SPIDER-MAN MEDIEVAL 1 : LES ESPRITS DE LA TERRE

Chapitre 3 : En quête de savoir

2146 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 25/06/2019 08:58

L’université d’Oscorpia était l’une des grandes œuvres du baron d’Osborn, peut-être même la plus grande. Afin d’accélérer sa mise en place il lui avait même accordé une aile de sa forteresse au centre de la ville et y ajouté progressivement quelques extensions. C’est ainsi qu’au sein de ces murs épais, de ces meurtrières, et de ces grilles en fer forgé, étaient apparus lutrins, et parchemins.

    

    Pour Peter si féru de connaissances cet endroit représentait le paradis. Un paradis inaccessible à un simple apprenti-artisan d’une boutique sur le déclin à moins d’avoir un oncle capable de glisser quelques mots à une personne haute placée comme le prévôt de la ville.

    

    Ses poignets lui faisaient mal à force de travail. Sa vue se brouillait. Alors Peter oublia sa peine juste l’instant d’un rêve furtif où il s’imaginait en grand érudit entouré de disciples. Puis une voix vive et puissante le ramena brutalement à la réalité.

    

    « Parker ! Je vous paye pour quoi ? »

    

    « Pardon... monsieur Jameson. » Bredouilla péniblement Peter avant de reprendre sa plume.

    

    « Bon cette enluminure elle avance ? »

    

    « J’ai presque fini. »

    

    « J’ai presque fini. Tout le monde me dit ça ici. » Déclama Jameson à toute l’assemblée.

    

    Les personnes concernées baissèrent alors un peu plus la tête.

    

    Jonah Jameson était l’armarius dirigeant le scriptorium de l’université. C’était en ce lieu que l’on copiait les livres. Jameson y occupait le rôle de l’œil de Dieu. Rien ne lui échappait de la petite tâche d’encre en bas de page au soupir de fatigue.

    

    Jameson ne s’attelait pas à sa tâche, il l’embrassait de toute son âme, et considérait que tous devaient faire de même. Quant à Peter les esprits brillants ne manquaient dans cette université. Si bien qu’on ne trouva d’intérêt chez lui uniquement dans ses aptitudes au dessin. Au moins Oncle Ben lui avait déniché une autre perspective d’avenir que son établissement périclitant.

    

    « Monsieur Jameson. » Ajouta timidement Peter. « Vous savez que je maitrise la lecture et l’écriture maintenant. »

    

    Du fait qu’un enlumineur décorait certaines lettres, Peter avait été formé sommairement dans ces deux domaines. Son intelligence avait faisait le reste.

    

    « Je suis ravi pour vous. » Rétorqua froidement Jameson tout en se détournant de lui.

    

    « C’est que j’aimerais bien devenir copiste. »

    

    Le silence déjà pesant s’accentua encore au sein du scriptorium. Même les grattements de plume s’arrêtèrent. Quelqu’un faisait une demande à Jonah Jameson ! L’apocalypse était-elle en marche ? Des grenouilles pleuvaient-elles dehors ? Jameson regarda pour la première fois depuis son arrivée bien en face Peter tout en mâchouillant sa lèvre. Une vieille manie de sa part comme si quelque chose lui manquait dans sa bouche.

    

    « Et moi j’aimerais multiplier les livres comme Jésus les pains et les poissons. Mais comme je ne le peux pas, je me contente de vous tous ici présent. »

    

    Le message était passé. Peter se remit au travail. Jameson reprit sa ronde. Ainsi l’adolescent continua à subir le supplice de Tantale. Alors qu’il était entouré de livres, Peter pouvait tout juste les survoler. La journée se poursuivit ainsi jusqu’à ce qu’un autre inconscient pénètre dans le scriptorium, et fasse à son tour une demande à Jameson.

    

    « Bonjour, j’ai besoin d’une aide pour des recherches à la bibliothèque. »

    

    « Et moi je...» Commença d’abord à dire Jameson tout en se retournant.

    

    Une fois la manœuvre effectuée il changea immédiatement de ton.

    

    « Bien sûr messire d’Osborn. »

    

    Harry d’Osborn n’avait que deux choses en commun avec son père : son nom de famille et sa chevelure rousse et ondulée. Sinon c’était un dilettante peu rigoureux dans ses études. Sans doute un peu de discipline parentale aurait corrigé cette attitude. Seulement sa mère était morte en couche et son père bien trop occupé. Par conséquent il négligeait une certaine intelligence au profit des privilèges découlant de sa filiation. Comme par exemple disposer d’une personne pour porter et ranger ses livres à la bibliothèque de l’université.

    

    « Je vais prendre le même que la dernière fois. Peter P..arker il semble. Ça ne vous gêne pas ? »

    

    « Absolument pas. » Répondit Jameson sur ton suggérant exactement le contraire.

    

    Parfaitement conscient de la situation Harry esquissa un petit sourire provocateur avant de partir avec Peter. Lui il offrait un comportement plus sobre afin de faire taire les soupçons. Dans un premier temps ils marchèrent sagement côte à côte dans les couloirs. Une fois certains d’être seuls, ils commencèrent enfin à se parler.

    

    « Alors Peter content de fuir l’horrible Jameson ? »

    

    « Et comment ! Et toi qu’est-ce que tu as étudié aujourd’hui ? »

    

    La curieuse amitié entre ce noble et ce roturier avait débuté par une erreur. Absolument pas habitué à la fréquentation de la noblesse Peter lors de leur première rencontre au sein de l’université n’avait pas perçu son statut, et s’était adressé à lui naturellement. Harry généralement entouré de vils flatteurs, apprécia immédiatement ce comportement. Peter y trouvait également son compte en vivant la vie qu’il désirait par procuration. Ce n’était pas les richesses, ni même le titre, qui l’attiraient dans l’existence de Harry mais bien évidemment l’accès au savoir. Par conséquent il ne cherchait jamais à lui soutirer argent ou privilège. Si bien que l’héritier d’Oscorpia jouissait enfin d’une amitié sincère et désintéressé.

    

    « Je suis passé chez l’herboriste. »

    

    « Ah oui. Il parait qu’il est allé en orient. »

    

    « Je ne sais pas trop. Il ne parle pas beaucoup de lui. En tous cas il est différent des autres enseignants. Tu verrais son écriture dans son herbier ! »

    

    « Et il t’a apprit des choses intéressantes ? »

    

    « Il s’est surtout plaint de son installation trop réduite. » Expliqua Harry avec rancœur.

    

    Toujours à exiger, à quémander, à ramper devant lui. Heureusement qu’il avait Peter à ses cotés désormais. Harry avait bien choisit son moment. Il y avait pratiquement personne à la bibliothèque à cette heure. En pénétrant dans cette vaste salle rectangulaire Peter était toujours prit d’un léger vertige. Existait-il quelque chose d’aussi beau dans le monde à part Gwen Stacy bien sûr ? Le responsable de l’endroit ne fit bien entendu pas d’histoire. Harry se servit donc en ouvrages et se dirigea vers un coin discret avec son ami, lorsqu’il croisa une des deux seules personnes en mesure de lui faire perdre son aplomb.

    

    Le premier était son père. Le second qui lui faisait face à présent, était le maitre Curtis Connors. Si Norman d’Osborn avait financé cette université, Connors lui l’avait façonné et la dirigeait à présent. Son savoir était impressionnant. Il lisait le latin, le grec, le gaélique, et sans doute bien d’autres langues. Et pourtant personne ne savait d’où lui venait toutes ses connaissances. Malgré ce mélange de sciences et de mystères Connors demeurait ordinaire en apparence. Il était de corpulence moyenne et vêtu d’une sorte de toge marron. Son attitude n’était pas menaçante avec ses bras derrière son dos ou plus exactement son bras. Connors était manchot du bras droit. Là encore aucune explication existait à ce sujet.

    

    Il porta sur Harry son air apaisant habituel.

    

    « Alors messire d’Osborn. J’ai appris que vous vous intéressiez à la rhétorique. Cette lecture vous a enrichis ? »

    

    « Oui, c’était intéressant. » Répondit rapidement Harry afin de ne pas être démasqué.

    

    Une lueur de malice traversa alors Connors, avant qu’il ne désigne Peter du doigt.

    

    « Puis-je vous l’empruntez un instant ? » Demanda-t-il ensuite à Harry. « J’aurai besoin de bras supplémentaires du fait de ma condition. »

    

    Il aurait été mal venu de refuser. De plus Harry était généreux à sa façon. Peter très intimidé suivit docilement dans les rayons l’érudit. Ce dernier lui désigna un livre à sortir des rayonnages. Peter ne put retenir son étonnement.

    

    « En effet c’est ce livre sur l’arithmétique que messire d’Osborn a emprunté et non un ouvrage sur la rhétorique . Il est étrange que vous vous en souveniez et pas lui. »

    

    Aucune malveillance n’habitait ces paroles, juste la satisfaction d’avoir résolu une énigme. En effet Connors surveillait l’évolution de ses élèves les plus importants en particulier celle de Harry d’Osborn le futur mécène de l’université. Or cette lecture ne coïncidait pas avec son niveau actuel.

    

    « Je vous ai souvent vu assister messire d’Osborn. Par contre j’ignore toujours qui vous êtes. »

    

    Connors ne se montrait toujours pas menaçant. Son simple statut suffit à intimider Peter, qui répondit immédiatement.

    

    « Je me nomme Peter Parker. Je suis enlumineur. »

    

    « Un enlumineur, qui lit un ouvrage du quadrivium (arts libéraux et rudiments des sciences). Voilà qui est surprenant. »

    

    Peter abasourdit réalisa, qu’il le complimentait. Ce puit de science le complimentait ! De son coté Connors se gratta l’arrière du crâne, signe qu’il était en pleine réflexion. Ce jeune prodige l’enthousiasmait. Seulement du fait de ses origines et de sa bourse sans doute toutes deux modestes, Connors ne pouvait l’inclure dans un cursus. Il n’était pas question d’ignorer une telle intelligence pour des motifs aussi triviaux. Car de son point de vue rien n’était au-dessus de la science et du savoir. Le grand professeur se pencha alors vers le modeste enlumineur, puis lui murmura à l’oreille.

    

    « Je vais vous fournir un exemplaire des clés de la bibliothèque. Vous vous y rendrez en dehors des heures de consultation. Je compte sur votre discrétion. »

    

    Entre intimidation et joie Peter ne parvint qu’à s’exprimer par un hochement de tête. Certes ces deux personnes enfreignaient les règles de l’université. D’un autre côté ce petit passe-droit ne pouvait pas avoir de grandes conséquences.

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