Au commencement de la fin

Chapitre 2 : Chapitre 1: Incendie

Catégorie: T

Dernière mise à jour 01/07/2013 08:28

Je marchais dans l'un rue d'un pas tranquille, savourant les derniers rayons de soleil de la journée. Je ne m'apercevais même pas que la petite rue que je traversais, habituellement déserte à cette heure-ci, était pleine de monde, ni que ces personnes se dirigeaient à vive allure dans la même direction. Ce fut un homme, qui me bouscula en passant, qui me ramena à la réalité. J'eus à peine le temps d'apercevoir son haut-de-forme étrange qu'il avait déjà disparu. Ce fut à ce moment que la sentis. Cette odeur. Une odeur de brûlé, comme celle que dégageaient les cheminées. Mais beaucoup, beaucoup plus forte. Pris d'une soudaine inquiétude, j'accélérai, avant de me mettre à courir lorsque je vis la colonne de fumée qui s'élevait dans le ciel. J'atteignis ma rue, totalement méconnaissable. Des dizaines de personnes se trouvaient là, hurlant ou pleurant, tendant le cou pour tenter de voir leurs proches dans la foule. J'étais bousculé en tous sens par des gens paniqués, et leurs cris résonnaient à mes oreilles. Mon coeur qui battait trop vite m'empêchait de comprendre leurs paroles. Je ne saisissais que quelques bribes d'informations. "Les pauvres gens..." "Un accident horrible..." "Il parait que c'est une expérience du laboratoire qui a mal tourné..." Je sentis mon sang se glacer dans mes veines. Le laboratoire en question se trouvait non loin de chez moi. Si mes parents étaient restés là-dedans...

- Clive!

Je fus pris de soulagement en entendant ce cri, qui provenait de derrière moi. Je me retournai, un sourire aux lèvres. Qui se fana aussitôt. C'était une voisine, une vieille dame très gentille.

- Madame... Madame, vous avez vu mes parents?

Elle posa sur moi un regard triste, et tendit une main dans ma direction.

- Ils ne doivent pas être très loin. Viens, je vais t'aider à les chercher...

Le sourire rassurant qu'elle se força à faire n'aurait pu tromper personne. Je secouai la tête, et fis un pas en arrière. Son regard devint alors plus grave, et elle s'approcha encore de moi. Je fis alors demi-tour, et me mis à courir en direction de mon immeuble. La chaleur se fit plus forte, et la fumée plus dense, au fur et à mesure que j'approchais du lieu du drame. Je m'arrêtai à quelques mètres de chez moi. Je pouvais distinctement voir les flammes consumer entièrement les murs, et jaillir des fenêtres. Les pompiers présents semblaient débordés, et avaient l'air de ne pouvoir stopper le feu. J'étais essoufflé. La fumée me piquait les yeux, mes jambes tremblaient, et j'avais peur. "Pitié, faites qu'il ne soit pas trop tard...", murmurai-je. Je jetai un rapide coup d'oeil en direction de l'immeuble. La foule était beaucoup plus éparse ici, sans doute à cause de la chaleur, et du bruit causé par les sirènes, qui étaient beaucoup plus forts ici. Je pris une profonde inspiration, et commençai à foncer tête baissée. Mes parents se trouvaient là-bas, je devais les retrouver.

Je sentis soudain des bras m'entourer, et me tirer en arrière. Je me débattis, hurlai, tentant de me dégager de cette emprise. Je me tournai vers la personne qui me tenait. Je reconnus immédiatement son chapeau. C'était l'homme que j'avais vu dans la rue, qui était venu ici en courant. Lui aussi avait l'air paniqué, et triste. Il devait également chercher quelqu'un.

- Il faut que je retourne chercher mon papa et ma maman!

J'insistais. Si lui aussi cherchait une personne, il aurait dû comprendre. Il me regarda d'un oeil triste et résigné. Il avait donc abandonné tout espoir?

- Reprends-toi, mon garçon!

Et il m'assena une gifle. Interloqué, je cessai de me débattre, le regardant sans comprendre. Il poursuivit, sa tristesse perceptible dans sa voix.

- Il n'y a rien que tu puisse faire. Si tu y retournes, tu n'en reviendras pas!

Je compris alors. Cet homme ne plaisantait pas. L'incendie était terrible, même vu de l'extérieur. Ceux qui se trouvaient encore dans les bâtiments en flammes n'avaient aucune chance. La vérité se frayait doucement un chemin dans mon esprit. Mes parents étaient morts. Je ne les reverrai plus jamais.

- Non...

Je revis ma mère ce matin-là, lorsque je lui avais dit au revoir. Est-ce que je l'avais seulement embrassée, à ce moment-là? Lui avais-je dit que je l'aimais, que je tenais énormément à elle? Et à mon père? Non. Et je n'aurais plus l'occasion de le faire, désormais.

- Non!

J'éclatai alors en sanglots, me jetant dans les bras de l'homme, souhaitant échapper à la vision de ces flammes, qui continuaient de dévorer mon foyer, ma famille... Et toute mon ancienne vie.

La roue avait tourné.

 

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