Star Wars l'Ancienne République : La mission d'Ord Mantell

Chapitre 1 : La Mission d'Ord Mantell

Chapitre final

9578 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 18/09/2025 11:28

Cette fanfiction participe au défi du forum Fanfiction.Fr de Septembre-Octobre 2025 "du sang, des larmes et de la sueur." Seul le premier niveau tente d'être respecté.


Prologue.


Le soleil se lève sur Coruscant. Une journée normale pour la planète monde éloignée du conflit entre l’Empire Sith et la République. La capitale de la République et de l’ordre Jedi a été secouée récemment par la mort de l’un des membres du Haut Conseil Jedi : Dar Nalo abattu par une mutinerie de conscrits sur Aldérande bien que l’armée ait déclaré officiellement qu’il soit mort au combat.


C’était il y a deux mois et le Conseil Jedi s’apprête à choisir le successeur de Maître Nalo, la cérémonie se tient dans la tour du Haut Conseil et sa célèbre salle circulaire avec au centre le symbole jedi : un sabre laser bordé d’ailes. Les Onze s’apprêtent à choisir le douzième.


À l’extérieur de la salle, les Maîtres Satele Shan et Maître Yuon Par attendent, seule Satele a été convoquée par le Conseil qui est actuellement en train de délibérer. Satele sera la douzième et pour la plupart des membres de l’ordre : c’est une évidence, elle est celle qui a redécouvert Tython et l’ancien Temple Jedi en plus d’être une héroïne de guerre.


Mais le Conseil n’est pas ce qui préoccupe Satele.

« Satele... » souffle Yuon. « Je sens ton trouble. Tu as peur pour ton élection ? »


Yuon sait qu’il y a autre chose, elle le sent dans la Force, mais il vaut mieux y aller en douceur.

Satele tourne sa tête en direction de Yuon. « Mon élection ? Allons Satele, tu as remporté beaucoup de batailles et ta méditation est plus... » elle marque une pause, souriante. « ... développée. »


Satele lui répond par un simple sourire. « C’est mon padawan... Il a été déployé sur Ord Mantell. C’est sa première mission seul. »

« Ah... C’est donc pour ça... Rassure-toi, il est accompagné d’une escouade, tu le sais. Puis, il faut que le petit oisillon prenne son envol. Tout ira bien, ne t’en fais pas. Je ne sens aucun trouble dans la Force. »


Satele continue de sourire faiblement, Syrak Tarn est son padawan, un jeune homme qu’elle connaît depuis qu’il est enfant et qu’elle a toujours entraînée, en particulier à contrôler ces émotions et à suivre le code, car celui-ci a un don particulier. Il possède une sensibilité rare en lien avec la Force, il est capable, s’il se concentre, de ressentir le moindre souffle, une sensibilité rare très rare et qui le rend puissant, très puissant dans les arts jedi. Mais cela a ces dangers, son maître le sait mieux que personne...

« Tu crains que sa sensibilité ne le desserve ? » questionne Yuon, le regard inquiet.

Elles sont immédiatement interrompues. « Maître Shan ! Le Conseil vous attend. » Maître Braga, un membre du conseil, fait coulisser la porte et se tourne vers l’autre femme. « Maître Par, on vous attend à la bibliothèque. »


Yuon hoche la tête et se dirige vers l’ascenseur avec un dernier murmure : « Félicitations Satele. »

Satele Shan suit Maître Braga et entre dans la chambre du conseil éclairée par le soleil, les dix membres dans la salle sont levés devant leur siège : Maître Braga fait de même avec le sien.


On indique à Satele de se tenir au centre de la pièce, pile sur le symbole de l’ordre.

Le Grand Maître tonne de manière solennelle. « Maître Satele Shan, la Force nous a inspirés et par la volonté de celle-ci et du conseil, tu as été choisie pour siéger parmi nous en remplacement de Dar Nalo qui a rejoint celle-ci. »


Il pointe du doigt le siège vide. « Maître, votre siège. Vous êtes désormais des nôtres. Que la Force soit avec vous dans cette tâche. »


Satele se dirige vers le siège avec une pointe d’appréhension, siéger au Conseil est une tâche dont elle ressent déjà la lourdeur, passant ses mains sur ses yeux, une fois tout le monde assis, le maître de l’ordre ne perd pas de temps. La cérémonie officielle d’intronisation attendra.

« Pour une fois nous sommes tous réunis en même temps pour accueillir un nouveau maître parmi nous, nous avons beaucoup à traiter aujourd’hui. Il nous faut décider pour commencer qui remplacera Maître Nalo pour le front d’Aldérande. La Force est troublée, ces mutineries sont inquiétantes. »


Les différents membres du conseil se regardent, personne n’ose vraiment le dire, mais personne n’a envie d’y aller, surtout pas avec le risque de se faire tirer dessus par leur propre troupe.


Satele a, elle, lu les rapports, elle sait ce qui s’est passé. Ils ne peuvent plus fermer les yeux dessus. Même le conseil est muet ? Voilà une drôle de première séance.

« J’irai » clame-t-elle. « Je connais personnellement le général Malcom qui gère ce front-ci. Et je pense… que des réformes sont nécessaires quant à la gestion de nos conscrits. »

Nos conscrits... cela lui a échappé, mais il y a toujours ce pincement, ce doute quand elle le prononce, elle parle, elle, la chevalière de l’ordre jedi comme un général.


Les autres membres du conseil acquiescent, la plupart visiblement soulagés à ne pas avoir à gérer ce problème, c’est alors que l’un d’eux, Maître Syo Bakarn, un vieil homme sage et respecté, se tourne vers Satele.

« Mais dites-moi Maître, je crois savoir que vous avez toujours votre padawan Syrak Tarn, où est-il ? »

« Il a été déployé sur Ord Mantell où sa mission est d’escorter une diplomate pour une négociation sur la planète. Il est en compagnie de l’escouade de l’Éclair. »


Syo Bakarn joint les deux mains, semblant réfléchir. « Nous verrons s’il accomplit sa mission, sa sensibilité le rend indispensable pour cette guerre. »

« Oui ! S’il la développe, cela pourrait être une arme extraordinaire », poursuit Maître Braga. « Il pourrait détruire l’Empereur ! »


Maître Kiwiks, une Togruta, les interrompt : « Vous parlez d’un padawan comme d’une arme ?! »


Satele fronce les sourcils et tonne d’une voix ferme. « J’apprécierais que vous parliez de mon padawan autrement, Maître Bakarn, cela est un manque de respect pour tous les autres padawan et il doit apprendre à maîtriser ses facultés ! »



Maître Syo Bakarn a un léger haussement de sourcil. « J’établis des faits, Maître Shan, vous savez qu’il pourra éventuellement arrêter une guerre. Je reconnais que mon langage n’était pas très élégant, mais c’est un fait que son potentiel pourrait sauver des vies et mettre un terme à ce conflit. »

Mais voyant son regard ainsi que ceux des autres membres du conseil, il se ravise.

« Ça sera un débat pour une autre fois », conclut-il lasser. « Il y a plus important à gérer pour l’instant. »


Le reste du conseil, dont Satele, hoche la tête ; celle-ci regarde par la fenêtre afin d’oublier la sensation désagréable d’étouffement, assise sur ce siège.

Elle ne pense qu’à une chose : Syrak.

Ord Mantell est une planète ravagée par un conflit sanguinaire. Et tout ce qu’elle espère à cet instant que la force soit avec lui.


Acte 1



Syrak Tarn est assis sur un coussin au sein du vaisseau de la République de l’escouade de L’Éclair. Il pratique les formes de méditation qu’il a apprises afin de canaliser sa sensibilité et son pouvoir, jusqu’ici tout se passe comme prévu et le jeune homme a réussi à calmer ses appréhensions pour cette première mission, une mission assez simple en apparence. Il doit escorter la diplomate Dary Donnar sur Ord Mantell afin de participer aux négociations avec les forces indépendantistes de la planète.


Une routine ,mais pour lui c’est le test, de l’ordre bien sûr mais aussi pour lui-même. Il sera pour la première fois dans une zone de guerre sans son maître, il devra maîtriser ses émotions seul. C’est pour cela qu’il s’exerce assez intensément à la méditation Jedi afin de se fermer en partie à la Force. Quand il était enfant il n’arrêtait pas de pleurer, plus que les autres…


TOC ! TOC !

« Entrez. » répond Syrak.


La porte coulissante de la chambre laisse entrer une femme Twi’Lek munie de l’armure blanche et orange de la République. Elle regarde rapidement la pièce avant d’entrer et de fixer Syrak.


Celui-ci cesse sa méditation et se lève, prenant son sabre laser au sol pour l’attacher à sa ceinture. « Major ? Sommes-nous bientôt arrivés ? »

« Oui, Syrak, venez nous rejoindre dans la salle de l’holoterminal pour un débriefing, nous allons bientôt nous poser. »

Le Jedi hoche la tête et suit le Major hors de la pièce.


Le Major Dysia est celle qui dirige l’escouade de L’Éclair ; elle le mène à travers ces couloirs de métal où l’odeur de souillure lui pénètre dans les narines. Il entre enfin dans la salle de l’holoterminal où toute l’escouade et la diplomate sont présents.

Ils attendent une communication devant l’holo. Dysia indique à Syrak de se placer à côté d’elle devant l’escouade.

Les membres de l’escouade lui sourient, en particulier son lieutenant Aric Jorgan, un Cathar (homme-lion), officier renfrogné, un peu obstiné mais compétent.

Avec Syrak, ils se connaissent depuis des années : c’est d’ailleurs parce qu’ils se connaissent depuis des années avec l’escouade de L’Éclair que Syrak a été affecté avec eux.


Dysia se place devant l’escouade et Syrak, et fait signe à la diplomate de venir à côté d’elle.

« Madame, pouvez-vous nous rappeler la mission ? »

Dary Donnar se place à côté du Major, le regard inquiet. Syrak la sent troublée.

« Oui, major… » Elle regarde Syrak dans les yeux. « Maître Jedi… »

« Je ne suis pas Maître… », corrige Syrak avec gêne. « Je suis encore un padawan. »

« Je vois… »


Dysia reprend le ton de la conversation. « Notre mission est de vous escorter. Madame l’Ambassadrice, pouvez-vous nous faire un briefing sur la situation, s’il vous plaît ? »


Certains membres de l’escouade sourient ; quand on la connaît, on détecte assez vite les pointes d’agacement.

« Oui… » Dary adopte un ton beaucoup plus protocolaire.

« Ord Mantell est actuellement en pleine négociation entre le gouvernement fidèle à la République et les indépendantistes de la planète. Ceux-ci ont accepté de déposer les armes et d’intégrer la République en échange d’une autonomie et d’une amnistie générale. Votre mission est, une fois arrivés au spatioport, de prendre un véhicule pour m’escorter jusqu’au lieu des négociations. Je représenterai la République. Tout sabotage peut rallumer le conflit. »

« Des forces vous inquiètent ? » demande Dysia, croisant les bras, le regard suspicieux.

« Les séparatistes sont armés par l’Empire Sith et un clan Mandalorien. Il est peu probable qu’ils laisseront le conflit se geler, encore moins être réglé. C’est pour cela que j’ai demandé la présence d’un Jedi. »


L’escouade, Syrak compris, hoche la tête. Celui-ci sent que l’Ambassadrice est très inquiète. C’est une certitude, ils se feront attaquer, mais où et quand ? Voilà ce qui semble lui faire peur.

« Une fois arrivés au spatioport, nous prendrons un transport blindé », complète Dysia. « Personne ne devra savoir où nous allons. Tout ce que les troupes locales savent, c’est qu’on en a besoin du blindés pour une opération. Nous allons traverser des anciens champs de bataille. Espérons ne tomber uniquement sur des pilleurs.»


Elle regarde brièvement par la vitre où l’on aperçoit la planète. « On arrive dans trente minutes. ROMPEZ ! »


Syrak s’apprête à retourner dans sa chambre quand le Major Dysia l’interrompt.

« Pas vous, Syrak. »

L’Ambassadrice et le reste de l’escouade vont à leurs quartiers et ils restent seuls dans la pièce.


Dysia s’approche de lui, tendant un étrange appareil ressemblant à un holo-communicateur.

« C’est… ? » demande Syrak.

« Oui », confirme le Major. « Un holocommunicateur crypté, mais pas n’importe lequel. Un holocommunicateur de notre escouade afin que vous puissiez rester en contact avec nous. »

« Donc… L’Ambassadrice ne saura pas ? » devine Syrak.

« On peut intercepter nos communications ! Je préfère que vous ayez notre holocommunicateur. »

« Je vous le rendrai à la fin de la mission », promet Syrak.


Dysia inspire et ferme la main de Syrak sur l’holocommunicateur. « Gardez-le, vous êtes des nôtres, Jedi. Je n’ai pas oublié l’adolescent qui a sauvé Jorgan il y a quelques années de cela. »

Le regard de Syrak se détend. Il se rappelle de ce jour : c’était une mission sur Hutta, le lieutenant Jorgan était tombé dans un marais et, contre l’avis de Maître Stele, Syrak avait plongé pour le sauver in extremis. Il se souvient encore des larmes de ce lieutenant d’habitude si stoique et des siennes qu’il retenait. Ce jour-là est resté gravé dans sa mémoire.


Le Major bouge à peine un sourcil, mais Syrak sent sa sincérité et a appris à décoder le langage des militaires entre eux.

Le jeune Jedi fait un salut militaire pour retourner à sa cabine, touché par ce simple geste, ce petit don…

Il sait que les militaires ne donnent pas facilement ce genre d’holo réservé aux escouades, encore moins à un Jedi. Syrak est un peu troublé : il sait qu’il ne doit pas s’attacher et rester concentré sur sa mission…


Mais pour lui, la confiance du Major et de son escouade, qu’il connaît depuis qu’il est enfant, est un trésor.


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Syrak sort en premier du vaisseau, bien arrimé sur le spatioport d’Ord Mantell au côté du Major Dysia et de l’ambassadrice Dary. En regardant autour de lui, le Jedi s’aperçoit des belles infrastructures militaires bien entretenues, avec les soldats patrouillant au millimètre près. Une propreté qui contraste avec ce qu’il ressent…


La peur…


La peur règne sur cette planète.


Ces pensées sont interrompues par Jorgan et le reste de l’escouade qui les suivent.

« Allez, on n’a pas de temps à perdre ! »


Ils descendent de la plateforme d’arrivée. La diplomate prend la tête du petit groupe. Syrak adresse des regards entendus au Major et au reste de l’escouade.


En sortant du spatioport, ils décident de passer par un taxi public qui les conduit à la capitale de la planète : « Ord Mantell City ».


La ville, bien fortifiée et entourée de manufactures militaires, semble bien protégée et bien garnie.

La bannière de la République trône fièrement sur toute la ville.

« On va se diriger vers l’entrée de la ville. Le Walker nous attend », précise Dysia.


Le taxi se dirige rapidement vers l’entrée de la ville, passant vite dans les rues. Chaque membre du groupe regarde à peine les citoyens qu’ils croisent…



Tous sauf Syrak. Il sent la peur de la population. Chaque citoyen qu’ils croisent semble avoir peur, c’est ce que semblent indiquer ses sens.

Tous semblent apeurés et… lassés. La guerre semble avoir rendu apathique la plupart des personnes qu’ils croisent brièvement du regard. Et encore, Syrak sait qu’ils n’ont pas encore croisé les réfugiés de guerre…


Ils arrivent enfin à l’extérieur de la ville où de jeunes soldats mantelliens et le transport blindé les attendent. Le taxi est rapidement payé par l’ambassadrice. Dysia la suit de près, puis Syrak. Jorgan distribue les armes au reste de l’escouade.

« Allez les gars ! C’est maintenant que les choses sérieuses commencent ! »


Un jeune soldat s’approche du groupe et regarde, un peu intimidé, en direction de Dysia, Dary et Syrak, réalisant un salut.

« Soldat Jetson, Madame l’Ambassadrice et… »


Il regarde surpris Dysia.

« Madame… Major. »


Le Major croise les bras. « Un problème, soldat ? »

« Non, Madame… C’est que je ne m’attendais pas à un officier de type femme… Mada… Major ! »


Dysia souffle. Un simple soldat, sûrement peu discipliné, qui plus est. « Le transport est-il prêt, soldat ? »

« Oui, Madame Major. »

« C’est MAJOR, soldat », corrige glacialement Dysia. « Allez, ne perdons pas de temps ! »


L’escouade, accompagnée de Syrak et de l’ambassadrice Dary, monte rapidement dans le transport blindé dont les commandes sont rapidement prises par le Major. À l’intérieur, Syrak est surpris par l’espace à l’intérieur d’une chose aussi compacte. Chaque membre se place sur les tourelles de défense. L’ambassadrice reste assise sur le siège au côté de Syrak, qui propose :

« Je vais méditer ici, je pourrais peut-être prévoir une attaque. »

« Entendu », hoche la tête le Major.


Syrak reste à côté de l’ambassadrice alors que le blindé démarre doucement. Il voit à l’extérieur les soldats mantelliens les saluer. Personne ne sait où ils vont, ni l’importance cruciale de leur mission.

Mais pourtant, Syrak sent leur peur. Il commence à la sentir lui aussi, une perle de sueur coulant sur son front…

S’ils échouent…

« Mieux vaut ne pas y penser », murmure-t-il à voix haute.


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Le blindé roule depuis une dizaine de minutes. Syrak regarde vers l’extérieur sans dire un mot afin de rester concentré, et c’est suffisant pour sentir l’odeur de sang, de mélanges brûlés et de champs agricoles brûlés.


Il aperçoit au loin les tentes de réfugiés, les centaines de personnes s’agglutinant vers les distributions alimentaires et leurs services essentiels. Il sent au loin leur angoisse, cette idée que tout ne s’arrêtera jamais. Leurs villages détruits.


La plupart ne se posent même plus la question de la République ou des indépendantistes : ils n’ont plus la force de vouloir choisir, et seuls les plus forts parviennent à penser.

« Maître Jedi, vous sentez quelque chose ? » demande l’ambassadrice assise à côté de lui.

« Je ne suis pas Maître », corrige à nouveau Syrak. « Et oui, je sens leur peur… Je sens la vôtre aussi. »

« Bien sûr que j’ai peur, si on parvient à un cessez-le-feu stable… »

« Non. » Syrak devient plus ferme, se concentrant. « Vous ne craignez pas les négociations, mais une éventuelle attaque. »

« Je… » Elle déglutit. Certains membres de l’escouade, positionnés aux tourelles, semblent tendre l’oreille.

« Oui », confirme-t-elle. « Il est probable que les Mandaloriens nous attaquent. Ils ne veulent pas la paix… Du moins, leur chef ne veut pas la paix. Ils ont soutenu les séparatistes en échange de la promesse d’un territoire sur Ord Mantell. »

« Pas bête », commente Jorgan à partir du fond. « Comme ça, il s’assure une protection militaire. Vous pensez que les Mandaloriens voudront nous interrompre… »


Syrak se lève d’un coup, interrompant la conversation. Il sent de l’angoisse, de la peur en dehors du véhicule blindé. « Des gens arrivent. Madame l’ambassadrice, tenez-vous prête. »


Celle-ci hoche la tête et se recroqueville à l’arrière du blindé. Plusieurs membres de l’escouade s’arment.


Dysia ordonne : « ARMER LES TOURELLES ! »

« SPEEDER ENNEMI EN VUE ! »


Syrak inspire.

« Tenez-vous prête. »


Acte 2

Dysia se met à hurler. « Les capteurs signalent au moins trois speeders, que les tourelles se mettent à tirer à mon signal ! »

« On les a identifiés ? » demande Jorgan.

« Négatif. »


Des bruits de blaster résonnent sur la coque, faisant légèrement trembler le blindé.

« Des séparatistes ? » questionne Syrak en allumant son sabre laser.

« Aucune idée ! » martèle le Major. « Notre coque ne résistera pas longtemps ! »

« Alors frappons vite ! » martèle Jorgan.

Deux speeders se mettent de côté du blindé, le rattrapant rapidement. Les bruits de blaster martèlent la coque, faisant légèrement trembler le véhicule. Le blindage résiste, mais les assaillants sont visiblement bien armés. Dysia met le blindé en ligne de mire des speeders, une manœuvre dangereuse pour permettre à ces tourelles de viser l’ennemi.


Jorgan ordonne de déclencher le feu. Syrak entend et sent l’explosion d’un speeder.

« Et de un ! »


Le blindé se met de nouveau à trembler, des bruits de grappins résonnent.

« Ils vont pas tenter un abordage ?! » hurle l’ambassadrice, terrifiée, en se recroquevillant derrière un siège.


Syrak cligne des yeux. Peu probable, l’ennemi va sûrement tenter de se rapprocher pour leur lancer une grenade à l’intérieur. On veut les tuer ?

Il ne pense pas que les ennemis savent qui ils sont.


Il jette un regard entendu aux membres de l’escouade et se dirige avec une vitesse stupéfiante vers le toit du blindé en passant par l’ouverture du haut.


En sortant, le vent percute presque son visage. Se concentrant pour ne pas perdre l’équilibre, c’est là qu’il aperçoit les deux speeders restants. Sur celui sur le côté, on aperçoit plusieurs hommes amarrés ; à en juger par leurs démarches et le pilotage, ils ont de l’expérience militaire. L’un a lancé un grapin, l’autre lance une grenade vers le blindé.


Syrak dévie la grenade avec la Force, l’envoyant exploser ailleurs. Il se sert de la Force pour détacher le grapin.


Son équilibre est précaire : le vent puis la poussière lui tombent au visage, la vitesse à laquelle le blindé roule est impressionnante. Il n’a même plus le temps de voir les champs ruinées qui servaient d’agriculture avant la guerre, ni les routes quasiment impraticables. Il voit juste deux speeders qui les menacent.


Une explosion retentit : le speeder où se trouvaient les grenadiers explose devant lui, les tourelles de l’escouade l’ont eu !

Il reste le problème du troisième speeder…


Il se trouve derrière eux, martelant la coque arrière qui ne tiendra plus très longtemps.

Les tourelles arrière ne cessent de tirer, mais n’atteignent pas le speeder correctement aligné derrière eux.


Syrak fronce les sourcils. Il redescend à l’intérieur du blindé en entendant Dysia.

« Vous n’arrivez pas à l’avoir ? »

« Non, Major », répond son lieutenant. « Il est bien aligné et notre coque arrière va pas tarder à craquer. »

« Je peux m’en occuper », intervient Syrak. « J’ai besoin de me concentrer. »

Le lieutenant hoche la tête et Syrak, à la surprise de tous, s’assoit. Il ferme les yeux, tentant de visualiser le speeder sous les vacarmes de blaster et les cris de soldats.

Sentir le souffle de l’ennemi…

Leur peur qui va à la colère…

Le souffle du Jedi se répand dans la pièce. Il n’a jamais tenté de le faire, il a juste vu son maître le faire…

Une forme se visualise dans son esprit…

Le speeder qui roule…

La colère de leurs assaillants…

Il le visualise… Il VOIT.



Le Jedi réalise une poussée de Force sur ce speeder et rouvre les yeux soudainement, épuisé.

« LE SPEEDER A ÉTÉ DESTABILISÉ, IL... » Dysia n’a pas le temps de terminer sa phrase que les tourelles ont l’occasion de détruire le dernier speeder. Elle arrête immédiatement le blindé.



Un long silence s’ensuit, chacun se regarde. Le danger est passé et Syrak, quant à lui, est complètement épuisé. Ce petit tour si rapide lui a demandé une grande énergie…

« C’est... impressionnant, Jedi », commente Dary, la main sur la bouche.

« Vérifiez l’état des tourelles et de la coque. On va réparer ce qu’on peut et on repart. Je ne veux pas prendre de risque si on se fait réattaquer. Jorgan, Syrak, allez inspecter le speeder et essayez d’identifier nos assaillants. Madame l’ambassadrice, accompagnez-les, s’il vous plaît. »



La porte arrière du blindé s’ouvre pour laisser sortir Jorgan, Syrak et Dary et, comme ils peuvent le constater par l’odeur et les bruits, celle-ci a bien été endommagée par les combats.

« J’espère qu’ils n’ont pas trop amoché le blindé. Plus on reste, plus c’est risqué. Allez, allons voir. »

Syrak, par un hochement de tête entendu, s’approche lentement, traînant derrière Jorgan et Dary. Sa « petite » action de tout à l’heure l’a véritablement affaibli.

Le speeder des assaillants est au loin, sa carcasse fumante et l’odeur des cadavres brûlés emplissant les narines du Jedi.


« Un speeder civil », commente Jorgan, analytique.

Le groupe se penche près des restes et des cadavres. Difficile d’identifier les assaillants, mais une chose est sûre : ce ne sont pas des Mandaloriens ni des militaires, bien qu’ils semblent avoir de l’expérience.


Syrak aide Jorgan à fouiller les corps malgré l’odeur du sang qui le répugne en partie, mais il faut s’y faire, c’est la guerre…

Ils ne trouvent rien d’intéressant, que ce soit les blasters, les habits des hommes abattus ou du moins ce qu’il en reste.

« Sûrement des pilleurs », commente Dary, inquiète. « C’est comme ça que la plupart des gens survivent. Des petites milices se forment. »

« Avec des armes militaires ? » questionne Jorgan, peu convaincu.


Syrak regarde le speeder : c’est un véhicule civil. « Si c’était des séparatistes, ils n’auraient pas attaqué un blindé armé, ils auraient attendu qu’on sorte pour nous abattre. Je ne pense pas qu’ils savaient qui nous étions. »

« Bien vu », commente le lieutenant. « Il doit vraiment y avoir des armes partout sur cette planète. »

« Le marché en est rempli », commente l’ambassadrice.

« Purée… Je plains les forces qui vont devoir s’occuper de pacifier tout ça, et je ne parle pas de la corruption… », Jorgan pousse un soupir. « Allez, on retourne au blindé, Syrak ? »


Syrak regarde une dernière fois les corps et le véhicule brûlé.

« C’est donc à ça que pousse la peur… »

« Avaient-ils d’autres choix ? » commente Jorgan tristement en mettant la main sur l’épaule de Syrak. « Pour s’attaquer à un véhicule militaire, il faut être réellement désespéré… ou ignorant. »


Le Jedi pousse un soupir, regardant une dernière fois les corps et observant l’environnement autour de lui : juste de la poussière, des rochers sales et une route abîmée. Il se demande à quoi pouvaient bien ressembler ces plaines avant…

S’apprêtant à suivre Jorgan et Dary, celui-ci s’arrête. Il sent une présence…


Une petite présence apeurée…

Une menace ? Non…


« Jedi, qui a-t-il ? » L’ambassadrice le regarde, circonspecte face à son attitude.


Le Jedi se met à crier : « Montrez-vous ! »



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« Il nous a entendus ! » La fillette était cachée derrière les rochers à côté d’un adolescent chétif, sûrement son grand frère. Au cri de Syrak, ils se lèvent tous les deux, se sachant repérés et apeurés. Ils sont impuissants face à ces étranges personnes.

L’adolescent espérait fouiller les corps pour trouver des crédits et peut-être même (mieux) des pièces à vendre…


Il prend par la main sa petite sœur et regarde apeuré dans la direction du groupe de Syrak, jetant un regard du coin de l’œil aux blindés que l’escouade de l’Éclair continue de réparer.

« Je… », murmure-t-il à sa sœur. « Si ça se passe mal, tu t’enfuis. »

« D’accord… », répond-elle d’une voix apeurée.

Les deux enfants s’approchent doucement, les pas tremblants.

« Oh, c’est pas vrai… », râle Jorgan. « On a vraiment pas besoin de ça. »


L’adolescent hurle : « On n’est pas dangereux ! »

« On s’en doute », fait Dary en leur faisant signe d’approcher. « Que faites-vous là, les enfants ? »

Jorgan ironise : « C’est pas évident ? Qu’est-ce qu’on fait, Syrak ? »


Syrak ne répond pas. Il fixe longuement les deux enfants. Le garçon est un adolescent maigrichon aux cheveux bruns et aux yeux cernés, treize, quatorze ans ? Il n’en a pas plus. La petite fille a les cheveux blonds, le visage sale, couvert de poussière, tenant la main de son grand frère. Des réfugiés, certainement. Le garçon doit chercher des pièces à vendre pour nourrir sa sœur, ou trouver son chemin, ou de la simple nourriture.


En les regardant, une étrange émotion se produit, une émotion que le garçon remarque. Il aperçoit les yeux de Syrak s’humidifier… Syrak se sent, ne serait-ce qu’une minute, l’odeur de son enfance. Son enfance avant les Jedi. Dans la rue avec sa grande sœur… Il y a longtemps… Très lointaine…


Le garçon interrompt ces pensées d’une voix trahissant son anxiété : « On est venu… chercher des pièces, des crédits… Pour retourner à notre village… On n’a rien.»

« Il y a des pilleurs dans le coin, les enfants. PARTEZ ! » ordonne Jorgan. « Fouillez les corps si vous voulez, nous, on retourne au blindé. »

« Mais Lieutenant… », proteste la diplomate.

« On a perdu assez de temps », insiste le soldat.


Les enfants se regardent, semblant soulagés de ne pas avoir plus de problèmes que prévu. Qui sait ce qu’ils imaginaient ?


Syrak parle enfin : « Où est votre village ? »


Le garçon répond, circonspect : « Heu… »

« Je ne vais pas te faire de mal », promet Syrak en s’essuyant les yeux. « Je veux savoir où est votre village. Je vais vous y escorter. »


Des raclements de gorge résonnent près de lui. Jorgan tire son ami vers lui. « Ça va pas ?! »

« Jedi… Vous avez une mission à accomplir », ordonne l’ambassadrice, tentant d’être autoritaire.

« On ne peut pas les amener au blindé, notre mission est dangereuse. »

« Et un Jedi qui va seul dans un village, c’est pas dangereux, peut-être ?! »


Les enfants observent la dispute. Le garçon hésite à s’enfuir, mais son instinct lui dit de ne pas le faire.

« Maître Jedi, vous avez des ordres… », tente d’ordonner Dary, mais elle sent, à sa grande frustration, que le Jedi semble déterminé.

« Madame l’Ambassadrice », déglutit Syrak, mal à l’aise mais avec une détermination renouvelée. « En tant que Jedi, j’ai juré de défendre les plus faibles et de suivre la voie de la Force. Et celle-ci est claire : je dois aider ces enfants. Je le ferai avec ou sans vous. »

« C’est un vrai Jedi, tu crois ? », demande la fillette.

« Bien sûr, Pétune. Regarde sa ceinture… », commente le garçon en serrant sa main.


Un silence tendu s’installe. Chacun se regarde pendant une longue minute…

« On va d’abord en parler au Major », annonce le lieutenant. « Les enfants restent avec nous. »


Tout le groupe se dirige vers le blindé. La marche dure cinq minutes au moins, jusqu’à ce que le Major Dysia, justement sortie de celui-ci, regarde avec un choc maîtrisé les enfants…

… Et devine qu’elle va devoir prendre une décision radicale pour la mission.


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Le major regarde les enfants et passe sa main devant ces yeux, l’ambassadrice est exaspérée et tout le reste de l’escouade semble juger Syrak.

La fillette trouve la femme impressionnante. Twi’lek… Une armure scintillante (surtout à ses yeux).


Le major justement continue de soupirer… Ils ne peuvent pas laisser ces enfants ici… Ni les emmener, car ils seront probablement attaqués, et certainement par bien pire que des Mandaloriens mais de l’autre…

Peut-elle laisser Syrak partir ? Il a bien invoqué le code Jedi… Mais c’est la seule solution…

Une solution qui apaise ces deux consciences, professionnelle et éthique.

« Très bien Syrak, vous pouvez escorter les enfants à leurs villages. Vous avez mon autorisation. »


Dary ouvre la bouche pour protester, quand aux autres membres de l’escouade, ils ne disent rien, certains esquissent un sourire. Ils connaissent bien leur major.


Pétune serre la main de son grand frère, cachant son sourire. Alors le Jedi est gentil ? Est-il un ami ? Elle a envie de le croire, ce qui n’est pas le cas de l’adolescent, toujours sceptique. Et s’ils voulaient trouver leur village ? Et s’ils les piégeaient ?

« Mais vous ne partirez pas seul… »

« Je l’accompagne. Major, pas besoin de dire les ordres. »


L’escouade éclate de rire, de même que Syrak.

« Vous nous contacterez uniquement par communicateur et indiquerez une position adjacente au village. Pas besoin d’attirer l’attention sur eux, et on viendra vous chercher une fois l’escorte terminée. »

« MAIS MAJOR ! » L’ambassadrice tente de protester, mais rien n’y fait. La Twi’lek est inflexible. Le lieutenant Jorgan prend le temps de charger son sac à dos et les provisions pour leur voyage.

Jorgan se dirige vers Syrak et les enfants. Le Jedi pousse un soupir de soulagement, se rappelant du « don » de Dysia : l’holocommunicateur spécial qu’il possède lui aussi.


Les deux enfants courent vers lui, l’espoir retrouvé. Ils ont quitté leur village pour chercher des ressources, il y a plusieurs heures maintenant, mais ça, ils n’ont osé le leur dire. Avec leur aide, peut-être…

« Comment vous appelez-vous ? » questionne enfin le Jedi.

« Pétune », répond la fillette, admirative.

« Cokar », répond le garçon, tentant de bomber le torse.

Acte 3


Trente minutes... Trente minutes se sont écoulées depuis que Syrak, Jorgan et les deux enfants se sont éloignés des blindés afin de les ramener à leur village au mieux, au pire à un avant-poste.


Le lieutenant avait bien ajusté son barda ainsi que son holocommunicateur et la carte virtuelle afin de tracer leurs pas. Le groupe traverse des champs soit calcinés soit abandonnés, marchant à pas reposés sur les routes sinueuses craquelées, sur la terre asséchée passant aux côtés de rivières sales.


Cokar et Pétune ne sont pas très bavards, le garçon dit juste : « Je crois qu’on venait de là... »

Il ne croit pas, il sent, le garçon a appris à repérer les rivières, le moindre petit rocher, il sait exactement où il est mais il n’a pas encore assez confiance en ce jedi et encore moins en « soldats poilus » (les Cathar étant des félins anthropomorphes). Les seuls soldats de la République qu’ils connaissaient avec sa sœur sont ceux de la milice mantellienne, ceux qui viennent chercher le grain, les impôts ou pire confisquer la terre pour impératif militaire. Et quand leurs parents ont dû fuir vers les zones séparatistes, les milices séparatistes leur ont dit la même chose. Impôt sur la terre, confiscation, impératif militaire.


Cokar ne comprenait pas ce drôle de langage qui à ces yeux voulait dire : « Obéissez ou on vous tue. »

Syrak compréhensif, ne posait aucune question en retour, marchant devant les deux enfants, en particulier devant la fillette tremblante qui regarde cet étrange homme aux yeux cernés et à l’étrange arme à sa ceinture. Elle a entendu parler des jedi bien sûr mais n’en a jamais vu.

Jorgan se tient derrière eux observant les environs. « Je comprends pourquoi il y a autant de réfugiés... »


La marche se poursuit, une perle de sueur commence à apparaître sur le front des enfants, puis une autre, encore une autre, la fatigue de ces derniers jours les rattrapant tous les deux ralentissant de plus en plus. Leurs jambes les abandonnent.

« Grand frère ! » gémit la petite fille. « Je veux m’asseoir ! »

« Pas tout de suite ! On doit arriver chez nous ! »

« Mais c’est loin », gémit-t-elle les yeux humides.


Syrak fait signe au groupe de s’arrêter. « On fait une pause. Lieutenant, j’ai soif, pas vous ? »

Jorgan hausse les sourcils puis comprend la manœuvre, il indique aux deux enfants les rochers sur lesquels s’asseoir.


Cokar et Pétune s’affalent dessus, soulagés de faire une pause bien que le garçon ne l’assume pas.


Syrak et Jorgan sortent leurs gourdes d’eau bien remplies du sac apporté par le lieutenant, les deux enfants regardent celles-ci avec envie.


Une brise légère commence à se former et Pétune tend ces petits mains comme pour absorber l’eau.

« Je pourrais en avoir ? »


Cokar fixe sa sœur, préférant ne rien dire. Syrak répond au geste de Pétune en tendant la gourde vers sa bouche. Mais celle-ci ne semble pas comprendre.

« L’eau, c’est dans les mains ! »

« Ah, je vois... »


Le Jedi s’apprête à tendre sa main vers la tête de la petite pour lui faire boire, se ravise, supposant que son geste peut paraître brutal.

« Je te montre. »


Il boit une gorgée d’eau en évidence devant elle, lui montrant chaque fait et geste sous l’œil attentif de Jorgan, puis Syrak pose la gourde sur le sol.

« À toi. »


Pétune saisit la gourde, la serrant comme un tour de vis. « C’est... froid. »

Elle glisse lentement l’eau vers sa gorge, gorgée par gorgée, son visage s’illuminant.

« J’en ai jamais bu de comme ça, il n’y a pas ce goût bizarre ! »

« C’est de l’eau pure, Pétune, cette eau n’est pas sale, profite-en. » commente son grand frère en regardant en direction de leur village.


La fillette se précipite vers lui et tend la gourde. « Bois-en, grand frère ! BOIS-EN ! »

Cokar fait un non de la tête. Mais la fillette insiste, tendant presque la gourde sous son nez.

« ALLEZ ! »

Syrak intervient. « Tu ferais mieux de boire, la route va être longue. »


Cokar, comme un coq blessé, saisit la gourde comme si on lui faisait injure et boit la gorgée en se retenant de sourire à la sensation de l’eau pure, souriant presque, ses yeux illuminés le trahissant.

« Je... »

« Merci », admet-il en direction du jedi. Pétune, épuisée, pose sa tête sur ses genoux pour se reposer et regarde le ciel en respirant calmement. À cet instant le lieutenant Jorgan se lève, sort les jumelles. « Rien à signaler, je propose qu’on ne s’attarde tout de même pas trop. Si on tombe sur un véhicule…. »

« Je sais. » commente Syrak. « Il faut atteindre l’objectif au plus vite... Vous pensez que le convoi est arrivé ? »

Jorgan repose ses jumelles :

« S’il n’y a pas eu d’autre attaque, sans l’ombre d’un doute. Le plus long sera les négociations... Mais ça veut dire que les activités militaires seront en pause. Bon signe pour nous. J'appelerais bien le major mais si la transmission est interceptée... même cryptée, on pourrait nous retrouver. »


Syrak hoche la tête et s’assoit dans sa position de méditation, il ne détecte rien, il laisse l’environnement communiquer, la Force le guider malgré les cicatrices, il y a encore de la vie sur cette terre, elle bat faiblement mais elle est là.

« Monsieur... » la voix fatiguée de Pétune se tourne en direction du jedi et du soldat. « Vous venez d’où ? »


Le lieutenant regarde en direction de Syrak méditant et répond simplement. « De l’armée de la République. »


Pétune se tourne déçue vers Syrak.

À cette question, le jedi ressent un léger tremblement et dans son esprit se reforme l’image de sa grande sœur... De plaines dévastées... D’une ville fantôme….

« Taris. » révèle-t-il. « Je viens de la planète Taris. »

Pétune ferme les yeux satisfaite de la réponse, s’endormant petit à petit. Sait-elle ce qu’est la planète Taris ? Non probablement pas. Mais est-elle heureuse de partager ne serait-ce qu’une brève conversation avec lui ? Certainement.


Constatant que la petite fille s’est endormie, Syrak prend la décision de faire durer la pause.

Bientôt ils repartiront.


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Cokar s’est aussi endormi après avoir lutté pendant plusieurs longues minutes et craignant d’être dépouillés par le jedi et le lieutenant, mais son corps le fit capituler et il s’est assoupi sur ce rocher près de sa sœur.


Un petit bip retentit dans la poche de Syrak, Jorgan sursaute, il reconnaît le bruit d’un holocommunicateur.

Syrak ouvre les yeux et fait signe de la main à Jorgan que tout est normal, il regarde si cela n’a pas réveillé les enfants.


Il répond à l’appel.


L’image holographique de Dysia apparaît, la Twi’Lek semblant exténuée.

« Escouade de l’éclair à Syrak Tarn. Me recevez-vous ? »

« Oui, Major », murmure Syrak.

« Jedi, nous sommes arrivés sur le lieu des négociations, toutes les factions sont présentes y compris le chef du clan Than, les mercenaires mandaloriens. »

« Tout s’est passé sans encombre ? »

« J’ai dû accélérer mais oui... Et vous, où en êtes-vous ? »

« On repart dans une heure, je pense que nous arriverons au village dans la soirée. »


L’image de Dysia se fige, la Twi’Lek semblant pensive. « Bien, finissez ça au plus vite, une fois cela fait. Indiquez-moi votre position, je viendrai vous chercher. major Dysia terminé. »


La transmission se coupe et quand Syrak regarde au-dessus de lui, il voit le visage agacé de Jorgan.

« Encore cet holocommunicateur crypté ? »

« Oui... » Syrak ne comprend pas le regard inquiet de Jorgan. « Dys... Le Major m’en a fait don. »

« C’est pas ça le problème », manque de s’étrangler le Catar. « On est en pleine zone de guerre potentielle, l’ennemi peut intercepter nos communications ! J’espère que personne ne nous trace... »

Syrak baisse la tête. « Vu ce que raconte le major, je pense que nous sommes hors de danger. »

« J’espère... » Le lieutenant regarde dans son sac.

« On va pas tarder à les réveiller. Je propose que l’on parte dans une dizaine de minutes. »

« Entendu. »


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« GRAND FRÈRE, ON EST BIENTÔT ARRIVÉS ! »


Pétune sautille tenant la main de Cokar, ils ont repris la route il y a trois heures et Jorgan aperçoit avec ses jumelles des bâtiments en bois et des tentes au loin conformes à la description de Cokar.

« On va rentrer ! »


Cokar sourit, c’est la première fois qu’il voit sa sœur sourire avant de rentrer au village, d’habitude elle serre sa main comme si sa vie en dépendait, l’accueil réservé dépendant des ressources apportées.


Et même s’ils n’apportent rien avec eux, ils ont vécu quelque chose de différent, Pétune se sent en sécurité et pour Cokar c’est un poids qui s’est enlevé pour le temps d’une journée.


Syrak et Jorgan s’arrêtent soudain.

De ce qu’ils en voient, il s’agit d’un village récemment bâti avec les dernières ressources du coin, un village de survivants et de réfugiés. Chacun pour soi , surtout pour les ressources.


Cokar les regarde : « Bah alors... »

« Petit, il vaut mieux pour vous qu’on ne soit pas aperçu dans ton village. » Syrak s’agenouille près de lui. « Des agents de la République ne seraient pas bien vus et il ne vaut mieux pas que le blindé qui arrivera nous chercher soit vu. »

« Vous nous quittez ? » demande Pétune dont les yeux brillants laissent apercevoir le reflet du Jedi.

« C’est comme ça... Nous avons d’autres devoirs à accomplir... Bon retour chez vous... Que la Force soit avec vous... »


Le garçon tire le bras de la fillette, masquant sa tristesse. « Allez, Pétune, on doit y aller. »


Elle pousse de petits gémissements en regardant partir Jorgan et Syrak, faisant demi-tour pour trouver un endroit où appeler le blindé ,espérant que le reste de l’escouade a accompli sa mission


Soudain, Jorgan sort des rations de nourriture et les jette au sol derrière lui sous le regard complice du Jedi, puis ils se mettent à crier d’une voix fausse :

« SYRAK, J’AI PERDU UNE PARTIE DES RATIONS ! »

« ÇA ALORS, LIEUTENANT ! MAIS NOUS N’AVONS PAS LE TEMPS ! VITE ! COURONS NOUS METTRE À L’ABRI ! »


Ils se mettent soudain à courir pour distancer les enfants jusqu’à être perdus de vue, laissant bien en évidence au milieu de l’herbe desséchée une poignée de rations militaires neuves.

Cokar et Pétune se regardent incrédules, puis le garçon se dirige avec précaution vers la boîte de ration.


Il tend la main vers la terre brûlante pour prendre celle-ci péniblement, suivi par sa sœur.


En analysant la boîte et la secouant :

« Pour une semaine... » murmure-t-il.

« Il y a des rations pour une semaine... »

« Grand frère... Ils l’ont perdu… »

Cokar sent ses yeux se mouiller. « Ils ne l’ont pas perdu… »

Et pour la première fois depuis des mois, Cokar s’autorise une faiblesse : pleurer devant sa sœur.


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Syrak et Jorgan se sont assis par terre, décidant de s’accorder une pause, le sourire aux lèvres, satisfaits de leur petite expédition en fin de compte. Jorgan a déjà envoyé le signalement pour indiquer leur position. Les deux hommes restent assis l’un face à l’autre, revivant chacun longuement les longues heures de marche auprès des enfants.

« Vous croyez qu’ils ont réussi la mission ? » demande Syrak.

« L’escorte... oui. Mais les négociations, aucune idée... »


Le Jedi pousse un soupir satisfait de lui-même, cette mission l’a remuée, rappelant de vieux souvenirs. Jorgan, quand à lui, laisse transparaître une émotion certaine. S’il en croit la dernière transmission du major, le blindé n’arrivera pas avant quelques heures.


Ils ferment les yeux, voulant profiter de la brise légère et, par chance, remercier la Force de ne pas s’être fait attaquer par des forces ennemies.


Ils entendent des petits pas courir dans leur direction, pas de grands pas, et à leur grande surprise, leur vue est couverte par celle d’une fillette courant vers eux, et pas n’importe laquelle : Pétune, les yeux inondés.


Ils se lèvent inquiets. Qu’est-il arrivé ?

Jorgan pense aussitôt à l’holocommunicateur de Syrak. Un cadeau empoisonné de la part de Dysia !

Il le savait ! Ils se sont fait repérer, des ennemis sont près…


Pétune ouvre soudain les bras dans leur direction. « JE SAVAIS QUE VOUS N’ÉTIEZ PAS PARTIS ! »


Rapidement, elle est suivie de son grand frère, les yeux séchés, exténué par la fatigue.

« Att….ends... ! PÉTUNE ! »


Il dévale la petite pente vers eux, manquant de se ramasser, perdant sa vigilance habituelle. Pétune, quant à elle, referme ses bras sur les jambes de Syrak, sanglotant.

« Mer… merci… »


Le Jedi et le soldat se regardent, un immense soulagement détendant leurs corps, et puis…


Et puis…

Ils se mettent à rire, d’abord un rire nerveux, puis un rire aux éclats. Ils ont eu si peur !

Pétune, continuant de sangloter, lève soudain la tête vers eux, ne comprenant pas leurs éclats de rire, qui gagne elle-même, puis à son grand frère, qui ne les comprend pas plus qu’elle.


Éclats qui se reflètent dans leurs yeux, changeant la nature de leurs larmes, relâchant la pression accumulée ces derniers jours, ces dernières heures…


Syrak se reprend. « Mais qu’est-ce que vous faites ici ? »


Cokar se tord le bras, rougissant de honte d’avoir pleuré. « Pétune... voulait vous dire au revoir... Elle voulait partager une ration avec vous… »

« Oh... » Les deux hommes réagissent de la même manière, regardant Cokar ouvrir une ration. « Vous nous l’avez offerte après tout ? Votre blindé, il ne vient pas, hein ? »

« Pas tout de suite », confirme Syrak.


Remarquant que le grand garçon a décidé d’accorder sa confiance, Syrak prend la décision de porter Pétune dans ses bras afin de la faire s’asseoir correctement, au grand bonheur de celle-ci, qui n’avait pas senti cette sensation depuis…

Depuis quand au juste ?


Quelques minutes plus tard, le lieutenant avait fini de ramasser du bois séché qu’il a trouvé sur le champ brûlé et desséché par les tirs de blaster. Syrak donne sa gourde à Pétune pour qu’elle puisse boire.


Le quatuor décide ensuite de se partager la ration ouverte par Cokar et, sans dire grand-chose, ils laissent tomber leur masque, au moins un peu. Le Jedi et le soldat doivent garder leur rôle.

Le lieutenant éparpille le bois séché afin de faire des petits sièges pour tout le monde, pour manger la ration de manière la plus confortable.


Syrak ferme les yeux, l’odeur de la ration lui rappelle sa propre sœur…

Cokar regarde fasciné la façon dont le soldat dispose le bois séché, son éclat malicieux laissant échapper qu’il compte s’en inspirer pour lui-même.

« On partage la ration, mais vous rentrez au village », assène Syrak, tentant de cacher son émotion.


Quant à Syrak, il installe Pétune sur le petit siège improvisé en bois séché.

Une fois Pétune installée, Jorgan s’adresse à la fillette.

« Cathar. »


La fillette écarquille les yeux, mangeant comme un bonbon la saucisse. « Quoi ? »

« Tu m’as demandé d’où je venais… tout à l’heure... mais je n’ai pas répondu... »


Jorgan déglutit.

« Je viens de la planète Cathar. »


Baissant les yeux, le lieutenant laisse néanmoins un sourire discret. Syrak sourit lui aussi.

« Profitez-en. On se dit bientôt au revoir. Je sais que c’est la Force qui nous a menés à vous. »

Le groupe laisse une dernière fois leurs yeux s’humidifier. Ce n’est pas tous les jours qu’ils peuvent se le permettre…

Car quand le blindé de l'escouade arrivera, ils reprendront leur rôles.

Epilogue


Le Vaisseau Amiral de la République planait en orbite au-dessus d’Aldérande. L’odeur de métal, de plasma, les sons incessants des appareils survolant la planète, et le cliquetis incessant des terminaux de communications remplissaient la pièce de la salle de commandement. À l’intérieur se trouvaient la nouvelle commandante du front d’Aldérande, Satele Shan, et le général Jace Malcolm.


Sur la carte, des plans militaires et des points d’assaut. Sur une autre carte, l’état des forces psychologiques et le déploiement des sections spéciales de secours et d’infrastructure afin d’accueillir les réfugiés et réparer les infrastructures.

Cela avait une double utilité :

-Premièrement, pour les militaires, gagner la confiance de la population et des concitoyens en améliorant leur condition.

-Pour les Jedi, mener la guerre de manière conforme à leur code Jedi.


Un compromis bâti à la hâte, en somme, mais vital pour la nouvelle conseillère. La réunion était assez longue, elle planifiait une dernière fois son arrivée afin d’être prête à se battre. Il fallait reprendre la bataille.


La réunion se termina au bout de quelques heures quand la stratégie générale avait été mise en place. Pendant celle-ci, Satele avait été perturbée et préoccupée par un sentiment puissant ; elle sentait qu’elle devait contacter son padawan. Ses sens la trompaient rarement dans ce genre de cas.


Ce qu’elle fit immédiatement une fois entrée dans sa salle de méditation, sobrement meublée d’un oreiller, d’une couverture, d’un grand coussin et bien sûr d’un lit.


S’asseyant les jambes croisées sur le coussin, Satele prend une tablette de données posée sur le côté et éteint la lumière. Elle lit les données inscrites dessus. Il s’agit du rapport de la mission d’Ord Mantell par l’ambassadrice Dary.


Elle y fait part de sa satisfaction en ce qui concerne l’escorte et indique qu’un cessez-le-feu a pu être signé, mais elle est très « mécontente » de l’attitude de Syrak Tarn qui a préféré réaliser de son côté une « mission personnelle », laissant une note à l’attention du Conseil.


La note raconte comment Syrak a aidé deux enfants réfugiés, préférant « sacrifier » la mission et « empêcher la paix ».


Ce qui, aux yeux de Satele, est faux.


Éteignant le terminal et fermant légèrement les yeux, elle allume son holocommunicateur.


Pas de réponse…


Poussant un soupir, elle entame une méditation quand celui-ci sonne.

Il s’active et dans la main de Satele apparaît l’hologramme de son padawan confus. « Maître, vous avez tenté de m’appeler. Excusez-moi, j’ai été négligent. J’aurais dû faire un rapport. »


Satele ouvre les yeux, de manière douce.

« Du calme, Padawan. Je viens aux rapports. Comment s’est déroulée la mission sur Ord Mantell ? »

« Bien, à part une attaque de pillards… La mission s’est bien déroulée et je suppose... »

« Oui, je sais pour les enfants », sourit-elle.

« Maître, je ne pouvais pas les laisser... »

« Tu as suivi ton instinct, je ne te reproche rien. Il y a une différence entre suivre le code et laisser ses émotions nous submerger... »

« Justement, maître... » Le padawan déglutit. « Nous venons de quitter Ord Mantell et je voudrais poser quelques questions à propos de ça... »

« Je t’écoute. »


Ils se détendent un peu tous les deux, bien que cela soit peu visible sur l’hologramme.

« Maître... Tout ce sang... Toutes ces larmes que les gens vivent... Ce n’est pas ma première fois au champ de bataille, mais le... ressentir, c’est autre chose. Enfin, être livré à la vie... qui se... fluidifie. »

« Fluidifie ? » Satele hausse un sourcil. « Que veux-tu dire ? »

« Je veux dire la passion, les émotions, la détresse des réfugiés et... »


Il marque une pause.

« En nous…. Vous voyez, maître ? Le code Jedi nous apprend à nous détacher de nos émotions, mais voir celles des autres. Et notre corps, je ne savais pas que ce serait aussi difficile... Pourtant, ce n’est pas ma première fois... »


Il se frotte légèrement les yeux.

« C’est parce que tu étais seul Jedi sur cette mission et que tu t’es concentré sur toi-même et ta sensibilité. Pour commencer, garde toujours à l’esprit l’instant présent et concentre-toi sur ce qui est à ta portée. Ta sensibilité aiguë doit être concentrée sur cela. Mais je ne te mentirai pas, ça ne sera pas facile. »


Sur l’hologramme, il ferme les yeux, réfléchissant. « Oui, maître, je vois. Merci de vos précieux conseils. J’espère que tout se passe bien. »

Elle répond avec une pointe d’ironie suivie d’un petit rire. « Les canons sont aussi bien nourris que d’habitude. »

« Je vois... Maître, me concentrer sur l’instant présent. »

« Oui, n’hésite pas à méditer régulièrement pour laisser sentir la Force », conseille-t-elle.

« Merci, Maître…. Que la Force soit avec vous. »

« Que la Force soit avec toi, Syrak. »


La communication se coupe et Satele range l’holocommunicateur, reprenant la méditation.

Fermant les yeux, posant ses mains sur ses jambes, elle se concentre pour évacuer ses émotions, pour laisser la Force lui amener la paix.

« Il n’y a pas de passion, il n’y a que la paix », proclame le code Jedi.


C’est ainsi que Maître Satele Shan évacue sa passion, ses émotions, afin d’être constamment guidée et en paix avec elle-même dans sa tâche.

Au fur et à mesure que la méditation se poursuit.

Son corps s’harmonise avec son esprit.

Et tout comme son esprit, son corps a besoin d’évacuer.

Comme ses émotions quittent son esprit pour laisser place à la Force…


Deux petites larmes silencieuses roulent sur ses joues pour tomber sur le coussin.

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