Silent Hill : Return to Paradise

Chapitre 8 : Chapitre 10121 (Eric Walsh) Orexis

Catégorie: T

Dernière mise à jour 09/11/2016 05:23

20 février 1994... Appartement 27, Ashfield…10H46

Errol Casey tambourinait à la porte du 27. Il avait un mandat pour pénétrer de force dans les lieux, mais il voulait autant que possible faire les choses en douceur. Le vieux concierge était là, avec sa femme, comme témoins, interdit, se tordant les doigts et répétant qu'il n'avait pas vu Mr Sullivan depuis plusieurs heures, que c'était un gentil garçon qui ne ferait pas de mal à une mouche. Casey s'en moquait : il savait très bien pourquoi il était ici et comptait mener sa mission à bien.

Cela faisait une journée que Walter Sullivan avait quitté le commissariat juste après son entrevue avec le commissaire Bearchan, sans dire un mot et en ayant laissé son collègue dans un état de choc sérieux. Casey ne savait pas ce qui s'était dit, mais il soupçonnait Sullivan d'avoit fait des révélations fracassantes à Bearchan, ce qui expliquait pourquoi celui-ci avait obtenu assez vite un mandat de perquisition par le juge d'instruction du 73 ème Comté.

Personne ne répondait aux coups de Casey et du reste, aucun mouvement ne se faisait entendre de l'autre côté de la porte. Il se tourna vers le concierge et le somma d'ouvrir la porte du 27. Le concierge protesta un peu, pesta contre la police pour la forme, mais sortit son trousseau de clefs et ouvrit l'appartement. Casey, et deux policiers venus avec lui, pénétrèrent dans le vestibule ; un coin cuisine à gauche, un petit salon en face, un couloir à droite, donnant sur la chambre à coucher et la salle de bain : semblables à ceux de tous les appartements du quartier. Pas de photos, pas de cadres sur les murs, pas de télévision ni de poste de radio, pas de canapé ; seule une pendule accrochée au mur, une table basse, un frigidaire vide. Difficile de croire que quelqu'un vivait ici…

Casey emprunta le couloir menant à la chambre, passa devant la salle de bain (minuscule mais bien suffisante pour une personne seule), et entra dans la pièce contenant un lit une place, une armoire avec quelques vêtements, une table de nuit, un petit bureau ; une guitare était posée contre le mur, incongrue dans cette pièce spartiate ; pas de téléphone. Là encore, rien sur les murs, mais quelque chose attira l'attention de Casey : une petite bibliothèque murale, contenant une dizaine de livres en tout, sur laquelle était punaisée une feuille blanche sur laquelle était dessiné un étrange dessin rouge circulaire ; deux bougies fondues se trouvaient de chaque côté. Casey se demanda s'il devait prendre ceci, mais décida de ne pas y toucher. Le contenu de la bibliothèque n'était pas très intéressant : quelques ouvrages parlant des Indiens d'Amérique, des Pawnees, d'autres parlant des premières colonies américaines, d'autres de folklore… Et là, coincé entre deux volumes, un petit cahier, ressemblant à une petite Bible. Il mit ses gants et lut le titre… Les 21 Sacrements ou la Descente de la Mère Divine

Il avait déjà lu ces mots mais il ne se souvenait plus où… Mais si bien sûr ! C'étaiten les mêmes mots que ceux qu'il avait lu dans l'espèce de journal que Jimmy Stone rédigeait au moment de mourir ! Le truc en rapport avec le culte de Silent Hill… Casey venait de trouver un lien formel entre Walter Sullivan, le culte de Silent Hill et Jimmy Stone. Bearchan ne pourrait plus nier les faits maintenant ! Il mit le petit cahier dans un sachet en plastique comme pièce à conviction.

Les deux autres policiers fouillaient la chambre : l'armoire n'était pas vide, et dans un coin de la chambre, un sac de voyage traînait, ouvert. Visiblement, Sullivan n'avait pas fui, ses affaires étaient là. Mais qui savait ce qu'un tueur ( présumé , se corrigea mentalement Casey) pouvait avoir dans la tête ?

Restait à trouver Walter Sullivan et Dieu seul savait où il pouvait bien être…

§

20 février 1994... Bar «Southfield», Ashfield…18H57…

Les clients du bar, un homme et une femme, sortirent bras-dessus bras-dessous, sous un ciel nuageux et menaçant. Eric passa un coup de chiffon sur le comptoir en zinc tout en les regardant. La femme avait pas arrêté de lui faire de l'œil, ce qui n'avait pas été pour lui déplaire. Il lui avait fait une petite démonstration de sa dextérité en lui préparant un cocktail maison, le Walsh Love ; elle avait bien aimé, mais le type, lui, n'avait pas apprécié. Après avoir bu un verre ou deux, voilà qu'ils repartaient. Eric n'y pouvait rien : le métier de barman plaisait aux femmes…

Le gérant du bar, Mr Gareth, se pointa dans la seule et unique salle prévue pour la clientèle et se dirigea vers Eric. Il avait sa tête des mauvais jours, et Eric n'aimait pas ça… Il n'allait quand même pas lui gâcher la journée, ce vieux barbon ?

- «Ric, on va fermer plus tôt ce soir ; il va y avoir de l'orage et je voudrais pas que tu te retrouves coincé ici», déclara Mr Gareth. «De toute façon, avec ce temps, on n'aura plus de clients aujourd'hui, le chiffre est fait, c'est le principal…»

Eric Walsh fut agréablement surpris : son vieux patron le libérait plus tôt ! Bien sûr, il savait que c'était un jour spécial pour Eric aujourd'hui. Il allait pouvoir rentrer chez lui organiser ça.

- «Veille quand même à ce que tout soit propre pour demain», précisa le gérant. «Après tu pourras partir. Ah si, encore une chose : le numéro de téléphone du bar a changé, pense à refaire le message du répondeur pour nos clients.»

Il se détourna, et jeta avant de disparaître :

- «Oh ! Et bon anniversaire !»

Mr Gareth sortit par la porte du fond, sans doute pour régler quelques détails dans son bureau. Eric était de bonne humeur. Il allait faire rutiler tout cela et après il se rentrerait tranquillement, en essayant d'éviter la pluie. Malgré tout, le gérant avait eu l'air soucieux en lui annonçant la bonne nouvelle. Y avait-il une autre raison à cette fermeture inopinée ? Eric s'en foutait, en fait…

Il s'approcha de la table de billard et remis les boules dans le triangle, bien au milieu ; puis, il reprit son chiffon et entrepris d'astiquer tout ce qui pouvait l'être : il n'était pas maniaque, mais Mr Gareth oui, et il ne voulait pas qu'il trouve une excuse pour l'engueuler. Il frotta le chrome des robinets, des chaises de bar, passa un coup aussi sur les bouteilles multicolores, et même les poignées de porte. Pour finir, il sortit la serpillère pour faire briller le sol comme un miroir. Sa tâche terminée, il se rendit au vestiaire pour prendre ses affaires. Juste avant de sortir, il décrocha le combiné du téléphone du bar et enregistra un message informant les clients du nouveau numéro. Content de lui, il enfila son blazer, sortit ses clefs de voiture et ouvrit la porte du bar pour se jeter dans un début de tourmente.

Le ciel était bas, et il voyait même quelques éclairs déchirer les nuages au loin. Sa voiture était garée en contrebas dans le parking, et il se dirigea vers elle à grands pas.

Il y avait quelques bouchons entre chez lui et le bar, et il dû apostropher vulgairement quelques automobilistes qui avaient sûrement eu leur permis dans une pochette surprise. Heureusement, il n'était pas trop loin de son domicile, ce qui lui permit de ne pas trop oublier son savoir-vivre.

Il gara sa voiture en bas de chez lui, un petit immeuble assez cossu, loin du centre-ville. Il vit la voiture de son père, et pensa à la petite fête qui allait avoir lieu : ce n'était pas tous les jours qu'on avait vingt-quatre ans. Il était un adulte maintenant mais sa mère avait toujours tenu à fêter ses anniversaires en grandes pompes, avec toute la famille. Etaient-ils déjà tous là ? Rien qu'en pensant au gâteau que sa mère avait dû faire pour lui, il salivait d'avance.

En montant les escaliers qui menaient à son étage, il sortit de sa poche un sachet de bougies bon marché : tous les ans il fallait de nouvelles bougies, c'était la règle. Il aimait bien que toute sa famille soit réunie, la famille, c'est sacrée. Il y aurait sûrement l'oncle Hale et la tante Isla, ses deux cousins Jörn et Kalman, son grand-père et sa grand-mère maternels, peut-être son autre oncle, Lee, un solitaire qui vivait pas loin d'ici et qui ne manquait jamais une occasion de venir les voir… Ca ferait pas mal de monde dans leur petite appartement, mais il aimait bien ça, sentir leur présence…

Il arriva sur le palier et tapa contre la porte selon un code qu'il avait mis au point avec ses parents. Personne ne répondit mais la porte s'ouvrit. Il entra, posant les bougies sur le guéridon de l'entrée.

- «Maman ! Papa ! Je suis rentré !» cria-t-il au silence.

Il enleva son manteau et le pendit à une patère. Il se dirigea vers le salon, dans lequel la table avait été dressée et sur laquelle un gros gâteau était posé. La pièce avait été décorée pour l'occasion de tout un tas de fanfreluches en papier, que sa mère avait dû faire pendant la journée. Eric sourit : la famille était peut-être sortie faire une dernière course, il n'avait pas prévenu qu'il sortait plus tôt que d'habitude.

Il enleva ses chaussures et s'assit dans le canapé, attendant que sa famille revienne. Pour une raison qu'il ignorait, il faisait étrangement chaud dans la pièce, mais il ne pouvait pas ouvrir les fenêtres car la pluie avait commencé à tomber. Les lumières du salon tressautèrent et s'éteignirent. Et merde ! Une panne d'électricité maintenant ! Il alla chercher à tâtons les bougies dans l'entrée, les déballa et les plaça sur son gâteau à la lueur d'un éclair. Il gratta une allumette et les laissa illuminer la pièce de leur pâle lueur tremblotante. Il remarqua à quel point la lueur des bougies pouvait être lugubre quand on était seul. Mais où étaient-ils ?

Le sol semblait mou sous ses pieds. Etait-ce de l'humidité ? Mou et collant… Ce n'était pas normal. Il prit une bougie et la dirigea vers le sol : il était rouge… Bizarre. Le sol de l'appartement avait toujours été de couleur crème, en tout cas il avait cette couleur quand il était entré. Il devait être fatigué, ses yeux lui jouaient des tours.

C'est au moment d'aller se rasseoir qu'il entendit le frottement. Comme quelque chose de sec contre du papier…

Il se retourna vers l'escalier qui menait à l'étage. La pénombre était épaisse et on y voyait pas à deux pieds devant soi. Eric pensa alors que sa famille lui avait fait une surprise, ou avait voulu lui faire peur, qu'ils étaient tous cachés en haut, dans les chambres. Il le croyait toujours au moment où il vit une main… une main énorme jaillir de l'obscurité et agripper le chambranle de la porte. Une main, puis un bras, puis un torse disproportionné, et enfin une tête… Non, deux têtes… sur un seul tronc… Eric recula, et fit tomber sa bougie qui s'éteignit.

Si seulement il avait pu ne pas voir ce qui approchait… Mais les autres bougies continuaient de dispenser une lumière chiche dans la pièce et il y voyait suffisamment clair pour enregistrer en un coup d'œil tous les détails de la… chose qui venait vers lui : à première vue, cela ressemblait à un être humain, mais ses proportions étaient impossibles ; deux têtes sur un seul cou… plus de deux têtes en fait, il y en avait encore une sur le torse, du côté gauche… Leurs traits lui semblaient horriblement familiers… Les mains et les épaules étaient énormes, mais les bras ridiculement maigres… Les genoux… les jambes… disproportionnés… Rien à voir … Les visages, mon dieu !

La créature traîna sa carcasse disgracieuse jusqu'à une chaise et s'assit. Eric était pétrifié : d'autres têtes dans le dos, deux grosses, et deux autres plus petites ; les bouches se tordaient comme pour parler, et de fait, Eric entendit bien un son sortir de ses orifices :

- «Nous sommes tous ensemble, Eriiiiiiic…»

Il ne reconnaissait pas la voix, mais elle lui était familière : c'étaient les voix réunies de tous ses proches, dont les têtes dépassaient de la chair parcheminée de la chose assise devant lui. Ses deux parents lui souriaient par-devant, ses cousins le regardaient par-derrière. Cela ne pouvait être … Eric ouvrit le tiroir de la commode derrière lui et se saisit du revolver de son père. Il pointa le canon sur cette monstruosité qui ne pouvait venir que de ses pires cauchemars…

Une autre voix, étrangère celle-là, résonna dans ses oreilles :

«Maman est partie au ciel maintenant… Pourquoi ne veut-elle pas descendre ?...»

Eric retint sa respiration : il ne pouvait pas tirer sur eux, ils étaient tout ce qu'il aimait, tout ce qu'il avait… Ce serait si doux de fermer les yeux et de réentendre leurs voix, à tous… Aussi, il retourna le canon de l'arme vers lui, et avec un sourire béat, il se dit que, oui, vraiment, c'était un splendide anniversaire…

§

20 février 1994... Appartement des Walsh, Ashfield…20H08…

La pluie tombait à pierre fendre. C'était comme si elle ne s'était pas arrêtée depuis hier soir. Un nouveau meurtre… Casey était au bord de la syncope. Rien vu, rien entendu, encore une fois. Ou plutôt si, un coup de feu, perçu par les voisins des Walsh, vers 19H20, hier soir. Tout le monde savait que Mr Walsh avait un revolver dans le voisinage, mais il ne s'en servait jamais. Le bruit avait alerté les voisins qui avaient alors appelés la police ; avec les meurtres qui avaient eu lieu récemment dans le quartier, les gens étaient sur les nerfs.

Seul le fils des Walsh se trouvait au domicile, une balle dans la tête. Un suicide ? Cela en avait tout l'air, et pendant un instant, Casey espéra que ce n'était pas le tueur aux chiffres… Mais un coup d'œil sur le corps lui fit perdre bien vite ses illusions… 10121 scarifié sur le bras gauche… Et les coutures sur le torse… Le cœur emporté, comme sur tous les autres cadavres. C'était encore lui, pas de doute. Mais qui était ce « lui » ? Walter Sullivan ? Son signalement avait été distribué dans tout Ashfield et personne ne l'avait vu jusqu'à présent. S'était-il faufilé dans ce bâtiment à l'insu de tous ? Peut-être Eric Walsh l'avait-il surpris chez lui, avait essayé de se défendre, pensant à une agression, peut-être le coup était-il parti tout seul ? Non, le rituel continuait, celui des 21 Sacrements , il en était persuadé… même s'il n'avait toujours pas compris le but de la manœuvre…

Un gâteau d'anniversaire recouvert de cire froide trônait sur la table de la cuisine. Il fallait qu'il informe la famille de ce jeune homme de ce que qui s'était passé. Mourir le jour de son anniversaire… Quel symbole cela devait représenter pour le tueur ?

Casey voulut se détourner de la scène de crime, dégoûté par sa propre incompétence à arrêter ce massacre. Mais quelque chose attira son attention : une feuille de papier pliée plantée dans le gâteau. Etait-ce un simple mot de félicitation ? Casey le prit et le déplia. Il n'y avait que ces quelques mots :

Pour le commissaire Aidan Bearchan

L'un des chiffres est un symbole

Cela avait été laissé par le tueur. C'était un indice. Il se moquait d'eux. Ou alors il voulait se faire prendre. Casey allait tout faire pour que cela arrive au plus vite…

Casey se détourna et sortit sous la pluie battante. Levant les yeux, il aperçu au loin une silhouette immobile, dans la tourmente, familière. Elle semblait tournée vers lui, la tête levée comme pour recevoir le baptême du ciel. Son sang ne fit qu'un tour : il courut à l'endroit où il avait vu l'apparition, mais le temps qu'il y parvienne, celle-ci avait disparu, comme un mirage dans le désert qui disparaît une fois qu'on croit l'avoir atteint.

§

20 février 1994... Appartement d'Aidan Bearchan, Pleasant River…21H19…

Encore un meurtre… Un jeune barman… Une balle dans la tête… pour faire penser à un suicide ? Aidan Bearchanten doutait, cela faisait partie d'un plan, d'un schéma, que le tueur leur imposait.

Il était rentré chez lui après que Casey lui ai fait son rapport. Ce dernier lui avait donné le petit cahier trouvé chez Sullivan, ainsi que la note que le tueur avait laissé à son intention sur le dernier lieu du crime. Bearchan savait qu'il ne fallait pas amener son travail chez soi quand on était flic, mais il ne pouvait pas fermer l'œil avant d'avoir élucidé ce mystère.

Après avoir pendu son manteau dans l'entrée, il avait sorti le cahier de sa poche et s'était mis à lire ; cela ressemblait beaucoup au journal qu'on avait trouvé sur le lieu du premier crime, à Silent Hill :

«La Descente de la Mère Divine - Les 21 Sacrements
Le premier signe
Et Dieu a dit,
Le moment venu, ma colère purifiera le monde.
Rassemble l'Huile blanche, la Coupe noire et le sang de dix Pécheurs.
Apprête-toi, pour le Rituel de la Sainte Assomption.
»

Cela parlait d'un rituel destiné à élever quelque chose ou quelqu'un ; pour cela, il fallait faire couler le sang de dix personnes… Les dix meurtres ?

«Le Deuxième Signe
Et Dieu a dit,
Donne le Sang des dix Pécheurs et l'Huile Blanche en offrande.
Tu seras libéré du carcan de ton enveloppe terrestre et jouira du Pouvoir des Cieux. De la Nuit et du Néant, fais rejaillir les Ténèbres et ceins toi de Désespoir au nom de l'Elu.
»

Donner du sang en offrande  ? Visiblement pour se libérer de quelque chose, de son propre corps ? Et quelle était cette huile blanche ? Il allait ordonner qu'on fouille l'appartement de Sullivan de fond en comble afin de trouver des produits suspects.

«Le Troisième Signe
Et Dieu a dit,
Retourne à tes sources à travers la Tentation du pêché.
Sous l'œil vigilant du démon, erre seul dans le Chaos sans contours. L'alignement des quatre Expiations en dépend.
»

Cela devenait de plus en plus confus pour lui. Il ne s'était jamais intéressé à l'ésotérisme, mais ce texte faisait résonner en lui quelque chose de personnel, d'intime, de profondément ancré en lui…

«Le dernier signe
Et Dieu a dit,
De ta chair sépare la Mère Réincarnée et l'Elu.
Ta tâche accomplie, le Mystère des 21 Sacrements provoquera la réincarnation de la Mère et la rédemption de la Nation du Péché.
»

Ce rituel était donc censé ramener quelque chose à la vie, dans le monde… La Mère ? Ou avait-il déjà entendu parlé de la Mère Divine ? A Silent Hill … à l'époque où il y habitait… il y avait si longtemps… Toute cette histoire était liée au culte de Silent Hill… Sullivan avait grandi à la Wish House, à Silent Hill, un établissement qui semblait plus ou moins lié à ce culte. Il n'était pas impossible que le jeune Walter ait pu entendre des choses à ce sujet, et qu'il se soit mis en devoir, une fois adulte, de réaliser certaines prophéties… Agissait-il seul ? Jimmy Stone semblait au courant de ce rituel puisqu'il l'avait retranscrit dans son journal, entre autres choses… Sullivan avait-il gardé des rapports avec ses anciens tuteurs ? Etait-il épaulé par quelqu'un ?

Bearchan posa son front dans ses mains : voilà qu'il accusait encore Sullivan d'avoir commis les meurtres… Mais il avait des preuves maintenant. Il n'aimait pas cela… surtout la dernière preuve, presque irréfutable : l'écriture du billet trouvé chez les Walsh était la même que celle contenue dans le cahier… Walter Sullivan était l'assassin… ou du moins était lié à lui et en savait plus que ce qu'il n'avait dit.

Il prit la note dans sa main et la relut :

Pour le commissaire Aidan Bearchan

L'un des chiffres est un symbole

Ces mots faisaient sans nul doute allusion aux chiffres retrouvés sur les cadavres. Des chiffres dont il comprenait mieux la signification maintenant. Dix victimes : les deux premiers chiffres désignaient le nombre de victimes ; selon le texte ésotérique, il fallait dix victimes. Devait-il en déduire que les meurtres allaient s'arrêter ? Les deux derniers chiffres se référaient au rituel, les 21 Sacrements. Restait le seul chiffre qui ne voulait rien dire, le 1 au milieu. S'il rassemblait tout ce qu'il savait à présent, le symbole à substituer à ce chiffre était évident…

10/21… Dix victimes sur vingt-et-unes ? Non, le rituel n'était pas encore terminé. Restait à savoir comment il se manifesterait… et où était Walter Sullivan…

§

20 février 1994... Commissariat, Pleasant River…23H30…

Le policier de garde cette nuit n'allait pas tarder à rentrer chez lui. Rien à signaler. Il allait taper son court rapport avant de mettre les voiles. C'est alors qu'il entendit la porte d'entrée du commissariat s'ouvrir puis se refermer. Et merde , se dit-il.

Il fit bonne figure et se retourna vers le visiteur nocturne, un visage qu'il lui semblait avoir déjà vu dans les parages. Il lui fit un grand sourire, ravalant un baillement.

- «Je peux vous aider ?»

- «Je viens me rendre à la police : je suis l'auteur des dix meurtres…»

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