La dernière croyante

Chapitre 1 : La dernière croyante

Chapitre final

1759 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 11/07/2017 12:34

Dans une région lointaine à la nôtre, une jeune femme était sur une place publique. Elle était attachée, vêtue de haillons, et extrêmement faible.

Ce que l’on sait d’elle ? C’est la plus grande traitresse de cette lointaine région, et elle n’a pas de nom. Suite aux insultes et aux coups, elle a jugée qu’avoir un nom n’était plus nécessaire.

Sur cette place publique, elle se faisait punir. En d’autres termes plus clairs, elle était fouettée. Ce n’était pas la première fois, elle ne sentait plus rien dans son dos.

Au début, ses geôliers étaient « gentils ». Une petite quinzaine de coups de fouet, pour la raisonner. Mais elle persistait, alors eux aussi.

Aujourd’hui, elle devait en subir quarante.

Elle soupira à chaque coups, et grinçait les dents pour ne pas crier. Elle ne leur laisserait pas ce plaisir.

Mais pourquoi une punition aussi cruelle ? Que peut bien avoir fait cette jeune femme pour mériter ça ?

Eh bien, elle croit en le seul dieu qui veillait sur ces terres, Arcéus.

On la détacha de ses liens, et on l’amena auprès de celui qui l’enfermait depuis maintenant si longtemps. Le maire de la ville, elle pense. Mais elle s’en fiche pas mal.

-Alors, jeune insolente ! Nous écouteras-tu enfin ?

Comme réponse, elle releva la tête. Ses yeux étaient vides.

-Alors ? Une réponse ? Insista l’homme

-Gloire au grand Arcéus ! Lâcha-t-elle

Elle cracha à ses pieds. Elle ne le respecterait jamais. Son seul dieu, c’était Arcéus.

-Mais enfin, idiote ! Repris l’homme. Tu sais très bien qu’Arcéus n’est qu’un faux-dieu !

-Et toi, t’es un faux-homme ! Répliqua-t-elle

-Comment oses-tu !!!! Ramenez-la aux cachots !

-Arcéus n’est pas un faux-dieu… Il ne le sera jamais…

-Je suis le seul dieu ici,  jeune insolente !

Les gardes la trainèrent dans la boue, puis sur le sol, pour l’emmener jusqu’à sa seule maison. Sa cellule.

On la jeta dedans, mais elle se redressa vite. Elle regarda ses voisins de cellules. Ils le fuyaient. Et elle savait pourquoi. Elle croyait en lui.

Elle n’était peut-être pas riche, mais elle savait lire, en particulier les vieilles légendes.

Dans cette cellule sombre, elle ferma les yeux, et s’évada dans une de ces légendes. Celle du dieu Arcéus.

Autrefois, un dieu nommé Arcéus, une créature formidable, bâti ces terres. Il les nomma : « Les Terres d’Or »

Il y créa la vie. Des forêts verdoyantes, des lacs étincelants, un paradis sur terre.

Il créa alors des êtres dotés de conscience, les Pokémon. Les Pokémon vivaient paisiblement sur ces Terres d’Or

Cependant, le dieu Arcéus décida aussi de créé les êtres humains.

Au début, tout se passait bien. Les Pokémon et les humains cohabitaient dans ce monde merveilleux, que les humains appelaient « Le paradis d’Arcéus »

Cependant, les êtres humains avaient de mauvaises intentions envers les Pokémon. Il les capturerait, puis les esclavageait. Sans vergogne, et sans remords.

Les pauvres Pokémon ne pouvaient rien faire. Aussi puissants soit-il, ils étaient tout simplement incapable de tuer qui que ce soit, ni même de faire du mal. Et les humains en profitaient.

Arcéus, dégouté de cette action, décida de sauver les Pokémon, en les emmenant dans une terre lointaine. Un nouvel havre de paix pour eux.

Arcéus partit des Terres d’Or, et y laissa la peur, la souffrance, la guerre, et la mort causées par les humains.

Les Terres d’Or disparurent, laissant place à la désolation.

La désolation du dieu Arcéus.

Elle respira fort. Elle aimait se rappeler de cette légende. Elle savait très bien que la désolation d’Arcéus était cette région. Région nommée Yithemba. Mais cela n’avait plus aucune importance, désormais.

Les Pokémon… Elle rêvait d’en rencontrer un. Ou au moins, d’en voir un. Mais ils étaient partis pour toujours.

Quelque part, c’était mieux pour eux. Yithemba n’était pas une belle région. C’était un cimetière géant.

Elle regarda dehors, comme pour confirmer cette idée. Lors de son enfance, en regardant par la fenêtre, elle espérait voir le soleil, voir la lune, mais non.

Dehors, il n’y avait que le désespoir, la haine, et la mort.

Elle pouvait presque entendre d’ici les cris de ceux qui ont péris avant elle. De ceux qui croyait en Arcéus.

Aujourd’hui, c’était un crime. Le seul dieu, en Yithemba, c’était le maître de la région. Ou en tout cas, celui qui payait le plus cher les gardes de la ville. Il n’y avait qu’une seule ville, en Yithemba.

Pourquoi un tel changement de religion ? C’est simplement parce que les hommes en voulaient à Arcéus. Ils lui en voulaient de leur avoir enlevés les Pokémon.

De leur avoir enlevé l’amour dans leur cœur. Maintenant, ce n’était que la haine.

Arcéus avait bien fait de partir.

Elle se souvient de son enfance. L’herbe était encore verte. Les oiseaux chantaient encore. Mais hélas, la ville grandissait, et sa pauvre maison fut vite submergée.

Elle se souvient encore du cri de ses parents en voyant un jour des gardes de la ville venir ici, en volant argents et biens. En volant tout ce qu’ils avaient.

Ils n’avaient jamais de remords. Jamais de regrets. Ils n’avaient pas d’âme.

Elle se souvient des derniers mots que ses parents on prononcés, avant de mourir des lances des gardes venus ce jour-là.

-Gloire… Au grand… Arcéus…

Sa famille était la seule croyant en Arcéus. Enfin… Maintenant, elle était seule.

Elle soupira, et s’assit sur son tas de paille, qui lui servait de lit. Elle chercha un peu dans la paille, et trouva son petit bout de craie. Elle sourit, et fit une marque sur le mur de cette geôle.

Elle recompta toute les marques qu’elle avait faites sur ce mur. Cela faisait maintenant dix ans, six mois et trois jours qu’elle était là.

Mais, elle ne perdait pas espoir. Elle savait qu’un jour, le dieu Arcéus arriverait pour la sauver.

C’était son seul espoir.

Elle ferma les yeux, et s’endormit paisiblement, en pensant à son unique dieu.

Le jour suivant fut identique au premier. Et encore, et encore, et encore. Toujours les mêmes journées, ou elle se battait pour la moindre fierté.

Leur seule différence, c’était le nombre de coups de fouets. Ils augmentaient. Toujours plus… Toujours plus mal… Enfin… Non.

Elle s’amusait à les compter. Son dos ne lui faisait plus rien, à présent. Tous les coups avaient eu raison de sa tête. Elle était devenue presque folle. La douleur lui faisait du bien.

Ils l’avaient emmenée sur cet échafaud. Sur cette place. Elle la connaissait par cœur, désormais.

Elle regarda les gens qui y étaient agroupés. Il n’y avait pas de jeunes enfants. Rien que des adultes. Pas d’hommes âgées non plus, d’ailleurs.

Elle les regarde fixement, avant de crier :

-BANDE DE B****** !!!!! REGARDEZ OU JE SUIS A CAUSE DE VOUS !!!!!

Ils tremblèrent. Ils ont peur de sa folie. Elle trouvait ça délicieusement jouissif.  

-HAHAHA !!!! JE N’EN AI PLUS RIEN A F***** !!! ALLEZ TOUS CREVER !!!! TOUS AUTANT QUE VOUS ÊTES !!!

-Cela suffit ! Cria une voix derrière elle.

Une voix qu’elle ne connaissait que trop bien. La voix du faux-dieu. Elle tourna la tête aussi bien qu’elle pouvait, puis elle cria de nouveau :

-ET TOI, T’ES QUOI ? UN HOMME ? UN DIEU ? PLUS RIEN N’A DE SENS, MAINTENANT !!!! TU N’ES QUE LE MAIRE DE L’ENFER SUR TERRE !!!!!

-COMMENCEZ LA PUNITION !!!!!!

Après que l’homme cria, elle s’apprêta à compter. C’est tout ce qui lui restait à faire.

Un, deux, trois.

Elle se sentait bien. Elle savait qu’elle allait mourir. Elle le savait depuis le jour où les gardes l’avaient enlevée à sa famille. Famille qui venait de mourir.

Dix, onze, douze.

Elle ne se souvenait même plus de nom de ses parents. Et si elle avait des sœurs ? Des frères ? Des oncles, des tantes ? Elle ne s’en souvient plus.

Vingt, vingt-et-un, vingt-deux.

Elle souriait. Elle sentait son corps, son âme partir. Elle n’en a plus pour très longtemps. Elle rejoindrait ses parents.

Trente, trente-et-un, trente-deux.

Elle pleura doucement. Douce douleur… Viens la libérer de ses tourments. Douce mort… Viens la libérer des hommes.

Quarante, quarante-et-un, quarante-deux.

Elle pleurait désormais à chaude larmes, mais c’était des larmes de joies. Elle serait bientôt libre. Bientôt, elle mourrait, là, dans ce pays ou tout le monde crève sans raison.

Elle n’aura pas à voir le visage de qui que ce soit. Ces voisins de cellules seront enfin heureux. Et elle aussi, elle sera heureuse.

Cinquante.

La punition a pris fin. Elle rit, à présent. La douleur la rend folle. Elle se sent bien. Elle veut mourir.

On la détache de l’échafaud, et on la laisse là. Eux aussi, ils ont remarqués qu’elle allait bientôt y passer.

Elle sentait ses propres respirations s’alourdirent. Elle sentait son corps presque partir en poussière.

Elle allait mourir ! Enfin ! Plus de dix ans passé dans ce pays de m**** avec des gens de m**** ! Elle pouvait enfin être libre !

Cependant, elle n’était plus folle. Sa folie à diminuée. Elle sait qu’elle va mourir.

Il ne pleuvait pas ce jour-là. Elle était heureuse, c’est tout. Elle sourit, et regarda le soleil. Le dieu Arcéus allait l’accueillir. Elle le savait.

Et, dans un dernier éclat de lucidité, dans un dernier souffle, elle dit ses tout derniers mots.

Les mots de la dernière croyante.

-Gloire… au grand… Arcéus.

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