La rébellion du petit prodige

Chapitre 1 : La rébellion du petit Prodige

Chapitre final

2946 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/04/2019 16:54

La rébellion du petit prodige



Alors qu'Alec rentrait tout juste du travail et prenait le temps de déposer son blouson de cuir noir dans la penderie familiale, il entendit des voix provenant du salon et, au vu des tonalités, l'un des deux interlocuteurs était fortement en colère, tandis que le second essayait tant bien que mal de calmer le jeu… Le Shadowhunter soupira avant de s'avancer vers la zone du conflit qui opposait, pour la centième fois, Magnus, son délicieux sorcier de mari à Max, sa petite myrtille d'amour, son fils adoptif.

Alec entra dans le salon et lance un bonjour général qui normalement aurait apaisé les tensions et terminé la discussion houleuse… Il eut la nette impression d'avoir lancé une insulte de la pire espèce tant l'accueil qu'on lui fit fut glacial. Aucune réponse, seulement un regard noir de son fils avant qu'il ne disparaisse derrière la porte de sa chambre. Se tournant vers Magnus, il eut enfin le plaisir d'un accueil chaleureux et la présence de son époux dans ses bras fut d'une grande aide pour encaisser le regard noir de son petit protégé.

Le couple s'installa sur le canapé, toujours enlacés et Magnus raconta les événements ayant conduit à la scène de dispute. Max avait demander à son père de lui montrer certains souvenirs de la vie qu'ils avaient avant leur mariage, avant l'arrivée des enfants, jusque-là rien d'inhabituel. Sauf que le souvenir du jour était l'un des plus douloureux de Magnus, la rupture qu'Alec lui avait annoncée alors qu'il était au bord du gouffre, devenu humain simple et sans valeur suite au pacte d'Asmodée.

Les yeux du directeur de l'institut se voilèrent de tristesse et les caresses et autres mots doux de son mari ni changèrent rien, le Nephilim s'en voulait encore énormément, même vingt ans après les faits. Il prit tendrement le visage de son amant de toujours et l'embrassa, non sans murmurer une nouvelle fois son serment d'amour éternel. Magnus embrassa Alec, avant de le regarder dans les yeux et de le forcer à soutenir son regard :

“- Ne t'inquiète pas, il te pardonnera, comme je l'ai fait.”

Un sourire charmant et quelques baisers plus tard, le couple était de nouveau sur le canapé, persuadé que l'orage serait terminé le lendemain matin.


La soirée passa et Max ne décollerait pas, comme son père, si droit, si juste, avait-il pu ? Comment et pourquoi céder au chantage absurde d’un prince des Enfers ? Aussi puissant fût-il, il n’en restait pas moins un démon. Non, décidément, même en le tournant dans tous les sens pour essayer de comprendre pourquoi son père avait choisi la voie de la souffrance pour eux deux, il n’arrivait à rien.

Il ruminait dans sa chambre quand il entendit Magnus raconter la vision et les événements de la soirée à Alec. Evidemment le jeune homme jeta un regard et tendit l’oreille afin de savoir comment réagissait Alec. Il vit la douleur dans les yeux de son père, ressentit la blessure dans la voix de Magnus, il comprenait bien que ce souvenir était de ceux qu’on voulait enterrer et ne surtout jamais voir revenir tant ils étaient douloureux. Alors quelque part, il s’en voulait à lui-même d’avoir fouiné.


La nuit passa, et au petit matin le couple n’eut pas le plaisir de voir Max. Incapable de pardonner à son père si facilement, il était parti avant même le lever des adultes, non sans prendre un croissant et un chocolat chaud, laissant les signes de son passage dans l’évier. Chacun alla donc à son travail, Magnus promit à Alec de parler à Max afin que celui-ci cesse se faire la tête, et le Nephilim arriva à l’Institut à peu près à l’heure mais visiblement déprimé. Après une matinée chargée de paperasserie et de rapports à lire et signer, Alec sortit en patrouille accompagné de Izzy, Jace et Clary. Il pensait que sortir lui changerait les idées, que trouver et éliminer un démon ou deux ferait le plus grand bien à ses nerfs. il revinrent bredouilles et Alec dut se résoudre à retourner à son bureau, en tête à tête avec sa pile de documents à lire, signer ou rédiger. A peine était-il assis à son bureau qu’un portail s’ouvrit laissant apparaître Max, le visage fermé.


- Max ?

- Papa... on peut discuter?

- Oui... évidemment, tout va bien ?


Le directeur de l’Institut se leva, et vint auprès de son fils, ils s’installèrent ensemble dans l’un des canapés.


- Oui,... enfin non, non ça ne vas pas. Poppa, m’a montré, j’ai vu ses souvenirs…


Alec arrêta son fils avant qu’il ne termine sa phrase, voulant lui-même s’expliquer avant les suppositions hasardeuses d’un jeune homme d'à peine quinze ans ne connaissant pas l’amour et ses dégâts.

Blueberry, tu ignores presque tout de notre situation. A l’époque, j’étais jeune, et j’ai eu la peur de ma vie en voyant Mags sur le lit de l’infirmerie quand il a fait un rejet de magie. En le voyant s'effondrer, saoul, dans mes bras et pleurer parce qu'il avait perdu son identité et ne supportait déjà plus de vieillir.


La voix d’Alec se brisa face à ses souvenirs, ne pouvant plus parler. Il sentit les larmes lui monter aux yeux face à la douleur vive qui accompagne les souvenirs qui resurgissaient Max en profita, et commença à hausser la voix, alors qu’ils avaient tous deux parlé très doucement jusqu'à maintenant.

- Quand bien même tu as eu peur, ça n’excuse pas de le vendre ainsi à un démon supérieur… Le laisser tomber, comme on laisserait tomber une chaussette qui a perdu sa jumelle. Non je suis désolé papa, mais c’est inexcusable !

- Blue…

- NON ! Ne commence à essayer de m'amadouer avec ton surnom idiot !

Max se lève et commence à faire les cent pas avant de continuer.

- Tu as volontairement fait souffrir Poppa, tu as céder au chantage malsain d’un démon supérieur, et en plus tu t’es permis de vivre comme si rien de tout cela ne s’était passé…

- Max, attends...

Trop tard, le jeune sorcier avait déjà claqué des doigts et disparu dans un portail menant l’ange sait où. Alec resta à regarder l’endroit où son fils s’était volatilisé, immobile dans son canapé et seul. Seul avec sa détresse, son désespoir, sa douleur. Seul avec les souvenirs ravivés d’un baiser échangé dans la douleur des adieux, volontaires mais si peu désirés. Le directeur de l’Institut se leva, s’avance vers son bureau et sans un mot se plongea dans le travail, il signa, lut, rédigea des rapports dont il ignorait le sens, son esprit était ailleurs.


Les heures passent et la nuit tomba, Alec travaillait toujours et c’est Jace, inquiet de voir le bureau de son frère encore allumé qui vint et trouva le directeur en plein travail. Le blondinet interpella le brun et, sortant alors de son état de stupeur, Alec prend la mesure du temps qui s’est écoulé, s’étonna et rangea précipitamment ses affaires sous le regard amusé de Jace, qui ne se doutait pas une seconde du drame qui se produisait dans l’esprit de frère. Alors qu’un portail s’ouvrait, réponse au sms discret envoyé à son époux, Alec se tourna vers Jace et dit d’une voix fatiguée :

- A demain, Jace !

- Tu travailles trop, Parabatai !

Alec sourit et emprunta le portail le ramenant dans la douceur de son appartement, laissant Jace retourner dans sa chambre à l’Institut après avoir éteint les lumières et fermé la porte du bureau.

Magnus s’illumina en voyant Alec arriver mais comprit très vite que quelque chose n’allait pas. Attirant son amant sur le canapé, il l'interrogea et Alec ne tarda pas à expliquer la conversation de l'après-midi. La douleur d’entendre son fils lui reprocher ce que lui-même ne pouvait se pardonner depuis bientôt vingt ans. Magnus soupira, attira Alec contre lui et le berce en l’embrassant pour le calmer, le rassurer. Lorsqu’Alec fut enfin serein, il se leva et alla préparer le repas. Son mari l’informa alors :

Max m’a envoyé un message, il dort chez une amie ce soir.

- Ho… je vois.

Alexander accusa la nouvelle avec beaucoup de difficulté, voyant dans ce geste la volonté de son fils à ne pas le voir, et encore moins lui parler. Le couple dîna en silence, profitant de l’absence de leur fils pour partager un moment en tête à tête, moment que Magnus aurait volontiers voulu romantique, mais devant la détresse d’Alec, il ne put que le rassurer et lui apporter son soutien.


Deux jours passèrent et Max ne donnait toujours pas d’indications sur sa date de retour à la maison. Alexander était plus que déprimé et Magnus, craignant pour l’intégrité de son époux, décida d’agir. Il prit en premier lieu son téléphone, appelant Jace afin de lui faire un bilan de la situation et de le prier de ne pas lâcher son frère des yeux, ce que le blondinet accepta évidemment, mettant même Izzy sur l’affaire. Il envoya ensuite un message de feu à son fils, l’invitant à le rejoindre dans les plus brefs délais afin d’entamer une discussion explicative de la plus haute importance.

Alec arriva à l’Institut et se retrouva avec deux gardes rapprochés sans avoir d’explication, il laissa passer la matinée ainsi, ne s'inquiétant que peu de la nouvelle lubie de sa fratrie et préférant de loin s'inquiéter des événements de la ville. Travailler, et ne pas réfléchir !

Pendant ce temps, Magnus s’occupa de ses obligations de grand sorcier de Brooklyn, attendant l'arrivée de son fils. Celui-ci arriva à l’heure du déjeuner, plus ou moins penaud mais heureux de retrouver son père et sa maison. La discussion entre les deux sorciers put donc enfin commencer, ils s’installèrent et parlèrent durant un moment en restant calmes.

Calme que ne partageait pas le troisième membre de la famille. Ne supportant plus le regard perçant de sa sœur et la présence suffocante de Jace, il s’enferma dans son bureau, prétextant un besoin de solitude pour réussir un rapport particulièrement épineux. Il s’assit à son bureau, avec dans l’idée de travailler. Se réfugier dans une tâche où il avait besoin de toutes ses capacités cérébrales lui permettrait, pensait-il, de s'empêcher de ruminer. Peine perdue, il ne tint pas deux minutes avant de soupirer, et de repousser ses travaux en cours. Il n’arrivait pas à oublier les propos de son fils, comme si le couteau remuer encore dans la plaie béante de son cœur.

Il soupira, repoussa la tête en arrière, fermant les yeux avant de les rouvrir, il avait peut-être une solution. Il verrouilla la porte de son bureau, trop conscient de la liaison qui l'unissait à son frère pour ne pas prendre ce genre de précaution, activant les mécanismes de défense du bureau, soit les plus efficaces de l’Institut. Il s’assit dans le canapé, une flèche de son carquois à la main. Il voulait arrêter de penser à la douleur qui lui broyer la poitrine, il soignerait donc le mal par le mal. Il enfonça la pointe de la flèche dans sa cuisse et son grognement de douleur fit échos au hurlement de Jace derrière la porte. Alec souris, voir le sang couler de sa cuisse apaiser son cœur. Il n’avait pas réellement pensé à son Parabatai et eut un léger pincement quand il compris que le hurlement ne venait pas de lui mais bien de Jace qui maintenant tambouriner à la porte en hurlant, voulant entrer, vérifier l’état de Alec, qui bien sure n’était plus vraiment en capacité de parler.

Izzy appela immédiatement Magnus, interrompant ainsi la réunion père-fils en cours, mais face aux explications quelque peu pressantes de la jeune femme, la décision fut prise de venir immédiatement à l’Institut. Il fut sur place en quelques minutes à peine, non sans demander à son fils de rester à l’abri dans l’appartement et d’attendre son retour !

Il désactiva la magie de protection mise en place autour du bureau et ouvrit la porte. Ce qu’il vit lui tira un cri de stupeur. Alec, le sourire au lèvres en train de perdre conscience au même rythme que le sang s'écoulait de sa jambe blessée.

- La fémorale !

Izzy, en voyant son frère ainsi blessé avait immédiatement compris que le suicidaire devant elle avait visé et touché la fémorale, l’artère principale du système sanguin de la zone basse du corps. Elle esquissa un mouvement pour s’approcher de son frère, trop tard, un portail venait d'apparaître, permettant à Max d’assister à une scène que son esprit, fragilisé lui aussi ne put encaisser, il perdit son glamour en une fraction de seconde et tous l’Institut commença à trembler sous les impulsions de la magie du jeune sorcier, il perdait le contrôle.

Magnus réagit presque aussi rapidement que la perte de contrôle de son fils, il le prit dans ses bras, lui parla doucement, essayant, par ses paroles et un flux magique apaisant extrêmement stable de calmer son fils, tandis que Izzy hurlait des indications aux Shadowhunter présents pour les faire bouger. Il fallait emmener Alec, ainsi que Jace à l'infirmerie pour stopper l’hémorragie du premier et aider le second à récupérer de la douleur issue du lien runique. Mais surtout, il fallait laisser Magnus gérer la magie incontrôlable de son fils.

Une fois le corps de son père hors de sa vue, Max réussit à se calmer et à respirer correctement. Magnus insista pour qu’ils restent quelques minutes ensemble, seuls dans le bureau de Alec, vérifiant ainsi la stabilité des pouvoirs de chacun. Une fois sûrs à cent pourcent que le risque de catastrophe n’était qu’un souvenir, ils allèrent ensemble aux chevets du grand brun, unirent leurs pouvoirs pour soigner la plaie et restèrent à ses côtés, en priant les anges de le laisser avec eux pour encore de longues années.

Alors qu’il prend la main de son époux, Magnus regarda ses deux hommes et dit doucement :

- Il n’a jamais su que se sacrifier pour moi, pour nous… aujourd’hui, comme hier…

Explication minime de toute cette comédie. Le sorcier se promit d’avoir une longue discussion en famille quand Alexander serait de retour à la maison. Il se promit aussi de le garder pour lui pendant au moins une semaine !

Jace commença à sortir de sa demi inconscience due à la douleur fulgurante, cela soulagea toute l’assistance. Jace debout était un signe qu’Alec s’en sortirait.


Il se passa deux heures avant qu’Alec ne montre enfin des symptômes de réveil. Il était temps parce que les Shadowhunters commençaient déjà à invoquer l’idée des Frères Silencieux. Magnus les avait non seulement fait taire mais aussi sortir de l’infirmerie, ne restait alors dans la pièce que Jace, toujours sur son lit mais maintenant bien réveillé, Izzy, inquiète et serrant la main de Jace, Max les yeux rouges d’avoir trop pleuré, le regard fixé sur son père priant on ne sait qui, ou quoi, pour retrouver son papa et enfin Magnus, qui aurait sans doute préféré avoir une discussion en famille autour d’un apéritif plutôt qu’une réunion sinistre dans l’infirmerie à attendre que son idiot de mari se réveille.

Magnus s'avança pour attraper la main de son époux, se pencha sur lui pour l’embrasser tendrement avant de murmurer des paroles que personne ne compris à l’oreille de son amant. La réponse fut qu’Alec ouvrit presque immédiatement les yeux, comme si les paroles de Magnus l’avait soulagé d’un poids, lui permettant de sortir de son sommeil comateux. Le blessé plongea son regard dans les yeux de félin de son mari, cherchant du réconfort, Magnus lui rendit amour, force et confiance au travers de ce simple échange et enfin l’aida à se relever péniblement. Izzy et Jace entrelacèrent leurs doigts de soulagement. Max lui se leva, alla timidement jusqu’au lit de son père, comme si il attendait une invitation pour se serrer contre ses parents. Ce fut justement Alec qui tendit une main vers lui, la tête posée contre le torse de Magnus, il regardait son fils et attendait qu’il vienne. Max ne se fit pas prier, il grimpa sur le lit rapidement en faisant attention à la jambe de son père et vint, à son tour, câliner ses pères.



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