Les sides-stories d'Etoiles et chaos

Chapitre 15 : Noël au sanctuaire

2329 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 02/08/2015 17:21

TITRE : Étoiles & Chaos - Side-story quatorze

AUTEUR : Ardell

DISCLAIMER : Les personnages et l'univers de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada. Seul le personnage de Cinnamon est à moi.

SIDE STORY QUATORZE : Noël au Sanctuaire

Palais du Grand Pope – Jeudi 25 décembre 1986

Un timide rayon de soleil frappa la vitre et se fraya un chemin à travers les rideaux de coton écru, éclairant ainsi la petite chambre. Cinnamon ouvrit un œil puis s'étira. Il faisait si bon au lit... Néanmoins, en se souvenant de la date d'aujourd'hui, elle se redressa, soudain bien réveillée.

Elle se leva et passa dans la salle de bain. Ensuite elle enfila une robe blanche plus couverte que la beige qu'elle avait l'habitude de porter pendant les beaux jours. Ceci fait, elle s'agenouilla devant la commode dont elle ouvrit un tiroir. Là reposaient des carrés de coton, neuf en tout. Doucement, elle en sortit un pour l'examiner de plus près. Dans un coin figurait l'emblème de la Vierge, brodé avec des fils bleu et doré.

Cela faisait des mois que la jeune fille préparait sa petite surprise pour les Chevaliers d'Or. Se creusant la tête pour savoir quoi offrir à ces monstres de puissance et de charisme, elle avait finalement eu une idée qu'elle espérait bonne. C'était ainsi qu'elle avait demandé un nécessaire de couture et quelques mouchoirs neufs aux serviteurs qui n'avaient pas fait obstacle. Durant des heures, elle avait ainsi brodé les symboles des signes du zodiaque, s'appliquant comme jamais elle ne s'était appliquée, recommençant tant que le résultat laissait à désirer. Ce devait être parfait. Comme les êtres auxquels ils étaient destinés.

Malheureusement, elle ne possédait pas de papier cadeau. On ne devait pas fêter Noël ici. Peut-être avait-elle fait une bêtise, au fond ? De quoi se mêlait-elle ? Cinnamon secoua la tête et soupira. Elle prit les carrés de coton et se leva. Tant pis, elle se passerait d'emballage...

Maison des Poissons

— Bonjour, messire Aphrodite ! salua Cinnamon en voyant le Chevalier.

Celui-ci sourit et s'avança vers elle.

— Heu... Joyeux Noël... bredouilla l'adolescente, le cœur battant.

Elle lui tendit l'un des mouchoirs, celui qui portait le symbole des Poissons, avec inquiétude.

— Je te remercie, répondit le Saint d'Or en prenant son cadeau.

Il l'examina un moment d'un œil d'expert, moment au cours duquel Cinnamon crut mourir de peur et d'espoir. Le travail n'était pas parfait, loin de là, certains points n'étaient pas réguliers et pourtant Aphrodite sourit enfin avec bienveillance. La pauvre petite avait dû se donner beaucoup de mal.

— C'est charmant, répondit-il enfin. Je te promets de le garder précieusement, en souvenir de toi.

La jeune fille eut un sourire lumineux. Elle se sentait soulagée. Elle savait à quel point le Chevalier des Poissons appréciait la beauté. Elle était si heureuse de lui avoir fait plaisir. Son travail s'en trouvait récompensé au centuple.

— Mais, dis-moi, reprit-il, tu en as fait pour tout le monde ?

— Oui... Je sais bien ce n'est pas très original d'offrir le même cadeau à tous mais je n'avais que ça comme idée...

— Cela a dû te prendre beaucoup de temps, je ne savais pas que tu savais coudre.

— En fait, ça date de mes cinq ans. Lorsque j'étais en maternelle, on devait broder un petit coussin pour la fête des mères. Vous savez, un de ces petits coussins sur lesquels on peut piquer des aiguilles. J'avoue que j'ai eu du mal, c'était surtout l'institutrice qui faisait mon travail. Cependant j'ai fini par apprendre, assez pour faire... ça.

— Félicitation.

— Merci, répondit-elle, rose de contentement. Bon, et bien je vais offrir leurs cadeaux aux autres... Au-revoir, messire Aphrodite.

Et Cinnamon se détourna, prenant le chemin du grand escalier.

Maison du Cancer

Ah qu'elle était heureuse ! Son petit cadeau avait plu à tous les Chevaliers d'Or. Les remerciements de Camus avaient été moins froids qu'elle aurait pu s'y attendre. Shura avait eu l'air très surpris et l'avait remerciée du bout des lèvres. Mais il l'avait accepté. Milo et Aiolia lui avaient fait la bise sans plus de façon. Shaka avait hoché la tête en arborant un sourire sincère, tout en éprouvant du bout des doigts la douceur de l'étoffe. Il ne restait plus que messires DM et Aldébaran. Pour le Saint du Taureau elle ne se faisait pas trop d'inquiétude, en revanche, pour le Cancer... Bien sûr, il ne méritait pas de cadeau après ce qu'il lui avait fait mais la jeune fille préférait faire comme si rien ne s'était passé entre eux. Après tout, il l'entraînait à présent et elle devait lui manifester sa reconnaissance pour le temps qu'il lui consacrait.

Ce fut avec un sentiment de terreur mêlé d'espoir qu'elle avança dans la sinistre Maison.

— Messire DM, appela-t-elle en tournant sur elle-même.

— Je suis là. Qu'est-ce que tu fiches ici ? Si tu veux t'entraîner reviens cet après-midi.

L'adolescente sursauta. Elle ne l'avait pas entendu arriver.

— C'est que... balbutia-t-elle, j'ai un cadeau pour vous, pour Noël... heu, joyeux Noël, messire DM.

Et elle lui tendit son mouchoir brodé.

Le sourire qui découvrit les dents de l'homme lui parut carnassier et un éclair d'amusement s'alluma dans les prunelles cobalt qui intimidaient tant l'adolescente. Il saisit le carré d'étoffe et le leva devant son visage.

— Qu'est-ce que c'est que ce torchon ? s'exclama-t-il. Et je suis censé faire quoi avec ce truc ?

Morte d'appréhension, le cœur tambourinant dans sa poitrine, Cinnamon murmura :

— Je... je l'ai brodé, j'ai brodé le symbole du Cancer...

— Ah oui ?

Le Chevalier regarda plus attentivement et éclata de rire.

— C'est pourtant vrai ! Ma foi... Tu as vraiment des idées bizarres, tu sais ça ? Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? Ah mais oui, ce sera parfait pour faire la poussière.

Mortifiée, la jeune fille n'osa pas protester.

— Qu'est-ce que tu fiches encore ici ? Allez ouste ! Pour l'entraînement reviens cet après-midi, je ne suis pas à ta disposition.

DeathMask lui tourna le dos, mettant ainsi fin à l'entrevue.

Cinnamon hésita un court instant puis sortit en courant du temple. Des larmes brûlantes brouillaient sa vue et elle les écrasa d'un geste rageur. Comme elle avait été bête ! Croire qu'un présent pourrait changer l'attitude de messire DM envers elle ! Quelle idiote, quelle gourde !

Même l'accueil bienveillant d'Aldébaran ne réussit pas à chasser ces pensées négatives.

Palais du Grand Pope

Debout devant le Grand Pope, Cinnamon attendait le verdict. Le mouchoir dans la main, l'homme resta un instant silencieux, puis il parla enfin :

— Je n'ose imaginer le temps que cela a dû te prendre pour broder les symboles du zodiaque. J'ignorais à quoi tu passais les moments où tu t'enfermais dans ta chambre. C'est un travail magnifique, je te remercie beaucoup.

L'adolescente soupira de soulagement et vint s'asseoir au pied du maître du Sanctuaire. Celui-ci tendit la main et elle en baisa aussitôt le dos avant de retourner cette main et d'en embrasser la paume, signe de son respect puis de son affection. C'était ainsi qu'elle lui manifestait son adoration.

— Dis-moi, Cinn, penses-tu quelques fois à ton ancienne vie, à tes parents ?

Elle ne répondit pas tout de suite.

— Je ne préfère pas. Je déteste ma vie d'avant, je ne veux plus jamais y être confrontée. A aucun prix. Je ferai n'importe quoi, n'importe quoi, pour pouvoir rester ici avec vous. Quant à mes parents... bien sûr ils me manquent parfois mais j'essaie justement de ne pas y penser. Imaginer leur inquiétude et leur peine est trop dur. Et comme je ne veux plus avoir de lien avec mon ancienne vie...

— Je vois... Tu peux rester, de toute façon l'Autre ne te laisserait pas t'en aller même si tu le voulais. Tu m'as raconté comment tes camarades de classe te malmenaient. Qu'en disaient tes parents ?

— Mon père, rien, il ne se mêlait pas trop de tout ça. Et ma mère... Un jour j'ai été accusée de tricher parce que le livre de cours était ouvert sur la table en plein contrôle. Je jure que je ne savais pas qu'il y avait un test, j'étais en train de rêvasser, comme d'habitude. Le professeur m'a collé un zéro et envoyée au fond de la classe. J'ai pleuré. Plus tard, à la maison, j'ai laissé éclaté mon ressentiment envers le prof. Aussitôt ma mère m'a serré dans ses bras comme si elle voulait m'étouffer de son amour, éteindre en moi tout sentiment de colère. C'est comme ça que je l'ai ressenti en tout cas. Lorsque je pleurais en rentrant à la maison et que je disais qu'on m'avait embêtée, elle se contentait de me consoler, sans plus. Pour elle, ce n'était que des enfantillages, des trucs de gamins sans conséquences. Si elle s'était rendue compte de ce qui se passait, sans doute aurait-elle réagi autrement. Mais c'est trop tard maintenant. Je ne veux plus la voir, pas parce que je la déteste, non, mais parce que j'ai décidé de tirer un trait sur mon passé. Aujourd'hui je suis ici, au Sanctuaire, et j'ai bien l'intention de rester aussi longtemps que vous voudrez bien de moi.

— Ne t'inquiète pas pour ça...

L'après-midi, comme convenu, Cinnamon se rendit dans la Maison du Cancer. DeathMask l'accueillit avec un sourire fauve et l'emmena à Yomotsu Hirasaka. Après deux heures d'exercices physiques et de cours de self-défense, il lui ordonna de se concentrer sur son pouvoir. A nouveau la jeune fille manqua s'évanouir sous l'effort, à nouveau elle saigna du nez. Cependant elle était heureuse, malgré la réaction de son maître face à son cadeau.

En revenant dans sa chambre le soir même, elle eut la bonne surprise de trouver un vase d'opaline sur sa commode. Il contenait neuf magnifiques roses roses. Une petite carte était jointe.

De la part des Chevaliers d'Or et du Grand Pope, avec nos remerciements

Émue aux larmes, l'adolescente enfouit son visage dans les pétales odorantes. Peu importait ce qui s'était passé avec le Cancer, c'était la première fois qu'on lui offrait des fleurs. A part la rose séchée que lui avait donné Aphrodite le jour de son arrivée.

Plus tard, elle se rendit compte du nombre de roses. Neuf. Les huit Saint d'Or, plus le Pope. Donc... Messire DM avait lui aussi participé... Finalement, elle avait réussi à l'atteindre.

Lorsqu'elle le revit, le lendemain, elle le remercia.

— Qu'est-ce que tu racontes encore ? fit-il. Qu'est-ce que c'est que cette histoire de fleurs ? Tu crois peut-être que je n'ai que ça à faire ! Te remercier pour ton cadeau ridicule ?

Confuse et humiliée, Cinnamon comprit que la neuvième rose lui venait en fait d'un autre Chevalier, qui avait ainsi agi à la place de son frère d'arme. Sans doute s'agissait-il de messire Aphrodite, il aurait bien été capable d'une telle délicatesse.

En dépit de se qui s'était passé avec DeathMask, la jeune fille était satisfaite de l'effet produit par ses présents. Le bouquet resta longtemps sur la commode, embaumant ainsi la petite chambre et berçant les rêves de Cinnamon.

Laisser un commentaire ?