Requiem pour un astre

Chapitre 6 : Manipulation

2794 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 19:05

Disclaimer : L'univers et les personnages de Saint Seiya appartiennent à Masami Kurumada.

Auteur : Ardell

Chapitre cinq

Manipulation

Quelque part, dans l'Anwvyn

Le trône sur lequel il était assis était une partie du squelette d'un animal préhistorique. De chaque côté, des tentures grenat aux liserés noirs, tandis que plus bas se consumaient des braseros de pierre.

— Ma chère Aifé, comment se portent nos invitées ?

L'homme qui venait de parler, et qui paraissait vingt ans, avait de longs cheveux noirs, agrémentés d'une mèche couleur sang. Ses yeux, de magnifiques yeux saphir, illuminaient un visage d'une grande beauté. Cependant, son apparente innocence ne trompait pas la jeune femme debout devant lui et qui lui répondit :

— Elles s'affaiblissent. La crystalide incrustée sur leurs fronts se nourrit chaque minute un peu plus de leur énergie vitale. Néanmoins, tout cela sera en vain tant que nous n'aurons pas capturé Artémis. Elle est la plus puissante des sœurs de la Lune, sans elle, notre plan est un échec...

— Je ne m'inquiète pas pour cela. L'Ankou mènera à bien sa mission, ce n'est pas ce volatile qui le fera échouer ! Quant au reste des combats, ma foi, je dois dire que, cette fois, les Chevaliers d'Athéna sont tombés sur forte partie. Ah comme il est jouissif de les voir mordre la poussière ! Et je sais que je ne suis pas le seul à m'en réjouir...

— D'après ce que je sais, les Saints ont l'habitude de tomber pour mieux se relever, objecta Aifé. Triompher d'adversaires plus forts qu'eux, voilà leur marque de fabrique.

— Tu parles là des cinq Chevaliers légendaires... Nos adversaires à nous n'ont pas l'habitude d'intensifier leurs cosmos à leurs paroxysmes alors même qu'ils sont à l'article de la mort. Ce sont de très bon combattants, certes, seulement les Chevaliers de l'Espoir, ce ne sont pas eux. Cette fois, ce n'est pas leur déesse qui est directement menacée. Ils ne se transcenderont pas pour une divinité autre que leur précieuse Athéna. C'était elle qui faisait la force des cinq Bronzes. Pour les Saints d'Argent qui sont entrés dans l'Anwvyn, il n'y aura pas de septième sens. Jamais ils ne pourront aller au bout de leurs limites.

"Et quand bien même... Nous avons un, non, deux atouts dans notre manche, dont l'un est ce Sidhe si particulier... A ce propos, es-tu sûre qu'il nous suivra ?

— Il n'a pas le choix, seigneur Cythraul. La promesse qui lui a été faite le gardera dans nos rangs, qu'il le veuille ou non. Le fardeau qu'il a à porter est trop lourd pour risquer qu'il nous trahisse. De plus, comment les Chevaliers d'Athéna pourraient-ils l'aider ?

Cythraul éclata de rire.

— Et je donnerais cher pour voir la tête d'Athéna lorsqu'elle s'en rendra compte !

Propriété Kido

Le soleil avait repris ses droits et illuminait le jardin. Cette luminosité apaisait le Saint et les deux divinités apparemment, l'Ankou était vraiment parti.

— Il semble que tu avais raison, Athéna. Tes Chevaliers servent à quelque chose. J'avoue que j'étais sceptique au début, car celui là n'est pas un de tes champions, cependant il a fait honneur à son armure.

— Je t'avais dit que j'avais toute confiance en Jamian, répondit Athéna. Il donnerait sa vie pour te protéger, exactement comme s'il s'agissait de moi. Par contre, je suis moyennement soulagée l'Ankou peut revenir d'un instant à l'autre, je doute qu'il renonce aussi facilement.

Ces paroles jetèrent un froid dans l'âme de Jamian. Lui qui était si fier d'avoir fait fuir l'ennemi, voilà que sa déesse disait que ce n'était que partie remise ! Un sursit, voilà ce qu'il avait obtenu. La victoire éclatante n'était pas pour cette heure.

En voyant son Chevalier baisser la tête et serrer le poing, Athéna posa sa main sur la sienne et lui dit d'une voix douce :

— Pour l'instant, tu as rempli ta mission, Jamian. Tiens-toi seulement prêt pour le prochain combat.

Le Corbeau hocha la tête, l'œil brillant. Ça oui, alors, il serait prêt !

Anwvyn – le pommier

Le jour se fit, dévoilant la silhouette d'Aifé. Celle-ci s'avança vers le milieu de la pièce, entre les cages. Leurs occupantes, assises à même le sol avant l'arrivée de la jeune femme, se levèrent à son entrée.

— Combien de temps vas-tu nous faire pourrir ici ? attaqua aussitôt Séléné.

— Ne vous inquiétez pas, votre sœur vous rejoindra bientôt.

— Jamais vous ne pourrez capturer Artémis, ses Anges la protégeront !

Aifé eut alors un sourire qui ne plut vraiment pas aux prisonnières.

— Sauf qu'actuellement, elle est sous la garde d'un Saint d'Athéna, répondit-elle.

— Athéna ? fit Séléné. Tu veux dire les Chevaliers de l'Espoir ?

— Bien sûr que non. Je veux parler de Chevaliers de seconde zone, qui ont été jadis vaincus par ces faiseurs de miracles, avant que ceux-ci ne se frottent aux êtres les plus puissants de la Terre, sans compter les dieux qu'ils ont défiés.

— Aifé, tu es une bonne personne, je le sens, commença Hécate. Et je sens aussi, en toi, beaucoup de peine. Quelque chose te mine.

La divinité mineure plongea son regard gris dans celui d'Aifé, et au bout de quelques secondes, elle comprit :

— Non. Non ce n'est pas de la tristesse. C'est de la haine...

Mais envers qui ?

Le tilleul – Peith

Astérion se concentra. Faire le vide dans sa tête, laisser les pensées de l'ennemi venir à lui...

Au bout d'un moment, il dut se rendre à l'évidence, Conall Cernach parvenait à lui dissimuler ses pensées. Mais comment était-ce possible ? Jusqu'à présent, seule Marin en avait été capable jadis. Surtout, cela supposait que son adversaire connaissait son aptitude télépathique.

Aurait-il été observé lors de ses précédents combats ? Cythraul avait-il alors décidé qu'il passerait à l'attaque, bien avant de lancer l'offensive ?

Ou alors...

Cette deuxième explication ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout.

Il se concentra à nouveau, fit appel à sa cosmo-énergie. Encore plus, encore plus... Un feu brûlait en lui, tandis que tout s'enténébrait à l'extérieur. Plus il intensifiait son cosmos, plus il avait la sensation d'être happé à l'intérieur de lui-même. C'était la première fois que cela arrivait alors qu'il tentait de découvrir les pensées d'un ennemi. Si celui-ci décidait d'attaquer à ce moment-là... Ce fut alors qu'une voix résonna dans son esprit. Surpris, il reconnut celle de Misty. Pourtant ils n'étaient pas au même endroit !

"Astérion ! Mon adversaire est probablement manipulé ses yeux, ses yeux sont anormaux !"

Ses yeux ? Aussitôt, le Chevalier cessa sa concentration. C'était un peu comme revenir à la surface après un certain temps passé sous l'eau. L'impression que le voile se déchirait, que tout reprenait sa place, que tout redevenait normal.

Il observa attentivement le regard de son adversaire. Toujours cette petite lueur malsaine et rusée. Mais à, part cela, rien à signaler. Et plus il y réfléchissait, plus il se disait que ce Conall Cernach ne pouvait pas être manipulé.

Pourquoi certains l'étaient-ils et pas les autres ? Parce que Astérion se doutait bien que l'ennemi de Misty ne devait pas être le seul à être manœuvré dans l'ombre. Conall était-il le seul à y avoir échappé, et pourquoi ?

Décidément, il devait le faire parler.

— Parle-moi de tes amis, exigea-t-il.

— Ah ah, mes amis dis-tu ? Ne me fait pas rire, les amis, c'est pour les faibles comme toi, qui ne savent pas se débrouiller seuls. Mais je vais d'abord te parler de moi.

"Je suis fils d'un druide et frère de sang de Cúchulainn. J'ai tué plus d'hommes que tu ne peux compter, un par jour depuis très très long moment. D'ailleurs Cernach veut dire le victorieux. Il n'y a rien que j'aime tant que me jeter dans le combat et occire mes ennemis.

— C'est donc tout ce qui t'intéresse ? Tuer le plus grand nombre ? Je peux savoir à quoi ça t'avance ?

— Mais tout simplement à être le plus fort, ou du moins l'un des plus forts. Quand je te battrai, et ce sera vite fait, je gagnerai le droit de me mettre au service d'Arès, comme Berserker. Ces gens m'ont toujours fasciné... Cythraul me l'a promis.

"Et surtout tu pourras te faire un nom parmi eux, alors qu'actuellement, tu restes dans l'ombre de Cúchulainn." songea Astérion.

Du peu qu'il savait en mythologie celtique, ce dernier était un héros alors que son frère Conall n'était pas aussi connu. En se mettant au service d'Arès, cet homme voulait-il se donner une chance de briller loin de son célèbre frère ? La promesse de Cythraul suffisait-elle à le maintenir dans leurs rangs ?

— Bon, comme je suis grand prince, je vais te donner une indication. Je plains vraiment le Chevalier qui aura à combattre Bran Mac Febail...

— Ah oui et pourquoi ça ?

— Tout simplement parce que Bran est immortel.

L'if – Idho

Une impression de peine, de lassitude, voilà ce que voyait Algol dans les yeux de son adversaire. Visiblement, Bran n'avait aucune envie d'être là.

— Je vais te laisser une chance de t'en sortir, commença Algol. Donne-moi immédiatement la pierre de Fal.

Pour toute réponse, une attaque fusa :

—Time Killer (le temps assassin) !

Aussitôt, le Chevalier sentit comme si un voile s'était abattu sur lui. Empêtré dans cette étoffe invisible, il eut l'impression de nager dans de la mélasse. Ses gestes étaient plus lents, désespérément lents, comme privés d'énergie. Avec un effort, il souleva sa main et la regarda avec horreur. Celle-ci était constellée de tâches brunes et ressemblait à celle d'un vieillard. D'ailleurs, il se sentait tout entier comme s'il avait pris trente ans. Son armure était si lourde...

Avec un effort, il brandit son bouclier de la Méduse. Les yeux s'ouvrirent, prêts à poser leur regard mortel sur l'ennemi.

Effectivement, la couleur de celui-ci prit une teinte grise tandis que la pierre prenait possession de son corps. Algol eut un sourire de victoire, sourire qui s'effaça lorsqu'il vit de la poussière s'échapper de la statue. Peu à peu, c'était comme si toute la pierre quittait l'organisme de Bran, au moyen de cette poussière.

Et Bran Mac Febail fit de nouveau face à Algol, sain et sauf.

Apparemment, cela n'allait pas être facile. Quelque chose lui disait que cet adversaire là n'allait pas se crever les yeux...

Le chêne – Duir

Vingt, trente ? Plus ? Algethi avait cessé de compter le nombre de fois où il avait lancé son attaque. En vain. Ce Fergus était coriace décidément. Et, chaque fois, l'offensive de celui-ci l'avait mis à terre, écrasé comme sous un rouleau compresseur, chacun de ses os prêt à se disloquer comme sous l'effet d'une très grande gravité.

Quelque part en Algethi, l'envie de tout arrêter prit naissance. Cela ne servait à rien, l'adversaire était trop fort ! Autant abandonner !

Abandonner ? Aussitôt que cette idée fut apparue dans son esprit, quelque chose en lui se rebella.

Et puis quoi encore ? Est-ce que Seiya et les autres Bronzes avaient abandonné, eux ? Non, bien sûr que non. Au contraire, ils s'étaient battus avec l'énergie du désespoir. Même quand tout semblait perdu, ils continuaient à tenir. Même aux portes de la mort. Même au cœur de la mort !

Et lui, un Saint d'Argent, il se laisserait distancer par des Chevaliers d'une caste inférieure ? Oh que non ! Pas question !

C'est pourquoi Algethi lança une fois de plus son attaque, bien que tous les muscles et les os de son corps le fassent souffrir.

Et cette fois, Fergus fut soulevé bien plus haut, au point, lorsqu'il retomba, de creuser un cratère dans le sol.

Et même s'il se releva, le Chevalier sentit comme une lueur d'espoir éclairer son cœur.

Le pommier

— Il y a quelqu'un ici que tu détestes, n'est-ce pas, Aifé ?

— Pourquoi lui poses-tu la question, il est évident que c'est nous qu'elle hait !

Hécate secoua la tête et répondit à sa sœur :

— Oh non, ce n'est pas nous... Aifé, qui que ce soit, tu n'es pas obligée de te battre pour lui. Parce qu'il s'agit de quelqu'un de ton camp, j'ai bien raison ?

Aifé détourna le regard, puis fit de nouveau face à Hécate.

— Et alors, fit-elle. Quelle que soit l'issue des combats, cet homme est d'ores et déjà un homme mort.

La rancune présente dans ses mots était si virulente, que Séléné recula. Effrayée.

Hécate, elle, avait compris. Cette haine ne pouvait venir que d'un sentiment de perte incroyablement douloureux, le pire qui soit pour une femme.

— Qui est l'homme qui t'a privé de ton enfant ? demanda-t-elle d'une voix douce.

Aifé sursauta, rougit de colère et tourna les talons.

Propriété Kido

Le sens en alerte, Jamian observa la luminosité disparaître peu à peu, grignotée par l'ombre. L'Ankou était de retour !

— Déesse Artémis, déesse Athéna, éloignez-vous vite !

Les divinités reculèrent, laissant le Chevalier se préparer au combat.

Seulement il n'était pas préparé à ça.

C'était à présent deux Ankous qui lui faisaient face.

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