Le prix à payer pour une infidélité

Chapitre 1 : Le prix à payer pour une infidélité

Chapitre final

2759 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 26/06/2017 21:10

                Je me réveille d’un sommeil qui m’a semblé durer une éternité, comme si j’émergeais d’un gouffre sans fin. J’ouvre doucement les yeux et constate que je suis dans le noir total. Ma tête me fait mal, je n’ai pas les idées claires.

« Qu’est ce qui a bien pu se passer ? Où suis-je ? »

                La panique monte progressivement en moi, il n’y a même pas de fenêtre, ne serait-ce que pour laisser entrer l’éclairage du soleil, ou de la lune, je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est.

               En plus de ce noir total, il n’y a aucun son, aucun bruit, un silence pesant règne tout autour de moi, ce qui augmente encore plus mon angoisse. Elle arrive à son apogée lorsque je me rends compte que je ne peux pas bouger. Mes mains sont attachées au dessus de ma tête, par ce qu’il semble être des menottes, et mes pieds aussi sont liés, il m’est donc impossible de faire le moindre mouvement. Mon premier réflexe est donc de crier et de supplier qu’on me libère, mais bien sûr je n’obtiens aucune réponse.

               C’est l’odeur qui m’interpelle à présent. Une odeur nauséabonde se dégage de mes bras. Collés contre mes joues, je sens qu’ils sont moites, comme si on les avait enduits d’une substance gluante. Je tortille légèrement mon corps tel un serpent, et ressens que je suis nue puisque je devine la présence d’un matelas au contact de mon dos, lui aussi moite comme mes bras.

« Qu’est ce que c’est que ce bordel ? »

                Je décide de tirer sur mes membres supérieurs, au cas où mes mains passeraient à travers les menottes, ce qui est improbable je vous l’accorde, mais c’est la première idée qui me vient en tête. Une douleur vive se fait sentir, je relâche alors mon effort et sens du liquide couler le long de mes bras jusqu’à mes aisselles.

« Serait-ce du sang ? Il y a des lames dans ces foutues menottes ? »

C’est à ce moment là qu’un cliquetis se fait entendre. Une télé disposée en face de moi s’allume, m’aveuglant avec sa clarté et sa luminosité. L’image crépite de milliers de petits points blancs et la pièce est maintenant illuminée de bleu, juste assez pour me faire comprendre que je suis enfermée entre quatre murs. Le crépitement de la télé s’estompe, et laisse place à un grincement au rythme lent et régulier, qui en devenant de plus en plus net, fait apparaître un pantin en train de pédaler sur un tricycle. Il s’arrête, et tourne doucement la tête vers moi, tandis que la caméra fait un gros plan sur son visage. Mon cœur rate un battement lorsque j’entends un rire satanique mécanisé sortir de sa bouche.

C’est un pantin très moche. Cela-dit, je trouve que tous ces jouets tels que les marionnettes et les poupées font peur, sûrement parce que j’ai abusé de film tel que « Chucky, la poupée de sang », mais celle là est vraiment angoissante. Elle a des cheveux noirs hirsutes sur le côté d’un crâne nu, un visage peint de blanc, de grands yeux sans paupières aux grosses pupilles noires entourées de rouge. Ses joues creuses font ressortir ses pommettes sur lesquelles sont dessinées des spirales rouges elles aussi. Ses lèvres fines en rictus sont également de cette couleur qui nous fait immédiatement penser au sang, avec une bouche articulée par un carré mécanique qui se met à descendre et monter pour me parler d’une voix rauque et sinistre pleine de morale philosophique.

 « Bonsoir Alicia. L’infidélité est la seule faute que l'homme bafoué ne puisse pardonner. Pourquoi faut-il que les femmes soient toujours insatisfaites ? Ce n'est pas l'injustice en soi qui nous blesse, c'est d'en être l'objet… »

« Quoi ? Comment il sait ça ? C’est impossible ! Est-ce que Josh serait au courant de mon incartade et qu’il me le fait payer ? Impossible ! »

                La phrase finie, la lumière s’allume enfin, m’aveuglant encore plus que celle de l’écran. J’ouvre légèrement les yeux pour les habituer à la lumière. Cette lueur me brûle carrément la rétine.

« Un bocal est suspendu au dessus de ta tête Alicia. Il détient la clé qui ouvrira les chaînes que tu as aux pieds. Tu as une barre de fer à tes côtés, tu dois t’en servir pou casser le bocal et libérer cette clef. Tu disposes d’une minute pour te libérer. Seras-tu prête à faire face à ta plus grande peur et à te saigner jusqu’à ce que ton corps soit lavé de ton péché ? Ou resteras-tu enchaînée à ce lit pour le reste de ta vie ? A toi de choisir, Alicia. Que la partie commence.»

               Je regarde un instant le bocal rempli d’une couleur noir, ça bouge et grouille en tout sens quand soudain je devine ce qu’il y a à l’intérieure. C’est des cafards ! J’ai une sainte horreur des cafards ! Un vieux traumatisme d’enfance qui n’a jamais cessé de me suivre même encore adulte. Je sais que ces bestioles sont inoffensives, mais leur corps noir, leurs antennes et leurs petites pattes recroquevillées qui leur permettent de courir de partout à une vitesse folle me rendent malade. Le fait d’en croiser un sur mon chemin m’horripile, et les imaginer grouillant partout sur mon corps m’est insupportable. Ma respiration se coupe net et des frissons me parcourent l’échine, impossible d’articuler un mot ni même de crier. Complètement tétanisée, je me contente de regarder avec horreur et angoisse ce bocal.

               La télé s’éteint, un bip se déclenche et des chiffres indiquant la durée d’une minute apparaissent sur un compteur accroché au mur, au-dessus de l’écran. Dans le même temps, les chiffres lumineux de couleur rouge, commencent à décroître seconde par seconde. Sans plus attendre, un peu comme un réflexe, je tire sur mes mains d’un coup sec, et sens alors ma peau se déchirer, ce qui déclenche une douleur atroce, semblable à une décharge électrique, dans tous mes nerfs et tendons présents de mes mains jusque dans mes bras. Seulement, ce n’est que la moitié de mes membres qui est libérée, j’ai peur de tirer une nouvelle fois mais le coup d’œil que je jette au compteur, qui affiche désormais 55 secondes, me force à prendre sur moi et ainsi tirer une nouvelle fois sans ménagement.

Mes mains sont enfin libérées mais dans un état lamentable. Je ne peux m’empêcher de les regarder pour constater les dégâts. Des lambeaux de peau ont été arrachés de mes poignets jusqu’à mes doigts, laissant apparaître la chair nue vulnérable à l’air qui me brûle les vaisseaux et les muscles. Surprise de voir que je peux plus ou moins bouger mes doigts, je m’empare de la barre de fer afin de péter ce foutu bocal qui détient la clef de ma libération.

Je place l’arme sous le récipient, je respire un grand coup et frappe une première fois mais sans succès. Je respire de nouveau, j’essaie de ne pas penser à la douleur qui se répand dans mes mains et mes bras, puis recommence un deuxième coup avec cette fois un peu plus de force, mais aussi avec une plus grosse douleur qui me fait presque lâcher la barre. Le bocal est toujours intact. Haletante et à bout de force, je suis prête à laisser tomber lorsque je jette un œil sur le compteur qui affiche maintenant 30 secondes.

C’est comme un déclic, animée d’une rage extrême mon troisième coup vient à bout de ce récipient qui explose enfin, déversant aussitôt les milliers de cafards. Ils parcourent à la vitesse de l’éclair, chaque parcelle de mon corps nue. J’entends leur grouillement et sens leurs pattes me chatouiller de toute parts, c’est vraiment atroce et insupportable. J’ai beau essayer de m’en débarrasser mais elles sont tenaces, dès que j’en dégage une c’en est trois autres qui me prennent d’assaut, c’est ainsi que je me rends compte que ça ne sert à rien de me débattre. Soudain je sens des picotements, d’abord quelques un par à-coups, puis d’autres de plus en plus fréquent.

« C’est pas vrai ils sont en train de me bouffer ? »

               Sans plus attendre, j’essaie de les dégager avec mes mains, je ne sens même plus la douleur comme si mon corps s’y était habitué. Certains restent accrochés à ma peau, ils doivent se nourrir de cette substance puante avec laquelle on m’a enduite. Tant pis, il faut absolument que je trouve cette foutue clef. Je me redresse et farfouille tout autour de moi, le temps presse, le compteur affiche maintenant 15 secondes. C’est soit je me débrouille pour trouver cette putain de clef ou alors je me laisse bouffer par ces insectes de malheur.

« C’est pas vrai ! Je l’ai enfin trouvée ! »

               Il ne me reste plus que 10 secondes, je cherche maintenant frénétiquement les verrous des plaques de fers qui entourent mes chevilles, j’en trouve une mais mes mains pleines de sang glissent sur le métal, et ma panique m’empêche de m’appliquer. Je me concentre en fermant les yeux et vide mon esprit pour me focaliser uniquement sur la serrure. Un de mes pieds est enfin libre.

5 secondes maintenant. Je m’occupe de l’autre. 1 seconde. Libéré !

               Le compteur s’éteint et un grincement se fait entendre, je vois une porte s’entrebâiller sur ma droite, un rayon de lumière s’infiltre alors dans la pièce si sombre. En pleine extase, je m’élance vers cette porte, malgré mes pieds endoloris j’arrive plus ou moins à avancer tel un pantin désarticulé. Mes mains en sang continuent de se débarrasser des cafards, en les balayant et en arrachant celle qui étaient accrochées comme des sangsues, des petits morceaux de peau partent avec elles, mais peu importe, je suis libre, j’ai réussi. Chaque effort que je fais est accentué de cris, de gémissements, d’halètements,…

               J’arrive enfin dehors, les cafards ne sont plus là, il me reste uniquement la marque de leur passage, marqué par des trous dans ma chair un peu partout sur mon corps. Je prends une grande inspiration d’air frais, il fait jour, la lumière du soleil m’aveugle, je m’appuie contre un mur savourant ma liberté en criant à pleins poumons. Soudain le bruit du tricycle entendu dans la vidéo se fait de nouveau entendre, et stupéfaite je vois l’affreuse poupée se poster à mes côtés.

« Bravo Alicia. Tu as réussis. Considère ce que tu as accompli, comme la chose qui aura lavé ton pécher. Fais en sorte que cela ne se reproduise pas. L’infidélité est la seule faute que l'homme bafoué ne puisse pardonner. Ce n'est pas le méfait en soi qui nous blesse, c'est d'en être l'objet.

—    Va te faire foutre enfoiré de mes deux ! Tu entends ? Va te faire foutre ! », criai-je hystérique.

               J’envoie alors valdinguer cette satanée poupée de malheur contre un mur, cassant son visage en mille morceaux, je fais de même avec le tricycle, je me défoule jusqu’à épuisement puis après avoir fini ce carnage, je tombe dans un trou noir sans fond.

Quelques instants plus tard, à l’hôpital…

               L’agent Tapp attend avec impatience le réveil d’une jeune femme qui a été retrouvé évanouie dans une ruelle, nue, recouverte de plaies et de sang. Il aimerait l’interroger car, il est persuadé qu’elle fait partie d’une des nouvelles victimes du « tueur au puzzle », Jigsaw. Cela fait des mois qu’il enquête sur cette personne qui emprisonne des hommes et des femmes dans des pièges, les forçant à se mutiler s’ils veulent s’en sortir. Il choisit ses victimes en fonction de méfaits qu’ils auraient accomplis, pour leur donner une leçon et cette jeune fille, qui se prénomme Alicia Amelstein est la deuxième personne à avoir survécu, c’est pourquoi son témoignage allait peut-être se révéler utile.

« Comment va-t-elle ? demande l’agent à l’infirmière qui ressort de la chambre d’Alicia.

—    Elle est réveillée mais dans un état second.

—    Un état second ? Qu’est ce que vous voulez dire ?

—    Venez-voir. »

               L’agent accompagne sans plus attendre l’infirmière qui lui montre du doigt la jeune fille, adossée à son lit, recouverte de bandages. Son regard est fixe et ses yeux sans vie. Elle se contente de chantonner et de bouger la tête de droite à a gauche :

« On est siamois de père en fils,

On est siamois qu’on se le dise.

On va vivre ensemble sous le même toit,

Car ce qui est à toi est aussi à moi…»

« Elle ne réagit à rien. Elle s’est comme refermée sur elle-même. Elle est réveillée mais inconsciente. C’est assez fréquent chez les personnes qui ont subit d’affreux traumatismes. Elle ne cesse de répéter cette chanson, enchaîne-t-elle désolée.

—    Je ne pourrais donc pas l’interroger… répondit l’agent frustré et en colère.

—    Pas pour le moment en tout cas. »

               Enervé, il sort de la chambre, mais jure qu’il arrêtera un jour ce psychopathe même s’il n’a pu acquérir ce nouveau témoignage. La seule chose qui l’inquiète est que le temps est compté, car les victimes s’accumulent de jours en jours.

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