescendre.

« Pourquoi toi ? Je pense… Qu’on a passé trop peu de temps ensemble ces dernières années, j’aimerais bien arranger ça. Nabil et ta grand-mère pourront bien s’occuper du laboratoire pendant les deux prochaines semaines. Allez, va faire tes valises, je t’attends ! Et pas de ‘mais’ qui tienne, Madame la Professeure ! 

– Espèce de… Tu avais tout prévu ! Ça ne te ressemble pas !

– Que veux-tu, Sonya, la vie est pleine de surprises. »

Cette dernière se leva et courut vers sa chambre, non sans lancer un regard à son ami d’enfance. Une fois la jeune femme partie, Tarak défit le nœud de sa cravate et prit une grande inspiration. Toutefois, le calme n’était pas revenu. Le Pokémon favori de Sonya, son Voltoutou, se mit à sauter de joie puis roula sur le dos pour réclamer quelques caresses à l’ancien maître. Ce dernier, bien plus détendu qu’à son arrivée, se leva et amena sa main sur le ventre du Pokémon. Au moment où le bout de ses doigts toucha la fourrure du Pokémon Chiot, cette dernière délivra une légère décharge au dresseur, ce qui était commun chez ces créatures lorsqu’un grand bonheur se faisait ressentir. Tarak ôta sa main et la secoua quelques courts instants et son regard se perdit, à l’horizon, à travers la fenêtre… Ce choc lui rappela un des jours les plus importants de sa vie.


Une quinzaine d’années auparavant, Tarak n’avait pas fait dans la discrétion en traversant le village de Brasswick. Le jeune garçon d’environ sept ans parcourait les rues à une vitesse phénoménale, semblant chercher quelque chose. Il serrait dans ses bras un petit Salamèche, sorti de l’œuf il y a quelques semaines à peine, et fit voyager son regard dans tous les sens. Soudainement, il s’arrêta net devant un grand bâtiment violet. Ses yeux cherchaient quelqu’un qu’il n’arriva pas à trouver. Il frappa à la porte mais personne ne vint lui répondre. Il soupira de déception, mais ne se laissa pas abattre, prêt à reprendre sa course effrénée. Toutefois, alors qu’il allait repartir, il entendit la clef tourner dans la serrure, ce qui lui fit instantanément tourner les talons. C’est alors qu’il vit une jeune Sonya, coiffée d’une petite couette, passer la porte.

« Sonya ! Sonyaaaaa ! Elle est où Madame Magnolia ?

– Bah il est midi ! Mamie est partie chercher à manger à la maison. Moi je l’attends. Qu’est-ce que tu veux ? »

Le petit garçon se mit à froncer les sourcils et replaça sa casquette. Son impatience se lisait sur son visage. La jeune fille croisa les bras et tapa du pied au sol. Elle aussi commençait à s’impatienter, pour d’autres raisons.

« Bah alors ? Pourquoi tu voulais voir Mamie ?

– C’est… C’est dur d’expliquer et puis on a pas le temps ! Au pire, suis-moi, on la rejoint au laboratoire !

– T’es fou ! Il fait froid. On reste ici à l’attendre. »

Bien que cela paraissait encore être une facétie de Tarak qui n’était jamais à court d’énergie, ce dernier semblait un peu inquiet.

« S’te plaît Sonya ! Crois-moi…

– Pff ! Bon d’accord… Laisse-moi fermer la porte sinon Mamie va se fâcher. »

Le petit garçon s’approcha et attendit que Sonya ait fini, posa Salamèche sur son épaule, prit la main de son amie et se mit à courir. Une nouvelle fois, le silence de l’hiver à Brasswick fut perturbé par la course de deux enfants qui eut l’effet d’une tornade dans la ville. Une fois la maison de la Professeure en ligne de mire, les deux amis purent s’apercevoir que le lac était gelé. Sonya remarqua la surprise sur le visage de son ami et marqua une pause. 

« T’as jamais vu de la glace, Tarak ?

– Si ! C’est juste que ça fait des années qu’il a pas neigé à Galar… Enfin dans le sud.

– Mouais… Enfin bref, arrête de courir, il y a du verglas, tu vas juste te casser la figure.

– Oui, d’accord, c’est bon ! »

Le jeune garçon fronça les sourcils et reprit sa route. Sonya resta concentrée sur les pieds de son ami, puis commença à compter les secondes dans sa tête. Elle remarqua, après environ sept secondes que Tarak commençait à perdre l’équilibre. Elle récupéra stoïquement Salamèche puis marqua une pause à nouveau. Soudain, le garçon s’étala de tout son long dans la neige. 

« Je te l’avais dit, Tarak. Tu m’écoutes jamais… »

Malgré son commentaire ironique, la fillette tendit sa main à son compagnon pour l’aider à se relever. Après une apparente colère, le visage de Sonya se teinta d’une légère tristesse.

« J’espère quand même que ça va. Tu devrais faire attention, tu aurais pu te blesser, et tu aurais jamais atteint Mamie à temps ! Alors… Alors arrête de faire l’imbécile. »

Une fois son cœur soulagé de ses peines, elle caressa la tête du Salamèche tout en lui demandant d’intensifier légèrement sa flamme pour réchauffer son dresseur. Tarak approcha ses mains. Les deux enfants et le Salamèche étaient devenus une jolie petite boule de lumière au milieu de la blancheur froide et immaculée de l’hiver. Le garçon, dont les yeux d’or reflétaient la lueur orangée de la flamme, soupira et adressa ses excuses à son amie.

« Désolé, Sonya. Je suis juste tellement impatient, c’est vraiment important. Mais tu as raison, j’aurais dû t’écouter. En plus, j’aurais pu faire mal à Salamèche. Heureusement que tu es là…

– Ouais, ça me rappelle quand tu t’étais perdu pour venir voir Mamie au laboratoire, si j’avais pas été là, tu aurais pu finir à Skifford. Imagine la surprise qu’aurait eu Donna en te voyant débarquer tout seul. Mais du coup… Comment t’as fait pour pas… Te tromper de chemin, cette fois-ci ? »

Le jeune garçon replaça sa casquette et baissa la tête, cherchant à éviter à tout prix le regard de son amie. Il avait peur d’un quelconque jugement ou qu’elle se mette à rire.

« C’est parce que d’habitude, je fais pas attention à grand-chose, je suis jamais à fond parce que je rigole de tout. Mais aujourd’hui, c’est important… Tu es importante pour moi, alors il fallait que je partage ça avec toi ! Et… ! Et avec M’dame Magnolia évidemment ! »

Sonya tressauta légèrement sous le coup de la surprise puis se mit à jouer avec sa couette. Tarak était un idiot, se disait-elle. Il rigolait tout le temps, il cherchait constamment à la faire rire, à vivre des aventures toujours un peu trop dangereuses pour eux. Aujourd’hui, il lui montrait un tout autre visage, celui d’une personne sur laquelle on pouvait vraiment compter, un véritable ami.

« Je suis très contente, Tarak. Je croyais que tu cherchais que Mamie, mais en fait, tu avais aussi envie que je sois là… J’ai hâte de savoir. Tu viens, avant qu’on devienne malade ? 

– Oui, allons-y ! Merci de m’avoir aidé. »

La jeune fille sourit à son ami en guise d’approbation puis décida de mener la marche en lui prenant la main elle-même, cette fois-ci. Il ne fallait surtout pas qu’il retombe et risque de se blesser. Il n’était de toute façon pas contre reprendre la marche, étant sorti de chez lui avec seulement une petite veste, alors que Sonya, elle, avait pris un gros manteau qui le semblait bien trop pour elle, mais qui offrait une protection non négligeable contre le froid de l’hiver galarien. Arrivant devant la maison de la Professeure, la fillette s’empressa de sonner à la porte, grelotant comme un Polarhume. Au bout de quelques secondes, la porte s’ouvrit, laissant apparaître Professeure Magnolia, dont les cheveux, coiffés comme quinze ans dans le futur, étaient presque aussi roux que ceux de sa petite fille. Cette dernière s’engouffra à l’intérieur, tirant Tarak par la même occasion, avant que la scientifique ne puisse dire quoi que ce soit.

« Merci Mamie, t’es la meilleure ! »

Magnolia ferma la porte et hocha la tête, visiblement morte d’inquiétude et surprise par l’arrivée brusque des deux enfants.

« Mais enfin, Sonya… Que fais-tu là ? Et Tarak ? Tu es bien légèrement habillé pour une journée comme celle-ci… »

La Professeure, en guise de remontrance, voulut d’abord les mettre en garde car leur excursion semblait bien dangereuse, surtout en cette saison. Toutefois, elle se dirigea vers le salon et prit deux plaids posés sur le canapé. Elle les leur tendit et indiqua aux deux amis d’enlever leurs manteaux trempés.

« Il ne faudrait pas que vous tombiez malade… Bon, venez avec moi à la cuisine, je vais nous préparer du thé. Il faut vous réchauffer ! »

Ce faisant, Tarak et Sonya se dirigèrent vers la cuisine, suivant un peu honteusement la Professeure, la peur au ventre de se faire réprimander ultérieurement. Arrivant enfin dans la pièce, un Voltoutou se leva un peu décontenancé, se réveillant probablement d’une sieste. Ce dernier lécha la main de Sonya puis fit la fête à Tarak. Les yeux sur sa bouilloire, Magnolia reprit la conversation.

« Bon, les enfants… Que faites-vous ici, finalement ? Vous avez quand même une bonne raison.

– Oui, Mamie, une super bonne raison. Tarak, il a un truc super important à nous dire ! »

D’habitude un peu turbulent, le jeune garçon sembla soudain bien embarrassé et fit couiner sa chaussure sur le sol. Il prit son Salamèche dans ses bras, comme une peluche, et fixa ses pieds.

« O-Oui, c’est vrai… Mais… Est-ce qu’on peut attendre deux minutes, qu’on soit assis à table ? »

La Professeure acquiesça, sentant l’inhabituelle mais sûrement justifiée gêne du garçon, et se dépêcha de finir son thé. Une fois assis, la petite troupe, suivie par Voltoutou, prit place sur la table du salon. Magnolia posa délicatement les tasses devant les deux enfants, non sans leur préciser de faire attention pour ne pas se brûler. 

« C’est bon, Tarak ? Tu te sens plus à l’aise pour me dire ce que tu as sur le cœur ? »

Tarak enleva sa casquette et la posa sur ses genoux, faisant balancer ses pieds. Ses lèvres se mirent à trembler, ses yeux s’humidifièrent. Sentant la détresse palpable de son ami, Sonya prit sa main dans la sienne et rapprocha légèrement sa chaise. Le petit garçon resta bouche bée devant l’action de son amie. Il secoua sa tête et regarda Magnolia dans les yeux. Il utilisa toute son énergie pour contenir ses larmes, en vain. Sa voix pleine de sanglots mais emplie d’un bonheur qu’il ne réussit pas à contenir, il finit par parler.

« C’est… C’est Maman ! Elle vient de me dire que-que… Que j’allais avoir un petit frère ! »

Un énorme sourire se dessina sur le visage de Sonya, celle-ci se laissant également aller aux larmes de bonheur. Elle se leva et prit Tarak dans ses bras et ne le lâcha pas pendant plusieurs secondes. De son côté, la Professeure se leva et caressa les cheveux de son jeune invité. Elle s’abaissa à sa hauteur, lui montrant un sourire doux et chaleureux.

« C’est merveilleux, Tarak. Je connais tes parents depuis si longtemps, je suis vraiment heureuse de voir votre belle famille s’agrandir. C’est très gentil à toi d’être venu me le dire en personne. Je ne l’oublierai pas. »

Après quelques secondes, Sonya s’écarta de son ami puis reprit place sur sa chaise. Elle essuya ses larmes avec sa manche avant de reprendre la main de son ami. La fillette intégra alors la conversation, reniflant occasionnellement.

« C’est trop bien ! J’ai hâte de le rencontrer, alors… Tes parents, ils savent déjà comment l’appeler ?

– Oui, ils veulent l’appeler Nabil, comme Papi ! »

Décidant de rejoindre les festivités, Voltoutou commença à sauter partout et à lécher la main de Tarak. Le Pokémon Chiot, encore peu conscient de l’étendue de ses pouvoirs, ne maîtrisa pas sa puissance et électrisa légèrement le doigt du garçon. Ce dernier secoua la main en riant et caressa la tête du petit Pokémon.

Le Tarak du futur put presque s’imaginer la neige tomber à travers la fenêtre. Comme si rien n’avait vraiment changé depuis. Le retour de Madame Magnolia dans la pièce sortit l’ex-maître de sa transe, grâce à la voix douce de la vieille dame et à l’odeur de son thé. Il reprit place convenablement dans sa chaise, tout en remerciant chaleureusement son hôte.

« Vous savez… J’ai invité Sonya à prendre des vacances. Je pense qu’elle en a bien besoin.

– Tu as bien raison… Elle a besoin de souffler parfois. Elle vit toujours les choses intensément et même si Nabil est là pour l’aider, je sens qu’une pause ne peut que lui faire le plus grand bien. C’est gentil de ta part.

– Je lui dois beaucoup, c’est normal. »

Revenu de son appel, Nabil s’assit à côté de son frère. Après avoir confirmé aux autres la venue prochaine du Maître, il décida d’intégrer la discussion.

« Alors, vous parlez de quoi ? J’ai entendu d’une oreille que tu kidnappais Sonya, en laissant M’dame Magnolia et moi aux commandes du labo ? 

– Faut croire, frérot. Mais je dois bien venir t’embêter de temps en temps, non ?

– Pff, t’es trop bête. »

Arborant un grand sourire, franc et plein de fierté, Tarak mit son bras autour du cou de son frère et le serra contre lui. Sonya revint alors dans le salon avec une valise pleine à craquer, qu’elle posa par terre dans un fracas à réveiller les Ronflex.

« C’est bon, j’ai fini ! »

La Professeure, essoufflée, prit place aux côtés de sa grand-mère et se saisit de sa tasse de thé. Celle-ci se laissa donc aller à une légère plaisanterie.

« Bon, Tarak. J’étais pas avec toi pour t’accompagner ici. Comment t’as fait pour pas te perdre ? »

Dans l’esprit de l’ancien Maître, cela ne faisait aucun doute que Sonya l’avait aidé tout au long de sa vie à ne pas se perdre, quand bien même il s’agissait de chemins empruntés mille fois. Même au cœur de situations catastrophiques, il n’avait jamais eu à trouver son chemin car la jeune femme avait toujours été là pour l’accompagner. Ce jour-là, comme celui d’il y a quinze ans, il sut quel chemin emprunter car Sonya, qui n’était pas là pour l’accompagner, l’attendait au bout de celui-ci. Après avoir légèrement ri, le jeune homme regarda son amie dans les yeux.

« Parce qu’aujourd’hui, c’est important. »


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