Requiem pour un astre

Chapitre 1 : Prologue

1369 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 03:34

Disclaimer : L'histoire et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada

Auteur : Ardell

 

REQUIEM POUR UN ASTRE

Prologue

Fondation Graad

Lundi 12 juin 1989 — 13h30

Seule. Elle était seule.

Dans cette vaste demeure, où seul l'écho accompagnait ses pas, Saori Kido voyait le temps défiler à une lenteur effrayante. Elle qui avait mis sa propre vie en péril, défié les dieux, à présent elle n'était plus qu'une âme en peine errant dans un tombeau luxueux.

Pourtant, quelle énergie avait été la sienne lorsqu'il s'agissait de se battre, se battre jusqu'au-delà de ses limites ! Pour cette Terre dont elle avait fait sa protégée. C'est qu'elle aimait tant l'humanité qui y vivait qu'elle avait tout tenté pour la préserver. Braver le froid polaire d'Asgard, retenir son souffle jusqu'à imploser alors que l'eau se déversait en trombe sur elle dans le pilier central du Sanctuaire sous-marin... Tout cela n'était que jeux d'enfants. Car la solitude qui pesait aujourd'hui sur elle était pire que les dangers auxquels elle avait été confrontée. Elle en venait presque à les regretter, et à regretter l'absence de...

Non ! Elle ne devait plus penser à eux. Ils étaient libres, délivrés de leur serment, de leur obligation vis-à-vis d'elle. En effaçant leur mémoire, Apollon leur avait rendu en fait un immense service. Désormais, les Chevaliers de Bronze pouvaient enfin mener une existence tranquille, sans combats, sans blessures. Pour cela, elle était reconnaissante envers son frère.

Depuis que Seiya et les autres étaient partis vers d'autres horizons, et qu'Artémis avait investi le Sanctuaire qui, autrefois, avait été le sien, Saori trompait son ennui en se promenant dans le parc, en jouant du piano, en lisant...

Pour l'heure elle était à sa fenêtre et avait vue sur le magnifique jardin constellé de myriades de fleurs multicolores. Un coup discret à la porte l'arracha à ses pensées et elle répondit :

— Entrez.

Tatsumi apparut, une tasse fumante à la main.

— Votre thé, mademoiselle, annonça-t-il en s'avançant vers une petite table où il posa le récipient.

— Merci Tatsumi, répondit la jeune fille avec un sourire.

Quelle ingrate elle faisait ! Elle osait se plaindre de sa solitude alors qu'elle avait la chance d'avoir un ami fidèle ! Certes, le majordome n'était pas Seiya, ni les autres Chevaliers de Bronze, cependant il était là, lui. Il avait toujours été là, veillant sur elle comme le lui avait demandé son grand-père. En pensant au dévouement de cet homme, Saori se gifla mentalement. Décidément, la petite fille pourrie gâtée de son enfance était toujours là, sous la surface, se plaignant parce que tout n'était pas exactement comme elle le voudrait. Pourtant, dans la vie, il fallait faire des choix. Et le sien avait été de laisser ses Saints de Bronze dans une bienheureuse ignorance, un oubli salutaire. Elle ne voulait plus qu'ils se battent pour elle, qu'ils risquent leurs vies. Entre leur amitié et leur sécurité, elle avait choisi. Alors, pas question de pleurnicher !

Tatsumi était reparti. La jeune fille alla prendre la tasse, et revint à la fenêtre où elle but son thé, tout en laissant son regard effleurer le parc.

Grèce - Sanctuaire d'Artémis

Mardi 13 juin 1989 — 02h45

Elle se réveilla en sursaut. A présent, la main sur son cœur, la déesse tentait de reprendre un souffle normal. Jamais encore un rêve ne l'avait à ce point ébranlée. Celui-ci, pourtant, s'effilochait progressivement, devenant aussi impalpable qu'une écharpe de brume, et tout aussi fragile. Jusqu'à ce que son souvenir s'estompe, ne laissant à Artémis que la sensation d'avoir fait un horrible cauchemar.

Mais voyons, une déesse ne faisait pas de cauchemars ! Son statut divin aurait dû la préserver des mauvais rêves ! Cela était bon pour les humains, parfois ils étaient là pour conseiller, conduire un héros. Elle, une divinité, qu'avait-elle besoin de conseils, elle était déjà au-dessus de tout.

Artémis s'avança vers la sortie de son Temple et resta là, à observer son Sanctuaire. Celui qu'Athéna lui avait cédé. Les douze Maisons avaient fait place à un décor de pierres froides, blanches comme la lune. Blancheur rehaussée par la lumière de l'astre qui éclaboussait les formes, les baignant dans une lueur fantomatique.

— Déesse Artémis, est-ce vous ?

Cette voix inconnue fit tressaillir la déesse. Comment... comment était-ce possible ? Elle ne l'avait pas vu, ni entendu arriver ! Une nouvelle chose étrange... Elle se retourna aussitôt. Devant elle se tenait un jeune homme à genoux. Ses yeux verts qu'il posait sur elle ne trahissaient pas la moindre crainte, seulement du respect. Ses cheveux mi-longs, sombres, étaient assortis à sa protection sacrée, d'un noir de jais.

— Comment oses-tu ? fit Artémis. Comment oses-tu te montrer devant moi, toi qui n'est pas un dieu ?

Comment surtout avait-il réussi à pénétrer son Temple, malgré ses fidèles Anges ? Où étaient ceux-ci, d'ailleurs ? Bah, quelle importance ? D'un geste, elle se débarrasserait de l'importun, ce serait fini dans une seconde...

— Déesse Artémis, je suis Bran Mac Febail, je fais partie des Sidhes Noirs du Seigneur Cythraul. Je suis venu vous avertir que, bientôt, nous prendrons votre vie.

Cette fois c'en était trop ! Artémis leva la main et pointa son doigt vers le jeune homme. Celui-ci ne manifesta aucune peur. Au contraire, il ne la quittait pas des yeux.

Un rayon lumineux jaillit et alla le frapper au front. C'était terminé. Elle n'avait plus qu'à appeler ses Anges pour qu'ils se débarrassent du corps de cet intr...

La lumière se dissipa, révélant Bran, toujours à genoux... sans la moindre égratignure.

Une fois encore, la déesse se demanda comment cela était possible. Aucun être ne pouvait résister à une attaque d'un dieu ! Cet homme, qui était-il vraiment ? Ou plutôt, qu'était-il ?

Celui-ci se leva, la salua d'un signe de tête.

— Déesse Artémis...

Puis il disparut.

Soufflée par une telle impudence — se présenter devant elle pour la menacer, et partir sans en avoir payé le prix — Artémis eut besoin d'un peu de temps pour digérer ce qui venait de se passer.

Cythraul, avait-il dit. Dans la mythologie celtique, il s'agissait du dieu du mal. Pourquoi voudrait-il déclarer une guerre ? Car c'était bien de cela dont il s'agissait : une déclaration de guerre.

Peu importe. Ses Anges terrasseraient ses ennemis. Ce n'était qu'une question de temps.

Ce fut plus tard qu'Artémis découvrit les corps sans vie de ses Anges. Ils gisaient, couverts de sang, non loin de ses appartements.

La déesse de la Lune se retrouvait sans protecteurs !

 

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