Les sides-stories d'Etoiles et chaos

Chapitre 10 : Excursion

1741 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 21:49

TITRE : Étoiles & Chaos - Side-story dix

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

SIDE STORY DIX : Excursion

Vendredi 7 novembre 1986 — 12 h 25

Cinnamon se trouvait dans le couloir de sa chambre quand un serviteur s'adressa à elle :

— Mademoiselle, son Altesse désire votre présence. Immédiatement.

— Merci.

La jeune fille fit demi-tour et se rendit à la grande salle. Que pouvait bien lui vouloir le Grand Pope ? Et, d'ailleurs, qui avait demandé après elle, Saga ou Kyko ? Ne sachant pas ce qui l'attendait, l'adolescente sentit comme un soupçon d'inquiétude prendre naissance au creux de son ventre. Néanmoins elle n'avait pas l'intention de se dérober à ses devoirs.

Le maître du Sanctuaire se tenait debout devant son trône. Lorsque Cinnamon apparut, il fit aussitôt quelques pas vers elle et tendit une main que la jeune fille s'empressa de prendre. Reconnaissant l'aura de bonté qui émanait de l'homme, elle ne put réprimer un sourire. Et, malgré le masque, elle eut l'impression qu'il souriait lui-aussi.

— Monseigneur, que puis-je pour vous ?

— En fait, c'est moi qui vais faire quelque chose pour toi, répondit-il. Cela fait combien de temps que tu te trouves au Sanctuaire ? Plus de quatre mois, n'est-ce pas ? Il serait temps que tu sortes un peu, que tu te promènes en dehors du Domaine Sacré.

Cinnamon demeurait muette. Elle ne voyait pas où il voulait en venir.

— Je me rends à Rodorio aujourd'hui et j'aimerai beaucoup que tu m'accompagnes.

— A... aller à Rodorio mais... Je croyais que je n'avais pas le droit de quitter le Sanctuaire, objecta-t-elle.

La vérité, c'est qu'elle était effrayé à l'idée de rencontrer des civils, elle avait tellement pris l'habitude de côtoyer des gardes et des Chevaliers ! Non, assurément c'était une mauvaise idée.

— Bien sûr mais tu seras avec moi, ce ne sera pas comme si tu t'enfuyais. Allons, Cinn...

Cinn... Saga était le seul à l'appeler ainsi.

— Je tiens vraiment à ce que tu prennes l'air dans un autre environnement. Accompagnes-moi.

C'était un ordre mais dit avec une telle douceur que l'adolescente ne se sentit pas contrainte. Après tout pourquoi pas ? Qu'avait-elle à perdre ? Elle hocha la tête et le Pope lâcha sa main avant de se diriger vers ses appartements pour se changer. Quelques minutes plus tard, il était prêt. Sa tenue d'apparat lui donnait un air si majestueux que Cinnamon se sentit toute intimidée. C'était pourtant bien Saga qui se trouvait là derrière le masque d'un bleu sombre.

Des serviteurs portant des paniers de victuailles suivaient derrière tandis que des gardes surveillaient les flancs de la procession. La jeune fille, quant à elle, marchait juste derrière le Pope. Elle pouvait entendre certains murmures hostiles émanant des serviteurs. Décidée à ne plus baisser la tête devant eux, elle la releva au contraire et croisa les orbes rouges du masque qui venait de se tourner vers elle. Saga eut un imperceptible mouvement de la tête pour montrer son approbation puis reprit la route.

Arrivés au village, il furent accueillis par une nuée d'enfants qui poussèrent des cris de joie. Peu à peu, les adultes s'avancèrent eux-aussi, tout en restant à distance raisonnable. De temps en temps, le Pope passait la main sur la tête d'un enfant et saluait les parents d'un signe. Ceux-ci s'inclinaient alors sur son passage.

Que ce village était pittoresque, en totale contradiction avec le monde que Cinnamon avait connu. Les maisons de pierres patinées par les ans, les tenues des villageois... On se serait cru dans un film sur la Grèce antique. Mais, après tout, ce n'était que la continuité de ce qui était dorénavant son univers.

Soudain un homme vint s'agenouiller devant le maître du Sanctuaire.

— Votre Altesse, je vous en prie... Ma femme, elle est malade depuis deux jours, je ne parviens pas à baisser sa fièvre. Je vous en prie...

Aussitôt le Pope le releva et demanda où se trouvait sa demeure. L'homme, soulagé, se confondit en remerciements et conduisit Son Altesse devant sa maison. Ce dernier allait le suivre à l'intérieur lorsqu'il sembla se raviser. Se tournant vers Cinnamon, il lui ordonna de rester à l'extérieur.

— Mais...

— Je ne serai pas long, attends-moi ici. D'ailleurs, voilà de la compagnie.

Et de désigner trois enfants qui ouvraient de grands yeux. Doucement, le Pope détacha les doigts que l'adolescente crispait sur sa toge. Elle ne s'était même pas aperçue qu'elle le tenait comme un môme qui s'accroche à sa mère !

— Je reviens, assura-t-il d'un ton apaisant

Puis il disparut dans l'habitation. Abandonnée, Cinnamon se contenta de regarder ses pieds, mal à l'aise. Soudain le plus jeune des enfants, une fillette d'environ trois ou quatre ans, s'avança vers elle. La petite baissait la tête, comme intimidée et la jeune fille comprit que, pour une fois, les autres avaient autant peur qu'elle. Elle respira un grand coup et s'assit sur une grosse pierre. Allons, on pouvait toujours essayer...

— Heu... ça te dirait si... enfin, si je te raconte une histoire ?

Aussitôt dit elle se mordilla la lèvre. Mais qu'est-ce qui lui prenait enfin ? Depuis quand elle parlait aux enfants ? Mais ces petits n'étaient pas comme ceux qu'elle avait connus. Nulle trace de mépris dans leurs grands yeux attentifs. Juste de la curiosité. Et puis... Cinnamon se sentait de bonne humeur. Son entraînement avait débuté voilà un mois et demi et, il fallait le reconnaître, ça faisait un bien fou ! Si au début elle avait été tétanisée par la peur que lui inspirait DeathMask, à présent elle avait compris qu'il ne la toucherait plus. Quand ils étaient seuls tous les deux c'était l'entraînement et seulement l'entraînement. Ce qui convenait tout à fait à l'adolescente. De plus, jadis d'une nature maussade et renfermée, elle avait appris à se dérider lors des parties de poker qu'elle partageait avec messires Milo et Camus. Les séances avec DeathMask, quant à elles, lui permettaient de se défouler et de laisser libre cours à sa colère. Oh bien sûr, messire DM restait lui-même et ne se gênait pas pour lui envoyer quelques piques, surtout en présence des autres. Néanmoins, pendant les leçons il se calmait et se consacrait à son rôle de professeur. Il conservait son cynisme mais ne houspillait pas son élève comme il le faisait à d'autres occasions.

Les jours s'écoulaient donc paisiblement et si Cinnamon avait dû qualifier son état, elle aurait parlé de bonheur, malgré les malaises à répétition que lui valait l'entraînement. Car elle était heureuse. Pour rien au monde elle ne serait retournée là d'où elle venait.

A sa grande surprise, la fillette s'approcha encore, le pouce dans sa bouche avec un air mi-coquin mi-effrayé. Les deux garçons s'avancèrent eux-aussi. Bientôt, tout ce petit monde s'était regroupé autour de la jeune fille. Celle-ci remarqua que d'autres enfants se tenaient non loin.

L'adolescente se racla la gorge avec nervosité et, prenant son courage à deux mains, elle tendit les bras à la petite fille. Celle-ci hésita une seconde avant de venir se pelotonner sur les genoux de Cinnamon. Cette dernière n'y croyait pas. Alors les enfants pouvaient être autre chose qu'une bande d'imbéciles qui vous lançaient des injures ?

Cinnamon prit une aspiration puis commença son histoire en essayant de la rendre aussi vivante que possible. Elle la termina au moment où la porte s'ouvrait, livrant passage au Pope. Suivi par l'homme qui l'avait sollicité, il s'approcha de la jeune fille et passa une main sur la tête de chaque enfant.

— Merci, merci votre Altesse...

Voyant qu'il était l'heure de partir, Cinnamon se leva après avoir reposé la fillette. Celle-ci tirant sur la jupe, l'adolescente se baissa et reçu un bisou sur la joue.

— Cinnamon, on rentre.

— Hein, heu... oui monseigneur !

Toute étonnée par ce qui venait de se passer, Cinnamon s'empressa de rejoindre le cortège. Les serviteurs n'avaient pas perdu de temps et avaient distribué des vivres aux plus indigents. A présent ils tenaient leur paniers vides. Après une dernière bénédiction, le Pope prit le chemin inverse.

Toujours derrière lui, la jeune fille ne savait que penser. Elle qui détestait, ou croyait détester, les enfants ! Cette journée s'était révélée riche en surprises et l'adolescente se demandait ce que l'avenir lui réservait encore.

 

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