L'Arche du Péché

Chapitre 2 : Diviser pour mieux se protéger

11245 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/12/2020 18:50

Diviser pour mieux se protéger


Trois jours s’étaient écoulés depuis l’excursion de Zane dans la chambre de Lokar, cinq depuis sa mission dans les arbres, comme il l’appelait pour dénigrer tout autre évènement digne d’intérêt. Si trouver la clé de la prison des Imperiaz seul, prouvant ainsi sa force aux membres de son équipe, l’avait largement rassuré inconsciemment, le répit se révéla de courte durée. Passé l’euphorie de la découverte – et un repos bien mérité –, les sensations de malaise avaient reprises.

D’abord, ç’avait été l’impression que les choses ne s’étaient pas passé comme elles auraient dues. Ou plutôt que les façons de faire ne correspondaient pas. Zane avait beau se morigéner intérieurement, que c’était un exploit plus que digne de figurer à son tableau, rien n’y faisait. Puis, il avait commencé à se remémorer les détails de son excursion. Si la prise de risque ne le choquait pas outre mesure(au contraire, un véritable guerrier devait savoir risquer sa vie), ses dents se mettaient à grincer dès qu’il se remémorait ses agissements dans la chambre de Lokar. Cette façon de découvrir le coffre s’éloignait drastiquement de ses habitudes, de ses façons de faire. Ça, c’était plutôt le style de Maître Baoddaï, ou de Maya même, pas le sien ! Il avait depuis longtemps tourné la page « monastère » de sa vie, n’en souhaitant plus que vengeance ; alors pourquoi avoir employé ses techniques comme si cela lui était naturel là-bas ? Il ne faisait pas partie de ces pantins pleins de bons sentiments, à crier haut et fort que le bien gagnait toujours !

Sa prudence vis-à-vis du coffre de Lokar ne subissait pas le même traitement de son esprit. Il trouvait que c’était, au contraire, un réflexe plutôt bienvenu. Non, ce qui le dérangeait, c’était qu’il ne l’avait conservé que sur la base d’une supposition plus que stupide. Refusant d’admettre qu’elle l’inquiétait plus qu’il ne tentait de s’en convaincre.

Enfin, sa blessure l’agaçait par-dessus tout ! Elle était peu à peu moins douloureuse, mais restait terriblement incapacitante pour certains mouvements. Sans compter qu’une sollicitation excessive continuait de la tirailler désagréablement, le forçant à s’arrêter s’il ne voulait pas avoir l’impression que sa poitrine se déchirait. Une fois, avait-il poussé trop loin, le lendemain de son excursion : impatient de s’entraîner, il avait voulu se transformer en Bruticon. Bien mal lui en avait pris. Il ne se sentait pas de revivre une expérience aussi dérangeante. Ce fût la première fois qu’il eut une telle impression de dislocation en se transformant, et il ne voulait pas recommencer. Il avait aussi enfin pu voir à quoi ressemblait sa blessure, celle-ci étant laissée à l’air libre depuis la veille pour favoriser la guérison. Comme il le craignait, il s’agissait d’une lézarde brûlée, s’étalant le long de son sternum. À peine poussait-il un peu trop, et elle se fendait sur toute sa longueur, un filet de sang s’en échappant. Par chance, la plaie était propre, et Zane trichait souvent sur sa position pour pouvoir faire ce qu’il voulait quand il voulait. Zair protestait qu’à vouloir courir avant de marcher, il finirait par se prendre les pieds dans le tapis, comme d’habitude. Et chaque fois la jeune E-Teens levait les yeux au ciel, incapable de le faire se tenir tranquille, se contentant de le surveiller de loin en loin.

Mais il n’avait pas le temps d’attendre un complet rétablissement – qui de toute façon prendrait probablement plusieurs semaines. Les Imperiaz approchaient du but, trahis par les protections autrefois érigées par Lokar à proximité. Encore quelques heures, et il pourrait mettre son plan à exécution. Zair et Tekris savaient ce qu’ils devaient dire, lui ce qu’il allait faire. Le tout était parfaitement rôdé, les Imperiaz n’auraient d’autre choix que de reconnaître sa suprématie, et obéir.

Cependant, debout devant la fenêtre, un bras plié sur son ventre, Zane ne se sentait pas tranquille. L’exaltation qu’il aurait dû ressentir à ce moment précis, l’impatience qui devrait normalement monter pour envahir son être se faisait plus que désirer.

Grognant de frustration, l’adolescent, certain que ses coéquipiers ne viendraient pas le déranger – il avait largement fait comprendre qu’il ne supporterait pas ce genre d’insubordination, sauf cas exceptionnel –, son bras se décala sur le côté. D’un geste, il traça un cercle dans l’air, au niveau de son flanc. Un contour correspondant à son tracé apparu, devenant ensuite opaque puis miroitant comme une surface réfléchissante. Forcé de fermer les yeux, son manque de pratique lui faisant terriblement défaut, Zane murmura « les Imperiaz ». Plusieurs secondes s’écoulèrent, puis la surface se brouilla, s’éclaircissant pour révéler les trois E-Teens, passant rapidement de montagne en montagne, à la recherche de la prison de leurs parents. Un petit tour apprit durant son enfance, et qu’il avait jalousement gardé pour lui – à l’exception de Zair : trop heureux de sa découverte, il s’était empressé de venir la trouver pour la lui montrer. Il se souvenait de l’air ébahi de la petite fille qu’elle était alors, et de ses petites mains battant l’une contre l’autre sous ses rires aigus.

Zane chassa le souvenir de son esprit pour se concentrer sur l’image. Bon, ils n’avaient pas vraiment avancé depuis la dernière fois, il avait encore un peu de temps avant de se mettre en piste. Il se rendrait sur place lorsque les Imperiaz ne seraient plus qu’à deux ou trois montagnes de la prison. Encore quelques heures à ce rythme.

Soupirant, le voyeur fit un vague geste de la min, comme pour chasser une mouche. Le cercle disparut, ne laissant qu’une mince volute d’énergie qui disparut dans la seconde. Mieux valait qu’il s’économise, lui et son kaïru intérieur. Normalement il ne devrait pas y avoir de bataille, mais dans le doute, mieux valait prendre ses précautions, conclut-il, fermant les yeux pour se reposer. Il resta immobile presque une minute, avant de grogner et de changer de position. Il tint encore un peu, avant de quitter le montant de la fenêtre. S’étant entraîné le matin même, il ne pouvait pas y retourner tout de suite au risque de ne pouvoir se rendre dans les montagnes, mais l’immobilité lui pesait. Depuis longtemps déjà, il détestait ne rien avoir à faire, ou même ne rien faire. Quand il se bougeait, il n’avait pas à réfléchir outre mesure. Alors qu’en restant calme comme maintenant, il se retrouvait seul avec lui-même et ses pensées. Un véritable cauchemar.

Jetant un coup d’œil à l’extérieur, il vit Zair s’entraîner aux arts martiaux, moins sensible au froid que ses coéquipiers. Déplaçant son regard, il vit également Tekris observant avec attention le sommet abîmé de la forteresse, sûrement en train de prévoir les travaux à entreprendre en priorité. Impossible de les rejoindre sans raison valable donc. Quoique, s’il prétendait vouloir vérifier qu’ils se tenaient prêt ? Non, il leur avait fait le coup une demi-heure auparavant. Il était trop fébrile pour lire également, et les jeux de société en solitaire ne servaient à rien par définition, sans compter qu’il n’y en avait même pas. Établir un autre plan pour la suite ? Il tenta d’y réfléchir calmement, avant de laisser tomber, incapable de se concentrer. Oh, il aurait bien le temps d’y penser plus tard, repris par cet étrange pressentiment qui lui oppressait de nouveau la poitrine. Ses actes étaient justifiés après tout, un maître du mal avait forcément une armée, sinon un quota minimum de personnes à son service. En tant que successeur de Lokar, il était logique que tous ses anciens disciples se rangent sous sa bannière, point !

Ne sachant quoi faire d’autre, il traça un nouveau cercle, un peu plus rapidement. Cette fois, celui-ci se contentait d’un contour rougeâtre instable. Passant sa main au travers, Zane en ressortit le coffret de Lokar. Encore un tour, qui avait mis plus de temps à rester stable – la première fois, l’adolescent avait faillit y perdre sa main. L’ouvrant, il saisit un papier plié en quatre. Sur la feuille était tracé à la main une carte représentant une région montagneuse. Une croix, inscrite au milieu d’un escarpement rocheux, indiquait la prison. Zane vérifia de nouveau qu’il avait bien mémorisé l’emplacement – une manière de se rassurer sur le futur bon déroulement des opérations –, puis rangea le tout, glissant de nouveau l’artefact à travers le cercle, qu’il fit disparaître. Il se déplaça avec précaution, à l’affût du signal lui annonçant que sa blessure se rappellerait bientôt à son bon souvenir. Il se dirigea vers la chaise, installée près de la fenêtre, sur laquelle avaient été déposé ses vêtements et le matériel de soins. S’occupant d’abord de sa blessure, il saisit les compresses stériles après avoir désinfecté la plaie, maintenant le tout en place à l’aide d’une bande. Bien moins joli que lorsque c’était Zair qui s’en occupait, mais il ne prêtait que peu d’attention à ce détail. Enfin, il remis son T-shirt, puis sa cape. L’épaisseur de celle-ci protégeait sa brûlure des à-coups que pouvait donner la clé, passée autour de son cou, comme il en avait prit l’habitude (excepté quand il dormait, où il la glissait sous son oreiller).

Fin prêt, il sortit de la pièce, rejoignant Tekris sur la plateforme métallique. Après l’avoir vu tant de temps avec un chapeau sur le crâne, il avait encore un peu de mal avec sa nouvelle coupe. Peu regardant sur l’esthétique, le changement en lui-même lui importait peu, mais avec ses cheveux courts, la grande taille de Tekris était plus flagrante encore.

Le voyant apprêté, le E-Teens demanda :

– Alors ça y est, on y va ?

Hochant la tête, Zane cria pour appeler Zair afin qu’elle vienne les rejoindre. Relevant la tête, celle-ci comprit à son tour. Se dirigeant rapidement vers la tour, elle ne mit que quelques secondes pour monter l’escalier verglacé et se retrouver près des garçons.

– Il est temps que les Imperiaz se mettent à notre service, déclara Zane, dissimulant son malaise persistant. Dans peu de temps, ils trouveront la prison de leurs parents, et nous serons là !

– Oui, confirma Zair. Et nous leur dirons que tu as pris les commandes. Avec papa et maman entre tes mains, ils n’oseront pas s’opposer à nous très longtemps.

– Cet amour dégoulinant est franchement incompréhensible, conclut Zane avec une grimace de dégoût.

Haussant les épaules, Tekris ne répondit rien, visiblement mal à l’aise, laissant le soin à sa coéquipière de se charger des recommandations d’usage.

– N’oublie pas : tu es encore loin d’être guéri. Ne te transforme pas, s’il y a besoin de se battre, Tekris et moi nous nous en chargerons. Contente-toi d’attaquer en restant sous cette forme.

– Continue de me donner des ordres, j’adore ça, grinça Zane, s’accoudant négligemment au mur. Je ne montrerai pas le moindre signe de faiblesse devant ces gâtés-pourris, habitués à avoir une horde de domestique à leur service. Bien, vous êtes prêts ?

– Plus que prêts !

– Je dirais même, impatients de commencer, renchérit Zair, qui n’aimait guère les Imperiaz.

Un sourire mauvais aux lèvres, Zane décolla, suivi de près par ses acolytes. La journée risquait d’être très intéressante, en dépit de ses pressentiments.


µµµ


Les Radikors eurent à peine le temps d’atterrir devant la grotte, s’installant sur des cristaux faisant office de promontoire. La voix aiguë de Diara résonna, sans que cela ne provoque une réaction de leurs parents emprisonnés à quelques mètres de là. Ces derniers n’avaient pas même aperçu l’équipe trop absorbés à se disputer pour une vague histoire de couchette). Zair leva les yeux au ciel, dépitée. Cette crécerelle semblait se répercuter dans l’habitacle, produisant à ses oreilles un son plus qu’insupportable. Cependant, Zane lui fit signe d’attendre avant qu’elle ne puisse protester.

Les Imperiaz entrèrent enfin dans leur champ de vision, aucun des trois ne songeant à lever les yeux. Zair observa Zane, attendant un signe positif de sa part pour intervenir. Elle fronça les sourcils, se rendant compte qu’il ne semblait pas vraiment là. Fixant les Imperiaz, il n’avait pas l’air de les voir, plutôt de réfléchir à tout autre chose, et elle n’aima pas ça. Se tournant vers Tekris, elle vit qu’il semblait tout aussi perplexe du comportement de Zane. Le colosse ouvrit la bouche, puis se ravisa. Préférant lancer un regard interrogateur à Zair, celle-ci haussa les épaules, croisant les bras sur son torse. Ne la voyant pas plus s’inquiéter, il fixa de nouveau les Imperiaz, attendant le signal.

– Ça m’avait manqué d’être la fille à papa ! s’exclama Diara, ravie.

Cette remarque ramena Zane au présent. Il hocha la tête à l’attention de ses coéquipiers.

– Les Imperiaz, quelle joie de vous revoir, lança l’adolescent, une fois certain que tout le monde se tenait à sa place.

Surpris, les intéressés sursautèrent avant de se tourner vers eux.

– Qu’est-ce que vous faites là ? Et qu’est-ce que c’est que ce nouveau style ? C’est vraiment affreux ! déclara Diara de sa voix aiguë, comme si rien d’autre n’avait d’importance.

Si Zane se moquait totalement des remarques sur sa garde-robe, ce n’était pas le cas de Tekris, particulièrement appréciateur de sa nouvelle coupe de cheveux. Le visage fermé, il rétorqua immédiatement :

– Nous sommes là pour vous dire que Zane est le nouveau chef…

Dans l’idée de Tekris, il voulait annoncer que désormais, c’était pour lui qu’ils allaient collecter le kaïru désormais, appuyé par Zair. Cependant, avant même que Diara ne fasse sa remarque sur leur style, Zane éprouva de nouveau la sensation que le tableau sonnait affreusement faux. Son premier plan était évidemment génial et sans failles, mais si habituellement il ne pensait jamais à autre chose qu’aux idées qu’il venait d’élaborer (comme le jour où il avait reçu l’attaque de l’imposteur, rien n’avait pu le dévier de son plan), ce satané mauvais pressentiment le faisait réfléchir à d’autres alternatives, au cas où.

Autre chose lui était venu à l’esprit en entendant les Imperiaz discuter. Quoiqu’il en soit, ceux-ci aimaient leurs parents plus que tout. Lokar avait emprisonné ces derniers pour les forcer à travailler pour lui, mais lui n’était pas Lokar. Il pouvait tenter une manière plus insidieuse de s’assurer de leur obéissance, mais sans être certain que cela marche. Pouvait-il vraiment risquer un échec ?

Rester au plan initial et être exactement l’ombre de Lokar tout en s’assurant la réussite, ou utiliser mes propres méthodes en était un autre chef bien distinct, mais risquant bien plus ?

Il voulait absolument les Imperiaz, mais il ne voulait pas que l’histoire le retienne comme sous-fifre, ou pire, un paria si Lokar revenait. Il était son successeur, pas un usurpateur raté !

Ne croyant pas vraiment lui-même à ce qu’il faisait, il interrompit brutalement Tekris :

– C’est pourquoi nous venons vous proposer un marché.

– Ah bon ? s’exclama Tekris, confus.

– Pardon ? renchérit Zair, les yeux ronds.

L’entièreté de son visage criait qu’elle était certaine de ne pas aimer la suite.

– Et qu’est-ce qui vous fait croire que nous allons accepter de vous écouter ? demanda Diara, peu convaincue par leur soudaine apparition.

Sortant un peu plus de l’ombre, Zane brandit la fameuse clé, un large sourire étalé sur le visage – ce qui était loin d’être le cas pour ses équipiers, quelque peu perdus par son soudain revirement. Tekris l’interrogeait carrément du regard, alors que Zair tentait de conserver un semblant de contenance, afin de faire croire que tout était prévu depuis le début.

Heureusement, les Imperiaz étaient concentrés sur Zane.

– Travaillons ensemble pour récolter le kaïru et gagner en puissance, écrasons une bonne fois pour toutes les Stax et leur monastère, et en échange de vos bons et loyaux services, je libère vos parents.

– Vous travaillerez bien sûr sous la bannière de Zane, reprit Zair avec un regard équivoque vers l’intéressé, mais le kaïru sera partagé en fonction des résultats de chacun, jusqu’à ce que nous soyons en mesure de vaincre les Stax et leur maître, n’est-ce pas ?

– Eh bien, à quelques détails près, mais c’est l’idée générale.

– Ah ! Ça suffit ! intervint Koz. Nous allons libérer nos parents, et vous allez nous laisser partir!

– Voyons Koz, je te propose de les libérer en échange d’un marché équitable. Il vous suffit d’accepter ma proposition, et ils pourront partir quand vous aurez donné votre accord. Et une garantie que vous tiendrez parole. À vous de choisir celle-ci…

– Hors de question d’accepter quoi que ce soit venant de vous ! Nous déciderons après l’issue de cette bataille ! Si nous gagnons, vous libérez nos parents, et si vous gagnez, nous réfléchirons à votre proposition ! Défi kaïru !

Toisant l’adolescente à la blanche chevelure, Zane cessa de sourire, remettant la clé autour de son cou.

– Tu as raté une occasion de te taire, Teeny. Mais soit, votre attitude mérite que l’on vous remette un peu en place. Défi accepté !

– Pour ça, je veux bien me salir les mains, siffla Diara en se baissant légèrement, poings joints.

Les Radikors s’inclinèrent à leur tour, Zair faisant clairement comprendre qu’elle n’était pas d’accord à la fois avec le changement de plan, ensuite avec ce qu’elle considérait comme un caprice des Imperiaz. Zane devinait sans peine les pensées traversant son esprit. Il devait bien admettre que refuser son nouveau plan prouvait que les Imperiaz étaient encore plus stupide qu’ils n’en avaient l’air. Tout comme sa coéquipière songeait sûrement qu’une telle proposition était trop facile à contourner ! Et s’ils s’étaient enfuis en laissant derrière eux leur soi-disant garantie ? Devenait-il fou ? Avait-il été atteint plus sérieusement que prévu par leur dernière mission ?

Zane frissonna, fixant le visage de l’insupportable princesse blonde.

Les Imperiaz ne perdirent pas de temps. À peine eurent-ils terminé le signe du défi qu’ils invoquèrent leur monstres, faisant preuve d’une rare rapidité venant d’eux.

– Nightasp ! commença Diara, suivie par Koz.

– Ocelot !

– Warnett ! termina Teeny pour les Imperiaz.

Zane fronça les sourcils en les regardant faire. Peut-être aurait-il du s’en tenir au plan initial en fin de compte. Les Imperiaz se prenaient pour plus qu’ils n’étaient !

Enfin, ce n’était pas le moment de douter, mais de se battre et leur montrer qui était aux commandes maintenant !

– Bruticon !

– Cyonis ! suivit Zair, trouvant qu’au moins quelque chose en valait la peine.

– Silverbaxx ! acheva Tekris, annonçant le début du combat.

Ne laissant pas le temps de réfléchir aux Radikors, Diara lança une « frappe tourbillonnante » qui happa le pied de Zair, avant de tirer d’un coup sec pour mettre l’adolescente à terre. Heurtant durement le sol, celle-ci s’immobilisa, sonnée. Ne la voyant plus bouger, Tekris se dit que si même Zair n’avait pu éviter l’attaque, l’attaque avait été vraiment rapide.

– Pas mal Diara ! Mais que dirais-tu d’une onde de choc ?

Incapable de l’éviter, Diara fut projetée sur plusieurs mètres, sous les yeux effarés de son père. Zane crut même l’entendre vaguement protester, mais au fond, peu importait.

– C’est peut-être la pire des princesses, mais personne ne traite ma sœur de cette manière ! Six piqûres !

Tekris ne réussit pas à se pousser à temps ; atteint de plein fouet, le colosse se retrouva plaqué contre le sol de cristal, aussi immobilisé que Zair.

– Bien joué ! se réjouit Koz. Maintenant, il ne reste plus qu’à terminer le combat ! Morsure de la fatalité !

Que tu crois, pauvre idiot ! Tu n’as pas idée de ma puissance désormais, que vous ne me rameniez du kaïru ou non ! Tu aurais tellement mieux fait d’essayer de me mettre, moi, à terre !

Se mettent à briller d’une lueur mauve, le X-Reader de Lokar l’emplit de sa force. Il ne se lasserait jamais de cette sensation, la brusque montée de pouvoir se déchargeant dans ses veines, bien mieux qu’une vulgaire montée d’adrénaline !

– Le seul qui va terminer le combat ici, c’est moi ! clama-t-il. Vortex de Lokar !

L’apparition de l’attaque sous la forme de Lokar lui arracha tout de même un vague dégoût, mais il l’oublia bien vite, lorsque l’attaque de Koz se retrouva engloutie totalement. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, le vortex entoura le jeune prince, l’entourant d’une tornade ténébreuse, l’envoyant au tapis.

– Vous avez compris ? Essayer de m’attaquer n’est rien d’autre qu’une idée suicidaire ! Maintenant, allez-vous-en, et ne revenez qu’une fois que vous aurez correctement réfléchi ! Et je vous conseille d’accepter ma proposition, que j’ai la générosité de maintenir ! Ou sinon, termina-t-il en brandissant la clé, laissant soin aux Imperiaz de deviner la fin de sa phrase.

Baissant les yeux, vaincus, ceux-ci repartirent la tête basse devant les Radikors, sans un mot, avant de sortir de la grotte. Attendant qu’ils soient hors de portée de vue et d’oreilles, Zair se retourna vers Zane, les bras croisés, bien décidée à avoir une explication :

– Si tu m’avais demandé, je t’aurais dit qu’ils refuseraient. On peut savoir ce qui t’es passé par la tête ? Je croyais que nous devions montrer aux Imperiaz qu’ils n’avaient pas d’autres choix que de te servir en te ramenant du kaïru.

– Oui, tu nous as même détaillé ce que nous devions faire, renchérit Tekris. Alors pourquoi ce changement sans même nous prévenir ? Ça ne te ressemble pas.

– Mais non. Vous avez l’impression que les Imperiaz ont le choix ? Mais s’ils veulent voir leur parents libres, ils devront m’obéir ! C’est une manière plus insidieuse de les contrôler.

– Mais sérieusement, coopérer avec eux ? Partager le kaïru ? insista Tekris.

– Il faut bien qu’ils aient un minimum de force si nous voulons vaincre les Stax une bonne fois pour toutes. Et puis, ils seront sûrement plus enclins à nous suivre s’ils ont quelques avantages.

Zair et Tekris s’échangèrent un regard dubitatif, que Zane ignora grossièrement. Son raisonnement se tenait, ce n’était pas qui lui posait problème. De nouveau, cette façon de faire ne lui correspondait pas. Cela c’était imposé à lui presque comme un plan mûrement réfléchi, or encore la veille, il s’enorgueillissait d’avoir bientôt plus de combattants sous ses ordres. Étrangement, il comprenait qu’avoir décidé de tout chambouler la dernière minute pouvait être perturbant. Lui-même ne savait pas trop quoi en penser. Surtout que réfléchir calmement était loin d’être son point fort, voir l’inverse. L’adolescent avait le sang chaud. Lorsque l’idée d’un combat futur ou d’une manière de devenir encore plus puissant germait dans son esprit, il réagissait à l’instinct, sans se soucier des détails. Alors établir une stratégie complète en quelques minutes…

– Je n’arrive pas à savoir si tu es diaboliquement génial ou notre dernière mission t’as grillé le cerveau… laissa échapper Zair, pensive.

– Pardon ?!

– Laisse tomber…

Tekris lui intima l’ordre de ne rien rajouter du regard, inquiet de provoquer une avalanche de remontrances bien senties. Zane la fixa une seconde, méfiant, avant de tourner les talons avec un jeu de cape, décidant de tirer cela au clair plus tard.

– Venez, nous n’avons plus rien à faire ici pour le moment.


µµµ


Planant au-dessus de la mer, le vaisseau des Stax, le X-Scaper, se dirigea rapidement vers les montagnes, sur les traces d’une nouvelle source kaïru détectée. Posant l’appareil à proximité de la source, sur une plateforme rocheuse suffisamment grande pour accueillir l’appareil, les Stax en descendirent, Ky en tête. Se fiant à son X-Rider, il vérifia rapidement être dans la direction, avant de se mettre en route, suivit par ses coéquipiers. Cette mission tombait bien, au moins, pendant qu’ils combattraient inévitablement les E-Teens, il pourrait se sortir la convocation de son père par le Redakaï de la tête et cesser quelques temps de s’inquiéter pour lui. Après tout, Maya avait peut-être raison, et les maîtres voulaient seulement le féliciter pour son retour, après quatre ans d’absence, et pour les précieuses informations qu’il leur avait livré. Personne, excepté lui, ne s’inquiétait dans l’équipe, alors mieux valait se concentrer sur la relique.

D’après son X-Reader, elle ne devait plus être très loin.

– La relique est toute proche les amis, les encouragea Ky

– Je ne sens pas la présence de kaïru obscur cette fois-ci, les informa Maya.

Baissant les yeux, elle aperçut une sublime bague sertie d’un énorme diamant déposée sur une pierre, devant l’entrée d’une étrange grotte. Les yeux brillants d’admiration, elle la ramassa, souriante :

– Waouh ! Je ne crois pas avoir déjà vu de relique coûtant aussi cher ! S’extasia-t-elle.

Peut-être pourrait-elle la garder après la mission, pour une fois que le kaïru se logeait dans un bijou.

– Ça, c’est ce que j’appelle une mission facile : pas de situations dangereuses, pas de batailles et pas de E-Teens. Bref, du gâteau !

– Ce n’est pas aussi facile, les Stax ! le détrompa la voix de Koz.

Se retournant vers leurs adversaires, l’équipe soupira, presque soulagée de constater qu’il ne s’agissait que des Imperiaz. Refusant de différer davantage la confrontation, Ky joignit les poings.

– Si vous voulez vous battre pour le kaïru, nous sommes prêts !

– Nous ne voulons pas nous battre, Ky. Nous sommes venus vous demander de l’aide.

Dire que le jeune homme en fut surpris n’était qu’un euphémisme. S’il se fiait à l’expression de ses amis, c’était la même chose pour eux.

– Nous avons chargé cette bague de kaïru afin de vous attirer ici, renchérit Diara, leur semblant faire comprendre qu’elle avait bien l’intention de la récupérer.

Maya baissa les yeux sur la « relique » : il était vrai que l’emplacement, bien en évidence, n’était pas habituel. Et puis, c’était exactement le genre d’excentricité que pouvait porter Diara.

– Non mais vous croyez vraiment que quelqu’un abandonnerait une bague royale sertie d’un diamant énorme ? continua celle-ci, secouant les bras d’agacement.

– Euh… et pourquoi avez-vous besoin de notre aide ? demanda Maya, dubitative.

– Nous avons finalement découvert où Lokar avait enfermé nos parents, mais avant d’avoir pu les libérer, les Radikors sont apparus, commença Teeny.

– Les Radikors ? Alors Zane est déjà sur pieds, s’étonna Boomer.

– En tout cas, il avait l’air en pleine forme dans la grotte, ironisa Teeny. Suffisamment pour faire son numéro.

– Disons que notre dernière mission contre les Radikors nous a fait croire qu’on ne le reverrait pas avant un bon moment, soupira Ky.

– Eh bien il était là, avec ses deux équipiers. Nous n’avons rien pu faire. Zane nous a dit que c’était lui le chef maintenant, et il nous a proposé une sorte de collaboration pour récolter le kaïru, en échange de la libération de nos parents ! expliqua Koz, dépité.

– Venant de Zane, ça ressemble presque à un marché convenable. Pourquoi ne pas accepter et vous enfuir avec vos parents dès qu’il les aura libéré ? demanda Maya.

– Rien ne nous dit qu’il va tenir parole, alors que nous, nous devons lui fournir une preuve de la nôtre. Et puis, il nous retrouverait et nous le ferait payer très cher. Nous ne voulons pas revenir au même point qu’avec Lokar ! Nous sommes certains qu’il y a un piège, continua Koz.

– Il nous a battu grâce à l’X-Reader de Lokar, mais il est hors de question de s’associer avec cette face de lézard, pour quoi que ce soit ! Je ne le prendrait même pas pour domestique.

– Vous vous êtes quand même battus ? s’interrogea Ky.

– Euh, oui, nous voulions libérer nos parents, et nous avons besoin de la clé autour du cou de Zane, acheva Koz, penaud.

Faisant signe à ses deux amis de le suivre, Ky se mit un peu à l’écart, écoutant leurs avis sur la situation. Leurs visages fermés ne prévoyaient rien de convaincant pour les Imperiaz, et effectivement, tout juste le dos tourné, Boomer fit part de sa méfiance à ses coéquipiers :

– Laisse tomber, chaque fois qu’on a voulu les aider, ça s’est retourné contre nous !

– On ne peut pas faire confiance aux E-Teens, c’est une règle de base, l’appuya Maya, tout aussi peu encline à aider les Imperiaz.

Les trahisons figuraient tout en haut de son classement des pires crimes possibles.

– Oui mais, s’ils disaient la vérité ?

– Qu’est-ce que ça change ? À chaque fois qu’on les a aidés ils ont fini par nous trahir ! martela Boomer, incrédule que Ky puisse penser à les aider malgré tout.

– C’est vrai, mais il faut les comprendre. Moi aussi je voudrais retrouver mes parents à leur place, opposa le brun, se rappelant les longues journées à se demander si son père était toujours en vie.

– S’ils libèrent leurs parents, ils n’auront plus aucunes raisons de rester nos ennemis, admis Maya, qui trouvait qu’en dépit de sa méfiance, ce pouvait être un bon compromis.

Les voyant toujours hésiter, Koz décida d’intervenir pour les convaincre. D’accord, ils avaient de bonnes raisons de se méfier, mais ils étaient venus à eux en toute bonne foi, ne proposant même pas de défi kaïru pour les obliger à les aider. Et il était hors de question de laisser passer leur chance !

– Allez, s’il-vous-plaît ! Vous savez bien qu’on ne pourra jamais vaincre les Radikors sans votre aide !

– Vous êtes notre seul espoir, asséna Teeny pour achever de les convaincre.

Se tournant vers Boomer, le seul des Stax à s’opposer encore, Ky et Maya attendirent de voir s’ils changeait d’avis, ou campait sur ses positions. Il hésita, avant de lâcher un gros soupir :

– D’accord, mais vous pourrez pas dire que je ne vous avait pas prévenu !

Heureux à la perspective de retrouver leurs parents (ou leur confort), les Imperiaz crièrent de joie, Diara se laissant même aller à une danse… étrange, laissant les Stax aussi bien que sa fratrie perplexes.

Décidément, cette journée promettait des surprises…


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De retour à la forteresse, Zane avait déclaré avoir besoin de réfléchir à la suite des évènements, autant pour éviter les remarques de ses équipiers que pour essayer de remettre de l’ordre dans ses idées. Maintenant que le plan avait changé, qu’allait-il faire ? Les Imperiaz reviendraient forcément, aussi continuait-il à surveiller les variations d’énergie détectées par les capteurs de Lokar. Mais s’ils refusaient encore son marché, il n’avait plus vraiment d’alternative, à part revenir à la menace pure et dure. Or, il perdrait toute crédibilité, puisque les Imperiaz penseraient qu’il n’aurait de toute façon pas tenu parole, et ils ne pourraient pas éprouver de culpabilité, alors que ce sentiment était souvent le ciment de beaucoup de choses. Les laisser repartir, avec leurs parents toujours enfermés, ne lui serait d’aucune utilité, voir même un poids plus qu’autre chose. L’amour qu’éprouvait l’équipe royale pour leur géniteurs serait-il assez fort ? De ce que Zane avait pu constater sur Terre, c’était en général le cas, mais avait-il fait le bon choix en jouant sur les sentiments ?

Mieux valait espérer que oui, car en plus des Imperiaz, Zair et Tekris pourraient se mettre à douter de lui. Déjà que son intervention dans la grotte les laissait indécis – et sûrement méfiants –, ce n’était pas le moment d’en rajouter.

Mais le pire était que lui-même doutait. Devenait-il fou ? Ou avait-il eu une idée de génie ?

Est-ce que je finirais comme eux ? Pourquoi ai-je cette sensation de pitié en pensant aux Imperiaz ? Ce n’est pas le moment de flancher ! Je suis enfin le chef, je devrais plus utiliser le formidable pouvoir de l’X-Reader de Lokar pour soumettre, au lieu de faire des compromis !

Un petit biper résonna, brisant le silence. Fronçant les sourcils, Zane observa l’écran de son propre X-Reader, synchronisé sur les capteurs, constatant que ces derniers avaient repéré du mouvement dans ses prisons. Visiblement, les Imperiaz avaient réfléchi plus vite qu’il ne le pensait. Ce qui l’étonnait franchement.

Mais peu importait au fond, il était temps de voir s’ils avaient compris qui était le maître désormais ! Et sinon, il y aurait un peu d’action, lui permettant de se défouler sur les insupportables enfants royaux.


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Sautant à terre, Koz, les sens en alerte, se retourna vers ses sœurs :

– Faites attention, c’est précisément ici que les Radikors sont apparus la dernière fois.

Hochant la tête pour signaler qu’elles avaient compris, les jeunes filles s’élancèrent à sa suite. Regardant les alentours, redevenus silencieux après la bataille, Teeny soupira de soulagement et de déception mêlés, ne remarquant pas le petit appareil coincé entre deux cristaux.

– Je ne vois personne. On dirait qu’ils sont partis.

– Ça ne m’étonne pas d’eux. Ils ont dû avoir peur de revenir se battre, fanfaronna Diara.

Un éclair jaillit brusquement du néant, frappant le sol derrière eux. La lumière et la fumée, soulevées par le choc, se dissipèrent, laissant place aux Radikors, la dernière phrase de la princesse flottant dans les airs.

– Tu veux nous redire ça en face, Diara ? cingla Tekris, d’un ton qui ne présageait rien de bon.

Effrayée, Diara recula jusqu’à la paroi de cristal en poussant de petits gémissements, suivie par Koz et Teeny, tout aussi peu rassurés qu’elle. S’avançant d’un pas vers eux, Zair mit les poings sur les hanches. Elle devait jouer son rôle coûte que coûte, en dépit des bizarreries de Zane, s’ils voulaient garder la main haute sur ces petits prétentieux nés avec une cuillère d’or dans la bouche.

– Je suis surprise que vous ayez le culot de revenir si vite ici après ce que vous avez fait. À moins que vous n’ayez déjà réfléchi et que vous apportez du kaïru pour Zane ?

Le regard attiré par un éclat métallique, ce dernier baissa les yeux vers Koz. Surpris, il aperçut un bracelet qu’il n’avait jamais remarqué jusque là au poignet du prince. Plissant le front, il sentit une colère sourde monter en lui quand il se rendit compte que l’objet en question ressemblait à s’y méprendre à un X-com des Stax. Et plus rageant encore, à celui de Ky.

– Dis-moi, où est-ce que t’as eu ça ? exigea-t-il, désignant le bracelet.

Avant même que Koz ne démente, son visage coupable une fraction de seconde apprit au chef des Radikors qu’il ne s’était pas trompé. Mais il voulait l’entendre de la bouche même du fautif, qu’il avoue sa trahison devant lui, admettant qu’il refusait nettement son offre !

– Ça ? Oh, c’est rien, je l’ai trouvé… tenta malgré tout Koz, mal à l’aise devant l’éclat meurtrier dans les prunelles de Zane.

Il n’eut pas même le temps de se reculer que l’adolescent se vit empoigné par l’écharpe, pouvant observer de très près la colère teintant de rouge les prunelle de son vis-à-vis. Celui-ci, trichant sur sa position, ne bougea presque pas la poitrine, tout en donnant l’impression de pouvoir le soulever du sol sans effort.

– Dois-je vous rappeler que je tiens la vie de vos parents entre vos mains ?! explosa l’adolescent, prêt à frapper le prince, la clé de la prison se balançant dans sa main.

Diara intervint avant qu’il n’ait pu laisser libre cours à sa colère, révélant que les Stax étaient venus les aider. Aussitôt, le rouge céda la place au noir, mais si rapidement qu’il aurait pu tout aussi bien ne jamais exister.

Par chance pour le jeune Imperiaz, après une visible incrédulité, Zane sembla revenir à de meilleures dispositions. Koz ne pouvait qu’espérer qu’il ne décide pas de s’en prendre à ses parents en guise de représailles. Peut-être que la situation pouvait être rattrapée s’ils arrivaient à déclencher le X-com, sans que Zane ne s’en aperçoive, et les Stax viendraient les aider et les sortir de là…

Comme s’il venait de lire dans ses pensées, Zane renchérit.

– Vous êtes allé chercher leur aide, hein ? Très bien, ricana l’adolescent, réfléchissant rapidement. Eh bien, ce n’est peut-être pas une mauvaise chose (il pouvait presque sentir la surprise de l’assemblée, s’attendant sûrement à le voir se déchaîner). À dire vrai, vous avez encore une petite chance de vous rattraper et de libérer vos parents. Soit vous trahissez les Stax et vous nous aidez à les capturer, et je le prendrai comme un gage de bonne foi qui me fera oublier votre insolence de ce matin, soit vous espérez qu’ils reviennent ici pour tenter de vous aider, en sachant qu’en attendant leur venue, je pourrais très bien me fâcher et faire payer à vos parents votre bêtise !

Afin d’illustrer ses propos, Zane s’avança jusqu’à la prison des parents des Imperiaz, clé en main. L’enfonçant d’un coup sec dans la serrure, il la tourna du côté droit. Des cristaux jaillirent de terre, emprisonnant les occupant dans une forêt de cristal pointue et indestructible. Seul le patriarche parvint à passer la main dans un orifice de la paroi, qui servait habituellement à faire passer les repas, le suppliant d’arrêter. Retirant la clé, Zane regarda de nouveau les Imperiaz dans l’attente de leur réponse. Médusés, Zair et Tekris le fixait, le dernier les yeux ronds, la première commençant à se sentir vaguement inquiète. Et Zane dut admettre en son fort intérieur qu’il jouissait profondément de ce nouveau tactisme diabolique ? Zair dusse-t-elle ne plus vraiment savoir quoi penser, en dépit de ses nouvelles techniques plus que probantes. Croyait-il vraiment que Diara avait une autre loyauté que pour elle-même ?

La princesse venant de s’avouer vaincue devant la détresse de ses parents, Zane ordonna à Koz de contacter les Stax et de trouver un moyen de les faire venir. Les Imperiaz n’auraient plus qu’à mettre le X-com au sol, les Radikors, ainsi que l’équipe princière, attendant que leur guet-apens se déclenche, dissimulés derrière les rochers.

Une nouvelle prison se formerait sous l’impulsion de Zane, et l’équipe fétiche de Baoddaï serait neutralisée.

Acculé, Koz soupira, allumant le X-com.


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Quelques minutes passèrent, avant que les voix des Stax ne résonnent près des combattants cachés, les premiers apostrophant les parents des Imperiaz, trop occupés à se disputer, au grand désespoir de Teeny qui espérait qu’ils pourraient avertir les Stax. Enfin, Ky s’approcha de son X-com.

Zane retint son souffle, un sourire réservé sur le visage. Pourvu que cela marche.

L’adolescent eut satisfaction. Ne se doutant pas tout de suite du piège, excepté Maya qui, comme toujours, sentit les problèmes arriver, ce soi-disant champion kaïru ramassa son appareil. Immédiatement, de nouveaux cristaux jaillirent de terre, entourant les Stax. N’ayant pas eu le temps de réagir tout de suite, ils se retrouvèrent enfermés, incapable de pouvoir se libérer de leur geôle.

Sortant de l’ombre pour se mettre face aux Stax, Diara annonça, sans regarder les prisonniers :

– Il ne faut pas nous en vouloir, ils ne nous ont pas laissé le choix.

– Ou vous ne l’avez que trop eu, siffla Zair à l’attention de la princesse, qui l’ignora.

Zane savait que cette remarque lui était également destiné ; mais pour le moment, cela lui importait peu. Voir les visages défaits des Stax, ainsi derrière les barreaux, suffisait amplement à sa satisfaction. Enfin, monsieur le champion kaïru, le préféré de Baoddaï, celui que Maya regardait toujours avec admiration, était impuissant !

S’avançant devant la vitre, son sourire élargi, il lança, enfonçant le clou :

– Vous êtes mes prisonniers, maintenant !

Il partit d’un éclat de rire sardonique, heureux. Ky l’observa longuement, surpris. Mais ce fut Zane qui cessa de ricaner, quand, le dos droit, le chef des Stax déclara :

– Je vois que de t’être pris un éclair en pleine poitrine ne t’as pas remis les idées en place, sauf s’il a fait partie en fumée le peu de bon sens que tu avais ! Les gentils gagnent toujours à la fin.

– Un… éclair ? En pleine poitrine ?

Sourcils froncés et la tête penchée sur le côté, comme chaque fois qu’il cherchait dans ses souvenirs, il tenta une fois de plus de reconstituer les évènements de sa dernière mission. L’attaque lancée par Maya, cet éclat qui l’avait aveuglé… mais les « pointes de glace » réfléchissaient bien la lumière. Sauf qu’il n’y avait pas de soleil à ce moment. Et la brûlure, tout s’expliquait ? Non, s’il s’était vraiment pris la foudre, il n’aurait pas dû s’en sortir aussi bien, n’est-ce pas ? Et ses rêves étranges qui y avaient été consécutifs ? Et… Lokar toujours vivant ?

Se tournant vers les membres de son équipe, son sourire disparu, il demanda d’un ton bas et lent, faisant frémir jusqu’à Tekris, qui se doutait de la suite :

– Et… quand est-ce que vous comptiez me le dire exactement ?

Zair se gratta nerveusement l’arrière de la tête, les Imperiaz et Diara momentanément oubliés. Ceux-ci ne s’en plaignaient pas, ravis de ne plus être le centre de l’attention. Quitte à ne rien comprendre.

– Ben, en fait, tu ne te souvenais pas de ce moment, et on a voulu éviter de t’inquiéter, avec ton statut de chef des E-Teens, tu avais sûrement d’autres choses à faire que de te préoccuper de ça.

– Vous m’avez délibérément menti ?

– En y réfléchissant, on a plus omis de dire toute la vérité… après tout, l’attaque de Maya était violente, et les arbres ont aggravé ta chute, donc…

– Dis donc Tekris, tu me prends vraiment pour un…

Zane n’eut pas l’occasion de terminer sa phrase. Une « lumière aveuglante » venue de la cellule des Stax jaillit dans la pièce, la plongeant dans une luminosité éblouissante. Se protégeant les yeux, les E-Teens laissèrent échapper des cris de surprise. Mais rien d’autre ne survint.

Voyant l’attaque s’éloigner, Zane baissa sa cape, levée pour faire obstacle, ricanant de nouveau. Non mais vraiment, que croyait-il faire avec ça ? Plus tard, il devrait penser à leur retirer le cercle servant à faire passer la nourriture, peut-être réfléchiraient-ils un peu comme ça.

Se plaçant devant la cellule, il s’y appuya, avant de demander, sarcastique :

– Je déteste être interrompu, tu devrais le savoir, mon vieux copain Ky. Tu croyais vraiment que cette attaque ridicule allait te sortir de là ?

Voyant Ky et Maya se baisser brusquement, Zane, frappé d’un léger doute, tourna la tête vers l’arrière. L’attaque, rebondissant sur les murs sans trouver de cible, frappa son pied. Déséquilibré, il tomba en arrière ; à peine sentit-il la clé lui être arrachée, et Ky lui lancer une de ses habituelles remarque sarcastique. Dans sa chute, il n’avait contrôlé aucun de ses mouvements, et sa brutalité avait réveillée sa blessure.

Le souffle coupé par la douleur, il se dit que finalement, il lui restait encore un peu de chemin avant d’être totalement guéri. Une main sur le thorax, il posa l’autre au sol pour se raccrocher à quelque chose. À son horreur, sa vue se brouilla rapidement, son cœur pulsant à ses oreilles. Prenant une grande inspiration, fermant une seconde les yeux, il se morigéna. Il ne devait pas montrer sa faiblesse, il ne devait avoir aucune faiblesse, prouver qu’il n’en avait pas, qu’il était capable de quelque chose ! Ignorant tant bien que mal sa blessure, il se releva pour constater que Zair et Tekris avaient lancé un défi kaïru, et surtout, ce qui le « consola », que Ky, n’ayant pas fait suffisamment attention, s’était lui-même aveuglé par sa propre attaque. Au moins, trop occupés à être au chevet de leur chef, les Stax ne l’avaient sûrement pas vu à terre. Se relevant avec précaution, il les rejoignit, faisant lui aussi le signe du défi, ne regardant délibérément pas du côté de Zair. Hors de question de lire la pitié dans ses iris pâles, si jamais elle avait été plus attentive que les Stax

La voix de sa jeune coéquipière résonna rapidement dans sa tête, manquant le faire sursauter. Combien de temps, qu’elle ne lui avait pas parlé de cette manière ? Dix bonnes années, ou presque.

Tu es sûr que tu vas tenir le coup ? L’attaque a l’air d’avoir été rude.

Ça ira, occupe-toi plutôt des Stax avec Tekris, je me charge personnellement de Ky !

D’accord, mais n’oublie pas : évite au maximum de te transformer.

Zane faillit en rire de dépit : il ne mentait pas, il était parfaitement en état de se battre, mais se transformer ? Aucune chance ! Zair devait vraiment être inquiète pour avoir prit le risque de le contacter mentalement, alors qu’ils limitaient au maximum ce genre d’échange pour ne pas se faire repérer. Même s’il ne l’aurait jamais admit sous la torture, cela le toucha, malgré lui.

– Défi accepté, clama Boomer, les dents serrées, Ky gardant les yeux fermés.

Aussitôt le signal donné, Maya et Boomer se transformèrent en leurs monstres respectifs, Harrier et Froztok. Ky tenta la manœuvre à son tour ; néanmoins, les sens perturbés par la « lumière aveuglante », l’adolescent ne put achever son invocation.

– Ton attaque s’est retourné contre toi, monsieur le champion kaïru ! ricana Zane, exultant. Je vais tout de suite passer aux choses sérieuse, et te faire goûter au faisceau antimatière concocté par Lokar, une attaque particulièrement dévastatrice !

Projetant le rayon de force pure avec toute sa rage, il cria de douleur et de puissance mêlées. Mais alors que ce maudit chef des Stax semblait sur le point de se la prendre de plein fouet, il sauta en arrière, ne laissant qu’une crevasse impressionnante sur le sol où il se tenait juste avant.

Songeant que la chance n’était décidément pas réservée à tout le monde, Zane invoqua cette fois un « mur de lame », plus étendue, celui-ci devrait faire mouche !

Cependant le résultat fut le même. Zane se releva, le corps tremblant de rage. Comment était-ce possible, il était aveugle et évitait malgré ça ses attaques ? Il ne perdait rien pour attendre, mais il allait le lui payer ! Il n’allait pas se laisser ridiculiser par un Stax, qui plus est Ky !

Faisant jaillir une "épée de l’ombre" de sa main, l’adolescent laissa échapper un nouveau cri bref, se penchant sur l’arme comme pour prier qu’elle atteigne sa cible. La lançant de toutes ses forces, la trajectoire tourbillonnante afin de perturber son adversaire, il faillit laisser échapper un soupir de soulagement quand, enfin, Ky, relevant les yeux au lieu d’esquiver, se fit heurter à la fois par la lame ténébreuse et par l’onde de choc qu’elle généra. Jamais son ne lui parut si doux que les bruits mats du corps de Ky frappant la paroi, puis tombant lamentablement sur le sol.

Maya, furieuse, se retourna vers les Imperiaz, restés sagement à l’écart depuis que Diara avait trouvé la clé de la prison laissée tombée par Ky un peu plus tôt.

– Je commence à en avoir par-dessus la tête des E-Teens aujourd’hui, surtout des traîtres dans votre genre, clama-t-elle, incapable de savoir si tout avait été prévu depuis le début par les deux équipes.

Prenant de la hauteur, elle lança une terrible « tornade stridente », qui balaya les Imperiaz comme des fétus de paille. Voyant cela, Zair, songeant que leurs effectifs baissaient drastiquement, décida qu’il était temps d’intervenir, Zane étant toujours occupé avec Ky.

– Cyonis ! cria-t-elle avant d’enchaîner avec un « Choc briseur ! » envers Boomer.

Vérifiant ensuite que Zane ne forçait pas, elle ne réagit pas assez vite quand le blond réagit :

– Très bien, à mon tour de lancer une attaque verte !

Le « fouet de glace » du Stax la balaya, frappant Tekris en même temps, trop proche.

Les voyant tous les deux à terre, Zane grogna de frustration. Pire encore, Ky se relevait comme si de rien n’était. Prêt à en découdre, il osa même lui lancer, droit dans les yeux :

– Tu n’as pas réussi à me vaincre lorsque j’étais sans défense, tu n’y arriveras pas maintenant !

Bon sang, il me faut une idée, et vite ! En temps normal je pourrais les vaincre tous les trois, mais avec cette maudite brûlure, je ne suis pas fou au point d’y croire !

Tout à coup, alors qu’il maudissait Ky en le foudroyant du regard, il aperçut les trois Imperiaz, se dirigeant vers la prison de leurs parents, sa clé en main. Après tout, les Stax ne devaient plus avoir beaucoup d’énergie désormais. Quelques attaques de force suffiraient, et ces trois-là ne s’étaient pas vraiment bougé depuis le début du combat. Il allait jouer le tout pour le tout, en espérant que cela marche. S’efforçant de paraître sûr de soi, il apostropha les Imperiaz :

– Eh bien, dois-je comprendre que vous refusez toujours mon offre en refusant de nous aider ? Si tel est le cas, je crains de ne plus avoir besoin de vos parents, et craignez ma colère !

– Mais, je croyais que nous étions à nouveau du même côté ! protesta Diara, confuse.

– Il n’y a qu’un côté, le mien, et vous n’en faites pas encore partie. J’ai dit que je vous laissais une seconde chance si vous nous aidiez tout à l’heure, mais pas que ce serait suffisant. C’est maintenant que vous devez choisir, que je sache ce que je fais de vos parents !

Pointant le doigt vers la prison, il fit jaillir une excroissance d’un cristal, sous la gorge de la mère des Imperiaz. Il n’avait pas prévu de repasser à d’aussi radicales menaces, mais à situation extrême, solutions extrêmes !

– Maintenant, si vous acceptez, attaquez les Stax ! Ou sinon, attaquez-moi !

– Allons-y, soupira Teeny, résignée. C’est le seul moyen d’aider papa et maman !

Se lançant à leur tour dans la bataille, Maya vit les Imperiaz arriver avec inquiétude, lâchant un « Oh non, pas encore eux ! ». Comme Zane l’avait prévu, elle put seulement souffler que ses niveaux d’énergie étaient trop bas pour lutter encore longtemps. Ils ne pourraient pas tenir, et visiblement les trois frères et sœur allaient ensuite rejoindre les Radikors, bien qu’elle ignore la teneur exacte du marché. Que pouvait-ils faire à présent ?

Choisissant une attaque verte, le « marteau titane », Koz balaya les deux Stax présents avec violence, mettant toute sa rage d’être impuissant dans ce coup. S’écrasant contre les cristaux, Maya et Boomer se retrouvèrent sonnés, hors d’état de combattre. Les voyant sans défense, Ky s’élança :

– Maya, Boomer ! Ne vous en faites pas, j’arrive !

Que tu crois, pauvre fou ! rit intérieurement Zane, certain de sa victoire à présent.

– Il est trop tard, Ky ! Fureur Radikors ! cria-t-il, plus que motivé à l’écrabouiller douloureusement.

Atteignant ses pieds, comme la lumière aveuglante l’avait fait plus tôt avec Zane, l’attaque fit trébucher et rouler Ky, qui se retrouva sur le ventre, sur plusieurs mètres. Le voyant encore remuer, l’E-Teens voulut finir le travail. Mais alors qu’il s’avançait vers Ky, qui s’efforçait toujours de se relever, la douleur revint, aiguë, comme si un couteau lacérait son torse.

S’arrêtant, sentant l’énervement monter devant son incapacité passagère, il décida de tester son autorité sur les Imperiaz :

– Il bouge encore, siffla-t-il à l’attention de Teeny.

Satisfait, il vit la jeune fille s’avancer sans qu’il n’ait à rajouter quelque chose.

– Comme disait Diara tout à l’heure, il ne faut pas nous en vouloir. Coup ultime !

Après un dernier sursaut, le champion kaïru retomba sur le sol, vaincu, bientôt rejoint par ses équipiers. Maya l’aida à se relever et le soutint. À cette vue, Zane serra les poings, mais ne dit rien.

– Nous avons fait tout ce que nous avons pu, dit-elle pour rassurer son chef.

– Mais ça n’a pas suffi, et ça me fait mal de dire ça, mais nous avons perdu cette fois.

Repartant en soutenant Ky, les Stax quittèrent la grotte sous les regards satisfaits ou mauvais des E-Teens. Zair à côté de Diara, s’adressa pour une fois à elle d’un ton enjoué :

– Je ne me lasserais jamais de vaincre les Stax. Vous avez fait du bon travail, dit-elle comme si elle flattait un animal de compagnie mal dressé qui fait enfin ce qu’on lui dit.

– Oui…fit Diara, qui ne savait pas si elle devait se réjouir d’avoir ratatiné les Stax ou trembler de s’être alliée avec son équipe aux Radikors, guère connus pour être des enfants de chœur.

Les adolescents se turent, la voix de Burkby résonnant dans la grotte, qui s’exprimant d’un ton pressé.

– Excusez-moi de vous interrompre, mais je…je veux dire nous sommes un peu à l’étroit !

– Je dirais même que nous sommes dans une position très inconfortable, renchérit sa femme.

Se retournant, Koz s’avança vers Zane, bien décidé à obtenir la libération de ses parents.

– Nous avons accepté votre marché, alors remplis ta part du contrat !

– Mais avec plaisir, susurra le E-Teens. Dès que vous m’aurez donné la preuve de votre bonne foi. C’est ce que nous avions dit, n’est-ce pas ?

– Mais, qu’est-ce que tu veux comme preuve ? demanda Teeny, commençant à désespérer.

– C’est très simple, quelque chose qui m’assurera que vous ne vous enfuirez pas une fois que j’aurais le dos tourné. Oh, et bien sûr, vous devrez rester disponibles pour récolter le kaïru.

– Et une fois que tu seras assez fort pour éliminer les Stax, tu nous rends notre liberté totale, c’est bien ce que tu as dis ? Tu ne vas pas changer d’avis au dernier moment ? Et si ça mettait des années, hein ? Et enfin, nous voulons savoir ce qu’il adviendra du kaïru que nous récolterons !

– Hum, oui, non, on avisera à ce moment et nous aurons un principe analogue à celui que nous avions avec Lokar, c’est-à-dire que vous garderez assez de kaïru pour débloquer de nouveaux X-Drives et le reste sera stocké dans mes réserves. Ah oui, et ayez du respect pour moi et mes deux acolytes.

– C’est plutôt le principe de Baoddaï pour le kaïru, non ? osa demander Diara.

Se tournant vers elle pour la foudroyer du regard, Zane lui envoya un avertissement muet.

– Si tu veux, je peux durcir les termes de notre accord, princesse, cela ne me dérange pas.

– Non non, c’est suffisant, intervint Teeny, ne l’écoute pas. Diara, donne-lui ta bague, fit Teeny en en sortant une de la pochette de son X-Reader, aussitôt imitée par Koz, qui conservait la sienne dans son brassard.

– Quoi ? Mais pourquoi devrais-je leur donner ma précieuse bague ?

Ignorant les protestations outrées de sa sœur, Koz pris celle de Teeny et se posta devant Diara. Commençant par l’ignorer, la princesse finit par soupirer de désespoir en lui donnant une troisième chevalière, issue de son sac. Puis, le plus âgé des Imperiaz les donna à Zane, qui regarda les anneaux, de couleur vert foncé, argenté et doré (celui de Diara étant évidemment le plus luxueux avec une pierre d’opale énorme sertie, ceux de Koz et Teeny se contentant d’une insertion de topaze et de jade. Enfin, ça y ressemblait, mais Zane ne s’intéressait pas aux bijoux extraterrestres) au creux de sa main. En y regardant de plus près, il vit un symbole à l’intérieur des bagues, sûrement le blason des Imperiaz.

– Vous savez, dit-il en relevant son regard sur les trois enfants royaux, il va me falloir une petite explication. Ils sont de très belle facture, mais je ne peux pas les offrir à Zair, voyez-vous, elle n’est pas très verroterie, et ça ne va pas avec les cheveux de Tekris.

Ce dernier, qui avait commencé à rire, Zair se contentant de hausser les épaules (après tout, c’était vrai, elle laissait les artifices aux pourris-gâtés tels que Diara), s’interrompit en poussant un « Hé ! » indigné, sa coéquipière cachant son rire derrière sa main pour que les autres ne la voient pas. C’était ça ou elle secouait Diara en lui demandant si elle se moquerait encore longtemps d’eux.

– Ce sont nos bagues royales, les signes de notre rang. Chez nous elle sont très précieuses, et un noble, pire un héritier royal n’imaginerait même pas sortir sans. J’espère que ça te suffira, et que tu comprendras que pour nous, c’est un sacrifice, acheva Teeny, croisant les bras.

– Oui, confirma Diara, je reviendrais toujours la chercher, encore horrifiée à la fois que Zair aurait pu porter sa bague que par le peu de considération qu’avait porté Zane à ces artefacts.

Regardant de nouveau les bijoux, Zane laissa passer quelques secondes, avant de replier ses doigts, les enfermant comme dans une autre sorte de prison. Puis, il alla jusqu’à la serrure de celle des Imperiaz. Y enfonçant la clé, il la tourna d’un coup sec vers la gauche. Les cristaux qui avaient envahi la cellule rentrèrent sous terre sans même laisser de traces, comme s’ils n’étaient jamais apparus.

Une hésitation s’empara de lui. Il avait encore la possibilité de changer et de revenir à quelque chose de plus dur, garder les Imperiaz prisonniers en ne libérant pas leurs parents. C’était une garantie bien plus sûre après tout. Se doutant de la raison de son hésitation, Teeny intervint :

– Tu ne vas pas t’arrêter maintenant ?! Nous avons fait tout ce que tu voulais !

Zane échangea un regard avec Zair. De nouveau, elle n’était pas d’accord pour laisser partir comme ça leurs prisonniers, et les bagues royales ne l’avaient guère convaincue. Outre son ressentiment pour les Imperiaz, elle voyait surtout ce que ça pouvait leur rapporter. Pour calculer sans états d’âme, la jeune femme était parfois plus douée encore que lui. Se détournant, il vit qu’au contraire, Tekris semblait avoir réfléchi, et avait l’air plus favorable à respecter le marché. Après tout, pour lui, les Imperiaz les respecteraient plus s’ils étaient réglos, et ils voulaient juste voir leurs parents libres. Pour ça, Tekris se disait qu’ils étaient prêts à tout, et cela assurait leur loyauté.

– Non, je ne vais pas m’arrêter. Et je m’engage, si jamais la situation change, à vous rendre sur-le-champ vos bagues. Mais je garde la clé de la prison.

Un dernier coup sec, et les murs de la cellule émirent un crissement en s’abaissant. Les Imperiaz ne réagirent pas tout de suite, n’arrivant pas à le croire. Le regard de Diara passa de Zane à ses parents, puis de ses parents à Zane. Enfin, Koz s’élança, suivi de Teeny, courant vers les deux adultes.

– Papa ! Maman !

– Les enfants !

À son tour, Diara alla se réfugier dans les bras de son père, qui ne cessa pas de complimenter « sa merveilleuse petite princesse à la manucure impeccable ». Personne ne prêtait plus attention aux Radikors, tous absorbés à leurs joyeuses retrouvailles.

– Je ne veux pas gâcher la situation, mais profitez bien de ces quelques moments de paix. Si jamais Lokar revenait, il n’hésiterait pas à enfermer de nouveaux vos parents, et je n’y pourrais rien.

Tous le regardèrent, surpris, mais Zane avait déjà tourné les talons, faisait signe à ses deux acolytes de le suivre. Avec ce que Ky lui avait révélé involontairement concernant sa blessure, il avait de plus en plus de mal à douter de la véracité de ce qu’il avait vu pendant sa chute de l’arbre. Il ne s’expliquait toujours pas pourquoi il n’avait pas subi plus de dégâts, mais il n’y réfléchit pas plus, car certain d’une chose : ce n’était pas seulement un mauvais rêve. Lokar était vivant quelque part, et il allait désormais agir en partant de ce principe. Et si jamais il avait finalement tort, eh bien ça ne serait pas plus mal ! Mais que penser des autres choses qu’il avait vu plus ou moins précisément ? Et si le jour où il se retrouverait face à Lokar arrivait bel et bien, que ferait-il ? Resterait-il un E-Teens de Lokar, ou resterait-il le chef ? Si seulement Lokar pouvait avoir bel et bien péri…

Et enfin, qui était cette personne capuchonnée qu’il avait vu à la fin de son rêve ?


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Bonjour ou bonsoir !


Voilà un deuxième chapitre corrigé (heureusement, il y avait des fautes, horribles, j’en aurais honte tiens :p) ! Moins de changements de points de vue à gogo, moins de tournures familières, j’avoue que je suis un peu contente !


J’espère que ce chapitre vous aura plu ! Si c’est le cas, n’hésitez pas à laisser un commentaire, c’est toujours agréable d’avoir des retours !


Bonne journée, ou soirée !


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