Une nouvelle vie pour Sarah

Chapitre 8 : Hank

2282 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 03/05/2017 20:23

        Hank, en plus d’être beau, était plutôt grand et avait un corps sublime. Il était aussi charmeur et avait toujours le sourire, malgré le fait qu’il vivait dans la rue. Il avait eu une enfance heureuse en compagnie de ses parents, en dépit des problèmes d’argent qu’ils rencontraient. Ils avaient toujours veillé à ce qu’il ne manque de rien. Son père était marin pêcheur, et avait perdu la vie en mer. C’était donc sa mère qui l’avait élevé, jusqu’au jour où elle succomba à une grave maladie, le laissant orphelin à l’âge de 11 ans.

        L’unique oncle de Hank, le frère de sa mère, n’avait jamais voulu le prendre en charge, donc il dut passer toute son adolescence dans un orphelinat. Ce fut à 18 ans qu’il décida de quitter l’établissement, pour travailler, mais il ne trouva aucun emploi stable, ce qui ne lui avait jamais permitde se loger.

        Lorsque le groupe lui proposa  l’argent, il n’avait pas hésité à accepter car la somme proposée lui permettrait de payer un loyer pendant quelques temps, dans le quartier pauvre de la ville certes, mais au moins il aurait un toit et c’était ce qu’il désirait par-dessus tout. Dormir dans la rue était vraiment un calvaire. Il ne dormait toujours que d’un œil, de peur qu’on ne lui vole le peu d’argent qu’il réussissait à obtenir. Il n’avait pas de quoi se couvrir pour se réchauffer l’hiver, mais il ne perdait pas espoir et relativisait toujours. D’ailleurs, aujourd’hui il se disait que sa chance avait tournée.

        Hank était ravi d’avoir de nouveaux vêtements. Il était habillé d’une chemise blanche, propre et repassée cette fois, sous un veston en coton de couleur foncé assorti à son pantalon, et il portait de belles chaussures de ville. Il entra dans le pub confiant, et se dirigea vers le bar pour demander les services de la fameuse Charlotte.

        On l’installa à une table, lui servit une pinte de bière et Charlotte vint enfin à sa rencontre et s’assit à côté de lui.

« Alors beau brun, commença-t-elle d’une voix suave, tu as envie de quoi ? »

        Il fut surpris de voir la beauté de cette dernière. C’était une jeune fille aux longs cheveux blonds avec de beaux yeux bleus. Malgré sa tenue osée et son visage un peu trop maquillé, son regard laissait apparaître une certaine fragilité qui ne le laissait pas indifférent.

Charlotte quant à elle trouvait qu’il n’avait rien à voir avec tout les pervers habituels qui lui louaient ses services. Tout d’abord, il était jeune et son regard était différent, doux et inoffensif. Elle le trouvait très beau mais elle reprit ses esprits et pensa avant tout à son travail.

« Bonsoir, moi c’est Hank », dit-il avec un sourire béat.

        Elle le regarda, incrédule, et se mit soudain à rire. Il la trouva encore plus belle.

« C’est la première fois qu’on me dit une chose pareille!

—      Et bien au moins je me démarque de tes clients habituels », dit-il avec son sourire charmeur.

        Elle fut alors conquise par son répondant mais elle ne se laissa pas attendrir et s’assit sur ses genoux en prenant une pose très suggestive. Son corset à lacets faisait ressortir sa poitrine plutôt généreuse, il descendait jusqu’à ces hanches voluptueuses et laissait apparaître légèrement sa culotte. Ce contact le fit légèrement frémir.

« Alors dis-moi qu’est ce qu’il te ferait plaisir ? poursuivit-elle en passant ses bras autour de son cou.

—      Et à toi, qu’est-ce qui te ferait plaisir ? 

—      Comment ça ? Il ne s’agit pas de moi, dit-elle gênée, c’est toi le client, donc c’est à toi de me dire ce que tu veux…

—      Oui c’est vrai, en fait je ne suis pas habitué à faire ce genre de choses, répondit-il afin de ne pas la mettre mal à l’aise, mais pourquoi ne pouvons-nous pas discuter avant de s’abandonner dans les bras l’un de l’autre ?

—      Vraiment ? Et bien si tu veux, après tout mon travail est de satisfaire mes clients. »

        Elle regarda son patron au bar qui lui faisait signe d’aller dans une des chambres en montrant son poignet pour lui indiquer qu’elle n’avait pas que cela à faire. De peur des représailles, elle lui proposa de s’isoler. Elle se leva, le prit par la main et le somma de la suivre. Posté derrière elle, il ne put s’empêcher de la contempler.

        Le haut de ses cuisses était nu, et ses jambes menues étaient couvertes par des bas de chasse en nylon très fin. Perchée sur ses talons hauts, elle paraissait grande et élancée, alors qu’elle était plutôt petite de taille. 

        Une fois dans une des chambres et la porte refermée, elle commença à enlever ses vêtements mais Hank l’arrêta et l’invita à s’assoir sur le lit.

« Qu’est-ce que tu fais ? dit-elle, étonnée.

—      Je te l’ai dit. Je veux discuter, répondit-il avec un sourire avenant.

—      Tu étais vraiment sérieux ? Tu es conscient que tu paies mes services et que chaque minute compte ?

—      Bien sûr, dit-il fièrement.

—      Très bien, rétorqua-t-elle agacée, et tu veux parler de quoi ?

—      Et bien, de toi par exemple.

—      De moi ? Il n’y a vraiment rien de spécial à dire, répondit-elle d’un air renfrogné.

—      Alors je vais commencer par te poser une question. Qu’est-ce qu’une jeune fille mignonne comme toi fait dans un tel endroit ? »

        Elle resta bouche bée et se mit à rougir devant ce qualificatif qui selon elle, ne lui correspondait pas du tout. Pourquoi lui posait-il cette question ? Qu’est-ce que cela pouvait lui faire ? Elle n’aimait pas raconter sa vie mais le regard du jeune homme se faisait tellement rassurant qu’elle se lança.

« Et bien, voilà…, commença-t-elle en cherchant ses mots. Mon père n’a toujours vécu que pour son travail. Il m’a confiée à une école pour jeunes filles dès l’âge de 4 ans, car ma mère étant décédée, il n’avait pas le temps de s’occuper de moi.

—      Je vois et j’en suis désolé, dit-il touché, ma mère aussi est décédée ainsi que mon père.

—      Désolée… », répondit-elle à son tour, interloquée.

 

 Cette révélation la poussa à continuer son histoire.

 

« J’ai quitté le pensionnat pour jeune fille en suppliant mon père, lui faisant comprendre que je ne serais pas une gêne dans son travail et que j’étais capable de me débrouiller toute seule. Mais j’avais tort.  En plus de l’absence de ma mère, je me suis rendue compte que j’avais besoin de la présence de mon père… Et il n’a jamais su me procurer ce besoin, privilégiant sans cesse son travail. J’ai donc décidé de partir, car c’était trop dur pour moi de vivre sous le même toit que lui.

—      Et le seul travail que tu aies trouvé, c’est celui-là, conclut-il.

—      Je suis nourrie et logée en échange de mon corps, puis je touche pas mal d’argent, donc je trouve que c’est un bon compromis.

—      Oui je comprends. Moi je vis dans la rue car je n’ai pas d’emploi stable qui me permette de me loger. Je crois que si j’avais été une fille, j’aurais opté pour la même solution. Dormir dans la rue c’est vraiment un calvaire », dit-il, pensif. 

        Il repensa soudain au groupe qui lui fournirait l’argent nécessaire, mais le plan ne lui convenait pas finalement. Il éprouvait une grande sympathie pour cette jeune fille qu’il trouvait attachante et il aurait la sensation de la trahir, comme s’il lui avait tendu un piège, et il ne voulait pas qu’elle ait cette image de lui.

« Je dois t’avouer quelque chose, dit-il hésitant.

—      Vas-y, répondit-elle méfiante.

—      Voilà. En fait si je suis ici, c’est parce que quelqu’un me la demandé.

—      Pardon ? », rétorqua-t-elle scandalisée en se levant du lit, prête à s’enfuir. 

        Il la retint par la main.

« Ecoute-moi jusqu’au bout s’il te plaît ! »

        Ses yeux implorants la firent se radoucir et elle se rassit. Elle lisait dans ses beaux yeux d’un bleu intense qu’il était sincère et qu’il n’avait pas de mauvaises intentions.

« Voilà. Une personne m’a demandé de venir te trouver ici, et de faire en sorte de t’isoler pour qu’elle puisse te parler.

—      Sarah, je suppose…, dit-elle tristement.

—      Oui. Elle a l’air de tenir à toi. Elle m’a même proposé une grosse somme d’argent juste pour pouvoir te parler.

—      Tu parles. Une grosse somme d’argent pour toi mais dérisoire pour elle, quel acte généreux ! répondit-elle ironique.

—      Qu’est ce qu’il s’est passé entre elle et toi ?

—      Sarah était aussi au pensionnat pour jeunes filles. Elle était belle, douce et attentionnée. Elle était toujours positive et transmettait sa bonne humeur autour d’elle. Je la considérais comme ma deuxième maman. C’était mon modèle. Elle était toujours là pour m’aider quand on m’embêtait et me consolait lorsque j’étais triste.  Mais un jour, elle est repartie en Inde, son pays natal et elle m’a laissée. Elle avait promis de revenir mais elle n’est jamais revenue. C’est pour ça que je lui en veux.

—      C’est compréhensible, mais elle est là aujourd’hui… Tu devrais peut-être la laisser te parler. Ou écouter au moins ce qu’elle a à te dire.

—      Je ne sais pas… Elle m’a fait tellement mal…, dit-elle d’une voix pleine de larmes, je lui en veux tellement !

—      Tout le monde fait des erreurs, et si elle est là aujourd’hui, c’est qu’elle veut réparer la sienne. Tout le monde a droit à une deuxième chance, répondit-il en posant sa main sur la sienne.

—      Tu as raison, j’accepte de lui parler », répondit-elle en la lui serrant. 

        D’habitude, il était difficile de faire changer Charlotte d’avis tellement elle était têtue, mais les paroles de Hank l’avaient réconfortée. Elle ressentit de la bienveillance de sa part, un sentiment qu’elle n’avait pas éprouvé depuis longtemps et cela lui faisait un bien fou. Elle venait de le rencontrer, et pourtant elle éprouvait déjà une certaine tendresse à son égard.

« Tu es prête ? Ils sont à l’extérieur, aux fenêtres.

—      Oui », dit-elle en respirant un grand coup.

        Hank alla donc ouvrir la fenêtre, et interpela le groupe qui commençait à s’impatienter. La fenêtre n’était pas très haute, Sarah pouvait donc facilement s’y glisser avec l’aide de Ram Dass. Hank quant à lui, s’éclipsa à l’extérieur pour laisser Sarah et Lottie seules.


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