In Medias Res [vignettes] - Star Wars Knights of The Old Republic

Chapitre 1 : L'Endar Spire a un nouveau Commandant

4536 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/08/2021 20:21

Bonjour, rebonjour,

Voici le chapitre de l'Endar Spire. Pas inédit, mais un peu retravaillé. Encore quelques chapitres et vous aurez de la nouveauté.



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L'Endar Spire était resté stationnaire pendant plusieurs jours, comme figé dans l'espace sidéral.. De là où je me trouvais, immobile, j'observais avec attention le Commandant du vaisseau, le Colonel Tavhir. La tête légèrement inclinée, il parcourait nerveusement l'un des nombreux ponts d'amarrage du croiseur républicain. Le Colonel était une figure imposante, sa silhouette élancée se démarquait parmi les officiers présents. Ses cheveux grisonnants, taillés avec rigueur, donnaient à l'homme le rayonnement de l'âge et de l'expérience. Tavhir était un guerrier respecté, appartenant à une poignée d'élus qui avaient depuis longtemps fait leurs preuves sur le champ de bataille. Malgré tout, il savait qu'il ne pouvait espérer aucune promotion supplémentaire, sa nature franche ayant déjà froissé maintes fois les hautes sphères de la République. Mais le Colonel se fichait éperdument de ces considérations, car pour lui, ce qui importait réellement était de pouvoir exprimer ses convictions sans contrainte. Cependant, ses hommes ne pouvaient ignorer sa frustration palpable face à l'entrave qui lui était imposée, malgré tous ses efforts pour la dissimuler.


La journée présente était de celles où Tavhir devait se montrer d'une grande retenue. La République lui avait sans doute donné l'ordre le plus insupportable de sa carrière, une directive qui mettait à l'épreuve sa discipline et son sens du devoir.


Non loin de lui, se tenait l'un de ses Lieutenants, les mains jointes derrière le dos. Vêtu d'une épaisse veste d'un orange nacré, accompagnée d'un pantalon sombre se terminant par des bottes noires, l'homme, approchant de la quarantaine, arborait une barbe remarquable et une chevelure brune courte mais dense. Ses yeux suivaient attentivement les allées et venues agitées de son Colonel, témoin silencieux de son anxiété grandissante.


Derrière ces deux individus se tenait une solide formation de soldats, près d'une trentaine d'entre eux, parfaitement alignés en quatre rangées impeccables. Vêtus de leurs armures républicaines, ils affichaient une apparence imposante et disciplinée. Il s'agissait de la nouvelle garnison à laquelle j'avais été affecté à la dernière minute. Après deux mois de formation intensive sur Coruscant, j'avais été envoyé à bord du croiseur Hammerhead Endar Spire en tant que traducteur et interprète de cette garnison, destinée à accompagner Bastila Shan dans des aventures dont je n'avais pas encore connaissance. 


Quoi qu'il en soit, en cet instant précis, ma place était au troisième rang. Nous étions tous maintenus dans un silence absolu, à quelques mètres seulement de nos deux supérieurs. Cependant, nous pouvions tous entendre les grondements d'insatisfaction de notre Commandant, un sentiment d'amertume perceptible dans sa voix.


« Ils sont en retard. » Grogna le Colonel, ne recevant que notre silence en réponse.


« Ils sont en retard. Carth ! » Répéta-t-il plus vivement, en levant les yeux vers l'homme en veste orange.


« Oui, ils risquent d'être en retard. » Précisa-t-il.


« Ils ont l'audace de débarquer et de me chasser de mon propre vaisseau, de me contraindre à abandonner mes hommes, et ils n'ont même pas l'obligeance d'arriver à l'heure pour ça ! »


« Commandant, vous savez que cette mesure est temporaire. Vous n'êtes pas destitué de vos fonctions. » Ajouta Onasi d'un ton calme, espérant ainsi apaiser son supérieur.


« Heureusement. Sans quoi, croyez-moi, je me serais appliqué à lui compliquer la tâche ! Cette fillette se serait cassé les dents ! »


« Elle n'a pas besoin de ça pour se trouver en difficulté. C'est une Jedi après tout. Elle ne connaît rien de la vie militaire. Et si vous voulez récupérer vos hommes tels que vous les avez laissés, vous allez devoir être plus pédagogue avec elle.. »


« C'est pourquoi je compte sur votre professionnalisme, Lieutenant. Vous avez des qualités en la matière que je reconnais volontiers manquer. » Termina Tavhir.


Carth hocha la tête, en accord avec les derniers mots du Commandant.


Une alarme retentit, attirant l'attention des officiers qui levèrent les yeux vers la vaste baie d'amarrage, où un champ électromagnétique permettait de contempler l'approche d'une première navette s'avançant lentement vers le croiseur. Tavhir arqua un sourcil, les choses ne semblaient pas se dérouler comme prévu ; il aurait dû y avoir deux navettes. Carth jeta un regard furtif dans notre direction. Nous demeurions immobiles, conformément aux ordres reçus. Puis il reporta son attention sur son supérieur, dont la frustration se lisait sur son visage. La navette franchit le champ de force et se posa en douceur à plusieurs centaines de mètres des militaires. La rampe du vaisseau se déploya brutalement, s'écrasant sur le sol du hangar dans un fracas assourdissant. Deux personnes en uniforme républicain en descendirent. Tavhir poussa un soupir et d'un bref geste de la main, il ordonna à son Lieutenant de l'accompagner pour rejoindre les nouveaux venus. Carth obtempéra, et les deux hommes avancèrent quelques instants avant de se retrouver face à face avec les arrivants.


« Colonel Tavhir, Lieutenant Onasi. » Salua le premier d'entre eux. « Nous vous prions de nous excuser pour ce retard, ainsi que pour le contretemps concernant la passation du commandement de l'Endar Spire. »


« Parce qu'il y a un autre contretemps ? » Demanda Tavhir, qui tentait au mieux de contenir son exaspération.


« Colonel, comme vous pouvez le constater, la navette des Jedi n'est pas encore là. »


« Heureusement que vous êtes là pour me le faire remarquer... Enseigne. » Ironisa Tavhir, qui insista sur le grade bien inférieur de l'homme en face de lui. Ce dernier reprit avec embarras :


« On nous a annoncé que la navette rejoindra l'Endar Spire dans une quinzaine de minutes. »


« Bien. Attendons alors. » Dit le Colonel, les yeux fixés sur l'Enseigne, qui semblait de plus en plus mal à l'aise.


« Colonel. Je suis désolé, mais vous devez quitter votre croiseur. Nous devons vous ramener à bord de l'Arbitre dans les plus brefs délais. »


Tavhir ne répondit pas immédiatement. Carth affichait une moue crispée, mal à l'aise. La suite n'allait pas être une partie de plaisir.


« Aidez-moi à mieux comprendre, voulez-vous ? » Demanda le Colonel sur un ton faussement bienveillant. « Vous me dites que je dois quitter mon vaisseau et mes hommes alors que mon successeur n'est même pas encore arrivé ? Vous me demandez de laisser mon croiseur sans commandement ? »


« N'avez-vous pas nommé un intendant, comme l'Amirale Dodonna vous l'a ordonné ? » Répliqua avec agacement l'autre homme, qui était jusque-là resté muet. Tavhir le fustigea du regard, puis répondit :


« Lieutenant Carth Onasi est mon intendant. Et vous, qui êtes-vous ? » Demanda le Colonel qui scrutait la veste de l'homme, certainement à la recherche d'un insigne militaire.


« Dreshan Norr, Sénateur du système de Taris. Je suis au fait des mesures récemment prises par votre Amirale, qui m'a confié la supervision de cette passation. Vous êtes donc sommé d'obéir, Tavhir. Les Jedi ont eu un léger contretemps, qui n'est en rien la faute du Commandant Shan. »


Les derniers mots résonnèrent dans l'esprit de Tavhir, serrant sa mâchoire avec une fermeté manifeste. Il n'avait pas d'autre choix. Ces instructions émanaient directement de Dodonna, une femme qu'il respectait profondément. Malgré leurs divergences d'opinion, Tavhir avait une admiration sincère pour son Amirale. Elle avait toujours fait preuve de dignité et de compétence dans l'exercice de ses fonctions. Il devait lui faire confiance.


L'homme laissa échapper un soupir résigné, puis entreprit de dégrafer lentement son insigne, le tendant ensuite au Sénateur. Il échangea un regard empreint de cordialité avec Carth, puis se dirigea d'un pas déterminé vers la navette. Le Sénateur et l'Enseigne le suivirent des yeux, semblant craindre une possible rétractation de la part de l'officier. Une fois que ce dernier eut pris place à bord de la navette, le Sénateur donna l'ordre à l'Enseigne de le rejoindre. Norr se tourna ensuite vers Carth et lui remit solennellement l'insigne du Colonel :


« Nous devons partir. Vous remettrez l'insigne au Commandant Shan. Ne vous en faites pas, elle ne devrait plus tarder. Avant de partir, je vais l'informer qu'il faudra qu'elle s'adresse à vous. Nos excuses pour cette passation un peu chaotique. »


« Merci Sénateur. » Répondit simplement le Lieutenant.


Norr acquiesça respectueusement envers le responsable temporaire du croiseur, puis se dirigea vers la navette qui décolla immédiatement, emportant Tavhir à son bord. Une minute s'écoula, puis Carth Onasi se dirigea vers notre groupe, qui demeurait en attente derrière lui. Il prit une profonde inspiration avant d'annoncer solennellement :


« Mesdames, Messieurs, soyez prêts à très bientôt accueillir votre nouveau supérieur. Veuillez rester en position. »

Nous restâmes silencieux, mais nous nous ajustâmes subtilement, cherchant à retrouver une posture plus convenable afin d'accueillir dignement notre nouveau Commandant.


L'attente ne fut pas longue. Comme Norr nous l'avait annoncé, la navette Jedi apparut soudainement, atterrissant en douceur. Une fois de plus, la rampe s'abattit brutalement sur le sol du hangar, laissant apparaître deux individus vêtus de bures d'un marron pâle. Leur démarche était empreinte de grâce et de légèreté. Carth semblait captivé par la vue de ces deux personnages, tout comme moi. Nous étions habitués à la lourdeur et à la brutalité militaire de Tavhir, et cette subtilité était plus que bienvenue. Les deux individus s'arrêtèrent au bas de la rampe, attendant l'arrivée de la troisième et dernière personne qui finit par se montrer. Descendant à son tour du vaisseau, cette dernière se dirigea avec une détermination inspirante vers Carth Onasi, qui semblait la détailler sans s'en rendre compte.


Bastila Shan, le cauchemar de Tavhir, se tenait donc devant nous en tant que nouveau Commandant du croiseur. Son nom était connu de tous ici. Bastila Shan était une véritable héroïne de guerre dans son domaine. Son pouvoir quasi unique de Méditation de Combat avait été d'une importance cruciale pour la République, permettant de retarder inlassablement l'échéance funeste de la guerre contre l'Empire de Dark Malak. Sa Méditation de Combat restaurait la force et la détermination des troupes alliées, tout en sapant le moral de l'ennemi. Ce pouvoir était déjà connu des Jedi, mais Bastila Shan était incontestablement la plus talentueuse utilisatrice de cette technique dans l'histoire de l'Ordre Jedi, surpassant même les quelques Maîtres qui avaient dompté ce pouvoir rare. Et cela, sans mentionner sa victoire éclatante face à Dark Revan lors de leur duel sur le vaisseau de ce dernier. La réaction hostile de Tavhir envers la décision de confier l'Endar Spire à une jeune Jedi inexpérimentée était compréhensible, mais il était impossible de ne pas éprouver un profond respect, voire de la reconnaissance envers cette femme.


Je remarquai que Carth Onasi demeurait immobile, comme figé par l'arrivée des Jedi. Il semblait captivé, hypnotisé par leur présence. Soudain, comme s'il revenait brusquement à la réalité, le Lieutenant se hâta de rejoindre les trois arrivants, manifestant une légère maladresse dans ses gestes. Je perçus chez lui une pointe de nervosité. En effet, ce n'était pas le moment opportun pour attirer l'attention de sa future supérieure, qui était connue pour être assez peu commode.


« Lieutenant Carth Onasi, je présume ? » demanda la jeune femme d'un ton impassible, ne laissant transparaître aucune émotion.


« C'est exact, Madame », répondit Carth. « Je vous souhaite à tous les trois la bienvenue à bord de l'Endar Spire. Permettez-moi de vous remettre immédiatement l'insigne du commandement de ce croiseur. »


Carth présenta solennellement le petit objet qui était accroché à la veste de Tavhir un peu plus tôt. Bastila Shan baissa les yeux sur l'insigne, le saisit et le glissa délicatement dans une poche dissimulée sous sa bure Jedi.


« Merci », déclara-t-elle d'une voix froide, sans croiser le regard de Carth, ce qui provoqua chez lui un léger malaise. Bastila jeta un bref coup d'œil vers notre garnison, alignée derrière Carth. Elle laissa quelques secondes s'écouler avant de reprendre d'une voix impatiente :


« Et bien ? Aviez-vous prévu qu'on se regarde dans le blanc des yeux toute la soirée ? La suite, Lieutenant. »


Carth Onasi soutint le regard de la Jedi avec défiance et incrédulité. On pouvait presque sentir une colère bouillonner en lui, mais il parvint à la contenir et reprit d'une voix résolue :


« Commandant, si vous le permettez, j'aimerais vous présenter ce groupe de soldats qui a été spécialement sélectionné pour vous assister et vous protéger. »


Carth Onasi invita la jeune femme à le suivre, et elle s'exécuta, tandis que ses compagnons Jedi restaient en retrait. Nous demeurions tous quasi parfaitement immobiles. De ma position, je ne pouvais détacher mes yeux de la femme. « C'est donc elle. » pensai-je à cet instant, mon attention fixées sur la célèbre Jedi. Malgré les soldats des deux autres rangs qui obstruaient partiellement ma vue, je pouvais la discerner clairement. Vêtue de sa bure brune, elle incarnait l'image emblématique des Jedi. Dans ses gestes et mouvements, elle laissait parfois entrevoir son sabre laser double lame, accroché à sa ceinture. Peu de Jedi osaient manier une telle arme, et Bastila Shan était réputée pour sa très grande maîtrise en duel. Je ne pus retenir un sourire, subjugué par la fascination qui m'envahissait.


Mais mes rêveries furent brutalement interrompues lorsque, par un pur hasard, nos regards se croisèrent. Je redressai immédiatement la tête et rectifiai ma posture du mieux que je le pus. Bastila Shan, dont le regard assassin s'était établi sur ma personne, fit un pas vers nous et s'adressa à moi d'une voix cinglante :


« Approchez. » Ordonna-t-elle durement.


Perplexe devant cette demande inattendue, je lançai un regard interrogatif à mon Lieutenant. Son visage trahissait également sa confusion, mais il réagit rapidement en exprimant d'une voix teintée de sévérité :


« Vous avez reçu un ordre, Aspirant. »


Je me glissai avec précaution à travers les rangs, m'avançant d'un pas mesuré jusqu'à me placer devant mes supérieurs. Le regard intense de la Commandant Shan se posa sur moi, lourd de signification. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une légère appréhension. Que scrutait-elle avec tant d'attention en moi ? Après tout, j'étais un homme ordinaire, semblable à tant d'autres. Certes, une différence de taille se faisait remarquer lorsque je jetai un coup d'œil à Carth Onasi, ma stature imposante dépassant celle de mes supérieurs. Avec ma hauteur d'un mètre quatre-vingts-neuf et mes larges épaules, je dominais la plupart des personnes présentes. Hormis cela, je n'étais ni mieux ni pire qu'un autre. 


« Déclinez votre identité au Commandant. » Ajouta Carth, de plus en plus agacé. La Jedi ne détournait pas son regard glacial de moi.


« Aspirant Corem Galhor, Commandant. » Annonçai-je solennellement.


« Où étiez-vous rattaché avant d'être envoyé sur l'Endar Spire, Aspirant ? » Demanda Bastila Shan.


Carth Onasi ne me laissa pas répondre, et me coupa dans mon début d'élan :


« Madame, il s'agit du traducteur que vous avez sollicité. Il n'est pas militaire, il n'est pas très au fait du protocole. » Justifia l'homme auprès de sa supérieure.


Bastila regarda froidement le Lieutenant, sans dire un mot. Puis elle dirigea à nouveau son attention vers moi.


« Où étiez-vous rattaché avant d'être affecté sur ce croiseur ? » réitéra-t-elle d'un ton incisif.


« J'étais affecté auprès de l'ambassade de la République sur Onderon, Commandant. J'ai travaillé en collaboration avec les autorités royales pendant environ quatre mois, et j'ai... »


« Je n'ai pas besoin de tous ces détails, Aspirant », interrompit sèchement Bastila Shan, semblant presque en colère. « Si vous êtes ici aujourd'hui, c'est que nous sommes déjà au courant de tout ce que vous vous apprêtiez à raconter. Ici, il n'est pas question 'd'autorité royale'. Contentez-vous de faire ce qu'on vous dit. Et pour le moment, ce qui est exigé de vous, c'est de rester immobile, à votre place, au troisième rang. Vous êtes un cérébral, non ? Il ne s'agit pas là d'une tâche intellectuellement exigeante, n'est-ce pas ? » conclut la Jedi d'un ton particulièrement condescendant, me lançant un regard noir.


Je me retrouvai dans une position délicate, incertain de comment réagir. J'avais certes été momentanément distrait, mais je pensais que cela avait été imperceptible. Peut-être avais-je sous-estimé sa sensibilité en tant que Jedi. Cependant, je trouvais son attitude excessive. Je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle s'était mise en tête de me prendre en grippe. Cette pensée m'envahit d'un mélange de frustration et d'incertitude quant à la manière de gérer cette relation naissante avec ma nouvelle supérieure. Je décidai de mettre de côté mes sentiments personnels et de me concentrer sur ma tâche. Après tout, je n'étais pas là pour gagner les faveurs de Bastila Shan, mais pour remplir mon rôle au sein de la garnison et contribuer à l'effort de guerre de la République. Je devais me conformer aux directives, même si elles semblaient injustes ou déconcertantes. 


La voix hautaine de la Jedi résonna dans le hangar alors qu'elle m'ordonnait de reprendre ma place d'Aspirant. Je m'exécutai immédiatement, regagnant ma position initiale parmi mes camarades. Sans dire un mot à sa garnison, elle adressa un simple signe de tête à Carth Onasi avant de quitter le hangar accompagnée de ses deux collègues. L'officier paraissait déstabilisé et effaré par la conduite provocatrice de sa nouvelle supérieure. Il ne semblait pas approuver ses actions, mais il garda son silence, gardien fidèle de la discipline militaire.


« Cette collaboration ne va pas être de tout repos » Annonça doucement le Lieutenant, avant de nous donner l'ordre de rompre les rangs et de quitter le hangar.


Un silence lourd de perplexité imprégnait le hangar alors que les soldats reprenaient lentement leurs esprits. Les murmures et les regards échangés témoignaient de la confusion qui régnait parmi nous. Bastila Shan était arrivée avec une réputation d'héroïne de guerre, mais son attitude hautaine et méprisante à notre égard nous laissait perplexe quant à ses véritables intentions. 


Nous suivîmes les ordres de Carth Onasi, nous éparpillant peu à peu dans le hangar et regagnant nos quartiers respectifs. Le sentiment d'incompréhension demeurait, mais nous étions conscients que la situation exigeait que nous nous adaptions rapidement. La guerre ne pouvait attendre nos interrogations personnelles.


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« Eh bien, mon vieux. Ca n'a pas dû être agréable ! Tu reluquais ton Commandant ? »


Assis sur l'une des banquettes de la salle commune, je laissai échapper un soupir exaspéré devant le commentaire moqueur de mon compagnon assis à côté de moi.


« C'est ça. Et cette petite humiliation publique : un vrai moment de bonheur. » Ironisai-je.


« Après, il faut bien admettre qu'elle est bien plus agréable à regarder que ce vieux Tavhir. » Poursuivit mon collègue, s'enfonçant davantage dans la banquette et faisant mine de ne pas m'écouter.


« Tais-toi un peu, Garrick. » intervint sèchement une autre de mes camarades, assise à une table en face de nous. Elle posa un bloc de données qu'elle consultait auparavant et se mêla à notre conversation en déclarant :


« Cette femme n'a aucune espèce de considération pour nous. Elle nous a à peine regardés ! On n'est que de la chair à canon à ses yeux, entièrement dévoués à la protection de sa sainte personne ! Par pitié, les gars, mettez vos cerveaux en route pour une fois ! »


« Tu es injuste, Hannah. » rétorqua soudainement Garrick d'une voix grave. « Tu nous prends pour des singes en rut, à cause de petites plaisanteries sans importance. » Il se leva et se dirigea vers la table où se trouvait Hannah.


Il marqua une pause, observant sa collègue avec une expression de déception, puis, un sourire taquin se dessina sur ses lèvres alors qu'il chuchotait quelque chose à son oreille : « Avec la bure qu'elle portait, entrevoir le fessier de la dame était mission impossible. »


« Tu es pathétique. » répliqua Hannah d'un ton détaché. Garrick ricana puis quitta ses camarades pour se rendre au réfectoire.


Je me levai pour me joindre à la militaire, qui peinait à reprendre sa lecture après cet échange de bas étage. Une fois assis sur une chaise à ses côtés, je pris la parole :


« C'était vraiment étrange de voir cette femme. . On nous a tellement rabâché les oreilles à son sujet. Sa présence m'a distrait. C'était comme si on avait devant nous un personnage de roman : tout le monde en parle, mais on n'imagine pas vraiment croiser un jour son chemin. »


Hannah leva les yeux de son bloc de données et me fixa intensément.


« Ça m'a fait drôle aussi » admit-elle à son tour. « Je ne supporte pas d'être sous ses ordres. Je la trouve détestable. Mais je ne peux m'empêcher de la regarder avec une certaine envie. »


Je regardai ma camarade avec compréhension.


« Je pense que je suis un peu jalouse, en fait. Je suis certainement plus âgée qu'elle, et qu'est-ce que j'ai à raconter, moi ? Elle, c'est l'étudiante la plus brillante de l'Ordre. On lui doit certainement tous la vie, alors qu'on ne la connait même pas. Et d'ailleurs, le peu qu'on vient de découvrir ne donne aucune envie d'en connaître plus. C'est rageant. »

« Tu fais partie d'un corps d'élite unique, Hannah. Tu as prouvé que tu étais tout aussi indispensable dans cette guerre que cette harpie... Et tu as une merveilleuse petite famille qui t'attend, ne l'oublie pas. Elle ne pourra jamais en dire autant. »


Mes paroles bienveillantes semblaient avoir un effet presque euphorique sur mon amie. Un sourire tendre se dessina sur son visage à l'évocation de sa famille : son mari et ses deux filles, qui étaient sa raison de vivre. Il était vrai que Bastila Shan ne pouvait pas rivaliser sur ce terrain-là. « De toute façon, même si on lui donnait la chance, qui voudrait d'elle ? » murmura Hannah d'un ton doux, laissant échapper un rire nerveux auquel je répondis, amusé.


« Merci, Corem », ajouta la jeune femme avec gratitude. « Ce ne sera qu'une mauvaise passe à surmonter. On en rira certainement, quand ce sera terminé. »


« J'en suis sûr », lui dis-je avec un sourire. À ce moment-là, un autre soldat de la garnison fit irruption et nous prévint vivement :


« Ne trainez pas ici plus longtemps, ou on vous refusera le repas de ce soir ! »


« Nous arrivons, Lieutenant Ulgo. » Rassura la jeune femme.


Je me levai ensuite, posai une main sur l'épaule d'Hannah :


« Allons-y. »


Hannah acquiesça, reposa le rapport qu'elle tenait toujours entre ses mains et m'accompagna jusqu'au réfectoire, où se trouvait déjà le reste de la garnison.


La salle était vaste, capable d'accueillir plusieurs centaines de personnes, chacune regroupée par unité autour de tables. Assis avec mes camarades depuis une vingtaine de minutes, je me rendais compte que je n'étais pas vraiment impliqué dans leurs conversations. Le bruit ambiant ne facilitait pas ma concentration sur les discussions, et j'étais davantage attiré par ce qui se passait à la table de commandement, située à quelques mètres de la nôtre. C'est là que se trouvaient le Lieutenant Carth Onasi, le Commandant Bastila Shan et les deux autres Jedi qui l'accompagnaient, tous attablés.


Je portais à nouveau mon attention sur ma supérieure, profitant de ce moment de relative tranquillité pour l'observer plus attentivement. Elle avait visiblement troqué sa bure Jedi contre l'uniforme sombre et ajusté des officiers généraux de la République, ce qui, je devais bien l'admettre, lui conférait une présence imposante. Toutefois, je me demandais si ce choix vestimentaire était une marque de respect envers son rang et envers les soldats sous son commandement, ou s'il s'agissait simplement d'une nouvelle tentative de provocation.


On ne pouvait pas reprocher à un Commandant de se présenter comme un Commandant.


Je portai ensuite mon attention sur le visage de la Jedi. Garrick, même si son comportement de mâle primitif desservait grandement la qualité de ses arguments, il était difficile de ne pas lui donner raison : Bastila Shan était indéniablement une très belle femme. Ses cheveux châtains foncés étaient soigneusement attachés en un chignon impeccable à l'arrière de sa tête, me laissant ainsi l'occasion de scruter attentivement ses traits. Ils étaient fins, dessinés avec le plus grand soin et la plus grande délicatesse. Cependant, ce qui captivait le plus mon attention étaient ses yeux. Deux grands yeux d'un gris presque opalescent, magnifiquement encadrés par des sourcils soigneusement tracés, collaboraient pour former un regard d'une grande intensité. Je me sentais fasciné, non seulement par la beauté de ses yeux, mais aussi par l'intelligence qui émanait de son regard. Malgré son attitude froide et peu flatteuse jusqu'à présent, on ne pouvait nier qu'elle dégageait une présence sérieuse. Bastila Shan avait quelque chose de captivant, quelque chose qui attirait l'attention et suscitait la curiosité.


Son langage corporel témoignait d'une maîtrise de soi et d'une assurance indéniables. Chaque geste était précis, chaque regard portait une certaine gravité. Je restai discrètement attentif à Bastila Shan, captivé par sa présence imposante. Cependant, mon observation fut brusquement interrompue lorsque la commandante se leva de table. Après avoir salué poliment Carth, elle quitta le réfectoire en compagnie des deux autres Jedi.


« Quand je disais que c'était un beau morceau. » Poussa Garrick, en m'assenant un coup de coude complice. Il me fallut quelques secondes pour être bien sûr de ce que je venais d'entendre.


« Ce n'est pas comme ça que je vois les choses, moi », répondis-je d'un ton distrait. « Je lui trouve une élégance que j'ai rarement vue chez qui que ce soit. »


Garrick arqua un sourcil, semblant surpris par ma réponse. Il me fixa un instant, puis esquissa un sourire amusé.

« Chacun son point de vue. » Répliqua-t-il. « C'est vrai qu'elle t'a recadré avec élégance tout à l'heure », finit-il par ajouter, retenant à peine un rire.


Je ne pus m'empêcher de sourire légèrement devant son commentaire taquin.


Cependant, j'avais besoin de m'éloigner un peu de l'agitation du réfectoire. Je pris une profonde inspiration et décidai de quitter la table, sous le regard déconcerté de Garrick.


« Je retourne dans nos quartiers, je suis fatigué. », expliquai-je.


Garrick haussa les épaules. Il me fit un signe de tête et je me dirigeai vers la sortie, laissant les conversations animées du réfectoire derrière moi.




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