Janice et Ambrosia

Chapitre 3 : Amour parental

Catégorie: G

Dernière mise à jour 10/11/2016 01:37

Le lendemain, la jeune rousse se frotta les yeux. Elle avait été réveillé, mais elle ignorait par quoi exactement. Peut-être par les aboiements du berger allemand du voisin ? Ou bien par les innombrables voitures qui ne cessaient de klaxonner ? A moins que ce ne soit par la sirène d' un véhicule d'urgence qui venait de passer, et qui, dans ce cas, n'avait pas dû ne réveiller qu'elle seulement, mais les voisins, peut-être même le quartier. Et la ville aussi...

Elle regarda  son réveil rouge carmin posé sur une petite table de nuit en bois. Les deux petites aiguilles noires indiquaient 9h45.

"Janice, ma belle, tu as assez dormi, je crois.", songea t-elle avec amertume.

La diva ne croyait, bien sûr, pas un mot de ce qu'elle venait de penser, ce qui ne l'empêcha de se lever de son lit et de descendre préparer son petit-déjeuner.

Elle sortit de sa chambre, et en ferma la porte derrière elle avant de descendre un escalier en bois qui menait à l'entrée. Puis, elle bifurqua à droite, et poussa la première porte qu'elle trouva à sa gauche.

La pièce était baignée de la chaude lumière du jour filtrée par la fenêtre. Cependant, le sol en carrelage losangé noir et blanc de cette pièce-qui était la cuisine- semblait toujours aussi froid. Le doux rayon de l'astre éclairait une délicate table en verre, sur laquelle se trouvaient une assiète, quelques miettes de pains et des taches de sauce. Ca et là, divers ustensiles de cuisines, propres ou sales, trainaient tantôt sur un four, tantôt dans un évier, et de la poussière fit légèrement éternuer la jeune rousse.

Accrochés aux murs, des placards blancs aux portes entrebaillées laissaient aperçevoir une ou deux piles d'assiettes, tandisn qu'au sol, des meubles en bois aux tiroirs ouverts laissaient voir des couverts dérangées.

Jamais la cuisine n'avait été autant dérangée. La propriétaire de la maison n'était pas une personne en désordre. Pourtant, inexplicablement, aujourd'hui, un petit coup de ménage ici ne se serait pas avéré de trop. Malgré cela, Janice se concentra sur son petit-déjeuner, en décidant que le ménage pourrait attendre. 

Elle savourait ce repas de la matinée qu'elle venait de préparer, lorsqu'elle faillit s'étouffer en avalant son café de travers quand une voix cria :

-Journal !

Elle se donna quelques tapes contre la poitrine, et respira profondément afin de faire passer cette brève quinte de toux, due à l'arrivée d'un facteur imprudent. Mais ce qui l'inquiétait le plus, c'était ce qu'elle allait trouver d'écrit dans ce journal. Lentement, comme prise de peur, elle s'approcha de la masse de papier blanc complétée par ces petites taches noires habituelles, et qu'elle voyait tous les jours, mais qui n'avait pas l'air plus intimidante de d'ordinaire.Une grosse boule lui noua la gorge, et ses craintes furent confirmées lorsqu'en premier plan du fameux journal, qu'elle venait de prendre avec de légers tremblements, on pouvait lire :

Le London Times

A la Une !

Oswald Whistler responsable ?

Il semblerait que le compositeur de génie Oswald Whistler, qui avait disparu depuis quatre jours avec la célèbre cantatrice Janice Quatlane, ainsi qu'avec les passagers du Crown Petone  soit à l'origine de ces enlèvements de jeunes filles qui étaient de plus en plus fréquents. Emmené en prison par l'inspecteur Grosky, le pianiste devrait être jugé au plus tôt dans les prochaines semaines. Il risquerait jusqu'a cinq ans d'emprisonnement. Mr Whistler n'a pas souhaité s'exprimer pour le moment. Tous les passagers restants du théâtre, ainsi que la cantatrice Janice Quatlane ont regagné Londres hier soir. Le professeur Layton aurait résolu avec une facilité déconcertante ce mystère.

Notre enquête en page 2, 3 et 4.

 

Elle soupira. Certaines fois, elle appréciait les médias et la presse. Et d'autres fois, comme ce jour-là, elle les haïssait. Une colère noire et sombre, comme un orage lançant des éclairs. Avec ce gros titre on ne peut plus visible, elle était loin d'être tranquille, alors que c'était juste tout ce qu'elle demandait.

Elle se dépêcha de déguster son café jusqu'à la dernière goutte, de peur de sérieusement s'étouffer ; à peine eut-elle posé la tasse que trois petits-coup se firent entendre : on frappait à la porte.

"Ho, non, pas déjà...Je ne suis même pas habillée. Vraiment, là, ils exagèrent."

C'était sans doute un de ces journaliste du London Times en quête d'un scoop ou de quelque chose du genre, et il était hors de question que Janice réponde. Elle n'était pas habillée, et n'en avait pas l'envie ; aussi, elle resta assise sur sa chaise, tout en fixant sa tasse, comme si celle-ci pouvait faire quoi que ce soit.

Les coups redoublèrent alors et une voix qui lui était bien familière  s'exclama :

-Janice, ma chérie, enfin, laisse nous entrer, s'il-te-plaît !

"Maman ? Mais enfin, qu'est-ce que...Et pourquoi ? ..."

Troublée, elle se leva alors de la chaise, et se dirigea doucement vers la porte d'entrée, les coups martelant la porte, qu'elle entrouvrit très légèrement, avant de jeter un regard à l'extérieur pour être sûre et certaine que la dame derrière la porte n'était autre que celle qui l'avait mise au monde et élevée depuis sa naissance. 

Celle-ci avait les larmes aux yeux, et tenait un mouchoir humide dans la main ; ce qui mit sa fille mal à l'aise. Cette dernière s'aperçut alors, en regardant à droite et à gauche, que sa mère n'était pas venue seule : son père, son frère, et ses soeurs...Tout le monde attendait impatiemment de revoir Janice.

-Maman...

Impossible d'articuler un mot de plus. Elle se jeta dans les bras de sa mère, soulagée de la voir après cette folle aventure. Bien sûr, celle-ci ne savait pas que, depuis l'année dernière, ce n'était pas sa fille qu'elle voyait, mais la meilleure amie de cette dernière. Et aujourd'hui, mère et fille se retrouvaient enfin, depuis un an sans s'être vues...

La jeune cantatrice serra très fort chacun des membres de sa famille. Elle était heureuse, très heureuse. A ce moment précis, le London Times aurait pu écrire tous les articles qu'ils voulaient, cela lui était bien égal. Elle était près des siens, maintenant...Elle les invita à entrer chez elle, en se proposant de leur préparer...un café ? 

Tandis que chacun prenait une chaise, et s'installait à la table de la salle du séjour, elle prépara finalement plusieurs tasses d'un bon thé fumant. Tout en contemplant les volutes de fumées qui s'évaporaient dans l'aire, elle ne put s'empêcher de penser au professeur...Était-il à Greesenheller, cette université ou elle avait suivit ses études ? Sans doute, à moins que...Non, aucune importance.

Elle prit le plateau sur lequel étaient disposées les tasses de thé, et se dirigea vers la salle à manger.

Dans cette pièce, de grandes baies vitrées laissaient apercevoir une partie d'un jardin fleuri et plein de couleurs et de vie, ainsi qu'un passage vers la forêt. Dans un coin était une cheminée qui, au vu des cendres, avait servie la veille. Dans un autre coin, un téléviseur était installé ; manifestement, il devait bien servir. Il y avait aussi quelques meubles, dont une table en bois de chêne laquée trônant, ainsi que des chaises.   

-Maman, papa...Je suis contente de tous vous voir, s'exclama la jeune femme rousse, pleine d'enthousiasme, en posant le plateau sur la table et ens'asseyant à son tour.

-Ma chérie, j'étais morte d'inquiétude, si tu avais su ! Tout le monde était inquiet, déclara Casilda, sa mère.

-Oui, c'est vrai, acquiesça son père, Ewald, en tapant nerveusement ses ongles contre la table.

Un silence pesant s'installa. Casilda ramena une mèche de ses cheveux roux qui lui arrivaient à l'épaule derrière son oreille. Elle avait des yeux verts clairs, un teint assez pâle, et souriait faiblement. Elle était vêtue s'un long jean bleu et d'un chemisier vert, le tout assorti à quelques accessoires pour une belle touche finale.

Ewald, lui, ne montrait aucune expression. Ses yeux bleus foncés balayaient la pièce, et il avait arrêté de taper ses ongles contre la table pour tirer, anxieux, sur les manches de son pull. De temps en temps, il riait doucement, se remémorant sans doute un souvenir.

Aimée, la soeur jumelle de Janice, avait les bras croisés sur la table, et faisait semblant d'écouter, quoique très distraitement, un bruit inaudible qu'elle cherchait déséspérément par la fenêtre. Elle était la réplique parfaite de sa soeur ; on pouvait d'ailleurs très facilement les confondre, si on ne les connaissait pas.

Maelys et Pacôme, les deux derniers, quand à eux, se regardaient en faisant des messes basses. Les yeux habituellement bruns pétillants de ce dernier était cachés par les cheveux de sa soeur, toujours détachés. Ils étaient très complice : on ignorait ce qu'ils pouvaient se dire.

Casilda prit délicatement une tasse fumante de liquide, qu'elle commença doucement à avaler. Ewald se décida également à en prendre une.

-Alors, ma chérie, cette aventure ? C'était comment ? Tu as eu peur ? questionna Cassilda. J'aurai été tellement effrayée, moi ! C'est triste pour ce pianiste.

-Oui, je me demande où est Oswald Whistler, justement. Je crois qu'il n'a pas encore été jugé...répondit la concernée, mélancolique. Heureusement que le professeur Layton était là...

C'est vrai. Si elle avait eu une chance incroyable, c'était bien d'avoir rencontré le célèbre archéologue Hershel Layton. Même si à ses débuts à l'Université, tout lui avait parut gigantesque, ce célèbre gentleman au haut-de-forme l'avait toujours aidée et conseillée. Bien sûr, cela n'avait pas été de tout repos d'être son assistante, mais aujourd'hui, celle-ci était heureuse.

-Tu as sans doute été très comblée de le revoir, et je l'aurai été aussi, à ta place. Mais il faut garder les pieds sur terre. J'ai peur qu'Ambrosia ne soit trop exploité. Une découverte comme celle là...fit son père, soudain inquiet.

C'est ce que Janice avait craint et craignait toujours. Des milliers d'archéologues se précipiteraient sur le site pour de multiples recherches, et risquerait sans doute d'âbimer ce royaume. Ambrosia devait rester comme il était. Mais qu'y faire ? Impossible de tenter quelque chose, ou de faire quoi que ce soit, même si elle le désirait de tout son être...

Pour se changer les idées, la diva prit une tasse et commenca à boire une gorgée de thé. Elle reposa le récipient sur la table, et tourna son regard  vers la fenêtre. Quelques paillons et insectes virevoltaient, et un doux cent soufflait.

-Au fait, j'ai lu dans un livre qu'Ambrosia...commença Cassilda, interrompant sa fille dans ses pensées.

Celle-ci n'eut pas le temps d'entendre la fin de la phrase, car le téléphone sonnant à ce moment là. l'en empêcha. Ewald s'empressa de décrocher le gros téléphone beige posé sur un meble dans un coin ; sans doute attendait-il un coup de fil de quelqu'un. Mais qui donc pouvait bien savoir le numéro du téléphone de la jeune rousse ?

-Allo ? Ah, oui, monsieur le maire. Tout de suite ? C'est que je...bien, j'arrive dès que je peux. Oui, d'accord. A tout à l'heure, fit-il en racrochant. 

Il se dirigea vers son manteau qu'il enfila promptement tout en en sortant les clés de la voiture ; la mine sombre, il se tourna vers sa femme et ses enfants. Il n'avait pas besoin de parler, tout le monde savait qu'il s'agissait d'un rendez-vous important.

-Cassilda, il faut qu'on y aille, ma chérie. Le maire vient de me convoquer d'urgence, c'est très important ; un problème économique majeur, d'après ce que j'ai compris. Au revoir, mon coeur, fit-il en embrassant sa fille. 

Ewald été un brillant homme d'affaires et voyagait assez souvent. Il été convoqué au plus hauts sommets mondiaux de la politique, de l'économie ou d'autres sujets de société qui prêtaient à faire débat. Chacun s'y était habitué depuis longtemps, maintenant.

Casilda  se leva lentement, et inquiète et triste, serra sa fille fort contre elle, avant de reculer et de lui sourire. Chacun bisa Janice, qui tint à les accompagner jusqu'à la porte, nostalgique. Elle leur fit un signe de main, avant de les voir tous s'engouffrer dans la voiture et disparaître dans la multitude de circulation. Elle était de nouveau seule, et décida de terminer son thé, avant d'aller laver les tasses et de ranger la cuisine.

Il était 10h20 lorsqu'elle entreprit de sortir prendre l'air, histoire de se dégourdir un peu les jambes.

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