Nous voulions simplement être des héros...

Chapitre 3 : Crash céleste

2548 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 23:39

Après l'insuccès de leur précédente mission et la dispute générale qui s'en était suivie, le calme avait finalement réussi à revenir au sein de la demeure souterraine que Duncan partageait avec son équipe. Hélas, cette tranquillité n'était pas destinée à durer. Quelques jours plus tard, un évènement des plus inattendus se produisit.

Vanille était en train de se laver les plumes sur son perchoir lorsqu'une violente secousse ébranla la salle d'entraînement. Les vibrations furent telles qu'elle perdit l'équilibre. Désemparée, elle ne réagit pas assez vite pour avoir le temps de déployer ses ailes. Elle se serait écrasée sur le sol si elle n'avait pas été rattrapée de justesse par les pouvoirs télékinésiques d'Ashton.

- Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce qui se passe ? s'exclama Willy, tiré en sursaut de sa sieste.

- On va tous mourir ! s'égosilla Boulard.

Zaiyad plissa les yeux. Ce qui venait de se produire ressemblait fort à un tremblement de terre, mais les vibrations avaient été trop brèves pour qu'il en soit convaincu. Il avait plutôt l'impression qu'il s'agissait d'un impact, toutefois il voyait mal ce qui aurait pu causer un choc aussi puissant.

- Duncan aura peut-être une idée de ce dont il s'agit. Allons lui poser la question.

Les cinq pokémon approuvèrent la suggestion du Luxray et ils quittèrent la salle qui leur été réservée pour se rendre dans le salon, où ils s'attendaient à trouver leur maître, comme toujours. Il n'était pas installé devant la télévision, contrairement à son habitude, mais face à l'un de ses nombreux ordinateurs.

- Venez voir ça, dit-il sitôt qu'il eut remarqué leur présence.

D'un geste de la main, Duncan les invita à se rapprocher de lui. Willy sauta sur ses genoux tandis que les autres formaient un arc de cercle autour de son siège. Sur les nombreux réseaux sociaux auxquels il était connecté, les premières images de ce qui se produisait à la surface étaient en train d'être postée.

Il cliqua sur le lien d'une vidéo, prise à la sortie de Voilaroc. La caméra filmait, à distance, un gigantesque caillou, duquel se dégageait une intense fumée. À sa vue, les pokémon ouvrirent des yeux ronds, tandis que Duncan affichait une expression plus sceptique.

- C'est une... commença Ashton.

- ... Une météorite, oui. Elle vient de s'écraser à quelques kilomètres d'ici, ce qui explique la secousse que nous avons ressentie. C'est impressionnant, je crois que c'est la première fois qu'un astéroïde de cette taille tombe sur Terre.

- Alors... bredouilla Boulard. Il n'y a aucun danger ? Le sol ne va pas s'écrouler, la maison non plus ?

- Non, le rassura Duncan avec un sourire. C'était juste une fausse alerte. Je serais néanmoins curieux d'étudier ce corps céleste de plus près. Est-ce que vous seriez d'accord pour vous rendre sur place et me rapporter quelques vidéos ? Ce sera une mission facile.

Si tous parurent enthousiastes à cette idée, Zaiyad se renfrogna. Le plus souvent, ils rataient même la plus simple des tâches qu'ils avaient à accomplir. Songer à cela vouta son dos avec peine avant qu'il ne se redresse péniblement, soucieux de ne pas se laisser abattre par son pessimisme naturel.

- J'ai quelques caméras dans un tiroir, il faut juste que je les retrouve, déclara Duncan. Je vais les bidouiller un peu, de façon à ce que vous puissiez aisément les transporter avec vous. Zaiyad...

Le Luxray leva les yeux vers lui. Son maître le connaissait par cœur et il avait du lire ses doutes dans ses prunelles, car il adressa un clin d'œil bienveillant, avant d'ajouter d'une voix douce :

- Ça va être du gâteau, tu verras.

- Quoi ? Du gâteau ? réagit aussitôt Boulard, provoquant l'hilarité générale. Où ça ?

***

Zaiyad courait, ne se concentrant que sur le rythme régulier de ses pattes qui frappaient le sol et sur le bruit léger qu'elles émettaient. Il arborait, autour de son front, une petite caméra qui transférait en direct les images de sa progression à Duncan. Raphaël en possédait une identique, accrochée autour de sa taille, et Vanille aussi, afin de lui fournir des images aériennes.

Comme six pokémon ne passaient pas inaperçus dans les rues de Voilaroc et que les autorités locales ne les portaient pas dans leur coeur, ils durent se déplacer le plus discrètement possible, traversant des ruelles désertes ou des quartiers peu bondés. À cause de cela, le trajet jusqu'à la sortie de la ville nécessita un temps considérable.

Si la cité elle-même semblait majoritairement faite de pierre, avec ses tertres surélevés, ses routes goudronnées et ses zones piétonnes pavées, ses extérieurs étaient beaucoup plus verdoyants. C'était dans une étendue herbeuse que la météorite s'était écrasée, juste à côté d'un bosquet.

La scène était saisissante. À moins d'une centaine de mètres d'eux se dressait ce gigantesque rocher venu de l'espace, encore fumant. Il était si grand qu'ils pouvaient le voir, en dépit des nombreux camions qui étaient garés juste devant. Ils reconnurent le logo qui les ornait, un tube à essai entrecroisé avec une loupe.

Quelques années plus tôt, une organisation malfaisante, nommée la Team Galaxie, avait semé le trouble dans Sinnoh. Elle possédait deux quartiers généraux, l'un à Vestigion, l'autre à Voilaroc. Suite à la disparition de son leader et au démantèlement du reste du groupe, les bâtiments avaient été saisis par les municipalités.

Jouissant de nombreuses salles de recherches, de dizaines de laboratoires, d'un système informatique de pointe et d'une technologie de la dernière génération, le maire de Voilaroc avait décidé de céder le lieu à la communauté scientifique. Des chercheurs avaient alors afflué dans la ville pour y travailler, venant des quatre coins de Sinnoh, mais aussi de régions plus lointaines, telles que Hoenn ou Unys.

Toute la zone entourant la météorite avait été fermée par des barrières, afin de laisser aux chercheurs carte blanche pour l'examiner. Zaiyad s'immobilisa devant l'une d'elle et ses amis l'imitèrent.

- Nous ne pouvons pas tous passer, sans quoi nous nous ferions remarquer.

- Moi, je peux y aller, se proposa Vanille en virevoltant sur elle-même. Personne ne prêtera attention à un oiseau.

- Moi aussi ! suggéra Willy. Grâce à mon agilité, je peux me faufiler discrètement de l'autre côté et mener ma petite enquête sur ce gros caillou.

Zaiyad n'était pas très convaincu. La discrétion, contrairement à ce que le Chimpenfeu semblait croire, n'était pas l'une de leur qualité première. Ils laissaient souvent plus de traces de leur passage qu'un véritable ouragan. S'il franchissait cette barrière, il avait trois chances sur deux d'être repéré dans la minute.

- Ça ne servirait à rien, tu n'as pas de caméra avec toi. Laissons Vanille effectuer un survol de la zone. Avec un peu de chance, les scientifiques seront regroupés au même endroit et nous pourrons aborder la météorite par un autre flanc.

L'Hélédelle sauta gracieusement sur la bordure de l'obstacle et déploya ses ailes. Alors qu'elle s'apprêtait à en donner un coup puissant pour s'élever dans les airs, une série de cris déchira le silence. Ils sursautèrent tous pendant que Vanille se figeait. Craintif, Boulard demanda précipitamment :

- Qu'est-ce que c'est ?

Les hurlements continuaient toujours. Apparemment, les scientifiques étaient en danger, de l'autre côté de cette ligne censée être sécurisée. Après s'être accordé quelques secondes d'hésitation, Zaiyad décida de mettre de côté la prudence. Duncan leur avait confié la mission principale de défendre ceux qui en avaient besoin, or c'était vraisemblablement le cas.

Avec sa souplesse féline, il sauta par-dessus la barrière métallique, qu'il accrocha volontairement avec sa queue pour la renverser. Elle s'écroula sur l'asphalte dans un fracas métallique et les autres membres de l'équipe n'eurent plus qu'à l'enjamber pour pénétrer dans le périmètre.

Les cris étaient de plus en plus angoissants. Ils exprimaient de la panique, de la terreur. Zaiyad menait le petit groupe, qui courait à en perdre haleine. Ils contournèrent les camions qui leur dissimulaient l'astéroïde et le bitume sous leurs pattes se transforma presque aussitôt en herbe.

Ils faisaient désormais face à la roche céleste, plus impressionnante encore qu'elle ne l'avait été jusqu'à présent. Une chaleur presque insupportable s'en dégageait et elle semblait dégager une aura puissante. Tous, y compris ceux qui ne possédaient pas les dons psychiques d'Ashton, pouvaient le sentir.

- Boulard, utilise ton flair, intima Zaiyad. Dis-nous où sont les scientifiques.

Son féroce appétit avait appris au Goinfrex à être un fin gourmet. Grâce à cela, son goût et son odorat s'étaient particulièrement développés et, grâce à cette faculté, il pouvait rivaliser avec les Caninos utilisés dans la police pour le pistage. Il huma l'air à deux reprises.

- Je suis désolé, je n'en ai pas la moindre idée. Une vague odeur de souffre s'échappe de ce météore et elle recouvre toutes les autres traces olfactives.

- Cherchons, alors.

Zaiyad tendit l'oreille. Après s'être intensifiés jusqu'à atteindre leur paroxysme, les cris avaient désormais faibli. La plupart d'entre eux avaient laissé place à des gémissements, qui ne seraient bientôt plus que silence. Le Luxray avait un mauvais pressentiment tandis qu'ils se scindaient en deux groupes.

- Ici ! s'écria soudain Raphaël. Ils sont ici !

Ashton et lui s'étaient immobilisés, côte à côte. Avec effroi, ils observaient l'horrible scène qui s'offrait à leurs yeux. Une douzaine d'hommes étaient étendus sur le sol, baignant dans une mare de sang. Il s'agissait des chercheurs, morts pour la majorité, mourant pour les plus résistants.

Ils avaient subi de nombreuses blessures sur l'ensemble de leurs corps mutilés. Certains avaient été éventrés, d'autres avaient eu des membres sectionnés et les blouses, censées être immaculées, étaient écarlates. Cette vision était si terrible que, lorsque Vanille vint se poser à côté de Zaiyad, elle enfouit sa face dans sa crinière afin de se masquer la vue des cadavres.

- Ces deux-là respirent encore, commenta Raphaël en s'approchant. Qu'est-ce qu'on fait ?

- Celui-ci ne tiendra pas, répondit aussitôt Ashton en désignant un homme qui souffrait d'une hémorragie. Il faut abréger ses souffrances.

- Tu veux dire le... Gloups.

- Écarte-toi.

Si la Gardevoir était profondément superficielle, elle savait également garder un sang-froid admirable dans certaines situations. Elle saisit doucement le visage du scientifique entre ses pattes, pendant que l'homme tentait de s'exprimer. La seule chose qui jaillit de sa bouche fut une bulle sanguinolente, avant qu'elle ne lui brise les cervicales.

- Si nous arrivons à conduire l'autre au Centre Pokémon dans les plus brefs délais, les médecins pourront peut-être faire quelque chose pour lui.

Toujours avec la même froideur, elle désigna le second individu encore en vie, dont la jambe avait été amputée. La coupure était propre et nette, ce qui l'intriguait. Alors qu'elle l'observait avec attention, elle prit conscience d'un détail qui n'avait visiblement alerté personne.

- Dites... À votre avis, qui a bien pu faire une chose pareille ?

Tous se décomposèrent immédiatement à l'écoute de cette question. Soucieux de porter secours aux scientifiques, puis horrifiés par l'état dans lequel ils les avaient trouvés, ils n'avaient pas songé au monstre qui était à l'origine d'un tel massacre. Comme il venait juste d'avoir lieu, elle n'était certainement pas loin. Elle était même encore tout près.

- Aaah ! hurlèrent-ils soudain en chœur.

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