Comme une espionne dans une morgue

Chapitre 3 : Ce à quoi ressemble l'enfer

1425 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 20/06/2018 10:38

           Une semaine après avoir commencé son nouveau travail en tant qu’experte en criminologie, Kim fut appelée en pleine nuit. Par réflexe, elle saisit son pistolet avant son téléphone portable.

 

-Butler, fit-elle en reconnaissant le numéro de la morgue.

-Incendie criminel à l'angle de la 10ème et de Lexington. Nigel a été prévenu, venez ensemble.

-Ok.

 

           Elle s'habilla pendant que des bruits se faisaient entendre sur la porte.

 

-J'arrive, lança t-elle en s'assurant que son pistolet était bien dans sa veste.

 

           Elle ne sortait jamais sans. Une mesure de sécurité.

           Elle ouvrit la porte, reconnut avec un mélange de lassitude et de soulagement son collègue et verrouilla son appartement.

 

-Il faut qu'on aille chercher le matériel à la morgue. Ca te va comme moyen de transport la moto ?

-… Oui. Je vais chercher mon casque.

 

           Nigel paraissait surpris mais elle n'y prêta pas attention.

           Ils enfourchèrent la moto et partirent pour la morgue. Nigel prit le nécessaire d'identification et ils se rendirent sur les lieux de l'incendie.

           Kim comprit pourquoi Macy avait parlé de criminel, un étage avait clairement été visé. Cela lui fit penser à l'époque où elle-même incendiait des bâtiments pour le compte de l'empereur. Ils montèrent à l'étage concerné. Tout avait cramé.

           La criminelle de Boston était là.

 

-Woody Hoyt.

-Kim Butler.

-Butler, comme l'inspectrice de New York ?

-La même.

-Qu'est-ce qui vous a poussé à la morgue ?

-Le besoin de calme. Ca a l'air assez mauvais ici…

 

           Une dizaine de corps à vue de nez. Ils s'étaient tous précipités vers l'ascenseur.

 

-Il est en panne.

-Ca ressemble à un pot de départ définitif…

-On a ce qui a servi à allumer le brasier ?

-Là.

-Hum… L'incendie aurait dû se répandre plus vite. L'étage d'en-dessous aurait dû bruler, celui du dessus aussi.

-Ce qui veut dire ?

-Que celui qui a fait ça ciblait cet étage-là. Il ne voulait pas qu'il y ait d'autres victimes. C'est d'une précision criminelle. On va identifier ces personnes, savoir qui elles étaient nous aidera à identifier le profil du pyromane.

 

           De retour à la morgue, Kim eut la désagréable impression d'être surveillée et qu'on murmurait sur elle.

           Soudain, on frappa à la porte de son laboratoire. C'était Nigel. Il entra.

 

-Tu t'en sors ?

-Oui…

-Un café ?

-… Avec plaisir.

 

           Elle sortit dans le couloir.

 

-Tu étais dans la criminelle à New York…

-Oui, j'ai été simple flic et au bout de quelques mois on m'a promue inspectrice…

-Une grosse affaire ?

-Non. Ils fonctionnent au résultat. J'ai contribué à beaucoup d'arrestations.

-Pourquoi tu es partie ?

-Ca ne me plaisait plus. Merci pour le café.

-Tu peux aller voir Macy dès que tu penses savoir ce qu'il s'est passé.

-OK.

 

           Elle alla voir le directeur de la morgue dix minutes plus tard.

 

-J'ai fait des tests sur les résidus de boisson, la moquette et le peu de chair de disponible. L'incendie s'est déclaré depuis la table qu'on a retrouvée cassée. Les personnes ont été empoisonnées avant d'être brûlées vives.

-Qu'est-ce qui t'a mis sur la voie ?

-Le produit inflammable. Il est connu pour se répandre rapidement mais seulement le dixième étage a été touché par l'incendie. Donc le feu venait du centre de la pièce. Il a suffi d'une étincelle pour faire bruler tout un étage.

-Bien joué, Kim. Tu vois, Nigel, on peut donner des explications sans y passer une heure. Tu peux rentrer chez toi, Kim.

-Merci.

 

           Elle descendit prendre le bus mais Nigel la rattrapa.

 

-Je te ramène, si tu veux.

 

           Quand elle fut sur le palier, elle remarqua que la porte de son appartement était ouverte.

 

-Un problème ?

-J'étais sûre d'avoir fermé… Reste ici quelques minutes.

 

           Kim entra chez elle. Rien n'avait été bougé ou changé de place.

 

-C'est bon, fit-elle à l'adresse de Nigel. Juste un oubli.

-Ok.

 

           Elle n'y croyait pas. Elle n'avait pas oublié de fermer. Quelqu'un s'était introduit chez elle. Sachant cela, elle ne pouvait pas fermer l'œil. Il fallait qu'elle sécurise son lieu de vie.

           Si quelqu'un découvrait qu'elle avait été espionne et qu'elle avait tué, détruit, menti… Même le président ne voudrait plus assurer sa défense.

           Pour son matériel informatique, elle le protégea d'un puissant programme qui délivrerait un virus mortel à quiconque essaierait de la pirater. Pour la porte d'entrée et les fenêtres, elle trouva un système qui lui parut un peu faible mais rien de plus fiable n'existait.

 

           Le lendemain matin, elle retourna à la morgue. La police était là.

 

-Je peux vous parler, Kim ?

-Oui. Un problème ?

-Je voulais vous dire que je trouve vos connaissances en matière de criminologie impressionnantes.

-Merci.

-J'espère que votre casier judiciaire est vierge.

-Il le fallait pour entrer dans la police.

-Bonne journée.

-A vous aussi.

 

           Elle enleva sa veste et la posa sur le dossier de sa chaise de bureau. Un léger bruit métallique se fit entendre.

           Derrière elle, Nigel se retourna.

 

-Ca a l'air lourd ce que tu transportes dans ta veste. Oh mon… c'est un flingue.

-Ne t'affole pas, dit-elle en s'assurant que personne ne les regardait. C'est normal, j'ai été flic, tu te souviens ?

-Oui, mais t'en as pas besoin dans une morgue.

-Tu serais surpris…

-C'est une histoire que j'aimerais beaucoup entendre.

-Ce n'est pas le lieu.

 

           Ils allèrent dans le bar du père de Jordan ce soir-là. C'était le lieu de rencontre par excellence des anciens flics et de ceux qui y étaient actuellement, Mr Cavanaugh ayant exercé quelques années auparavant.

           Nigel et Kim commandèrent une bière et s'installèrent à une table.

           Kim commença à boire en espérant ne rien révéler de sa vie d'avant mais le regard de son collègue lui fit perdre tout espoir.

 

-Alors ?

-J'ai été espionne avant d'être flic et avant d'arriver à New York. Je sais que tu as été espion aussi dans la marine royale. Sauf que quand on est espion pour le compte de l'empereur, on nous apprend à manier les armes. Ne le répète à personne, même à Bug.

-Tu n'as pas à t'inquiéter, personne ne répètera ton secret.

 

           Le lendemain matin, Jordane s'installa entre leurs deux bureaux.

 

-Eh bien, toute la soirée à bavarder hier. Ca ressemblait à un rencard.

-On faisait juste connaissance, dit Nigel.

-C'est vrai que vous avez besoin de plus de temps ensemble, conclut-elle avec un air malicieux.


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