Le retour du Thyrsian

Chapitre 0 : Le fantôme du passé

2362 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 13/01/2020 22:40

La République est menacée ! En dépit des efforts déployés par les Jedis et les Clones, les forces Séparatistes gagnent du terrain ! L'une des principales causes de leurs récentes avancées est l'apparition d'un puissant adepte de la magie noire des Siths, dont les arcanes renversent le cours de nombreuses batailles.

Ayant réussi à localiser sa position sur Afturganga, une planète de la bordure extérieure connue pour ses brumes épaisses et sa fauve meurtrière, le Conseil des Jedis a envoyé le général Anakin Skylwaker et sa padawan, Ahsoka Tano, à la tête d'un régiment de soldats Clones pour mettre un terme à la menace du sorcier.

Mais celui-ci a pressenti leur venue et a entamé un terrible rituel bafouant les lois de la nature afin d'invoquer depuis les limbes un être plus redoutable encore...


Au cœur d'un antique temple, vestige tenace d'une époque effacée des mémoires mais conservant une étrange énergie dans ses murs gris, une mélopée aux échos dérangeants résonnait dans la pénombre chassée seulement par les rubis luminescents utilisés par Rezavar, le sorcier Sith.

Devant lui, il avait gravé autour d'un tombeau oublié des runes maléfiques qui s'illuminaient les unes après les autres à mesure que l'incantation progressait. L'air renfermé était empuanti des encens brûlés et des sacrifices de chair et de sang, se mélangeant à l'odeur poisseuse de la poussière qui n'avait plus été dérangée depuis près de trois mille ans.

Enveloppé dans de lourdes robes noires, Rezavar arborait un glyphe complexe tracé dans une encre noire sur le front de son crâne rasé. Dans sa main aux doigts arqués, il tenait ouvert un livre volumineux, véritable antiquité dont la seule existence défiait déjà la raison. De l'autre main, il feuilletait avec une infinie précaution ses pages sans âge et suivait du bout de ses ongles sales les écrits ancestraux de ses prédécesseurs.


Dans la tombe autour de laquelle dansaient les brumes surnaturelles du sortilège, et qui auraient soufflé toute autre lumière que celles des runes de sauvegarde et de contention, un être mille fois honni était rappelé à travers les frontières de la Force.

Les acolytes du sorcier allaient et venaient autour de lui, obéissant scrupuleusement et humblement à ses indications, lui apportant dans la seconde la moindre ressource qu'il réclamait et fournissant lorsqu'il y en avait besoin leur propre énergie vitale pour alimenter le rituel. Sept d'entre eux avaient déjà été sacrifiés, desséchés par la sorcellerie interdite. Ils prenaient toutefois soin de rester aussi loin que possible de l'antique cercueil, véritable prison dans l'éternité pour son occupant.

Dans le fond de la salle, plusieurs femelles nues de diverses espèces et aux âges variés étaient enchaînées à genoux, muselées, et regardaient horrifiées et au bord de la folie l'acte contre-nature qu'exécutait le magicien.


A l'extérieur du tombeau, l'escorte de Rezavar guettait l'approche de l'expédition Jedi. Ils étaient plus d'une centaine de serviteurs du Côté Obscur, bien armés, entraînés et totalement dévoué à la cause de leur maître, mais les forces qu'invoquaient le sorcier les rendaient nerveux.

Ils craignaient encore plus les risques qu'ils encouraient si jamais l'intervention des soldats de la République perturbait le rituel, et la présence de trois cents droïdes de combat de la fédération ne suffisait pas à apaiser leur anxiété.


Après des jours à préparer son invocation, et d'interminables heures à réciter les incantations ancestrales d'un pouvoir quasiment perdu, le rituel touchait enfin à son terme alors que les vaisseaux de la République fendaient les cieux d'Afturganga et approchaient du temple-tombeau.

Les brumes maudites avaient envahi presque toute la pièce, faisant suffoquer plusieurs acolytes et leur arrachant jusqu'à l'essence même de leur âme, lorsque les dernières litanies qui firent trembler jusqu'aux murs par leur sonorité toute puissante les chassèrent à l'intérieur du sarcophage. Bien que scellé hermétiquement, le brouillard dévoreur de vie parut aspiré par le long coffret mortuaire.

Les runes subirent alors un contrecoup chaotique. Certaines se consumèrent dans une flamme verdâtre, où des visages hurlants semblaient apparaître. D'autres se mirent à grésiller, et à cracher des arcs électriques bleutés. Quelques unes explosèrent ou fondirent, détruisant leur support en même temps qu'elle disparaissaient.

Lorsque la dernière volute mortelle disparut, avalée par le cercueil, le silence retomba, ne laissant derrière lui que les ténèbres, à peine percées par les cristaux à la faible lueur sanguine du sorcier, et des cadavres tombant en poussière. Quelques unes des esclaves s'étaient évanouies, submergée par la terreur et la menace qu'elles devinaient.

Rezavar, sa peau parcheminée inondée par les efforts consentis au rituel, scrutait avec la gorge sèche le sarcophage, guettant impatiemment le moindre signe de sa réussite.

Les secondes s'égrainèrent lentement, prenant une saveur d'éternité tandis que les survivants du sortilège impie retenaient leur souffle, les yeux braqués sur le tombeau.

Le cœur du sorcier faillit bondir de sa poitrine lorsque le silence fut enfin brisé par un écho brutal qui provenait de l'intérieur du sarcophage. S'éveillant d'un sommeil de plus de trois mille ans, son occupant frappait contre le coffret qui l'enfermait.


Les coups s'intensifièrent et leur écho se répercuta sur les vieilles pierres du temple alors que les spectateurs réalisaient, avec horreur ou euphorie, que la mort venait d'être vaincue en ce lieu sinistre. Les acolytes regardaient leur maître qui savourait son triomphe sans esquisser le moindre geste pour délivrer sa créature de sa cage.

Une lame rouge comme le sang versé lui prouva bientôt qu'il n'avait pas besoin d'intervenir en traversant l'épaisse plaque du cercueil, l'éventrant d'un geste brutal. Lorsqu'elle s'éteignit, un poing massif surgit à son tour de la balafre créée, puis un second, afin d'écarter les plaies du sarcophage et de hisser le guerrier du passé hors de sa prison.


Tandis qu'il peinait à se mettre debout, comme un homme qu'on arrache de son sommeil au beau milieu de la nuit, un acolyte voulut lui offrir son aide. Mais sitôt eut-il touché le combattant ressuscité que celui-ci le saisit à la gorge avec la vivacité d'un serpent et la force d'un ours.

S'extirpant enfin de son tombeau, il révéla toute sa puissante stature et les imposants muscles qui roulaient sous sa peau noire comme le charbon. Dans la pénombre, sa chevelure épaisse et ses yeux tout aussi sombre que sa chair ou son cœur étaient presque invisibles.

Pourtant, le malheureux serviteur sentit le regard empli de haine et de cruauté du Thyrsian s'enfoncer dans ses propres yeux alors que l'étau qui lui écrasait la nuque se resserrait dans un craquement inquiétant.

Sans autre état d'âme, le guerrier lui brisa le cou à la seule force de ses doigts et le jeta avec mépris sous le regard satisfait de Rezavar, qui se fendit d'une parodie de révérence lorsque le redoutable assassin se tourna vers lui.


  • Bienvenue parmi les vivants, seigneur Mora. Vous souvenez vous de qui vous êtes ?

Le ressuscité se passa une main sur le visage en essayant de retrouver ses esprits. Les yeux plissés par la méfiance autant que la confusion, il regarda la salle funéraire où il avait dormi si longtemps, mais elle ne lui évoquait rien.


  • Oui. Gronda-t-il d'une voix lourde et enrouée avant de tousser.


  • Bien. Je suis honoré de faire votre connaissance, seigneur. Je suis Rezavar, un puissant sorcier qui est parvenu à vous arracher aux griffes de la Mort.


  • Un sorcier...



L'invocateur se recula d'un pas en baissant légèrement la tête, affichant qu'il ne comptait pas essayer de s'imposer auprès du combattant.

Rezavar avait étudié tous les documents et légendes qu'il avait pu trouver au sujet du seigneur Mora. Si ceux-ci étaient souvent flous, incomplets, voire même improbables, certaines caractéristiques revenaient sans cesse, peu importe qui avait écrit l'information.


Ses'Kai Mora, ce Thyrsian – un proche-humain à l'aspect charbonné – qui revenait à la vie, avait été un des plus grands bouchers de l'Histoire. Un tueur sauvage, qui ne se souciait d'aucune autre justice que celle de sa redoutable lame.

Il avait occis les Jedis qui le défiaient comme des innocents qui se trouvaient simplement sur sa route. Quiconque essayait de lui donner un ordre devenait son ennemi, et de par sa passion pour l'escrime, que l'on pensait héritée de son peuple guerrier et sublimée par son affinité avec la Force, il abhorrait les utilisateurs d'armes à distance, et plus encore les « magiciens » qui usaient de tours plutôt que d'une épée.

Lors de la chute du précédent Empire Sith, il avait failli renverser le cours d'une des dernières et plus meurtrières batailles de l'époque. L'ancienne République et l'Ordre Jedi avaient envoyé toutes leurs forces contre leurs ennemis acculés afin de les exterminer et mettre fin au conflit. Ses'Kai avait marqué d'un fer sanglant son siècle en stoppant leur avancée durant plus de trois jours de carnages ininterrompus avant de finalement succomber sous le nombre.


S'écartant d'un pas sur le côté afin de lui céder un peu plus de place, Rezavar tourna à demi le buste vers le mur du fond et lui désigna les esclaves terrifiées qui se recroquevillèrent les unes contre les autres en gémissant.


  • Tout comme votre réputation de guerrier vous a survécu, nous savons votre attrait pour les femmes. Aussi vous ai-je préparé ce petit présent de bienvenue.


Ses'Kai luttait encore pour remettre de l'ordre dans ses pensées. Les souvenirs flous de sa vie précédente, de sa dernière bataille enragée, et les réminiscences de sa sur-existence dans le courant de la Force se battaient. Cela dit, il dressa un sourcil en regardant les esclaves mises à sa disposition.

En se redressant de toute sa stature, sa silhouette colossale éclipsait presque toutes les autres dans la pièce, incarnant désormais avec la force de la chair toute la menace du rituel l'ayant ramené à vie, et plus encore.


  • Cela dit, je n'ai pas réussi à trouver plus de détails quant à vos préférences en la matière. Alors j'ai pris large, en espérant que cela vous conviendra... Pour le moment.


Les yeux noirs du tueur passaient d'une victime à la suivante, son expression froncée indiscernable dans les ténèbres de sa peau sombre. La plus jeune, presque une enfant, éclata en sanglots malgré le mors qui la réduisait au silence, se laissant glisser au sol en tremblant.


  • Combien de temps ? Articula lentement le géant sans quitter les « cadeaux » du regard.


  • Nous sommes en 29,986, Monseigneur.


Le sorcier soutint le regard stupéfait du guerrier lorsqu'il tourna la tête vers lui.


  • Plus de Trois mille quatre-cent ans... Il prit une seconde pour digérer l'information, puis haussa les épaules. Voilà qui ne me rajeunit pas. Cela dit : Pourquoi m'avoir ressuscité, sorcier ?

Jubilant véritablement, Rezavar se frottait les mains avec un air de conspirateur en se passant la langue sur ses lèvres sèches.


  • Vous êtes une légende des ténèbres, Seigneur Mora. Une incarnation du pouvoir du Côté Obscur ! L'heure est venue pour vous d'assouvir votre vengeance contre la lâcheté de la république et l'hypocrisie des Jedis et permettre enfin l'avènement et le règne absolu de l'Empire Sith !


Les massives arcades sourcilières de Ses'Kai se froncèrent tandis qu'il écartait sa confusion et les nombreuses questions que sa renaissance amenait. On l'appelait à nouveau pour la guerre.

Ça lui suffisait.


  • Alors rien n'a changé, même après trois millénaires ?


  • Si peu, monseigneur, sourit le sorcier en haussant les épaules. Je crains fort cependant de ne pas avoir le temps de vous faire une leçon d'histoire, d'autant que je pense qu'elle vous ennuierait rapidement, car une compagne de républicains menée par deux Jedis sont sur le point d'attaquer ce temple miteux.


Un résonnement sourd secoua le bâtiment, faisant chuter une poussière à l'odeur infecte des interstices des pierres. Le rictus qui étira le coin des lèvres du guerrier d'outre-tombe sembla faire luire ses dents, si pâles sur sa peau si foncée. Il reconnaissait le bruit d'une explosion.


  • Rien de tel qu'un peu d'exercice pour bien se réveiller, lança-t-il d'un ton désinvolte en faisant jouer ses larges épaules. Mais je voudrais récapituler quelque chose, avant, pour être sûr.


  • Je vous écoute, seigneur ?


  • Les Siths ont refait surface et combattent à nouveau les Jedis et la République, c'est ça ?


Impatient de voir le tueur légendaire à l'oeuvre, Rezavar hocha sa tête aux airs de vautour en frottant ses mains sèches l'une contre l'autre.


  • Si peu d'entre nous, pour l'instant ! Mais avec votre retour, les fidèles du Côté Obscur pourront enfin se révéler au grand jour et renforcer nos rangs, jusqu'à ce que nous portions la peur et la destruction jusqu'au cœur de nos ennemis !


  • J'ai hâte. Gronda d'un ton mauvais Ses'Kai en se fendant d'un sourire féroce.


  • Et plus encore de vous jeter à nouveau à la bataille, je suppose. Je vais demander au capitaine de ma troupe de vous conduire sur le front, ces ruines sont un véritable labyrinthe.


Puisant dans la Force, il ouvrit la porte dissimulée, littéralement invisible dans le coin d'un mur et appela son bras droit militaire, le guerrier d'un autre temps sur ses talons.


  • Ah oui ! S'exclama ce dernier. Juste une dernière chose...



Laisser un commentaire ?