Entre infini et au-delà

Chapitre 81 : Don't you wanna stay

3622 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/10/2017 21:25

- Sven ?

Cassy le dévisagea des pieds à la tête. Il n'avait pas changé au cours de ces derniers mois. Toujours aussi séduisant, il était entièrement vêtu de noir, comme à son habitude. Il esquissa un sourire lorsqu'il constata qu'elle portait sur ses épaules sa cape en velours, qu'elle n'avait pas pris le temps de retirer à son arrivée au quartier général.

- Tiens, tiens... Katharina Galaksija. Originale, cette couleur de cheveux, commenta-t-il en effleurant ses boucles rousses. Mais l'ébène te sied mieux.

- Qu'est-ce que tu fais i... Une minute... Tu savais qui j'étais ?

Les lèvres de Sven se fendirent davantage, mais au lieu de répondre directement à sa question, il saisit son visage entre ses mains et l'embrassa avec fougue. Cassy, quoique impatiente d'entendre ses explications, ne se fit pas prier pour lui rendre son baiser.

- En fait, je ne l'ai compris que récemment, avoua-t-il une fois qu'il l'eut relâchée. Juste après avoir sauvé la vie de Cassy, j'ai entendu dire que Kathy avait échappé aux Commandants. Entre ça et notre première rencontre sur le bateau, il aurait fallu que je sois stupide pour ne pas faire le rapprochement.

L'adolescente, en revanche, se souvenait avoir déjà établi un parallèle entre Sven et son affaire. Quand il avait cambriolé le Musée Minier de Charbourg, elle avait tout de suite songé à la chambre d'Éric, fouillée presque de fond en comble. Elle ne s'était pas trompée, au final. Tout ceci avait bien un point commun : la Team Galaxie.

- Et pour ton glyphe ? demanda Cassy en songeant à la marque qu'il portait dans le dos. Pourquoi ne m'as-tu...

Elle ne put achever sa phrase, car Sven plaqua sa main sur sa bouche afin de la faire taire. Elle lui jeta un regard courroucé et tenta de le mordre, mais il lui intima le silence en posant un index sur ses lèvres, avant de consentir à la relâcher.

- Pas ici. Viens avec moi.

Il entrelaça ses doigts avec les siens et l'entraîna à travers un nouveau dédale de couloirs et d'escaliers, presque identique à celui que Cassy avait parcouru en compagnie de Jupiter pour se rendre dans le bureau d'Hélio. Sven restait silencieux et elle avait du mal à réfréner sa curiosité.

Ils s'arrêtèrent devant une porte semblable à toutes les autres. Le jeune homme sortit un passe magnétique de sa poche, qu'il glissa dans le lecteur de carte. Un digicode apparut sur l'écran et il pianota une série de quatre chiffres, qu'il ne tenta pas de dissimuler. Cassy les mémorisa.

L'accès conduisait à un petit appartement cossu, bien loin de celui dans lequel l'adolescente résidait à Ébènelle. L'endroit se découpait en deux grandes pièces, un salon et une chambre, séparés par un petit vestibule. Face à l'entrée, un panneau en bois mal fermé dissimulait partiellement un placard mural, qui faisait office de dressing.

Sven invita Cassy à prendre place dans le boudoir. Un canapé et un fauteuil, encerclant une table basse, occupaient le centre de la pièce. Un bahut était accolé au mur et un petit réfrigérateur silencieux se trouvait juste à côté. Ce fut vers lui que le jeune homme se dirigea. Il en sortit deux canettes de Soda Cool pendant que son invitée s'asseyait.

- Alors ? insista-t-elle. Tu m'expliques ?

- Tu apprendras, Cassy chérie, qu'il faut toujours tenir sa langue tant que l'on n'est pas sûr d'être à l'abri des oreilles indiscrètes.

- J'ai du mal à te suivre. Pourquoi ne veux-tu pas être entendu ? Je croyais que la Confrérie était le grand projet de la Team Galaxie ? Éric...

- C'est tout là le problème, répliqua Sven. Éric... Je suis navré de devoir te l'apprendre, mais ton frère et moi nous haïssons d'une façon qui est tout sauf cordiale. C'est d'ailleurs précisément pour cette raison que je ne tiens pas à ce qu'il ait vent de l'existence de mon glyphe. Il est apparu à l'époque où Éric avait désespérément besoin d'un deuxième cobaye, et il était hors de question que je lui fasse ce plaisir.

- Un deuxième ? Et Sylvain, alors ?

- La marque de cette chiffe molle ne s'est manifestée qu'un peu plus tard.

- Eh bien... constata Cassy. On ne peut vraiment pas dire que tu portes ma famille dans ton cœur. Sylvain n'a peut-être pas ta fougue, mais c'est quelqu'un de gentil.

- Et de terriblement ennuyeux. Quant à Éric, alias monsieur je-sais-tout, il est tout bonnement insupportable. Tu as de la chance de t'en sortir aussi bien, pour une Galaksija.

Cassy ne put s'empêcher de sourire, au lieu de s'offenser des propos que Sven tenait sur ses proches. Elle choisit néanmoins de détourner la conversation sur un autre sujet, qui l'intéressait davantage :

- Tu n'as donc pas envie de savoir de quoi sont capables les glyphes ? Quels secrets et quels pouvoirs ils renferment ?

- Pourquoi le voudrais-je ? répondit Sven avec désinvolture. Je dispose déjà de tout le pouvoir dont j'ai besoin. C'est pour ça que je peux me permettre de faire ce que je veux, y compris défier à ma guise les Commandants et Éric.

- J'ai cru comprendre qu'ils étaient très pointilleux sur le respect de la hiérarchie, ici. Dois-je en conclure que tu es mieux gradé qu'eux ?

Sven éclata d'un rire franc avant d'avaler une gorgée de soda et de s'essuyer la bouche du revers de la main.

- Pas exactement. Moi, je suis un électron libre. Je fais ce que je veux, quand je veux, et personne ne me dit jamais rien.

- Pourquoi ça ? s'étonna Cassy.

- D'une part parce que je suis le meilleur agent de terrain de toute l'organisation, et de l'autre parce que la seule personne à avoir un tant soit peu d'autorité sur moi, c'est Hélio, mais puisqu'il s'agit de mon père, il en fait rarement usage.

- Tu es... le fils d'Hélio ?

Sven acquiesça et l'adolescente secoua la tête. Décidément, que d'histoires de famille ! Et dire que pendant tout ce temps, elle avait été si proche de la vérité, sans jamais en avoir conscience... Quelle ironie !

- Tu n'as plus à t'inquiéter pour Éric, avoua Cassy. Il va avoir un nouveau cobaye avec lequel s'amuser au cours des semaines à venir.

- Toi ? supposa-t-il. Quel type ?

- Dragon.

Elle remonta sa manche, comme elle l'avait fait un peu plus tôt dans le bureau d'Hélio, pour montrer son glyphe à Sven. Il ne trahit aucune surprise à sa vue, et parut même s'en amuser.

- Le dragon, répéta-t-il. Tu ne fais pas dans la demi-mesure, toi. Je suppose que mon père t'a déjà expliqué quel rôle te revenait, n'est-ce pas ?

- Oui, celui de meneuse.

- Dans ce cas, tu vas très vite déchanter avec moi, Cassy, parce que je n'obéis à personne. Ou alors, il faudra trouver des arguments très, très convaincants...

Sven passa du fauteuil sur lequel il était assis au canapé et fit courir ses doigts sur la cuisse de la jeune fille, qui ne se déroba pas. Elle accueillit ses caresses avec un frisson, bien qu'une partie d'elle ne puisse s'empêcher de songer à Sylvain, pour qui elle essayait de réfréner ses sentiments amoureux en raison de ce sang qu'ils partageaient.

- Ne t'inquiète pas, je crois que je n'en manquerai pas, susurra-t-elle avec un sourire un peu forcé.

Sven était sûrement la personne idéale pour l'aider à oublier ses émotions, en raison de l'affection et surtout de l'attirance qu'elle éprouvait pour lui, une attirance que même Sylvain ne lui avait jamais inspirée. Avec lui, elle était convaincue qu'elle pourrait détourner ses idées de son cousin.

Le jeune homme était en train de l'embrasser passionnément lorsque des coups frappés à la porte de l'appartement mirent un terme à leur étreinte. Sven s'écarta de Cassy avec un soupir, puis se leva du canapé pour aller ouvrir la porte. La voix qui s'éleva du vestibule était familière.

- On vient de m'avertir que Kathy avait été aperçue en ta compagnie, annonça Éric sans détour.

- C'est très gentil de la part de ce « on » d'avoir pris la peine de t'en informer. Tu diras à Jupiter et Mars que je leur suis très reconnaissant de s'intéresser à ce point à mes moindres faits et gestes, ça me donne l'impression d'être encore plus important que je le suis déjà.

Cassy, qui se demandait si elle devait ou non manifester sa présence, étouffa un gloussement dans le creux de sa main. Elle décida de se taire, curieuse d'entendre la suite de la conversation.

- Où est-elle ? exigea de savoir Éric.

- Je ne crois pas avoir de comptes à te rendre. Ta visite m'importune et j'ai bien mieux à faire que de parler avec toi. Retourne donc jouer avec un microscope.

- Je te préviens, Niklausson, si jamais tu la touches, je...

- Tu quoi ? ricana Sven. Tu iras te plaindre à mon père ? Que son méchant fils a dévergondé ton innocente petite sœur ? Laisse tomber, mon vieux, tu arrives trop tard.

- Espèce de...

- Éric, arrête !

Cassy fit irruption dans l'entrée au moment où son frère tentait de saisir Sven par le col de sa chemise. Celui-ci esquiva sans mal son assaut et l'empoigna par le bras, qu'il tordit dans son dos pour l'immobiliser. Un mélange de colère et de douleur se lut sur le visage d'Éric.

- Ça suffit ! intima Cassy. Relâche-le, s'il te plaît.

Sven s'exécuta et le scientifique rajusta rageusement les deux pans de sa blouse blanche, un tantinet froissée par ce corps à corps. Il fusilla le fils d'Hélio du regard, avant de ramener son attention sur sa cadette.

- J'aurais dû te mettre en garde avant, Kathy, mais je ne veux pas que tu t'approches de ce type. Il...

- Il a raison, Éric, coupa-t-elle. Trop tard. Deux ans et demi trop tard. Sven m'a sauvé la vie quand j'ai quitté Sinnoh, peu après la mort de nos parents, et il m'a secourue une nouvelle fois quand j'ai fui le Bourg-Palette il y a quelques mois.

- Espèce d'ordure ! Tu savais qui elle était pendant tout ce temps et tu...

- Non, il n'en savait rien, répliqua la jeune fille, même si ce n'était pas tout à fait vrai. À ses yeux comme à ceux de tout le monde, j'étais Cassy Rilène. Il m'a beaucoup aidée et je lui en suis très reconnaissante. Ce ne sont pas vos petites querelles qui vont changer ça.

Le regard d'Éric passa de sa sœur à Sven, qui le fixait toujours avec sournoiserie. Ses lèvres s'entrouvrirent deux fois, sans qu'aucun son n'en sorte. Lorsqu'il finit par prendre la parole, ce fut pour dire :

- Hélio m'a fait part de votre échange, Kathy, et de ce qui en découle. Je vais te montrer tes appartements, et j'aimerais aussi te faire visiter le laboratoire où nous allons travailler ensemble avant le dîner.

- D'accord. Allons-y.

Les sentiments qu'Éric inspiraient à Cassy depuis leurs retrouvailles étaient très paradoxaux, et elle ne voulait pas en plus de cela se disputer avec lui à cause de Sven. Elle salua son ami d'un signe de tête au moment de prendre congé, puis emboîta le pas à son frère.

Cassy découvrit d'abord ses nouveaux quartiers, plus petits que ceux de Sven, mais non moins confortables, et situés à proximité de ceux d'Éric. Elle le suivit ensuite jusqu'à l'étage entièrement consacré à la recherche scientifique, où son aîné disposait d'une salle pour lui seul, du moins jusqu'à présent. Dès le lendemain, ils devraient la partager.

- Je ne suis pas mécontent d'avoir quelqu'un pour réfléchir avec moi, confia Éric. Je commence à manquer d'imagination pour établir de nouvelles hypothèses sur les pouvoirs de la Confrérie. Un œil neuf sur le dossier ne peut pas faire de mal. Quant à moi, je pourrai me concentrer sur la fabrication du détecteur.

- Un détecteur ? De quoi ?

- De glyphes, bien sûr. Pour le moment, ce n'est qu'au stade de projet, mais j'espère bien être un jour en mesure de les localiser à distance, à l'aide d'un appareil. Rassembler les dix-sept membres de la Confrérie est l'un de nos principaux objectifs, ne l'oublie pas.

Cassy tourna la tête et fit mine de s'intéresser à un rétroprojecteur pour qu'Éric ne remarque pas à quel point elle avait soudain blêmi. Elle n'avait aucune envie que ses amies soient mêlées à toute cette histoire, et encore moins que son frère découvre qu'elle lui avait dissimulé l'existence des autres glyphes.

- En fait, poursuivit le jeune homme qui ne semblait pas avoir perçu son soudain malaise, je dois avouer que je commence à me demander si ça en vaut la peine.

- Que veux-tu dire ? interrogea Cassy, luttant pour ne pas céder à l'anxiété.

- Pour le moment, trois symboles sont apparus. Trois symboles... pour trois Galaksija. Peut-être y a-t-il un lien entre la Confrérie et notre famille.

- Ah oui, tiens... Tu devrais peut-être faire des recherches en généalogie, non ? Au cas où nous ayons d'autres parents encore vivants.

Mieux valait inciter Éric à suivre une fausse piste. Tant qu'il ignorerait la vérité au sujet du glyphe de Sven, il ne prendrait pas conscience de son erreur et perdrait du temps, un temps qui permettrait à Cassy de se faire une idée plus précise de la Team Galaxie et de la confiance qu'elle pouvait ou non leur accorder.

- Hélio ne me laisserait pas gaspiller mon temps avec de la généalogie, souligna Éric. Il confirait cette tâche à quelqu'un d'autre, car il a besoin de ses meilleurs scientifiques pour travailler sur les tâches les plus importantes. Les glyphes, les Gijinkas, la Chaîne Rouge...

- La Chaîne Rouge ? l'interrompit Cassy.

- Oh, je vois. Hélio ne l'a pas évoquée. Ça me surprend un peu, car c'est notre objectif final. Tu te souviens quand je t'ai dit que la Team Galaxie aspirait à créer un monde meilleur ? Il a pris conscience que notre société était trop corrompue, trop gangrénée par le chaos et qu'il n'y avait aucun moyen de la sauver. Par conséquent, il a décidé de créer un nouvel univers, dans lequel nous pourrions nous établir et bâtir une civilisation supérieure à celle-ci, qui ne commettrait pas les mêmes erreurs.

- Comment Hélio escompte-t-il procéder ? C'est... impossible, non ?

- Vraiment ? répliqua Éric. Toi qui connais la Pokible sur le bout des doigts, tu doutes de cet exploit ? Que fais-tu de Giratina, le Dragon légendaire, capable de donner naissance à d'autres Dimensions ?

Cassy, dont le regard avait continué à papillonner d'un bout à l'autre de la pièce après l'échange portant sur les glyphes, ramena aussitôt son attention sur Éric. Ce dont il parlait revêtait soudain un tout autre intérêt pour elle.

- Oui, et ? demanda-t-elle plus précipitamment qu'elle ne l'aurait souhaité.

- La légende veut qu'après le bannissement de Giratina, l'entrée du Monde Inversé ait été scellée par les trois Cré's qui, une fois réunis, forment la Chaîne Rouge. C'est la clé qui permet d'ouvrir les dimensions. Si nous les trouvons et que nous les rassemblons aux Colonnes Lances, nous pourrons libérer Giratina.

- Personne ne sait où sont les Cré's, rappela Cassy. Et même si vous le saviez, comment les convaincriez-vous de vous aider ?

- Une autre équipe de scientifiques est chargé de mettre au point un système de contrôle des pokémon, de façon à les soumettre à notre volonté le temps pour eux d'obtempérer. Quant à leur capture... Je mentirais si je prétendais que nous ne plafonnons pas sur ce point. Les localiser est du ressors des archéologues, mais ils ont perdu leurs deux meilleurs agents à la mort des parents de Sylvain. C'étaient eux qui dirigeaient toute la section.

Cassy acquiesça distraitement, se repassant en mémoire ce qu'Éric venait d'évoquer. Rouvrir le portail du Monde Inversé, libérer Giratina... Si cela se produisait, Lilith serait délivrée en même temps que lui. L'adolescente le voulait-elle, cependant ? Désirait-elle vraiment voir cette femme assoiffée de vengeance contre Arceus errer librement dans ce monde ? Elle n'en savait rien.

- En parlant de parents... commença Éric, l'interrompant dans ses réflexions. Kathy, je suis désormais l'aîné de la famille Galaksija, et en tant que tel, je suis responsable de toi. C'est pour ça qu'il faut que je te dise que toute cette histoire ne me plaît pas. Hélio m'a expliqué pourquoi tu ne m'as pas tout de suite parlé de ton glyphe et même si je t'en ai voulu sur le moment de m'avoir dissimulé une information aussi capitale, je peux comprendre ta réaction, même si ça ne doit plus se réitérer à l'avenir. En revanche, je suis incapable de faire preuve de la même ouverture d'esprit en ce qui concerne Niklausson.

- Éric, je...

- Tu ne le connais pas, Kathy ! Moi oui, et je sais ce qu'il est. Sous ses airs séducteurs, c'est surtout un manipulateur et un... Ce n'est pas un individu fréquentable ! Tu es loin d'être la première fille à te laisser duper par lui, mais il n'est pas encore trop tard pour réagir. Sven est bien plus dangereux que tu peux l'imaginer.

- Tu sais ce qui est dangereux ? Se retrouver toute seule, à quinze ans, dans un monde dont on ne sait rien. Tu es peut-être le frère de Katharina Granet ou Galaksija, comme tu veux, mais pendant plus de deux ans, moi, j'ai été Cassy Rilène, et je ne peux pas renier cette période juste parce que tu me le demandes.

- Tu devrais, pourtant. Niklausson me déteste et il n'hésitera pas à se servir de toi pour m'atteindre.

- Il y un détail que tu sembles négliger, Éric. Je ne suis pas le genre de personne que l'on peut utiliser à sa guise. Quelle que soit ta relation avec Sven, elle ne me concerne pas. Mon frère était mort quand je l'ai connu.

L'agacement de Cassy était perceptible. Elle n'avait pas eu l'intention de se quereller avec son aîné, mais elle refusait qu'il se permette de lui dicter sa conduite alors qu'elle s'en était parfaitement sortie sans lui depuis qu'elle avait quitté Sinnoh. Elle n'était plus la petite Kathy, douce et naïve, avec qui il avait autrefois grandi. Beaucoup de choses avaient changé, à commencer par eux deux.

- Où vas-tu ? demanda Éric en la voyant tourner les talons.

- Dans ma chambre. À moins que le dîner ne soit obligatoire ?

- Non, mais...

- Parfait. Je n'ai pas très faim et je préfère me reposer. Le voyage m'a épuisée.

En réalité, Cassy voulait juste s'éloigner de son frère, le temps de mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle avait besoin de réfléchir à tout ce qu'elle venait d'apprendre, que ce soit à propos des glyphes ou de Giratina, et ne supporterait pas d'entendre plus longtemps Éric lui faire la morale.

La chambre mise à sa disposition par la Team Galaxie n'était pas seulement meublée. Elle était aussi fournie en affaires de toilette et en vêtements de rechange. Cassy hésita, mais elle choisit de revêtir l'une de ses chemises de nuit personnelles. Elle se sentirait plus à son aise dans une tenue familière.

Elle était en train de démêler ses cheveux devant le miroir de la salle de bain, tout en se disant qu'elle n'aurait plus jamais à les teindre en roux, quand on frappa à sa porte. Elle songea qu'il s'agissait peut-être d'Éric, qui lui aurait fait porter une collation ou qui se serait peut-être même déplacé en personne, afin de lui souhaiter une bonne nuit.

Elle se trompait, cependant. Ce ne fut pas son frère qu'elle découvrit sur le seuil de la porte, mais Sven. Il fit un pas vers l'avant pour caler nonchalamment son épaule dans l'encadrement et lui adresser un sourire éclatant. Sans même réfléchir, Cassy le lui rendit.

- Quand je ne t'ai pas vue paraître au dîner, je me suis douté que je te trouverais ici. Et j'ai pensé que, seule dans ton nouveau logis, tu ressentirais peut-être le besoin d'un peu de compagnie.

- Je ne sais pas... répondit-elle sur un ton malicieux. Il paraît que je dois me méfier de toi, Sven Niklausson. Que tu es dangereux et infréquentable.

- Ça te plaît ?

- Je mentirais en prétendant que ça n'éveille pas ma curiosité. Si tu veux, tu peux rester pour m'en parler.

- Hum... Et si je te montrais, plutôt ? demanda-t-il avant de l'embrasser.

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