Please notice me, Dedenne-sempaï!

Chapitre 1 : Chapitre 1 ou comment devenir un dresseur trop swag quand on est une dresseuse

3738 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 19:48

Cher Dedenne tout puissant,

Aujourd'hui est un bien triste jour et mon cœur se serre de devoir te le confier. L'arène numéro zéro que j'avais eu tant de mal à fonder dans ma petite ville de Bourg-croquis n'attire pas beaucoup les visiteurs, tout juste quelques enfants curieux de voir ce palais de l'amour s'ériger dans leur hameau tout pourri. Malgré tous mes efforts, tu t'en doutes, et toutes ces journées passées à gonfler des ballons en forme de cœur, à tapisser notre temple de draps roses et de dentelles, la police est venue saisir le gymnase que j'avais investi. C'est fini, le bourgeon n'éclora pas ici, et la dernière chose que je pourrais faire pour suivre la cause serait de retourner à Neuvartault pour assister ma mère dans sa tâche d'infirmière Joëlle et accepter une vie de chasteté tout juste autorisée à fricoter avec mes cousines.A moins que…

Je fermais mon carnet rose à paillettes avant de le fourrer dans un gros sac de camping à mes côtés. Dos à ce temple déchu que j'avais tenté d'ériger, assise en tailleur, je finissais d'empacter mes maigres possessions, fin prête pour le départ. Beaucoup d'artefacts roses, des peluches, beaucoup de peluches, une garde robe entière de vêtements à volants qui ne m'allaient pas et, si l'on cherche bien, quelque part au fond, une carte de la région. Étouffant un petit rire intérieur, je chargeais mes bagages et me dirigeais enfin vers la sortie du village, et enfin arrivé à Quarellis, des dizaines de vitrines ne semblaient avoir été installés que dans le but que je puisses me contempler.

Je m'appelle Joëlle, j'ai dix-neuf ans. Je suis une jeune fille des plus banales, n'aspirant qu'à l'amour éternel et au cadre protecteur d'une famille aimante. Un peu cruche, et ça se remarque facilement à mes grands yeux façon manga, je n'ai pourtant pas l'intention de me laisser faire ! L'aventure, ce sera avec ou sans moi, mais surtout avec moi !

A peine arrivée à l'entrée du nouveau hameau (c'est fou comme les petites bourgades se regroupent en archipel dans les campagnes, Céladopole me manque.), j'apercevais au loin quatre abrutis avachis sur une table de café piaillant gaiement à propos de quelques, hinhin, pokémons... Bien sûr, j'aurais préféré partir avec quatre plantureux beau gosses pour encadrer la belle plante que je suis, mais le destin en avait décidé autrement, et la seule petite annonce de départ à l'aventure cherchant encore du monde (alors que franchement ces couillons sont bien assez de quatres), était avec eux. Je prenais une longue inspiration, recoiffait quelques peu mes boucles roses avant de daigner les approcher de mon air le plus hautain.

« Salut les jeunes, c'est bien ici que vous cherchiez des dresseurs dans le vent pour l'aventure ? »

Une jeune fille à l'air encore plus hautain que le mien, résolument Kalosienne, se tourna vers moi. Tout le monde se tue à la table, et tandis que je les imaginais subjugués par ma beauté, la petite blonde déclara :

« Désolé madame, mais nous n'avons pas besoin d'une infirmière dans nos rangs, Sannah a déjà récupérer un appareil de soin et une collègue nous as expliqué comment il fonctionnait. Vous pouvez disposer, nous attendons quelqu'un. »

Immobile, j'observais l'adolescente, hésitante sur la conduite à prendre. J'hésitais très franchement à lui renvoyer à la gueule son madame et son vouvoiement de petite bourgeoise avant de m'imposer dans leur équipe à la con. Comment pourrais-je lui faire les pieds encore davantage ?

Après quelques secondes de réflexion, j'adressais à la petite pétasse un sourire condescendant, me penchait respectueusement et déclarait avant de m'éclipser :

« Excusez moi du dérangement, MADAME, je vous souhaite de trouver chaussure à votre pied pendant cette aventure. »

* * *

« Non mais sérieusement c'est quoi cette petite conne... Elles sont comme ça les adolescentes maintenant ? J'étais comme ça moi aussi ? Non, bien sûr, c'est elle, petite Lumosienne de mes deux, je suis pas si vieille quand même...

- Joëlle ! Met ton uniforme et arrête de squatter le miroir des clients, tu sais bien que le chef insiste beaucoup sur la politique d'embellissement du pays, il doit être accessible à tous, à tout moment !

-... Oui maman, nia nia nia... »

Le temps pressait, et évidemment je n'avais rien trouvé de mieux à faire que de prendre un bus pour Neuvartault histoire de lire des shojo mangas dans la bibliothèque de ma mère. Une solution comme une autre pour trouver une bonne idée, à mon humble avis... Je me sentais assez proche des héroïnes anorexiques passant des volumes entiers à se questionner sur des trucs stupides, étrangement, et plus d'une fois, ils m'ont été très utiles pour trouver solution à mes problèmes. J'étais bien déterminé à partir tenter l'aventure pokémon, raffler quelques millions de pokédollars et m'en servir pour reconstruire un temple digne du grand Dedenne-sama. C'était bien pour ça que je m'étais arranger pour que ma mère soit mutée à Kalos et que je puisses la suivre ! Je suis bonne quand même, de vouloir rester avec elle et de la laisser s'occuper de mes affaires quand je suis en vadrouille...

« Dis-moi Kilari, que ferais-tu toi, à ma place, si une condition ne dépendant pas de toi t'empêchait d'atteindre tes rêves d'amour, de paix et de justice ? »

Et quand la plupart des histoires m'auraient conseillés quelque chose comme la sincérité qui m'auraient apportés la tolérance et le soutien inconditionnel de tous les abrutis devenus mes amis, je trouvais entre deux pages la solution de Kilari et son Skitty, la plus séduisante et la moins crédible de l'histoire, que j'adopta sans aucune hésitation.

 

* * *

J'arrivais à nouveau à la table des gamins de Quarellis juste à temps, après avoir rongé tous mes ongles sur les sièges du bus, de peur qu'ils soient déjà partis. Et à peine arrivais-je dans leur champ de vision que tous se rassirent et me laissèrent m'installer, des étoiles dans les yeux. Une petite à la peau foncée et avec une coupe de cheveux totalement improbable me tira une chaise, je me réjouis intérieurement d'être enfin considéré à ma juste valeur. La remerciant humblement, je m'installais face à la petite blonde de tout à l'heure dont le regard d'envie n'aurait pu me satisfaire davantage.

Je les laissais se présenter chacuns à leur tour. Serena la pouffiasse, Sannah la petite aux drôles de cheveux qui papillonne des yeux, Trovato le Lumosien (le plus discret, comme quoi je me fais une drôle d'idée d'Illumis), et enfin l'attachant Tierno qui se présenta en rimes.

« Et toi, mec, c'est quoi ton blaze ? »

Je mis une seconde à réagir, pas encore habitué.

« Joël. Je suis de Kanto à la base, de Celadopole, mais j'ai envie de bouger un peu, et si c'est avec des gens aussi cool que vous, ça serait le pied... Mec. »

Sannah et Serena rièrent d'une manière qui se voulait faussement discrète et je faisais de même. Je ne pensais pas sérieusement qu'une simple casquette pour planquer mes cheveux , une boucle d'oreille et les fringues d'un dresseur du coin suffiraient à me faire passer pour un homme avec un peu d'assurance. Comme quoi, les mangas et Superman avaient raisons.

Tierno, visiblement satisfait de ma réponse, conclua en se levant de sa chaise : « Engagé ! Je te veux dans mon groupe, dude ! ~ » avant de me gratifier d'un viril coup dans le dos. Surprise, il bloqua ma respiration pendant une seconde. Impassible, je souriais de l'air le plus idiot que je pouvais.

« Hic ! »

Ça commençait bien...

* * *

Malgré toutes mes recommandations et le soutien de Sannah, ces abrutis étaient décidés à ne pas prendre le bus pour Neuvartault et préféraient traverser une interminable forêt, faire chier tous les gosses rencontrés sur la route et lyncher des pokémons sauvages. Sans que je ne demande rien à personne, on me ficha entre les pattes une pokéball habitée d'une espèce de petit feunard avec un air stupide. Je le fourrais très vite dans ma poche en attendant de trouver une occasion pour m'en débarrasser. Mis à part Dedenne bien sûr, je savais que peu de pokémons arriveraient à ma hauteur, et je me refusais au plus haut point de me rabaisser à un pokémon que tous les nouveaux arrivants peuvent obtenir sans mal. Tout de même !

La petite à la coupe de cheveux étrange tenait à marcher à côté de moi, visiblement sensible à mon charme incommensurable.

« Joël ? »

Je prenais mon air le plus classieux et lui répondait en remettant en ordre une mèche de ma frange.

« Oui ? »

Des étoiles semblèrent apparaître dans ses yeux. Je croisais les bras, penchais la tête et lui descernait un petit regard en coin, comme pour dire Vas-y baby, don't be shy, je sais déjà.

« On fait un combat ? 

-Hic ! »

Déjà exténué, je sortais le feunard miniature et engageait un rapide combat contre la chataigne mutante de ma camarade. Elle était toute contente, caressait toutes les parties corporelles de son pokémon, gaspillait sa salive à des encouragements inutiles quand le ''combat'' se termina en moins d'une minute, par des coups de griffes à répétitions. C'était d'un ennui rare, il me semblait impossible de s'emmerder autant lors d'un combat pokémon. Était-ce vraiment ça l'idéal de vie de la moitié des gamins du pays ?

Sannah, toute penaude de son premier échec, me passa son argent de poche avant de repartir exploiter ses bêtes dans les hautes herbes. Serena, quand à elle, ne tarda pas à me choper avant l'entrée de la forêt pour me flanquer une dizaine de pokéballs dans les bras, histoire de faire comme tout le monde.

« Serena, hic, tu sais, je suis membre de WPF, World pokemon found, tu sais, avec le pandarbare en logo, hic, alors si possible j'aimerais éviter de défoncer tous les pokémons du coin tu vois ? Garde tes cages, hic, c'est pas pour moi. »

Je soupirais en remarquant que Sannah n'était plus présente pour écouter mon discours. Mon interlocutrice, quand à elle, fronça les sourcils et me détailla à nouveau de la tête aux pieds, avec un soupir.

« Ecoute petit... »

Comment ça petit ? Je fais si jeune que ça ?

« T'es bien mignon avec tes associations d'écologistes à la con, mais fallait pas faire dresseur si tu veux pas capturer de pokémons. ''Il faut tous les capturer'' ça te dit un truc ? C'est le but du voyage. On veut tous battre la ligue, mais si on a des financements de la région et la carte de dresseur qui te permet de squatter les centres pokémons gratuitements, c'est pour participer à des recherches scientifiques et remplir le pokédex à la base. D'ailleurs, voilà le tien. »

Elle me tendit un smartphone de marque chelou, bien plus moderne que les pokénavs que j'avais eu l'occasion de voir jusque là. C'est bien un truc de Kalos ça.

« Donc tu prends ces pokéballs, tu arrête de hocqueter comme un con et tu te bouges, on restera pas une éternité dans cette forêt. »

Sur ces mots, elle partit sans même me donner le temps de lui répondre sur le même ton. Définitivement, je détestais cette petite conne, mais au moins on avait un tel gratuit, qui faisait télévision et avec une fonctionnalité tamagotchi. Il faut bien voir le bon côté des choses.

 

* * *

 

Mes quatre autres acolytes semblaient totalement extasique. A croire que c'était leur première fois en campagne, avec des pokémons à la main. Idéologiquement, je m'interdisais de lyncher des pokémons sauvages absolument innocent. D'ailleurs je suis végétarienne. Il paraît que c'est meilleur pour la peau. Pour autant, je me fichais bien de ce que les autres pouvaient faire, je ne changerais pas le monde avec des décisions pareilles. Evidemment, à suivre distraitement les autres sans rien foutre que de hocqueter tous les cinq mètres, j'attirais l'attention. A peine un pas fait dans la forêt, j'avais une dizaine de dresseurs venus m'interpeller pour engager quelques combats sans intérêt. Par charité, j'essayais de capturer un nouveau pokémon qui pourrait avoir la chance de faire partie de mon équipe. Sans même que je n'en cherche un approprié, une boule de feuille me tomba sur le crâne en sortant de la forêt. Il me fallut quelques secondes à le contempler, allongé au sol pour comprendre qu'il s'agissait d'un pokémon. J'essayais de l'affaiblir comme on nous expliquait, gamin, dans les écoles, mais le petit feunard démontra à nouveau de son inutilité, le petit Cheniti renvoyant les attaques par une espèce d'écran magique. J'utilisais absolument toutes mes pokéballs sur lui, et il ne rentra que dans la toute dernière.

Pour beaucoup, son impertinence aurait suffit à le jarter d'une équipe, mais je me retrouvais assez bien dans le côté chieuse de la nouvellement nommée Charlotte, Rigide de nature et d'assez haut niveau d'après le pokédex qui affichait un 5 aussi brillant qu'abstrait à mes yeux.

Finalement, j'atteignais Neuvartault avec tous les autres pour la deuxième fois de la journée, quand le soleil commençait à descendre. Je relâchais immédiatement le petit feunard miniature en l'offrant à un gosse à l'entrée quand les autres avaient le dos tournés. Toute la petite troupe décida de faire une halte au centre pokémon où je les suivais volontiers, affichant un sourire narquois à ma mère, toujours de service quand nous arrivions. Son visage se crispa, étonnée de me voir pareillement vêtue des vêtements qu'un de ses clients avaient dû lui déclarer perdus dans la cabine, mais je savais pertinemment qu'elle ne dirait rien aux autres venus soigner leurs pokémons. Elle savait depuis bien longtemps que je ne deviendrais pas infirmière comme elle, et c'est en partie pour que je puisse voler de mes propres ailes qu'elle a accepté que l'on parte pour Kalos. Mine de rien, je sais que c'est une femme adorable qui cache bien son jeu, ma mère.

Tandis que les autres bavassaient et réservaient déjà les chambres pour le soir venu, je checkais mes mails sur le PC public. Le premier du WPF, en réponse à ma question au sujet des membres souhaitant devenir dresseurs de pokémons, comme je m'en doutais, c'était autorisé par la déontologie de l'association à condition de ne capturer qu'un seul pokémon par zone définie. Je n'ai pas besoin de plus de deux ou trois pokémons pour vaincre le maître de la ligue de toute façon.Le deuxième vient d'un mail inconnu, avec pour objet : « Un petit cadeau pour le début de ton aventure. »

Croyant avoir affaire à une publicité ou un machin automatique envoyés à tous les dresseurs, je m'apprêtais à le supprimer quand Trovato apparut derrière moi. Le petit rouquin devait probablement me chercher pour me conduire à ma chambre, mais il se permit timidement de regarder sur l'écran.

« Euh, excuse-moi Joël, je ne devrais pas regarder sur ton écran mais... »

Je lui décocha un grand sourire.

« Ne t'inquiètes pas Trovato, il n'y a aucun soucis tu sais. Qu'y à t'il ? »

Le petit rougit quelques peu avant de me désigner de l'index le mail que j'allais jeter.

« Je me demandais ce que contenait ce mail, ça vient de l'école des dresseurs ? Je ne l'ai pas reçu.

-Ah ? Je savais pas, je croyais que c'était un spam en fait. »

Curieuse, je cliquais sur la petite fenêtre.

 

''Joëlle-chan,

Ça fait quelques années que je t'observe maintenant et que je suis de très près tous tes glorieux projets. Je suis ravi de te compter parmi mes plus ferventes (et jolie) admiratrice. Excuse-moi de ne pouvoir te le remettre en personne, mais je tenais absolument à récompenser tes efforts et à te féliciter de ta récente décision de te lancer sur les routes de Kalos. Voici un de mes émissaires. Elle n'est pas très bavarde, mais je pense que vous saurez vous entendre.Passes un bon voyage, nous nous verrons très bientôt.Dedenne le grand.''

 

Au bord des larmes et devant l'incompréhension de Trovato qui n'avait pas pu lire le message, je matérialisais dans le PC mon présent. Une pokéball apparut dans le compartiment prévu à cet effet, avec une petite fiche cartonnée qui me fit frissoner de plus belle.

Millie, Dedenne, niveau 1, Malpoli de Nature, assez entêté.

Une pression sur le bouton central, et apparut devant moi une petite créature que je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir de mes yeux. Un adorable et minuscule petit hamster orange apparut sur mes genoux en remuant la tête. Millie m'apperçut, avec un grand air surpris, et me fit de très grands yeux, l'air de se demander ce qu'elle foutait ici. Je la saisissais entre mes deux mains, toute émue, pour la porter à mon visage.

« Deeeeeeenne »

A peine sa petite joue rouge toucha la mienne, je reçus une puissante châtaigne dans toute la partie droite de mon visage. Incapable de fermer un œil et paralysée d'une moitié de mon faciès, j'entendis Tierno derrière moi incapable de se retenir de rire à pleine gorge. C'était trop d'émotions, je faisais une pichenette au visage de mon Dedenne et rouspéta contre mon camarade aussi distinctement que je le pouvais.

« Ta goule ! Chais pas ma faute quand même ! 

-Ahahah ! Tu peux plus parler ! »

 

...

Bandes d'abrutis.

 

[A la semaine prochaine pour la suite! Cette fanfiction se base sur un nuzlocke challenge fait sur pokémon X]

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