Les sides-stories d'Etoiles et chaos

TITRE : Étoiles & Chaos - Side-story huit

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

SIDE-STORY HUIT : Gentillesse et châtiment

Lundi 9 mars 1987 — 10 h 30

Arènes du Sanctuaire

— Hé ! Regardez qui voilà ! s'exclama soudain Ban.

Les cinq Bronzes cessèrent qui leurs mouvements, qui leurs combats, et se tournèrent vers les gradins. Cinnamon se tenait là, à côté d'un seau en bois duquel une louche faite du même matériau dépassait.

— Salut, fit Jabu en s'approchant.

— J'ai pensé que vous auriez soif, expliqua l'adolescente en désignant le seau.

— C'est une très gentille attention. Hé vous autres, venez donc vous désaltérer !

Les autres garçons s'avancèrent. Jabu souleva la louche emplie d'une eau fraîche et pure et but le premier. Puis il passa la cuillère à Nachi qui laissa son tour à Ichi. Lorsqu'ils eurent tous bu, ils se tournèrent vers Cinnamon. Laquelle détourna soudain le regard comme si elle était gênée.

— Merci, dit Jabu.

Elle haussa les épaules.

— C'est rien.

— Au fait, elle vient d'où cette eau, elle est très bonne, s'enquit Ichi.

La jeune fille désigna une direction.

— Il y a une pompe juste là.

Elle semblait prête à s'en aller quand, soudain, elle s'immobilisa.

— Il m'est arrivé quelque fois d'observer les Chevaliers d'Or pendant leur entraînement. C'était... impressionnant, souffla-t-elle, les yeux dans le vague.

Oui elle les avait observés, surtout depuis qu'elle s'entraînait elle aussi. Oh bien sûr cela n'avait rien à voir mais elle ne pouvait s'empêcher de les regarder. En particulier DeathMask. C'était avec une fascination presque morbide qu'elle se concentrait sur ses moindres mouvement, ses attaques et sa défense, du moins pour le peu qu'elle était capable de percevoir. Même si elle savait qu'elle ne pourrait jamais les reproduire et que, de toute façon, il se contentait seulement de lui enseigner les bases.

D'ailleurs le Cancer ne lui accordait pas le moindre regard et ne s'intéressait à elle que pour lui ordonner de lui apporter sa serviette ou à boire. Elle avait beau s'exécuter le plus vite possible, jamais elle n'avait reçu un seul merci. Au contraire, lorsqu'il ne l'ignorait pas, l'homme semblait prendre un malin plaisir à lui asséner des paroles blessantes. Les autres Saint d'Or avaient beau protester et dire à Cinnamon de ne pas faire attention à lui, elle y faisait très attention, au contraire. Après tout messire DM était – avait été - son maître, elle se devait donc d'être attentive.

— Ça je veux bien le croire, admit Nachi.

— Mais Seiya et les autres ont réussi à les battre, rappela Jabu. Ce qui prouve que rien n'est impossible.

A l'évocation des autres Bronzes, Cinnamon se raidit imperceptiblement. Elle leur en voulait toujours d'avoir assassiné certains des Chevaliers d'Or. Elle avait apporté de l'eau à ces garçons parce qu'elle n'avait rien contre eux : après tout, ils n'avaient fait que veiller sur leur princesse. Ce n'était pas eux les assassins. Mais Seiya et ses compagnons ! Jamais, non jamais elle ne leur pardonnerait !

— Faut que j'y aille.

— Hé attends ! fit Geki. On a fini l'entraînement, tu peux rester avec nous. Le temps qu'on aille prendre une bonne douche et...

— Non, merci, répondit très vite la jeune fille. Je préfère retourner au Palais.

Elle prit le seau et se détourna. Les Bronze la regardèrent s'éloigner.

— Les autres disent qu'elle est bizarre, moi je la trouve très bien, déclara Nachi.

Jabu hocha la tête. Comment se faisait-il qu'ils aient tous une vision différente de Cinnamon ? A quel moment était-elle sincère ?

Une fois seule, Cinnamon s'arrêta. Qu'est-ce qui lui avait pris, bon sang ? Offrir de l'eau à ces intrus... Bon d'accord, ce n'était pas les autres, les meurtriers. Mais quand même... elle se décevait elle-même.

Brusquement sa propre main s'abattit sur sa joue dans un claquement sonore.

— Aïe !

Décidément, elle était bel et bien cinglée comme fille, voilà qu'elle se frappait elle-même ! A croire que les taloches du Cancer lui manquaient. La main sur sa joue brûlante, la jeune fille s'assit sur une colonne tombée à terre. Curieusement, la douleur n'était pas si désagréable, au contraire elle était... plaisante. Ah si elle pouvait se prendre elle-même comme punching-ball. Depuis la bataille du Sanctuaire elle éprouvait ce besoin de se faire mal, de se blesser. Elle ignorait pourquoi. Elle n'avait pourtant jamais aimé les coups que DeathMask lui portait. Alors pourquoi ? Tout ce qu'elle savait, c'est qu'il lui fallait se faire mal. Elle s'était déjà pincé l'intérieur des bras, arraché des cheveux et maintenant c'était une gifle. Si ça continuait elle était bonne pour s'ouvrir les veines.

A cette idée, la jeune fille éclata de rire. Elle était folle, mais elle s'en fichait : c'était parfois tellement bon d'être fou.