Nous voulions simplement être des héros...

Chapitre 13 : Héros fugitifs

Chapitre final

1768 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 28/12/2016 21:22

- Chut... murmura Dexylo.

Le groupe s'était faufilé sous le couvert des arbres afin d'approcher la météorite dans la plus grande discrétion. Ils se trouvaient désormais à l'orée du bosquet et observaient une demi-douzaine de militaires encore en faction autour du corps céleste. Apparemment, ils monteraient la garde jusqu'à ce que les scientifiques transportent ce gigantesque amas rocheux jusqu'à l'un de leurs entrepôts.

- Comment allons-nous passer ? interrogea Vanille. Même si nous avons eu le temps de récupérer quelques forces, nous ne sommes pas aptes à mener un dernier combat.

- Je m'en occupe, informa Dexylo. Le poison que ces humains avaient injecté dans mes veines se dissipe et je recouvre progressivement mon énergie. Je suis de taille à les affronter.

- En dépit de ce que ces gens t'ont infligé, nous n'avons pas besoin d'un second carnage sur les bras, indiqua Zaiyad. Je te saurais gré de ne pas faire couler de sang une nouvelle fois.

- J'honorerai ta volonté, mon ami. Je te le dois bien.

Le Deoxys inclina la tête vers le Luxray de manière à lui témoigner son respect, puis leur intima d'un geste de ses longs bras de rester cachés, pendant qu'il passait à l'action. L'équipe de Duncan se tapit dans la pénombre que le feuillage projetait sur eux. Des cris ne tardèrent pas à leur parvenir, de même que quelques coups de feu, qui les alarmèrent.

- Je n'entends plus rien... commenta Willy dans un souffle. Vous croyez que...

Zaiyad s'avança prudemment vers l'extrémité du fourré dans lequel ils étaient dissimulés pour observer ce qui se passait. Il allait pointer son museau à l'extérieur de la protection fournie par les arbres lorsque Dexylo surgit devant lui. Une balle l'avait atteint à l'épaule. À l'exception de cette blessure, il était indemne. Six corps gisaient dans son dos, inconscients mais vivants.

- Hâtons-nous, déclara le Deoxys avec neutralité.

Zaiyad acquiesça d'un hochement de la tête et, d'un puissant coup de queue, invita le reste de son groupe à le rejoindre. Sur leurs gardes, ils se dirigèrent vers la météorite, au cas où d'autres militaires soient embusqués dans les environs. Comme ils n'essuyèrent aucune salve de tirs, ils en conclurent que ce n'était pas le cas.

- Et maintenant ? demanda Ashton. Comment est-ce que nous devons nous y prendre pour recharger cette chose en énergie ? D'autant que, je me permets de te le rappeler, nous ne sommes pas au summum de notre force.

- Si nous combinons nos capacités tous ensemble, ça devrait suffire, affirma Dexylo. Contentez-vous simplement d'attaquer l'astéroïde comme si vous combattiez un ennemi.

Suivant ses instances, ils se rassemblèrent en cercle autour du corps céleste. Seul Duncan demeura à l'écart, sur les conseils du Deoxys. L'extraterrestre possédant une intelligence supérieure à la moyenne, il était parvenu à assimiler à la perfection le langage humain en l'espace de quelques heures et pouvait communiquer avec lui.

- Prêts, mes amis ? Allons-y !

Dexylo et Ashton choisirent tous deux d'utiliser Psyko. Zaiyad se servit de son redoutable Coup d'Jus, pendant que Willy embrasait la roche avec son Lance-Flamme. Vanille, Raphaël et Boulard, qui ne disposaient d'aucune attaque efficace, se contentèrent d'encourager leurs compagnons à se surpasser.

Soudain, la météorite se mit à vibrer. Paniqué, le Goinfrex recula d'un bond et ne tarda pas à être imité par le Chimpenfeu, qui interrompit le jet incandescent qu'il soufflait. Le halo psychique entourant l'astre disparut lorsque Dexylo et Ashton mirent également un terme à leur contact mental avec lui.

- C'est assez, indiqua l'extraterrestre. Cet astéroïde dispose désormais de suffisamment de puissance pour me ramener sur ma planète. Mes amis, tout ceci est grâce à vous. Dites-moi de quelle façon je peux vous remercier, avant de vous quitter.

- En empêchant tes potes de l'espace de nous réduire en miettes ! répliqua aussitôt Raphaël, une pointe de colère dans la voix.

- Naturellement.

Dexylo salua le Carabaffe avec courtoisie, puis chacun d'eux, à l'exception d'Ashton dont il prit le soin de baiser la main, en dépit de la crasse qui la recouvrait. Pendant qu'elle éclatait d'un petit rire aigu, Vanille se tourna vers Zaiyad :

- Et nous ? demanda-t-elle, le regard triste. Qu'allons-nous devenir ? Nous n'avons nulle part où aller. Si nous restons ici, la police va nous capturer et nous renvoyer en prison.

Le Luxray ouvrit la bouche pour formuler une réponse qui paraissait évidente. La fuite. Il n'y avait pas d'autre solution. Pourtant, lorsque ses yeux se posèrent sur Duncan, il demeura muet. Son maître ne supporterait pas une vie de nomade. Il tolérait à peine la situation dans laquelle ils se trouvaient actuellement, comme en témoignaient la sueur qui luisait sur son front et sa respiration saccadée.

- Vous pourriez venir avec moi.

Instinctivement, tous les visages s'orientèrent vers Dexylo, qui venait de faire cette suggestion. Ils le fixèrent avec étonnement durant une longue minute, jusqu'à ce que la stupeur de Zaiyad s'estompe assez pour lui permettre de s'enquérir :

- Es-tu sérieux ?

- Bien sûr que oui. À cause de moi, vous êtes désormais des fugitifs, et Duncan est considéré par les siens comme un ennemi. La moindre des choses, c'est que je vous conduise en sécurité, là où nul ne sera en mesure de vous nuire.

- Quitter la Terre pour une planète inconnue ? C'est impensable ! déclara Raphaël, catégorique. Notre place est ici, pas ailleurs.

- C'est vrai, notre organisme est adapté à notre environnement, surenchérit Willy. Nous aurions peu de chance de survivre au voyage, et même une fois sur place, nous serions exposés à des maladies aux origines inconnues.

- La médecine est beaucoup plus avancée sur Deoxys que sur Terre. Mon peuple maîtrise l'ADN et tous ses secrets. Quant à l'atmosphère, elle est presque la même qu'ici. Vous n'auriez aucun mal à vous adapter.

Malgré cette réponse positive, le Carabaffe et le Chimpenfeu demeurèrent relativement méfiants, au contraire de Boulard, qui s'exalta :

- Est-ce que la cuisine est aussi succulente que chez nous ?

- Nos baies sont encore plus sucrées que celles que j'ai eu l'occasion de manger dans votre repaire.

Les yeux du Goinfrex se mirent à scintiller. Ashton gardait le silence. Elle fixait Zaiyad, car elle savait que, quoi qu'il dise, ils se rangeraient tous à son avis. Il ne semblait cependant pas décidé à faire un choix, car lui-même observait leur maître, tout aussi sceptique que les autres.

- Si nous partons, nous ne reverrons plus jamais Sinnoh, ni ce monde qui est le nôtre... sanglota Vanille, rompant le silence pesant qui venait de s'instaurer.

- Si nous restons, Duncan le contemplera depuis une geôle sinistre. Quant à nous, nous serons captifs de nos pokéball, comme nous le serions encore si j'avais échoué à m'échapper de la mienne. Quoi qu'il advienne, nous sommes obligés de fuir. Si nous suivons Dexylo, nous aurons au moins la certitude que personne ne nous retrouvera jamais.

- Dire que nous voulions simplement devenir des héros...

Les larmes de Vanille s'intensifièrent et Zaiyad, malgré son caractère froid, se rapprocha d'elle pour lui donner un petit coup de tête, destiné à la rassurer. L'espace d'une seconde, sa crinière bleu nuit s'emmêla avec les plumes de l'Hélédelle.

- Vous êtes des héros, décréta l'extraterrestre après les avoir étudiés à tour de rôle. À mes yeux, en tout cas. Et vous le serez à ceux de mon peuple, puisque vous m'avez sauvé la vie. Les Deoxys sauront vous reconnaître à votre juste valeur, là où les vôtres en ont été incapables.

Zaiyad s'écarta de Vanille, au désespoir de celle-ci, pour se diriger vers Duncan. Il s'assit à ses pieds et pointa son museau vers lui. Il n'avait ni besoin de parler ni besoin d'oreillette pour se faire comprendre, en cet instant, puisque le jeune homme avait pu suivre en grande partie la conversation par le biais de Dexylo, qui s'exprimait en langage humain. Le Luxray attendait son avis.

- J'ai peur de l'inconnu, admit-il au terme d'une longue de réflexion, mais j'ai encore plus peur pour vous, mes amis. À cause de moi, et surtout de ma phobie, vous avez dû apprendre à vivre enterrés sous terre. Je ne peux pas vous imposer de passer les années à venir enfermés dans une pokéball, or c'est ce qui se produira si nous restons.

- Alors... Nous partons ? s'enquit Willy d'une toute petite voix.

Le Deoxys traduisit la question pour Duncan, qui répondit par un hochement de tête affirmatif, avant de s'exprimer oralement :

- Oui. Nous partons.

Le jeune homme glissa sa main dans la crinière de Zaiyad pendant que celui-ci se redressait, puis ils rejoignirent le petit groupe que formaient les autres aux pieds de la météorite. Willy affichait une mine inquiète et celle de Raphaël était renfrognée. Il allait grommeler quelque chose, mais à la surprise générale, Ashton embrassa son crâne sale. Les joues du Carabaffe s'embrasèrent aussitôt, tandis qu'il bredouillait des paroles incompréhensibles.

- Cesse donc de geindre, pour une fois, le tança la Gardevoir. C'est la décision la plus sensée à prendre. Oh, j'oubliais... Le mot « sensé » n'a jamais fait partie de ton vocabulaire, espèce de vieux borné.

Vanille et Boulard éclatèrent d'un rire joyeux, pendant que Raphaël s'empourprait davantage. Dexylo mit fin à leur hilarité en exécutant un geste de son bras filandreux pour les convier à monter à bord de la météorite. Duncan fut le premier à le suivre dans un trou béant, qui donnait sur l'intérieur du corps céleste, où régnait une douce chaleur. Ses pokémon, dans son sillage, les rejoignirent presque aussitôt.

- Accrochez-vous ! s'exclama Dexylo, tandis qu'il propageait ses pouvoirs psychiques dans l'ensemble de la roche.

L'astéroïde se mit à trembler. Il décollait du sol dans lequel il s'était fiché en s'écrasant à Voilaroc. Contrôlé par l'extraterrestre, il ne tarda pas à prendre de l'altitude. Duncan, Zaiyad, Ashton, Raphaël, Vanille, Willy et Boulard s'éloignaient vers ce qui s'annonçait comme la plus grande aventure de toute leur existence. Eux, des ratés devenus criminels sur Terre, s'envolaient en héros pour l'espace.

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