Please notice me, Dedenne-sempaï!

Chapitre 5 : Chapitre 5 ou comment être séduisant, un peu trop même

3315 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 08/11/2016 13:56

Ma petite entrevue avec Tierno m'avait totalement remotivée. Le détour par Fort-Vanitas, la mauvaise foi des journalistes, la haine des dresseurs envers moi, mon objectif est toujours le même : La ligue, la célébrité. Plus encore, la reconnaissance de Dedenne le grand. Et puis au pire, osef, j'ai toute ma clique avec moi, bientôt complète : Millie, Charlotte, Fabulette, Bernadette et Carpette, tous guillerets derrière moi, se soutenant les uns les autres, assistants aux combats de chacuns. Et pour la seconde fois, je me laissais distraire face à la facilité.C'est les aboiements de Bernadette qui m'alertaient. J'étais à quelques mètres du combat en cours, sur le skate parc à perfectionner des figures en roller. J'accourus très vite, rejoignais un énième gosse qui me regardait venir avec le regard mort, sûrement habitué à ce genre de scène. Carpette était au sol, son corps bleu tout étendu face au Kadabra de mon adversaire. Déjà, comme si je prévoyais que tout allait se répéter, mon rythme cardiaque s'affola, à battre contre mes tempes. Je me penchais sur mon pokémon, pressait contre lui sa pokéball en priant que tout marche correctement, comme pour tous les autres dresseurs, que le dispositif de survie s'active et sauve Carpette d'une mort certaine...

Mais à nouveau, rien ne se produit.

Le dresseur baissa la tête en remuant le sable de ses pieds, pas d'expression visible sur son visage. Mes pokémons se rapprochèrent, Fabulette tournait sa petite fleur sur elle-même, visiblement anxieuse. Je restais ainsi quelques instants, effrayée, un peu, quand une voix résonna dans ma tête.

Tu t'y attendais, n'est-ce pas ? 

Je relevais la tête et faisais face au Kadabra. Son dresseur était parti l'attendre, assis plus loin.

« Oui, je crois. »

Le pokémon hocha la tête en signe de condoléance, avant de planter à nouveau ses yeux dans les miens.

Intéressant.

Quelque peu mal à l'aise, je me relevais en prenant avec moi Carpette. Je le sais déjà. Je sais que ce n'est pas normal. Mais je refuse de me dire que c'est ma faute. Sans dire au revoir à personne, je retournais sur mes pas, repartais vers Illumis. Comme Askip, mon Carapuce se consumera dans les flammes, sans larmes, sans douleur, dans l'arrière salle du centre pokémon. Moi et mes pokémons restèrent en silence devant le batiment quelques minutes, pour rendre un dernier hommage silencieux à notre compagnon, avant de repartir sur la route.Adieu Carpette.

 

*

J'arrivais à Fort-Vanitas toute crottée, m'attendant à trouver un peu de repos là où l'on me promettait un merveilleux chateau. Alors que j'avais enfin découvert Illumis et que je reprenais foi en ce grand pays, me revoilà dans une bourgade de campagne, au milieu des péquenots, et de château il n'y avait qu'un donjon de pierre tombant en ruine. Ah, là, j'étais une star. Et même pas dans le mauvais sens comme à Illumis, ce sont des sourires qui m’accueillirent. De grands sourires édentés de vieux crasseux qui n'avaient pas vu arriver un jeune dans leur bourgade depuis des plombes et tenaient à m'offrir chococoeur et potions en tout genre. Aussi, je décidais de partir au plus vite du village, en oubliant leurs conneries d'histoires de méga-évolution et en prenant soin de ne pas me faire toucher par les vieux croutons, quand deux mains se posèrent sur mes yeux :

« C'est quiiiiiii ? ♡ » demandait une voix de gamine trop commune pour que je m'en souvienne.

« Sûrement une très jolie princesse ! » répondait le gentleman que j'incarnais, toujours prévenant envers les jeunes filles, à partir du moment où elles pouvaient m'apporter quelque chose, comme une fuite organisée de la bourgade. Sannah apparut devant mes yeux en gloussant.

« Hihihi, c'est gentil. Tu vas au fort ?

-Eh bien je pensais plutôt ne pas m'attarder et…

-Oh, tu ne t'intéresses donc pas aux méga-évolution ?! Moi qui cherchais quelqu'un pour m'y accompagner ! »

La gamine me fit un petit regard suppliant en joignant les mains. Il ne manquait plus qu'un petit glapissement de chiot pour qu'elle obtienne le très disputé prix du Kalosien le plus ridicule que j'aurais rencontré durant mon voyage. Je soupirais et posais d'un geste princier ma main sur son épaule, ravie.Le fort était aussi décevant de l'intérieur que de l'extérieur. Vide, une ambiance froide renforcée par l'omniprésence minérale de la décoration, et pour seul guide, un karatéka d'une quarantaine d'année, sûrement le benjamin du village. J'avais l'impression que notre visite l'avait soudain réveillé, et nous lui teintions à peu près ce langage :

« Wesh, papi, des infos sur la méga évolution ou bien ?

-Oulàlà, que vois-je ? Qu'entends-je ? En notre noble demeure, une paire de braves manants en recherche de quelques potins ? Ciel, je me dois m'en aller prestement au pont voisin résoudre un problème dont vous n'avez cure ! »

Il partit sur ces mots, et je suivis Sannah en levant les yeux au ciel. Elle était bien décidée à respecter la volonté du professeur, et que je l'y aide. Que les Kalosiens sont agaçants. Même Bernadette roulait des yeux vers le ciel. Si même les pokémons s'y mettaient, plus rien ne pouvait m'empêcher de détester cette sous-race de dresseur. Mais bon, après tout, je suis tolérante.

J'avais envie d'éclater de rire quand le karatéka rejoignit son pote le gentleman, en voyant quel était le monstrueux problème auxquels ils devaient faire face. Un gros pokémon bleu et crème, au milieu de la route, qui nous posais déjà des problèmes dans notre région, je ne pensais pas en revoir ici.

« Un Ronflex ! Vous êtes sérieux ? Toujours pas de solution pour ça, dans votre pays super développé où on offre des holokit au premier gamin qui passe ?

- Négatif, jeune félon ! Nous avons la flûte ! La relique sacré offerte par les dieux à nous pauvres mortels, nous préservant des problèmes du monde !»

Tous s’exclamèrent : « Oh oui, la flûûûûûûûûûûte 

-Attendez, la pokéflûte ? Mais c'est juste une stupide flûte à bec, on utilises ça depuis plus de vingt ans ! Je comprends que ce soit un bruit détestable, mais un réveil bien énervant fera le job tout aussi bien ! »

Sannah s'accrocha à mon bras, ressortant ses petits yeux suppliants :

« Mais Joël, tu ne comprends donc pas ?! C'est la flûte !

-Putain mais je m'en bats les c****** de votre flûte...

-Monsieur, ne t'inquiètes pas, on va la retrouver !

-Attends mais je n'ai pas dis que... »

Avant que je n'ai eu le temps de répondre, Sannah me traînait déjà derrière elle vers le palais Chaydoeuvre, ce qu'elle parvenait à faire sans mal, rollers ou pas. Ils sont dopés ces Kalosiens.

Sur le chemin, il y eut quelques combats, à nouveau. Ne serait-ce que pour impressionner la jeune fille et racheter mon honneur, je me devais bien de faire une petite pause pour défoncer du dresseur. Ils durent me trouver bizarre, à ne jamais cligner des yeux pendant les matchs, tout en remettant mes cheveux en place toutes les deux minutes. Charlotte arrivait à se soigner toute seule avec sa capacité spéciale, Bernadette était de faible niveau par rapport aux autres, mais se débrouillait vraiment pas mal. Pour Askip et Carpette, passes encore, je les avais depuis quelques minutes à peine, mais je n'osais imaginer ce qui se passerait si je perdais un des pokémons que j'ai depuis le début, comme Charlotte ou Fabulette, ou pire, Millie. Je me surprenais à avoir de la compassion pour ces créatures, quitte à dépenser des milliers en potions, pour être sûre.

On a accueilli un nouveau aussi, j'avais pris ma plus belle pose pour lancer la ball. J'ai eu de la chance, malgré que je ne puisses pas les choisir, celui-ci est trognon. Un Fouinette renommé Phillipe, rigide de nature, assez entêté.

Je voyais bien que l'admiration de la jeune fille grandissait pour moi. Elle ne me quittait jamais des yeux, acclamait chacune de mes actions en caressant mes pokémons restés sur le côté. Néanmoins, ce n'était pas des exclamations joyeuses, comme pour les autres filles. Elle était un peu plus retenue, rougissait quand je la regardais. Ce qui ne présageais rien de bon.

On arrivait assez vite au palais, et de nombreux visiteurs se pressaient près de l'entrée. Naturellement, je passais devant tout le monde, la petite brune accrochée à mon bras, et me faisais arrêter par un vigile.

« Excusez-moi jeune homme, c'est mille pokédollars pour entrer.

-Comment ?! Ne savez-vous donc pas qui je... »

Je me coupais au milieu de ma phrase quand Sannah me lança un regard sévère. Si, bien sûr, il sait qui je suis, le voyou qui passes sur tous les écrans. Était-elle au courant ? Depuis Fort-Vanitas… Non, même depuis Illumis, elle ne m'avait fait aucunes remarques sur le sujet.Devant mon silence, et la rumeur grandissante auprès des autres visiteurs, elle s'empressa de tendre quelques billets froissés au vigile, qui nous fit entrer tous deux. Je me tu sans remercier ma collègue d'avoir payer pour moi.Le château était bien plus fastueux que le fort du village voisin, pourtant à moins d'un kilomètre de là. Il aurait facilement pu passer pour une cabane de jardinier par rapport à celui-ci, couvert de feuilles d'or et de meubles finement ciselés. Ce château, j'en avais déjà entendu parler. A l'école peut-être. Le palais des glaces connus pour ses jardins, quelque chose dans ce délire qui amenait là des touristes du monde entier. Ils étaient nombreux, même moi passait inaperçu.

Assez vite, je me retrouvais dans les jardins, il n'y avait pas grand chose a voir a l'intérieur au final. Je me perdais dans la contemplation de grandes statues dispersés aux quatre coins, aux formes familières. Je cru reconnaître l'un d'entre eux... Ryukem? Quelque chose comme ça. Il était dans un livre, dans notre maison a Kanto. Un vieux bouquin, qui n'était pas a moi. Oui, ma mère ne voulait pas que je le lise, et puis j'étais trop petite pour savoir lire a ce moment là. Sceptique, je détaillais la statue. A qui était ce livre? A qui ce monument me fais penser?

 

« Joël! Tu as trouver le Couafarel? »

Sannah venait de surgir derrière moi.

« Le quoi?-Tu sais, le vieux voulait qu'on le retrouve!-Quel rapport avec la pokeflute? » Demandais-je en haussant un sourcil. Sannah soupira, les yeux au ciel:« Tu mélanges tout! Aides moi a trouver le Couafarel!-C'est quoi?-Mais tu te fiches de moi?! Tu en as un, là!-Wow tu te calmes, c'est Bernadette, pas un Couafa truc. »Exaspérée, la jeune fille est partie en grognant chercher sa bestiole. Bernadette jappa a côté de moi. Je lui souriais et lui donnais une petite caresse sur le crâne. Comme si un de mes pokemons pouvaient être confondu avec une commune bestiole?Je sortais ma pokeball de mon sac, il se faisait tard, elle chopperait froid si je la laissais la. Au moment de poser l'engin sur son pelage, rien ne se produisit.Mon rythme cardiaque s’accéléra, est-ce qu'il y avait a nouveau un bug avec ma pokeball? Non, ce n'était pas possible, je l'avais sortie il y avait même pas 20 minutes en entrant dans le palais, et sa vie n'était pas en danger.« Sannah? Sannah! »

A force de crier son nom dans les jardins, la jeune fille arriva en courant vers moi

« Quoi! Si tu veux m'aider c'est trop tard, il a retrouver son toutou. »

Elle se figea, surprise de me voir ainsi, complètement paniqué, rouge de sueur

« Sannah! Je ne comprends pas, Bernadette ne rentre plus dans sa pokeball... Je n'ai rien fait! Elle va bien, je comprends pas, est-ce que j'ai fait un truc mal?! »

J'essayais de respirer calmement, mais la course, et la peur panique d'avoir fait une nouvelle connerie a cause de ma négligence, me faisait perdre tout contrôle. Sannah prit un air très sérieux et s'approcha de Bernadette, posa sa main autour de son cou, caressa son pelage. Son regard dériva vers moi, qui essayais de retenir mes larmes. Je suis pitoyable.

Un sourire apparut sur son visage, avant de soudain éclater de rire. Choqué, je la regardais, ne sachant comment réagir et une désagréable impression coincée dans la poitrine. Sannah me rassura:« Pardon, c'est pas toi! Mais ton Pokémon... C'est un mâle! C'est celui du vieux! »* * *

« Maintenant que vous le dites, mon chéri ne ressemble pas du tout a ça! Jeune homme, encore désolé pour cette méprise! »

Je ne répondis rien, les yeux fixé sur Bernadette, qui agitait la queue comme si rien ne s'était passé. J'aurais pu échanger mon Pokémon avec un autre sans même m'en rendre compte. J'ai failli pleurer devant Sannah.Inquiète, cette dernière excusa le propriétaire du château a ma place. Il proposa d'organiser un feu d'artifice pour le retour de son cabot. Je hochais la tête, essayais de reprendre un peu consistance. Il nous donna la pokeflute aussi, comme une broutille.On n’échangea pas un mot, Sannah et moi, en nous rendant vers le grand balcon pour assister aux festivités. Même une fois installé, on ne se prononça pas une fois le feu d'artifice commencer. Ce n'est pas que je détestais ça, c'est plutôt joli, mais la façon avec laquelle le propriétaire des lieux nous les avaient présentés, ça en devenait trop anodin, il n'y avait pas cette excitation enfantine a se rendre exprès a un feu d'artifice loin de la maison, avec sa famille, pour passer un bon moment. Ça en était même trop formel.Je n'étais même pas tellement surpris que Sannah décide de ce moment pour m'avouer dans un soupir, après le dernier bouquet de lumière:

« Je crois que je suis amoureuse de toi. »C'était logique.

« - Ah. »

Un silence passa. Un instant, j'ai cru qu'elle allait pleurer.

« Je suis sérieuse.-Ça te passera.-Dis pas ça. »

Je me tournais vers elle, bien plus sérieux:

« Regarde moi. »

Elle le fit. Intensément.

« Tu ne sais rien de moi.-Pourquoi tu dis ça?-Je suis pas quelqu'un pour toi.-Et alors? Je ne t'ai pas demander de sortir avec moi. »

Ce dialogue me semblait irréel. Je commençais a m'énerver toute seule:

« Tu ne peux pas être amoureuse de moi! Trouves toi un autre péquenot, n'importe lequel, il sera mieux que moi! Tu as vu la télé? Je suis un vaurien, tout le monde le dit!

-NON! » Cria-t-elle indignée. Je me tus. Des larmes bordaient ses yeux.« J'ai vu la télé, j'ai entendu tout ce que les gens disaient de toi. C'était vrai? Non, bien sur que non. Je sais que tu n'es pas comme ça. Je ne sais pas pourquoi tu joues à ce jeu la. Ne t'inquiètes pas, tu le fais bien, personne n'a rien vu. Juste moi, parmi tous tes visages, tout a l'heure, je me suis rendue compte que j'étais amoureuse de celui qui aimait ses Pokémons. Tu te détestes peut-être, mais ça ne changera rien, pour moi. »Je ne dis rien, abasourdi. Comme si elle parlait a une autre personne. Elle s'arrêta, essuya ses petites perles de sentiments au coin des paupières, et rit doucement.

« Pardon, je dis n'importe quoi. »Je lui souriais et répondais simplement, sur un ton, je l'espère, qui avait l'air sincère.« Merci. »

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